Réponses aux reviews :

Andromede : Voilà, voilà. Des cours avec les serpentards, il y en a encore un dans ce chapitre. ( et heu, le grognement d'orque pour impressionner les auteurs, je ne sais pas si ça marche à chaque fois…)

Sybel 26 : Merci beaucoup, et bien sûr que je le prends comme un encouragement ! C'est vrai que James a un peu de mal pour ce qui est de l'enseignement, mais c'est sûrement pas un truc qui vient tout seul (surtout quand on parle de serpentards)

Tatiana Black : Merci d'être passée malgré ta nuit blanche. La suite se comprend mieux, je crois (lol, j'ai l'impression de dire ça à chaque chapitre !)

Polgara86 : la voilà, la suite. Bises.

Princesse Magique : Elle viendrons un peu plus tard, les scènes Harry/James, c'est que comme c'est son prof et qu'il ne sait pas que c'est son père, Harry ne s'y intéresse pas plus que ça, en plus James n'a pas vu son fils depuis dix ans, alors ça bloque un peu.

Mais normalement, le "truc" qui va les rapprocher devrait intervenir soit dans le prochain chp, soit dans celui d'après.

beru ou bloub : suis pas bien sûre que ça réponde à tes questions, mais voilà.

Et merci à Nalorak Salogel, Fanny-44, luffynette, gaelle griffondor et à Leila pour leurs gentils encouragements. Bises à tous.

6. Un soir de septembre

James avait toujours trouvé touchante cette façon qu'avait son fils de le suivre où qu'il aille, observant ce qu'il faisait de ses grands yeux curieux. Combien de fois l'avait il trouvé assoupi derrière le canapé alors qu'il attendait que son père ait fini de s'occuper de ses dossiers ? C'était d'ailleurs devenu sa cachette favorite; l'espace entre le sofa et la fenêtre, dissimulé par des rideaux de velours. Chaque soir, quand il fermait les volets, James trouvait invariablement un des jouets de son fils; son chat en peluche, une voiture en plastique - culture moldue oblige - ou l'un de ses soldats de bois.

Peut-être était-ce pour cela que son absence avait été si cruelle à ses yeux, à partir du jour où il avait cessé de trouver des petits soldats hilares sous sa fenêtre et des crayons de couleur dans ses poches.

Il avait été l'idole de son fils. Peut-être était-ce simplement du au fait qu'avec toutes ces précautions qu'il leur fallait prendre, Harry était toujours très seul, mais ça n'avait pas d'importance. Tout ce qui importait c'était la lueur de défi dans ses yeux verts quand il se campait fermement sur ses petites jambes et décrétait "Je vais avec papa!", tout ce qui importait, c'était le fait que chacune des distinction qu'il avait reçu pour les services rendus à son pays ne valait pas un grain de poussière à côté du regard que lui tendait son enfant.

James avait toujours trouvé touchante cette façon qu'avait son fils de le suivre où qu'il aille, ouaip. Jusqu'à ce soir de septembre.

Le doux soleil de septembre se couchait derrière la forêt interdite, achevant l'éternelle ronde, celle de la fin et du commencement, du commencement et de la fin, immuable comme le temps. La lumière rougeoyante entrait à flot par les hautes fenêtres, évoquant un feu liquide.

Les coudes posés sur la rambarde de bois, le menton dans ses mains, James observait la grande salle en contrebas. L'heure du dîner approchait, et quelques élèves étaient déjà là, bavardant et riant. Harry était parmi eux.

Il ne savait pas trop depuis combien de temps il était là, à regarder; ça n'avait pas d'importance, personne ne risquait de le voir, et il n'en avait pas grand chose à faire.

En bas, Harry éclata de rire ; visiblement suite à une blague d'un des jumeaux Weasley, difficile de savoir lequel. Marrant comme il ressemblait à Lily quand il riait, leurs regards brillaient de la même façon. A côté de lui, Ronald Weasley et le garçon maladroit qui s'appelait Neville Londubat riaient aussi. Mais pas Hermione ; elle avait plutôt l'air exaspéré. Typique, songea James, les garçons de quinze ans font toujours des blagues stupides et les filles sont bien trop brillantes pour les trouver drôles.

