Chapitre 27
Malgré
Je ne devais plus la revoir avant le mois de Septembre.
Elle ne revint pas début août à Square Grimmaurd comme promis.
Je passai le reste de cet été brûlant à me tordre sur mon lit, entre deux réunions.
De ce point de vue là, mon existence s'était singulièrement améliorée. Les membres commençaient à me considérer comme quelqu'un d'abordable, même si certains continuaient à me haïr ouvertement, ce qui m'amusait énormément. Et même si certains de mes actes passés restaient bien ancrés dans leurs mémoires, leur effort à mon encontre était remarquable.
Mais le retournement de situation de plus admirable avait été celui du Survivant. Il lui arrivait de s'adresser à moi avec dans les yeux quelque chose qui ressemblait à…Du respect. Et c'était compréhensible, dans un sens. J'avais tué cette idiote de Bella. En passant, je m'étais demandé comment cette bonne à rien avait réussi à tuer Black…Mais il était amusant de constater comment on pouvait gagner les bonnes grâces de cet ange de pureté qui se croyait au-delà de toute notion de mal.
La famille Weasley, affreuse et bruyante tribu, déménagea dans la semaine qui suivit, et j'appris donc que mon ange irait passer ce qui lui restait de vacances dans leur affreuse masure pleine de rats, loin, si loin de moi.
Elle m'informa de cela dans une lettre que je reçus peu avant le départ de ces insupportables rouquins. Je resterais donc à me morfondre ici pendant un temps indéfini sans la voir…Dumbledore devait jubiler.
La maison était trop calme. Je devenais fou à rester ainsi enfermé, sans distraction que mes pensées incendiaires…
Le mois d'août fut calme, trop calme. On eût dit que même les mangemorts avaient pris des vacances.
Elle m'écrivait tous les jours. Je lui répondais à longueur de journée. Cette correspondance fait partie des trésors que je possède aujourd'hui.
J'en appris plus sur elle que pendant la plus bouillante des nuits. Comment j'avais su la terroriser, comment je le faisais encore souvent. Comment elle m'avait haï, comment elle m'avait aimé. Comment elle était tombée amoureuse de moi. A quel point elle avait peur. Ce qu'elle pensait du devenir de notre existence à tous deux, ce qu'elle espérait. Je tombai parfois dans des abîmes de réflexion, au vu de la façon dont elle fonctionnait. Son intelligence prodigieuse ne l'empêchait pas d'être des plus contradictoire, quand elle évoquait ses sentiments.
Et souvent encore, elle me haïssait.
J'appris les raisons qui l'avaient poussée à me faire évader du Ministère, enfin…Je me les vis confirmées, serait plus juste. Et j'appris également comment elle m'avait cédé, dans la chambre de l'auberge, alors qu'elle s'était promise de n'en rien faire. Comment, au fond d'elle, elle avait toujours su qu'elle se laisserait aller à la première occasion.
C'était une confession tantôt des plus jubilatoires, tantôt des plus déroutantes.
Nous ne nous revîmes pas avant Septembre, lors d'une de mes missions à Pré-au-Lard. Quand finirais-je donc de faire le larbin ? Comme d'habitude, on ne m'avait pas demandé mon avis, mais cette fois-ci, cela m'arrangea. Installé à La Tête de Sanglier, j'espionnais.
Le soir de mon premier compte rendu, dans le bureau de Dumbledore, j'obtins la permission –un jour, je me vengerai de toutes ces humiliations- de voir mon fils. Lorsqu'il arriva dans le bureau de vieux fou, nous nous retrouvâmes seuls. Cela ne dura pas longtemps, il allait bien, enfin, du mieux qu'il pouvait, sa mère aussi. Il ne lui avait rien dit, et je sentais qu'il disait la vérité. Il est mon fils, et c'est un instinct qui ne se perd pas facilement.
Il voulait me voir, à Pré-au-Lard, lors de sa prochaine sortie.
Je lui répondis que c'était hors de question, que c'était trop dangereux.
