Réponses aux reviews:
Hermione2005: La voilà, la suite. Je n'ai pas eut le temps d'aller voir ton profile, mais comme ce soir je suis sur le site, je vais en profiter! J'espère que ce chap va te plaire.
Sybel 26: J'ai suivi ton idée (enfin, plus ou moins) je ne sais pas si ça aide, j'espère. De toute façon, ce chapitre est, à mon humble avis, moins tordu que les autres.
Polgara 86: Oui, je suis bien d'accord, il serait tombé à la renverse en lisant cet article-là! (Déjà que les autres sont un peu passés de travers…)
Leila: voilà.
Herm'021: euh… Essaie d'être un peu plus claire? Et bien… J'essaie. J'espère que t'aimeras quand même!
Carrie Potter: Merci beaucoup!
Andromede: On dirait bien que je l'ai échappée belle! C'est que ça devient dangereux la vie d'auteur de fics! Toutes mes excuses et voici le (vrai) chp 5 pour me faire pardonner!
Beru ou bloub: sympa comme 'tit nom. Je ne sais pas si ça vaut le détour, mais va voir quand même! (… Siteplaît…)
Watterlily et Dragonfly: Merci merci merci merci merciiiiiii !!!!!!!!!!!! J'ai relu cette review au moins dix fois! (et voilà, à cause de vous je deviens narcissique!). Je ne crois pas en mériter tant que ça… Un peu de modestie, quand même… Mais je vous adore !!!!!! Enormes bisous!
Lady lyanna: Ben… J'ai déjà ressuscité James, Sirius est encore là… On ne va quand même pas ramener tout le monde, si? Pauvre Lily! Si t'as du mal avec les nouveaux persos, va jeter un œil à l'index, peut-être - peut-être! - qu'il t'aidera à y voir plus clair.
Princesse Magique: Merci bien!
Hortence: Merci à toi aussi.
5. Ce monde de sable
En retard!
En retard pour son premier jour de cours, la journée commençait mal, et ce n'était déjà plus à prouver.
Mais ça n'était pas le pire. Non, le pire c'était qu'il ne savait pas où se trouvait sa classe! Que faire? Demander son chemin à un élève? Il aurait l'air complêtement idiot. Il jeta un coup d'œil à sa montre: neuf heures cinq. La situation devenait critique. Il détailla une fois de plus l'emploi du temps donné par McGonagall, mais non, sa classe n'était indiquée nulle part. Sans doute la directrice adjointe le jugeait-elle assez brillant pour déterminer ce dernier point par lui-même.
Pas de bol.
"Alors, Drago, raconte! Qu'est ce que ton père a dit?"
James se retourna, des élèves arrivaient au bout du couloir. Il voyait leurs ombres démesurées se profiler contre le mur blanc.
"Comment veux-tu que je le sache, tu crois qu'il me tient au courant de tout?"
"Non, mais tu dois bien…", l'adolescent s'interrompit quand son regard tomba sur James.
C'était un gros garçon d'une quinzaine d'années, immense avec des bras musculeux. Il s'immobilisa dans le couloir, une lueur surprise traversant ses yeux vides.
Un deuxième adolescent, sensiblement du même gabarit, s'arrêta à côté lui, et détailla James à son tour. James qui commençait à se sentir mal à l'aise.
"Mais enfin, qu'est- ce que vous fabriquez?", s'enquit une voix à l'accent traînant.
Un garçon aux cheveux blonds, nettement moins imposant, contourna tranquillement ses deux comparses pour voir ce qu'il se passait.
Des yeux gris hautains rencontrèrent ceux de James.
Et bien, ils ont l'air sympa, mes étudiants!
Tentant le tout pour le tout, James força un sourire.
"Pourriez-vous m'indiquer la salle de défense contre les forces du mal?"
"Vous êtes le prof?", fit l'une des deux armoires à glace.
Et perspicace, avec ça!
"Alors?", demanda t'il en se tournant vers le troisième garçon.
Celui-ci haussa un sourcil et lui sourit d'un air insolent.
"Oh, quelque part entre le rez-de-chaussée et le troisième étage, je crois.", ricana t'il.
C'est fou ce que c'est drôle!
"Eh, Malfoy fait de l'humour, maintenant!", lança soudainement une voix moqueuse dans son dos, "C'est un truc que t'as appris pendant les vacances, Drago?"
