Deuxième et dernier chapitre... (Oui, mon Zorro, c'est bientôt fini, ne t'inquiète pas.) Et je ne suis toujours pas M'sieur Oda.


« Nous avons -actuellement- un problème, » expliqua posément Sandy en plaquant avec force ses mains sur la table.

L'escrimeur jeta un coup d'œil à travers le hublot poussiéreux. (Bouchou tient à préciser qu'il a repris sa forme normale. Zorro, pas le hublot.) Le problème en question était représenté par le bateau qui les suivait depuis un certain nombre d'heures, et dont le jeune homme apercevait, au loin, la silhouette sombre et vaguement effacée par la brume. Quelques instants plus tôt, un rayon de soleil de soleil leur avait permis de distinguer le pavillon dudit bateau... D'après Robin (merci Robin), c'était celui d'un équipage légendaires entièrement constitué de femmes et qui avait fait régner la terreur dans cette partie de la route de tout les périls voici quelques années. Un équipage de pirates. De femmes pirates. (Remarque de Pipo : « Tu m étonne que y'ai que des femmes à bord, pour oser maquiller la tête de mort de leur drapeau... »)

« Un GROS problème, » continua le cuisinier. « Il n'est pas question que nous nous attaquions à ce navire. J'interdis à ce que l'on touche à de pauvres femmes faibles et sans défenses. »

« Ce sont des pirates, abruti ! »

« Elles ne sont certainement pas plus faibles que moi, Sandy, » confirma Robin.

« 'Toutes façons, c'est moi le capitaine ! C'est moi qui commande ! »

« Très bien, qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ? »

« Heu... »

Tous les regards se tournèrent vers Luffy.

« ...Elles nous ont pas attaqué donc ce serait pas sympa de les attaquer. Donc on attend. »

Silence.

« ...Mais ça me saoûle d'attendre, faut vraiment qu'on fasse quelque chose... »

Pas de surprise. Tout le monde s'y attendait.

Profonde réflexion de Luffy.

« J'ai faim. »

« C'est pas comme ça que tu vas trouver une idée... »

« On pourrait tout d'abord essayer de voir quel est leur état d'esprit, » proposa Robin. « Il faudrait s'infiltrer à bord et voir si nous pouvons en faire des alliées... Nami et moi, nous pourrions partir en barque vers leur bateau, et nous leur dirrions que nous voulons faire partie de leur équipage... La manière dont elles nous accueilleront nous renseignera déjà suffisamment. »

« OK, d'accord, on fait comme ça. »

« Si je suis avec Robin, alors je suppose qu'il n'y aura pas de problèmes... » murmura Nami en jetant un regard d'appréhension à la silhouette noire du navire.

« Je ne suis pas d'accord ! » s'interposa brutalement le blondinet. « Il n'est pas question que deux jeunes femmes partent toutes seules au devant du danger ! C'est bien trop risqué ! Je ne veux pas perdre les deux grands amours de ma vie ! Je vous accompagne, mes trésors. »

« Sandy... C'est un équipage féminin... »

« Raison de plus. »

« ...Qui va te jeter par-dessus bord dès qu'il t'aura effleuré du regard. »

« ... »

« Sincèrement, il vaut mieux qu'il n'y ait que moi et Nami qui y allions. »

« Et puis de toutes façons, elles sont capables de se battre, non ? » renchérit Pipo. « Surtout Robin. »

« Je ne me servirai pas de mes pouvoirs. Si on veut s'en faire des amies, inutile de les effrayer ou de les provoquer dès le départ. Ni de les blesser. »

« Ah... »

Silence.

« Et bien dans ce cas, non. Je refuse que vous y alliez. »

« Ouais ben on sait. »

« Du moins pas seules. »

« En gros, il faudrait quelqu'un, une fille si possible, qui vous accompagne et soit capable de se battre normalement... »

« Ouais ! C'est exactement ça ! »

« Mais on a pas d'autres filles... »

Profonde réflexion. Avant que tous les regards ne se tournent vers Zorro.

« Quoi ? »

« ... »

« Vous rêvez. »

« Zorro, regarde par ici, s'il te plait, » fit la voix de Pipo dans le dos de l'escrimeur.

Le jeune homme se retourna. Et reçut dans la figure un plein baquet d'eau froide.


« ...Je veux pas y aller. »

« Ça va, maintenant c'est trop tard, alors arrête de nous bassiner avec cette phrase ! »

Les trois jeunes femmes, heu, le jeune homme et les deux jeunes femmes... Bref, Zorro et les deux jeunes femmes, donc, avaient pris une barque et ramaient à présent vers l'ombre silencieusement lointaine et imposante du bateau.

