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L'OMBRE DU PASSE

Chapitre 8

Rogue s'éveilla le corps douloureux et se figea en se sentant emprisonné dans deux bras puissants. Il tourna la tête et observa sans émotion le visage endormi de Glinon Finch.

Ca y était, il se rappelait. Ils avaient couché ensemble.

L'expression lui sembla crue et vulgaire.

Il voulu se dégager de l'étau qui le maintenait au lit puis y renonça.

Il ne voulait pas blesser son professeur.

Il ne voulait pas rendre la situation plus sordide qu'elle ne l'était déjà.

Laborieusement Rogue se tourna sur le dos et observa les fissures sur le plafond, l'esprit vide.

Enfin, l'homme massif à ses cotés s'agita, signe de son éveil.

« Grmmlmlllm… 'Tain de lit… Trop étroit… »

« C'est un lit d'une personne, c'est pour cela qu'il vous semble étroit. »

Finch ouvrit un œil et sourit.

« Salut, toi… »

Il prit le menton de Severus d'une main et tourna son visage vers lui afin de l'embrasser. Au bout d'un court instant, il s'écarta, perplexe.

Rogue n'avait pas répondu à son baiser.

Finch se racla la gorge.

« Ca va ? »

« Très bien. Et vous ? »

Il s'agissait de politesse, rien d'autre.

Rogue ne ressentait plus rien.

Rien du tout.

Pour personne.

C'était… Agréable.

Il se leva, alla vers la salle de bain et, avant de fermer la porte derrière lui, murmura :

« Merci. »

Finch se laissa retomber sur le lit et se couvrit les yeux de son bras.

Harry ne savait quoi dire après ce qu'il venait de voir.

Il ne savait surtout quoi penser, si ce n'était qu'il avait le feu aux joues.

Rogue et Sirius restaient murés dans le silence.

Harry aurait bien voulu leur parler, mais déjà une nouvelle scène se déroulait sous ses yeux.

Alastor Maugrey, plus jeune de quelques années, son œil et sa jambe intacts comme preuve, se tenait assis à une longue table, compulsant un dossier.

A ses cotés, une dizaine de sorciers, conservant un silence pesant, les yeux fixés sur un jeune homme qui se tenait debout devant eux, à quelques pas de la table.

Rogue.

Son visage reflétait une indifférence fictive, la vigilance couvant au fond de ses yeux.

De temps à autres, Maugrey lui jetait des coups d'œil peu amènes.

Enfin, il tourna la dernière feuille de l'épais dossier et se redressa, grognant de sa voix gutturale :

« Vous nous posez un problème, monsieur Rogue… »

Il laissa ses mots faire leur chemin dans l'esprit du jeune homme et poursuivit.

« Vos résultats sont au-delà de tout ce que nous avons pu voir à Canterbury auparavant. Vos capacités font de vous l'égal de n'importe quel auror confirmé. Vous avez un sang froid, une maîtrise de vous-même presque effrayants. En revanche, vous faites montre d'un manque total de respect envers l'autorité… Et nous n'avons que faire d'un auror incapable d'obéir aux ordres… Vous représentez un problème… »

Une vieille sorcière au visage parcheminé remonta ses lunettes sur son nez et chuchota avec fiel :

« C'est un serpentard, ne l'oublions pas. »

Un autre intervint.

« Cela n'a rien à voir. Cela ne DOIT pas avoir quelque chose à voir avec notre Ordre. Il s'agit d'une maison de Poudlard, rien d'autre. »

La sorcière eut un ricanement méprisant.

« CELA a à voir. Le choipeau est un dangereux petit objet. Précieux, intelligent, mais dangereux. Et il y a eu un précédent. »

Maugrey acquiesça et renchérit.

« Deux, si on compte cette vieille ganache de Salazar. »

Un sorcier intervint.

« Nous ne pouvons nous passer d'une main d'œuvre talentueuse en cette sombre époque pour quelques doutes. Je vous rappelle que vous-même avez tendance à faire fi des directives, Alastor. »

Maugrey sourit et reporta son attention sur Rogue qui n'avait pas bougé d'un centimètre.