Il m'accusa de ne pas lui faire confiance. Je faillis le gifler pour une telle impertinence, mais ce n'était pas le bon moment, le bon lieu. Peut-être pourrais-je m'arranger pour le voir, ce jour-là. Mais il ne le saurait pas à l'avance, c'était une évidence. Comment savoir s'il n'était pas suivi par des espions ? C'était impossible.
Je songeais à cela en descendant les marches de ces fichus escaliers mouvants, caché sous une cape d'invisibilité que m'avait prêtée le vieux. Que ne fallait-il pas faire…
Au beau milieu du hall, je me figeai. Q'est-ce qui m'empêchait ? Non. C'était trop risqué, il y avait encore trop de monde dans les couloirs. Pourtant, j'y avais pensé pendant des semaines, mais en réalisant la difficulté de la chose, je m'étais résigné.
Au fond, pourquoi pas ?
Je glissai rapidement sur l'idée grotesque de ce que je risquais, de ce qu'elle risquait, tout en faisant volte-face, remontant les escaliers le cœur battant, ivre. Ivre de ce qui m'attendait, ivre de pensées démoniaques, ivre comme le soir de mes noces.
Et dire que j'avais failli renoncer…Où avais-je la tête ?
Je profitai d'un groupe d'élèves qui rentraient dans la salle commune de Gyffondor, et me faufilai avec eux.
Trop de monde, trop de risques de me faire découvrir. J'avançai vers l'escalier qui menait, si mes souvenirs étaient bons, à sa chambre. A cette heure-ci, elle avait des chances de s'y trouver…Je me rappelais alors que cette fameuse nuit, elle m'avait dit quelque chose…Les escaliers étaient ensorcelés. Je m'en souvins juste avant de poser mon pied sur la première marche. Quel maléfice allait donc me frapper ? Je préférai l'ignorer, et me retournai donc vers la pièce trop bruyante, pleine d'une population qui représentait un risque à chaque seconde, et évitai de justesse un groupe de filles qui gloussaient en s'engageant dans ces maudits escaliers. C'était l'occasion ou jamais.
Je saisis la cape de l'une d'elle : si mon souvenir était bon, il fallait être en contact avec une des pensionnaires de la tour. Je les suivis, et l'escalier se tint tranquille.
La chambre, je la retrouvai sans problème (comment l'oublier ?) : j'avais la sensation de n'en être sorti que la veille.
Deux filles allongées sur un lit feuilletaient des magazines en échangeant les fadaises inhérentes à leur âge et à leur condition de jeunes femelles. Où était donc mon ange ? Son regard si joliment hanté ?
Sa chevelure rebelle et la pâleur luminescente de son visage grave ?
Son corps souple et velouté et tendre ?
Que faisaient donc ces affreuses filles dans cet antre qui était le sanctuaire de son repos, et qui depuis des années, devaient polluer son air et son sommeil ? Que ne pouvais-je l'extirper à cet endroit malsain, à cet endroit sinistre derrière ces tapisseries à la chaleur et aux couleurs mensongères ? Mais je me trompais, bien sûr, c'était chez elle.
Des pas se firent entendre derrière moi, et en me retournant avec le plus de discrétion possible, je vis qui était là.
En uniforme, elle tenait une serviette humide et revenait visiblement de prendre un bain. Une des filles allongées sur son lit releva la tête et lança, à la fois espiègle et rêveuse :
« - Moi, je voudrais être préfète rien que pour profiter de leur salle de bain… »
« - Qu'est-ce que tu veux, c'est vraiment indispensable, si on veut correctement assumer ses responsabilités », répondit mon amante avec un sérieux à toute épreuve.
« - Oui, j'imagine, répondit la fille sur un ton peu convaincu, déstabilisée de façon amusante par la réponse sans détours qui lui avait été faite.
