Auteur: Auror Borealis

Chapitre 3

Severus se rendit compte qu'il avait accès à la quasi-intégralité de Poudlard, et l'explora avec grand intérêt. Il prit le thé avec ce grand type, Hagrid, dans cette cabane près de la Forêt Interdite. L'homme avait fait éclore un oeuf de dragon une fois, et avait admis qu'il était un demi-Géant. Cet après-midi avait été fascinant.

Lupin semblait vraiment content de lui tenir compagnie autant qu'il le souhaitait, mais il était occupé par ses propres classes, et sa part de cours de Potions. Severus avait demandé à assister à un cours de Défense Contre les Forces du Mal, et s'était vu invité à une leçon sur les vampires qui lui avait fait se demander s'il serait un jour capable de dormir de nouveau. Un jour, après le déjeuner dans la Grande Salle, avec cette vue époustouflante sur le ciel à l'endroit où un grenier aurait dû se tenir, il découvrit la bibliothèque, et commença à y passer une grande partie de son temps. Un ouvrage intitulé « Le Quidditch à travers les âges » l'avait ensorcelé, pour ainsi dire, et il était impatient d'assister à une vraie partie. Il était en train de lire « L'Histoire de Poudlard » quand Hermione Granger entra, et posa son sac sur une autre table.

Il entrèrent en contact visuel, et il sourit. Elle regarda rapidement derrière elle, puis retourna le sourire avec une expression méfiante. Le Professeur Lupin leur avait dit à elle, Ron et Harry beaucoup plus que les autres élèves de Poudlard en savaient à propos des changements auxquels il fallait s'attendre à voir chez le Professeur Snape, du moins temporairement, mais quoique ce soit ressemblant à de l'amabilité venant de lui restait tout de même déroutant. Elle vit le titre sur la couverture du livre, et ses yeux s'écarquillèrent. Son sourire se détendit, et après un moment de réflexion, elle le rejoint.

« Je pensais être la seule à avoir jamais lu ça. » lui dit-elle en guise de salut.

« J'étais en train de lire la partie sur la guerre des Gobelins. » dit Snape, espérant capter son intérêt pour qu'elle ne s'enfuie pas, comme le faisaient beaucoup d'autres élèves quand il essayait de leur parler. « Cela parait bizarre qu'après tout ça, ils s'occupent de la banque des sorciers. »

« Les Gobelins ne sont pas parmi les créatures les plus agréables, mais ils ne sont pas stupides, et ils savent que leur propre intérêt réside dans le fait de maintenir de bonnes relations avec les sorciers. Aussi longtemps que ce sera le cas, il sera sûr de collaborer avec eux. Si on cesse un jour de leur être utiles, cependant... » Elle s'arrêta en réalisant qu'on aurait dit qu'elle lui donnait une leçon sur le sujet.

« Si ce n'est pas trop indiscret, comment vous sentez-vous, Professeur ? » Elle avait l'air de s'attendre à ce qu'on lui coupe la tête.

« Je me sens bien, Miss Granger. Enfin, juste un peu perdu. » Il fut content de voir son expression s'adoucir à cet aveu. Il était déterminé à pousser au moins un étudiant à dépasser la peur qu'il avait de lui, et elle paraissait être une bonne candidate.

Lentement, comme si elle ne voulait pas l'effrayer, elle plaça une main sur la sienne, qui était posée sur la table.

« Ce doit être terrible... ne pas pouvoir se rappeler de choses sur vous-même. » Sa voix vibrait, pleine de compassion. C'était vraiment une fille au cœur tendre, pensa-t-il.

Il émit un petit rire plein de regret. « Vu la façon dont tout le monde réagit devant moi, je ne suis pas sûr que ce ne soit pas une bénédiction. »

Elle parut mal à l'aise ; manifestement, elle avait à choisir entre être gentille ou honnête.

