Chapitre 45
Le coeur battant a tout rompre, Harry se reveilla. Il sentait son front baigne de sueur, sa machoire crispee et sa respiration etait rapide, sifflante.
Il n'avait pas fait de cauchemar, sa cicatrice ne lui faisait pas plus mal que d'habitude. Il avait eut un court sommeil agite, ponctue de doutes, retracant tout le plan des Compagnons, songeant a leur confiance aveugle, presque ridicule. S'etait-il vraiment attendu a ce qu'ils acceptent qu'il prenne la direction des operations, a ce qu'il decide des actions a entreprendre? Pourquoi s'etait-il attribue ce role, d'ailleurs? Il avait gagne de l'experience lors de ses multiples rencontres avec Voldemort, mais s'il s'etait sorti de chacune d'entre elles, n'etait-ce pas principalement par chance que par adresse et talent? Etait-il devenu si arrogant au point de croire qu'il etait de loin le meilleur, que le sort du monde residait uniquement entre ses mains?
Mais etait-ce entierement de sa faute? Apres tout, le monde sorcier n'avait-il pas continuellement place ses espoirs sur lui? Dumbledore, le sorcier le plus puissant de son temps ne s'etait-il pas sacrifie pour que Harry ait le champ libre, pour qu'il puisse vaincre une fois pour toutes le Mage Noir?
Non, il n'etait entierement responsable de ses actions. S'il avait put choisir son chemin de vie, il n'aurait jamais accepte de devenir le nouveau Missionnaire. Dumbledore lui avait dit qu'il pouvait tres bien refuser. Mais Sirius, entre autres, lui avait dit que c'etait la un honneur, que beaucoup de sorciers auraient aime se voir offrir une telle chance…..
Une chance? Seuls ceux qui n'avaient jamais ete dans la meme situation que Harry pouvaient se permettre de dire une telle chose. Il n'avait jamais rien demande, simplement qu'on le laisse tranquille. Il aurait aime etre comme la plupart de ses camarades de classes, a ne pas se soucier du sort du monde, a ne pas avoir peur d'etre trahi, a ne pas etre responsable de la mort de ses parents ou de tout autre personne proche de lui.
Harry se retourna une nouvelle fois dans son lit. Il ne parvenait pas a se rendormir. Il y avait bien trop de choses dans sa tete et il commencait a trouver son lit tres incomfortable. Les ressorts du matelas lui perforait la peau, son oreiller qu'il bouffa plusieur fois semblait demeurer dur comme la pierre.
Las de ne pas pouvoir dormir, il se leva. Encore habille, il repoussa ses couvertures, saisit a taton ses lunettes et decida de descendre dans la salle commune. Il sentait dorenavant la panique monter en lui. Il s'etait cru fort, invincible, sans doute trop. Bien sur, il connaissait bon nombre de sorts, et avec l'aide de Dumbledore il pouvait se debrouiller, mais tout de meme. Il n'avait pas eut peur d'agir seul. Il n'avait pas peur de la mort, de sa mort. Mais, ce soir il avait condamne ses Compagnons. Il allait les conduire tout droit a l'echafaud.
Il parvint a sortir de la chambre sans encombre et se rendit dans la salle commune. Il jeta un coup d'oeil a la pendule qui cliquetait lentement au-dessus du tableau d'affichage. Il etait 3h10. Il avait peu dormi et bien qu'il se senti epuise, il savait qu'il ne pourrait se rendormir.
Lentement, il se dirigea vers la cheminee ou un feu craquait encore. Les flammes seules eclairaient la piece, mais cela suffisait a Harry. Il parvint a un vieux fauteuil et allait s'y affaler, mais sursauta.
"Neville? Souffla t-il, surpris de voir son camarade a demi allonge sur le canape.
-Harry?" Rencherit le jeune garcon en se redressant subitement. Harry remarqua avec peine le visage douloureux de son ami. Doucement, il s'installa en face de lui, rapprochant l'autre fauteuil d'un geste de la main.
"Ca va? Demanda t-il, les sourcils fronces. Je ne m'attendais pas a te voir ici. Je croyais que tu dormais encore.
-Je n'ai pas pu dormir tres longtemps, fit Neville en baissant les yeux, et Harry vit qu'il tenait un morceau de papier dans la main. Et toi? Pareil, je suppose…..
-Oui, fit Harry en hochant lentement la tete. Toute cette situation me stresse…..
-Je comprends, fit Neville avec un faible sourire. Il faudrait pouvoir faire quelque chose….."
Tous deux tournerent systematiquement la tete vers l'atre. Ils se turent quelques minutes, contemplant les flammes qui devoraient les buches dans des craquements lugubres. Neville cassa enfin le silence en soupirant exagerement, et Harry tourna la tete vers lui.
"C'est une lettre de ma grand-mere, dit Neville en designant le papier qu'il tenait. Je l'ai recu apres le diner. Je ne sais pas pourquoi elle n'a pas attendu ce matin….. Au moins j'aurais eut une nuit de sommeil normal.
-Il y a quelque chose de grave? Demanda Harry en se penchant en avant, les avant-bras reposant sur ses cuisses.
-Pas vraiment, fit Neville en haussant les epaules. Tiens, lis, si tu veux." Il tendit la lettre a son camarade, mais Harry hesita. " Vas-y, pressa Neville gentiment. J'aimerai savoir ce que tu en penses….."
Harry saisit la lettre avec precaution comme s'il s'agissait d'un document d'une grande valeur. Sentant le regard pressant de Neville sur lui, il commenca a lire.
"Mon cher Neville,
Je ne puis plus y tenir. Il me faut t'ecrire. Je viens d'apprendre que tes professeurs Rogue et McGonagall ont ete renvoyes de Poudlard. La situation devient hors de controle. Rien n'est fait pour arreter ce qui se passe.
Je dois dire que je suis extremement decue de voir que tu ne sembles pas toi-meme plus concerne que cela! Je sais que tu es jeune, mais j'imagine que tu dois te trouver TROP jeune….. Pourtant, a ton age, ton pere savait deja tres bien ce qu'il voulait faire de sa vie et dans quel camp il se situait.
J'ai parfois l'impression que tu oublies ce qui leur ait arrive a tes parents! Si mon age me le permettait, c'est certain que je ne resterai pas les bras croises a attendre betement qu'un miracle ne se produise!
Je sais que se rebeller est dangereux, et ne te meprends pas, je ne veux pas te perdre. Cependant, tu es tout de meme en age de prendre des initiatives. Tes parents seraient tellement fiers de toi si tu leur faisais honneur. Ils se sont battus pour changer le cours des choses. Malheureusement, la situation est redevenue comme il y a quelques annees. Veux-tu que leur lutte, leur sacrifice ait ete en vain?
Je m'excuse si mes mots te paraissent durs et insensibles, mais cela m'a fait du bien, et j'espere qu'ils te seront benefiques a toi aussi.
Je termine ma lettre, maintenant. Ne sois pas fache apres moi, mais si tu es en colere, utilise ton energie pour te battre. Je sais que tu le peux. Il suffit simplement que tu trouve la force en toi.
Je t'embrasse,
Grand-mere."
Harry reposa ses yeux sur la lettre, choque et emu de ce qu'il venait de lire. Sentant le regard de Neville toujours pose sur lui, il releva lentement la tete.
"Mes parents, dit-il en rougissant un peu, ils sont a Ste Mangouste. Ils ont ete rendus fous par des Mangemorts. Ils etaient Aurors." Neville baissa les yeux, incapable d'affronter le regard de Harry.
Ce dernier etait au courant. Dumbledore le lui avait dit a la fin de l'annee derniere, mais il avait promis de n'en parler a personne, meme pas a Neville. Maintenant que son camarade l'avait mis dans la confidence, Harry ne savait pas vraiment comment il etait suppose reagir. Il se mordit les levres tandis que Neville, conscient de son silence, relevait la tete.
"Je suis navre, Neville, fit Harry en lui rendant sa lettre.
-On est un peu dans la meme situation, fit le jeune garcon en s'efforcant de sourire.
