L'ombre du passé

Chapitre 9

« Je suis désolé que vous voyez cela, Potter. Ce n'est pas… Enfin, un enfant ne devrait pas assister à tout cela… » Murmura Rogue d'une voix atone.

Harry aurait voulu se cacher les yeux de ses mains, seulement, il ne pouvait pas. Il devait assister à tout sans pouvoir détourner le regard.

Sous ses yeux, Voldemort, assis devant le miroir d'une coiffeuse lissait sa longue chevelure d'argent avec une brosse. Son peignoir de soie noire enfilé à la va vite laissait son corps maigre dénudé.

Il reposa sa brosse puis rajusta l'étoffe.

Allongé sur le lit, le visage impassible, Rogue l'observait.

Il ne ressemblait en rien au Tom Jedusor qui s'était présenté chez lui 10 ans plus tôt.

Le souvenir était encore vif dans sa mémoire.

Il le gardait si précieusement…

Mamie était malade, à cette époque et maman ne pouvait pas le faire garder ailleurs.

Maman et papa avaient peu d'amis.

Et lui était trop jeune pour aller à Poudlard, ce serait pour l'automne prochain.

Il avait hâte.

En attendant, maman l'avait emmené au laboratoire avec comme consigne de jouer gentiment et de ne toucher à rien.

Il s'était donc installé sous une table avec ses jouets.

Papa et maman avaient commencé à travailler sur un projet pour le ministère de la médecine magique quand quelqu'un avait frappé à la porte.

Papa avait ouvert et un homme était entré.

Il était grand, les cheveux d'un noir de jais, méché de blanc.

Il avait la quarantaine, un visage rond et agréable et des yeux brun brillant.

Il avait une commande pour papa et maman, un projet concernant la magie noire, un sort permettant d'ôter la vie, purement et simplement, sans douleur, sans blessure.

Maman et papa s'étaient entreregardés.

Créer un sortilège pouvant tuer ? C'était contraire à la déontologie, contraire à la loi, non ?

Mais il ne s'agissait pas de créer pour utiliser mais de créer pour comprendre. L'homme avait longuement étudié le fonctionnement de la vie et souhaitait désormais comprendre celui de la mort. Or, les seuls cas qu'il pouvait étudier étaient des gens mourant à la suite de blessure, de vieillesse, de maladie. Aucun ne mourait de la mort même.

Papa avait semblé intrigué et maman, séduite.

Ils avaient discuté longtemps avec l'homme.

Ce soir là, maman avait dit en riant que c'était un bel homme, ce qui avait vexé papa.

Il était revenu souvent. Son projet intéressait beaucoup papa et maman.

Puis un jour, il vint pour la dernière fois.

Maman et papa lui avaient montré le sort qu'ils avaient créé pour lui, mais ils étaient inquiets. C'était vraiment un sort puissant. Un sort mortellement puissant.

Ils disaient qu'empiriquement, ce stade de création était inégalé et que c'était une véritable avancée scientifique. Mais ça restait un sort de magie noire, un sort qui donnait la mort.

Mr Jedusor avait hoché la tête, puis il avait sorti sa baguette et avait récité le sort créé par papa et maman, l'utilisant contre eux.

Severus était sorti de sous la table où il jouait et s'était précipité sur Mr Jedusor.

Mr Jedusor l'avait regardé avec indifférence puis l'avait stupefixé.

L'homme qu'il avait en face de lui n'avait physiquement strictement rien à voir avec celui qui avait tué ses parents 10 ans plus tôt.

Voldemort était plus grand que Jedusor, plus… Long… Il n'y avait pas d'autre terme… Il semblait s'être allongé.

Son visage était plus fin, plus hâve, sans être maigre. Et sa peau n'avait pas pris une ride, en perdant même, gagnant en lisseur. Son teint était pâle et ses yeux, qu'il avait cru bruns de prime abord, rougeoyaient.

Ses cheveux, jadis noirs et méchés de blanc par l'âge étaient devenus intégralement gris argent.

Sa voix, par contre, était la même.

Basse, mélodieuse, presque séductrice tant elle était rauque.

Voldemort s'assit sur le bord du lit et caressa le visage de son mignon.

