Chapitre 17





Ginny était adossée contre les barreaux du fond de sa cage, les genoux ramenés contre sa poitrine, faisant face à l'autre bout du cachot, là où Hermione avait disparue. Elle n'avait pas quitté la porte du regard, clignant à peine des yeux. Son esprit était vide, vide de toutes pensées, de tous sentiments.

Patiemment, elle attendait. Mais qu'attendait-elle au juste ? Hermione ? Elle n'était même pas certaine de la revoir. Bien sur, Voldemort lui avait dit qu'il la ramènerait, mais comment pouvait-elle croire ce qu'avait dit ce vieux fou ? Et si son amie revenait près d'elle dans ce cachot à l'odeur putride, serait-elle encore en vie ?

Elle fixait inlassablement la porte. Cela faisait combien de temps qu'ils étaient sortis ? Une éternité, assurément.

Ginny s'était presque habituée à l'humidité de la pièce, aux gouttelettes d'eau qui filtraient par la voûte et venaient rebondir sur son nez, à l'odeur de mort et de pourriture qui emplissait ses poumons. Elle vivait en enfer. Si elle s'en sortait, n'importe quel endroit au monde deviendrait son paradis. Elle vivait l'enfer. Si elle s'en sortait, n'importe quelle situation à laquelle elle serait confrontée sera un moment de bonheur.

Elle avait tarit toutes ses larmes. Le chagrin et la peur lui étaient dorénavant méconnus. Maintenant elle comprenait l'insolence et le culot d'Hermione face à Voldemort. Après tout, vu l'état actuel des choses, qu'avaient-elles à perdre ? La vie ? N'étaient-elles pas déjà à demi- mortes ? Elles n'existaient plus vraiment..

La porte s'ouvrit de nouveau, avec le même fracas que précédemment, et Hermione fut poussée à l'intérieur, suivie de près par un Mangemort cagoulé.

Ginny bondit aussitôt sur ses pieds et alla de l'autre coté de sa cage. Elle regarda son amie approcher et vit avec horreur que ses cheveux avaient été coupés courts et du sang perlait au coin de sa bouche.

« Ce n'est pas la peine de me bousculer ! Lâcha Hermione avec furie. Je sais où je dois aller !

-Tais-toi, Sang-de-Bourbe ! Répliqua l'homme avec humeur et faisant réapparaître la cage autour de Hermione. Le maître reviendra te chercher demain.

-Harry Potter aurait dut vous tuer quand il le pouvait, Pettigrow ! Espèce de sale vermine !

-Potter a fait preuve de beaucoup de bon sens en m'épargnant. Heureusement que j'ai eut affaire à un valeureux Griffondor ! Un Serpentard n'aurait jamais agit de la sorte.. » Il s'approcha de la cage et émit un gloussement, se sentant soudainement courageux, vu que les barreaux le séparaient d'une Hermione plus furieuse que jamais.

Saisissant l'opportunité de cette proximité, la jeune sorcière lui cracha au visage. Prit au dépourvu, Pettigrow se recula, essuyant sa joue.

« Tu ne perds rien pour attendre, sale gamine ! » Il la menaça du poing et se dirigea vers la porte. Il sortit, jurant encore contre les manières douteuses de cette maudite sorcière.

« Hermione, ça va ? »Demanda Ginny, se rendant aussitôt compte de l'absurdité de sa question.

Hermione tourna la tête vers elle. Elle était dans un piteux état. Sa longue chevelure brune avait été coupée très court, à la va-vite et le sang filtrait encore par sa bouche. Elle s'approcha de Ginny essuyant rapidement le coin de ses lèvres et se força à sourire, tentant de rassurer son amie sur sa condition.

« Pourquoi t'ont-ils coupés les cheveux ? Qu'est ce qu'ils t'ont fait ? Tu es blessée ?

-Ils m'ont arraché deux dents. J'ai repris mes esprits après qu'ils m'aient fait tout ça. Mais ne t'inquiètes pas, je ne sens presque plus rien. »La voix d'Hermione se voulait posée et rassurante, mais Ginny y décela un cocktail de colère, de lassitude et de résignation.

