Chapitre 26

Mon ange

Le soir-même, il ne lui sembla pas nécessaire de me rendre visite.

Je savais qu'elle devait donner le change, se montrer présente afin de ne pas attirer les soupçons, mais le désir est une chose incontrôlable, et, roulé en boule sur mon lit, j'étais pathétiquement convulsé par le manque.

Je finis pas me jeter un sort de sommeil.

Le lendemain se révéla être une journée…Intéressante. Nouvelle réunion de l'Ordre. Et le soir, à nouveau, nous étions sensés nous préparer à une confrontation. Je ne l'avais pas vue de la journée, à nouveau. Et j'étais comme un lion en cage.

Le départ, plus discret se fit par groupes. Pas de scène de départ insoutenable. Elle ne me vit pas partir et je crois que ce fut mieux. Nous avons transplané par groupe de trois, une fois dehors.

La chair imprégnée par deux jours entiers de manque, je crois que j'aurais pu me venger sur une armée entière.

Dans les entrailles du ministère, nous tendîmes une embuscade à des mangemorts sensés s'approprier je ne sais quelle trouvaille au Département des Mystères. Je me fichais de toutes ces histoires. Cela me rappela d'autres souvenirs guerriers, en ce même endroit…

Je tuai trois hommes, cette nuit-là.

Le premier reçu le sort classique. Je pense qu'il est celui qui a le moins souffert.

Le second eut la malchance de me lancer un sort de désarmement juste avant que je ne me jette littéralement sur lui et que je le désarme à mon tour. Poussé par l'instinct sanglant qui m'accompagnait en temps de bataille, j'attrapai sa tête encagoulée et la tournai d'un seul coup.

Le craquement sec de ses cervicales qui se brisaient me procura un apaisement sans nom. Pas autant qu'une nuit d'amour avec elle. Non. Mais je me contentai de ce que j'avais.

Je ne récupérai pas ma baguette tout de suite. Une épée accrochée à un mur semblait m'attendre. Que faisait donc cette arme ridicule en un tel lieu ? Je m'en moquais.

Je la saisis.

Elle était lourde mais je la maniais avec une facilité grandissante. J'embrochai le troisième et le saignai comme un animal.

Un quatrième vint par derrière et tenta de me jeter un sort.

J'eus la chance de me retourner assez vite pour le blesser, mais pas mortellement, j'en suis sûr.

Cette loque de Crabbe hurla comme un chien, pourtant je savais que je l'avais à peine effleuré.

Heureusement, cet ange de vertu pour lequel avait trop tendance à se prendre Severus n'était pas sur mon dos à ce moment-là. Avec un peu de chance, je n'aurais pas à supporter les réflexions et les regards en coin qu'ils m'avaient tous lancées après la mort de Bellatrix.

Tous, sauf le Survivant.

Et qui viendrait me faire le reproche d'avoir éliminé ce ramassis de déchets humains ? Les veuves de mangemorts n'avaient pas l'habitude de courir après la publicité.

De retour de mission, certains étaient blessés, mais aucune perte pour nous cette fois-là, je crois.

Je n'étais même pas blessé.

J'étais épuisé mais serein.

Il était tard. On frappa.

Je criai d'entrer. C'était elle. Elle hésitait encore sur le pas de la porte.

« - Tu ne viens pas pendant deux jours, et tu te décides enfin, comme par hasard, le soir où tu me sais le plus dangereux. A croire que tu aimes prendre des risques », fis-je d'un ton sarcastique mais également fatigué.

Ce disant, je marchais vers elle d'un pas décidé.

Elle étouffa un cri, et se jeta en arrière hors de ma portée. J'éclatai de rire. Sa main aux aguets se laissa attraper et je la portai à mes lèvres, embrassant voluptueusement l'intérieur de sa paume.

« - Entre. »

Je ne plaisantais plus.

Elle me suivit docilement et je refermai derrière elle.

« - J'étais inquiète », dit-elle calmement.

« - Tu ne devrais pas. Je me suis bien amusé ce soir. »

« - Tu as du sang sur ta chemise. Est-ce que… »

« - Ne t'inquiètes pas, ce n'est pas le mien. »

Elle me jeta un regard chargé d'infernaux soupçons.