Une minute, cela me rappela la nuit de la fuite, quand elle était entrée dans ma chambre, prête à s'offrir, lavée comme je le lui avais demandé. J'avais voulu l'humilier, en marchandant ainsi son corps, mais c'était une excuse, le temps qui passait m'avait fait aboutir à cette conclusion. Elle m'avait plu. Voilà tout. Pourquoi tant de temps, tant de peine à l'admettre ?
Dire qu'elle était là, si près et que je ne pouvais pas la toucher…J'en crevais.
Elle se dirigea vers une porte discrète et lança en baillant qu'elle allait se mettre en tenue de nuit. Rien ne lui allait mieux que celle qui était la plus simple, mais dire cela à voix haute aurait légèrement contrecarré mes plans.
Une fois encore je me faufilai, et entrai derrière elle dans une pièce minuscule qui contenait du sol au plafond l'ensemble des effets des habitantes de la chambrée. La porte se referma derrière nous.
Des malles, des étagères entières remplies de vêtements…Elle hésita un instant avant de choisir, en j'en profitai pour l'immobiliser en lui plaquant une main sur la bouche. Elle poussa un hurlement étouffé et j'eus tout juste le temps de lui lancer un sort de mutisme. J'aurais dû le faire en premier lieu, et mon erreur avait failli me trahir, mais je crois que j'avais trop hâte de la sentir contre moi, même se débattant et criant.
D'une geste, je fis glisser la cape d'invisibilité, et fit péniblement pivoter la jeune demoiselle pour me faire face, alors qu'elle se débattait encore avec une force démesurée.
Ses yeux s'agrandirent lorsqu'elle fut face à moi, et sa respiration désordonnée fut un instant le seul vestige de la panique qui l'étreignait quelques instants plus tôt, ajouté à la rougeur qui habillait ses joues.
J'interrompis le sortilège.
Elle ouvrit aussitôt la bouche mais la referma.
« - Tu ne m'avais pas dit que tu étais préfète, mon ange… »
A peine avais-je dit cela qu'elle volait jusqu'à ma bouche, son corps souple s'étirant comme celui d'un félin, venant se plaquer sur le mien dans le même élan. C'était un petit vampire qui mordait et réclamait, et je ne me fis pas prier.
La situation était des plus exaltantes, et quand je la poussai contre une étagère, le baiser s'interrompit un instant, juste un instant et je l'entendis me répondre :
« - Tu ne me l'as jamais demandé. »
Je plaquai à nouveau un baiser humide sur ses lèvres qui n'attendaient que cela, avant de répondre :
« - Et je vois que tu montres l'exemple… »
Sa bouche revint un instant s'écraser sur la mienne, avant qu'elle ne me souffle à l'oreille…
« - Tout à fait…Et je t'ai déjà dit que je n'étais pas un ange… »
Mais j'entendais le sourire sur ses lèvres.
« - C'est dangereux de rester ici », ajouta-t-elle.
« - Oui, mais c'est tout ce que j'ai trouvé…Et puis c'est plutôt amusant, tu ne trouves pas ? »
« - Moi oui, mais j'ai l'impression que Lavande et Parvati n'auraient pas le même sens de l'humour. »
J'avais déjà soulevé son corps pressé contre le mien, l'avais adossée à ces étagères encombrées, mais elle était dans mes bras, dans mes bras…Mes mains sur ses hanches, soutenant son poids léger…
« - Elles devraient, avec des prénoms aussi ridicules… »
« - Il faut sortir d'ici, je ne plaisante pas… »
Elle eut un long frisson alors que mes dents étaient déjà plantées dans son cou. Sa main vint recouvrir une des miennes qui avait rampé jusqu'à un de ses seins, et sa plainte s'éteignit.
Je songeai alors qu'à me montrer ainsi téméraire, je risquais de gâcher toutes nos chances de passer la soirée ensemble, et même pire.
Je lâchai ma prise. Elle laissa échapper une plainte.
« - Allons…Tu n'es pas très convaincante…Mais il va falloir quand même sortir d'ici, je crois. »
Je tendis l'oreille. Les compagnes de chambre d'Hermione papotaient toujours tranquillement, laissant échapper de temps à autre une exclamation aiguë.
