Quatrième Chapitre : le Conseil d'Elrond
Le surlendemain de son arrivée à Fondcombe, Frodon se réveilla reposé et purifié de son voyage. Il était prêt à rester ici pour un bon bout de temps tellement l'endroit était paisible et chaleureux. Lorsqu'il fut habillé et lavé, le hobbit se dirigea dans les couloirs pour aller profiter de la vue du balcon principal. Mais il rencontra sur son chemin Gandalf et les deux engagèrent la conversation tout en continuant de marcher tranquillement dans les corridors de la Maison d'Elrond. Le magicien annonça au hobbit :
-Cher Frodon, je ne sais pas si on vous l'avait déjà dit, mais, ce matin, nous sommes invités à participer au Conseil d'Elrond. C'est là que nous pourrons discuter du sort de l'Anneau. Mais je ne serai pas le seul que tu vas reconnaître même si Faramir et tes deux frères n'assistent pas au conseil.
Gandalf laissa Frodon à ses occupations en lui rappelant de se préparer pour le conseil qui allait avoir lieu dans quelques heures. Quelques instants après, ses joyeux compagnons de voyages hobbits vinrent lui adresser la parole. Faramir lui demanda :
-Alors Frodon, que vas-tu faire de ta journée aujourd'hui ?
-Je vais aller assister au Conseil d'Elrond qui a lieu dans pas longtemps. Mais, malheureusement, je ne crois pas qu'on vous a demandé à venir. Répondit Frodon en baissant les yeux
-Oh allons ! Ce n'est pas grave nous le savions déjà ! Nous avons notre petite idée ne t'inquiète pas ! s'exclama Pippin
-Faites ce que vous voulez mais je ne veux tout simplement pas qu'il y ait de gaffes. Répliqua Frodon
-Non, non absolument pas ! dit Merry sous un air hypocrite
Les cloches sonnèrent dans les couloirs de la demeure d'Elrond. C'était l'heure du Conseil. Frodon rejoignit Gandalf pour se rendre au Conseil avec lui. Lorsqu'ils débouchèrent dans la Cour où allait se dérouler le fameux débat, Frodon reconnut, comme le vieux magicien lui avait dit, beaucoup de visages familiers. Déjà installés, se trouvaient Elfwen, revêtu une nouvelle fois d'une tunique mais bleu marine, Eldarion, Glorfindel et d'autres personnes mais inconnus à lui. Il y avait dans l'assemblée un homme l'air assez jeune habillé en vert foncé et semblait venir des Terres Sauvages lui aussi. À côté de cet homme se trouvait une autre personne lui ressemblant beaucoup sauf qu'il avait les cheveux bien plus foncés et bouclés. Frodon aurait juré qu'ils étaient frères ou parents. Lorsqu'il s'assit aux côtés de Gandalf, il posa les yeux vers deux dames d'une incroyable beauté. La première avait l'air plus mature mais aucun signe de l'âge ne semblait paraître dans ses yeux bleu gris ni dans son visage. Elle avait de longs cheveux dorés brillants en cascade jusqu'à ses coudes. Son air noble et grave lui donnait une allure parfaite de reine. L'autre jeune femme lui ressemblait beaucoup mais ses yeux étaient plus clairs et cristallins. Sa peau était plus bronzée et elle avait un air serein et doux. Les deux magnifiques femmes étaient toutes le deux vêtus de robes blanches ornées de pierres précieuses mais aucun diadème ne décorait leurs fronts ou leurs cheveux. Les autres personnes convoqués étaient la majorité des Elfes ou des messagers encapuchonnés. Elrond sur le siège principal se leva et posa son regard gris et profond sur chacun des membres de l'assemblée. Il dit :
-Bienvenue à tous au Conseil d'Elrond. Il est maintenant temps de faire les présentations entre les différents convoqués au conseil. Ici présents sont la Reine d'Ithilien Eowyn, ses fils Elboron et Eomir ainsi que sa fille Farawyn. Frodon le Hobbit qui a apporté l'Anneau Unique jusque ici et Gandalf le Gris : ami loyal des Peuples Libres de la Terre du Milieu. Elfwen Telcontarì, revenue du Nord pour apporter son conseil ainsi que son frère le Prince Eldarion du même nom venu en tant que messager de son père. Pour représenter la race des Nains, Gimli fils de Gloìn est venu en tant que porte-parole du roi d'Erebor. Glorfindel accompagné de plusieurs autres messagers alliés à nous sont venus participer au Conseil. Nous pouvons maintenant commencer mes amis…
Il ajouta d'une voix plus grave en regardant profondément chacune des personnes convoqués :
-Hommes, Elfes, Nains et autres Peuples Libres de la Terre du Milieu ici présents. Vous avez tous été convoqués pour un but commun. Aujourd'hui sera raconté les aventures de chacune des personnes ici présentes ainsi que la décision que nous prendrons pour ceci. Que va-t-il advenir de l'Anneau ? Cette question doit être résolue et décidera le sort de la Terre du Milieu. Frodon, apportez l'Anneau...
