Chapitre 22
Crépuscule du Matin
Les draps volaient autour de nous, le jeu était plein d'éclats de rires…Je la laissai m'échapper, puis elle se laissait rattraper…Et son rire aigu retentissait à chaque fois.
Deux enfants qui jouent.
Son rire dans ma bouche.
Sa joie contre mes lèvres. Nos cheveux épars sur l'oreiller.
Elle avait oublié que j'étais un assassin. Peut importe que j'en sois un ! Je lui avais promis de l'aimer toujours.
N'est-ce pas tout ce qui compte ?
J'avais oublié l'efficacité toujours vérifiée des promesses auprès des femmes. En oubliant qu'elle n'était pas tout à fait une femme. Et en oubliant que j'espérais peut-être plus qu'elle pouvoir un jour tenir ces fameuses promesses.
Le jour était là. Dans mes bras, Hermione riait encore, tout doucement, ses dents luisaient, sa peau était plus pâle que jamais, ses yeux se détournaient des miens si je la regardais trop longtemps…Je rampais au dessus d'elle, lentement, faisant durer le plaisir, prenant mon temps, l'effleurant.
Elle attendait. Son rire s'était peu à peu évanoui. Elle attendait, silencieuse, ses joues teintées d'une rougeur appétissante, elle me regardait. Cette fois, ses yeux ne me quittaient pas, et je n'arrivais pas à définir leur expression. Je les fermai chacun d'un baiser.
Elle remua un peu et les rouvrit.
Je l'observais toujours, muet.
« - Ne me regarde pas comme ça…On dirait que tu vas me manger. »
« - Tu n'es pas loin de la vérité. »
Je plantai mes dents dans son cou.
« - Aïe ! »
« - Laisse toi faire… »
« - Tu ne sais me dire que ça. Mais je pourrais te faire mal, aussi. »
« - Oui, j'en ai eu un aperçu il y a quelques temps. »
Elle planta à son tour ses dents pointues dans la peau de mon cou.
Je me retins de crier. Un rire douloureux me vint alors, et je respirai un grand coup.
« - Tu appelles ça mordre…Aïe ! »
J'avais mal et je riais en même temps.
« - Tu t'avoues vaincu ? », souffla-t-elle, ma peau entre ses dents.
Elle renforça sa prise.
« - Non. Mais c'est normal, tu ne sais pas t'y prendre. »
Elle éclata de rire, alors qu'elle me lâchait.
« - Tu aimes faire les choses ainsi, n'est-ce pas ? En faisant mal ? », dit-elle soudain, sérieuse.
Sa voix était devenue triste. J'étais plus qu'étonné qu'elle pense cela.
« - Je ne suis pas pire qu'un autre. J'ai ma façon de faire les choses, c'est tout. Je suis, comme toi, comme tous, ce que la vie a fait de moi. Mais je me pose rarement des questions sur le bien et le mal. Je pense que dans l'existence rien n'est bien ou mal. Il y a un peu des deux dans tout. Voilà ce que je pense.»
« - Tu crois qu'il y a du bien dans le fait de tuer quelqu'un ? »
Je réfléchis un instant.
« - Oui, je le crois. »
Elle se tut, un moment.
Je pensai que je n'aurais pas dû être si franc…
« - Tu ne changeras pas, n'est-ce pas ? », ajouta-t-elle.
Je pris le temps de la réflexion.
« - J'en doute. »
Je la sentis, ou plutôt je sentis son âme, son cœur, s'éloigner de moi. Elle avait froid, je le sentais trop bien.
« - Tu voudrais que je change…Même quand je m'occupe de toi…Comme ça ? »
Je passai une main sous sa chemise, et embrassai son cou près de son oreille, là où je le savais, elle frissonnait de tout son corps.
Son corps réagit, mais son âme restait froide.
« - Tu en voudrais toujours un autre ? »
Je détachais une à une les attaches de cette trop chaste chemise de nuit, et son corps, malgré elle je le sentais, commençait à répondre.
Elle n'était plus cette vierge effrayée qui avait accepté mon lit en échange de sa liberté, lors de cette nuit inoubliable. Elle n'était plus la jeune fille –presque une enfant - désespérée et rougissante qui s'était offerte à moi -pour quelles raisons - dans cette chambre miteuse de l'auberge du Chemin de Traverse qui, pour l'occasion, était devenue une porte sur le ciel…
Son corps était à présent éduqué pour l'amour, réagissant à un effleurement, se gonflant et frissonnant au contact de ma bouche. Ma création, en un sens.