"La ferme, Potter!", grogna la deuxième armoire à glace.
James sentit une poigne brûlante enserrer ses entrailles. Lentement, il pivota sur ses talons et se trouva face à… Son fils, nonchalamment appuyé contre le mur, qui observait la scène d'un air mi-détaché, mi-moqueur. A côté de lui, une jeune fille brune fixait les trois garçons d'un air féroce.
"Si tu veux mon avis", ajouta t'il, "ça laisse encore à désirer."
"Mais regarder qui voilà!", lança l'autre, "le balafré et la sang de bourbe!"
Les armoires à glaces éclatèrent de rire, et Harry fit un bond en avant, perdant son air tranquille. La jeune fille le retint par le bras et James se dit qu'il était peut-être temps d'intervenir.
"Ca suffit!", il se tourna vers les trois idiots, "Il a tout à fait raison, votre humour laisse à désirer. C'était une insulte grave!"
Le garçon blond eut un rictus et fit mine de tourner les talons. James le retint par le bras.
"Quel est votre nom?", demanda t'il calmement.
"Lâchez-moi.", articula l'adolescent d'une voix glaciale.
James resserra sa prise.
"Votre nom?"
"Malfoy."
De sa main libre, James agrippa son autre épaule et le regarda dans les yeux.
"Je ne veux plus jamais entendre ce genre de choses, Mr Malfoy. Et ça coûtera dix points à…"
"Serpentard!", lança la jeune fille derrière lui.
J'aurais du m'en douter.
"A Serpentard."
Le garçon eut l'air furieux et James se sentit envahi d'une joie féroce.
"Venez, on y va!"
Dociles comme des agneaux, les deux armoires à glace suivirent. Arrivé à la hauteur de Harry, Malfoy marqua une pause.
"On se revoit en potion.", siffla t'il.
"Une réunion de vieux copains… J'ai hâte d'y être!", répliqua Harry d'un ton narquois.
Et les trois garçons s'éloignèrent.
James prit une inspiration. Après tous les rêves où il s'était vu face à son fils, jamais il n'aurait imaginé que la première chose qu'il ferait serait de se tourner en ridicule.
Résigné, il se tourna vers les deux adolescents.
"Est-ce que l'un de vous peut me dire où se trouve la salle de défenses?"
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Il ouvrit les yeux dans l'obscurité. Le réveil était brutal, il eut l'impression que chaque fragment de sa conscience revenait à la vie en une fraction de seconde. Ses oreilles percevaient des sons que nul ne pouvait entendre, et sous ses doigts il pouvait presque sentir chacun des grains de poussière recouvrant la table.
Tout était noir autours de lui; pourtant, il faisait jour, dehors. Il n'était pas seul, enfin, pas vraiment. Il y avait des corps étendus près de lui, mais malgré son ouïe accrue, il n'entendait aucune respiration.
Ils étaient morts.
Il crispa les poings, chassant la léthargie de ses membres, testant ses forces. Les muscles répondirent.
Alors il tenta un autre mouvement. Très lentement, il tourna la tête vers la droite, puis vers la gauche, grimaçant en sentant un craquement dans son cou. Ses yeux captèrent une lueur furtive, un peu plus loin; un trait de lumière. La lueur du jour, sous une porte.
Et soudain la lumière raviva d'autres images, les flammes l'assaillirent de nouveau. Il ignorait d'où elles venaient; depuis son premier réveil, elles revenaient, de temps à autre. Il entendait les hurlements, il sentait presque la chaleur… Les flammes dévoraient sa vie, elles dévoraient son passé, le laissant nu, sans âme et sans voix, jusqu'à ce qu'il se rendorme.
"Comment est-il?"
La voix atteignit péniblement les profondeurs de son inconscience. Il entrouvrit un œil. La pièce était plus claire et un homme était penché sur lui, ses cheveux blonds effleurant les bords de la table de bois.
Il n'aima pas cet homme. En voyant ses yeux, il se souvint de la voix de petite fille qui criait dans les images de flammes.
"Signes vitaux bons, souffle normal.", ânonna une autre voix, "Il faut qu'il récupère, c'est tout."
Une lueur d'exaspération traversa le regard gris glace de l'homme blond.
"Je me fiche de ses signes vitaux. Ce n'est pas de ça que je te parle Garoth."
L'autre homme glissa sur la droite, entrant dans son champ de vision.
