Les personnages, lieux et événements que vous reconnaîtrez ne m'appartiennent pas. Ce ne sont que des jouets pour mon esprit tordu.

Bonne lecture.

Le Loup à la Lune.


Pour me faire pardonner de ne rien avoir posté de toute la semaine, voici le premier chapitre d'un nouveau projet. Je vous en avais déjà parlé sur ma page bio.

Il s'agit du "Sang du Dragon ", dont j'ai légèrement modifié le titre.


Chapitre 1 : En avant, joyeux amis.

Rémus J. Lupin s'arrêta devant l'imposante porte de chêne. Il leva les yeux et lut l'inscription en surplomb :

" Couvent Sainte Brigitte. Eh bien, nous voilà arrivés, Sévérus.

- Il semblerait. "

La voix de Sévérus Snape, Maître des Potions de Poudlard, était chargée de mépris, comme à chaque fois qu'il s'adressait au loup-garou, mais Rémus y décela aussi un léger frisson d'appréhension. Il jeta un coup d'oeil au visage cireux de Sévérus.

Ce dernier, tiré à quatre épingles dans son costume-cravate noir de Moldu, fixait la porte, les mâchoires anormalement contractées.

Il est nerveux ...

Le nervosité du Professeur Snape n'avait fait qu'augmenter depuis que Rémus et lui avaient quitté le bureau du Professeur Dumbledore, la veille au soir. Rémus avait pensé interroger Snape pendant leur trajet, pour en apprendre plus sur leur mission, mais le visage fermé de son compagnon de route l'en avait dissuadé.

Sévérus ne lui dirait rien.

En tout cas, rien de plus que ce que Dumbledore lui avait déjà révélé. Le loup-garou se contenta donc de se remémorer les quelques informations que le directeur de Poudlard lui avait confiées tandis qu'il frappait sur l'imposante porte du couvent.

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" Ah, bonsoir, Rémus ! Et merci d'être venu si vite.

- Je vous en prie, Monsieur. "

Rémus se dirigea vivement vers le bureau de Dumbledore, jetant de rapides coups d'oeil dans le reste de la pièce. Il remarqua immédiatement la présence de Sévérus Snape. Le Maître des Potions était assis dans un large fauteuil, légèrement en retrait. Il semblait perdu dans ses pensées, et ignora totalement le loup-garou.

Rémus reporta son attention sur le directeur de Poudlard. Celui-ci lui désigna le siège faisant face à son bureau, et Lupin y prit place.

" Tu te demandes sans doute pourquoi je t'ai demandé de venir ici à une heure aussi tardive.

- J'avoue que votre lettre m'a pris au dépourvu. Je ne pensais pas repartir si vite en mission après ... "

Il ne finit pas sa phrase. Sa gorge se serra tandis que la vision du corps de Sirius tombant à travers le voile revenait le hanter ...

Dumbledore hocha lentement la tête, posant un regard compatissant sur son jeune interlocuteur.

" Je comprends, mon garçon. Et crois bien que j'aurais préféré faire appel à quelqu'un d'autre. Malheureusement, avec l'officialisation du retour de Voldemort, le Ministère est sans dessus-dessous et Tonks et Kingsley sont trop occupés. Maugrey est toujours en convalescence, quand aux Weasley ... "

Rémus secoua la tête.

" Ne vous inquiétez pas pour moi, Monsieur. Dites-moi plutôt ce que je dois faire. "

Dumbledore sourit faiblement et hocha de nouveau la tête.

" Je voudrais que tu accompagnes Sévérus en Ecosse.

- En Ecosse ?

- Dans un couvent des Highlands, pour être plus précis. "

Rémus écarquilla les yeux. L'idée de voir le Maître des Potions au milieu d'une horde de nonnes aurait pu être plaisante, si tout cela n'était pas si incongru ...

" Je comprends ton étonnement, Rémus. Malheureusement, nous n'avons pas le temps d'entrer dans les détails. Voilà tout ce que je peux te dire pour l'instant : il y a quinze ans, au moment de la chute de Voldemort, une petite fille a été recueillie par la Mère Supérieure du couvent Sainte Brigitte, dans les Highlands.

Cette petite fille était parvenue à fuir un groupe de Mangemorts. Lorsqu'elle a été retrouvée par des Aurors, Millicent Bagnold, le Ministre de la Magie de l'époque et moi-même, avons pensé qu'il était plus sage de la laisser aux bons soins des soeurs. La cachette semblait sûre, et les seules personnes susceptibles de vouloir retrouver la fillette étaient sous bonne garde à Azkaban.

Mais après les événements inquiétants de cette année, j'ai demandé à Sévérus d'être vigilent, et mes soupçons ont vite étaient confirmés : les Mangemorts évadés se sont rapidement lancés sur ses traces. Ils n'ont encore aucune idée précise de l'endroit où elle se cache, mais il semblerait qu'ils s'en rapprochent dangereusement. Sévérus m'a rapporté qu'il y a seulement quelques heures, une patrouille de Mangemorts a été envoyée dans les Highlands. Il faut donc agir rapidement. Vous devez la ramener au quartier général de l'Ordre au plus vite.