« Mais pourquoi l'ont-ils fait alors que tu étais inconsciente ? Je ne vois pas l'intérêt !

-Je ne pense pas qu'ils voulaient me torturer. » Hermione se tut, ne sachant pas très bien s'il fallait dévoiler ses soupçons à Ginny. Mais cette dernière parut lire dans ses pensées.

« Ils t'ont dit quelque chose ? Hermione, ne me cache rien, c'est inutile, au point où on en est ! » Ginny se faisait pressante, suppliante et Hermione ne put résister longtemps à ces grands yeux implorants.

« Je suppose que Voldemort voulait des parties de moi, en l'occurrence, mes cheveux et mes dents pour les mettre dans une potion quelconque..

-Mais en quoi ça peut lui servir ? Interrompit Ginny interloquée.

-Je ne le sais pas vraiment, répondit Hermione en hochant les épaules. Mais cela me fait peur. C'est de la Magie Noire,.. »

Ginny poussa un petit cri. Un doute affreux lui traversa l'esprit. Et si Voldemort voulait se servir d'Hermione contre son gré ?

« Je préfère ne pas y penser pour l'instant..Dit Hermione, se laissant tomber à terre. On verra bien demain. De toutes façons, enfermées là, dans cette cage et dans ce maudit cachot, on ne peut pas vraiment faire grand- chose. Simplement attendre.. »

Ginny resta un long moment debout, le regard fixé sur son amie, ne sachant que penser ou que dire, avant de retrouver à son tour le sol humide et froid de sa prison.





La nuit leur fut pénible à toutes deux. Elles parvinrent plusieurs fois à sombrer dans le sommeil pour quelques minutes avant de se réveiller en sursaut, haletantes et tremblantes. Ce cycle dura toute la nuit et une partie de la matinée.

Jusqu'au moment où l'ouverture de la porte les fit de nouveau bondir sur leurs pieds. Cette fois encore, Lord Voldemort entra majestueusement dans la pièce, sa longue cape noire dansant derrière lui, à chacun de ses pas.

Il s'arrêta au même endroit que d'habitude et lança aux jeunes filles un sourire malicieux.

« Bonjour Mesdemoiselles ! J'espère que vous avez passé une bonne nuit. La mienne a été on ne peut mieux ! Mais assez de bavardages ! Alors, Hermione, ma chère, es-tu prête ? »

Hermione ne répondit pas. La tête haute, elle maintenait son regard dans celui de son ennemi. Il ne sembla pas y prendre garde. D'un geste de sa baguette, il l'immobilisa. Seule sa tête pouvait bouger. Il fit disparaître la cage et s'approcha d'elle.

« Qu'allez-vous lui faire ? Hurla Ginny en proie à la panique. Fichez-lui la paix ! »

Voldemort se tourna vers elle, poussant un profond soupir. « Je crois t'avoir déjà demandé de te montrer patiente ! Tu deviens lassante à la longue ! Tes petits cris ridicules ne changeront rien ! Alors fermes-la ! Une fois que je me serais occupé de ton amie, ce sera ton tour. »

Il sortit une fiole de sa poche et en ôta le bouchon. Il l'approcha des lèvres d'Hermione. Celle-ci, immobile ne put que serrer les dents et agrandir ses yeux d'angoisse.

Voldemort, impatient, lui saisit la tête, et la renversa en arrière. Il serra la mâchoire entre son pouce et son majeur, forçant ainsi sa proie à entrouvrir les lèvres. Furtivement, agilement, il glissa le goulot du flacon dans la bouche d'Hermione, faisant glisser ses doigts le long de sa gorge pour la contraindre à avaler.

Le cerveau de Ginny lui dictait de détourner la tête, d'échapper à ce qui se passait et allait se passer, mais ses yeux ne pouvaient s'arracher au jeu qui se déroulait devant elle. Les acteurs étaient formidables, de grand talent, l'intrigue et le drame étaient magnifiquement joués, elle y croyait presque..