Il s'ennuyait ferme. Cette bande de croulants parlait de lui comme s'il n'était pas dans la même pièce.

« C'est bon, Rogue. Vous êtes admis. Arrêtez de faire cette tête d'enterrement. »

« Quel grade ? » Demanda abruptement le jeune homme.

Maugrey sourit méchamment et jeta un coup d'œil méprisant à ses collègues.

« Nettoyeur, puisque telle est la volonté du conseil. Vous n'aurez pas le temps de fêter cela, vous partez au feu tout de suite. »

Rogue retint un sourire.

Quelle mascarade de jury. Ils savaient déjà qu'il serait nettoyeur avant même qu'il ne pénètre dans la salle du Conseil des Aurors. Ils lui avaient fait cette comédie pour lui faire peur, voire lui enseigner l'humilité. Ils étaient si transparents…

« Quelle est la mission ? »

« Démanteler un réseau de magie noire. »

« C'est tout ? »

Maugrey sourit méchamment.

« Il s'agit du réseau naissant de sorciers sombres aux ordres d'un homme qui se fait appeler Voldemort. »

Severus haussa un sourcil.

« Moins facile que vous ne le pensiez, hein ? Celui qui se fait appeler Voldemort – Nous n'avons aucune trace dans nos archives d'un sorcier de ce nom, ce qui laisse à penser qu'il s'agit d'un pseudonyme – commence à devenir dangereux. Son ascendance sur les sorciers de tous pays a pris un essor inquiétant ces dix dernières années. Les exactions des membres de son groupe de fidèles, qui s'appellent eux même « mangemorts », sont de plus en plus brutales et meurtrières. Vous avez lu les articles, n'est-ce pas ? »

Rogue agita la main.

« Rien de bien passionnant dans la gazette du sorcier. Pas de détails intéressants. Pour la presse, il semble qu'il s'agisse d'actes isolés et sans liens entre eux. Il n'y a que des entrefilets. »

Maugrey sourit encore.

« C'est nous qui alimentons et censurons la presse. Nous ne voulons pas d'un état de panique générale. La presse n'a pas la possibilité de lier les meurtres entre eux étant donné qu'il lui manque certains éléments quant aux meurtres. »

« C'est-à-dire ? »

« Oh, ça va vous intéresser, je pense… Les meurtres ont été perpétrés de la même manière à chaque fois : Les victimes sont toutes mortes sur le coup, foudroyées par un sort de magie noire non répertorié, tuées net, sans bavure, sans écoulement de sang, sans le moindre signe de lésion. Les victimes sont mortes, c'est tout. Cela vous rappelle quelque chose ? »

Rogue avait la gorge soudain sèche.

« Avada Kedavra, le sort créé par mes parents il y a 10 ans. C'était une commande d'un sorcier adepte de magie noire… »

« Exactement. Il se pourrait que le chef de cette bande de sorciers, de ces « mangemorts » soit la même personne que celle qui a tué vos parents, ces pauvres bougres qui ne savaient pas ce qu'ils faisaient et surtout pas pour qui. Vous comprenez maintenant mon hésitation à vous confier cette mission. »

« Je n'en ferai pas une affaire personnelle. Ce qui m'importe est de débarrasser notre communauté des sorciers noirs. C'est ma mission. Les sentiments personnels n'entrent pas en ligne de compte. »

« Bien. Gardez cela à l'esprit. Vous partez demain pour le Surrey. Nos sources indiquent que les mangemorts se rassembleraient là bas. »

Rogue s'inclina et sortit.

Plus facile qu'il ne l'avait cru.

Il s'était montré enfin.

Maintenant, il n'avait plus qu'à le traquer et à remonter la piste.

Les rires allaient bon train dans la taverne, la bière qui coulait à flot tentait avec succès de faire oublier la pluie diluvienne qui crépitait à l'extérieur.