-Je suppose," dit Harry en baissant les yeux a son tour. Lequel d'entre eux etaient le plus malheureux? Harry etait orphelin depuis son plus jeune age. Il avait ete eleve par les pires Moldus possibles. Neville, par contre, avait encore ses parents….. Mais n'etait-ce pas pire de pouvoir les voir, connaitre leur identite sans qu'eux ne connaissent la sienne? Harry sentit un grosse boule se former dans sa gorge. N'aurait-il pas mieux valut que Frank et Alice Londubat soient tues, comme James et Lily Potter? Harry songeait a ses parents, a la vie qu'il aurait pu avoir, a cette vie qui lui avait ete arrachee, mais il avait appris a vivre avec le fait qu'il ne les rencontrerait jamais. Chaque fois qu'il allait a Ste Mangouste, la douleur de Neville devait etre brulante, intense, se ravivant a la vue de ses parents si proches physiquement, mais mentalement a des lieues de lui.
Trouble, Harry leva les yeux vers Neville. La maladresse du jeune garcon etait devenue legendaire a Poudlard, pourtant a cet instant, Harry n'avait aucune envie d'en rire.
"Ce n'est pas si grave, Harry, fit-il en voyant l'expression de son camarade. J'y suis habitue, tu sais."
Comment pouvait-on etre habitue a une telle situation? Bien sur qu'il n'y etait pas habitue, Harry le savait bien.
"Dis-moi franchement, fit Neville en rougissant legerement, crois-tu que je sois nul? C'est vrai que je ne suis pas doue pour la magie…..
-Ne dis pas ca! Interrompit Harry en se redressant. Je suis certain que tu es capable d'achever de grandes choses…..
-Tu n'as pas besoin de me mentir, repondit Neville en emettant un petit rire. Je sais ce que je vaux…..
-Tu crois savoir, rectifia Harry. Tu te crois nul, c'est pour ca que tu n'as pas confiance en toi.
-Je voudrais faire quelque chose. Je voudrais pouvoir avoir tes capacites…..
-Arretes, fit Harry le front barre. Je ne suis pas meilleur qu'un autre! Ce n'est que…..
-Tu as prouve a plusieurs reprises que tu etais un grand sorcier, assura Neville tres serieusement.
-C'est simplement parce que je n'avais pas le choix. Si tu t'etais retrouve dans les memes situations, tu te serais decouvert des pouvoirs dont tu n'avais aucune idee. J'ai eut beaucoup de chance.
-Pourrais-tu m'aider? Demanda Neville. M'aider a devenir meilleur?"
Harry equarquilla les yeux. Il ne parvenait pas a croire que Neville lui demande cela. Bien sur qu'il pourrait l'aider, mais quand? Il allait partir de Poudlard dans quelques heures, pour peut-etre ne jamais revenir…..
L'hesitation de Harry ne passa pas inapercue pour Neville. Il n'en parut pas fache pour autant.
"Je comprends, dit-il simplement. Tu as deja assez a faire. Ne t'inquietes pas, ce n'est pas grave.
-Ce n'est pas ca, Neville, fit Harry precipitemment. J'aimerai t'aider, mais,….. euh, je ne vais pas vraiment avoir le temps dans les jours qui viennent…..
-Tu as quelque chose en tete? Demanda Neville en fouillant le regard de Harry. Tu vas essayer de sauver Ginny, n'est ce pas?"
Harry faillit s'etrangler de surprise. Comment diable Neville avait put deviner?
"Le jugement de Ginny a lieu demain, repondit le jeune sorcier comme s'il avait lu ses pensees. Je doute que tu restes sans rien faire. C'est ca, non?"
Harry hocha la tete. Il ne pouvait divulguer son plan a Neville, mais il pouvait repondre par signe a ses questions. Il sentit neanmoins son poignet chauffer un peu.
"Alors laisses-moi t'accompagner, fit Neville en se penchant vers Harry, le regard implorant. S'il te plait?
-Desole, fit Harry, se jetant en arriere sous la demande de son camarade. Je ne peux pas. C'est trop risque.
-Moi aussi j'ai mon mot a leur dire a eux tous! Retorqua Neville les yeux etincellants etrangement. Moi aussi je suis concerne. Chaque visite a l'hopital me rapelle ce que ces ordures ont fait! Et vu les derniers evenements, cette fois ca va etre encore pire! Je ne suis peut-etre pas doue, mais je ne veux pas etre un couard ou une lavette!"
Son regard etait percant, deroutant. Pour la premiere fois Harry vit dans les yeux de Neville un sentiment qu'il ne lui connaissait pas: la haine. Il en fut perturbe, mais se rapella les mots de la grand-mere Londubat: " J'espere que mes mots te seront benefiques…..Si tu es en colere, utilise ton energie pour te battre." Et a priori, la lettre avait exactement l'effet escompte. Il y avait en Neville tellement de determination que Harry l'aurait appele a se joindre a eux sur le champ.
Pourtant, avec toute l'amitie qu'il avait pour Neville, avec tout le desir qu'il avait de soutenir son ami, il ne pouvait accepte de l'inclure lui aussi dans leur suicide collectif.
"Je ne peux pas, Neville, repeta Harry sincerement. Je suis vraiment desole. On s'est deja mis dans un sacre bourbier, je ne suis pas certain qu'on en rechappe. Alors il est hors de question que je t'expose au danger toi aussi." Neville paraissait enormement decu, mais sa colere etait toujours presente au fond de ses yeux. "Je comprend ton desir de faire quelque chose, mais…..
-Si tu refuses, c'est que tu ne comprends pas, intervint Neville plus durement qu'il ne l'aurait voulu. Tant pis, je peux me debrouiller tout seul.
-Neville, fit Harry en tendant un bras vers son camarade.
-C'aurait ete plus facile a plusieurs, reprit le jeune garcon. Mais s'il faut que nous soyons disperses, alors tant pis!
-Neville, reprit Harry en posant sa main sur le bras du garcon.
-Parce que tu crois que je ne suis pas capable de me battre, n'est ce pas? Lanca Neville en retirant vivement son bras et approchant son nez de celui de Harry. Tu pretendais il y a quelques minutes que j'etais capable de "faire de grandes choses". En fait, tu n'as meme pas eut la franchise de me dire la verite quand je te l'ai demande! Tu parlais de confiance en soi, tout a l'heure. Comment veux-tu que j'en aie? Ca fait des annees que ma grand-mere me compare a mon pere, ca fait des annees qu'on me dit que je suis nul, maladroit, que je n'arriverai a rien. Je croyais que je pouvais te faire confiance, Harry. Je croyais que tu comprendrais. Mais en fait, tu ne veux pas aider les autres. Si tu te bats contre V….., Tu-Sais-Qui, c'est par interet personel, rien de plus!"
Harry recu comme un coup en pleine poitrine. La conversation prenait un tournant qu'il n'appreciait pas du tout. En fait, il avait la nette impression de revivre sa dispute avec Ron. Neville l'accusait des memes choses que Ron avait fait quelques jours auparavant. Il deglutit avec peine.
"Ce n'est pas vrai, dit-il lentement. Ce n'est pas vrai, Neville. C'est injuste. Tu ne te rends pas compte de ce dont Il est capable. Tu n'imagines pas ce que c'est de te retrouver en face de lui, de sentir que ta fin est proche.
-Je ne me rends pas compte? Fit Neville en feignant un ricanement. Comment crois-tu que je reagisse quand je me trouve au chevet de mes parents? Je ne me rends pas compte, hein?
-Tres bien, fit Harry en levant les mains. Si tu veux te joindre a moi, a nous, aie!" Il se saisit de son poignet qui brulait maintenant ferocement. Pourtant il poursuivit. "Je ne veux pas me disputer avec toi. C'est suffisant avec Ron. Mais il va falloir que tu t'entraine un peu. Et nous n'avons pas beaucoup de temps."
Le silence tomba sur eux, tandis qu'ils ne se quittaient pas des yeux, le regard charge de colere. L'obstination de Neville avait agace Harry, et ce dernier s'etait vu dans l'obligation d'accepter sa proposition, pour mettre fin a cette conversation au ton montant dangereusement. Neville ne comprenait pas pourquoi Harry refusait avec tant d'impatience qu'il participe lui aussi. A ses yeux, sa grand-mere avait raison. Il devait mettre tout son possible dans l'action. Rester passif ne lui convenait plus.
Harry se leva. "Puisque nous ne pouvons pas dormir, dit-il en incitant Neville a se lever aussi, autant s'entrainer a jeter des sorts."
"Tu ne devrais pas accepter, Harry, intervint Dumbledore d'une voix ensommeillee.
-Je n'ai pas le choix, grogna le jeune garcon, interieurement. Et vous non plus! Vous allez m'aider. Sinon, je vous renvoie la d'ou vous venez. Vous savez tres bien que je maitrise la cloture entre vous et moi."