Elle sentait ses cheveux coller à son front humide de sueur. Sa bouche entrouverte et ses yeux révulsés étaient eux-mêmes très convaincants. Mais la petite voix dans sa tête chantait, insistait.. « Tu fais partie de l'action, ma grande, toi aussi tu es protagoniste de cette affaire.. »

Voldemort lâcha enfin Hermione et se recula tel un artiste admirant, satisfait, son chef-d'oeuvre achevé.

Hermione avait fermé les yeux et son visage respirait la sérénité.

Ginny mourait d'envie de poser milles questions, mais cette fois sans doute, le Mage Noir ne lui ferait pas de cadeaux. D'ailleurs, pourquoi l'avait-il épargnée ? Il la trouvait bien trop stupide à son goût ! Mais malgré tout, elle préféra se taire, Il tenait sa baguette à la main et d'un simple geste il pourrait aisément en finir avec elle.

Le Seigneur des Ténèbres rendit à Hermione sa mobilité. « Hermione ? Est-ce que tu m'entends ? Comment te portes-tu ? »

La jeune sorcière ouvrit lentement les yeux tandis que Ginny retenait son souffle et que Voldemort souriait de plus belle. Elle cligna plusieurs fois des yeux, reprenant ses esprits. Son regard passa alors de son ennemi à son amie. Elle sourit au premier et son visage se para d'une grimace lorsque sa tête fut tournée vers Ginny. Celle-ci pâlit et laissa tomber ses bras le long de son corps, comme un signe de défaite.

« Hermione, ça va ? » Tenta t-elle, malgré tout. Elle n'eut pas de réponse et sentit ses lèvres trembler.

« Hermione ! Bienvenue parmi nous ! » Lança Voldemort en lui passant un bras protecteur autour des épaules. Avec douceur, il l'entraîna vers la porte, ni l'un ni l'autre ne portant attention à la jeune fille prisonnière là-bas dans un coin sombre et vert de mousse, jeune fille qui n'avait même plus de larmes pour pleurer, rien que les hoquets du sanglot.

« Nous avons juste une dernière petite chose à faire, ma douce, l'entendit- elle susurrer à Hermione. Juste un joli petit tatouage, et tu seras parfaite !

-Hermione, non ! Hurla de nouveau Ginny, prenant son courage à deux mains. S'il te plait, reste avec nous ! Il va se servir de toi pour ses crimes, tu vas être son jouet ! »

Voldemort et sa nouvelle recrue étaient parvenus à la porte. Ils se retournèrent lentement en entendant les cris de Ginny. L'un et l'autre fixèrent la jeune fille pendant quelques instants sans rien dire. Elle semblait minuscule au fond de sa cage, ses cheveux sales collés à ses joues accentuaient sa maigreur et sa robe déchirée et tachée lui donnait un aspect misérable. Et pourtant, sa voix avait prit de l'ampleur, de la maturité ; dans un dernier espoir, sans doute.

« Hermione, insista t-elle, je t'en supplie..Ne me laisse pas tomber ! Ne laisse pas tomber Ron et Harry,...S'il te plait.. ? »

La jeune sorcière fit quelque pas dans sa direction. Il y avait dans son regard une lueur inconnue, un subtil mélange de l'ancienne et de la nouvelle Hermione. Elle arborait face à Ginny un air de dédain.

« Libre à toi de choisir ton camp, ma vieille ! » Elle fit volte-face et sortit de la pièce suivit de Voldemort, le grand vainqueur de cette affaire.





Ginny fixa longuement cette maudite porte. Elle avait peine à déglutir, son corps frissonnait, tremblait de froid, de peur, d'angoisse et de colère. Sa tête et son coeur battaient, frappaient, se répondaient comme dans un concert à l'harmonie parfaite.

