Chapitre 9



***PETITE NOTE BREVE: Ce chapitre se deroule le meme jour que l'attaque de Pre-au-lard. Donc, on retourne un peu en arriere. Je ne voulais pas laisser Harry de cote pendant huit chapitres! Voila pour les precisions. Bonne lecture!(J'espere!)***





Les voix de Petunia et de Dudley retentirent au rez-de-chaussee alors qu'il venait tout juste de fermer la porte de sa chambre. Son cousin etait de retour au bercail! Que de joies en perspective! Monsieur ne se plaisait sans doute plus chez son ami, alors il avait fallut que Moman vienne le chercher a la gare. Pfffff! Ridicule! Se dit Harry.

Il tenait encore serre contre lui la lettre et le livre que sa grand-mere lui avait offert. Il alla s'assoir sur son lit et relut une nouvelle fois ce qu'elle lui avait ecrit. Il se sentait triste et frustre d'avoir passe presque quinze ans dans l'ignorance de son existence. Et en meme temps il se sentait gonfle de bonheur. Il avait une autre famille que les Dursleys! Sa grand-mere etait en vie! Et elle avait l'air tellement gentille. Du moins au telephone. Il etait extremement impatient de la rencontrer. Il ignorait quand, mais il lui fallait la connaitre. De plus, il ne savait pas grand-chose de sa mere. Ce que lui avaient dit les Dursleys n'etaient que mensonges. Sirius lui-meme, etait ami avec James et ne connaissait probablement Lily qu'au travers de son pere. Alors qui de mieux que la mere de sa mere pour lui en parler? Parce que cela il en etait certain. Il s'agissait bien de sa grand-mere. Bien sur il avait ete un peu mefiant au debut, lorsqu'il avait recu la lettre, mais ses soupcons et sa paranoia s'etaient envoles rapidement. Il n'osait y croire. Cela paraissait tellement irrel. Elle lui avait dit qu'elle avait souvent pense a lui, qu'elle lui ecrivait au moins pour ses anniversaires. Mais il n'avait jamais rien recu. Son oncle et sa tante s'etaient toujours arranges pour intercepter son courrier. Malheureusement pour eux, cette annee elle avait ecrit plus tot et il etait seul a la maison quand le facteur avait fait sa tournee. Harry songea qu'il lui faudrait remercier Dudley d'avoir voulu rentrer plus tot que prevu!

Et soudain, Harry fut saisit par une vague de colere. Tout cela etait de leur faute! Non contents de l'enfermer dans un placard pendant des annees comme un vulgaire objet,..non, a la reflexion, les objets etaient plutot bien traites ici, enfin bref, non seulement ils ne lui avaient jamais donne une once d'affection ou de consideration, mais ils l'avaient prive de celle de sa grand-mere. "Ca ne va pas se passer comme ca!" Se dit Harry. "Apres tout, Voldemort est bien pire que ca! Ils ne devraient pas m'impressionner de la sorte!"

Sur ce, il se leva de son lit et sortit de sa chambre, prenant bien soin de claquer la porte apres lui. Il descendait l'escalier quand la voix nasillarde de sa tante se fit entendre. Quelques secondes plus tard, sa tete apparaissait au-dessus de la rambarde.

"-Qu'est ce qu'il te prend, toi? Tu n'as pas un peu fini de faire autant de bruit? En voila des facons de claquer les portes!" S'epoummona t-elle, le visage ecarlate.

Harry descendit les marches tres lentement, prenant avantage de la situation. Sa tante l'observait, les sourcils fronces. Une fois de plus elle desirait l'intimider.

"Je claque la porte de ma chambre si j'en aie envie, ma chere!" Lui repondit Harry avec effronterie. Un sourire aux levres, il etudia l'impact de sa replique. Si la tante Petunia avait ete un personnage de dessin anime, elle aurait probablement eut de la fumee sortant de ses narines et de ses oreilles. Un peu comme un taureau pres a charger. Il rit interieurement. "Touchee!"pensa t-il.

"Comment oses-tu me parler sur ce ton? Tonna t-elle, tandis qu'elle aggripait le pommeau de la rambarde. Vient ici tout de suite, petit insolent!

-He! Du calme, du calme Petunia, il n'y pas le feu! J'arrive,"reprit Harry avec assurance. Il ne se depecha pas plus, savourant chaque seconde de ce demi-triomphe.

-Allez! Depeches-toi ou je viens te chercher moi-meme!" Elle entrait en phase grosse colere. Harry s'arreta sur la derniere marche et baissa son regard vers elle. Il etait en position de force et vit pendant une fraction de seconde le trouble passer dans les yeux de sa tante. Elle hesita puis le saisit vivement par le bras, l'obligeant a se mettre a sa hauteur.