Personne ne faisait attention à l'homme qui sirotait un thé, enfoncé dans une banquette au fond de la salle.

Les bords du col de son manteau lui remontaient sur les joues, comme s'il tentait de se protéger du froid humide.

Rogue jeta un regard irrité à ces moldus bruyants qui n'avaient aucune idée de ce qui allait se passer sous leurs yeux.

Avec un peu de chance, son contact ne ferait pas trop de vagues.

La cloche au dessus de la porte d'entrée tintinnabula joyeusement et le nouveau venu fut accueilli avec force clameurs et applaudissements. Applaudissements qui moururent tous seuls lorsque les clients constatèrent qu'il ne s'agissait pas d'un habitué assez courageux pour affronter la tempête, mais d'un deuxième inconnu. Encore un qui ne faisait que passer, en attendant que la pluie se calme. Encore un qui allait commander un de ces alcools de femmelette que ces bon dieu de touristes citadins buvaient comme du petit lait… Du Sherry, franchement…

L'homme fit un gracieux sourire aux habitués tout en fouaillant la salle des ses petits yeux acérés.

Il s'avança directement sur Rogue et lança, sur le ton, de la conversation, mais suffisamment fort pour être entendu des plus proches curieux :

« Aaah ! Vous étiez là Edward ! Je me disais bien qu'avec cette pluie, vous ne pouviez venir jusqu'à Brigthon Cottage. »

Rogue le dévisagea longuement tout en récitant :

« En effet, Dieter… Quel dommage, ce temps… Vous qui espériez découvrir les charmes de la campagne anglaise en été… »

« C'est charmant quand il ne pleut pas. Si nous attendions que cela se calme ? Anastasia a mis le repas au chaud en nous attendant. »

Il hocha la tête et attendit que Karkaroff s'assied et se commande un café. Discrètement, Rogue lança un sort de distorsion du son, donnant l'illusion que les deux hommes entamaient une discussion animée sur la bourse. Puis les deux hommes se penchèrent l'un vers l'autre pour chuchoter.

« Je suis Karkaroff. Vous êtes Rogue ? »

« A votre avis ? »

« Il faut bien que je m'en assure… Il y a tellement d'aurors qui traînent dans le coin, en ce moment… Pour le maître, vous savez… »

Rogue fit un lent sourire.

« J'ai assuré mes arrières… Et vous ? »

« Aucun souci… Le maître a beaucoup d'influence et beaucoup de pouvoirs. »

« Je sais… C'est pour cela que je souhaite le rencontrer… On ne fait que me parler de lui depuis des mois, mais personne n'a été capable de me donner son nom… Son VRAI nom. »

« Mais le maître n'a qu'un seul Nom. Il se l'est lui-même donné, coupant les ponts avec un passé qu'il souhaite oublier. Et son Glorieux Nom sera bientôt sur les lèvres de tous… Il est si fort, si puissant ! Grâce à lui, nous retrouverons nos lettres de noblesse et les autres, ceux qui nous méprisent seront bien forcés de se rallier à notre cause… S'ils ne le font pas, ils mourront… Il vaut mieux être du côté du maître, oh oui, croyez moi ! »

Rogue garda le silence, observant les regards chassieux que Karkaroff jetait autour de lui.

« Il est mort de trouille. Il ne tient avec son « maître » que par intérêt. Cela me servira… »

Il murmura avec douceur :

« Je veux bien le croire. Si la puissance est de son côté, je le serai également. »

Par contre il se retint de dire que si ce sorcier se révélait être celui qu'il pourchassait depuis si longtemps, alors en effet, il serait à ses côtés, de façon à pouvoir être le premier à le tuer.

Karkaroff lui adressa un sourire radieux.

« Il parait que vous étiez élève à Poudlard. »

Rogue sourit méchamment.