Elle était à moi. C'est une expression, je le sais, pathétique. Presque stupide.
Mais elle était à moi. Jamais, jamais je n'accepterais qu'elle m'échappe. Pas même pour une histoire de meurtre.
« - Après tout ce que tu m'as laissé te faire, tu en voudrais toujours un autre ? »
« - Ca n'a rien à voir… », soupira t-elle, « Tu sais bien… »
Mais elle ne finit pas sa phrase. Elle se tendait déjà sous mes caresses.
« - Tu es déjà conquise. »
J'eus un rire de triomphe.
Je me penchai sur son visage et effleurai sa bouche, ses joues.
Ma langue sur la peau meurtrie de son cou.
Et pendant que mes mains continuaient de la dévêtir, je sentis que ses résistances capitulaient totalement. Bien…
Je sentis à peine ses mains légères se poser sur moi alors que mes dents se plantaient cette fois bien plus profondément dans la peau de son cou, l'égratignant juste assez pour me repaître un moment de son sang piquant et parfumé.
Elle se débattit un instant mais je la tenais fermement.
« - Ne fais pas ça », gémit-elle.
Mais il m'était impossible de m'en empêcher.
Je maintins ma prise un bon moment, aspirant cette substance sacrée, tel un vampire, bien sûr, bien sûr…
Lorsque j'arrêtai, elle me repoussa légèrement, la colère (ou la tristesse?) déformant ses traits, ses joues humides.
« - Je te hais, je te hais tellement ! Je te hais…Et je t'aime, aussi… », articula t-elle avec difficulté avant de fondre en larmes. «Tu es un monstre…Des fois, des fois tu… »
Je lui présentai mon propre cou.
« - Défoule-toi. »
« - Non ! »
« - Fais-le. Débarrasse-toi de cette colère. »
« - Je te déteste. »
« - Vas-y. »
Alors ses dents s'enfoncèrent dans ma chair avec une force et une telle violence que cette marque n'a jamais vraiment disparu de ma peau. J'aime encore à la regarder.
Elle arrêta la morsure car ma main, en unique témoignage de ma douleur, se crispait sur son bras de plus en plus fort, et ma douleur devenait peu à peu la sienne...
Je me reculai.
Ses lèvres luisaient de sang. Son regard était brouillé, plein de l'ivresse, je n'étais pas sans l'ignorer, de l'acte qu'elle venait d'accomplir.
Elle passa sa langue sur ses lèvres, me regardant sans vraiment me voir.
« - Tu as aimé ça ? »
Elle détourna son regard, flou, du mien.
« - Bien sûr que tu as aimé ça », poursuivis-je. « Et je suis sûr que tu compteras les heures avant de pouvoir recommencer. »
La partie la plus démoniaque en moi jubilait d'avoir enfin mis à jour son côté sombre. Facette qui existe en chacun de nous. En avais-je douté dans son cas ?
Mais un sentiment inexplicable vint brouiller cette joie. Etait-ce de la pitié ? Je restai perplexe.
Son corps reposait sous le mien, détendu, inerte. Son visage sur l'oreiller était détourné, inexpressif.
« - Tu as honte…Tu ne devrais pas. »
Alors elle bondit littéralement de sa position et me renversa sous elle. Je ne réagis pas sous l'effet de surprise.
« - On se réveille enfin… », soufflai-je, sous le coup de la surprise. Je crois que j'étais soulagé.
« - Laisse-toi faire », fit-elle d'un ton froid.
« - J'ai déjà entendu ça quelque part. »
Sa chemise de nuit, si fine, était presque entièrement déboutonnée et suggérait ses formes plus qu'elle ne les montrait. D'une certaine façon, c'était pire. Elle ne prit pas la peine de l'enlever, et repoussa mes mains lorsque je tentai de le faire.
Curieux, je la laissai diriger les opérations. Elle me mit nu, sans plus de cérémonie, avec une certaine rudesse, je dois dire. Mais au Diable les convenances.
Oh oui, au Diable…
Elle s'allongea sur moi, sans plus de cérémonie, et vint saisir, entre mes jambes…
« - Doucement ! », sifflai-je. Mais j'étais déjà fasciné.
Elle resta sourde, me caressant avec une certaine violence.