"-Tant que tu vivras ici, il est hors de question que tu me repondes de la sorte...

-Ne t'inquietes pas Petunia, ce ne sera plus tres long maintenant, osa encore Harry d'un ton presque paternel. D'ici peu ton cauchemar touchera a sa fin. Promis." Il ne la vit pas partir, sa main, mais elle retentit dans un bruit sec, brulant sa joue. Un peu prit au depourvu, il lui fallut quelques instants avant de se reprendre. Petunia s'en allait deja vers la cuisine, mais il lui empoigna le bras avec vigueur et la forca a le regarder. Il planta ses yeux dans les siens. "Ne portes plus jamais la main sur moi! grogna t-il entre ses dents. Tu m'entends? Ne refais plus jamais une chose pareille! C'est fini tout ca Petunia. Je ne te laisserais plus t'amuser avec moi. Trouves-toi un autre bouc-emissaire, une autre marionnette. Je ne joue plus.

-Lache-moi, tu me fais mal!" S'ecria t-elle jetant un regard vers la poigne de son neveu serree fortement sur son bras. Elle fut etonnee de sa force. Apres tout, il etait plutot maigre, genre gringalet. Il n'etait pas vraiment impressionnant. Elle etait loin d'avoir affaire a une armoire a glace ou un joueur de rugby! Mais elle ne pouvait pas ignorer la puissance et la robustesse de son poing contracte sur son bras. "Lache-moi!" hurla t- elle. Elle esperait voir Dudley venir a sa rescousse, mais rien ne se passa. C'etait entre elle et Harry et il semblait que son neveu n'en avait pas fini avec elle. Ses yeux etaient charges d'electricite, ses sourcils fronces approfondissaient son regard, son visage etait extremement tendu. Pour etre franche, elle ne l'avait jamais vu aussi furieux. Harry avait toujours ete une proie facile en fait. Jamais il ne s'etait rebelle, il avait toujours baisse la tete et obei. Vernon et elle avaient fait ce qu'ils voulaient de lui. "Trouves-toi une autre marionnette!" Oui, il avait employe le mot le plus approprie, le meilleur qualificatif. Depuis le tout debut, ils avaient pu le faconner comme ils l'entendaient. Il avait ete un enfant peureux, docile, faible. Tout avait change lorsqu'il etait parti parmi les fous. Elle l'avait bien remarque, ca! Petit a petit il avait prit confiance en lui. Beaucoup trop. Il avait egalement grandi, la depassant deja de quelques centimetres. Elle ne pouvait plus jouer de cet avantage et l'intimider par sa superiorite en taille. Il fallait qu'elle se trouve une autre arme.

"-Attends que Vernon rentre! Tenta t-elle. Tu peux etre certain que tu vas en prendre pour ton grade!" Harry serra encore plus fort jusqu'a ce qu'il voit le visage de sa tante se crispe de douleur. Finalement il lacha prise, mais maintint son regard noye dans le sien.

-Tu t'imagines que Vernon me fait peur? Plus maintenant, Petunia! Au risque de te decevoir, j'ai rencontre quelqu'un de plus dangereux que lui. Bien plus dangereux! D'ailleurs c'est a cause de lui que je dois rester ici. Des que Dumbledore, le directeur de mon ecole me donnera la permission, tu peux etre assuree que tu ne me verras plus.

-Et tu iras ou? Chez ces fous qui sont deja venus nous deranger? Ca ne m'etonne pas, je suis certaine que tu t'y plairas, ton anormalite passera inapercue, cracha t-elle avec degout.

-En fait non!" repondit Harry, un sourire aux levres. Il lui montra son livre. "Tiens regardes! On m'a offert ca pour mon anniversaire."

Petunia equarquilla les yeux, puis emit un petit rire force. "Quelqu'un t'a offert un cadeau? Qui pourrait bien se soucier de toi? Et d'abord, qu'est ce que c'est?

-Ca? Ca, ca s'appelle un livre! dit Harry, amuse de l'impact de sa reponse.

-Je sais ce que c'est! rala t-elle, vexee d'etre prise pour une idiote. D'ou tu l'as eut? Tu ne l'as pas vole, quand meme?

-Vole? Et d'ou est-ce que j'aurais pu le voler? Je suis enferme ici depuis le debut des vacances! Et ce n'est pas dans cette maison que j'aurais trouve un bouquin! La preuve, on dirait que c'est la premiere fois que tu en vois un! Non, on me l'a vraiment offert. Et tiens-toi bien! Tu ne devineras jamais de qui il est ce cadeau!"