Mais résolut sagement de ne pas les vérifier.

« - Je pars demain », fit-elle alors sans autre préambule, comme pour dévier du sujet.

Je sentis que c'était là la raison première de sa venue. Elle était venue me dire au-revoir. Aussitôt, mon entrain s'évanouit. J'allais bientôt devoir me passer d'elle.

« - Alors on n'a pas de temps à perdre, approche-toi un peu. »

Elle sourit timidement…Timidement ! Après ce qu'elle m'avait laissé lui faire deux jours plus tôt…J'étais sidéré par sa nature si incompréhensible, si…Féminine, en fait.

« - Faut-il que je te supplie ? »

Son sourire devint plus franc.

« - Je sais que tu ne le ferais jamais, tu es trop fier. »

« - C'est vrai. »

Je m'assis sur le lit.

« - Viens », lui dis-je simplement.

« - Tu es plein de sang. »

Elle avait le don de décupler mon imagination…

« - Et bien…Si tu nettoyais ça ?

Son regard me défia un instant, silencieux. Puis elle s'approcha lentement de moi.

Ses doigts délicats, si fins déboutonnaient ma chemise avec une douceur troublante. Elle rejeta en arrière les mèches qui traînaient sur mes épaules.

« - Tu as tué des gens, n'est-ce pas, ce soir… », murmura t-elle d'une voie tremblante.

« - Ne me pose pas de questions, et je ne te dirai pas de mensonges. Tu sais bien. »

Que répondre d'autre ?

Ses mains si mirent à trembler légèrement, tout comme le son de sa voix.

« - Tu l'as fait, je le sens sur ta peau. »

« - Ca n'est que du sang. »

« - Non, c'est autre chose, quelque chose que je sens sur toi mais…Qui ne se voit pas. Tu sais bien mentir, mais pas à moi », ajouta-t-elle.

Elle sourit, triste, à mi-chemin des larmes. Les évènements prenaient une tournure qui me déplaisait et que je n'avais pas prévue.

« - N'y pense pas. »

Elle ne répondit pas.

Sa main attrapa la mienne et je me laissai diriger vers la salle de bains. Elle fit jaillir l'eau de la robinetterie argentée.

« - Tu veux prendre une douche ? », fit-elle, souriant toujours à demi.

« - Ca peut s'arranger, si c'est indispensable. J'ai l'impression que ça te plairait.»

« - Ah ? Maintenant mon avis t'intéresse… »

« - Oui, c'est nouveau », coupai-je. « Et fais attention que je ne décide pas de me raviser. »

Elle s'avança vers moi.

« - Je dois aussi te déshabiller entièrement ? »

« - Tu as bien commencé », fis-je observer.

Son sourire devint plus franc lorsqu'elle approcha ses mains de ma taille. Ses cheveux frôlaient ma clavicule alors qu'elle détachait contre mon ventre les derniers vestiges de ma pudeur.

Sa main, douce, sur ma fesse gauche.

« - Quand tu auras fini de laisser traîner tes mains baladeuses… »

« - Mais on dirait que vous faites des manières, monsieur Malefoy ? »

« - Des manières … »

Les mots s'étira pensivement sur mes lèvres.

Que faisait-elle encore habillée ?

Je commençai, fébrile, à détacher ses vêtements, qui semblaient trop décidés à ne pas se laisser faire, et dans un mouvement impatient, j'en déchirai une partie. Il ne s'agissait pas là de sauvagerie, bien sûr que non…Juste d'impatience.

Elle poussa un léger cri quand, exaspéré par ce pantalon de moldus qu'elle portait et qui, trop épais et rigide me résistait plus que de raison, je déchirai d'un coup sec l'ouverture métallique qui avait osé me résister en un tel moment.

« - Doucement ! »

Mais je fermai sa bouche d'un baiser. Un baiser assez puissant pour que sa bouche ne soit plus rien qu'une de ces autres parties d'elle destinées à me satisfaire.

Je la poussai alors dans la douche, comme un ange détrempé au milieu de cette mosaïque immaculée.