C'est-à-dire que, plus exactement, c'était Robin qui maniait les rames ; Zorro avait bien proposé son aide, mais lorsque les deux filles s'étaient aperçues qu'il s'arrangeait pour faire demi-tour en direction du Vogue-Merry, elles lui avaient aussitôt confisqué les manœuvres.

Nami jeta un coup d'œil de biais à l'escrimeur. Robin et elle avaient insisté pour qu'il enfile une tenue plus... féminine ; il était donc vêtu d'un pantalon moulant appartenant à Nami (« Tu veux pas essayer une jupe ? » « PLÛTOT CREVER ! ») et d'un chemisier à Robin, dont la rouquine avait arraché les deux premiers boutons de manière à former un /joli/ décolleté...

Quant Sandy avait appris ça, il était allé s'enfermer dans la cuisine et avait refusé d'assister à leur départ.

...Ce qui, quant on y réfléchissait, était très vexant : il préférait refuser de voir partir Zorro (version fille) plutôt que de dire au revoir à la navigatrice et à l'archéologue.

A deux, elles pesaient moins dans la balance que l'androgyne présent dans la barque. Un garçon.

Ce « mec » était donc physiquement plus attirant qu'elles ?

Nami était très vexée (même si elle se serait arrachée la langue plutôt que de l'avouer) et Robin s'en fichait royalement.

La navigatrice dut réfréner la pulsion de meurtre qui la prit lorsqu'elle s'aperçut que la... créature aux cheveux verts (qui fixait l'horizon d'un regard mort et enfoncé dans ses orbites) était véritablement jolie.

Voire d'une beauté à couper le souffle.


« Eh oh ? Y'a quelqu'un ? »

« Y'a personne, on fout le camps. »

« Pas bouger. »

Nami retint l'escrimeur par un pan de sa chemise.

« Aurais-tu peur, Zorro ? »

« Nan, j'ai honte. »

Les trois pirates venaient de poser le pied sur le pont du bateau, désert et silencieux.

Des exclamations fusèrent soudainement derrière eux ; les trois jeunes gens se retournèrent, pour faire face à un groupe de vagues imitations d'êtres humains, sales et puants. Ils avaient dû se cacher dans la coursive en apercevant la barque au loin, histoire de surprendre les arrivants...

(Bouchou continue à se questionner : qu'est-ce qu'une coursive, déjà ?)

Bavant et grognant, les habitants du navire tenaient plus du porc que de l'espèce féminine...

« Robin, tu ne nous avait pas dit que l'équipage était constitué de femmes ? »

« Si, c'est bien ce que je vous ai dis. »

« ...Elles sont bizarres, tes femmes. »

« C'est vrai. Peut-être que c'est parce que ce ne sont pas des femmes. »

« Tiens donc. »

Toujours bavant, grognant des imprécations insultantes, et leur adressant des sourires enjoliveurs (lèvres incrustées de croûtes jaunâtres, s'ouvrant sur des dents ébréchées et douteuse -quant il y en avait-) les... choses s'approchaient des jeunes femmes, une lueur dangereusement affamée brillant derrière le voile fiévreux de leurs yeux.

« Pourquoi ils nous regardent comme ça ? J'aime pas ce regard, moi... On m'a jamais regardé comme ça, moi... Même Sandy ne vous regarde pas comme ça... »

« Heureusement... » mamonna Nami en reculant prudemment. « Sinon Luffy ne l'aurait jamais engagé dans l'équipage... »

Zorro sentit un frisson d'écoeurement lui glacer la colonne vertébrale. Il n'était pas né pour faire l'expérience de ce genre de situation.

« Z'avez vu, les mecs ? Comme elles sont jolies, toutes les trois... »

« On s'est perdu, mes toutes belles ? »

« Venez voir Papa... On va s'occuper de vous... »

« Visez un peu celle aux cheveux verts, les gars ! Bien fouttue, non ?

« Mi-gnone... »

« On en croquerait... »

« Viens t'amuser avec nous, ma jolie ! »

« JE VAIS LES... ! »

C'était Zorro qui venait de hurler. La navigatrice le retint par les bras au dernier moment, alors que l'escrimeur, ayant sortit l'un de ses sabres, s'apprêtait à se jeter sur eux pour les déchiqueter d'une manière peu élégante.

« CALME-TOI, ZORRO ! Ils sont dangereux ! »

« Oui, et puis il faudrait qu'ils nous disent ce qu'ils ont fait du dernier équipage... » renchérit l'archéologue.

« Parce que ça te parait pas évident, peut-être ? » demanda la navigatrice d'une voix exaspérée.

« Elles étaient très fortes. S'ils ont eut raison d'elles, cela signifie que nous sommes en mauvaise posture. »

La rouquine se pétrifia.