"Chouette pièce !" commenta une voix tout près de lui, interrompant sa rêverie "On peut dire ce qu'on veut des sorciers, mais ils ont un sacré talent pour ce qui est de planter le décor ! Ca ouais !"

Les mains agrippées à la rambarde, Le Vieux Fou - puisque tel était désormais son nom dans l'esprit de James - contemplait le plafond d'un air appréciateur.

"Salut." fit James.

L'autre baissa le nez, l'air vaguement étonné, comme s'il venait juste de se rendre compte de sa présence.

"Hé! Salut, James. Comment va la vie?"

James, qui avait toujours détesté les banalités, haussa simplement les épaules et se perdit de nouveau dans la contemplation de son fils.

Le Vieux Fou suivit son regard.

"Alors c'est lui, hein? Il m'a l'air d'un chouette gamin."

De nouveau, James eut un haussement d'épaules.

"Il a l'air, ouais. Mais comment pourrais-je le savoir, au fond ? Je ne le connais même pas."

"Ca viendra, donnes-toi le temps. Et puis, tu as déjà fait pas mal de découvertes, non ?"

"Tu parles des journaux ?"

"Entre autres. Tu connais en partie ce à quoi il est confronté."

James fronça les sourcils.

"Mais qu'est ce que je viens faire là dedans ?"

"Pour l'instant, rien. Je ne fais que te planter le décor, ce n'est sûrement pas aussi réussi que ce plafond, mais je fais de mon mieux. Essaie d'apprendre tout ce que tu peux sur ton fils pendant que tu en as le temps, parce que bientôt, quelqu'un va venir, et tu devras entrer en action."

"En faisant quoi?"

Le Fou cligna de l'œil.

"Et comment pourrais-je le savoir, moi ? Je ne suis qu'un vieil idiot qui ne souvient même pas de son prénom."

"C'est vrai ?" s'étonna James

"Quoi donc, mon grand ?"

"Tu ne sais plus comment tu t'appelle ?"

"Ne sois donc pas stupide ! 'faudrait que je sois sérieusement atteint pour oublier comment je m'appelle."

"Evidemment." marmonna James.

En bas, la lumière du soleil se retirait, bientôt remplacée par la lueur des bougies. Le reflet des flammes dansait sur les joues de son fils ; comme avant, quand il y avait encore les feux de cheminée, les contes pour enfant et les petits soldats de bois.

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Ca faisait sept jours. Il le savait, parce que l'homme qui s'appelait Garoth venait chaque matin chercher un autre cadavre.

Il était venu sept fois.

L'autre homme, celui qui lui avait dit de trouver Poudlard, était mort depuis longtemps, maintenant. Il avait rejoint la masse de chairs bleues et pourrissantes.

Lui, il restait caché. L'homme qui s'appelait Garoth était revenu pour le tuer la première fois, il le savait, alors il se cachait, chaque matin, quand il entendait les pas ; il devenait un cadavre parmi les cadavres.

Ca faisait sept jours qu'il savait ce qu'il avait à faire, mais il n'avait pas encore eut le courage et la force de mettre son plan à exécution.

Aujourd'hui, c'était différent. Il l'avait sentit dès son réveil, une étrange force courrait en lui. La torpeur disparaissait.

Même la peur disparaissait.

Il savait que Garoth avait une arme, il l'avait vue la veille à la lueur de le porte entrouverte. Il ignorait tout des armes, il ne se souvenait pas s'en être déjà servi ; mais, en fait, plus le temps passait et moins il parvenait à se souvenir de quoi que ce soit. Et maintenant, seules restaient

Le feu… Les cris…

les images de flammes.

Il se secoua, pour chasser les flammes, le moment approchait.

La porte s'ouvrit dans un grincement. Il était prêt. L'homme qui s'appelait Garoth passa devant lui, le frôlant presque, il suffisait qu'il lève le poing, qu'il frappe, et…

L'homme qui s'appelait Garoth se dirigea vers le centre de la salle, détaillant les corps, cherchant celui qui correspondrait pour ce qui voulait faire, quoi que ce fut.

Silencieux comme une ombre, son regard accompagnait Garoth dans sa quête sordide. Il était plaqué contre le mur, la lumière matinale effleurait son bras, la porte était ouverte…

Mais il savait qu'il était inutile d'y penser, l'homme qui s'appelait Garoth l'entendrait forcément, et il avait une arme. Non, sa seule chance, c'était…

Frapper.