Ses cheveux, soie ruisselante, se collèrent à son visage et sur ses épaules, épousant aussi la courbe de ses seins. Elle était entièrement nue, à l'exception d'une bague argentée à son annulaire gauche.

« - Tu ne viens pas ? », me demanda-t-elle, adorable.

Sans répondre, je m'avançai et la rejoignis. Moi, j'aurais pu la regarder ainsi pendant le restant de mes jours.

Elle attrapa une éponge naturelle ronde et hypertrophiée, et l'imbiba de savon, avant de parcourir ma peau avec une douceur toute maternelle qui me faisait frissonner de plus en plus fort…Elle n'oublia aucun des recoins de mon corps et, lorsqu'elle eut fini, je me trouvais dans un état de désir tel qu'elle le sentit, ou plutôt qu'elle le vit, et m'avertit :

« - Pas tout de suite…A ton tour, maintenant. »

Elle me tendit l'objet doux, rond, lourd de toute l'eau qui l'imprégnait.

Elle était belle, ainsi mouillée, les cheveux collés à sa peau, les cils chargés de minuscules gouttes, la lèvre inférieure luisante, sa peau tendre entièrement offerte à ma vue…Mais pas immédiatement à mes mains. La courbe ronde de ses épaules, ses seins tendres tournés vers moi…

« - Tourne-toi. »

Elle s'exécuta.

L'éponge descendis le long de son dos étroit, cambré, et le contourna pour caresser son ventre, avant de descendre le long de sa cuisse, puis de remonter… »

« - Tu triches », tenta-t-elle de répliquer. Mais sa voix embuée de désir la trahissait.

« - Je ne fais que faire ce que tu m'as demandé…Je te lave. »

« - Je connais des façons moins… »

Elle s'interrompit, inspirant vivement l'air entre ses dents, car je venais de parcourir un endroit plus sensible que les autres…

Ses cheveux trempes collaient à ses épaules, et je les soulevai pour l'embrasser dans le creux du cou. L'éponge remonta sur son ventre, sa poitrine, ses épaules, et l'apparente innocence d'un tel instrument ne trompait plus personne. Chaque caresse la faisait se tendre, se cambrer encore plus.

Je savais aussi que c'était la dernière fois avant bien longtemps, et son souvenir de moi devait à tout prix lui donner envie de revenir un jour…

Elle venait de se retourner face à moi. Sans pouvoir résister plus longtemps, je la pris dans mes bras. Son corps était doux et tendre, fragile. Elle était bien plus petite que moi et j'étais courbé sur elle.

Ses bras entourèrent mon cou et son ventre s'écrasa contre le mien. Ce n'était plus le moment de jouer et je la soulevai. Elle s'accrocha à moi et je la plaquai contre le mur ruisselant, ses jambes enroulées autour de ma taille.

« - Tu veux… », demandai-je.

Son regard était déjà flou. Elle acquiesça d'un léger mouvement de tête.

Le meilleur moment était venu.

Je vins en elle d'un seul élan, et elle cria.

« - Tu as mal… »

Mais son sourire m'inonda alors et le doute s'envola.

Sa tête dans mon cou, et son corps si fragile qu'il me semblait parfois qu'un geste suffirait à le briser…Comment décrire cette extase si particulière ?

Des fois, je crois avec une foi déconcertante que je suis fou.

Ses jambes enroulées autour de moi se resserraient progressivement, et elle maîtrisait progressivement les ébats. C'était si évident…

Il me fallait sa bouche. Je redressai son visage et l'appuyai au mur avant de l'embrasser. J'avais faim aussi de cette chair-là.

Les mouvements de nos reins se faisaient de plus en plus rapides et désordonnés, et je me décidai à calmer cela : le moment devait durer le plus longtemps possible.

Elle eut un gémissement de protestation.

« - Pourquoi tu arrêtes… »

« - Pour ne pas que tu t'envoles loin, mon ange. »

« - Continue, s'il te plait… »

« - Non, tu vas attendre un peu. »

Je léchais les contours de sa bouche. Elle soupira. Un soupir tremblotant.

Je me retirai d'elle, et elle eut un cri de protestation.

Elle voulait que je reste en elle, pourquoi faisais-je cela !