« Tu as bien dormi ? »

« … »

« Tu m'en veux ? Tu me détestes ? C'est bien. Aujourd'hui débute ton enseignement. Oublie tout ce que Dumbledore t'a enseigné. Oublie tout ce que le CAH a pu te dire sur la magie noire. Aujourd'hui, tu vas Apprendre… »

« Pourquoi m'avoir laissé venir à vous ? »

« Pardon ? »

« Vous saviez que j'étais un auror, n'est-ce pas ? Pourquoi n'avoir rien dit à Karkaroff ? »

« Je t'ai envoyé cet imbécile car il est suffisamment obtus pour louper un dragon dans un couloir de nain… Ton plan de te faire passer pour un sympathisant en magie noire de façon à nous rejoindre était cousu de fil blanc. Tu as beau être un sorcier puissant, tu es rigoureusement nul en stratégie… »

« Pourquoi ne pas m'avoir tué ? Pourquoi avoir fait tout ça ? »

Voldemort sourit.

« Parce que j'ai fait un pari. Il y a 10 ans, j'ai fait le pari de laisser en vie un gamin afin de voir ce qu'il ferait de sa vie. J'ai fait le pari que tu viendrais jusqu'à moi avec des envies de meurtre et que, dans ton appétit de puissance, tu te laisserais séduire par mon obscurité. Et j'ai gagné. Tu es venu. Tu m'as rappelé le meurtre de tes parents. Tu as essayé de me tuer. Tu m'as cédé. Tu es mien. »

Rogue ferma les yeux.

Stupide.

Il avait été stupide.

« Ne te morfonds pas, mon jeune ami. Tu vas acquérir plus de puissance que tu n'en as jamais rêvé… C'est un bon compromis, non ? »

« Pourquoi ? »

« Pourquoi quoi ? »

« Votre apparence… Votre visage… »

Voldemort lui caressa gentiment la tête en souriant.

« Cela fait des années que je me transforme… Des années que je suis le cobaye de mes propres expériences… Ma taille a augmentée mais pas mon poids. Par contre, je suis plus rapide qu'un sorcier normal. Mon visage s'est creusé… Mes yeux me permettent de voir dans le noir… Je cherche à atteindre un seul et unique but. C'est pour cela que j'ai rencontré tes parents…Ils m'ont donné une arme, une arme magnifique… Le sortilège d'avada kedavra… Je ne cherchais pas une arme pour l'utiliser quand je les ai contactés… Je cherchais une arme mortelle, une arme contre laquelle rien ni personne ne puisse se défendre, non pas pour régner par la terreur mais pour être sûr qu'il existe un sortilège imparable… »

« Je ne comprends pas… »

« Un jour, j'utiliserai avada kedavra contre moi même… Et cela n'aura aucun effet. Je ne mourrais pas. Ce jour là, je serai sûr d'avoir atteint l'immortalité. »

Il lui fit un clin d'œil et continua :

« Donc, il va falloir que tu apprennes très vite, si tu veux me tuer avant que je ne devienne immortel. Maintenant lève toi et va dans la salle de bain. Je te rejoins tout de suite. »

« Pardon ? » Fit Rogue en se levant.

« Tu n'as pas été très mignon cette nuit, mais tu m'as satisfait. Aussi vais-je te laver moi même. »

Rogue faillit lui cracher à la figure qu'il ne souhaitait certainement pas être lavé par sa main mais l'éclat dur et impitoyable des yeux de Voldemort l'en dissuada.

Il se glissa avec soulagement sous la douche brûlante mais se raidit en sentant rapidement le corps de son maître contre le sien.

« Shhhhhhhhhh… Tu es mien, désormais… »

Rogue se laissa faire. Tout, plutôt que de revivre les tortures de la nuit précédente.

Voldemort enseigna la magie noire à son élève favori du moment et Rogue apprit plus à son contact en 6 mois que pendant les 7 ans passés à Poudlard.

Severus était un élève appliqué et doué, ce qui ravissait Voldemort.

Et quand Voldemort était content de lui, il le récompensait.

Il se serait bien passé des « récompenses » de son maître, mais Rogue avait rapidement appris qu'il valait bien mieux pour sa santé d'accepter les attentions de Voldemort que de les refuser.