L'homme qui s'appelait Garoth avait trouvé ce qu'il cherchait. Il tenait deux chevilles dans ses mains, les pieds, énormes et d'un blanc crayeux, dissimulaient son visage.

Il se redressa, tirant sur les chevilles pour extraire le corps qui glissa avec un désagréable bruit de succion.

C'était le moment, le moment où jamais. Il se glissa derrière l'homme qui s'appelait Garoth et leva son poing, rassemblant tout sa force.

Il frappa.

L'homme qui s'appelait Garoth s'effondra en poussant un gémissement. Il crut qu'il avait réussi, mais l'autre était encore conscient. L'homme qui s'appelait Garoth redressa la tête et le regarda d'un air stupéfait.

" Bergsten ? C'est vous ?"

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"Comment s'annonce la matinée ?"

Avec un "boum !" sonore, Fred laissa tomber son sac tout près de la chaise de Harry.

"Assommante." répondit Ron "Potions et Divination cet après-midi, et Histoire en première heure."

"De quoi tu te plains ? Rien de tel qu'une heure d'histoire bien reposante pour démarrer la semaine !" commenta George en beurrant sa tartine "Vous avez quoi juste après ?"

"Défenses contre les forces du mal." répondit Hermione.

"Ha ouais, le nouveau." sourit Fred "'z'en pensez quoi ?" s'enquit-il en mordant dans sa tartine.

"Rien à redire." fit Ron, laconique.

George haussa un sourcil "Mais encore ?"

"Il sait tenir une baguette et il n'a pas l'air de vouloir nous tuer. C'est bien ce que tu attendais de lui, non ?"

"On a eu qu'un seul cours, ce n'est pas facile de juger." objecta Hermione, par soucis d'impartialité.

"Nos autres profs avaient annoncé la couleur dès le premier cours." intervint Seamus, qui suivait la conversation.

"Exact." ricana Harry "Au bout de dix minutes, on savait déjà tous que Lockhart était un abruti."

"Presque tous." souffla Ron, assez fort pour qu'Hermione fronce les sourcils.

"Je pense que Grahams manque un peu d'assurance, c'est tout." dit Fred

"C'est normal, il n'a jamais enseigné." expliqua Neville.

Harry fronça les sourcils, Hermione posa son bol et Ron, Dean et Seamus dévisagèrent Neville d'un air étonné.

Neville reposa sa tartine, mal à l'aise.

"Ben quoi ?"

"Laisse-moi exprimer à voix haute la question que tout le monde se pose." dit Fred d'un ton moqueur "Comment peux-tu savoir qu'il n'a jamais enseigné ?"

"Oh, je l'ai entendu parler avec McGonagall, vendredi dernier. Elle lui demandait comment avait été la semaine et il a dit "c'était pas trop mal, pour un novice.""

"Ha, vous voyez!" sourit Fred, comme si le renseignement de Neville venait de démontrer l'une de ses théories.

"Ca ne veut rien dire." protesta Dean "Prenez Lupin ; dès le premier cours, il a…"

Un regard de Seamus l'interrompit

"Quoi ?"

"Nous le savons déjà, que tu vénèèèèèèèèère Lupin."

"Mais non," bégaya Dean "c'est juste…"

"A d'autres !"

"Est ce que tu sais Dean," lança George "que Lupin était un super pote du père de Harry ?"

Harry lui jeta un regard surpris, se demandant d'où il tenait cette information.

"C'est vrai Harry ?" s'étonna Dean "C'est sûrement pour ça qu'il à l'avait l'air de bien t'aimer."

Harry haussa les épaules en signe d'ignorance.

"Mais à part Lupin" intervint Ron, revenant au sujet de départ, "tous nos profs de défenses, novices ou non, étaient nuls, non?"

"Faut voir," tempéra Fred, "c'est vrai après tout, Maugrey n'était pas un si mauvais professeur, même si ce n'était pas Maugrey mais un mangemort déguisé dans le but de tuer des élèves."

Personne n'argumentait. Hermione se racla a gorge, l'air mal à l'aise, et chacun dirigea son regard sur son bol.

