Les personnages, lieux et événements que vous reconnaîtrez appartiennent à Rowling. Ce ne sont que des jouets pour ma Muse azimutée !

AVERTISSEMENT : Ce chapitre comporte des scènes de maltraitance envers un enfant. Si ce genre de choses vous met mal à l'aise, ne le lisez pas.

Bonne lecture.

Le Loup à la Lune.


Chapitre 4 : Souviens-toi ...

Souviens-toi ... la première fois que tu l'as vue ... la première fois que tu as mis les pieds au Manoir Lestrange ...

Tu as seize ans et Rodolphus dix-sept. Il t'a remarqué. Toi, le souffre-douleur. Toi, le crève-la-faim. Il a remarqué ton intelligence, ton talent. Alors il t'a ramené chez lui pour les vacances. Pour te présenter à son frère.

Le manoir est grandiose. Une brindille par rapport à Poudlard, mais digne d'un empereur à côté du trou à rat dans lequel tu as grandi.

Rodolphus t'emmène à travers des couloirs interminables. Des frises de lierre et de vignes vierges serpentent le long des murs et de la rampe de l'immense escalier de marbre. Arrivés au dernier étage, il te conduit jusqu'à une petite porte dénuée de toute décoration.

Tu as beau être doué, tu as beau surpasser les héritiers des plus anciennes et plus nobles familles de Sang-Pur, tu seras toujours relégué aux mansardes. Tu n'es ni un Malefoy, ni un Black. Tu n'es qu'un sorcier de second ordre. Un Sang-mêlé. Et même s'ils te tolèrent, même s'ils t'acceptent, ils ne verront jamais en toi un égal. Tu ne seras jamais l'un des leurs. Et tu le sais.

La chambre est dépouillée mais confortable. Un lit, une cheminée, un fauteuil, quelques étagères et une vieille armoire entre deux fenêtres aux rideaux sombres. Une voix suraiguë retentit dans le couloir et Rodolphus te laisse seul dans la pièce.

Tu décides de te mettre à l'aise. Les Elfes de Maison ont déjà monté ton unique bagage. Une vieille valise cabossée qui a vu de meilleurs jours. Tu l'ouvres et étales le peu que tu possèdes sur le lit. Quelques robes élimées et des livres. Des dizaines de livres. Tu commences par eux. Tu les ranges sur les étagères, par ordre alphabétique. Tu ne supportes pas le chaos. Tout doit être à sa place.

Puis tu t'occupes des vêtements. Tu ouvres l'armoire dans un grincement strident et - elle est là. La première chose que tu remarques, ce sont ses cheveux, si blonds et pâles qu'ils en paraissent blancs. Deux longues tresses serpentent le long de sa robe grise. Une robe simple, sans dentelle ni fanfreluches. Une robe trop terne pour une enfant ...

Et pendant un instant, tu crois voir un fantôme, mais ces yeux ... rouges ... ils te fixent et tu ne peux leur échapper...

La porte s'ouvre tout à coup et tu tournes la tête. Rodolphus est entré et balaye la chambre du regard. Il semble chercher quelque chose ... ou quelqu'un ... Tu restes debout devant l'armoire, l'empêchant de voir ce qu'elle renferme. Son inspection terminée, Rodolphus te suggère de ranger plus tard. Il veut te présenter au Maître des lieux.

Tu lances un dernier regard à l'enfant avant de refermer l'armoire et de suivre ton hôte.

Elle a les pieds nus ...

Lorsque tu reviens, quelques heures plus tard, elle a disparu.

Tu ne la revois pas avant les vacances suivantes.

Rodolphus t'a invité de nouveau. Tu as plu à son frère et il veut te présenter à un ami de la famille. Mais cet ami ne doit pas arriver avant plusieurs jours, alors pour passer le temps tu arpentes la bibliothèque. Elle abrite la plus grande collection de Traités de Magie Noire que tu aies jamais vue.

En déambulant entre les étagères, tu découvres une petite porte. Elle est entrouverte. Une voix suraiguë résonne de l'autre côté. Tu connais cette voix. C'est celle de la fiancée de ton hôte. Certains mots parviennent jusqu'à toi.

... déshonneur ... effrontée ... pitié ... pas assez ... petite bâtarde ...

Ces derniers mots éveillent ta curiosité alors tu t'approches. Et tu l'aperçois. Elle est prostrée par terre. Des mèches blanches s'échappent de ses tresses et des gouttes de sueur perlent sur sa peau blafarde.