Seule. Abandonnée par sa compagne d'infortune dans un trou à rat. Oubliée de tous les soi-disant bons sorciers même pas fichus de dénicher la cachette, sans doute excellente, de Môssieur Voldemort. Bon sang, ce ne doit pas être si difficile de débusquer ce cinglé ! Dumbledore a tout de même à ses cotés la majorité des sorciers de renom ! Il n'est pas entouré d'autant d'incapables que l'autre abruti !

Et maintenant, celui-la possède Hermione, sans aucun doute l'une des sorcières les plus prometteuses de sa génération. Son intelligence et sa vivacité ont ravi, séduit Voldemort. Si bien que malgré son statut de « Sang-de-bourbe », il l'a appelée à ses cotés. On aura tout vu ! Les adeptes de Magie Noire et de pouvoir se feraient-ils rares ces temps-ci ? Serait-ce si démodé ? Le jadis Grand et Tout-Puissant Lord Voldemort aurait- il perdu de sa superbe et de sa persuasion ? Si bien qu'il se voit contraint de faire des entailles à sa logique...

Elle s'écroula sur le sol, le regard vague et fixe. Instinctivement, sa main se porta à sa joue et effleura la croûte durcie de la blessure qu'elle avait reçue le jour de l'attaque. Elle la caressa longuement, soulignant la courbe, devinant le dessin, imprimant dans son crâne l'image qu'un miroir lui aurait renvoyée. Cela devait lui rendre un aspect fort et endurci, intimidant peut-être. Une marque de courage. Le sceau des valeureux guerriers revenant de bataille. Un faux, en ce qui la concernait. Courage, bravoure ? Etait-il plus courageux d'être mort sur l'instant ou de s'être rendue prisonnière ? Avait-elle fait preuve de bravoure en protégeant égoïstement quelqu'un pour qui elle ne comptait pas, sacrifiant par là même la liberté d'une véritable amie ?

Elle gratta furieusement sa cicatrice, avec toute la hargne que ses actions et sa stupidité lui inspiraient. Elle gratta, ôtant la croûte avec force jusqu'à ce que le sang refasse surface et rampe lentement le long de sa joue. Cela lui faisait mal, indéniablement, mais elle se sentit mieux. Sa colère, ses craintes et sa douleur interne s'écoulaient aussi, portés par le flot, hors de son corps. Son cerveau se concentrait dorénavant sur cette douleur, enveloppant le reste de son être de plénitude et de sérénité.

Elle bascula sa tête en arrière et ferma les yeux.

Qui se souvient encore de Virginia Weasley, seule fille et petite dernière d'une famille de six garçons ? Qui a encore en mémoire cette petite rouquine timide et rougissante, cette gamine autrefois entichée du meilleur ami de son plus jeune frère ? Qui pourrait venir secourir cette enfant qui promet dorénavant de rester sage, d'obéir à ses parents et de bien apprendre ses leçons ?

Sorciers, Moldus du monde entier, ayez pitié de cette jeune fille avant qu'il ne soit trop tard...









***Bouboule 26 : Merci beaucoup de me suivre depuis un bon moment déjà. J'espère que ça continuera de te plaire, j'voudrais pas t'avoir fait perdre ton temps. A plus et bon réveillon !

Pam Phenixia Potter : Voilà des nouvelles d'Hermione..Pas terrible ! Quant aux autres questions, la réponse n'est pas pour demain, je le crains..Il risque même d'y en avoir plus..

Mélusine : Que dire de ta « review » sinon que ça m'a donné une boule dans la gorge ( Pathétiques les filles tout de même !). Je ne pensais vraiment pas être parvenue à transmettre tous ces sentiments (c'est ma première histoire). Le problème, bien que cela m'aie fait très plaisir, est que je sens beaucoup de pression sur les épaules maintenant.. Pas intérêt à décevoir.. Merci beaucoup en tout cas !

Miluna : Et oui 13 chapitres avant la rentrée ! Avec de l'entrainement, j'aurais sans doute pu abréger le supplice. Au fait le lapin je peux le garder ?

Ryan : Voilà un peu d'action et Harry sera au rendez-vous au prochain chapitre.

Bonne année et meilleurs voeux à tous ! Passez un bon réveillon !