« D'accord, on s'en va d'ici, et vite... »

« NAMI, LÂCHE-MOI, QUE JE LES REDUISE EN POUSSIERE ! »

Pour une fois dans sa vie, Nami obéit à l'escrimeur. Pas par gentillesse, ou compréhension, mais parce qu'une horde sauvage de marins déchus ayant la très peu probable intention de leur faire du bien se ruait vers elles.

« J'AI LÂCHÉ LE ZORRO ! ON EN PROFITE POUR S'ENFUIR, VIENS ! » Cria t-elle à l'adresse de la brunette.

Qui était bien trop occupée à étrangler des poignées d'assaillants en faisant apparaître des mains un peu partout sur le bateau pour l'écouter.

La rouquine n'écouta que son courage et se cacha derrière son amie.


« Eh ! On dirait qu'ils se battent, là-bas ! » fit remarquer Pipo en désignant l'autre navire du doigt.

Luffy releva brusquement la tête, s'étranglant dans son sandwiche au saumon.

« QUOI ? Ils se battent sans nous ? Les sales profiteurs de situations ! »

« QUOI ? Nami chérie et Robin de mon cœur se font sauvagement attaquer ? J'arrive mes amours ! »

Et le blondinet et son capitaine se précipitèrent vers la dernière barque restante.

Chopper et Pipo s'entre-regardèrent.

« On les suit ? » demanda Pipo d'une voix vide de tout enthousiasme.

« C'est-à-dire que... Il faut quelqu'un pour garder le bateau... »

« Et s'en occuper... »

« Le nettoyer... »

« Arroser les plantes... »

« Nourrir les poissons rouges... »

« ... »

« Ou trouver des poissons rouges, si tu préfères... »

« Oui... C'est très important... »

« Ça... porte bonheur... Je crois... »

« Oui... C'est vital... Un poisson rouge... »

« Oui... »

« ... »

« ... »

Et les deux grands aventuriers se mirent aussitôt et courageusement en quête de poissons rouges à l'intérieur du Vogue-Merry.


Zorro sentit une douleur fulgurante lui traverser le ventre. Un violent coup d'épée venait de lui déchirer l'estomac. Il n'avait même pas été capable de l'éviter. En fait, il ne l'avait même pas vu venir.

Au départ, pourtant, tout se passait très bien (pour lui) ; il avait réussit à décapiter d'un seul et majestueux coup de sabre cinq ou six individus. Puis, et sans qu'il s'en rende vraiment compte, il avait commencé à perdre des forces ; son corps s'était affaibli, et il avait fini par s'apercevoir qu'il ne contrôlait plus du tout la situation : il n'arrivait plus à repousser ses assaillants, et les coups, de plus en plus drus, pleuvaient sans interruptions.

En gros, il n'était pas habitué à combattre avec un corps de femme.

Il était donc en train de perdre.

Lui. Perdre. Face à des adversaires aussi minables.

Robin avait l'air de bien s'amuser et n'avait pas l'air de s'être aperçue de son problème.

Pas question de faire comme Nami et d'aller se réfugier dans les jupes de l'archéologue.

Il tenta vainement de se relever et se recroquevilla aussitôt sur lui-même, crachant le sang qui lui était remonté dans la gorge, tellement sa blessure le brûlait de l'intérieur.

Un voile de sang, de sueur et de larmes commençait à brouiller sa vision, l'empêchant de distinguer nettement ses assaillants.

Il sentit une seconde lame s'enfoncer dans la chair de son épaule. Paralysé par la douleur, il n'arrivait même plus à bouger.

Et merde. Il le retenait, le blondinet.

...Qu'est-ce qu'il foutait ici, celui-là, d'ailleurs ?

En effet, malgré le tourbillon opaque de souffrance qui dansait devant ses yeux, l'escrimeur venait de remarquer une silhouette blonde toute vêtue de noire balayer d'un vaste coup de pied ses assaillants.

La silhouette se tourna vers lui.

« Et ben ? T'es pas en forme, aujourd'hui, toi ! » lui fit remarquer Sandy.

« Chuis pas habitué à me battre avec ce corps... » lui répliqua faiblement le pirate.

Le cuisinier observa un instant en silence la forme douloureusement accroupie de l'escrimeur. Pauvre petite jeune fille... Elle aurait bien besoin de se reposer un instant contre la poitrine d'un preux jeune homme...

Il s'empressa de se détourner de son ami(e ?) pour repousser une nouvelle vague d'attaquants.

C'est après les avoir envoyer boire la tasse bien loin du bateau qu'il entendit l'escrimeur s'écrouler derrière lui.

« Oh... On ne tient plus debout ? »

Pas de réponse.

