Chapitre 12 L'amour qui tue
Ma fille, ma chère et chair,
Tu dois savoir que de l'endroit où j'irai, je veillerai sur toi avec ta mère. Nous ne t'abandonnons pas. Je sais que tu vas bien et cela me suffit. Je sais que tu es heureuse et cela m'aide à aller rejoindre ta mère.
Je ne veux pas de cette vie faible qui m'attend. Je ne veux pas te servir de poids. Je veux que tu sois libre. Je ne désire pas que tu aies à t'occuper de ton vieux père qui ne serait pas capable de se moucher ou bien de marcher.
Mon orgueil d'homme en souffrirait.
Je suis tellement fière de toi! Tu es si belle et intelligente. Ton ami, Ronald Weasley, a beaucoup de chance. C'est un très bon garçon qui semble sincère et amoureux de toi.
Vous me faites penser à ta mère et moi. Bien sûr, on s'est connus plus vieux que vous deux. Ta mère me manque. Autant que tu me manqueras lorsque je serai parti. Te souviens-tu de son sourire? Il me hante. Te souviens-tu de l'odeur de ses cheveux? La même odeur que tu portais la dernière fois que tu es venue me voir.
J'ai l'impression que j'ai fait ce que j'avais à faire sur cette Terre. J'ai vis ma vie. Je vous ai aimé, ta mère et toi. Maintenant, tu es une femme forte. J'ai fini. Je vais rejoindre ta mère et t'embrasses avant. Promets-moi de vivre ta vie et ne pas perdre de temps. On ne peut pas récupérer le temps perdu.
Je t'aime,
Ton père
Hermione lisait la lettre dans sa tête. Des larmes coulaient sur ses joues roses, mais elle n'était pas triste. Son père était parti pour qu'elle et lui soient plus heureux. Bien sûr, ses parents lui manqueraient, mais elle savait que tous les trois étaient heureux dans leurs nouvelles 'vies'.
Ron l'étreignit maladroitement en voyant ses larmes. Il ne demandait pas ce qu'il y avait d'écrit, il était seulement là.
-Je t'aime, dit-elle en posant ses mains dans son dos.
Il l'embrassa légèrement. Et cette fois-ci, elle éclata en sanglots.
La pièce était sombre. Son père dormait dans son lit. Elle sourit et s'approcha doucement.
Il était plus pâle que la dernière fois. Ses cheveux étaient gris. Il semblait qu'il avait vieilli en quelques heures. Son sourire s'évanouît.
Elle remarqua une lettre qu'il tenait dans sa main. Elle lui était adressée. Hermione déchira l'enveloppe et retira le papier humide.
De longues larmes avaient envahi sa figure à la fin de sa lecture. Elle se jeta sur son père: mort. Elle berça son corps mou et ridé. Elle lui en voulait de l'avoir abandonné et surtout qu'il lui ait écrit une lettre qui faisait qu'elle ne pouvait lui en vouloir sincèrement.
Alors, qu'elle reposait son père dans son lit, la porte s'ouvrit et le Dr. Kloïn s'avança de sa démarche rassurée. Derrière lui se tenait Tonks qui reçut Hermione, en pleurs, dans ses bras.
-Il est mort, déclara le Dr. Kloïn. Nous allons le transporter à la morgue.
-Comment est-il mort? demanda Tonks qui serrait Hermione contre elle.
-Il a abandonné la vie, tout simplement. Il n'a pas souffert. Votre père était très faible, Mrs. Granger. Ça devait arriver un jour ou l'autre...
Tonks entraîna Hermione dehors. Elles sortirent et retournèrent au Terrier.
Tous étaient assis autour de la table de la cuisine et attendaient le retour de Tonks et d'Hermione.
Mr. Weasley était resté muet depuis le départ de Dumbledore. Bill et Charlie, ensommeillés, restaient aux aguets, guettants les moindres gestes venant de l'extérieur. Fred ne cessait de se lever et se rasseoir. Les coudes sur la table, Georges tenait son front avec ses mains. Mrs. Weasley respirait fortement en séchant les larmes qui coulaient le long de ses yeux rouges. Ginny avait caché sa figure dans ses mains. Quelques fois, ses épaules se relevaient, alors qu'elle soupirait en retenant des sanglots. Hésitant, Harry posa sa main gauche dans son dos et le frotta doucement.