"Je crois que tu as jeté un froid, vieux." commenta George.

Harry chercha le professeur de défenses contre les forces du mal du regard, mais ne le vit nulle part. Réprimant un sourire, il se demanda s'il allait encore trouver John Grahams errant dans les couloirs cinq minutes après le début des cours.

Son regard glissant toujours sur la table des professeurs, il observa Rogue et Dumbledore qui semblaient en grande conversation, le premier sombre et renfrogné comme à son habitude, le second souriant tranquillement. Derrière eux, Hagrid tendait le bras pour attraper un pichet de jus d'orange et McGonagall surveillait la salle d'un air anxieux.

A côté de Harry, les conversations avaient repris. Il éclata de rire en voyant le pichet de jus d'orange basculer sur un dernier effort de Hagrid. Le liquide inonda la robe de Rogue, qui recula sa chaise dans un mouvement de surprise. En relevant la tête, il croisa le regard de Harry, et une expression proche de la haine passa sur son visage. Le rire de Harry mourut dans sa gorge, il avait un cours de potion en début d'après-midi.

"Non, mais quand même," disait Ron, "je reconnais que l'équipe ne vaut pas grand-chose, mais Keyhn est un super poursuiveur."

"Qui ça ?" marmonna Harry sans quitter la table des professeurs des yeux.

Un homme venait d'arriver, McGonagall se leva aussitôt.

"Keyhn, de Serdaigle, en quatrième année." dit Fred "C'est un poursuiveur. L'équipe est nulle, mais Ron prétend que ce type est doué."

L'homme était grand et brun. Il s'installa à côté de Dumbledore et l'expression maussade de Rogue s'accentua. Harry ressentit un fourmillement désagréable au creux de l'estomac.

"Il l'est. Je l'ai vu joué, jeudi dernier, c'est un nouveau. Je suis sûr que Serdaigle va vous donner du fil à retordre, cette année."

"Ne dis pas n'importe quoi, Ron. Même si ce type se débrouille, on ne risque rien. Cette équipe est nulle."

"Je trouve que l'attrapeur est très bien." intervint Harry sans les regarder

"Tu trouves que l'attrapeur est très jolie, tu veux dire !" ricana Ron, "Mais qu'est ce que tu regardes, là-bas ?"

Harry se tourna enfin vers lui.

"Ce type là, à côté de Dumbledore, vous savez qui c'est ?"

Ron fronça le nez.

"Jamais vu… Pourquoi ?"

Hermione écarta Fred d'un coup de coude.

"Laissez-moi voir… Ho, on dirait…"

"Qui ?" pressa Harry.

"J'ai vu une photo de Goldstein, dans une revue sur le ministère et… Enfin, il était plus jeune, mais… Je crois que c'est lui."

"Goldstein ?" répéta Ron "Le type de la commission de Fudge ? Il devait arriver lundi dernier."

"Il est arrivé lundi dernier." lui dit Hermione.

"On ne l'a jamais vu." objecta Harry.

"Je crois qu'il loge dans l'aile ouest." fit pensivement Hermione "Il ne veut peut-être pas qu'on sache qu'il est là."

"Mais Dumbledore nous a dit lui-même qu'il était là." rappela Fred.

Hermione haussa les épaules.

"Peut-être qu'il n'était pas censé le faire."

Ron lui jeta un regard mi-moqueur, mi-exaspéré.

"Oui, ou peut-être qu'il est très timide et que toi, tu as beaucoup trop d'imagination."

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Lundi matin.

Cette réalité l'avait frappé dès son réveil. Où donc s'était enfuit le week-end ?

Lundi matin.

Il avait passé beaucoup trop de temps à rien faire, réalisa t'il, et il avait oublié cette routine banale et assommante qu'étaient les semaines. Les qui jours s'écoulent lentement, au rythme des sonneries de réveil et des copies à corriger, ensuite le week-end, puis revient le lundi et on recommence.

De nouveau, il lui fallait affronter les sixièmes années de Serpentard, sauf que cette fois, il était prêt.

Ou du moins, il l'espérait. Allez, dis-toi que ça ne peut pas être pire que la dernière fois ! Qui essayait-il de leurrer ? Il avait le sentiment profond qu'avec ces gamins, ça pouvait toujours être pire.

