C'est une fenêtre qui m'a toujours semblée vide. J'ai beau regarder à travers, l'ouvrir et observer, elle ne donne sur rien du tout.
Comme si il y avait un mur juste devant.
Tout ceux qui regardent à cette fenêtre me disent qu'ils y voient un grand jardin, comme un paradis. Que ça ressemble à tout sauf à la Terre. Et je soupire toujours. Moi je ne vois rien.
Cette fenêtre devrait normalement donner sur mon jardin. Enfin, celui de la maison. Mais je ne vois rien.
L'habitude? L'ennui? les deux sont un peu liés.

Il y a quelques années, j'étais tellement intrigué par cette fenêtre sur le néant que je suis déscendu dans le jardin pour verifier si elle était toujours là, si elle était bien dans la maison, si elle existait bien.
Elle était là, à sa place et elle me riait au nez. Rien à faire tout est noir.

Il fallait que cette fenêtre soit celle de ma chambre. Une chambre sur le néant, et il y fait froid.
On entend les secondes passer, lentenement, comme une musique. On s'imagine une mélodie, on essaie de la faire coller au rythme, on tourne les yeux vers la fenêtre, et tout s'éteint. Elle est là. Et elle chuchotte "Derrière moi, il n'y a rien, ni lumière, ni image, ni seconde, ni paradis"
Et il n'y a plus rien à faire.

Un jour, tu m'as demandé de t'aider à une chose quelconque, peu importe. Ce jour, tu es venu chez moi. Tu as voulu voir ma chambre. "Wow! Elle est géniale la vue ici"
Toi aussi tu vois quelque chose alors. "J'adorerai avoir une vue pareille de ma chambre! T'as vraiment de la chance Atobe"
Moi je n'ai pas la chance de pouvoir voir à travers cette fenêtre.
"Ca te dérange pas que je reste un moment à la fenêtre"
"Pas du tout, Jirou, vas-y"
Tu as regardé plus d'une heure à cette fenêtre. J'ai tourné la tête vers toi et je l'ai vu, ce paradis que tout le monde me décrivait en se penchant à cette fenêtre. Toutes ces choses merveilleuses que tes yeux, et tes yeux seuls, peuvent capturer.
C'est alors que je me suis rendu compte de quelque chose. Tout ce qui se reflète dans tes yeux ressemble au paradis.

Tu as regardé plus d'une heure à cette fenêtre, et j'ai passé plus d'une heure à sourir en te regardant.
Et pour ça, je t'adore.