Dumbledore ne repondit pas, mais poussa un profond soupir, que Harry prit pour un consentement.
Harry leva les yeux vers Neville, place devant lui, sa baguette serree etroitement entre ses doigts, le regard determine comme jamais.
"Il est preferable que tu commences par lui apprendre a se proteger," fit Dumbledore.
Harry acquiesca. Il montra a Neville comment placer un bouclier de lumiere autour de lui. Apres de nombreux essais, le jeune garcon n'y parvenait toujours pas. Plus il essayait plus ses echecs le frustraient, l'agacaient. Sa concentration en prenait un coup. Harry luttait pour demeurer patient, mais il se mordait les levres pour ne pas s'enerver.
"Vous n'y arriverez jamais, intervint Dumbledore. Vous avez beaucoup trop peu de temps devant vous! A moins que….."
Harry attendit d'une part que Neville se debarrasse des serpentins qu'il venait malencontreusement d'enrouler autour de lui, et de l'autre que le vieux sorcier finisse sa phrase.
"Tu pourrais partager un peu de tes connaissances, et des miennes, avec Neville, poursuivit t-il d'une voix lente. Mais, tu ne serais peut-etre pas en etat pour la journee, et surtout la soiree qui t'attendent…..
-C'est a dire? Demanda Harry, alors que Neville etait de nouveau pret a essayer le bouclier. Giraffe!lanca t-il et le cou de Neville s'allongea.
-Comme toute magie de cette sorte, cela a un prix, dit Dumbledore. Cela consiste a ouvrir ton cerveau, afin que Neville puisse puiser la connaissance dont il a besoin.
-Ouvrir mon cerveau? Toussa Harry, emettant un bruit qui lui valut un regard etonne de son compagnon. Vous parlez au sens figure, j'espere!
-Plus ou moins." Harry fit une grimace, et cela n'echappa pas a Neville.
"Ca ne va pas? Demanda le jeune garcon en baissant sa baguette.
-Si, si, fit Harry en se laissant tomber sur le fauteuil. Je reflechis."
"Expliquez-vous, dit-il a Dumbledore.
-Tu te souviens du principe de ma pensine? Et tu te souviens de ce que nous avons fait pour le passage du Lien?"
Harry grimaca de nouveau au souvenir de ce moment. Il s'en souvenait trop bien d'ailleurs. Cela faisait partie des souvenirs qu'il aurait aime chasser de son esprit.
"Il va tout d'abord falloir que tu endormes Neville, fit Dumbledore. Tu ne peux pas lui transmettre les informations alors qu'il est conscient. Cela pourrait le troubler, voire meme le rendre fou pour le restant de ses jours. Vois-tu, il ne comprendrait pas ce qui lui arrive. Par contre, une fois le transfert effectue, il se reveillera sans avoir ete temoin de ce qu'il s'est passe. Les sorts et principalement la faculte de les reussir, lui viendront tout naturellement. Il assumera s'etre ameliore, tout simplement.
-Harry? Fit Neville en se penchant vers son ami.
-Chuuut! Fit Harry en indiquant qu'il reflechissait toujours, ce qui devait vraiment lui donner l'air bete, mais au point ou il en etait!
-Pour Neville, il n'y a pas de danger, reprit Dumbledore. En fait, il n'y en pas vraiment pour toi non plus, ajouta t-il rapidement, sentant que Harry commencait a paniquer. C'est juste que ca risque fort de t'epuiser. Il y a de grandes chances que tu dormes apres ca. Le probleme, c'est que j'ignore combien de temps tu peux etre endormi.
-Neville pourra me reveiller…..
-Je doute que tu l'entendes, repliqua Dumbledore. Seras-tu seulement reveille pour ce soir? Es-tu pret a en prendre le risque?"
Harry hesita. Il jeta un coup d'oeil a l'horloge. Il etait presque 4h. Ce pouvait-il qu'il dorme plus de douze d'affilee? Surement pas…..
"Je n'ai pas le choix, repondit-il. Si je refuse, Neville ne me laissera pas tranquille, et s'il n'arrive a conjurer des sorts, s'il nous accompagne, il est fichu d'avance!J'ai une derniere question. Est ce que je vais perdre ce que je sais, si je les donne a Neville?
-Bien sur que non, mon garcon, fit le vieux sorcier, sinon cela n'aurait aucun sens! Tu vas partager tes connaissances avec Neville, pas t'en debarrasser. Par contre, concentres-toi sur les principaux sorts de defence et d'attaque. Je ferais de meme. Il est inutile de perdre du temps pour des sorts de bas niveau! Et puis, plus le contact sera long, plus dur il te sera de recuperer tes forces apres. Donc, vas droit au but!"
Harry se leva alors, faisant face a Neville. Il ne le prevint pas et lui envoya un sort de sommeil. Neville fut immobilise, ses yeux se fermerent et Harry dut se precipiter pour le soutenir, alors qu'il glissait a terre. Il passa un bras sous celui du garcon et l'assit sur le fauteuil. Suivant les instructions de Dumbledore, Harry se pencha vers son camarade et posa son front sur le sien, un doigt au milieu. S'il avait eut une baguette, Harry l'aurait placee a cet endroit. Mais son doigt ferait l'affaire.
"Jonction!" Murmura t-il. Une breve lumiere orangee se degagea de son doigt et passa sur son front et celui de Neville. Harry sentit ensuite une douce chaleur sur sa peau. Le sentiment etait agreable, relaxant. Il ferma les yeux avec plaisir.
-Harry, intervint Dumbledore une nouvelle fois. Ne t'endors pas! Retire ton doigt. Et commence le partage."
Harry fit comme le vieil homme disait et enleva son doigt. Son front et celui de Neville se collerent l'un a l'autre. Aussitot, Harry ressentit une douleur qui le fit grimacer.
"Concentres-toi," fit la voix lointaine de Dumbledore.
Harry, toujours grimacant songea a tous les sorts qu'il connaissait, a comment les reussir. Il passait incessemment sa main de sa tete a celle de Neville. Un filet argente suivait le mouvement, comme quand Dumbledore se debarrassait de ses pensees et les placait dans sa pensine. La douleur augmentait, plus vive, plus violente. Loin dans sa tete, il sentait Dumbledore se concentrer lui aussi.
Bientot, Harry fut secoue de spasmes, son souffle devenait court et irregulier, comme si ses poumons se remplissaient d'eau.
"Ca suffit, maintenant! S'exclama Dumbledore. Arretes!"
Harry l'entendait a peine. Pourtant, il reposa sa main, mettant fin au partage. Mais son front etait encore fixe a celui de Neville et la douleur etait toujours presente.
"Detaches-toi de lui! Intima le vieux sorcier dont la voix commencait a trahir ses craintes. Finite jonction!"
Harry essaya de parler, mais sa bouche s'ouvrit sans qu'aucun son n'en sorte, comme un poisson hors de l'eau.
"Finite jonction! Pressa Dumbledore. Dis-le, Harry! Depeches-toi!
-Fini…..finite….." Le visage de Harry etait tendu a l'extreme. Il fallait qu'il se concentre, il fallait que ces deux mots si simples sortent de sa bouche. Il tenta de chasser toute autre pensee de sa tete, prit une profonde insipiration et prononca, non sans difficulte, les mots qui devaient mettre fin a son supplice. "Finite…..jonction!"
Son front se decolla de celui de Neville, et la douleur s'estompa. Harry, quant a lui, roula a terre, effondre et las.
"N'oublies pas de ranimer Neville, fit Dumbledore. Et vas sur un fauteuil, tu y seras mieux."
Harry se forca a se lever, chancella quelque peu et se laissa tomber sur le fauteuil oppose a Neville. Il leva lentement sa main et ranima son compagnon. D'un geste mou, il laissa son bras retomber sur l'accoudoir, tandis que Neville ouvrait de grands yeux ebahis.
"Je ne sais pas ce qui m'est arrive, dit-il en se frottant les paupieres avec energie. On reprend?
-Je suis fatigue, Neville, fit Harry en se forcant a parler. Essaie de dormir, toi aussi. Ca aussi, c'est important.
-Mais…..set les sorts? Tu as dis que tu m'aiderais!
-Tu t'es bien debrouille, jusque la, fit Harry qui sentait deja ses paupieres se fermer. Je vais m'assoupir un peu….."