- Mais une seule personne suffirait. A deux, nous risquons d'attirer l'attention. Pourquoi Sévérus ne s'en charge-t-il pas seul ?

- Les Mangemorts doivent se réunir demain soir, Sévérus ne pourra donc pas la ramener jusqu'au Square Grimmaurd. D'un autre côté, je ne peux pas te laisser y aller seul. Elle est méfiante. Elle refusera de te suivre, même - et peut-être surtout - sachant que c'est moi qui t'envoie. En revanche, elle connaît bien Sévérus, et elle lui fait confiance ... du moins, assez pour accepter de le suivre. "

Dumbledore prit une enveloppe et un bout de parchemin sur son bureau et les tendit à Rémus.

" Tu remettras cette lettre à la Mère Supérieure et ramèneras l'enfant au Square Grimmaurd, en attendant qu'une cachette plus sûre soit mise en place. Sévérus connaît le couvent, il te guidera. Allez-y maintenant. Vous n'avez que trop tardé. "

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" La Mère Supérieure vous attend. "

Les deux sorciers suivirent la religieuse à travers de longs couloirs de pierres froides. Arrivés devant une petite porte, elle leur fit signe d'entrer et repartit. Le Maître des Potions s'apprêtait à tourner la poignée quand Rémus, le prenant de vitesse, frappa à la porte.

" Un peu de savoir-vivre, Sévérus. "

Snape se contenta de lancer au loup-garou un regard méprisant et ouvrit la porte au moment même où une voix répondait de l'intérieur : " Entrez. "

La pièce était assez petite et peu meublée. Une cheminée, un bureau, trois chaises et quelques étagères remplies de livres. Une femme se tenait derrière le bureau. Rémus n'aurait su dire quel âge avait cette femme exactement, mais il était sûr que ses cheveux étaient blancs sous le voile noir. Elle s'assit et leur désigna deux chaises.

" Messieurs, je vous en prie. "

Sévérus s'avança et s'assit en silence. Rémus l'imita et, voyant que son confrère ne comptait pas ouvrir la bouche, il se décida à parler pour deux.

" Je vous remercie de nous recevoir si rapidement ... Madame. "

Rémus n'était pas sûr de la manière dont il devait s'adresser à la religieuse. Il avait déjà cotoyé de nombreux Moldus, mais jamais de membre du clergé. Il remarqua que la Mère Supérieure avait tiqué à son " Madame ", mais elle ne sembla pas lui en tenir rigueur.

" Mais je vous en prie.

- Vous savez pourquoi nous sommes ici ? "

La religieuse posa les yeux sur la lettre que lui avait adressée Dumbledore et qui était posée grande ouverte sur le bureau.

" J'ai cru comprendre que vous veniez chercher Deirdre. "

Deirdre ... un nom intéressant ...

" En effet. "

Elle les dévisagea l'un après l'autre, puis reporta son attention sur Rémus.

" J'ignore si elle acceptera de vous suivre. Elle est assez ... têtue. Et méfiante. J'espère seulement qu'elle prendra la bonne décision. "

La Mère Supérieure se leva et tira sur un cordon qui pendait dans un coin de la pièce.

" Elle est à la blanchisserie. Soeur Anne vous accompagnera. "

La porte du bureau s'ouvrit et une nonne entre deux âges entra.

" Ma Mère ?

- Vous accompagnerez ces messieurs à la blanchisserie, ma fille. Ils doivent s'entretenir avec Deirdre. En privé.

- Bien, ma Mère.

- Eh bien, Messieurs, je vous souhaite de réussir dans votre entreprise.

- Merci, Madame.

- Vous saluerez Monsieur Dumbledore de ma part.

- Je n'y manquerai pas, Madame. Merci de votre accueil. "

Elle s'inclina légèrement et les deux sorciers suivirent Soeur Anne le long de nouveaux couloirs. Après un nombre incalculable de tours et de détours, Soeur Anne s'arrêta enfin devant une porte.

" Voilà la blanchisserie. "

Et elle partit sans rien ajouter.

Pas très bavardes, ces nonnes ... j'espère que Deirdre peut aligner plus de trois mots ...

Rémus s'apprêtait à frapper, mais cette fois, Sévérus fut le plus rapide et ouvrit brusquement la porte. Il entra et Rémus le suivit en soupirant. La pièce était beaucoup plus grande que le bureau de la Mère Supérieure. De grandes armoires de bois se succédaient le long des murs, et de grandes tables étaient alignées au centre.

Une fine silhouette noire se tenait devant l'une des tables. Elle ne portait pas l'habit des nonnes, mais ses chaussures, sa longue jupe et sa chemise ample étaient tout aussi noires. Elle portait également un court voile noir duquel s'échappait une interminable tresse d'un blond platine. Elle ne semblait pas avoir remarqué les nouveaux arrivants, et continua à plier soigneusement le drap blanc posé devant elle.