« Vous êtes bien informé. »

« Je vous l'ai dit, le maître ne souhaite pas voir d'aurors chez lui…Trop dangereux. Donc Poudlard, c'est bien cela ? »

« Maison Serpentard, mais vous le saviez déjà… »

« Bien entendu. Bon nombres de nos compagnons britanniques sont issus de cette maison. Poudlard change, elle aussi. Bientôt, les enfants chanteront les louanges du maître. »

« La pluie se calme. Allons le voir, je meurs d'envie de le rencontrer enfin. »

Le manoir dans lequel ils pénétrèrent était vétuste et délabré. Rapidement, Karkaroff le mena jusqu'à l'entrée d'une cave.

« Vous avez de la chance, le maître ne reçoit pas, ce soir… »

« C'est-à-dire ? »

« Il n'y a pas beaucoup de mangemorts ce soir. Le maître vous recevra tout de suite. »

Rogue hocha la tête et nota dans un recoin de son esprit le luxe outrancier présent dans les vastes caves, contrastant totalement avec le dénuement apparent du manoir.

Il fronça le nez en sentant certaines odeurs.

« Qu'est-ce que vous faites, ici ? »

Karkaroff se permit un sourire et répondit, l'air de ne pas y toucher :

« Des messes noires ? »

Il se racla la gorge devant le regard glacial de son « invité ».

« Nous… Euh… « Passons le temps » pendant que le maître est occupé. »

Rogue frissonna. Il n'avait pas plus que ça envie de savoir ce que les mangemorts faisaient pour « passer le temps ». Ca n'avait pas l'air très, très net…

« Qui ça, « nous » ? »

« Les mangemorts, voyons… »

« Je sais. Je voulais juste savoir qui précisément. Je les connais peut être… Cela me plairait assez de revoir d'anciens condisciples… »

« Ca, c'est l'un des grands secrets du maître. Il est le seul à tous nous connaître. »

« Vraiment. Pourtant, vous vous réunissez, non ? »

« Le maître tient à ce que chacun vienne incognito. De cette façon, dans l'éventualité où des aurors parvenaient à s'introduire chez nous, ils ne pourraient mettre aucun nom sur les mangemorts. »

« C'est très prudent de la part du maître. »

« Il viendra un jour où nous n'aurons plus besoin de nous cacher, où nous pourrons fouler un sol purifié, où le maître régnera sur le monde. Ce jour bénit viendra bientôt, dès que la prophétie du promis sera contrecarrée. »

« La prophétie du promis ? »

Karkaroff rougit violemment.

« Je ne devais pas apprendre cela… Qu'est-ce que c'est que cette prophétie ? »

« Tu parles trop, Igor. »

Rogue sentit un long frisson lui remonter l'échine.

Cette voix…

« Maître ! »

Rogue fouilla l'obscurité de ses yeux, cherchant fiévreusement l'origine de cette voix basse et mélodieuse.

« C'est moi que tu cherches, Severus Rogue ? » Murmura la voix juste derrière lui.

Il se retourna brusquement et déglutit en se trouvant nez à nez avec un homme sans âge.

Voldemort était immense, mais son corps fin semblait presque diaphane, fragile. Ses longs cheveux argent encadraient un visage mince et lisse. Il était impossible de lui donner un âge précis. Son visage semblait presque juvénile alors que son regard brillait d'éternité.

« Je ne sais pas… » Répondit à regret Severus.

Cet homme ne ressemblait en rien au meurtrier de ses parents.

« Non ? Tiens donc… Viens avec moi, Severus Rogue. Je pense que nous avons à parler… Igor, il n'est pas utile de nous accompagner. » Lâcha le sorcier en se dirigeant vers un dais sombre.

Rogue lança un dernier regard à Karkaroff qui restait coi, visiblement vexé.

Voldemort grimpa quelques marches et s'installa confortablement sur un siège qui tenait plus d'un trône que de la bête chaise de cuisine.

« mégalo, hein ? »

« Severus Rogue. Je t'attendais depuis longtemps… »

Rogue s'étonna franchement.