A cet instant, Dudley passa pres d'eux et commenca a monter les escaliers. "Ou vas-tu Dudleynou? Demanda sa mere, echappant de l'emprise visuelle de son neveu.

-Je vais dans ma chambre, marmonna t-il. Ca m'ennuie vos histoires! Vous etes lourds!"

Harry forca sa tante a le regarder une nouvelle fois. "C'est ma grand- mere!" Dit-il. Les yeux de Petunia s'arrondirent.

"-Ta grand-mere?

-Oui, tu dois la connaitre. Elle s'appelle Lauren Evans," ajouta Harry le regard percant. Il crut que Petunia allait s'etrangler tandis que la tete de Dudley reapparaissait en haut des marches. "Qu'est-ce que tu as dis Harry?"Demanda t-il, les yeux aussi ronds que ceux de sa mere. Il se rua en bas de l'escalier. Harry les regarda tour a tour.

"-J'ai dis que ma grand-mere, Lauren Evans m'a envoye ce livre pour mon anniversaire, reprit Harry, tentant de soutenir leur regards.

-Mais elle est decedee il y a longtemps! S'exclama Dudley.

-Bien evidemment!" Ajouta Petunia. Malgre l'assurance avec laquelle elle essayait de parler, ses joues livides et sa levre tremblante ne tromperent pas Harry.

"Donc, je suppose que la lettre que j'aie egalement recue n'est que le fruit d'une mauvaise plaisanterie. Et la personne que j'ai eut au telephone n'est autre qu'un fantome. C'est ca?

-Tu as telephone a quelqu'un? Explosa de nouveau Petunia. Qui t'as donne la permission?" Harry leva les yeux au plafond. Il semblait totalement impossible pour elle de parler correctement. Il fallait toujours qu'elle hurle! S'en devenait extremement lassant et penible.

-Oui, je lui aie telephone, et alors? Soupira t-il, excede.

-Et alors? Interrompit-elle furieuse, postillonnant sur l'epaule de son neveu. Tu sais combien ca coute le telephone?

-Ce n'est pas grave! Intervint Dudley avec impatience. On s'en fiche qu'il aie passe un coup de fil ou non! Ce qui importe c'est qui lui a envoye ce livre.

-Je vous l'aie dit, bon sang! S'enerva Harry. C'est ma grand-mere, notre grand-mere!" Il jeta un regard a son cousin puis se retourna vers sa tante. Il pressa son index sur son epaule. "Pourquoi m'as-tu mentit? Pourquoi tu m'as dit qu'elle etait decedee alors qu'a la verite, tu refusais de la revoir? Parce que si cela t'importais peu de plus avoir de contact avec ta propre mere, moi j'aurais ete heureux de la connaitre! Et maintenant, tu ne pourras plus te mettre entre nous, tu peux me faire confiance!

-Tu as perdu la raison, mon pauvre garcon! S'ecria Petunia, essayant encore de dissimuler son trouble. Quelqu'un a tout simplement voulu te faire une plaisanterie!

-Impossible! rencherit Harry sur de lui. Elle en savait trop pour ne pas etre celle qu'elle pretendait!" Il y eut alors un silence pesant. Harry ne quittait pas sa tante des yeux, tandis que Dudley les regardait tour a tour, se demandant ce qui se passait reellement. Petunia ne pouvait plus cacher sa gene et son trouble. Les deux garcons la virent baisser la tete en signe de culpabilite.

"Ce n'est pas vrai, Maman! S'ecria Dudley, decontenance. Tu nous a mentit?" Harry se tourna brusquement vers lui.

-Tu ne savais pas?" Demanda t-il etonne. Il trouvait surprenant que son cousin ait ete au-dehors de cette petite conspiration. Dudley secoua la tete en reponse a sa question. "Alors c'est grave, Petunia! Ironisa Harry. Tu as meme trompe ton fils!"

Elle lui jeta un regard meurtrier, et s'approcha de Dudley, lui prenant les mains. "C'etait pour ton bien, Dudleynou! Murmura t-elle, posant sur lui son expression de cocker triste. Elle ne vaut vraiment pas la peine d'etre connue. C'est une femme curieuse et mechante...

-Ca, c'etait a moi de decider! S'ecria Dudley se degageant de l'etreinte maternelle, tandis que Harry eclatait de rire.

-Et bien au moins on sait d'ou te vient ton charactere, Petunia! Ricana le jeune sorcier.