"Oh! Pour ça, je ne sais pas… Pas… Encore, vous comprenez, ça peut… prendre un peu de temps."
La main de l'homme blond se crispa sur la table, tout près de son oreille. Il entendit les jointures grincer.
"Et quand sauras-tu?"
"Bientôt… Très bientôt. Un jour… Deux, peut-être. Il faut qu'il ait assez de force pour passer les tests, vous… Vous comprenez…"
"Tu sais, la question n'est pas de savoir si je comprends, mais si lui, il comprendra…"
"Mais… Mais ce n'est qu'un jour…", bégaya l'autre, éperdu.
L'homme blond haussa les épaules.
"Allez viens, Garoth, il est temps d'y aller."
L'autre se ratatina, tremblant.
Leurs pas claquèrent, raisonnant comme dans une salle immense alors qu'ils s'éloignaient. La grande porte s'ouvrit, puis se referma.
Et tout redevint noir.
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Les serpentards de sixième année. "La pire classe de tout Poudlard", lui avait soufflé le professeur Vector la veille au soir.
Il s'éclaircit la gorge, mal à l'aise. C'était tout juste si les élèves faisaient attention à lui; un petit groupe bavardait et riait dans le fond de la salle, deux garçons grands et costaux faisaient un bras de fer devant eux, une adolescente blonde et bouclée se recoiffait devant un miroir de poche un peu plus loin. Les autres se tournaient les pouces, un garçon aux cheveux bruns lisait ostensiblement.
Il se racla de nouveau la gorge, un peu plus bruyamment, cette fois. Quelques regards se tournèrent vers lui, certains curieux, du type non-mais-d'où-il-sort-celui-là, d'autres franchement hostiles.
Ca m'apprendra à écouter Dumbledore…
"Je suis votre nouveau professeur de défenses contre les forces du mal.", annonça t'il.
Non, sans blagues, je parie qu'ils n'étaient pas au courant.
"Je m'appelle John Grahams."
Sur les visages, le message était clair: Qu'est ce que ça peut nous foutre?
L'un des deux concurrents du bras de fer leva la main. En voyant le sourire moqueur qu'il affichait, James hésitait sérieusement avant de lui donner la parole.
"Oui?"
"Vous comptez rester combien de temps?", s'enquit tranquillement le garçon.
Surpris par la question, James haussa un sourcil.
"Quel est votre nom, je vous prie?"
"Roger Kumberg. Je ne sais pas si vous êtes au courant, les profs de défenses finissent rarement l'année, ici; alors, je ne sais pas trop si vous avez l'envergure… "
Il eut quelques rires.
"J'ai bien l'intention de tenir le coup.", répliqua James.
Au troisième rang, quelques filles se mirent à glousser. Du coin de l'œil, James aperçu le garçon brun lever le nez de son livre pour leur jeter un regard méprisant. Il se tourna vers lui.
"Hé, vous…", lui lança t'il.
Ce n'était peut-être pas la manière la plus polie qui soit d'interpeller un élève, mais, après tout, il lisait pendant son cours.
"S'il vous plaît.", ajouta t'il.
Le garçon leva son regard sombre vers lui, l'air interrogateur.
"Comment vous vous appelez?"
Il haussa les épaules et se replongea dans son livre. James resta stupéfait.
"C'est Matt, monsieur.", gloussa une fille.
Elle fit un clin d'œil quand James se tourna vers elle.
"Tais-toi, idiote." souffla sa voisine, moqueuse, "Tu sais bien qu'il veut pas qu'on l'appelle Matt. Faites pas attention à lui.", ajouta t'elle à l'attention de James, "C'est un crétin."
"Comme tous les garçons de cette classe.", renchérit l'autre.
En voilà une qui n'a peut-être pas tord…
"C'est un point de vue comme un autre.", tempéra t'il, "Et vous êtes…?"
"Amy Hayden, et elle,", elle désigna sa voisine, "c'est Sophia, Sophia Moore."
Sophia approuva d'un vigoureux hochement de tête.
"Et est-ce que Matt pourrait laisser son livre un moment?"
Matt se redressa brusquement sur sa chaise, l'air furieux.
"Elle vous l'a dit", siffla t'il, "Je ne m'appelle pas Matt!"
Les garçons du fond poussèrent un long "Oooh" moqueur tandis que les filles éclataient de rire. "Matt" ignora les premiers comme les secondes et se replongea dans son livre.