Il s'arrêta devant la porte, et inspira profondément, comme tout bon guerrier qui se respecte avant de se ruer sur le champ de bataille.

A l'attaque…

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… et BANG !

Le bruit que fit son crâne en heurtant la table métallique résonna dans la pièce.

Bergsten ? Andy ?

L'homme qui s'appelait Garoth ne bougeait plus.

Lentement, il le déshabilla. D'abord les chaussures, puis le vieux jean, le pull rouge, enfin le tee-shirt et les sous-vêtements. Ensuite, il revêtit le tout. Le jean, trop large, formait une poche sur le devant et les chaussures lui meurtrissaient les pieds. Il n'y prêta aucune attention.

Avec ses gestes si silencieux, il se pencha à côté de la forme immobile de l'homme qui s'appelait Garoth, et ramassa le pistolet noir. Son contact était froid mais c'était un froid différent de celui qui envahissait la salle. Ce n'était pas la mort, c'était la puissance.

Il coinça l'arme dans la ceinture de son jean, contre sa peau. Puis, d'un pas tranquille, il se dirigea vers la porte, prêt à quitter le monde du silence.

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"Rangez vos livres !" ordonna t'il d'une voix claire " Et sortez vos baguettes !"

Allez vieux, écrase-les ! fit un voix dans sa tête, une voix qui ressemblait étrangement à celle de Sirius.

"Aaah, il va y avoir de l'action !" gloussa Sophia Moore.

"Hé chérie, si tu veux de l'action, je suis là !" lui lança Roger Kumberg avec un clin d'œil.

Et la jeune fille gloussa de plus belle.

Fantastique…

Juste une bande de gosses, montre leur ! fit de nouveau Sirius dans sa tête. Ce n'était pas le Sirius qu'il côtoyait, la voix était moins cynique, plus tranquille. C'était presque le Sirius de Poudlard.

Les élèves se rassemblèrent au milieu en chahutant, et James repoussa les tables d'un sort. Matt, qui, de nouveau plongé dans un de ses livres, n'avait rien vu venir, sursauta quand sa chaise s'éleva de plus d'une dizaine de centimètres du sol, et manqua de s'étaler au milieu des rires.

Sûr que c'est pas gagné !

Reposant son livre d'un geste rageur, Matt s'approcha des autres, prenant toutefois bien garde à rester en retrait.

"Parfait." commença James.

Il se pencha et sortit de son sac un boîte carrée, d'à peu près vingt centimètres de côté.

"Qu'est ce qu'il y a, là dedans ?" murmura Amy Hayden.

"Peut-être que c'est rempli d'araignées." lui répondit Mickael Range qui jouait tranquillement avec sa baguette.

Du moment qu'il ne met pas le feu…

La jeune fille eut un frisson de dégoût et recula d'un pas.

James posa la boîte sur son bureau et se tourna vers ses élèves.

"Là dedans," annonça t'il, "il y a un antedrys."

Les adolescents échangèrent des regards perplexes.

"Est ce que quelqu'un peu me dire ce qu'est un antedrys ?"

"Une grosse bestiole particulièrement moche ?" proposa Jordane Tilson, une fille au cheveux rouges, d'un air narquois.

"Très amusant, Miss Tilson." répliqua James "Quoi, personne ne sait ?"

Non, mais quelle bande d'abrutis… souffla Sirius.

"C'est une dryade qui a mal tourné." lança une voix sur sa droite.

C'était Matt. Matthias Claw savait ce qu'était un antedrys.

"Exact, Mr Claw. Cinq point pour Serpentard."

"Eh !" lança un garçon au cheveux bruns "Mais c'est qu'il en sait des choses, le têtard !"

"Que veux-tu, il faut bien qu'il compense." siffla Jordane Tilson, déclenchant de nouveaux rires.

"Ca suffit !" rugit James.

Tout le monde se tourna vers lui.

"Envolés, les cinq points." ajouta t'il.

"Ooooh !" gloussa Sophia Moore, et James se demanda un instant si elle savait faire autre chose.

"Les antedrys" reprit-il "sont des dryades qui n'ont pas reçu leur arbres. Donc, leur source d'énergie vitale disparaît et leur âme s'éteint."