-Toi ne te meles pas de ca! Menaca sa tante. Et evites de m'interrompre!

-Si au contraire, ca le regarde aussi," reprit Dudley.

Harry resta bouche-bee devant l'intervention de son cousin. Incroyable! Il etait de son cote! Du jamais vu! Il paraissait tres en colere avec sa mere. Non pas tel qu'il en avait l'habitude avec ses caprices retentissants de petit garcon gate, mais la meme irritation et le meme mecontentement que Harry. Il exigea des explications, mais elle s'en alla dans la cuisine, les laissant tous deux dans le couloir de l'entree. Ils se regarderent brievement et chacun detourna les yeux. Harry remonta alors dans sa chambre et referma soigneusement la porte. Il se laissa tomber sur son lit. Il etait malgre tout satisfait du resultat de sa petite attaque. "Coulee!"songea t-il avec un sourire. Il se placa correctement sur son lit et commenca la lecture de son livre. Il se noya tres vite dans l'histoire, devorant chaque mot, degustant chaque phrase, le coeur palpitant au rythme de celui du vampire, hero de cette aventure.









Son ventre grognait de plus en plus, il devenait impossible de l'ignorer. Harry posa son livre a cote de son lit et regarda sa montre. Il etait presque trois heures de l'apres-midi! Il sursauta! Pas surprenant qu'il avait faim! Il n'avait pas vu le temps passer, emporte dans sa lecture. L'histoire etait fascinante et il eut beaucoup de peine a s'en detacher. Il se leva cependant, abandonnant son roman sur la petite table de nuit. "A tout de suite!" lui dit-il avec un sourire. "Ouhla! Songea t-il, il est grand-temps que je sorte d'ici! Voila que je parle tout seul!" Il se passa la main dans les cheveux tentant de ne pas paraitre trop ebouriffe, mais ce fut peine perdue. Apres toutes ces annees, il ne parvenait toujours pas a discipliner sa tignasse, d'ailleurs, il n'insistait plus.

Il sortit de sa chambre. Alors qu'il allait descendre au rez-de-chaussee, il s'arreta brusquement devant la porte de la salle de bains. Il percevait des bruits a l'interieur, des bruits de quelqu'un qui etait malade. Il tenta de disserner l'identite de la personne. Il semblait s'agir de Dudley. Il eut la confirmation presqu'aussitot lorsque celui-ci sortit de la piece. Il avait les yeux rougis et le visage plus gonfle que d'ordinaire.

"Ca va? Demanda Harry.

-Meles-toi de ce qui te regardes, Harry," grogna Dudley se dirigeant vers sa chambre.

Harry haussa les epaules et quitta le premier etage. Il se dirigea vers la cuisine, d'ou lui venaient les bruits de Petunia s'affairant autour des placards. Il y entra, tentant de paraitre le plus decontracte possible. Elle se retourna a son approche et comme par magie, son visage se crispa. "Qu'est-ce que tu veux? Cria t-elle.

-Manger, repondit Harry avec nonchalance.

-Et bien il te faudra attendre ce soir! Tu n'avais qu'a descendre quand le repas etait sur la table!" S'exclama t-elle, lui tournant le dos.

Harry ne fit pas attention a sa derniere phrase et alla se prendre deux ou trois tartines de pain.

"Et qu'est ce que tu fais? Lanca Petunia interloquee par son insolence.

-Comme tu peux le constater, je me prepare un petit en-cas. Apres tout, vu ce que tu m'as donne au petit dejeuner, mon estomac a bien le droit a un petit casse-croute" poursuivit Harry, ouvrant le refrigerateur. Il prit du beurre et une belle tranche de jambon, et se fit un sandwich. Petunia le regardait faire, trop choquee pour dire quoi que ce soit. Il lui desobeissait et elle ne trouvait absolument rien a ajouter. L'authorite qu'elle avait jadis exercee sur lui venait de disparaitre, envolee, emiettee. Il ne la craignait plus. Les roles s'etaient en quelque sorte inverses. Elle n'etait pas pres d'oublier avec qu'elle force il lui avait serrer le bras, ni l'intensite de son regard. Elle se rendait compte maintenant qu'elle n'avait plus affaire a un petit garcon, mais presque a un homme. Sa poigne, la colere dans ses yeux etaient a prendre au serieux. Il avait perdu son air apeure, ses manieres hesitantes et ses begaiements d'antan. Tout en lui demontrait l'assurance et la determination. Depuis qu'il etait revenu de son ecole fin juin, Vernon et elle etaient parvenus a lui imposer la discipline "d'avant Poudlard". Discipline et authorite qui s'etaient effritees peu a peu, depuis qu'on lui avait annonce qu'il etait un sorcier. Cette ete il n'etait pas entoure de magie ou autres trucs etranges. Ses petits amis ne pouvaient ni lui ecrire ni lui rendre visite et tous deux en avaient bien profites! Si seulement son idiote de mere n'etait pas venu mettre son grain de sel dans toute cette affaire, la situation serait restee telle qu'elle l'etait: supportable.