Le maître savait parfois être tendre, à sa façon, à partir du moment où Severus se laissait faire. Par contre, s'il se rebellait, Voldemort obtenait quand même ce qu'il voulait, mais d'une manière beaucoup moins agréable.

Rogue avait fini par oblitérer toute velléité de rébellion.

Sa haine l'animait toujours, heureusement d'ailleurs ! Car sans elle, Voldemort se serait désintéressé de lui. Ce qui amusait le maître, c'était de regarder couver dans les yeux de son favori la rage et l'envie de meurtre qui le rongeait ainsi que la certitude qu'il ne pouvait rien faire.

Domination et haine, voilà ce qui plaisait à Voldemort.

« La prophétie risque de se produire bientôt, maître ! »

« Un enfant va venir ! Un enfant va tout nous enlever ! »

« Il faut l'en empêcher ! »

Les ombres encagoulées se pressaient les unes contre les autres au pied du trône de Voldemort. Celui ci caressait négligemment les cheveux de son mignon, agenouillé à ses pieds.

Il lui faisait porter un loup de cuir noir ainsi qu'un collier d'anneau de métal auquel était attaché une chaîne. L'autre extrémité jouait entre les doigts du maître.

Rogue observait avec indifférence l'assemblée. C'était la première fois qu'il assistait à une Réunion. Voldemort avait Appelé ses fidèles, faisant résonner la marque sombre qui vrillait le bras de chacun.

Ils étaient tous venus, masqués, cagoulés, emmitouflés dans de lourdes capes, se méfiant les uns des autres.

Rogue posa la tête sur les genoux de son maître qui le gratifia d'un sourire froid.

« Maître ! Maître ! Il faut agir ! »

« Et que proposez vous ? Le massacre pur et simple de tous les enfants mâles nés cette année ? Allons, mes amis… Qui sera le premier à m'amener son fils ? Toi, Lucius ? »

L'ombre qui avait parlé se recula, terrifiée.

« Non… Non… »

Une autre ombre s'avança :

« Mais il faut agir ! La prophétie… »

« … Est un amas de foutaises… Un enfant engendrerait ma perte ? Allons… De toute façon Meaurgue a payé pour ses prédictions fumeuses…»

Un homme, petit et emmitouflé dans une cape grise s'avança.

« Pourtant, James et Lily Potter ont eu un enfant… Un fils… Vous connaissez leur lignée… »

Voldemort sourit.

« Oh, oui… Ils nous seraient précieux… De si puissants mages… Avec des ascendants si… Avant de détruire leur fils, je pense qu'il vaut mieux essayer de les convertir à ma cause. Et s'ils ne veulent pas… »

Rogue se sentait somnoler contre son maître.

« Maître… » Chuchota-t-il, implorant. Il n'aimait pas être là. Il sentait le regard des mangemorts sur lui…

Pourquoi était-il venu, déjà ?

Voldemort lui adressa un vrai sourire et lui caressa le cou.

« Je verrais ce qu'il convient de faire. En attendant, je me sens las. Vous êtes libres de rentrer chez vous… Ou de rester. »

Puis il trasplana avec Rogue dans sa chambre et le jeta sur le lit sans autre forme de procès.

Alors que les mains du jeune homme se portaient au loup qui le masquait, Voldemort ronronna :

« Non. Garde le… Et tu garderas ta laisse, mon mignon. Ce soir, tu m'es totalement soumis, c'est clair ? »

Rogue étendit les bras au dessus de sa tête et écarta les jambes, laissant son maître lui attacher les mains aux montants du lit.

Voldemort était souvent d'humeur sadique après une assemblée.

Severus avait depuis longtemps appris à ne plus se révolter dans ces cas là.

Au petit matin, une rumeur l'éveilla. Il tenta de se dresser mais Voldemort l'avait laissé attaché.

Allons bon… Ce taré et ses perversions…

Le masque ayant bougé pendant la nuit, il s'en débarrassa du mieux qu'il pu et tira sèchement sur les liens qui le maintenaient.

Il sursauta lorsque la porte s'ouvrit en claquant et leva la tête pour mieux voir.

Un sorcier masqué.