"Alors c'est un cadavre, que vous avez là-dedans, prof ?" s'enquit Mickael Range et Sophia Moore plaqua une main sur sa bouche.

"Non. ils ont appris à puiser leur énergie ailleurs, pour se maintenir en vie."

"Où ça ?", demanda Jordane Tilson, intriguée malgré elle.

"Dans les arbres morts."

Ce n'était pas James qui avait répondu, c'était Matt, et, cette fois, personne ne se moqua de lui.

"Beuh !" fit Sophia Moore.

"Alors ce sont de méchantes Dryades, prof ?" s'enquit Range, toujours moqueur.

"Si ils parviennent à entendre le son de votre voix, vous êtes perdus, ils le capturent et peuvent faire de vous ce qu'ils veulent."

Jordane Tilson haussa les épaules, déçue.

"Il suffit de se taire, et il ne peuvent rien contre nous."

"Exact, mais il n'est pas si facile de se taire, en présence d'antedrys."

"Pourquoi ça ?"

C'était Amy Hayden.

"Parce qu'ils peuvent créer des hallucinations, des illusions visibles par une seule personne, en se servant de vos peurs, la plupart du temps."

"Des épouvantards à la manque, en gros ?" ricana Kumberg

"Crétin." Siffla Matt.

Alors là, il m'ôte les mots de la bouche.

"S'il vous plaît." intervint-il en voyant que Kumberg allait répliquer.

Le garçon ne dit rien, mais son regard lançait des éclairs.

"A la différence des épouvantards, qui prennent la forme de ce qui vous fait peur, les antedrys, eux, créent une illusion, c'est à dire qu'ils vous enferment dans une sorte de rêve. Quelqu'un a t'il une idée de ce qu'il faut faire pour les combattre ?"

Mine de rien, on est quand même là pour ça…

"Se taire." laissa tomber Tilson.

"Ce n'est pas comme ça que vous sortirez du rêve. Allons, vous ne savez vraiment pas ? Claw ?"

Le garçon hésita un moment.

"Il faut les voir."

"C'est ça. Comment ?"

"En se concentrant, en gardant son calme. Si on y arrive, le rêve apparaît en noir et blanc, et l'antedrys en couleur."

"Mais comment on le neutralise ?" demanda Amy Hayden.

"En l'effaçant." répondit James "La formule, c'est deleo, mais elle ne sera efficace que si vous voyez l'antedrys. Si jamais vous prononcez ce mot sans la voir, non seulement elle ne sera pas "neutralisée", mais en plus elle aura votre voix. Allez-y, dites-le une fois."

La plupart obéirent sans enthousiasme. Seuls Matt et Mickael Range, qui jouait toujours avec sa baguette, restèrent silencieux.

A vos risques et périls, les petits gars…

James attrapa la boîte.

"Celui qui se trouve à l'intérieur est un jeune. Ce qui veut dire que même si vous criez, il pourra pas vous faire de mal ; juste peur."

Les élèves étaient silencieux (miracle !)

"Je vais l'ouvrir." annonça t'il "Dès qu'il sortira, chacun d'entre vous sera plongé dans un autre monde. Le premier qui le voit prononce la formule."

Il jeta un dernier coup d'œil aux adolescents. Tilson avait une expression méprisante sur le visage, Range et Kumberg semblaient bien décidés à prouver que ce n'était pas un petit antedrys qui pourrait les abattre, Sophia Moore était blottie derrière les épaules d'un grand garçon et Matt observait la scène avec un air de suprême indifférence.

Et il ouvrit la boîte.

La créature attendit quelques secondes, puis sortit. Aussitôt, toutes les couleurs de la salle se mirent à vaciller aux yeux de James, les murs devinrent gris, le bureau se changea en une haute cheminée.

Et les cris…

Ce n'est pas réel, ce n'est pas réel, n'oublies pas…

Les sorts fusaient autours de lui, flashs de lumière multicolores.

Et les cris…

Les gens dans leurs habits de fêtes couraient dans tous les sens, le bousculant au passage.

Et ce cri.

Concentre-toi, ce n'est pas réel.

Les tables volaient. Le bois explosait contre les murs dans un claquement sec. Une femme s'effondra à ses pieds, et ne se releva pas. Il resta immobile.