Harry sortit de la cuisine tandis que sa tante le suivait des yeux. "Tu vas ou?" lui cria t-elle.

-Dehors!" Et il sortit dans le jardin. Il s'assit dans l'herbe et croqua de bon coeur dans son sandwich. Comme c'etait agreable de manger enfin. Ses papilles, son estomac et sa tete, tous se rejouissaient de combler le vide nutritionnel. Harry etait plutot satisfait de ce revirement de situation. Il etait certain que cet apres-midi au moins, elle le laisserait tranquille. Il verrait bien comment cela se passerait avec Vernon. Pour l'instant il avait bien la ferme intention d'apprecier comme il se devait cette superbe journee d'ete. Il s'allongea sur le gazon, les bras derriere la tete et contempla le ciel, respirant a pleins poumons l'air parfume des senteurs de fleurs, d'herbe et de liberte. Pour la premiere fois depuis le debut des vacances il se trouvait a l'exterieur de son plein gre. Jusqu'ici, les rares occasions qu'il avait eut avaient ete lorsque Petunia lui demandait de tondre la pelouse ou d'arroser les plantes. Et la , aujourd'hui, il pouvait se detendre, laisser les brins d'herbe chatouiller ses bras nus ou la brise chaude caresser son visage, s'amuser a distinguer des formes connues dans les nuages ou suivre un bref instant le vol d'un oiseau. Ces petits details auraient parus ridicules sans doute a quiconque profitait de tout cela sans restrictions aucunes, mais Harry les savourait avec un enthousiasme nouveau. Il sentait par moment qu'on l'observait, Petunia probablement, mais il s'en moquait completement. Il lui semblait que rien ne pourrait plus l'atteindre, il soutirait a la nature un peu de force et de vitalite.

Il ne pensait pas vraiment a quelque chose en particulier. A vrai dire son esprit etait plutot vide. Tout comme le reste de son corps, il etait passe en mode veille. Cela faisait bien longtemps qu'il ne s'etait detendu de la sorte et c'etait bon. Au bout d'un moment, cependant, il commenca a s'ennuyer. Il decida d'aller chercher son livre et quitta presqu'a regret sa couchette de gazon. Il rentra dans la maison et parcourut le couloir sous le regard haineux de sa tante qu'il ignora superbement. Il monta a l'etage, prit son livre et redescendit. Soudain, alors qu'il parvenait au bas des marches, une douleur fulgurante naquit dans son front. Il trebucha et s'etala en bas de l'escalier. Son livre lui echappa des mains et il se recroquevilla sur lui-meme, gemissant de souffrance. Petunia apparut devant lui et lui lanca un regard de mepris.

"C'est malin! Cracha t-elle. Tu n'es meme pas capable de descendre un escalier sans te casser la figure! Pathetique!" Et elle tourna les talons. Dudley deboula de sa chambre et se precipita en bas des marches, devisageant Harry qui se tenait la tete. Il le vit trembler, empoigner ses cheveux et planter ses ongles dans la chair de son front. Il etait secoue de spasmes, grincant des dents. Tous les muscles de son corps semblaient tendus a l'extreme. Il sanglotait.

Dudley hesitait, se balancant d'un pied sur l'autre. Apres tout, il n'avait pas enormement de sympathie pour son cousin. Mais il ne pouvait ignorer l'etat dans lequel il se trouvait. Il s'approcha de lui et s'accroupit. "Ca va?" demanda t-il avec hesitation.

-Devines!" Maugrea Harry dans une plainte. Dudley se recula un peu, prit au depourvu.

-Tu t'es cogne la tete en tombant?" Insista t-il apres maintes reflexions sur ce qu'il allait dire.

Harry parut se decontracter un peu et baissa son bras. Il etudia le visage de son cousin pendant quelques instants. Il fut surpris d'y voir une expression franche et sincere d'inquietude. Il se forca a sourire. " C'est ma cicatrice qui me brule, dit-il, montrant du doigt l'origine de son mal. C'est mauvais signe.