Maudissant son maître pour l'avoir abandonné dans cette position le laissant à la merci du premier pervers venu, il tira davantage sur les cordes.

L'homme masqué étouffa une exclamation et se précipita vers lui.

« Severus ! »

Il rabaissa sa capuche et Rogue reconnut…

« MR FINCH ! »

« Mon Dieu ! Severus ! »

Finch avait le visage creusé et gris, ses beaux yeux clairs cernés d'inquiétude.

Il détacha rapidement le jeune homme et le serra convulsivement dans ses bras.

« Mon amour, j'étais si inquiet. Je t'ai cru mort ! J'ai cru qu'il t'avait… Qu'il t'avait… »

« … Glinon… » Chuchota Rogue en lui rendant son étreinte, enfouissant son visage dans le cou du blond et se mettant à sangloter.

Bon dieu ! Comme cela lui avait manqué ! Cette odeur de cannelle…

Il s'en voulait d'avoir été si froid avec son ancien professeur pendant le reste de ses études au CAH. Il l'avait ignoré copieusement, refusant ses marques d'affection, même innocentes.

Il s'en voulait de l'avoir rejeté pour conserver son abîme et son vide émotionnel intacts.

Alors qu'il était si bien dans ses bras…

Finch se recula et lui caressa le visage, repoussant les longs cheveux noirs en arrière sur son front. Puis il fronça les sourcils en voyant les bleus sur le visage et s'écarta, lui tenant les épaules à bout de bras de façon à pouvoir le voir en entier.

Ses joues perdirent le peu de couleur gagnée en retrouvant Severus.

« Bordel de… »

Il suivit du bout des doigts les marques de lacérations, de brûlures et de coups marquant la peau fine de son ancien élève.

« Severus… Qu'est-ce qui s'est passé ? Qui t'a fait cela ? REPONDS ! » Hurla-t-il en secouant le jeune homme immobile.

« C'est rien… Je n'ai pas été un gentil garçon hier, c'est pour ça… C'est pas grave… »

Finch grogna et le prit à bras.

« Qu'est-ce que c'est que ces conneries… »

« Qu'est-ce que vous faites ? »

« Je t'emmène. On verra pour cette bande de malades après… ALBUS ! »

Dumbledore surgit de la porte ouverte, sa baguette à la main.

« Glinon, que se passe… Oh, vous avez trouvé Mr Rogue ! Quel bonheur ! Nous vous croyions mort, mon pauvre enfant… Seigneur ! Qui vous a mis dans cet état ? »

« Je soupçonne notre ami Voldemort, c'est sa chambre… On se replie, il n'est pas là, visiblement. L'important est de soigner Severus. »

« Lai… ssez… Moi… »

Glinon se pencha sur le jeune homme, inquiet.

« Je te fais mal ? Pardon, mon amour… Ne t'inquiète pas, je vais te soigner… Ne t'inquiète pas… »

« Laisse moi… »

Il s'agita dans les bras du géant blond, cherchant à échapper à sa douce étreinte.

Finch s'agenouilla au sol, maintenant sa prise sur le jeune homme.

« Non, je ne te ferai pas de mal, je vais t'emmener, je vais te soigner, je vais m'occuper de toi… »

Rogue se sentit fondre devant le regard tendre du blond.

Oui, il prendrait soin de lui.

Oui, il lui ferait tout oublier.

Oui, il le rendrait heureux…

Il leva la main et lui caressa gentiment la joue.

« Je sais… Glinon… Je sais… Laisse moi. Je dois rester. »

« Non ! »

« Je le tuerai moi même, tu sais… De mes mains. Il m'apprend à le faire. Il est mon professeur. Un jour, je serai assez fort… Assez fort pour le tuer, de mes mains… Et le monde n'aura plus rien à craindre de lui… Et plus aucun enfant n'aura à pleurer ses parents à cause de lui… Et… »

Finch le gifla à la volée.

« ET TU LE LAISSES TE TORTURER ! JE NE TE LAISSERAI PAS FAIRE ! »

Les yeux noirs de Rogue s'agrandirent. Il porta la main sur sa joue rougie.

« Pardon… Glinon… Je dois rester… J'ai besoin de lui… Pardon. »

Dumbledore secoua la tête tristement.