J'étais déjà dur. Bien sûr. Rien ne m'aurait empêché de la vouloir en cet instant. Pas même ses mains qui saisissaient fermement ma mâchoire pour m'appliquer un baiser mordant et sauvage, entaillant, je le sentis, mes lèvres.
Pas même ses doigts se passant dans mes cheveux et les saisissant en un poing rageur. A en crier.
Rien, pas même son genoux, remontant brusquement et douloureusement jusqu'à mon entrejambe. Elle ne voulait pas que je bouge. Avec succès. J'étais figé, fasciné par cette question que je me posais : jusqu'où irait-elle ?
Sa main revint brutalement sur mon sexe, et elle s'installa, sans ménagement sur lui, autour de lui, sur moi. J'aurais presque pu ne pas être là.
Elle se mit à bouger, brutalement, sauvage, superbe.
J'oubliais même mon propre plaisir…C'était un spectacle somptueux.
Elle était somptueuse.
Tout se passa trop vite.
Elle se libéra en un dernier sursaut, un dernier frisson des pieds à la tête, les paupières crispées, ses mains, ses ongles griffant ma peau.
Sa chemise de nuit collait à son corps en sueur et révélait ses courbes encore mieux que la nudité.
Elle resta un instant dressée, respirant à pleins poumons, puis s'effondra sur moi.
J'accueillis ce poids délicat, léger, ruisselant de transpiration, avec un plaisir dix fois supérieur, me sembla-t-il, à l'extase sexuelle.
Elle haletait encore tout contre moi, et je lui murmurai des paroles que je voulais douces et réconfortantes.
J'étais toujours en elle, gonflé de désir, mais ce fait me semblait si lointain…
Pour la première fois de ma vie, je me suis demandé qui j'étais. Ou plutôt qui j'étais devenu.
Une main sur son dos, parcourant doucement cette surface palpitante, j'étais en proie à un degré d'extase encore inconnu pour moi.
Son plaisir avait été le mien, pour ainsi dire.
Et elle qui pensait me faire violence…Me montrer le poids de l'égoïsme, du plaisir à tout prix…Elle était loin de savoir que cet acte m'avait fait l'aimer encore plus.
Ma main rampa jusqu'à son visage et je cherchai à capturer sa bouche.
Elle se releva aussi brusquement qu'elle était tombée et se détacha de moi, roulant sur le lit, puis se mit debout.
Elle me défia de son regard sombre, de toute sa hauteur, sa poitrine se soulevant encore de façon saccadée, ses cheveux mangeant une partie de son visage.
Puis elle reboutonna sa chemise de nuit et, après un dernier regard, quitta la chambre.
La porte se referma avec un bruit déplaisant.
J'aurais voulu encore un peu de sa chaleur. Elle commençait tout juste à redevenir tendre lorsqu'elle avait décidé de s'en aller.
Je restai longtemps immobile, ébloui.
Nu.
Le matin arriva et j'étais encore éveillé.
Un hibou cogna à la fenêtre et je mis un moment à réaliser ce qu'était ce bruit.
Je me redressai, passai une chemise puis ouvrit. Un vent frais s'engouffra dans la pièce, en même temps que l'oiseau.
La lettre qu'il portait venait de mon fils. Il n'avait pas tardé à répondre. Je pensai que c'était de bon augure.
Le mot disait seulement cela :
« Papa,
Je préfèrerais te rencontrer pour parler de tout cela. J'ai du mal à démêler le vrai du faux en ce qui te concerne. Tout ce qu'on raconte. J'aimerais en effet parler des décisions que je dois prendre avec toi.
Drago. »
Qu'avait-il entendu dire… Etait-ce un piège ? Avais-je des raisons de soupçonner mon propre fils ?
Avait-il déjà été marqué ?
Toutes ces questions se retournèrent un moment dans ma tête.
Je me résolus à répondre, mais avant…Il me fallait déterminer un point de rencontre. Il ne pourrait entrer à Square Grimmaurd sans un mot de Dumbledore en personne. Peut-être valait-il mieux attendre qu'il soit rentré à Poudlard pour que Dumbledore puisse lui parler, déterminer si il était déjà engagé dans la guerre. Et organiser une rencontre sûre.
Je trépignais. Je n'avais pas voulu prendre en compte les difficultés qu'entraînerait un tel plan, et le résultat était plus que frustrant. Le soir même j'irais parler à Dumbledore. J'étais sûr qu'il saurait arranger cela. Toujours entrain de vouloir sauver la veuve et l'orphelin…Il ne résisterait pas à la tentation, une fois de plus.