-Elle est plus rouge que d'habitude, fit remarque Dudley fixant le front de Harry. Elle est presque pourpre. On dirait qu'elle est vivante!" Il se recula encore un peu, par crainte de ce que ce mal impliquait. Apres tout, cela avait rapport avec la magie et Dudley avait maintes fois fait les frais des sortileges bizarres. Il ne semblait pas rassure du tout.

"Qu'est ce que tu veux dire par la, elle est vivante?" Demanda Harry intrigue. Bien sur, il ne pouvait pas la voir, mais la douleur qu'elle lui infligeait etait particulierement vive et tenace. A vrai dire, c'etait la premiere fois depuis sa derniere altercation avec Voldemort, qu'elle le faisait souffrir. Elle n'etait pas aussi douloureuse, mais elle l'avait prise par surprise. D'ordinaire il sentait le mal s'installer peu a peu. Mais aujourd'hui, il avait ete soudain et violent.

"Je sais pas comment l'expliquer, begaya Dudley. On dirait qu'elle gonfle, qu'elle s'elargit et se retracte. C'est comme si quelque chose voulait sortir de ta tete."

Harry posa la main sur elle avec precaution. En effet, elle semblait enflee. Elle etait egalement tres sensible. La douleur s'attenua un peu et Harry essuya ses yeux, reniflant bruyamment. Dudley se leva et alla ramasser le livre, tandis que son cousin se remettait debout et se tenait a la balustrade de l'escalier. Il regarda l'ouvrage un instant et le tendit a Harry.

"Elle t'a parle de moi?" demanda t-il avec une certaine timidite, ce qui etait rare de sa part. Il fallut a Harry quelques secondes pour comprendre de qui son cousin voulait parler. Il hesita. Avait-il vraiment envie de le dire a Dudley? Apres toutes ces annees ou il s'etait comporte de maniere parfois odieuse, cela valait-il vraiment la peine que Harry lui dise la verite? Oui, elle avait demande comment il allait. Elle avait montre un certain interet pour lui. Mais Harry avait presque envie de garde la conversation rien que pour lui. Il avait ete transporte de joie a l'instant meme ou il s'etait reellement rendu compte de son identite. Il ignorait combien de temps exactement ils s'etaient parles, mais il avait passe l'un des plus beaux moments de sa vie. Il etudia le visage de Dudley. Le garcon attendait patiemment la reponse.

"Elle m'a demande comment tu te portais, dit Harry, un peu gene. Elle te donne le bonjour." Dudley sourit et parut content de la reponse de Harry.

Ce dernier prit son livre et monta peniblement l'escalier. Il se dirigea vers la salle de bains et trempa un gant de toilette dans de l'eau froide et l'appliqua sur son front. Il partit s'allonger sur son lit, la compresse sur sa cicatrice. La douleur etait beaucoup moins battante, maintenant, mais il se sentait totalement vide de toute energie. Le temps qu'il avait passe dans le jardin, ces bonnes bouffees d'air frais dont il s'etait abreuve et la douceur rechauffante du soleil n'avaient apres tout pas ete benefiques a long terme. Ses membres etaient flappis, engourdis, mais son esprit tournait a toute vitesse. Voldemort avait frappe, cela il en etait certain. Mais ou? Et qui etait vise? Harry trembla lorsque les visages de Ron et d'Hermione vinrent danser dans sa tete. Ron devait sans doute etre au Terrier. Mais est-ce que Hermione etait avec lui? Harry ignorait si son amie avait decide d'accepter la proposition de Viktor Krum et de passer ses vacances en Bulgarie. Il avait tellement hate de les revoir. Ils auraient probablement des tas de choses a lui raconter. Il eut un faible sourire a cette pensee. Bientot! Songea t-il. Tres bientot, j'espere.

Pourtant il ne pouvait relaxer son cerveau. Il avait peur. Peur que quelqu'un qu'il connaisse est ete touche par le Seigneur des Tenebres. Il avait peur que l'histoire se repete encore et encore. Il n'etait pas parvenu a chasse de sa tete les evenements qui avaient vu la mort de Cedric. Les images de ces instants-la demeuraient vivaces et ardentes, precises, detaillees. Il n'osait imaginer un tel sort frappant ces amis ou d'autres personnes de sa connaissance. Voldemort ne pouvait, ne devait pas repandre une nouvelle fois la terreur. Il avait deja vole trop de vies, gache beaucoup d'autres. Il fallait l'arreter avant qu'il ne commette d'autres massacres. Harry ne savait que peu de choses sur les decisions de Dumbledore. Il savait simplement que Hagrid etait parti au pays des Geants. Il ignorait tout le reste. Avait-il confie une mission a Sirius, Rogue et MacGonagall? Ou les avait-il gardes a ses cotes, par mesure de securite?