Au loin, il entendit le cri de Sophia Moore, dans un petit coin de son esprit, il se demanda ce qui pourrait bien lui faire peur. Une demi-douzaine de fourmis, peut-être ?

Il se força à oublier les cris. Il fallait qu'il se dépêche, il fallait qu'il efface ce cauchemar avant…

"James… Où est Lily ?"

Avant ça.

Les guirlandes prenaient feu, un enfant poussa un cri suraigu en voyant les flammes dévorer sa manche.

Il savait ce qui allait arriver, et il ne voulait pas voir ça.

Il se concentra, encore et encore, et les images vacillèrent de nouveau. Les couleurs disparaissaient. Il se força à respirer plus calmement. Tout va bien, songea t'il, tout va bien.

Tout son corps tendu à l'extrême, il parcouru la salle dévastée du regard. La scène était comme figée dans le temps. Il observa, observa encore et soudain…

Là.

Ca y était, il le voyait, tout en rouge et vert, juste devant la cheminée. Il n'y avait plus qu'à attendre, maintenant, attendre que l'un des enfants la voit, où qu'il soit forcé d'intervenir pour cause d'hystérie.

Mickael Range poussa un cri sur sa droite, quelqu'un agrippa sa manche ; Jordane Tilson.

"Est ce que quelqu'un la voit ?" demanda t'il.

"Moi" fit la voix de Matt.

Personne d'autre ne répondit. Il était probable qu'il ne l'entendirent même pas.

Il allait dire à Matt de lancer a formule quand, brusquement, il se passa quelque chose d'étrange.

"J'y vais ?" demanda Matt.

Un seconde silhouette apparut non loin de l'antedrys. Une silhouette humaine, colorée.

"Professeur ?"

Il s'approcha, cherchant à détailler l'inconnu, mais il ne voyait pas son visage. Pourtant, il était là, juste devant lui, mais il ne pouvait pas le voir.

"Professeur ?" répéta Matt.

"Oui, allez-y, Claw."

"Deleo !"

Et tout disparut.

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Après tout, ce n'est qu'un bal…

Pour mon fiiiiiiiiiiiils ! avait rugit la voix de Lily, presque inhumaine.

Lily qui avait cessé d'être Lily depuis bien longtemps déjà. Depuis…

Ils m'ont fait mal, papa !

Depuis ce soir de septembre.

Le méchant monsieur… Il m'a…

"Qu'est ce qu'on nous montre l'antedrys, quand on a déjà vécu le pire ?" avait demandé Matt en quittant la classe.

Le méchant monsieur… Papa…

"Pour la prochaine fois, je veux que vous ayez lu les pages 24 à 32 de votre livre. Et ne vous contentez pas d'y jeter un coup d'œil, je veux que chacun soit capable de me les résumer. Peut-être même que j'interrogerait l'un d'entre vous."

Il vit Neville Londubat faire la grimace. Les autres se contentèrent de griffonner plus ou moins rapidement les devoirs dans leurs cahiers, avant de ranger hâtivement leurs affaires.

Et la classe se vida lentement. Les élèves disparaissaient sur un bref au revoir ou un signe de tête, pressés de rejoindre la grande salle pour le déjeuner.

Il ne resta bientôt plus que Harry et Ronald Weasley, près de la porte. Les deux garçons semblaient attendre quelque chose.

"Oui ?" s'enquit James, le regard planté dans celui de son fils.

D'un signe de tête, Harry désigna quelque chose, de l'autre côté. James se retourna et découvrit Hermione Granger, plantée devant son bureau.

"Oui ?" répéta t'il.

"J'aimerais juste savoir si les Stomchicks sont au programme, pour les BUSE."

Il sourit.

"Bien sûr, sinon je ne vous les aurais pas fait étudier. Mais je penses qu'il y a plus de chance pour que vous les ayez en théorie qu'en pratique."

"Pourquoi ?"

Du coin de l'œil, il vit Harry lever les yeux au ciel. Réprimant un sourire, il répondit :

"Parce qu'il est rare d'en obtenir assez pour pouvoir faire passer un examen, tout simplement."

"Donc, selon vous, il y a de grandes chances pour qu'on les ait à l'examen théorique, c'est ça ?"

"Hermione…" grogna Weasley.

James éclata de rire, et ressentit un étrange fourmillement dans le ventre en réalisant qu'il en était encore capable.