« - Sois patiente. »

Nous sortîmes de la douche. Elle frissonnait, toujours rose de désir. Je l'enveloppai dans une serviette immaculée. J'aurais pu lui lancer un sort de séchage, mais où aurait été le plaisir ?

Elle se laissa frictionner. Puis en fit de même avec moi. Je la portai ensuite jusqu'au lit.

Allongée, alanguie, elle attendait que je revienne en elle, mais j'en avais décidé autrement. Effleurant la peau de son ventre, je descendis progressivement jusqu'à l'ouverture brûlante qui réclamait, exigeait d'être apaisée. Mon amante eut un haut le corps quand ma langue commença à jouer avec cette partie d'elle.

« - Je t'en supplie… »

Pour toute réponse, j'avançai une main jusqu'à ses seins et les effleurai un instant, sans m'attarder. Nouveau gémissement de frustration.

Enfin, elle se résigna à se laisser faire. Son bassin ondulait sous mes caresses, de plus en plus fort, de plus en plus frénétiquement. Elle allait bientôt exploser, et je décidai une fois de plus d'arrêter.

« - Pourquoi tu fais cela ? », se plaignit-elle d'une voix rauque, essoufflée.

Peut-être avais-je envie qu'elle me supplie ?

Elle se redressa sur ses coudes et replia ses jambes sous elle. Elle n'avait jamais été aussi belle. Je le lui dis. Son visage se détourna un instant, gêné.

Puis elle rampa jusqu'à moi et souffla à mon oreille…

« - Je veux que tu reviennes dans mon ventre. Et que tu ne t'arrêtes plus pour me faire languir. »

« - Seulement si je le veux, mon ange. »

« - Ne m'appelle pas mon ange. »

Je souris à cette réplique presque enfantine.

« - Seulement si je veux. Tu n'es pas en position d'exiger quoi que ce soit…Mon ange. »

Ses mains agrippèrent mes épaules et elle colla littéralement sa bouche contre mon oreille.

« - Fais comme si c'était la dernière fois. S'il te plait. Fais…Comme si tu voulais me faire un enfant. »

Cette déclaration incendiaire me fit totalement perdre la tête. Je la plaquai contre les draps, brûlant tout-à-coup de toutes les fièvres.

« - Les enfants…Sais-tu au moins comment on les fait, petite garce », répliquai-je en un souffle.

« - Montre moi… »

C'était un coup d'éclat, une provocation. Je savais que ce soir-là je n'allais pas lui faire un enfant. Les circonstances ne nous le permettaient pas, et elle était si jeune, si jeune…Sans compter le charme de contraception sous lequel j'étais depuis le début. Mais il me fut facile d'oublier tout cela et d'imaginer.

Je caressai un instant l'intérieur de ses cuisses avant de revenir fébrilement m'enfouir dans son ventre. Son cri retentit à nouveau dans la pièce. Une première fois, puis une seconde, alors que j'allais encore plus profondément en elle. Plus que je n'avais jamais été, me sembla-t-il.

Sa tête roula de côté et j'entendis alors le crissement de ses ongles sur le drap qu'elle venait de saisir.

Les premiers coups de rein furent forts et profonds. C'était un délice, un oubli divin que de se dissoudre ainsi dans son corps. Mais j'ai expliqué cela tant de fois…

Elle s'ouvrait de plus en plus à moi, et finit par enrouler une fois de plus ses jambes autour de mes hanches.

Plus de fausse pudeur, plus de gêne. J'allais en elle avec force, sans aucune retenue, pesant de tout mon poids sur son corps. La force de l'acte annihilait toute pensée parasite. Et paradoxalement, tout n'était que tendresse.

La force de cette affection que je lui portais, et que nous avions souvent peur d'appeler amour.

J'avais l'impression qu'elle s'ouvrait sous moi comme une fleur, et je pensai soudain qu'elle me pensait sérieux, quand j'avais « accepté » de lui faire un enfant…Mais non, elle était une fille intelligente. C'était mon propre désir que je projetais là.