La voix résonne de nouveau, forte et claire.

Endoloris !

Son petit corps tremble. Le front appuyé contre le sol, elle serre les dents. Ses doigts s'enfoncent dans la chair de ses bras et ses orteils se recroquevillent. Mais aucun son ne s'échappe de sa bouche.

Et lorsque son corps meurtri se détend enfin, tu refermes la porte en silence.

Tu dois rencontrer l'ami de ton hôte cet après-midi. Tu mets ta robe la moins élimée et tu sors de ta chambre.

Elle est là, à genoux au milieu du couloir. Ses bras enserrent ses épaules et elle respire avec difficultés. Elle lève la tête et vos regards se croisent.

Noir et rouge.

Des pas résonnent dans les escaliers, puis une voix. Tu la reconnais. Tu reconnais les mots.

... petite bâtarde ...

Elle tremble mais ne dit rien. Ses yeux se détachent des tiens et se posent sur le sol devant elle.

La voix se rapproche.

Tu agrippes son bras maigre et la jette dans ta chambre sans un mot. Tu refermes la porte et te retournes à temps pour saluer Miss Black de ta plus belle révérence.

Cette nuit-là, un léger craquement te réveille. Quelqu'un ouvre la porte de ta chambre.

Sans un bruit, tu prends ta baguette sur la table de chevet et tu attends. Lorsque la porte se referme, tu te redresses et pointes ta baguette dans sa direction. La pièce est sombre, mais tu distingues une silhouette, fine et petite ... trop petite.

" Lumos. "

Ses grands yeux rouges sont posés sur toi, aussi vides et impassibles que son visage. Tu baisses légèrement ta baguette, alors elle se détourne et se dirige vers le fauteuil dans lequel elle se roule en boule avant de fermer les yeux.

Tu la regardes tandis que son petit corps se détend, emporté par le sommeil.

" Nox. "

Tu reviens à chaque vacance. Et à chaque fois, elle vient dormir dans ta chambre.

Pendant longtemps, elle est restée recroquevillée dans le fauteuil. Mais plus maintenant. Maintenant, elle dort dans le lit. Dans ton lit. Tu ne te souviens pas quand c'est arrivé. Peut-être le soir où tu as lu à voix haute pour la première fois ...

Tu aimes lire. Presque autant que tu aimes fabriquer des potions. Et chaque soir, tu t'endors aux accents poétiques de Shakespeare. C'est ton préféré. Et c'est lui que tu lis chaque soir lorsqu'elle se glisse dans ton lit. Son petit corps maigre forme une boule sous les draps. Ses paupières sont closes, mais tu sais qu'elle écoute. Parfois tu sens son regard sur tes lèvres.

" Roméo et Juliette " est sa pièce favorite. Souvent, tu trouves le petit livre de cuir bleu posé sur ta table de nuit. Alors tu le lis, encore et encore. Jusqu'à le connaître sur le bout des lèvres.

Tu as fini Poudlard et vis dans la masure familiale. Mais tu reviens souvent dans ta petite chambre du Manoir Lestrange. De plus en plus souvent.

Le Seigneur des Ténèbres t'a accepté et bientôt tu prendras sa Marque.

Tu sais que ce que tu fais est dangereux. L'enfant tient une place majeure dans les plans du Maître. Elle est sous la "protection" de sa favorite. Et Bellatrix aurait ta tête sur un plateau d'argent si elle savait.

Mais tu continues.

Pendant des années.

Même lorsque Régulus rejoint vos rangs et que le Seigneur des Ténèbres te fait l'honneur d'être son guide dans les Arts Sombres. Même lorsque tu passes tes nuits à traquer et torturer des innocents.

Tu continues jusqu'à ce que ton monde bascule. Jusqu'à cette nuit d'orage où tu la laisses, tremblante et en larmes, aux portes d'un couvent des Highlands. Et malgré cette autre nuit, presqu'un an plus tard, malgré ce qu'ils disent, tu sais que rien n'a vraiment changé.

Tu sais qu' Il reviendra.

Et tu sais que lorsque ce jour arrivera, tu la reverras. Et tout recommencera.

Le sorcier ferma les yeux et posa la tête contre la porte qui se dressait devant lui.

... elle est là ... de l'autre côté de cette porte ... je n'ai qu'à ouvrir cette porte pour la voir ... pour lui parler ... la prendre dans mes bras ...

Il soupira.

Ridicule. Il était ridicule.