Malgré l'ironie qu'il avait tenté de mettre dans sa voix, le blondinet était réellement inquiet. Il se retourna vivement.

Le corps inerte de Zorro baignait dans une large flaque de sang.

« Et merde... »


Sandy déposa avec précaution l'escrimeur sur le lit de Nami.

Il s'était discrètement éclipsé pendant la bataille et avait emprunté l'une des deux barques pour retourner sur le Vogue-Merry, tout cela sans alerter son capitaine et les deux filles.

Il n'allait quant même pas priver ce pauvre Luffy d'une bonne bagarre.

(Et puis qu'est-ce que ces trois-là auraient pensé s'ils avaient vu l'escrimeur dans ses bras.)

Il s'assit sur le bord de la couchette en soupirant douloureusement, observant le jeune homme (?) aux cheveux verts qui était dans un état visiblement critique.

Il ferait bien d'aller chercher Chopper.

Lève-toi, Sandy.

...J'ai dit lève-toi.

Bon, c'est pas compliqué : tu te lèves, tu t'actives, tu vas prévenir Chopper, et tu t'occupes du repas de midi.

Tu vois, c'est pas compliqué, alors vas-y. Tu vas quant même pas rester là pendant trois heures à regarder ce mec crever.

...Même avec un pied dans la tombe, le visage, pourtant extrêmement pâle, léger et féminin de l'escrimeur, portait toujours cette même expression à la fois maussade et volontaire qui caractérisait si bien le jeune homme. Ses longs cheveux dessinaient des arabesques ésotériques d'un vert sombre qui tranchait avec la blancheur de l'oreiller, et ses lèvres blanches bougeaient très légèrement sous l'effet de sa respiration.

Le blondinet se rapprocha lentement.

Ne fais pas ça. Ne fais pas ça. Crétin.

Ses lèvres avaient un goût de sang. (Tu m'étonnes.)

Le cuisinier se releva tout aussi lentement.

« Merde, je t'aime... »


« Ben ? T'es revenu ? C'est déjà fini ? »

Sandy venait d'entrer dans la cuisine, pour y trouver un Chopper accroupi sous la table et un Pipo le nez dans le garde-manger.

C'était Pipo qui lui avait posé la question.

« Non. J'ai ramené Zorro, il était blessé. Mais qu'est-ce que vous fabriquez ? »

Regards muets entre Long-Nez et Boule de Fourrure. Du genre : Qu'est-ce qu'on lui dit ? Qu'on voulait profiter de son absence pour piller la cuisine ?

« ...Heu... »

« On cherchait... »

« Des poissons rouges. »

« C'est ça. »

Silence.

Coup d'œil de Chopper à Pipo : De toutes façons, on cherchait vraiment des poissons rouges, non ?

Sourire compréhensif de Pipo.

Haussement de sourcils de Sandy.

Re-silence.

Chopper sursauta brusquement. (« Aïe ! » « Fais gaffe la table... »)

« ZORRO EST BLESSE ? FAUT QUE J'AILLE LE SOIGNER ! »

« Peut-être... Il est dans la chambre des filles... »


« Waah ! » s'exclama Luffy en s'étirant de contentement deux heures plus tard. « Qu'est-ce qu'on s'est bien amusé ! Dis donc, Robin, les filles de l'équipage de ce bateau, elles devaient pas être si fortes que ça, pour s'être fait battre par des adversaires aussi nuls ! »

Robin s'abstint de lui préciser qu'elle avait trouvé les cadavres d'une trentaine de jeunes femmes atrocement mutilées dans la cale ; ça aurait sapé le moral de son capitaine. Et ça l'aurait incité à chercher les véritables assaillants de cet équipage.

Nami posa les yeux sur le blondinet qui cuisinait silencieusement dans un coin.

« Dis-donc, Sandy... Où est-ce que vous étiez passé, toi et Zorro ? On vous a cherché partout... » lui demanda t-elle d'une voix chargée de soupçons ironiques.

Le cuisinier ne prit même pas la peine de se retourner et lui grommela quelque chose d'incompréhensible.

Les autres pirates, extrêmement surpris (Sandy ne se précipitait pas vers Nami et Robin avec des étoiles et des cœurs plein les yeux ?), échangeaient des regards façon yeux exorbités, lorsque Chopper entra dans la cuisine, sa trousse de médecin à la main.

« Alors ? » lui demanda Pipo.

« Ben, il va bien... Aucune de ses fonctions vitales n'a été atteinte, heureusement... Mais il va falloir qu'il prenne du repos pendant au moins une ou deux semaines. »

« Vous parlez de qui ? De Zorro ? Il est blessé ? »

« Ouais... » répondit Long-Nez à son capitaine. « C'est Sandy qui l'a ramené. »

Nouveau regard suspicieux de la rouquine vers le blondinet.