Harry retourna la compresse, l'autre cote etant plus froid. Il se sentait un peu mieux, mais aurait donne n'importe quoi pour savoir ce qui c'etait passe. L'ignorance le rendait extremement anxieux et son coeur tambourinait a vive allure.

Il dut s'assoupir un peu car un petit frappement a sa porte le fit sursauter. Il se dressa sur ses coudes et repondit. La tete de son cousin passa dans l'entrebaillement de la porte. Il semblait hesiter. Harry se forca a sourire. "Ca va?" Demanda Dudley dans un murmure. Harry acquiesca, de nouveau ebahi de l'attitude de son cousin. Celui-ci eut un sourire pince. "Bien" ajouta t-il et il referma la porte. Harry resta quelques minutes les yeux fixes sur le panneau de bois clos. Etrange, pensa t-il. Dudley rentre plus tot que prevu et devient presque civilise! On aura tout vu!

Il se laissa retomber sur le dos et scruta le plafond. Il y avait plein de cercles dessines dans le platre et Harry s'amusa a suivre leur contour, cherchant le premier et le dernier rond. Il avait a plusieurs reprises tente ce petit exercise, mais n'etait jamais parvenu a definir le debut et la fin. Il n'abandonnait pourtant pas sa recherche. Cela avait meme un effet apaisant, destressant. Il remarqua que sa cicatrice ne le faisait plus souffrir. L'attaque avait du etre breve, mais a en juger par l'intensite de sa douleur, elle avait du etre d'une grande violence. Harry se mordit la levre inferieure. Il esperait que Dumbledore viendrait le chercher pour le mettre en lieu sur. A Poudlard ou au Terrier, peu importait, mais il etait en droit de savoir et surtout il fallait qu'on l'enleve de chez les Dursleys. L'atmosphere allait dorenavant etre tres tendue, plus tendue qu'elle ne l'avait jamais ete. Il savait qu'il ne pourrait plus se taire et accepter sans broncher les insultes et les reprimandes de sa chere famille. Il n'etait plus seul. Il savait que non loin de lui, il y avait des personnes qui se souciaient de lui, l'appreciaient, l'aimaient. Non, il n'etait plus isole. Il avait Ron et sa famille, Hermione, Sirius, sa grand-mere, Hagrid et peut-etre Dumbledore. Tous lui donnaient de la force, du courage, du dynamisme, de la determination. Harry tenait a eux plus que tout. Ils lui avaient offert leur amitie et leur affection, s'etaient inquietes quand il etait blesse et avaient trembles quand il etait au prise avec Voldemort. Ils avaient ete genereux avec lui. Ils s'etaient attaches a lui, non pas parce ce qu'il etait Harry Potter-Le Survivant, mais tout simplement parce qu'il etait Harry, un sorcier comme les autres. Bien sur beaucoup de gens enviaient sa renommee et Harry s'en serait bien debarrasse s'il l'avait put. Mais ce que grand nombre d'entre eux oubliaient, c'etait le cout de sa celebrite. Il aurait volontiers echange sa situation avec la leur, sans aucun probleme!

Il decida de se replonger dans son livre. De toutes facons, il n'y avait rien d'autre a faire et il n'avait pas tres envie de redescendre la ou se trouvait Petunia. Il avait eut son quota de cris et de hurlements pour aujourd'hui! Alors il se mit a lire. Il se laissa guider par le vampire dans les rues obscures ou chaque ombre inspirent la mefiance, il se laissa entrainer dans les fetes de nuit ou les gorges laiteuses des belles femmes promettent un succulent repas.

Il etait noye dans son roman lorsque la voix de son oncle l'interrompit. "Potter!" Quelques secondes plus tard, la porte de sa chambre s'ouvrit a la volee. Son oncle se tenait dans l'encadrement, les poings sur les hanches et la figure rougeaude. "Toi et moi on va avoir une petite conversation, mon garcon! Viens ici!"

Harry posa son livre a ses cotes, s'assit sur son lit, mais ne bougea pas plus. Il soutint le regard de Vernon. "J'ai dit viens ici!

-Il est hors de question que j'obeisse a tes ordres, se rebiffa Harry, les dents serrees et le regard fier. Je ne suis pas ton esclave! Pourquoi ne viens-tu pas jusqu'ici toi-meme?"

Vernon parut pres a eclater. "Espece d'insolent! Ingrat! Rugit-il s'avancant un peu. Comment oses-tu, apres tout ce que nous avons fait pour toi?