Assis au bout de la table, l'esprit torturé, Ron pensait, le visage pâle. En ce moment, il aurait voulu tenir Hermione dans ses bras. La consoler et se consoler, lui aussi.
Soudain, la porte s'ouvrit. Hermione et Tonks se tenaient debout dans l'embrasure de la porte. Fred et Georges, Mr. et Mrs. Weasley et Ron se levèrent d'un bond.
Ignorant les autres, Ron se précipita sur Hermione et l'étreignit de toutes ses forces. Elle comprit alors, qu'ils avaient dû être mis au courant. Les autres se levèrent et vinrent tous à la rencontre d'Hermione.
Ron lui prit la main et la fit s'asseoir à côté de lui à la table. Il lui tenait toujours la main, lorsque Mr. Weasley lui posa une main douce sur l'épaule.
-Tu resteras chez nous, au Terrier, dit-il. Dumbledore croit que c'est mieux ainsi et je suis d'accord. Nous sommes désolés pour ton père...
Les yeux de Mr. Weasley étaient remplis de larmes. Hermione se leva et le prit dans ses bras.
Plus tard, dans la soirée, Hermione et Ron ne soupèrent pas. Ils restèrent dans la chambre d'Hermione, couchés en silence et regardant le plafond. Pendant que la jeune fille pensait à la lettre de son père, Ron lui caressait les cheveux.
Dans la cuisine du dessous, Harry, Ginny et les jumeaux faisaient la vaisselle.
-Est-ce que vous croyez que papa et maman vont adopter Hermione? demanda Fred.
-Dans mon cas, répondit Ginny. Hermione est déjà comme ma soeur...
Les garçons acquiescèrent.
-Ron ne pourrait pas marier Hermione; elle serait sa soeur! fit remarquer Georges.
Ils sourirent malgré eux.
-Est-ce que Ron épousera Hermione? questionna Fred à Harry.
Harry haussa les épaules.
-Il ne m'en a pas parlé...
Après quelques instants de réflexion, Fred taquina sa soeur.
-Il ne reste plus que Ginny...
Ginny rougit, tandis qu'Harry regardait ailleurs et qu'un sourire diabolique apparaissait sur le visage de Georges.
-La ferme!ordonna la jeune fille en tendant une assiette propre à Harry.
-C'est vrai, Fred! continua Georges. Ginny et Ha...
-Et Percy! s'exclama Harry, maladroitement.
Les trois Weasley échangèrent des regards étonnés et tristes.
-Je veux dire, s'expliqua Harry. Vous ne savez pas s'il est encore s'appelait-elle?
-Pénélope, dit Ginny.
Harry se tourna vers elle. C'était la première fois, depuis la veille, qu'elle osait le regarder dans les yeux. Ils se fixèrent intensément.
-On n'a plus de nouvelles de Percy...
Ginny avait dit ses mots avec lenteur. Elle était totalement absorbée par le regard d'Harry.
-Georges, mon frère, je crois que nous sommes de trop, déclara Fred.
-Quoi? Tu veux dire que l'on nous ignore? ironisa Georges.
-Ah arrêtez!
-Mais voyons, Ginny, si vous désirez rester seuls, il n'en tient qu'à vous! dit Fred.
Les jumeaux s'en allaient quand Georges rajouta:
-Surtout que faire la vaisselle, c'est pas notre fort!
La cuisine était maintenant silencieuse. Le seul bruit qui emplissait la pièce était celui des tintements de vaisselles l'une contre l'autre.
-Tu sais, pour ça Harry.
-J'aimerais ne pas en parler, coupa Ginny. Si ça ne te dérange pas...
Ils continuèrent sans rien ajouter. Lorsque enfin leur travail fut terminé, Ginny secoua ses mains moites. Elle bâilla et se frotta les yeux.
Harry la regardait et la trouvait belle. Des allures de bébé au caractère de femme...
Il sourit. Elle le remarqua.
-En vérité, dit-elle. J'ai beaucoup pensé, depuis hier.
Elle prit une pause, comme pour se convaincre elle-même de ce qu'elle allait dire.
-Je comprends ce que tu peux ressentir. Je t'attendrai, Harry. Je suis patiente, tu sais. Lorsque tu seras prêt et que tes yeux seront moins sombres, tu viendras me voir? demanda-t-elle.
Harry la fixa et lui sourit. Il s'approcha et lui laissa un baiser sur le front.