« Mon pauvre Severus… Vous êtes bien à plaindre… Voldemort ne vous donnera jamais ce qu'il vous a promis. Il ne vous laissera jamais devenir assez puissant pour le vaincre… Jamais… Il faut que vous compreniez, Severus. Jamais. »

Rogue garda la tête obstinément baissée vers le sol.

Dumbledore lui serra brièvement l'épaule et se redressa.

« Je vais chercher les autres. Partez devant avec lui, Glinon… »

Il sortit rapidement de la chambre pendant que Finch enveloppait Severus de sa cape et se relevait, chargé de son précieux fardeau.

« Tu n'aurais pas du le laisser faire, Severus… Tu n'aurais pas du… »

« Pourquoi es-tu là ? Pourquoi êtes vous tous là ? »

« Quand tu as disparu il y a 6 mois, j'ai voulu partir dans la foulée à ta recherche, mais Maugrey m'en a empêché… Tu devais remplir ta mission. Seulement, l'augmentation des crimes des mangemorts a pris une telle ampleur que le ministère nous a enjoint de stopper l'hémorragie. Comme nous n'avions aucune info sur la puissance réelle de Voldemort, nous avons demandé Albus de nous aider dans cette expédition… A plusieurs, nous pensions… Enfin… Bref, la bataille fait rage contre les mangemorts, mais Voldemort n'est pas là… »

« Non… Le maître est parti… » Murmura Rogue d'une voix douce.

Finch le secoua.

« Ce n'est PAS ton maître ! Tu n'as PAS de maître, tu… »

« QUI VA LA ! (1) »

Un mangemort venait d'entrer dans la chambre, une baguette à la main. Voyant Finch il lança une vague d'énergie dans sa direction. Le blond fit volte face, lui tournant le dos pour protéger Rogue qui hurla.

Finch trembla de tout son long et mit un genou à terre, posant Severus au sol.

Il lui chuchota :

« Ne t'inquiète pas… Je te protège… Je te protégerais toujours… »

Il sortit sa propre baguette et se retourna, mais le mangemort lança un nouveau sortilège qui frappa le blond en plein cœur.

Finch s'effondra sans un mot.

Rogue se redressa et regarda le corps de son ami.

Lentement, il lui caressa le visage et sursauta en voyant des gouttes d'eau s'écraser sur le visage du blond. Il porta la main à sa joue. Des larmes.

Il pleurait ?

Pour Finch ?

« Pardon… Pardon… » Chuchota-t-il.

Le mangemort s'approcha, la baguette au poing, prêt au combat.

« Je suis désolé, Glinon. Je ne voulais pas qu'il t'arrive du mal. Pas à toi… Je suis désolé… Je… Je… T'ai… » Il déglutit et se pencha, effleurant d'un baiser tremblant les lèvres du défunt.

Le mangemort s'approcha davantage. Il sourit d'un air avantageux et détailla Severus du regard d'un air passablement perplexe.

« Alors c'est toi, le mignon du maître. J'ai sauvé le favori du maître, je vais être récompensé… Je ne sais pas trop ce qu'il te trouve, remarque... » Il se lécha les lèvres. « J'imagine que tu compenses ton manque de sex-appeal par d'autres talents. Je pense que je vais vérifier ça tout de suite. Appelons ça une avance sur ma récompense…»

Rogue avança la main vers celle, inerte, de Finch et lui caressa le poignet.

Le mangemort s'agenouilla à coté de Severus et lui toucha l'épaule d'un geste qu'il devait estimer sensuel. Rogue caressa la paume du sorcier mort et saisit délicatement la baguette magique.

« Alors ? Ma récompense ? »

« La voici… » Chuchota Rogue en plantant la baguette de Finch dans les côtes du mangemort.

Les yeux brillants, il murmura avec délectation :

« Endoloris. »

Le mangemort fut projeté en arrière et convulsa de douleur.

Rogue l'observa tranquillement se tortiller au sol, la bouche écumant, les ongles griffant le sol. Il intensifia la douleur infligée et, finalement, foudroya le sorcier.

« SEVERUS ! MON DIEU ! »

Dumbledore se précipita sur lui et lui arracha la baguette des mains. Puis il se pencha vers Finch.