« Ne vous tracassez pas pour ça, Miss Granger. J'ai eu un assez clair aperçu du genre d'homme que je suis, ou étais. C'est un miracle que vous soyez en train de me parler. » Il décida qu'il était temps de changer de sujet. « Qu'est-ce que cela fait d'être une sorcière ? Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de demander à quelqu'un. »

Elle avait appris que Snape avait perdu une partie de sa mémoire, comme les autres élèves. Elle n'avait pas comprit que c'était à ce point. Ne se rappelait-il réellement pas de la façon dont il traitait ses élèves, ou même du fait d'être un sorcier ? Elle reprit vite une expression neutre, espérant qu'il n'avait pas vu son choc.

Après une brève réflexion, elle lui répondit finalement. « C'est la chose la plus incroyable qui me soit jamais arrivée. Je suis née dans une famille Moldue, alors je ne savais pas que j'étais une sorcière jusqu'à ce que je reçoive ma lettre de Poudlard. Je n'avais jamais imaginé quelque chose comme ça. » Sa main balaya l'air en désignant ce qui les entourait. « Les temps sont durs pour les sorcières nées-de-Moldus, cependant. »

« A cause de Voldemort ? »

« Vous vous souvenez de Voldemort ? »

« Non, Miss Granger, je crains bien que non. Mais j'ai entendu son nom. »

« Oh. Bien, oui, à cause de Voldemort. Beaucoup de ses actes les plus mauvais ont été dirigés contre des Moldus et des sorciers et sorcières qui n'étaient pas des sangs-purs. Il a tué tellement de gens... »

« J'en ai un peu entendu parler, mais ce n'est pas un sujet dont les gens semblent vouloir discuter. Qu'est-ce que Harry Potter a à voir avec tout ça ? Le Professeur Lupin m'a donné l'impression que tout revenait à votre ami, d'une certaine façon. »

« Oui, il semble. Harry a été soumis à un sort meurtrier quand il était bébé. Le sort est incontrable. Ses parents l'ont tous les deux reçus et sont morts. Le truc à propos de Harry est qu'il l'a contré. Il est le seul à l'avoir jamais fait. Le pouvoir de Voldemort a été détruit quand c'est arrivé. Mais il est de retour, et il veut la mort de Harry. »

« Pauvre enfant. » dit Snape. Hermione le regarda comme si il était inouï de sa part d'exprimer de la compassion pour le garçon. Ce l'était probablement, pensa-t-il. Une expression sérieuse se forma sur ses traits durs.

« Miss Granger, vous êtes la première élève à me parler, à me parler vraiment, depuis que j'ai été...blessé. Il y a quelque chose que je dois savoir. Si vous ne voulez pas me le dire, je comprendrai... »

« Je vous dirai tout ce que je peux, Professeur. »

Il inspira profondément. Cela allait sûrement être désagréable, pensa-t-il, si du moins elle me répondait.

« Quel genre d'homme étais-je ? J'ai remarqué que je n'étais pas très populaire par ici. »

Hermione ferma les yeux un moment, se demandant comment elle avait pu être assez stupide pour ne pas avoir deviné que ce serait ce qu'il voulait savoir. Et que lui dire ? Elle pensait savoir quelques choses gratifiantes à propos du rôle qu'il jouait dans la tentative de faire chuter Voldemort, mais rien de bien concret. Quoiqu'elle lui dirait à propos de ça ne serait rien de plus que des suppositions. Quant à sa personnalité...

« J'aurais aimé que vous m'interrogiez sur autre chose. »

« Si la réponse devait être agréable, je ne vous aurais pas demandé, n'est-ce pas ? »

« Si vous insistez... mais rappelez-vous juste, vous vouliez savoir. Vous êtes un vrai salaud. » Toutes les fois où j'ai voulu lui dire ça, pensa-t-elle, et quand j'en ai enfin l'opportunité, je ne peux pas y prendre plaisir.

Il cligna des yeux.