J'imaginais malgré moi ma semence trouver chemin en elle, et donner le départ d'une nouvelle vie…Cette pensée, étrangement, me fit tourner la tête et, alors que ses cris devenaient de plus en plus rauques, j'oubliai que j'avais décidé de prolonger au maximum ce moment et me laissai aller à la jouissance.

Ses cris me parvinrent lointainement, filtrant entre les miens jusqu'à ce que je perde conscience de tout ce qui m'entourait en dehors de ces bras chauds qui me serraient de plus en plus fort et de cette chair, sœur de la mienne et qui était aussi ma vie, et que je m'envole dans un tourbillon divin, éblouissant.

Je somnolais, le visage contre son épaule, le front appuyé et mes lèvres contre sa peau. Je tentais de mémoriser cette fragrance (fleur d'oranger ? Citron ?) qui était si particulière, et dont il me fallait profiter avant qu'elle ne disparaisse de ma vie.

« - Tu me chatouilles avec ton souffle. »

Je croyais qu'elle dormait. Je m'étais trompé.

« - Tu me manques », répondis-je.

« - Je suis là. »

« - Tu me manques. »

Toujours dans son odeur.

Elle ne répondit pas.

Nous nous rendormîmes.

Plus tard, dans la nuit, j'eus froid et constatai son absence à mes côtés. Relevant, la tête, à-demi endormi, je la vis se contempler dans le miroir, immobile.

« - Que fais-tu si loin, je te vois à peine… »

Son visage se tourna vers moi, comme si je la réveillais d'un songe, avant de retourner se contempler dans le miroir.

« - Tu es mon péché, le sais-tu… », murmura t-elle songeuse, presque triste.

« - Tu te trompes. »

Une fois de plus, elle ne répondit pas.

J'étais réveillé pour son départ. Ou plutôt, je n'avais pas dormi de la nuit, après qu'elle eut rejoint le lit. Blottie dans mes bras qui n'entendaient pas la laisser s'échapper une seconde, elle s'était endormie paisiblement au bout de quelques minutes, alors que je restai, les yeux grands ouverts dans le noir, à repenser à tout ce qui allait me manquer d'ici quelques heures.

Quatre heures du matin sonnèrent, et elle se réveilla d'un coup, comme si elle s'y était attendue. Quel idiot je faisais, bien sûr qu'elle s'y attendait. Elle ne devait pas réapparaître de façon trop douteuse…

Je tentai de la retenir, mais après quelques baisers, elle se leva définitivement. A cet instant-là, la Marque se réveilla et me picota désagréablement. Je lui cachai ce détail.

Je me levai à mon tour.

Je ramassai ses vêtements sur le sol de la salle de bains. Face à moi, elle leva un bras, puis l'autre, pendant que je lui remettais sa chemise, refaisant les boutons lentement, avec une délicatesse que je voulais identique à celle qu'elle avait mise en œuvre pour défaire ceux de la mienne, la veille.

C'était inutile, bien sûr. J'imaginais bien qu'une fois arrivée à sa chambre, elle allait se changer pour une tenue de nuit moins compromettante. Mais j'aimai faire cela. Inutile de le cacher.

Elle se laissa ainsi rhabiller. Je voulus ensuite démêler la torsade de boucles qui tombait sur son épaule, mais elle m'arrêta, la main sur mon poignet, les larmes aux yeux :

« - Nous n'avons plus le temps. »

Alors je la guidai vers la porte de la chambre.

Elle se retourna, comme pour me dire quelque chose, mais elle fondit en larmes avant d'avoir pu dire quoi que ce soit.

J'employai toutes les forces qui me restaient pour ne pas en faire de même, mais il y eut un moment, un moment où mes forces me quittèrent.

Je pleurai un peu.

Mais il ne fallait pas, et je m'efforçai de le cacher. Son corps tremblait contre le mien, et elle était si frêle, si frêle…

« - Sois sage en mon absence, mon ange », soufflai-je à son oreille.

Pour toute réponse, elle se serra davantage à moi.

« - …Et n'oublies pas de revenir. »

« - Je t'ai déjà dis que je n'étais pas un ange… »

Son visage se releva vers moi et je la vis sourire entre ses larmes. Un sourire fragile, incertain, comme une flamme menacée par le vent, mais prometteur de tant de choses…