Je gribouillai une réponse hâtive.
« Laisse-moi le temps d'organiser une rencontre, je te contacterai sous peu. Ne fais rien sans m'avoir consulté.
Ton père.»
Je relus la lettre et lui trouvai un ton autoritaire de moins en moins approprié à ma situation. Mais il fallait à tout prix conserver les apparences. Ne pas faiblir sinon il sentirait que le pouvoir n'était plus de mon côté, et ne m'obéirait plus. Obéir à quoi ? Je n'avais aucune idée de ce que j'allais lui demander de faire. Ou de ne pas faire.
Je descendis à la cuisine dans l'idée de me dégourdir les jambes. J'était préoccupé par ce qui s'était passé cette nuit-là. Ce qu'elle avait fait. Certains détails obsédants ne me quittaient pas. Cette odeur, cette peau luisante de sueur, cette texture limpide de ses cheveux sous mes mains.
Je m'installai à la grande table massive qui trônait dans la pièce et avalai sans grande conviction ce qui traînait ça et là. Des pas se rapprochèrent. Je pensais être encore le seul debout, à une heure pareille.
Harry Potter fit son entrée dans la pièce. Ensommeillé, il ne me vit sans doutes pas de suite. Puis il leva des yeux rougis et se figea. Je me plaisais plus que jamais à le fixer d'un air calme et légèrement méprisant.
Tout se trouvait dans les silences.
Il semblait réfléchir. Il fit le tour de la table pour se servir de quoi manger, mais sa démarche était étrangement hésitante.
Il plongea le nez dans son bol de café et je me sentais de plus en plus ravi de sentir cette sorte de malaise, d'hésitation chez lui.
Enfin il se redressa et, plantant enfin franchement ses yeux dans les miens, se décida à rompre le silence.
« - Vous avez tué Bellatrix Lestrange, c'est la vérité ? »
Une lueur étrange brillait dans ses yeux, quelque chose qui était vraisemblablement inhabituel.
Je pris le plaisir de faire durer le silence qui s'ensuivit.
« - En effet. »
Fallait-il que j'en apporte la preuve écrite ? Ne voulaient-ils pas me croire, tous ? Qu'est-ce qui les rendait aussi sceptique ? La vérité était là.
Alors je lus dans ses yeux une lueur sauvage et glacée, une satisfaction violente, presque un soupçon d'avidité, qu'il s'efforça cependant de dissimuler très vite.
« - Vous souhaitez des détails, monsieur Potter ? »
« - Pas vraiment. »
Alors mes pensées s'enchaînèrent automatiquement, et je saisis soudain les raisons, la raison de cette haine inattendue qui un instant avait baigné son regard.
J'avais oublié…
« - Il me suffit largement de savoir que cette chose est réduite en bouillie », ajouta-t-il.
C'était Bella qui avait tué ce cher Sirius Black.
Son regard était étrangement calme, presque digne, lorsqu'il dit ceci. Sa maîtrise était, pour être honnête, exceptionnelle pour un gamin de son âge.
Parce qu'à l'intérieur, il hurlait.
Pour la deuxième fois en peu de temps, j'avais fait une intéressante découverte sur les habitants de cette maison. Des choses qui confirmaient ce que je soupçonnais de la nature humaine. Et j'en étais ravi.
Ils étaient tous sombres, à leur manière. Mais ce côté embarrassant de leur nature avait été refoulé, ils avaient développé une capacité incroyable à le dissimuler.
Les soi-disant forces du Bien n'étaient en fait qu'un rassemblement de dissimulateurs, souvent prêts à exploser de leur trop plein de colère et de haine, une véritable bombe potentielle. Des créatures incontrôlables, en quelque sorte.
Et c'est ce qui faisait à la fois leur force et leur faiblesse. Voilà pourquoi en leur temps, ils avaient eu tant de difficultés à se battre, pris comme ils l'étaient entre ce qu'ils devaient faire et ce qu'ils voulaient faire.
« - Si cela vous suffit », répondis-je, rompant à nouveau le silence.
Il resta songeur, attablé et immobile, les yeux perdus dans le vague. Mais sa mâchoire crispée trahissait subtilement son état d'esprit.
Le silence se prolongea un moment puis je quittai la pièce, satisfait de ce que j'y avais trouvé.