« - On va sortir d'ici…Suis-moi », fit-elle.
Je me drapai à nouveau dans la cape d'invisibilité.
Elle ouvrit la porte et nous sortîmes. J'étais persuadé qu'elle allait laisser transparaître quelque indice de son émotion, mais il n'en fut rien.
« - Je redescends », lança-t-elle à ses compagnes de chambre.
« - Mais tu ne restes pas ? Je croyais que c'était à Ron de faire la ronde », ce soir, s'exclama celle qui s'appelait sans doutes Parvati.
« - Je sais, mais j'ai un truc à vérifier à la bibliothèque, ne m'attendez pas ! »
Et elle s'engouffra dans les escaliers avec une vitesse telle que j'eus du mal à saisir au vol sa cape, espérant encore une fois que ces stupides escaliers ne me réserveraient pas de mauvaise surprise.
Nous traversâmes la salle commune bondée, sortîmes par l'ignoble portrait qui en ornait l'entrée, et nous engageâmes dans les couloirs déserts.
Je me demandais où elle m'emmenait, alors que nous descendions les étages, jusqu'à un couloir où elle s'arrêta brusquement. Nous marchâmes ensuite doucement jusqu'à une tapisserie représentant des trolls. Sans m'expliquer quoi que ce soit, elle se mit à faire les cent pas devant le mur, une expression concentrée sur son visage penché. Que faisait-elle ? J'allais le lui demander, quand, lorsque je relevai les yeux, je m'aperçus qu'une porte venait d'apparaître en face de la tapisserie.
Elle leva les yeux et son visage s'éclaira quand elle l'aperçut.
Elle l'ouvrit précipitamment, et me poussa à l'intérieur.
J'entendis un claquement derrière moi, et je fis aussitôt glisser la cape qui me dissimulait.
J'avais devant moi une chambre des plus étranges. Un lit immense occupait l'essentiel de la pièce, et d'une haute fenêtre près du lit, s'échappait une douce lumière de crépuscule, alors que je savais qu'au-dehors, la nuit était bel et bien tombée.
« - Qu'est-ce… »
Mais ses mains avaient déjà entouré ma taille et je me rappelais que tout ce qui importait, c'était bien ce pour quoi nous étions là. Elle défit la boucle de ma ceinture, puis sa main descendit lentement mais sûrement vers l'endroit qui palpitait, elle le savait, pour elle, rien que pour elle.
C'en était pathétique.
L'absence, le manque faisant, il me fallait douloureusement me contrôler pour ne pas la jeter immédiatement sur le lit et lui arracher cet hideux uniforme, dernière barrière vers le paradis et qui me rappellerait toujours, toujours cette nuit inoubliable de notre évasion.
Lorsqu'elle eut bien joué à me faire perdre la tête avec ses mains fureteuses, avec ses doigts agiles, je me retournai verse elle et entrepris de la dévêtir sans attendre. Elle se laissa faire, bien sûr…Mais pas longtemps. A peine avais-je commencé à lui retirer sa chemise qu'elle fit un pas en arrière, se dérobant à moi, espiègle, et j'en rugis de frustration avant d'avancer à nouveau une main vers elle. Nouveau bond en arrière. Un éclat de rire.
Alors je n'imaginai plus aucune ruse, et la poussai sommairement sur ce lit de conte de fées, avant de venir m'avachir sur elle. Et elle riait toujours, toujours.
J'aime prendre mon temps à ces choses, mais cette fois-là il n'était plus possible pour moi d'attendre davantage : d'un coup de baguette, je fis disparaître les vêtements qui lui restaient ainsi que les miens, et elle me réprimanda d'un ton taquin.
« - Tu vas trop vite… »
« - Sais-tu seulement dans quel état je suis à cause de toi ? »
Elle sembla le prendre pour un compliment, alors que j'avais dit cela sur un ton de reproche évident.