Ses yeux se fermerent pour de bon cette fois, laissant Neville un peu ahuri. Il s'assit sur le fauteuil oppose, ne sachant que faire. Il contempla Harry effondre sur le fauteuil, son visage grave et ses sourcils fronces indiquant un sommeil bien loin d'etre paisible. Neville soupira, decontenance. Il avait espere que Harry l'aiderait, il s'etait deja vu combattre Voldemort, le vaincre pour de bon. Il avait cru a un miracle qui dorenavant lui filait entre les doigts. Si la possibilite de s'ameliorer en si peu de temps lui avait semblee hautement optimiste une demi-heure plus tot, elle etait dorenavant pure lubie.
Il tourna la tete et observa le feu brulant dans l'atre. Il se laissa hypnotiser par les nuances orangees, son esprit vagabondant loin de la, dans un monde plus simple, dans un monde ne comportant qu'un vaste jardin a l'herbe plus verte, aux fleurs plus colorees, dans un monde plus humble.
Un bruit de pas venant de l'escalier ramena brusquement Neville a la realite. Il tourna la tete, un peu anxieux de voir apparaitre un prefet qui n'aurait pas manque de le renvoyer dans son dortoir. Il fut soulage en voyant une fille parvenir dans la salle commune. Neville ne la distingua pas tout de suite, la seule source de lumiere provenant de la cheminee. Il fallut qu'elle soit a portee de main pour qu'il la reconnaisse. C'etait une fille de quatrieme annee. Neville la reconnue parce qu'elle etait sortie quelques temps avec Harry, mais il ne rapellait plus de son prenom.
"Salut," fit-elle en s'arretant pres de lui. Elle avisa Harry endormi dans le fauteuil et Neville lui expliqua qu'il n'arrivait pas a dormir et qu'il etait descendu. " En tout cas, il dort bien, maintenant. Moi non plus je n'arrive pas a dormir. C'est vraiment ennuyeux!" Elle s'efforca a pousser le fauteuil de Harry un peu plus loin et approcha un autre de celui dans lequel Neville se trouvait. Elle se laissa tomber lourdement dedans et poussa un profond soupir. "Je suis desolee, mais je ne me souviens plus de ton prenom. Moi c'est Sharon.
-Neville Longdubat, repondit le jeune garcon.
-Longdubat? Fit Sharon en se redressant. Tes parents n'etaient-ils pas Aurors?
-Si," retorqua Neville, se mettant immediatement sur ses gardes. Lorsque des etrangers mentionnaient ses parents, il s'appretait toujours a repliquer quelque chose. Il n'aurait jamais laisser qui que se soit leur porter prejudice.
"Les miens aussi, fit Sharon, et elle se rembrunit. Ils connaissaient bien tes parents. Ils ont luttes ensemble il y a quatorze ans. Ils ont beaucoup d'estime pour eux."
Neville sentit une boule se former dans sa gorge. Il etait surpris de l'entendre dire cela. Elle devait etre au courant, pourtant elle ne semblait trouver drole le fait que leur residence permanente se trouve etre Ste Mangouste. Neville en etait touche. Pourtant, il choisit ne pas pousser la conversation sur ce sujet plus longtemps.
"Vu la situation actuelle, poursuivit Sharon, il va nous falloir suivre leur traces et lutter." Neville hocha la tete. "Dommage que nous ne connaissions pas suffisemment de sorts.
-Harry a essaye de m'en apprendre quelques uns, fit Neville en grimacant, mais je suis nul.
-Toi aussi tu crois Harry? Je veux dire, tu crois aussi que Tu-sais-qui est encore d'une certaine maniere vivant?
-Bien sur! Et j'aurais pense que toute personne normalement constituee aurait trouve etrange et malsain que Malefoy soit Ministre!"
Ni l'un ni l'autre n'etait au courant que leur interlocuteur faisait partie des Compagnons. Neville comme Sharon avait promis de garder le secret de leur association, et ils tinrent bon. Pourtant, ils deciderent de s'exercer a lancer et contrer des sorts. Sharon n'etait pas mauvaise, mais les sortileges qu'elle connaissait et maitrisait ne lui serait pas d'une grande utilite. A quoi bon lui servirait un sort de jambencoton, de tarentallegra ou meme un expelliarmus? Ce ne serait pas Neville ou l'une des ses camarades qu'elle devrait affronter. Elle comprenait pourquoi ses parents ainsi que les autres adultes avaient refuses qu'elle ne se batte. Pourtant elle continua de s'entrainer avec Neville.
Ce dernier avait jete, a son grand etonnement, un sort de silence dans la salle. Il ne tenait pas a reveiller le reste des eleves. Il fut maintes fois surpris de ses capacites. Il maitrisait des sorts jusqu'alors, a ses yeux, impossibles a realiser. Il se sentit bien. Il parvenait a obtenir le resultat escompte. Il ne se posa pas beaucoup de questions, liant son nouveau talent a sa ferme determination.
Les deux adolescents s'entrainerent ainsi jusqu'a ce qu'ils entendent les premiers bruits venants des etages au-dessus, signe que leurs camarades se reveillaient. D'un meme elan, ils rangerent leur baguette dans leur poche et prirent place dans un fauteuils.Les premiers eleves parvenaient deja dans la salle commune, certains partant directement dans le Hall pour le petit dejeuner. Neville et Sharon eurent le droit a des coups d'oeils inquisiteurs. En effet, il devait sembler etrange pour certains de les voir ensemble. Inutile de preciser que quelques conclusions furent tirees sur ce fait.
Quelques minutes plus tard, alors que bon nombre d'eleves etaient soris, ils deciderent eux aussi d'aller manger. Ils essayerent de reveiller Harry. Mais rien n'y fit. Secouements, verre d'eau, cris, Harry ne bougea pas. Il etait pale et droit comme un poteau de Quidditch. Les deux jeunes sorciers l'abandonnerent provisoirement et descendirent dejeuner.
Lorsqu'ils revinrent, ils trouverent quelques eleves aglutines autour de Harry, tentant eux aussi de le sortir de son sommeil. Ils n'avaient pas plus de chance que Neville et Sharon. Ces derniers essayerent a leur tour, en vain. L'inquietude gagna le groupe.
"Je n'ai jamais vu quelqu'un dormir aussi profondement, fit un eleve, le visage soucieux. Il doit etre malade.
-Il faudrait peut-etre appeler Pomfresh, ou un professeur, fit quelqu'un d'autre.
-Au fait, qui est notre maitre de maison? S'enquit une fille.
-Sais pas! Repondit le premier qui avait parle. Quiquanpoix, peut-etre.
-Je n'ai pas trop envie d'aller le voir, fit Neville en froncant les sourcils. On ne le connait pas. Il faut se mefier.
-Se mefier de quoi? Fit quelqu'un. Je ne vois pas en quoi nous devrions etre mefiant! Apres tout, c'est le Ministre qui l'a mit a ce poste. Il fallait etre plus mefiant quand c'etait Dumbledore qui choisissait ses professeurs!
-Allez, bougez-vous!" S'exclama Fred Weasley qui venait d'arriver en compagnie de son jumeau, et chassait les curieux. Ils s'approcherent de Neville. "Qu'est ce qu'il a?
-Il dort, repondit le jeune garcon. Mais on a tout essayer pour le reveiller et rien ne marche. Jamais vu ca!
-Nous si, firent les jumeaux avec un clin d'oeil. Ron Weasley est le champion toutes categories, crois-nous!
-Meme Ron fini par se reveiller, insista Neville. Au fait, je ne l'ai pas vu dans le Hall…..
-C'est bien ce que nous disions, retorquerent les jumeaux. Il doit encore dormir. En tout cas, laisse Harry ici. Avec le bruit qu'il y a , il finira bien par se reveiller." Sur ce, ils s'eloignerent. Neville, lui, n'etait pas convaincu. Il regarda Sharon, qui elle aussi semblait inquiete. Sans le savoir, il avait peur de la meme chose: que Harry ne soit pas en forme pour le soir. Si cela etait le cas, le plan serait bancal et avait de grandes chances d'echouer.
"Allons voir Chevalier, chuchota Sharon. Je ne vois qu'elle a qui nous puissions parler." Neville parut etonner de son choix, mais il ignorait que Chevalier faisait elle aussi partie du groupe dont Harry lui avait parler. Cependant, Neville ne remis pas en cause le choix de Sharon. Elle semblait trop determinee pour avoir prit cette decision a la legere. Tous deux sortirent de la Salle Commune et se dirigerent vers le bureau de leur professeur de DCFM.
Chevalier etait la. Elle ouvrit la porte, les sourcils fronces.