Sévérus Snape, Maître des Potions de Poudlard, ancien Mangemort, et espion attitré de l'Ordre du Phénix avait peur de faire face à une enfant incapable de la moindre magie.

... une enfant ...

Une image envahit son esprit. L'image d'une petite fille roulée en boule dans un grand fauteuil sombre.

Ses yeux sont fermés et sa poitrine se soulève doucement au rythme de sa respiration endormie. Ses longues tresses blondes sont enroulées autour de ses bras et semblent se confondre avec sa peau blanche ...

Un souvenir ... cette enfant n'était qu'un souvenir. Deirdre n'était plus la petite fille qu'il avait connue. Ses yeux rouges s'étaient vidés de cette confiance qui était née entre eux dans le refuge d'une petite chambre silencieuse ...

Le Maître des Potions se redressa et plongea une main pâle à l'intérieur de sa cape. Ses doigts maigres trouvèrent immédiatement le petit livre. Ses yeux noirs glissèrent sur le cuir bleu et il l'ouvrit. Ses longs doigts effleurèrent le papier jauni et les mots apparurent.

Des mots de regret ... et d'espoir.

Oui. C'était la meilleure chose à faire. Il ne pouvait pas lui parler - pas encore - mais en lisant ces mots, elle comprendrait. Elle saurait qu'il était toujours là pour elle. Qu'il se souvenait ...

Il déposa le petit livre devant la porte et partit sans se retourner. Quelqu'un d'autre l'attendait ce soir. Comme chaque année. Et comme chaque année depuis presque quinze ans, il serait au rendez-vous.


Voilà enfin le quatrième chapitre ! Enfin, mieux vaut tard que jamais !

J'ai eu pas mal de problèmes pour réussir à intégrer ce long flash-back ! Je ne savais pas trop comment m'y prendre, et finalement, c'est en trouvant le titre du chapitre que j'ai trouvé la solution.

C'est la première fois que j'utilise la narration à la deuxième personne, alors dites-moi ce que vous en pensez !

Et grande nouvelle pour les fans de Sarah, notre fantômette préférée apparaîtra dès le prochain chapitre ! C'est une certitude !

Et maintenant, place aux RAR :

Moonytoon : Qui est le géniteur de Deirdre ? Eh bien tu le sauras bien assez tôt ... mais peut-être pas avant plusieurs chapitres ... et oui, je sais : je suis sadique ! Nyark nyark nyark ! Enfin, ce chapitre aura au moins répondu à l'une de tes questions : et oui, tu avais raison, c'est bien Bellatrix la méchante femme qui a maltraité Deirdre ! Quelle pourriture cette femme ! Et les sentiments de Sévérus pour sa petite protégée se dévoilent peu à peu !

Raziel Tepes : Je fais de mon mieux pour maintenir le mystère ! Et pour le nombre de reviews, je suis flattée que tu penses que mon travail en mérite plus ! ( rougi jusqu'aux oreilles )

Spoiled Child : Moi aussi j'aime les perso tourmentés : ce sont les plus intéressants à décrire ! Merci pour le compliment : Shakespeare est l'un des mes auteurs préférés ! D'ailleurs j'ai relu " Songe d'une nuit d'été " hier ! Une pièce magnifique ! Faudrait que je m'arrange pour revoir le film ! Il est super lui aussi !

Carpe : " d'un calme oppressant " ... j'adore cette expression ! Tu trouves toujours la manière la plus poétique de décrire mes fics ! Comment tu fais ? Quand aux indiscrétions de Rémus, elles servent mes desseins et me permettent une transition fluide entre mes chapitres ! En tout cas, j'espère que le changement de point de vue a satisfait ta curiosité ! D'ailleurs j'ai l'intention d'en introduire d'autres régulièrement.

Shadox : Et non : la " méchante madame " n'est pas la mère de Sirius ( quoiqu'elle aussi n'était pas un ange ! ). Et en ce qui concerne les rapports de Deirdre avec les Black, tu en apprendras un peu plus dans le prochain chapitre ! En même temps que tu retrouveras Sarah ! Qu'est-ce que je suis gentille ! lol

Thaele Ellia : C'est sûr qu'il ne nous faut pas grand chose pour vouloir dévoiler notre ténébreux prof de potions ... faut dire aussi qu'un rien l'habille ... lol Au fait, à quand la suite de " Portrait de famille " ? J'ai hâte de voir la première rencontre entre le père et le fils, ça risque d'être explosif !

Alors à bientôt pour de nouvelles aventures !

Zoub'.

Le Loup à la Lune.