La journée se passa, lente, triste à mourir jusqu'à la réunion du soir. J'ignorais encore si nous avions eu des pertes la veille. Et je m'en fichais bien.
Elle me fuyait, encore.
Je ne la vis pas de tout ce jour-là. Je n'avais pas encore compris, à cette époque-là. Cette terreur que je lui inspirais parfois. Oh non…Ou bien ne voulais-je pas la voir.
Ce fut un miracle que je puisse parler quelques minutes en aparté avec Dumbledore à la fin de cette réunion. J'y appris que deux d'entre nous étaient morts. Leur nom m'échappe, aujourd'hui.
Il réfléchit un instant puis me fit comprendre que c'était une affaire qu'il m'aiderait à mener à bien.
« - Je vous écrirai en temps voulu, pour vous prévenir de sa venue. Il faut d'abord que je m'assure que tout se déroulera sans problèmes. » Il fit une pause. « Votre fils se trouve dans une situation délicate. Oui, très délicate… », ajouta t-il.
Il n'y avait pas une once de jugement dans son regard, seulement ses pensées qui semblaient se dérouler à toute vitesse.
« - Je ferai en sorte que vous puissiez vous voir », fit-il simplement, toujours terriblement pensif.
Puis il fut happé par des membres de l'Ordre qui parlaient bruyamment, dans cette foule qui envahissait si désagréablement le hall de la maison.
Notre entretien s'acheva là. Il ne me restait plus qu'à attendre.
Je regagnai ma chambre et ouvrit la fenêtre. Allongé sur mon lit, l'air tiède envahissant la pièce, je réfléchis. Que voulais-je, au fond, dire à mon fils ?
Merlin, je devenais fou à rester ici, enfermé…Je devenais incohérent.
Qui étais-je devenu ? Pourquoi laissais-je les autres décider pour moi ? Personne n'avait à me dicter ma conduite !
Mais c'était ça ou la prison, ou même pire…Et je sais que le Ministère ne m'aurait pas laissé filer une deuxième fois.
J'attendais sa visite. Sa présence avait tendance à me rappeler les raisons de ma présence ici. Evidement.
Pas une seconde je n'avais épousé leur cause.
J'attendais encore lorsque je m'endormis.
Le froid me réveilla et je compris à la teinte du ciel que le jour serait bientôt levé.
Elle n'était pas venue.
J'allais fermer les battants de la fenêtre, après avoir humé les subtiles fragrances du jour qui naissait.
Je passai une partie de cette mâtinée à décider ce que j'allais demander de faire à mon fils. Les directives qu'il aurait à suivre. Les ordres auxquels il allait obéir.
Midi sonnait lorsque je reçus un hibou. Dumbledore.
Le mot disait juste : « Ce soir. 22h. »
Fort bien.
L'après midi se traîna. Pourquoi n'était-elle pas venue ? Devrais-je, lorsque je la reverrais, refaire usage du chantage ?
Cinq heures avaient passé quant on frappa.
J'avais prévu de lui hurler dessus. La punir de son absence. Je m'étais promis de la traiter froidement, méchamment, pour m'avoir négligé.
Mais je n'avais pas prévu qu'avant tout, elle m'avait manqué.
Et aussitôt qu'elle eut passé la porte, le « Où étais-tu ! » agressif que je préparais mourut sur mes lèvres et je la pris aussitôt dans mes bras.
Le « Où étais-tu… » que je murmurai à son oreille était doux, chargé de tendresse et presque plaintif.
Elle se dégagea et me regarda.
« - Crois-moi, je n'ai pas pu faire autrement. Je…Je regrette si je t'ais fait attendre », balbutia-t-elle avant de revenir contre moi. « J'étais avec les autres. » Il y eut un silence. « Mais maintenant, je suis là. », fit-elle comme pour se rattraper. « Ce soir… »
Je la coupai.
« - Je vois mon fils ce soir, à dix heures. J'ignore combien de temps cela va durer. »
Elle fut un instant surprise, mais se ressaisit rapidement.
« - C'est une bonne chose », dit-elle. « Je suis heureuse que tu te sois décidé. »
« - On verra bien. »
Nouveau silence.
« - Alors…Je suis proscrite de tes appartements jusqu'à nouvel ordre ? », dit-elle, doucement taquine.
« - Simplement ce soir à partir de dix heures », répondis-je avec un regard chargé de sens, alors que mes mains descendaient le long de son dos.