« - Non, je n'en ai pas la moindre idée, à vrai dire… »
Ce disant, elle enroula ses jambes autour de ma taille et je la pénétrai d'une poussée. Passée l'ivresse des premières secondes de ce contact brûlant, ma vue se refit nette, et son visage embrasé, ses yeux fermés me furent offerts.
Un lent va et vient s'instaura : il me fallait m'économiser, j'étais déjà au bord du plaisir.
Ajouté à cela le fait que ces retrouvailles qui nous étaient offertes risquaient fort d'être assez courtes…J'en aurais crié de frustration, devant le peu de temps qui nous était offert. Car demain matin, au plus tard, elle me serait enlevée.
Elle respirait de plus en plus vite, et déduisant ce qui allait se passer, je me retirai brusquement. Elle gémit.
« - Pardonne-moi, moi ange, mais tout va un peu top vite à mon goût. »
Elle reprit peu à peu son souffle, alors que j'effleurais son ventre, la courbe de ses seins.
« - On se fiche de la vitesse », murmura-t-elle, alanguie, frustrée au possible. « Reviens par là... »
La voir ainsi avouer textuellement son manque, me fit éclater d'un rire qui respirait soudain la satisfaction.
« - Comme tu voudras… »
Je la fis rouler sur le ventre, et elle n'opposa aucune résistance. Elle était toute à moi…
Je caressai un instant la ligne à peine visible de la colonne vertébrale sur son dos offert, et vint m'allonger sur ce corps brûlant qui était à moi, qui m'appelait, qui n'attendait que moi.
La courbe charnue de ses fesses appuyait contre mon ventre, et je passai une main sous elle, contre le sien, brûlant. Elle se cambra et je revins m'enfouir en elle.
Cette position incendiaire qu'elle m'offrait et contre laquelle buttaient mes coups de reins de plus en plus profonds et empressés, était d'une telle provocation, d'une telle avidité, que je crus sincèrement que tout contrôle allait finir par me quitter.
Mes mains agrippaient son ventre et ses reins, ma bouche était perdue dans les mèches qui couraient dans son cou, et à chaque allée et venue, elle me semblait de plus en plus ondulante, de plus en plus cambrée et infernalement demandeuse de ce que je m'efforçais de retenir, moi qui luttait de plus en plus pour ne pas me laisser aller. Il faut dire que je n'avais pas choisi la meilleure position…
La chaleur augmentait fatalement, et ses gémissements me firent comprendre qu'elle allait bientôt partir. Je n'eus pas le cœur de lui gâcher cet envol-là, et quand je sentis son corps convulser sous moi et se contracter autour de moi, je cessai d'élaborer toute pensée cohérente.
La jouissance l'avait gagnée mais elle savait, par un inexplicable miracle, que la mienne n'était pas encore venue. Et quand elle se cambra à nouveau ostensiblement, saisissant une de mes mains qui était soudée à sa hanche, m'encourageant, je m'abandonnai et explosai en elle, enfoui au plus profond de sa chaleur, le front appuyé à la masse humide des cheveux recouvrant sa nuque.
Mon premier geste après cette tornade fut de soulever ces mèches et de souffler sur sa peau luisante de sueur. Elle eut un soupir, et, toujours sur elle, toujours en elle, ma tête retomba mollement contre cette nuque veloutée, et nous nous endormîmes paisiblement. Sans un mot.
Mais la nuit était loin d'être finie. Ce petit démon me réveilla peu après, et exigea, encore et toujours, ce que je me fis une joie de lui donner.