« Moi ? »

« Tous les sorciers de talent finissent par me rejoindre. Ceux qui ne le font pas meurent. Je savais que tu viendrais à moi. Tôt ou tard… »

« Est-ce que je vous connais ? »

Voldemort sourit.

« Non. Mais cela viendra. Approche. »

« Quoi ? »

« APPROCHE ! »

Severus s'ébranla malgré lui, envoûté par les puits d'ombre qu'étaient les yeux de Voldemort.

Il monta les quelques degrés le séparant du sorcier noir et s'agenouilla, incapable de contrôler son propre corps.

La main blafarde de Voldemort lui caressa la joue.

« Ne sois pas mortifié, mon jeune ami. Tu es très puissant. Et très doué. Mais c'est insuffisant face à moi. Nul ne peut me vaincre. Pas même toi. »

« Je vous connais. » Il en était convaincu à présent.

« Ah bon ? »

« Mon nom… N'évoque rien pour vous ? Vraiment ? »

Voldemort continuait de lui caresser la joue, souriant.

« Et le nom de Tom Elvis Jedusor ? »

La caresse s'interrompit un bref instant.

« C'est le nom d'un homme, d'un sorcier qui s'est présenté à la porte du laboratoire de mes parents. J'avais 10 ans. Je me souviens à peine de son visage. Ce n'est pas le vôtre. »

« Les hommes changent, Severus. Les sorciers qui, comme moi, cherchent à atteindre la toute puissance sont amenés à changer. Je n'ai plus la même apparence qu'il y a 10 ans. Je ne suis plus le même homme qu'il y a 10 ans. Je ne suis plus Tom Elvis Jedusor… »

Rogue hurla de rage et ses mains se gonflèrent d'énergie.

Les éclairs lui parcourant les bras mirent le feu au dais sombre et la vague d'énergie fit éclater le trône en sciure.

Voldemort éclata d'un rire qui résonna dans la sombre salle alors qu'il restait invisible aux yeux de Rogue.

Par quelle magie…

« Tu es amusant, Severus Rogue ! Tu me plais ! »

« JE VAIS VOUS TUER ! » Hurla le jeune homme, incohérent dans sa rage, en tournant sur lui même.

Un souffle effleura son oreille.

« Cela me plairait bien que tu réussisses. Cela prouverait que j'ai eu raison sur ton compte. »

Rogue se tourna vivement.

Personne.

« OU ETES VOUS ! »

Il perdait tout contrôle.

Il l'avait retrouvé, celui qui, d'un mot, d'un geste, avait tué ses parents sous ses yeux. Celui qui l'avait regardé avec tant de froideur, d'indifférence, comme s'il ne valait même pas la peine d'être supprimé.

Il avait eu tort de lui laisser la vie.

Il allait payer.

Un rire moqueur résonna dans toute la pièce.

« Pauvre gamin… Pauvre gamin incapable. Je me demande si je n'ai pas commis l'erreur de surestimer tes capacités… Tu n'es même pas capable de me retrouver… »

« JE VOUS… »

Une main puissante le saisit par la nuque et le plaqua au sol.

La voix basse et douce résonna à nouveau à son oreille.

« Tu veux me tuer ? Tu le souhaites du plus profond de ton âme. Ta puissance est immense… Mais elle est insuffisante face à moi. Si tu veux me tuer, il va falloir que tu deviennes plus fort… Bien plus fort… Je peux t'aider… Si tu restes prés de moi… Si tu me sers… Fidèlement… Alors, je ferai de toi un sorcier puissant… Assez puissant pour me tuer… Qu'en dis tu ? »

Rogue avait les yeux exorbités.

Sa haine oblitérait toute conscience, tout raisonnement cohérent. Une seule chose le rongeait, son désir de tuer Voldemort.

« Je… Vais… Vous… Tuer… »

« C'est bien… C'est bien, jeune Severus Rogue… Tu me serviras fidèlement ? »

Une lueur de meurtre passa dans le regard ivre du jeune homme, faisant éclater de rire Voldemort.