« Euh... Oui... Et aussi... » continua le jeune médecin. « Il vaudrait mieux... qu'il reste en fille, pendant tout ce temps là... »

Tous les regards se dirigèrent instantanément vers Petite Peluche.

« Bah... Oui... parce que... Il avait des cicatrices, en mec, non ? En fille, il en a pas... Donc je me dis... Si il se retransforme, sa blessure va peut-être disparaître, mais... comme là il est vraiment très mal... enfin... Je sais pas ce que ça peut donner, moi... Peut-être qu'il en mourrait... Alors... Il vaut mieux qu'il reste comme ça, pour le moment... Moi j'dirais... pendant au moins deux semaines. »

« QUOI ? »

Boule de Poils sursauta violemment en entendant la voix fuser dans son dos et fila chercher des poissons rouges sous la table.

Zorro, version fille, était appuyé contre le chambranle de la porte, plus pâle qu'un mort, mais les yeux plus dangereux que ceux d'un taureau déchaîné.

Le cuisinier pivota brusquement, renversant de la sauce sur le sol.

Avant même que le jeune escrimeur ait eut le temps de rouvrir la bouche, le blondinet avait déjà fourré d'autorité sa cuiller en bois entre les mains de Luffy (qui entrepris aussitôt de la lécher avec avidité) et l'avait violemment attrapé par le bras.

« 'tain, mais t'es MALADE ! Monsieur se prend un coup d'épée au travers du ventre et tout ce que monsieur trouve à faire en se réveillant, c'est se lever et se traîner jusqu'à la cuisine ! Mais t'es suicidaire, BORDEL ? »

Et le cuisinier de traîner son ami dans le couloir, de fermer violemment la porte, et d'essayer de le ramener dans la chambre des filles.

Tout ça sans que Zorro ait pu articuler le moindre son.

« N... Non mais... Attends un petit peu ! Lâche-moi... »

L'escrimeur essaya de desserrer la main crispée sur son bras, mais même les muscles de ses doigts étaient ankylosés.

« J'ai dit lâche-moi ! »

« TU TE TAIS ! »

« EH ! JE T'INTERDIS DE ME PARLER COMME ÇA ! »

« Mmm. Scuse. »

« ... ? »

Ben ? Ça devenait facile, de lui clouer le bec !

« Qu'est-ce que t'as, aujourd'hui, Sandy ? T'es malade ? »

« ...Rien. J'ai rien. »

L'étau de sa main s'était un peu desserré ; l'escrimeur en profita pour se dégager vivement.

Il s'arrêta ; le cuisinier en fit autant, sans se retourner.

Zorro observa silencieusement la silhouette élégante du blondinet. Pourquoi est-ce qu'il ne se retournait pas ? Qu'est-ce qui lui prenait ?

« Je te préviens, j'adresse pas la parole à quelqu'un qui me tourne le dos. »

Sandy se tourna vers lui lentement et à contrecœur.

Il posa sur l'escrimeur un regard sérieux et fatigué, dans lequel était distillé quelque chose d'autre... Quelque chose... d'agréable...

Zorro ressentit le besoin urgent de se jeter dans ses bras. De poser sa tête au creux de son épaule. De sentir la chaleur de son corps contre le sien. Un sentiment indiciblement brûlant qui se propageait en lui.

Magistrale gifle intérieure.

De toutes façons ce n'était pas lui qui désirait cela. C'était son corps. C'était juste son corps. Pas lui. Pas lui...

Le jeune cuisinier soupira.

« Bon, viens... Je te raccompagne jusqu'à ta chambre... Histoire de vérifier que tu restes au lit... »

Zorro redescendit brusquement sur Terre.

« Eh... Mais... Dis donc... De quel droit tu décides de ce que je dois faire ou pas ? Si je ne veux pas rester au lit, je n'y reste pas, c'est clair ? Mêles-toi de tes oignons ou ça va mal se passer ! Pareil, si je veux redevenir un garçon, je...

/VLAN/

« Ta gueule, OK ? »

Non, le blondinet ne l'avait pas giflé. Mais il l'avait violemment plaqué contre le mur du corridor et l'y maintenait en lui tenant les poignets.

« Je fais ça pour ton bien, tu peux le comprendre ? T'as pas entendu Chopper ? Tu peux y passer, si tu te retransformes ! »

Non, Zorro n'avais pas entendu Chopper. Et il n'entendait pas vraiment le cuisinier non plus. Parce qu'il trouvait le visage du blondinet un peu trop près du sien. Beaucoup trop près, en fait.

De plus en plus près. Et ce n'était pas lui qui se rapprochait.

