Disclamer : Je ne possède aucun personnage du film Van Helsing. Formalités habituelles.

Jackman-4ever : Merci pour la review. J'ai lu ton histoire et j'ai reviewé. Voici la suite que, j'espère, tu apprécieras.

À bat les masques!

Après un certain temps, je réussis difficilement à détourner mon regard qui était devenu prisonnier du sien quelques minutes auparavant. Ah les infernales prunelles! Elles auraient pu soumettre Aphrodite elle-même à leur volonté, alors imaginez l'impact qu'elles produisaient sur moi. J'essayais ardemment de n'en rien laisser paraître, mais mes reins brûlaient de désir sous l'étoffe de ma robe. Mon partenaire semblait amusé de mon état d'âme: un sourire diabolique, mais ô combien séduisant éclairait ses lèvres. Je conclus que mon jeu d'actrice n'avait pas été assez persuasif pour l'empêcher de lire à travers moi. J'étais littéralement hypnotisée, gisant dans ses bras telle une marionnette.

La danse me semblait durer une éternité. Une éternité de plaisir. Cet étranger éveilla en moi des désirs demeurés longtemps enfouis. Il les fit ressurgir à la surface de mon être. J'étais en proie à une passion déchaînée que j'avais du mal à contrôler. Au dehors, je paraissais calme et sereine, mais si vous saviez combien je souffrais, combien les feux de l'Enfer me consumaient à l'intérieur. Et lui, ce provocateur, ce séducteur, ce démon le devinait! Que cherchait-il ainsi, à promener ses lèvres froides sur mon cou et à scruter d'un regard assoiffé mon décolleté et mes épaules dénudées? Souhaitait-il me faire perdre la raison? Ou pire, me tuer d'un coup d'oeil, d'une main posée sur ma hanche ou dans le bas de mon dos! Mon cœur battait à tout rompre, si bien que j'en ressentais la douleur. Je crus même pendant un instant qu'il pouvait entendre son battement.

Pensées de Dracula :

«Ah! Quelle somptueuse symphonie que son rythme cardiaque! Aucun orchestre ne saurait le jouer si merveilleusement. Il résonne à mes oreilles tel un tambour de guerre, rapide et bruyant, et endolorit mes tempes tant il semble amoureux et passionné. Et cette gorge, si blanche, si pure, ne désirant que ma morsure! Diable, j'ai encore son goût de sucre sur les lèvres! Le sang qui y coule m'est un véritable supplice. Son odeur m'enivre. Je l'imagine coulant dans ma bouche, ma gorge et mes viscères, me vivifiant par la fraîcheur et la jeunesse de sa propriétaire. Celle-ci est, ma foi, sublime. Oui, sublime comme elle l'était. Ses gestes me la rappellent. Cela fait si longtemps déjà. Certes possède-t-elle son élégance, sa grâce, son allure, mais lui ressemble-t-elle comme son reflet dans le miroir? Il n'y a qu'un seul moyen de le savoir.»

Point de vue d'Elizabetha :

Mon cavalier arrêta sa ronde un instant et, d'un geste impulsif, retira son masque. Puis, avec la grâce d'un félin, il posa sa main sur mon visage et m'enleva le mien. Je me sentis soudain complètement nue devant lui. Je lui étais soumise. Pourtant, je levai la tête et le regardai droit dans les yeux. Ce que j'y vis me terrifia : une lueur bleue glacée, à la fois horrible et séduisante, illuminait ses prunelles, lui donnant l'allure d'un loup sauvage. «Quel homme, s'il en est un sur Terre, possède un regard de métal?», me demandai-je.

Pensées de Dracula :

«Erzebeth! Oh ma déesse, est-ce bien toi? Oh mon amour, ma vie, mon âme, t'aurais-je enfin retrouvée après toutes ces années?»

Retour à Elizabetha :

Après un certain temps, ses yeux retrouvèrent leur couleur originelle. La danse s'acheva enfin. Toutefois, même celle-ci terminée, mon singulier partenaire me garda solidement dans son étreinte, comme pour prolonger la valse. Il me dévisagea longuement. Je détournai les yeux, sachant que si je croisais une fois de plus son regard sensuel, ma conscience me lâcherait. Quant à lui, lorsqu'il découvrit mon air gêné, il me relâcha doucement, fit une révérence et, pour la première fois durant la soirée, parla :

Comte Vladislaus Dragulia, à votre service, me dit-il en roumain. Il prit ensuite ma main gantée et y déposa un baiser qui me fit frissonner.

Si aujourd'hui j'ai un comte pour serf, alors demain le Roi sera ma femme de chambre particulière, lui dis-je moi aussi en roumain, un sourire moqueur au coin des lèvres.

Il rit, dévoilant des dents blanches comme de la porcelaine de Chine.

Les déesses ont toutes un nom. Serait-ce un blasphème que de vous demander le vôtre, me dit-il en me fixant d'un de ces regards complices. Qu'il était beau ainsi!

Le blasphème, cher comte, serait de ne pas vous le donner, dis-je en essayant de contrôler mes états d'âme, ce que j'étais vraisemblablement incapable de faire. Je me nomme Elizabetha Bathorya.

À ces mots, ses yeux flamboyèrent encore une fois de cette effrayante lueur bleue. «Quelle façon particulière de montrer sa surprise.», pensai-je. Quelle idiote j'étais! Si seulement j'avais su.

Soudain, il s'approcha de moi, me tenant par la taille, de sorte que son souffle glacé frôlait mon oreille. Il me chuchota des choses dans une langue qui m'était inconnue. Peut-être était-ce en latin, ou en ancien roumain, je ne saurais le dire. Il sembla délirer. Je l'écoutai malgré le fait que je ne comprenais rien aux bribes qu'il prononçait. Il parla à un rythme effréné, me serrant toujours plus fort contre lui. Il embrassa mon cou, tout en continuant de marmonner sa poésie frénétique contre ma peau. C'est alors que je sentis deux puissantes mains me tirer vers l'arrière, m'arrachant ainsi à son étreinte passionnée. «Nous nous reverrons, Erzebeth.», me murmura-t-il à l'oreille en roumain courant, avant que nous fussions totalement séparés par mon père qui m'attirait loin de lui. Je tentai un dernier regard vers lui et je sus, à ce moment précis, qu'il n'était pas humain par le regard qu'il me renvoya.