Rémus hésitait. Il ne savait rien d'elle, hormis qu'elle était têtue et méfiante, et il avait peur de mal s'y prendre avec elle. Il ne voulait pas la braquer dès le début. D'un autre côté, Sévérus ne semblait pas pressé de prendre la parole. Il fixait le dos de la jeune fille, sans rien dire, les poings serrés, visiblement en proie à un conflit intérieur.

Cette marque évidente d'hésitation chez l'imperturbable Maître des Potions, destabilisa encore plus le loup-garou. Il décida de garder le silence et d'attendre. La jeune fille acheva de plier le drap, l'empila avec d'autres, et s'immobilisa. Une voix jeune mais forte résonna alors dans la pièce.

" Qui que tu sois,

Esprit salutaire ou Lutin damné ;

Que tu apportes avec toi les brises du ciel ou les rafales de l'enfer ;

Que tes intentions soient perverses ou charitables ;

Tu te présentes sous une forme si provocante que je veux te parler.

Je t'invoque, Sévérus, compagnon, mon frère,

Fidèle Mangemort ! " ( 1 )

Perplexe, Rémus se tourna vers son compagnon. La tirade semblait avoir détendu l'ancien Mangemort, et il sourit - autant que pouvait sourire Sévérus Snape - et après quelques secondes de silence, il prit la parole à son tour.

" Toujours aussi ... théâtrale. "

Un léger ricanement lui répondit. Le Maître des Potions chercha ses mots un instant, puis reprit d'un ton emphatique :

" Si j'ai profané avec mon indigne présence cette châsse sacrée,

Je suis prêt à une douce pénitence :

Permettez à mes lèvres, comme à des pélerins rougissants,

D'effacer ce geste grossier par ... une explication ? " ( 2 )

La jeune fille secoua doucement la tête.

" Tu malmènes trop les vers, Sévérus ...

- Je n'ai pas ton talent poétique. "

Le silence retomba. La jeune fille ne s'était toujours pas retournée. Rémus jeta un rapide coup d'oeil à Snape. Ce dernier semblait attendre qu'elle reprenne la parole ... ce qu'elle finit par faire.

" Pourquoi es-tu revenu, après tant d'années ?

- Il est revenu-

- Je sais.

- Il te cherche-

- Tout cela ne me concerne plus. "

Sa voix avait légèrement tremblé malgré son ton catégorique. Sévérus attendit quelques instants avant de continuer.

" Elle aussi te cherche. "

Rémus crut voir un frisson parcourir le corps de la jeune fille. Après un nouveau moment de silence, elle répéta, lentement, détachant soigneusement chaque syllabe :

" Tout cela-

- Elle te trouvera !

- -ne me-

- Et tout recommencera !

- -concerne plus.

- DEIRDRE ! "

Elle sursauta.

Sévérus avait presque crié son nom, comme s'il avait voulu la réveiller. Il reprit alors plus calmement.

" Tu n'es plus en sécurité ici. Nous devons t'emmener là où nous pourrons te protéger ...

- Comme tu m'as protégée il y a quinze ans ? "

Sévérus s'immobilisa. Un voile de culpabilité passa rapidement dans ses yeux, au grand étonnement de Rémus, puis il se reprit.

" Les choses sont ... différentes à présent.

- Tu as raison ... les choses sont différentes. Je ne suis plus une enfant. Je saurai me défendre. Seule.

- Sans magie ? "

Elle ne répondit pas. Visiblement, le Maître des Potions avait trouvé la faille.

" Sois raisonnable, Deirdre. Tu dois nous suivre ... et tu le sais. "

Elle sembla hésiter ... puis se retourna.

Rémus eut le souffle coupé : ses traits étaient réguliers et sa peau très pâle, mais ses yeux ... rouges comme le sang ...

Ces yeux se posèrent sur le loup-garou qui sentit son sang se figer dans ses veines. Deirdre le dévisagea lentement, puis tourna son visage impassible vers Sévérus et déclama :

" Que celui qui est le nautonier de ma destinée dirige ma voile ... "

Le Maître des Potions acquiesça avant d'achever :

" ... en avant, joyeux amis. " ( 3 )


Notes :

( 1 ) : " Hamlet " - Acte I, scène 4.

( 2 ) : " Roméo et Juliette " - Acte I, scène 5.

( 3 ) : " Roméo et Juliette " - Acte I, scène 4.


Notes de l'auteur :

Après Rémus et Sirius dans " L'étoile du Berger ", voici une fic qui met en avant mon troisième personnage préféré de la saga potterienne : le Professeur Sévérus Rogue.

Comme pour la fic précédente, l'action se déroule juste après la fin du tome 5.

J'espère que vous aimerez !

Biz.

Le Loup à la Lune.