"Si je savais votre nom", objecta James avec son imparable logique de professeur, "Je pourrais l'utiliser".
"Allez vous faire voir."
Autant pour l'imparable logique du professeur.
"Ca coûtera quinze points à Serpentard."
Matt ne sembla pas s'en émouvoir.
"Hé!", protesta Roger Kumberg, "On y peut rien, nous, si ce type est un abruti."
James haussa les épaules.
"Non, mais vous êtes dans la même maison."
"Tu parles!"
"Et ce sont des crétins.", ajouta Amy Hayden.
J'avais saisi l'idée, merci.
Il commençait à perdre patience.
"Parfait. Maintenant que vous savez qui je suis et que vous avez poser les questions que vous aviez à poser nous allons peut-être pouvoir… Hé, vous! Vous pouvez arrêter ça, s'il vous plaît?"
Le deuxième concurrent au bras de fer se livrait un étrange manège; il avait rassemblé de petits tas de papiers froissés sur sa table et s'amusait à y mettre le feu d'un coup de baguette.
Génial. Premier cours et ils font déjà brûler la classe. Qu'est ce que ce sera la semaine prochaine?
Le garçon haussa un sourcil.
"Pas de problème, prof.", répondit-il tranquillement.
Et, d'un geste sûr, il éteignit les cinq petits brasiers.
"A propos", ajouta t'il, "je m'appelle Mickael Range, au cas où vous voudriez me retirer des points."
Un nouveau rire parcourut l'assemblée. James crispa les poings dans ses poches en se demandant ce qui avait bien pu lui faire croire qu'affronter une bande d'adolescent de seize ans ne pouvait pas être pire que faire face à une meute de mangemorts.
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L'obscurité était revenue. La lumière lui avait fait mal aux yeux, mais il commençait à détester l'obscurité. L'obscurité faisait revenir les images de flammes.
L'angoisse lui nouait le ventre, sa gorge était brûlante, et la mort rendait l'atmosphère si épaisse qu'il pouvait à peine respirer.
Qu'est ce qu'il se passe?
La question lui traversait l'esprit pour la première fois. Lors de ses autres réveils, il n'avait même pas eut la force de penser, de chercher à comprendre.
Et c'était peut-être mieux.
Parce que maintenant, il avait peur.
Pas une vague trouille, non; une vraie panique, une terreur animale, qui partait de ses tripes et remontait jusqu'à sa gorge comme du poison, laissant un goût amer.
L'endroit était mauvais, l'endroit était sombre, l'endroit puait la mort.
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Lorsque la cloche sonna, il n'y croyait plus. Il était persuadé que cette heure et demi de cours s'était étirée jusqu'à durer des journées entières. Mais non, c'était terminé.
Et il était vivant.
Il n'était pas tombé à genoux, il n'avait pas supplié. Il était resté droit et digne, jusqu'à la fin. Il avait fait son cours, de la théorie - pas de baguettes! Lui avait hurlé son instinct de survie - et s'en était sorti vivant.
Les élèves sortirent un à un après avoir noté leurs devoirs, Matt en bon dernier, traînant les pieds.
"Matt!", appela James.
Et j'en redemande, en plus!
Le garçon sembla hésiter, puis se dirigea vers son bureau.
"Quel est votre nom?", demanda t'il de nouveau.
Un éclair de colère traversa le regard sombre. James soupira.
"Allez, quoi… Ce n'est pas comme si je vous demandais l'âge de votre mère…"
L'adolescent eut une grimace qui aurait presque pu passer pour un sourire.
"Je m'appelle Claw… Matthias Claw."
James hocha la tête.
"Vous pouvez y aller."
Et il s'éloigna de son pas traînant.
Il n'eut que quelques minutes de répit. Ce n'était même pas une pause, juste le laps de temps séparant le départ des serpentards de l'arrivée de la classe suivante.
Lorsque les premiers élèves arrivèrent, James se mit à fourrager dans ses papiers, jouant à merveille le rôle du professeur surbooké qui sait parfaitement ce qu'il a à faire parce qu'il a déjà fait ça toute sa vie. Même si ça pouvait sembler un peu stupide un jour de rentrée, décida t'il après coup.