"Pouvons-nous entrer, Professeur? demanda Sharon le regard implorant. C'est urgent.
-Je ne recoit generalement pas d'eleves si tot le matin…..
-S'il vous plait? Insista la jeune fille. C'est au sujet de Harry Potter….."
Le visage de Chevalier se rembrunit davantage. Pourtant, elle les laissa entrer. "Qu'a-t-il fait? S'enquit-elle en fermant la porte.
-Il dort, et il est impossible de le reveiller, intervint Neville.
-Quoi? Vous venez me voir pour ca? Que voulez-vous que j'y fasse? Il va bien finir par se reveiller!" Elle allait ouvrir la porte de nouveau, prete a les faire sortir.
"Et s'il n'est pas en forme pour se soir?" fit Sharon avant de se rendre compte, trop tard, de sa bavure et se frottant vigoureusement le poignet.
Chevalier equarquilla les yeux, ayant peine a croire que la jeune fille ait parle de leur plan. Mais le plus etonne fut Neville.
"Vous etes au courant aussi? Demanda t-il. Vous faites parti du groupe?"
Apres des explications de chacun d'entre eux, la situation s'eclaircit. Sharon fut contente de ne pas avoir reellement reveler quoi que se soit a Neville. Ce dernier fut satisfait de renconter d'autres membres. Chevalier, par contre, fit une moue, pensant sans doute, et a juste titre, que les Compagnons ne seront pas contents de cette nouvelle recrue. Mais la jeune femme ne dit rien a ce sujet.
"Je vais aller voir Potter, dit-elle. Quant a vous, allez chercher Madame Pomfresh. Et n'oubliez pas de lui preciser ce qu'il ne va pas." Elle les poussa en dehors de son bureau et ils se separerent. Chevalier partit vers la la Tour de Griffondor, maugreant apres ce maudit Potter et sur ce qu'il avait encore invente pour se faire remarquer. Pourtant, malgre ses ralements, elle ne pouvait s'empecher de se poser des questions. Longdubat et Little avait raison: et s'il n'etait pas en forme pour ce soir?
Une fois parvenue aux cotes de Harry, elle tenta elle aussi de le reveiller par des moyens normaux, sans succes. Elle lui jeta ensuite des sorts, mais cela ne servit a rien.
Madame Pomfresh arriva quelques instants plus tard etn'y parvint pas non plus. Elle decida d'emmener Harry a l'infirmerie et Chevalier sortit a sa suite.
"Qu'est ce qu'on va faire? chuchota Sharon. Harry devait me preter sa cape d'invisibilite.
-Je peux aller la chercher dans sa malle, si tu veux," fit Neville.
Le jeune garcon fit tel qu'il l'avait dit. Il se sentit un peu mal a l'aise d'aller fouiller dans les affaires de Harry, mais c'etait pour la bonne cause. Sharon lui avait explique brievement ce qu'on attendait d'elle. Neville voulut lui aussi eviter de se rendre en cours afin d'apprendre quelques sorts, mais la jeune fille l'en deconseilla. Les eleves de Poudlard devaient etre etroitement surveilles, et surtout ceux de Griffondors. Vu que Harry allait deja rater les premieres lecons, il etait inutile d'eveiller les soupcons.
Malgre tout, Neville passa rapidement a la bibliotheque pour emprunter un livre de sorts qu'il lirait pendant les cours.
"Ce n'est pas trop tot, Potter! s'enerva Chevalier. Vous savez l'heure qu'il est?"
La sorciere etait assise pres du lit de Harry. Ce dernier venait a peine de se reveiller. Encore un peu vaseux, il ecouta sans rien dire les reproches de son professeur.
"A quoi jouez-vous? Rala Chevalier de nouveau. Vous avez interet a vous expliquer!"
Harry se redressa, prenant appuis sur ses coudes. Il n'avait pas ses lunettes et la jeune femme lui apparaissait floue. Il ne chercha pas ses lunettes, comme a son habitude. La voiz irritee de Chevalier etait bien suffisante pour lui indiquer qu'il allait avoir des ennuis. Il ignorait lesquels, mais il n'allait pas tarder a le savoir.
"Je vous le dis tout de suite, Potter, poursuivit la sorciere sur le meme ton, je refuse de collaborer avec vous! Vous n'etes pas assez mature pour cette mission. Et croyez-moi, les Compagnons vont m'entendre aussi! Il n'y a pas idee de faire confiance a un gamin! Vous croyez que c'etait le moment de faire la grasse matinee? Vous vous croyez tellement superieur aux autres que vous n'avez pas besoin de vous preparer! Et puis, c'est quoi cette nouvelle lubie d'inclure l'un de vos camarades dans…" elle baissa la voix, si bas, que Harry eut peine a percevoir le souffle de ses mots. "…la mission de ce soir? Vous avez completement perdu la tete!
-Si je n'avais pas accepte de prendre Neville avec nous, il y serait alle tout seul, rencherit Harry qui voyait plus clair maintenant.
-Mais vous vous rendez compte que Longdubat est peut-etre le pire sorcier que vous pouviez trouver? Il sait a peine faire leviter un objet! Vous conduisez tout le monde au suicide, Potter!
-Je n'ai force personne, retorqua Harry calmement. Vous n'etes pas obliger de nous suivre."
Chevalier vira au rouge. Ce fut sans doute le ton calme du jeune garcon qui la vexa plus que ses mots. Pourtant il etait hors de question qu'elle se fisse traiter de lache. Et surtout pas par un Potter!
"La meme arogance que votre pere! Grinca t-elle entre ses dents. Severus a beau me pretendre que vous ressemblez plus a votre mere du point de vue du caractere, je n'y crois pas une seconde.
-Je ne vous y force pas, fit Harry en tendant la main pour prendre ses lunettes.
-Bien sur que vous ne me forcez pas, railla Chevalier, le gentil Potter ne ferait pas de mal a une mouche!
-Ecoutez-moi bien Madame, dit Harry en se penchant vers elle, le doigt tendu et insistant bien sur le dernier mot, ce que vous pensez, je le connais, et je n'en ai rien a faire. Vous n'etes pas la premiere a me hair et probablement pas la derniere. Si vous ne voulez pas participer a vous-savez-quoi, je vous conseille de prevenir les autres immediatement. Si par contre, vous avez peur qu'on vous prenne pour une lache et que vous decidez de vous joindre a nous, alors fermez-la!"
Chevalier resta quelques instants bouche-bee. Le fait que Harry l'aie appelee "Madame" l'avait choquee. Elle savait qu'il l'avait fait deliberement. Mais c'etait ses dernieres paroles qui l'avait frappee en plein visage. Elle ne reflechit pas et sa main parti, claquant bruyamment contre la joue de Harry.
"Tu me payeras ca, Potter, fit-elle, furieuse. Tu te crois fort et invincible, mais tu verras bien ce que tu vaux vraiment lorsque Voldemort t'auras au bout de sa baguette! Un gringalet comme toi n'a aucune chance!
-Je croyais que vous etiez contre Voldemort, rencherit Harry sans se demonter. En tout cas, je ne vois vraiment pas ce que Sirius trouvait d'attrayant en vous… Il devait etre desespere….."
La jeune femme se leva, renversant presque sa chaise. Elle jeta a Harry un dernier regard meurtrier et sorti brusquement de la piece.
"Quelle conne!" Maugrea Harry en secouant la tete. Il repoussa les draps loin de lui et sauta de son lit. Il n'avait aucune notion de l'heure qu'il etait, mais il etait certain d'une chose. Il avait faim.
Il allait sortir du dortoir de l'infirmerie quand Pomfresh amena une eleve. Harry lui fit un signe bref lui indiquant qu'il partait. L'infirmiere hocha la tete et mena la fille a un lit.
En passant dans le bureau de Pomfresh, il jeta un coup d'oeil a l'horloge. Il etait presque quatre heures. Pas etonnant qu'il ait faim!
Il etait trop tard pour avoir a manger dans le Grand Hall. La seule option qu'il lui restait etait de passer dans les cuisines et d'esperer que Dobby soit la pour lui servir quelque chose.
Il chatouilla la poire et parvint a l'interieur des cuisines. Plusieurs elfes de maison se ruerent sur lui. Apres un rapide bonjour, il leur demanda si Dobby etait la.
"C'est bon, je m'en occupe! Fit une petite voix et Harry vit l'elfe debouler de derriere des chaudrons enormes. "Harry Potter! s'exclama t-il en tendant la main. Dobby se demandait si Harry Potter etait fache avec Dobby!