Il ferma les yeux, sachant à quoi s'attendre sans vouloir le reconnaître.

Et sans résister. De même, sans s'apercevoir qu'il oubliait d'être lui-même.

La caresse chaude et humide des lèvres de Sandy sur les siennes. Sa salive. Puis, plus profondément... Sa langue. Ses mains qui faisaient leur chemin dans ses cheveux, dans son dos. Lui-même, qui se pelotonnait contre le blondinet. Le souffle léger de son nez qui frôlait sa joue. L'infime impression de ne faire plus qu'un avec lui. Le refus de penser.

Leurs lèvres se séparèrent.

« Merde... Je t'aime... » Murmura faiblement l'escrimeur.

« Qu'est-ce que vous faîtes ? »

Pétrifiés, Zorro et Sandy écarquillèrent les yeux sans oser tourner la tête.

...Ils étaient toujours dans les bras l'un de l'autre.

Le premier, Sandy jeta un coup d'œil timide vers l'endroit d'où était partie la voix.

Nami les regardait, un sourcil levé, les mains sur les hanches. Visiblement stupéfaite.

Zorro se rejeta brusquement en arrière.

« C'est pas ce que tu crois ! » commença le cuisinier.

« Ouais ! Heu... J'ai glissé, et... »

« Et je l'ai rattrapé. »

« Voilà. »

« C'est ça. »

« Exactement. »

« Rien d'autre. »

« Absolument rien d'autre. »

« Non. »

« Non. »

« Mmmh. »

« Mouaip. »

« ... »

« ... »

La jolie rouquine plissa les yeux de suspission.

« Ah... OK...Si vous le dîtes... »

Elle n'allait quant même pas leur avouer qu'elle n'avait pas perdu une miette de ce qui venait de se passer entre eux.

Ce serait de mauvais goût.

Elle s'approcha et agrippa l'escrimeur par un bras.

« Bon. Toi, Chopper a dit « au lit », alors « au lit ». Sandy, retourne en cuisine, tout le monde a faim. Oh, et au fait... C'était quoi, la sauce que tu préparais, tout à l'heure ? »

« Nn ? C'était pas de la sauce, c'était de la colle que Pipo m'avait demandé de faire chauffer. »

« Ah. Parce que Luffy a finit la casserole. »

« QUOI ? MAIS CE TYPE EST MALADE ! »

« Effectivement. Chopper est en train de le bourrer de médicaments. Tu vas avoir de la compagnie au lit, Zorro. »

Et elle poussa le cuisinier en direction de la cuisine avant d'entraîner le jeune homme (?) aux cheveux verts derrière elle.

...Qu'ils ne fassent pas ça dans sa chambre, quant même.


« Heu... Salut. »

L'escrimeur ouvrit les yeux pour apercevoir la silhouette du blondinet plantée à côté de son lit.

« Kessta ? »

« Heu... Je... »

Petit coup d'œil à Luffy qui était allongé sur le lit de Nami. (Peluche : « il n'est pas question de faire dormir des malades dans des HAMACS ! ») De toute évidence, il dormait. (« Zzzz... Sandy... Veut encore de la sauce... Steuplé... Manger... Mangémeugneumeugneumeugneu... zzz...)

Pas de problème de ce côté-là.

Sandy reporta son attention sur le pirate aux cheveux verts.

Qui le regardait en fronçant les sourcils.

« Je... »

« Qu'on mette les chose au clair : je n'éprouve absolument rien pour toi lorsque je suis un garçon. Kapish ? »

Je crois.

« ...Compris. C'est de ça que je voulais te parlais, te dire que... Enfin, tu vois, quoi... »

Du moins je crois.

« Mmm. »

« ... »

« ... »

Silence embarrassé. C'était facile, la veille, pourtant, avant que Nami ne se ramène.

L'espace d'un instant, le blondinet se demanda jusqu'où ils seraient allés si elle n'avait pas débarqué.

(Bouchou baver...)

Il soupira. Mince, pourquoi fallait-il que l'escrimeur soit né garçon ?

« Bon, ben... Voilà. Salut. »

Et, ignorant le regard de Zorro qui lui chatouillait la nuque, il sortit de la chambre des filles provisoirement transformée en infirmerie.


« Tu connais la nouvelle ? » s'exclama Nami en s'asseyant brusquement près de l'archéologue qui lisait sur le pont un étrange livre étranger aux signes étranges que Nami aurait été bien incapable de déchiffrer.

« Mmm ? »

« Sandy est amoureux de la version fille de Zorro. »

« Ah. »

« Et il semblerait que la version fille de Zorro le... lui rende bien... »

« Ah. »

« ...Luffy a l'intention de se suicider dans les jours qui suivent. »

« Ah. »

Petite veine palpitante sur le front de la navigatrice.