"Je n'ai jamais parlé de grandes chances, Miss Granger. Ne me faîtes pas dire ce que je n'ai pas dit !"

"Mais d'après vous, est ce que…"

"Il n'a pas les sujets, Hermione." rappela Harry.

La jeune fille rougit.

"Mais je n'ai jamais demandé…"

James sourit.

"Allons, Miss Granger, je suis sûr qu'une élève telle que vous n'aura aucun problème avec l'épreuve de BUSE, cessez donc de vous inquiéter."

"Oh… C'est vrai, vous… vous croyez ?"

Il fallait lui reconnaître qu'elle faisait de son mieux pour avoir l'air modeste. James réprima un nouvel éclat de rire.

"Absolument."

"Bon, tu es rassurée, maintenant ?" demanda Weasley, un peu moqueur.

Elle lui adressa une grimace et récompensa James d'un sourire rayonnant.

"Merci, et je v…"

"Aïe !"

James se tourna vers la porte en même temps qu'Hermione. Appuyé contre le mur, Harry se tenait le front en grimaçant.

"Potter ?"

Dieu comme le nom sonnait bizarrement.

"Potter, ça va ?"

Harry grimaça un sourire.

"Oui… Je me suis cogné… Quel idiot !"

Weasley eut un rire qui sonnait faux.

"On ferait mieux d'y aller, avant que Harry ne s'assomme vraiment."

Hermione acquiesça vivement.

"Oui. Merci beaucoup, Mr Grahams."

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Il y avait longtemps que cette idée lui trottait dans la tête. Plusieurs mois, déjà. Il savait très bien que ce ne serait pas la solution miracle, il n'était pas stupide. Ce n'était pas cela qui leur ferait oublier, non, mais peut-être, seulement peut-être, ça pourrait les guérir.

Lily se brossait les cheveux devant le miroir. Ses gestes étaient lents et réguliers. Sa longue robe de soie bleue clair découvrait ses épaules, et sa peau blanche semblait plus pâle encore sous les cheveux flamboyants.

"Lily ?"

Elle ne répondit pas. Elle ne répondait jamais. Mais ses yeux cherchèrent les siens dans le miroir.

Elle l'écoutait.

"Tu es sûre que tu veux y aller, chérie ?"

Elle ne répondit pas tout de suite. D'un geste tranquille, elle reposa la brosse sur la coiffeuse.

"Et toi, James, veux-tu y aller ?"

Il sourit brièvement.

"Pas tant que ça, mais je n'ai pas vraiment le choix. Tous les Aurors doivent être là-bas."

Elle acquiesça.

"Dans ce cas, J'irais avec toi. Après tout, ce n'est qu'un bal."

Et elle reprit sa brosse.

"Lily ?"

Cette fois, elle ne le regarda pas.

"Oui ?"

"Je me disais, tu sais…"

Oh, mon dieu. C'était le pire début possible.

"Je me disais… Que j'aimerais…"

Elle se tourna vers lui.

"Qu'aimerais-tu, James ?" sa voix était parfaitement neutre.

"Avoir… Un autre enfant."

Voilà, c'était dit. L'expression de Lily se figea.

"Un… Un enfant ?"

"Oui."

Elle se leva, s'approcha de lui, presque éperdue.

"Je… Je ne peux pas, James… Harry…"

"Harry est mort." souffla t'il.

Déjà les larmes revenaient.

"Il a tout emmené, James. Quand il nous l'ont pris, ils ont tout pris."

"Mais il faut bien reconstruire, maintenant ! Ca fait cinq ans, Lily !"

Elle ne pleurait pas, elle. Il y avait des mois qu'elle ne pleurait plus, qu'elle était au delà des larmes.

"On ne peut pas reconstruire, James. Je ne peux pas."

Un sanglot le secoua, et elle le regarda bizarrement, comme si elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait.

"On en reparlera après le bal… D'accord ?"

Il la suppliait. Il désespérait, et elle le voyait bien. Alors, elle sourit. Elle qui ne souriait plus. Peut-être avait-elle vu, peut-être avait-elle sentit, qu'il n'y aurait pas d' "après le bal".

"D'accord, James."

Après tout, ce n'était qu'un bal.

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