-Bonjour Dobby, fit Harry en serrant la main collante de l'elfe. Non, je ne suis pas fache avec toi. Je n'est pas eut beaucoup de temps pour te rendre visite. Est ce que tu pourrais m'apporter quelque chose a manger, s'il te plait?
-Oui, oui, oui, tout de suite!" Couina l'elfe en partant a toute vitesse a l'autre bout de la piece. Il revint rapidement avec un plateau remplit de sandwiches qui aurait presque suffit a nourrir tous les eleves de Griffondor. Harry s'en saisit et Dobby le prit par le bras, l'entrainant le plus loin possible des autres elfes.
"Harry Potter sait que Poudlard n'est plus une bonne ecole, murmura Dobby tandis que Harry enfournait voracement les sandwiches. Rien ne va plus. L'ancien maitre de Dobby est Ministre!" Les yeux de l'elfeetaient remplis d'anxiete. "Harry Potter sait que ce n'est pas bon du tout. Dobby ne veux pas redevenir esclave. Dobby etait bien ici avec Dumbledore et McGonagall. Maintenant les elfes vont redevenir comme avant. Dobby veux faire quelque chose. Harry Potter doit aussi faire quelque chose. Et Dobby veut aider Harry Potter. Harry Potter doit accepter l'offre de Dobby."
Harry faillit s'etouffer en entendant les mots de Dobby. Pourquoi donc tout le monde voulait soudainement se joindre a lui? Il aurait du etre heureux de constater que leur entreprise ne manquait pas de support, il aurait du se rejouir que tant de sorciers soient prets a tout risquer maintenant, avant que la situation n'empire et vire a la catastrophe. S'il n'y avait que lui, il aurait accepte tous ceux qui se presentaient, mais malgre lui, les mots de Chevalier dansaient de nouveau dans sa tete. Elle l'avait agace, et il ne desirait pas se soucier de ce qu'elle avait dit, mais elle avait raison. Si il continuait a accepter du monde, la mission pouvait couler. Il suffirait de si peu pour que des informations secretes filtrent jusqu'aux partisans de Voldemort.
Harry observa Dobby, incertain de ce qu'il fallait repondre. L'elfe le regardait avec ce regard implorant qu'il savait parfaitement faire.
"S'il vous plait, Harry Potter, supplia Dobby, les oreilles rabattues sur sa nuque. Dobby aussi est concerne. Dobby aussi ne veut pas que Vous-Savez-qui prenne le pouvoir.
-Dobby….., commenca Harry en baissant le bras qui allait porter un delicieux sandwich au jambon a sa bouche. Ce n'est pas que je ne veux pas,…..
-S'il vous plait? C'est vrai que Dobby n'a pas beaucoup de pouvoir, mais Dobby est malin. Dobby peut etre d'un grand secours a Harry Potter."
Harry soupira. Il avait peine a ne pas se sentir touche par le regard de l'elfe qui ne le quittait pas, et ne clignait meme pas les paupieres. Harry savait pourtant qu'il pouvait faire confiance a Dobby. Il savait que l'elfe ne les trahirait pas. Mais que diraient les autres? "Le mal est deja fait, Harry, fit Dumbledore. Un de plus ou un de moins, cela ne fera pas grande difference…..
-Ce garcon n'en fait decidemment qu'a sa tete, intervint un autre sorcier que Harry ne prit pas la peine d'identifier.
-Peut-etre, fit un autre, mais au moins il a de l'initiative! Et puis, au point ou ils en sont! C'est maintenant ou jamais.
-D'accord, Dobby, dit enfin Harry. Tu peux m'aider."
L'elfe fit des bonds, sautant dans tous les sens, se perdant en effusion de joie. Harry du le calmer, afin qu'il n'attire pas l'attention. C'etait trop tard. Deja, quelques elfes s'etaient retournes. Pourtant ils ne semblerent pas surpris. Ils devaient sans doute etre familiers du comportement parfois etrange de Dobby. Rapidemment, ils retournerent a leurs occupations.
" Rejoins-moi a sept heures ce soir, a l'entree du parc," chuchota Harry en se penchant pour etre a la hauteur de l'elfe. Ce dernier arborait un large sourire et hocha la tete.
Harry jeta un sort d'envellopement autour de quelques victuailles, fit un signe a Dobby et s'en fut.
Harry avait passer et repasser le plan de la soiree dans sa tete une bonne douzaine de fois. Il avait des crampes d'estomac. Il etait repus. Il avait totalement epuise le stock qu'il avait pris des cuisines. Cette fois, c'etait le trac qui entortillait les muscles de son ventre. Le plan etait bon, parfait meme, mais un simple element, un tout petit detail pouvait tout faire basculer.
Il repensa a Chevalier. Sa mauvaise humeur pourrait tres bien faire defaut au bon deroulement de la mission. C'etait unis qu'ils avaient la meilleure chance de salut, pas en se disputant pour des broutilles.
Harry poussa un profond soupir. Tant pis, il allait aller voir Chevalier, essayer de la raisonner pour le bien-etre du groupe, pour preserver un esprit etroitement lie, une equipe compacte et incassable. Il fallait que leur force reside non pas uniquement dans leur capacite a se battre, ou leur intellect, mais aussi dans leur compatibilite. Un simple defaut pouvait leur etre fatal.
Il se leva de son lit sur lequel il etait assis en tailleur et sorti du dortoir puis de la salle commune. En marchant dans les couloirs, il esperait fortement que Chevalier n'avait pas cours. Il alla frapper a la porte de son bureau. Malheureusement, personne ne repondit. Il colla son oreille contre le panneau de bois, mais aucun son ne lui parvint.
Frustre, il fit demi-tour. Les couloirs etaient deserts, ce qui etait etrange. Les eleves devaient avoir termine leurs cours…..
Perdu dans ses pensees, Harry n'avait pas trouve inhabituel que la salle commune soit deserte a une telle heure. Maintenant, cela le pertubait legerement. Tout cela n'etait pas normal. Il aurait du y avoir des eleves dans les couloirs, des bruits, des voix, n'importe quoi qui puisse indiquer que le chateau etait habite.
Courant presque, il se rua vers le Grand Hall. Parvenant pres des lourdes portes de bois, il s'arreta. Il fut soulage d'entendre des voix. Le chateau n'etait pas deserte. Il y avait vie a Poudlard. Il ne put reprimer un sourire en songeant a la peur qu'il avait eut et c'est en souriant qu'il penetra dans le Hall.
Il s'arreta. Tous les visages s'etaient tournes vers lui. Un silence de plomb s'etait abbatu sur la piece. Le sourire de Harry s'evanouit. Lentement, il gagna sa place parmi les Griffondors.
"Et vous etes?" Demanda une voix provenant de l'estrade des professeurs.
Harry vit que c'etait Quinquanpoix qui lui parlait. L'homme austere etait debout, le regard ferme pose sur le jeune garcon. Il devait etre en train de faire un discours avant que Harry n'entre et visiblement n'avait pas vraiment apprecie d'etre interrompu.
"Harry Potter, repondit Harry.
-Pardon? Lanca le nouveau directeur d'une voix tonitruante. Parlez plus fort, je ne vous ai pas entendu!
-Harry Potter," fit de nouveau Harry en elevant lui aussi la voix.
Quinquanpoix eut un sourire etrange. Ses yeux se retrecirent. "Harry Potter, tiens donc….. Puis-je connaitre la raison de ce retard?
-J'etais a l'infirmerie.
-Vraiment? Et vous n'avez pas non plus assiste a vos cours aujourd'hui. Pourquoi donc?
-Hum, je ne me sentais pas bien. J'ai passe la journee a l'infirmerie. Madame Pomfresh pourra le confirmer.
-J'ai entendu dire que vous passiez beaucoup de temps a l'infirmerie, Potter. Seriez-vous reellement malade ou tout simplement hypocondriaque?"
Harry n'aimait pas du tout la tournure que prennait cette conversation. Il choisit de ne pas repondre. Pourtant il ne quitta pas le directeur des yeux.
"Je vous ai poser une question! s'exclama le sorcier, faisant sursauter bon nombre d'eleves. Vous aviez peut-etre beaucoup de privileges quand Dumbledore etait la, mais les choses vont changer mon garcon. Je vous tiens a l'oeil."