« D'ailleurs il a sauté un repas. »

« NON ? C'est vrai ? »

« Ah ben quant même ! C'est incroyable, on t'annoncerait que la planète va exploser demain, à peine si tu bougerais ! »

« ... »

« Bon, ça va, replonge dans ton bouquin... »


« Bon, alors... Deux pommes de terre... du persil... »

Le cuisinier égrenait pensivement les ingrédients de sa recette.

Il va vouloir se retransformer en garçon, c'est sûr. Il ne restera pas comme ça éternellement.

« Des carottes... »

Chopper a dit deux semaines. Je vais pouvoir profiter de lui pendant environ deux semaines. De lui. D'elle. Merde, je sais même pas comment l'appeler...

« Les cuisses de poulet... »

J'pense pas être homo. Quant même. C'est d'une fille que je suis... Je crois. Je crois... Mais le problème, c'est que cette fille, elle existe pas.

« Encore des pommes de terre... »

...Vu que si j'avais pas poussé Zorro, l'autre jour, elle aurait jamais existé. Enfin, si, quant même, puisque cette fille, c'est Zorro. Elle aurait existé sous une autre forme. 'Toutes façons, elle a toujours existé, vu que, je viens de le dire, C'est Zorro. Mais Zorro et elle, c'est pas exactement la même personne, quant même. Enfin si. Enfin non. Merde, je m'embrouille...

« De la sauce tomate... »

Bref, résumons : je suis amoureux d'une fille qui n'existe pas. Ô joie. Pensait le blondinet en versant un plein pot de caramel dans la casserole. (Les pots de caramel et de sauce tomate était côte à côte sur une étagère.)

(Bouchou a pus caramel... Bouchou doit absolument s'en racheter...)

Par-dessus l'épaule de Sandy, Robin observait attentivement le flot de caramel se déverser sur les cuisses de poulet.

« Tu l'aimes à ce point-là ? »

Violent sursaut, petit cri apeuré du cuisinier. Le pot de caramel alla rouler sous le buffet.

« R... Robin ! » articula faiblement le jeune homme. « Préviens, quant tu entres dans une pièce ! »

« Tu l'aimes à ce point-là ? »

« Hein ? Heu, ben, ouais... »

Inutile de se demander comment l'archéologue était au courent. Ni depuis combien de temps elle se trouvait dans la cuisine. Il s'agissait de Nico Robin.

« C'est bien. »

« H... ? Heu, ben, ouais, mais, c'est un mec... »

« Peu importe. C'est aussi une fille. Et puis c'est bien quant même. »

« Bah... T'es sûre ? »

« C'est bien. »

« Si tu le dis... »

« Mais oui. » (Et, verdict final :) « C'est bien. »


« Sandy... » murmura Pipo en tripotant sa cuisse de poulet du bout de sa fourchette. « C'est quoi... exactement... comme recette ? »

Blondinet s'immobilisa. Se tourna vers Pinoquio. Heu, Pipo. Regard qu'il vaut mieux ne pas croiser. (A moins de ne s'appeler Luffy, à la limite.) Long-Nez se rétracta sur sa chaise.

« C'est une recette d'Alabasta. Avec du poulet. Des pommes de terre. Et de la sauce tomate. » Répondit-il d'une voix tranchante. « Pourquoi ? »

Pipo leva la tête vers le plafond. Un plafond, c'est toujours plus rassurant à regarder qu'un Sandy dont on critique la cuisine.

« Ben... Heu... Comment dire... Ça a un goût... différent... »

Regard-bourré-d'éclairs-tueurs-derrière-mèche-blonde.

« C'est-à-dire ? Différent ? »

« B... Bah... Pas comme... d'habitude... »

« Bwah, c'est dégueulasse, ton truc, Sandy ! »

...Nami s'était insérée dans la conversation.

« Oh, Nami-petit-sucre-d'orge, tu n'aimes pas ça ? Attends, bouges pas, je fais te faire une bonne omelette au fromage ! » s'écria le cuisinier, des cœurs dans la voix, avant d'aller se planter devant ses fourneaux.

Tiens, il a repris ses esprits... remarqua la rouquine.

Qui entrepris d'inspecter minutieusement son assiette.

« Je rêve, ou la sauce, c'est du caramel... »

Elle jeta un coup d'œil soupçonneux à Robin qui lisait tranquillement un autre livre incompréhensible en attendant que le blondinet ait fini son omelette.

La jeune femme n'avait même pas touché à son assiette.

« Robin... Tu le savais, que Sandy avait mis du caramel sur son poulet... ? »

« Mmh ? Oui. »

Petite veine prête à éclater.