« J'entends par là : vas tu me servir fidèlement afin d'apprendre de moi ce qui te sera nécessaire pour me tuer ? »

Rogue montra les dents et cracha :

« OUI ! »

De sa poigne d'acier, Voldemort releva le jeune homme, le gardant dans ses bras, plaqué contre son buste.

« C'est bien… Mon cher petit… C'est bien. Je vais te donner un premier cadeau… Un premier présent… D'autres suivront… »

Lui relevant le menton d'une main autoritaire, il lui donna un long baiser.

Rogue grogna, hésitant à mordre la langue du monstre qui le tenait sous sa poigne.

La main lâcha le menton et courut sur le bras de Severus et Voldemort, d'un geste brusque, arracha les trois manches du manteau, de la veste et de la chemise de Rogue, dénudant sa peau hérissée de chair de poule.

Contre les lèvres du jeune homme, Voldemort murmura :

« Mon cadeau, Severus… Et le gage de ta fidélité incompressible. »

Il enfonça son doigt dans la peau blanche qui fondit sous la chaleur, tirant de Rogue un hurlement de douleur.

Lentement, Voldemort dessina sur la peau de sa victime de fines arabesques de feu, insensible aux gémissements de pure souffrance qui émanaient du jeune homme convulsant entre ses bras.

« Du calme, Severus. Un peu de courage… C'est presque fini… »

Enfin, Voldemort retira sa main et laissa Rogue s'effondrer, sanglotant, sur lui-même.

Le sombre sorcier l'observa un long moment puis le releva.

« D'autres présents t'attendent, Severus… Je pense que je vais faire de toi mon favori… Mon petit animal de compagnie. Tu es très beau, le sais tu ? Non, bien sûr que tu ne le sais pas… Quand tu te regardes dans un miroir, que vois tu donc ? Une jeune homme pâle, aux cheveux trop longs et trop sales, aux joues trop maigres, au nez trop grand et crochu, aux yeux trop enfoncés et aux dents mal plantées… Mais tu es beau à mes yeux. Tu es même magnifique, avec ton regard qui me défie et tes lèvres qui grimacent… Je ne voudrais pas que mes fidèles ne t'abîment pendant l'une de leurs orgies… Je vais donc te garder avec moi… Mon petit Severus. »

Il transplana avec lui dans une chambre au luxe discret et le déposa sur le lit.

Avec une lenteur calculée, il le dévêtit, sans la moindre compassion pour les frissons de douleur qui parcouraient le corps du jeune homme. Puis, nu à son tour, se glissa sous les draps.

Sentant une main froide lui caresser le torse, Rogue ouvrit les yeux d'un coup et, repoussant la douleur qui pulsait dans son bras droit, tenta de s'échapper.

La poigne de Voldemort le plaqua sur le matelas.

« Allons, Severus… Il ne te viendrait quand même pas à l'esprit de repousser ton maître, n'est-ce pas ? »

Rogue voulut hurler mais la bouche de Voldemort recouvrit la sienne.

Il se débattit, lui mordant les lèvresà en faire couler le sang et Voldemort fronça les sourcils, mécontent.

« Tu n'es guère obéissant… Je crois que je vais devoir te mater… IMPERIO ! »

Rogue faillit en pleurer de rage.

Son corps ne lui obéissait plus, répondant avec ardeur aux caresses de Voldemort.

Il ne pouvait plus hurler, il ne pouvait plus griffer, il ne pouvait plus repousser son violeur…

Il ne pouvait plus vomir en sentant les lèvres de Voldemort sur sa peau, sur son corps.

Il ne pouvait plus empêcher son corps de réagir avec passion aux attouchements du monstre qui le contrôlait.

Tout ce qu'il pouvait faire, c'était retenir ses sanglots de rage alors que Voldemort le pénétrait sans douceur, grondant de satisfaction.

Tout ce qu'il pouvait faire, c'était regarder, au loin le visage compatissant de Finch et celui, dégoûté, de Sirius.

A suivre…