Harry haussa les sourcils. Ce type prenait vraiment son nouveau poste a coeur, un peu trop a son gout. Mais peu lui importait, demain, il serait loin de la. Poudlard n'etait decidement plus cet asile luxuriant que Harry avait decouvert a son arrivee ici. Plus rien ne le retenait ici. Il avait beau chercher, il ne voyait meme plus de raison de revenir, a moins que leur mission soit un succes…..
"Tel que je disais, avant d'etre grossierement interrompu," poursuivit le directeur, mais Harry n'ecouta pas.
Il sentait un regard insistant pose sur lui. Il regarda a droite et a gauche et vit, un peu plus loin, Sharon, les yeux tournes vers lui. Elle se mordait les levres et l'expression de son visage n'indiquait rien de bon. Harry essaya tant bien que mal a lui faire comprendre que cela n'avait pas d'importance. Il avait un doute sur ce que la jeune fille essayait de lui communiquer. Mais la ou il etait, il ne pouvait rien faire. Du moins pas pour le moment.
"Sharon s'est fait surprendre, fit Dumbledore. Il n'y a que cela qui puisse l'embarrasser autant.
-Vous croyez? Demanda Harry. Comment cela aurait-il put arriver?
-J'ai eut l'occasion de cotoyer Quinquanpoix de mon vivant, et tu peux me croire, c'est un vrai fouineur.
-Vous croyez qu'il a la cape?
-Probablement, fit Dumbledore. Et a mon avis, il tiens a la garder.
-Impossible! retorqua Harry vivement. Nous en avons besoin ce soir!
-Harry je te rapelle que les capes d'invisibilites sont interdites a Poudlard.
-C'est vous qui me l'avez donnee, non?
-Elle t'appartenait," repondit Dumbledore avec amusement.
Harry se leva d'un bond. Il n'allait certainement pas attendre betement qu'un idiot termine son discours ridicule alors que ce meme idiot detenait non seulement un article lui appartenant, mais egalement un accessoire de toute importance pour le soir.
Quinquanpoix s'interrompit de nouveau, tandis que, une nouvelle fois, tous les regards, tous les visages se tournaient vers Harry.
"-Potter, ou allez-vous?" cria le directeur, passablement etonne qu'un eleve ose quitter l'assistance.
Harry, bien entendu, ne se retourna pas, ne repondit pas. Il marcha, inebranlable jusqu'aux portes, s'attendant a ce qu'elles soient fermees a cle. Il n'en etait rien. La tache etait bien trop simple! Il les ouvrit et sortit. Les dernieres paroles qu'il entendit avant de refermer les portes, furent celles du directeur, hors de lui.
"Un mois de retenue, Potter! s'ecria t-il. Et de plus avec moi! Vous allez souffrir! A commencer des demain!"
Le reste de ses mots vinrent se fracasser contre le bois des portes. Ne voulant pas perdre de temps, Harry se rua vers le bureau du directeur. Il courut a perdre haleine. Il ignorait pendant combien de temps encore Quinquanpoix allait parler. Il ignorait combien de temps il avait devant lui.
A bout de souffle, il parvint au pied de la statue qui gardait l'entree au bureau.
"Tu ne connais pas le mot de passe! S'exclama Dumbledore. Il l'a change, c'est certain!"
Harry contempla la statue. Dumbledore avait raison. Il n'avait aucun moyen d'entrer. Il essaya bien quelques mots, mais rien ne se passa. Quel idiot! Comme lui avait dit un jour Rogue, il agissait toujours avant de reflechir. C'etait sans doute la son plus gros defaut. Rageur, il se mit a donner des coups de pieds dans la pierre, faisant craquer le cuir de ses chaussures.
"Inutile de te faire mal, intervint Dumbledore. Ce bureau ne te sera accessible que si tu en connais le mot de passe. Crois-moi, il n'y a rien a y faire.
-Je pourrais prendre un balai et atteindre la fenetre, suggera Harry.
-Impossible, la fenetre ne s'ouvre que de l'interieur. Top securite."
Harry grogna, jura, maudit Poudlard et sa manie des mots de passe, mais cela ne changea rien.
"Je vais attendre qu'il arrive, dit-il enfin, et je me glisserai a sa suite.
-Et une fois a l'interieur tu comptes faire quoi au juste? Lui demander de te rendre ta cape? Apres ce que tu as fait dans le Hall, je doute qu'il soit tres clement envers toi.
-Je verrai une fois que j'y serai, fit Harry d'un ton sans replique.
-Ridicule et risque! Coupa Dumbledore d'une voix ferme. N'oublies pas que les Compagnons comptent sur toi ce soir.
-Je serai au rendez-vous, ne vous inquietez pas.
-Harry, je te deconseille forte….." poursuivit le vieux sorcier.
Mais Harry n'entendit pas la suite. Il "ferma" tout acces a Dumbledore. Il maitrisait parfaitement cette technique maintenant et s'en servait des que necessaire.
Il alla se tapir dans un coin baigne de penombre et attendit.
Il savait qu'il etait une nouvelle fois en train de prendre un risque totalement inutile, mais il lui fallait faire quelque chose. Il ne pouvait plus rester tranquille, calme, pose. Il avait ete endormi pendant une bonne partie de la journee et il se sentait plien d'energie. S'il l'avait pu, il serait aller delivrer Ginny maintenant. Il lui tardait de la revoir, de la serrer dans ses bras encore une fois. Peut-etre n'auraient-ils pas beacuoup de futur ensemble….. Harry fremit legerement a cette pensee. Il l'a trouvait ridicule et trop dramatique, mais il ne pouvait reellement la chasser de son esprit. Demain, il allait faire face a l'epreuve la plus difficile de sa courte vie. Demain allait etre penible, extenuant….. Voldemort/Hermione devait etre extremement puissant maintenant. Hermione avait toujours ete une sorciere tres prometteuse, elle avait une connaissance epoustoufflante sur la magie, elle avait de l'initiative et du cran. Tous ses talents mis au service du plus grand Mage Noir ne pouvaient qu'etre dangereux, voire fatal pour les Compagnons.
Harry repassa les evenements marquants de cette annee passee. La mort de Seamus, celle de Hermione, car pour lui son amie, telle qu'il l'avait connue, n'etait plus de ce monde, celle de Dumbledore mais surtout, surtout celle de Sirius…..
A cette pensee, Harry serra les poings et les dents a s'en faire mal. Une profonde haine remonta de ses entrailles. Un puissant sentiment de vengeance, de colere, de chagrin l'envahit de nouveau. Sa machoire trembla, ses paupieres le brulerent tandis que ses ongles meurtrissaient la chair de ses mains.
Un bruit de pas se fit entendre. Harry se redressa, retenant sa respiration et tendant l'oreille. Il entrevit la silhouette du directeur. Ce dernier s'arreta pres de la statue et marmonna ces mots: "Victoire assuree"
Harry fronca les sourcils encore plus, sa colere s'amplifiant davantage.
Il y eut le bruit de la statue bougeant et Quinquanpoix disparut. Harry attendit que le passage se referme. Il fallait que le directeur ait le temps de monter a son bureau.
Quelques minutes passerent. Harry hesita. Dumbledore avait une nouvelle fois raison. Qu'allait-il faire la-haut? Comment allait-il s'y prendre pour recuperer sa cape? Il jura, desirant chasser tout doute de son esprit et avanca vers la statue. Il verrait bien une fois dans le bureau. Ce n'etait pas la tres intellignet de sa part, mais peu lui importait a cet instant. Quinquanpoix pouvait tres bien choisir de passer le restant de la journee dans son bureau et Harry ne pourrait pas avoir son bien.
Il prononca le mot de passe avec un certain degout et la statue pivota. Le jeune sorcier commenca son ascension vers le bureau, le coeur battant.
"C'est de la folie!" se repetait-il neanmoins tout en grimpant les marches d'un pas qu'il voulait assure.
Il parvint a la porte, hesita une seconde, ne prit pas la peine de frapper et entra. Quinquanpoix etait a son bureau et griffonnait un parchemin. Il releva la tete en entendant Harry arriver. Ce dernier avanca dans la piece.
"Tiens, tiens, Potter, fit le directeur avec un sourire sans joie. Decidement vous faites tout pour vous faire apprecier…..
-Vous avez quelque chose qui m'appartient, il me semble, coupa Harry en se tenant bien droit. Une cape.
-Ah, elle vous appartient donc? Fit l'homme en se levant. Une de vos camarades se trouvait en possession de cette cape, Potter. Sharon Little? Elle vous l'a sans doute emprunte sans vous le dire. Cela ne me regarde pas, mais je trouve soupconneux qu'un eleve espionne ses camarades….. Savez-vous ce que faisait Mlle Little, Potter?