Les élèves étaient déjà tous installés. Il savait qui ils étaient, il n'avait pas besoin de vérifié sur son planning de quelle classe il s'agissait, parce que c'était la première classe qu'il avait cherchée sur l'emploi du temps. Et, s'il avait encore un doute, le garçon aux yeux verts adossé contre le mur près de la fenêtre - la place qu'occupait Matthias "Matt" Claw dix minutes plus tôt - était là pour le lui rappeler.
Les Gryffondor, cinquième année.
Il balaya les élèves du regard. Ceux-là semblaient plus sympathiques que les précédents. A côté de Harry, un garçon roux l'observait d'un œil morne. Derrière eux, le menton dans ses mains, la jeune fille brune semblait très attentive. Les autres attendaient patiemment que le professeur daigne commencer.
James regarda à nouveau du côté de la fenêtre, puisant dans le regard profond et tranquille de son fils la volonté qui commençait à lui faire défaut avant de se lancer.
"Bonjour à tous, je suis le professeur John Grahams…"
Ce cours-là se passa beaucoup mieux que le précédent, on le laissa parler, on l'écouta et, loin de le mettre sous pression, la présence de Harry près de la fenêtre lui faisait l'effet d'une bouffée d'oxygène. Il se risqua même aux travaux pratiques, au bout d'une vingtaine de minutes.
"Comme vous le savez tous, et j'imagine qu'on vous l'a assez répété, à la fin de cette année scolaire, vous aurez à passer vos BUSE. J'ai la liste des sorts que vous devez savoir maîtriser en début de cinquième année, et je vais donc faire un test."
Un vague grognement parcourut l'assemblée.
"Ce ne sera pas noté", se hâta t'il de préciser, "c'est juste pour me faire une idée. Allez, levez-vous!"
Les élèves se rassemblèrent au milieu de la salle, et James envoya les tables s'empiler contre le mur d'un coup de baguette.
"Nous allons commencer par le plus simple…"
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Au début, le bruit était très faible, à peine le bruit d'une plume qui tombe sur le sol. Mais, plus il écoutait, plus cela se précisait, comme si ses perceptions étaient accrues par la concentration.
Il se laissa absorber par le bruit, oubliant le reste, tentant de déterminer d'où il provenait, de quoi il provenait.
Un souffle. Non, même pas un souffle, un râle, un murmure d'agonie.
Une lueur de vie dans la salle que les nuées froides de la mort tentaient d'éteindre. Il ne s'était écoulé que quelques minutes depuis son dernier réveil, mais il se sentait plus fort.
Il avait supporté les images de flammes; pour la première fois, il était resté conscient dans le brasier.
Il prit une longue inspiration. L'air était si froid qu'il en devenait brûlant. Le regard fixé sur son bras qu'il ne pouvait pourtant pas voir dans l'obscurité, il essaya d'imaginer le muscle. Serrant les dents, il crispa le poing. Enhardi par son minuscule succès, il leva le bras. Une vague de fièvre l'assaillit, son corps tout entier fut secoué de tremblements, mais il tint bon. D'un geste mal assuré il fit passer son bras droit du côté gauche, joignant ses mains contre sa cuisse.
Poussant sur ses reins, il roula sur le côté. L'effort lui coupait le souffle, ses mains tremblaient tant qu'il avait du mal à les garder l'une contre l'autre. Agrippant le rebord de la table, il tira de toutes ses forces. Il poussa un cri silencieux quand un trait de douleur lui transperça l'épaule, puis sentit son corps basculer dans les ténèbres.
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"Il y a quelque chose que je ne vous ai pas dit, à propos de ce type…"
Le sorcier s'immobilisa.
"Quoi encore?"
Nerveux, Garoth triturait le bas de son sweat-shirt.
"Il a fait des cauchemars, la nuit dernière, je l'ai… Je l'ai entendu crier."
"Et alors?"
"Je crois… Je crois qu'ils sont liés à son passé…"
BANG! Le bruit résonna dans le petit bureau. Le sorcier avait abattu son poing sur la table.
"Qu'est ce que ça veut dire? Qu'il risque de retrouver la mémoire?"
A présent terrifié, Garoth fit un pas en arrière.
"Je… Je ne sais pas!"
"Tu ferais peut-être mieux de savoir!", hurla l'autre.