« Il est mort. » Murmura Severus. « Rien ne pourra le ramener. C'est la faute de Voldemort. Il paiera… Il paiera pour la mort de Glinon… Une raison de plus de le tuer de mes mains et… »

« Maintenant ça suffit, Severus Rogue ! »

Dumbledore se dressait, fulminant.

Au milieu de ses larmes, Rogue se fit la réflexion que c'était bien la première fois qu'il voyait le directeur de Poudlard se mettre en colère.

« Votre vengeance ne pourra jamais avoir lieu ! Vous croyez vraiment que ce fou vous laissera le tuer ? Il se sert de vous et quand il n'aura plus besoin de vous, il se débarrassera d'un jeune homme encombrant que j'aurais préféré voir à mes côtés ! Réagissez bon sang ! Glinon est mort, que vous faut-il de plus ! »

Rogue releva lentement la tête.

« Je ne partirai pas. »

« Severus… »

« Glinon a dit que le ministère manquait d'informations pour agir. Je peux vous les donner. Je reste ici et je vous transmets toutes les infos qui vous manquent, qu'en dites vous ? »

« C'est excessivement dangereux… »

« J'ai retrouvé l'assassin de mes parents, je ne vais pas le lâcher… Si vous avez raison, si je ne peux pas en venir à bout seul… Si je dois accepter ma propre médiocrité, je le ferai… Je veux qu'il meure… Encore plus maintenant… »

« Severus… Vous n'êtes pas médiocre, bien au contraire…Vous êtes l'étudiant le plus talentueux que j'ai jamais rencontré. Vous êtes digne de Serpentard. »

Rogue se figea.

« Ne vous méprenez pas sur mes paroles : Salazar Serpentard incarnait la grandeur, la noblesse et le talent. Il incarnait également la ruse, la froideur et le manque de pitié car il a… Enfin, c'est une longue histoire… Peut être vous la raconterais-je un jour, mais nous avons que peu de temps. Vous n'êtes pas médiocre, tout ce que vous faites est grand et entier. Etes vous sur de vous ? »

« Les mangemorts parlent d'une prophétie, la prophétie du promis, un enfant qui apporterait la destruction à Voldemort. Il n'y croit pas. »

Les yeux de Dumbledore étincelèrent.

« La prophétie… Tiens, tiens… »

« Il y a autre chose… Dites… Dites à James et Lily Potter de faire attention. Voldemort les veut à ses côtés. S'ils refusent, ils mourront. Protégez les. Maintenant partez… Et emmenez Glinon… Je ne veux pas… Qu'ils touchent à son corps… Je vous enverrai de nouvelles infos rapidement. »

Dumbledore hésita puis se saisit du poigner de Finch.

« J'ai foi en vous, Severus ».

Rogue se sentit un coup au cœur. La chape de glace le recouvrant sembla se fendiller.

« Prenez soin de vous, Monsieur le Directeur. »

« Vous aussi, mon jeune ami, vous aussi… »

Dumbledore transplana, laissant Rogue avec le cadavre du sorcier.

Peu de temps après, Voldemort reparut, visiblement mécontent.

« Maudit Dumbledore ! Il a réussi à… Qu'est-ce que c'est que cela ? »

« Il m'a attaqué. Je l'ai tué. Il disait avoir ouvert la porte aux gens du ministère. Il disait que j'avais trahi les aurors et que j'allai payer… Je l'ai tué… »

« C'était pourtant un fidèle… »

Rogue leva enfin les yeux vers lui et dit tranquillement :

« Même vos fidèles peuvent vous trahir, maître… »

Voldemort reporta son attention sur le cadavre puis se tourna vers son favori.

« Nous ne pouvons demeurer ici. Viens. »

Docilement, Rogue se nicha entre les bras de Voldemort, l'esprit encore empli des paroles de Finch, de sa douceur, de son odeur.

A suivre…

1- pour ne pas citer Pratchett, disons qu'à l'instar du « je reviens tout de suite » dans les films d'horreur, le « qui va là » est LA phrase à ne pas dire dans les romans de capes et d'épée et/ou d'héroic fantasy si on veut survivre plus de 10 secondes…