« Eh bien, c'était...direct. » A sa grande surprise, il sourit une nouvelle fois. « Ce devait être la partie difficile. J'espère que la suite ne va pas être pire, au moins. »

Elle sourit aussi, de soulagement. Il avait l'air de le prendre bien. Elle s'était presque attendue à faire perdre des points à sa maison pour avoir osé dire une telle chose. « Non, je dirais plutôt que ça résume. Vous êtes dur, insupportable, arrogant, méchant... »

Snape leva les mains en un geste de rédition. « J'ai compris. Etais-je comme ça avec vous ? »

« Avec tout le monde, Professeur. »

« Miss Granger, je n'ai aucun souvenir d'être un professeur. Je ne sais absolument rien sur les potions. Je souhaiterais que vous m'appeliez Severus. »

« Je ne peux pas faire ça ! » Elle était scandalisée. « Vous ÊTES toujours professeur, que vous vous en souveniez ou non. »

« Essayez. Ça ne peut pas être pire que de me dire que je suis un salaud insupportable et arrogant. »

« Vous avez raison, Severus. » C'est vrai, ce n'était pas si difficile. Etrange, quand même. « Et je suis Hermione. »

« Bon, si nous nous penchons sur les détails de ma dureté et mon insupportabilité... »

Ils parlèrent durant plusieurs heures. Elle lui raconta sa première année, quand elle, Harry et Ron avaient crû qu'il essayait de tuer Harry, ne soupçonnant à aucun moment le Professeur Quirrell. Il écouta attentivement, l'air horrifié aux bons endroits. Il devint très pale au moment de son récit de l'incident dans la Cabane Hurlante pendant sa troisième année.

« Et Black est un bon ami de Remus Lupin ? Je suis stupéfait que cet homme m'adresse seulement la parole, et qui plus est qu'il soit aussi sympathique qu'il est. »

« Et bien, c'était dur pour nous de le voir à cette époque là... enfin, je suis la seule à le voir même maintenant, pour être honnête. Mais vous aviez une bonne raison de suspecter Sirius. Même le Professeur Lupin ne savait pas au début qu'il n'avait pas tué tous ces Moldus et Peter Pettigrow, et qu'il n'avait pas trahi les Potter. Et il a essayé de vous faire dévorer par un loup-garou quand vous étiez au collège. J'aime Sirius, beaucoup, mais il y a des moments où j'aimerais savoir ce qu'il s'est vraiment passé cette nuit, et pourquoi il n'a pas au moins été renvoyé. Je ne peux pas imaginer le Professeur Dumbledore fermer les yeux sur un tel incident. »

La cloche sonna, annonçant le dîner, et ils rassemblèrent leurs livres. Alors qu'ils marchaient tous les deux vers la Grande Salle, des élèves se retournèrent à la vue d'une Gryffondor discutant aimablement avec le Directeur de Serpentard.

Quand ils se séparèrent, elle pour aller à la table des Gryffondors et lui à celle des professeurs, il posa une main sur son bras.

« Juste un instant, Hermione. J'ai vraiment apprécié notre conversation cet après-midi. Même les points gênants. » dit-il. Son sourire était désarmant.

« Moi aussi. » dit-elle, se sentant soudain timide.

« J'aimerais en entendre plus sur le monde de la sorcellerie. Tout ces enseignants sont très gentils, mais ils doivent donner des cours supplémentaires, vu que je ne suis pas capable de dispenser les miens. Je suis sûre que vous êtes occupée par vos études... »

« Oh, non ! Euh, je veux dire, oui, j'ai souvent beaucoup de travail à faire, mais si vous voulez que je vous en dise plus, je serai bien sûr heureuse de le faire. » La sincérité était évidente sur son visage .

Son sourire s'élargit. Un Serdaigle, assis non loin, s'étouffa à cette vue ; plusieurs de ses camarades le tapèrent vigoureusement dans le dos.

« Peut-être pourrions-nous nous revoir demain, à la bibliothèque ? »

« Je n'ai pas cours demain entre le déjeuner et la Botanique à quatre heures. Une heure, cela vous convient ? »

« Ce sera parfait. Merci, Miss Granger. » Elle comprit parfaitement le retour au nom de famille : au milieu des autres, ils se devaient de respecter les formalités.

« Oh, ce n'est rien, Professeur. Je suis impatiente d'y être. » Elle se retourna et se dépêcha de prendre place à sa table,songeant que ce n'était pas la politesse qui lui avait fait dire cela : elle était vraiment impatiente d'avoir un nouveau tête-à-tête avec le Professeur Snape.

A suivre...