"Mais enfin… Mais enfin…", Garoth se maudit en entendant les larmes percer dans sa voix, "Si l'élixir ne marche pas, je n'y suis pour rien…"
"Non, c'est vrai.", grogna le sorcier, "Mais c'est pas ça qui va m'ôter l'envie de te changer en ver de terre…", Garoth eut un frisson, "Tous nos spécialistes en potion l'ont examiné, je ne vois pas comment… Et en plus le temps presse, si seulement ce petit imbécile de Potter ne nous avait pas glissé entre les doigts… Tous nos spécialistes…"
Il se tourna brusquement vers Garoth, l'œil brillant.
"Mais non, il reste quelqu'un! Mais si le maître l'apprenait…"
Garoth ne comprenait rien à ce monologue, mais il s'en moquait, parce que tout ce qu'il avait saisit, c'était qu'il ne serait pas transformé en ver de terre, finalement, et il en remerciait le ciel.
"Je m'en vais.", laissa soudain tomber le sorcier, "Occupe-toi de ce type."
"M'en occuper?"
"Ouais. Si l'élixir est défaillant, il est certainement condamné, de toues façons, mais je ne veux pas prendre de risques, s'il parlait aux autres…"
Garoth revint brusquement sur terre, glacé d'effroi.
"Vous voulez… Que je le tue?"
"Oui. Tu as bien une arme? On m'a dit que les moldus avaient des armes très efficaces."
"Oui, mais…"
"Tue-le."
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Son corps heurta le carrelage glacé avec une sorte claquement. Il réalisa alors qu'il était nu.
Comme les autres…
L'air épais l'enveloppait comme un linceul. Il n'avait pas froid.
Nu comme un cadavre…
Le râle était toujours là, de plus en plus ténu, mais toujours présent. Il avait l'impression qu'il s'était écoulé plusieurs heures depuis le moment où il avait ouvert les yeux.
Dépêche-toi, il va mourir…
Et alors? Il mourra, de toutes façons, ce n'est pas lui qui pourrait le sauver.
Oui, mais pour l'instant, il était vivant. Et cela signifiait que lui, il n'était plus seul, qu'il y avait quelqu'un d'autre, perdu dans le marécage puant de la mort.
Une lueur de vie…
Il ne pouvait pas se lever. Il n'essaya même pas, il savait par avance qu'il en serait incapable. Mais il pouvait ramper.
Laborieusement, il entreprit de se traîner sur le vieux carrelage. Les dalles ébréchées lui entaillaient les mains et les genoux, mais il parvint à se tirer en avant, dans la direction approximative du son.
Mais il devait s'immobiliser toutes les quelques secondes, chaque mouvement l'épuisait. Les paumes brûlantes, mais il poussait et tirait, écartant les membres glacés qui entravaient sa route. Ses forces se consumaient, mais le bruit se rapprochait, inexorablement. Ne mourrez pas, supplia t'il intérieurement.
J'arrive…
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"Comment était cette première matinée?"
James reposa le plat de carottes avec un haussement d'épaules.
"Ca aurait pu être pire, j'imagine."
Le professeur Vector sourit.
"Si vous dîtes ça, c'est que ça aurait aussi pu être mieux!"
Ca aurait pu, c'est vrai. Mais James avait dit vrai, ça aurait pu se passer beaucoup, beaucoup plus mal; par exemple, si Harry ne lui avait pas adressé un sourire en quittant la salle, agrémenté d'un "Ravi de voir que vous avez réussit à trouver.", murmuré sur un ton complice.
A l'autre bout de la table, Dumbledore tapota légèrement le rebord de son assiette, aussitôt, la corbeille de pain qui se trouvait devant James se redressa et glissa nonchalamment dans sa direction.
"Quelles classes avez-vous eut?", s'enquit le professeur Vector en écartant son assiette pour la laisser passer.
"Les sixièmes années de Serpentard…"
"Ouch!"
"Et les cinquièmes années de Gryffondor."
"Ah, intéressant!"
"Comment ça?"
Le professeur Vector lui lança un regard "on ne me la fait pas, à moi; hein!"
"C'est bien dans cette classe que se trouve le jeune Potter, je me trompe?"
La fourchette de James s'immobilisa à mi-chemin entre son assiette et sa bouche.
"Oui, et alors?"
"Oh, je vois, vous êtes de ces professeurs profondément impartiaux qui répètent à qui veut l'entendre qu'un élève est un élève, peut importe d'où il vient…"
James se demanda s'il devait être vexé, après tout, il n'était pas vraiment professeur; et les sixièmes années de Serpentard pouvaient certainement en témoigner, il n'était pas très doué.