« T'aurais pu nous le dire. »

« Mais j'vois pas ce que vous lui trouvez, vous, à ce plat... » fit remarquer Luffy. « C'est très bon. »

« ... ? »

« Bah oui, le poulet est bon, les pommes de terre sont bonnes, le caramel est bon... »

« ... »


Abruti de fichu de bouton.

L'escrimeur tentait vainement d'attacher un chemisier appartenant à Nami. Il avait bien fallut qu'il s'oblige à s'habituer à porter des vêtements féminins ; c'était quant même plus pratique que de sentir ses vêtements habituels glisser toutes les cinq minutes.

...Quoique ça valait peut-être quant même mieux que de passer une demi-heure à essayer de fermer une ouverture se situant dans le dos. S'il essayait d'attraper ce connard de bouton par le haut, son bras était trop court ; par le bas, aussi... Sur le côté, impossible de le faire passer par l'ouverture ; et il commençait sérieusement à avoir mal au cou à force de tourner la tête dans tous les sens.

...Mais Zorro Roronoa ne renonce pas aussi facilement. Jamais un vulgaire bouton n'aura raison de Zorro Roronoa. C'est Zorro Roronoa qui aura raison du bouton.

« Attend, bouge pas, je t'aide... »

...Ou Sandy, à la limite.

« Ah, heu, merci... Où sont les autres ? »

« Partis en ville. Je me permet de te signaler qu'on vient d'accoster une île. »

« Et moi je me permet de te signaler que je suis obligé de rester confiné dans ma chambre. »

« … »

« Je croyais que tu étais sensé fermer mon chemisier. »

« Ils ont décidé de passer l'après-midi et la nuit à terre… J'ai été désigné comme garde-malade… » expliqua posément le cuisinier en faisant glisser le chemisier rebelle d'une longue caresse.

« Mmh… Luffy y est allé aussi ? »

« Tu ne crois quant même pas Luffy capable de succomber à une indigestion ? »

Sandy posa ses lèvres à la base du cou de l'escrimeur.

Moui, c'était, en règle générale, un mec. Mais, comme Nami le faisait si judicieusement remarquer l'autre jour, un bateau n'est qu'une toute petite écharde de bois au milieu d'un immense océan d'eau froide…


Quelques heures plus tard… Sandy fumait silencieusement tout en envoyant des pensées remplies d'amour à Robin-chérie et Nami-chérie pour les remercier d'avoir réussit à convaincre Luffy qu'il n'avait pas besoin de son cuisinier pour réapprovisionner le bateau, losque la tête de l'escrimeur émergea des draps, couronnée d'une légère et lumineuse auréole de cheveux verts en bataille.

Le blondinet lui fit un grand sourire. Auquel Zorro ne répondit pas.

« Je suis en train de penser à quelque chose… » fit-il en fronçant les sourcils.

« Quoi ? …C'était pas bien ? » demanda le blondinet d'une voix inquiète.

« Si, non… C'est pas ça… »

« Alors quoi ? »

Le jeune escrimeur posa un regard meurtrier sur Sandy.

« C'était quoi, le truc dégueu que Nami a essayé de me faire ingurgiter hier soir ? »


C'est fini.

Bouchou s'est bien marrée.

Bouchou contente.

Zorro : T'es tarée d'imaginer des trucs pareils.

Miss Goupil : Ah, oui. Et fière de l'être.

Z : …

MG : Râh, j'aurais dû faire un lemon… J'aurais dû faire un lemon ! Je regrette…

Z : QUOI ? Ne touche pas à ton stylo ! NE LE TOUCHE PAS, J'AI DIT !

MG : D'accord, d'accord… Range ton sabre…

…Merci à tout ceux qui m'ont reviewé ! C'est incroyable, juste ces deux petits mots, « la suite », ça vous fait pousser des pâquerettes au fond de l'estomac… (Non non. Cherchez pas.)

…Ah, et, dîtes, c'est moi qui déraille, ou il y a des problèmes avec le siteen ce moment ? A veut plus tirets, pitits astérisques… J'ai beau essayer et réessayer, rien à faire, a veut pus.

…Mmmh… Et aussi… A un moment, je met : « Un violent coup d'épée venait de lui déchirer l'estomac », et après, Pitite Boule de Poil dit : « Aucune de ses fonctions vitales n'a été atteinte » o.O ...Bon… Vous m'en voulez pas trop, hein ?

Review encore, please ! (Bouchou vouloir encore des reviews ! Encore plus de reviews ! Reviews ! Reviews… Nyerk nyerk nyerk… (gouttes de baves qui volent))

PS : Vous trouvez pas que Luffy a un petit air de Joey (friends) ? En ce qui concerne la nourriture et la stupidit- naïveté ?