-Je m'en fiche, retorqua Harry qui avait peine a contenir son agacement devant le regard mielleux du directeur.
-Moi pas," fit Quinquanpoix en froncant les sourcils et s'approchant de Harry.
Le regard du jeune garcon se posa alors sur le bras nu du sorcier et il faillit s'etrangler. La, sur la peau de Quinquanpoix, il y avait la Marque des Tenebres, bien visible, parfaitement dessinee. L'homme se rendit compte que Harry l'avait remarquee et couvrit son bras. Trop tard! Harry etait au courant. Il n'aurait pas du en etre plus surpris que cela, mais de nouveau, il etait confronte a un Mangemort et ce dernier n'allait sans doute pas le laisser s'en tirer de la sorte. Harry etait dorenavant encore plus une menace pour lui et ses semblables.
"Tu en sais beaucoup trop maintenant Potter, lacha Quinquanpoix. Je ne peux pas te laisser partir comme ca…..
-Je ne suis pas surpris de ce que j'ai vu, repliqua Harry d'un ton detache. Vous etes tous tellement previsibles! Je sais que Malefoy est un Mangemort, il n'est donc pas etonnant que vous le soyiez egalement! Apres tout, je suppose que notre ministre ne cottoie que des gens comme vous…..
-Je sais que tu manigances quelque chose Potter. Et tu n'es pas seul. Cette gamine qui utilisait ta cape pour espionner des eleves de Serpentard ne pouvait pas agir innocemment. Tu prepares quelque chose contre nous et crois moi, je vais decouvrir ce que tu as en tete et t'en empecher….."
Harry le vit se saisir de sa baguette magique. Pris de panique, Harry tendit la main, pret a se defendre.
"Tu as perdu ta baguette, mon garcon? Ricanna Quinquanpoix en pointant la sienne sur Harry. Je ne vais pas avoir de peine a t'eliminer….. Avada…..
-AVADA KEDAVRA!" Cria Harry, la main toujours pointee sur le directeur.
Harry fut le plus rapide. Quinquanpoix s'immobilisa, les yeux equarquilles. Il tomba raide, sa tete frappant lourdement le bord de son bureau.
Harry demeura lui aussi immobile, la main toujours tendue, completement sonne de ce qu'il venait de faire. Sa tete tourna, il sentit son estomac se nouer.
"Je viens de tuer un homme," murmura t-il. Il avait la bouche seche, la machoire crispee, la respiration coupee.
Il entendit des bruits etouffes, puis des cris. Vivement, Harry leva la tete. Les portraits avaient tous les yeux rives sur la scène. Certains criaient.
"Taisez-vous! Intima harry, un sentiment de panique l'envahissant. Taisez-vous! Silencio!"
Le calme revint. Pourtant les portraits ouvraient et fermaient toujours leurs bouches comme des poisssons hors de l'eau, dans des cris muets.
Le coeur sur le point d'exploser, Harry se mit a chercher sa cape. Il ouvrit des tiroirs, des placards mais ne la trouva pas. "Accio Cape!" lanca t-il alors.
La cape se rua sur lui. Harry ne vit pas d'ou elle etait venue et cela n'avait pas d'importance. Il la serra fortement contre lui avant de l'envelopper autour de lui. Si les cris des portraits avaient attires l'attention, au moins il serait invisible. Il balaya des yeux la piece, cherchant un indice indiquant qu'il etait venu jusqu'ici, mais il ne vit rien. Seul le corps inerte de Quinquanpoix indiquait que quelqu'un avait penetre dans le bureau.
Tournant vivement les talons, Harry se rua en dehors du bureau. Il deval les marches a toute vitesse, tenant sa cape bien serree autour de lui. Une fois dans le couloir, il se mit a courir vers la Tour de Griffondor.
Une fois parvenu devant le portrait de la Grosse Dame, il ota la cape, donna prestement le mot de passe et penetra dans la Salle Commune. Il y avait pas mal d'eleves a discuter ou a faire leur devoirs. Harry chercha Neville et Sharon du regard. Il fut soulage de les voir ensemble, dans un coin retire de la piece. Il marcha vers eux.
"J'ai recupere ma cape, fit Harry qui avait peine a reprendre son haleine.
-Tu as devine qu'il me l'avait confisquee? Demanda Sharon. Je suis desolee, Harry…..
-Peu importe, coupa le jeune garcon. Il faut partir d'ici rapidement. Allez chercher un manteau et n'oubliez pas votre baguette magique.
-Mais Harry, fit Neville les sourcils fronces, ce n'est pas encore l'heure…..
-On s'en fiche, s'impatienta Harry. Faites comme je vous ai dis. Depechez-vous. Et rejoignez-moi a l'entree du parc des que possible. Vite!"
Neville et Sharon parurent interloques mais s'executerent. Harry ressorti de la Tour et se dirigea rapidement vers le bureau de Chevalier. Il frappa a la porte et entendit la voix de la sorciere l'invitant a entrer. Harry ne se fit pas prier et penetra dans la piece, refermant soigneusement la porte derriere lui.
Chevalier ne parut pas enthousiaste de la voir. "Qu'est ce que tu veux, Potter? lanca t-elle d'une voix assassine. On s'est tout dit alors tu fais demi-tour et tu sors."
Harry ne se laissa pas demonter et avanca vers elle.
"Professeur, dit-il, il est inutile de se faire la guerre entre nous. Nous devons rester soudes. Oublions nos differends, au moins pour quelques jours….. De plus, il nous faut quitter Poudlard le plus rapidement possible.
-Comment? Quitter Poudlard? Maintenant? Qu'est ce que c'est encore que ces lubies? Potter, meme si tu m'offrais le plus beau chateau en Ecosse, je ne te suivrai pas!
-Nous devons partir, insista Harry. Pour notre securite et pour le bon fonctionnement de la mission.
-Non!
-J'ai tue Quinquanpoix! Souffla Harry. Il est mort. Je l'ai tue. Il est dans son bureau. Nous devons partir avant que quelqu'un ne se rende compte de ce qu'il s'est passe."
Chevalier avait equarquille les yeux, un peu comme Quinquanpoix l'avait fait quelques minutes auparavant. Elle secoua la tete.
"Tu vis dans un monde completement different du mien, Potter, fit-elle enfin. Je sais bien que tu n'es pas tres malin, mais je sais que tu n'irais pas tue un type qui a ete place directeur par notre ennemi numero un…..
-Je crains bien que si, retorqua Harry. Mais avant que vous puissiez m'en faire le reproche je vous conseille vivement de prendre avec vous ce qui sera necessaire pour la mission et de partir.
-Ce n'est pas vrai….. Potter, tu es encore plus bete et con que je ne pensais!
-Vous avez probablement raison. Mais faites vite!"
Harry attendit patiemment que Chevalier rassemble quelques effets. Il avait eut peine a lui dire ce qu'il avait fait. Il avait d'ailleurs encore beaucoup de mal a realiser ce qu'il s'etait passe. Il ne voulait pas y songer, pas pour l'instant. Bien sur, il avait tue un Mangemort, bien sur il l'avait fait pas pure defense, mais ce qui l'effrayait le plus c'etait le sang-froid avec lequel il l'avait fait. Il n'avait pas reflechit, ne s'etait pas pose de questions. Il avait jeter le sort aussi facilement qu'il aurait dit "Lumos". Il n'avait pas hesite.
Harry Potter avait passe une etape importante de son existence: il avait ote la vie a un enemi. Le plus dur etait passe. Il aurait moins peur par la suite.
Chevalier laissa la plupart de ses affaires dans son bureau et ne prit que l'essentiel. Si elle avait tout oter, cela aurait sans doute attire l'attention.
Enfin prets, les deux sorciers se ruerent hors du chateau.
Comme cela fait tres tres longtemps que je n'ai pas mis de chapitre en ligne, je doute avoir encore beaucoup de lecteurs. Cependant, si quelques courageux et enormement patients lecteurs sont alles jusqu'au bout, je vous en remercie.
J'ai passe un ete bizarre et bien que j'ai ecris petit a petit, je n'arrivais pas a me decider a mettre ce chapitre en ligne. Voila qui est fait. J'espere ne pas mettre autant de temps la prochaine fois. Encore merci a celui, celle ou ceux(?) qui sont revenus. A plus!