-Arretes Vernon! Ne commence pas a recapituler tes actes de bonte, ca risque d'etre beaucoup trop emotionnel!" Harry apercut alors sa tante recroquevillee derriere son mari, se rongeant les ongles et l'air effarouche. " Ben alors Petunia? Je te fais peur? Ne t'inquietes pas je ne mords que lorsqu'on m'attaque!"

Vernon se rua vers lui telle une furie et le saisit par le col. Harry fut soulever de son lit. Son oncle ne semblait pas avoir envie de plaisanter. Tant mieux, parce que lui non plus!

"Je te previens Potter...commenca Vernon les yeux injectes de sang, tant que tu vivras sous notre toit je t'interdis de nous parler sur ce ton! Tu sembles oublier que tu n'as pas recours a tes trucs bizarres, ta sorcellerie de pacotille. Tu ne peux rien nous faire!" Il fanfaronnait presque maintenant, fier de ce qu'il venait de dire.

"Que j'ai acces a la magie ou pas, ca m'importe peu en ce qui vous concerne! Maugrea Harry ses yeux rives a ceux de son oncle. Tant que vous me crierez dessus sans raison, je vous repondrais comme il se doit. Je ne vois pas pourquoi je devrais continuer a subir vos humeurs. Alors fichez- moi la paix! Ou alors...

-Tu me menaces?" Hurla Vernon. Des gouttes de sueur cascadaient de son front. Une grosse veine battait dans son cou. Il empoigna Harry par les cheveux et tira. Harry se forca a ne pas montrer sa douleur et tenta de se defaire de l'emprise de son oncle. Il savait qu'il avait ete trop loin, mais il gardait l'espoir que maintenant que l'abces etait creve, les choses ne pourraient etres pire que ce qu'elles avaient ete. Il lanca son poing dans l'estomac de Vernon qui poussa un cri. Celui-ci relacha legerement son emprise mais de sa main libre gifla violemment son neveu. Harry lui saisit le bras et serra fort, plantant ses ongles dans la chair molle. Il percevait les cris de sa tante tandis que Vernon et lui roulaient a terre, s'agrippant, se frappant, s'injuriant.

" Vous pouvez pas arreter de crier? S'exclama Dudley sortant de sa chambre.

-Dudley, Dudley! S'ecria Petunia affolee, viens vite, essaies de les separer! Je t'en supplie!"

Dudley se precipita sur eux et apres maints efforts parvint a leur faire lacher prise. "Ca va pas, non? leur cria t-il. Vous etes devenus cingles?"

Harry et Vernon ne se quittaient toujours pas des yeux, tous deux pantelants et l'air haineux. Finalement ils se redresserent. Vernon epousseta son habit et se forca a sourire a son fils et a sa femme. "J'espere que ca te servira de lecon, lanca t-il a Harry avec contenance.

-Pas du tout, repondit le jeune sorcier avec defi. Je ne te laisserais plus me marcher dessus comme un vulgaire tapis!

-Grrrrrr! Espece de petit...commenca Vernon le poing serre.

-Ca suffit!" Coupa Dudley avec authorite. Vernon regarda son fils, incredule. Il ne sut quoi repondre.

"Je vous propose un marche, continua Harry se calmant un peu. Vous me laissez tranquille et je vous promets que vous ne me verrez pas. Je ne mangerais pas en meme temps que vous et eviterais d'etre sur votre chemin. Je vous ignore et vous faites de meme. Ca pourrait fonctionner, non?"

Vernon hesita, les levres pincees. Il regarda sa femme, puis son fils et se retourna enfin vers Harry. "Tres bien, acquiesca t-il avec peine. Mais tu tiens ta promesse, sinon..

-Je tiendrais parole," dit Harry avec conviction. Il se rassit sur son lit et les regarda quitter sa chambre.

Il massa son epaule endolorie.Cela n'avait pas ete trop difficile apres tout. Il esperait vraiment que cette fois-ci, la situation deviendrait plus vivable. Il ne lui restait plus qu'a croiser les doigts et souhaiter que les jours a venir seraient plus agreables qu'auparavant. Il reprit son livre une nouvelle fois et se replongea dans sa lecture.







***Voila pour le chapitre 9! Mary-Evy et Bouboule26, je tiens a vous dire un grand merci pour vos reviews qui me donnent vraiment envie de continuer. Je me suis beaucoup amusee a ecrire ce chapitre, j'espere que vous l'apprecierez! Au menu du chapitre suivant, on repart au Terrier, puis au Chemin de Traverse.***