"Moi, ce que j'en dit", continuait Vector, "c'est que j'aimerais beaucoup savoir comment ça se passe."
"Comment ça se passe?"
"Avec Potter. Ce que pensent les autres enfants de toute cette histoire."
Cette histoire? Quelle histoire? La disparition-puis-résurrection de Voldemort?
"Il a toujours été plutôt populaire, pour ce que j'en sais. J'aimerais savoir ce que les autres gosses pensent maintenant… Probablement comme leurs parents: certains le croient, d'autres le traitent de cinglé, et le reste doute…"
James eut un rire amer.
"On appartient forcément à l'une de ces catégories?"
"Et oui.", il lui fit un sourire en coin, "Enfin, à moins d'être mangemort…"
James le regarda, surpris par la réflexion. Depuis quand osait-on parler de ce genre de choses librement?
"Et vous, vous y croyez?"
James haussa les épaules.
"J'imagine que mes convictions politiques ne regardent que moi."
"Hum, c'est vrai, oui."
James nota qu'il se gardait bien de lui révéler ce qu'il en pensait, lui.
"Et les Serpentard, comment ils étaient?"
"Eux? Oh, ce n'était pas triste!"
"Je m'en doute!"
"Surtout ce garçon… Matthias Claw."
"Oh, vous vous êtes frotté à Matt? Mauvaise idée, il n'a pas sa langue dans sa poche, celui-là!"
"J'avais remarqué."
"Je l'ai dans mon cours depuis sa troisième année. Les autres Serpentards ne l'aiment pas beaucoup, apparemment, ça expliquerait pourquoi il est aussi agressif."
"Et qu'est ce qu'ils ont contre lui?"
"Allez savoir, avec ces gosses… Mais je crois qu'il a des origines moldues."
James fit la grimace.
"Oh, je vois, le crime suprême…"
"Et ouais.", conclut le professeur Vector en écartant de nouveau son assiette pour laisser passer un pichet de jus de citrouille.
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C'était un homme. Il ne devait pas être très vieux, quarante ans, au plus. Pourtant son regard était celui d'un vieillard. Il était étalé sur quelques caisses en bois, bras et jambes pendants.
Il rampa plus près. Trop épuisé pour parler, il s'étendit sur le dos à côté des caisses et resta haletant, le temps de retrouver son souffle.
Le silence revint peu à peu dans ses oreilles bourdonnantes. La respiration sifflante près de lui lui faisait l'effet d'une musique, comme une flamme frémissante, la promesse fugace d'une lueur de vie.
Dans l'obscurité, la peau de l'homme semblait grise. Mais peut-être l'était-elle réellement, il semblait bien mal en point. Se redressant sur ses coudes, il approcha le plus possible son visage de celui de l'inconnu.
"Hé…", souffla t'il, "Hé…"
Il ne parvenait pas à prononcer autre chose, sa gorge semblait refuser de fonctionner. L'autre remua légèrement, le sifflement s'accéléra.
"Hé…", répéta t'il.
Il n'osait lever le bras de peur de perdre son équilibre. L'homme ouvrit les yeux.
"Qu'essssssquia?"
La voix était rauque et sans timbre. Sans couleur. Une voix d'outre-tombe.
Il s'efforça de former les mots.
"Qui… Etes… Vous?"
L'autre referma les yeux.
"Ch'ait pas… Ch'ait pu… Y m'ont fait… Ou'lier"
"Qui?"
"Eux…"
"Où… Sommes… Nous?"
Les yeux se rouvrirent, pénétrèrent les siens.
"En enf… En enfer…"
Le choc lui ôta les forces. Ses bras glissèrent et, de nouveau, il s'effondra.
En enfer…
Oui, ça décrivait très bien l'endroit.
Au dessus de sa tête, un marmonnement lui parvint. C'était l'homme, il voulait lui dire quelque chose. Dans un sursaut d'énergie, il se redressa.
" 'oud'ar, trouve 'oud'ar…"
"Quoi?"
Une main glacée effleura son visage. Il réprima un frisson.
"Ch'uis… Le p… Le 'remier… Le tout p…remier… Peux pas… Sorti'… Y faut… Trouve… 'oud'ar… P… Poudlard…"
Et le silence revint.
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(petite correction le 21/08)