Son corps plus brûlant que jamais, ondulant, se tordant, ou bien se laissant totalement guider par le mien…
Insatiable, sa langue dans ma bouche, sur tout mon corps, se servant tantôt de cet instrument magnifique pour me donner du plaisir, tantôt pour m'en faire l'esclave... Mais je ne fus pas en reste, et je jure que même aujourd'hui je rougis de gêne, moi, au souvenir de tout ce que nous avons fait lors de cette nuit de retrouvailles, de tout ce que je lui ai fait, et de tout ce que je l'ai laissée me faire…
Et même au matin, même au réveil, alors que nous avions à peine dormi quelques instants, avant de la laisser repartir, avant de nous quitter, je la repris encore dans mes bras, vêtue à nouveau de son uniforme, et la plaquant sommairement contre la porte de cette pièce fantastique, je repris possession d'elle une dernière fois, en un besoin vital, bestial, fulgurant, et nous vibrâmes de concert, une dernière fois, et je le jure sur la Maison Malefoy dans toute son étendue, sur le sang de tous mes ancêtres et de ma descendance, elle adora cela.
Je n'avais pas dit à mon fils que mes missions consistaient à me fondre dans la population de Pré-au-Lard, logeant à la Tête de Sanglier, et espionnant tout ce que je pouvais y espionner. Etonnant était de constater d'ailleurs que les informations entre mangemorts continuaient à s'échanger avec une évidence pathétique dans ce lieu dégoûtant qu'était la taverne de la Tête de Sanglier.
Mais à elle, je le dis. Je la savais hors de tout soupçon.
La sortie qui devait se dérouler dans deux jours était une aubaine. Avec un peu de chance, nous aurions la possibilité de nous voir un long moment mais déjà, le temps d'attendre jusque là nous semblait bien trop long, trop cruel. D'autant plus que la nuit qui venait de s'écouler, malgré la richesse de ses échanges, aurait plutôt tendance à exacerber le manque.
Ses sombres yeux de biche s'attardèrent dans les miens, au milieu de ce hall rempli d'étudiants matinaux, elle vêtue de son apparence de sage étudiante et moi de ma cape d'invisibilité, et nous nous adressâmes un salut invisible.
Enfin, imperceptible serait le mot juste.
Imperceptible.
Deux journées passèrent, et malgré ma mission d'espion, la léthargie menaçait dangereusement de me gagner, tant je m'étais mis à vivre dans le souvenir.
Puis le samedi finit par arriver. J'étais dans ma chambre comme un hyppogriffe en cage.
J'ai toujours haï ces animaux.
Je faisais les cent pas, renonçant à descendre dans la salle bondée de la taverne, de peur de ne manquer le rendez-vous.
Il était trois heures et demie quand elle arriva enfin. Je lui avais donné le numéro de ma chambre, et dès que la porte eut claqué derrière elle, je la fis voler dans mes bras. Les divers sacs en papier qu'elle portait s'écrasèrent à terre.
« - Je n'en pouvais plus de t'attendre, que faisais-tu… »
« - Il a bien fallu que je donne le change, je n'étais pas seule ! Je leur ai dit que je rentrais au château, que j'étais trop fatiguée…Ils m'ont crûe !»
Et son rire espiègle ensoleillait la pièce.
« - Tu vas devoir te faire pardonner mon bel ange... »
Elle soupira, riant encore à demi :
« - Je ne suis pas… »
« - Un ange, je sais. »
J'avais déjà commencé à défaire sa cape.
« - Et tu as peut-être raison, quand je vois ce dont tu es capable… »
La porte s'ouvrit alors brusquement. J'avais oublié pour la première fois de la verrouiller à l'aide d'un sort. Car quand elle était entrée, ma seule pensée avait été de la prendre dans mes bras, et rien d'autre.
Dans l'encadrement se tenait mon fils, dont je ne compris comment il avait bien pu arriver jusqu'ici, avant de réaliser qu'il l'avait suivie, tout simplement.
« - Alors c'est bien elle. »
Que répondre à une telle chose ? Comment osait-il ?
« - C'est bien elle », répondis-je simplement, le défiant du regard à ajouter quelque chose.
Elle s'était figée dans mes bras.
« - Cette Sang-de-Bourbe. Père… »
« - Approche. »
Le fou…Il s'exécuta. J'envoyai un sort pour verrouiller la porte.
Il fut devant moi.
Je brandis ma baguette :
« - Endoloris. »