Frodon s'exécuta et posa l'anneau sur la table de pierre situé au centre du conseil. Il y eut des murmures silencieux dans l'assemblée et beaucoup d'yeux furent hypnotisés par le pouvoir invisible que dégageait l'Anneau. Le porteur de l'Anneau retourna s'asseoir rapidement en prenant une grande respiration. Un grand moment de silence tomba sur le conseil jusqu'à ce qu'un des hommes étrangers se leva et s'exclama :
-C'est un cadeau. Un cadeau donné à l'ennemi de Mordor ! Pourquoi ne pas utiliser cet anneau ? Depuis trop longtemps l'Ithilien a à défendre désespérément ses frontières contre l'Ombre de l'Est. Par le sang des hommes du sud ces terres sont gardées en sûreté ! Donnez-nous l'arme de l'Ennemi ! Laissez nous l'utiliser contre Lui.
Elfwen intervit d'une voix autoritaire :
-Vous ne pouvez pas utiliser cet anneau. Personne ici ne le peut. L'Anneau Unique ne répond qu'aux ordres de Sauron lui-même. Il n'a pas d'autres maîtres.
-Et qu'est-ce qu'une simple femme assoiffée de combat sait de cela ? dit l'étranger d'un ton incrédule
Elfwen ne répondit pas tout de suite aux paroles offensantes de l'homme du sud et, soudain, Glorfindel se leva brusquement et répliqua :
-Ce n'est pas une simple femme poussée à combattre. C'est Elfwen la fille du Roi Elessar. Vous lui devez votre respect.
-La fille du Roi Elessar ? Les hommes n'envoient pas de femmes au combat…Nous n'en avons pas besoin. Dit-il d'un ton moqueur
Glorfindel lança un regard noir au Prince d'Ithilien tandis qu'Elfwen préféra ignorer les moqueries faite à son sujet en détournant le regard. Eomir se rassit mais continua à fixer intensément Elfwen comme si une sorte de jalousie s'était emparé de lui. Gandalf, pour ramener le calme, déclara d'une voix sévère :
-Elfwen a raison. Nous ne pouvons pas utiliser l'Anneau Unique pour notre propre compte.
-Vous n'avez qu'un seul choix. Nous devons détruire l'Anneau. Confirma Elrond
Soudain, quelques instants après que le Seigneur ait parlé, Gimli le représentant des Nains bondit de sa chaise, prit une de ses haches tranchantes et s'écria :
-Alors qu'est-ce qu'on attend ! Détruisons-le et n'en parlons plus !
Le Nain d'Erebor abattit avec toute sa force sa hache sur l'Anneau mais, rien n'y fit, l'arme se brisa en milles morceaux et Gimli tomba étourdi par le choc. Le seul qui ne broncha aucunement au geste du nain fut qui dit, en fixant gravement le porteur de la hache :
-L'Anneau Unique ne peut être détruit, Gimli fils de Gloìn, par aucune arme, petite ou grande soit-elle, que nous avons en notre possession. L'Anneau fut forgé dans le feu de la Montagne du Destin. Ce n'est que là qu'il peut être détruit. Il doit être emporté dans les profondeurs de Mordor et replongé dans les forges d'où il vient… L'un de vous doit le faire.
Des frissons parcoururent le corps entier de Frodon rien qu'à entendre les paroles d'Elrond. À ce moment-là, il pensa que, pour rien au monde, il prendrait en charge cette mission. Il baissa les yeux apeuré par le danger qu'avait couru la Comté lorsque l'Anneau s'y trouvait.
Un long silence de peur et de mort s'abattit sur l'assemblée. Personne n'osait répliquer aux déclarations d'Elrond. Seul Gandalf et Elfwen savait vraiment le péril que risquait la Terre du Milieu a ignorer la mission d'Elrond. Lorsque Frodon releva la tête, ses yeux furent tentés à regarder intensément l'Anneau qui se trouvait devant lui. Le hobbit essayait de détourner tant bien que mal la tentation qu'exerçait l'Anneau sur lui jusqu'à ce qu'il entende le bijou maudit murmurer. Finalement, Frodon réussit à ne plus fixer l'Anneau mais ne resta pas indifférent à son pouvoir.
Elboron, le frère d'Eomir, connaissant bien les frontières de Mordor, dit d'une voix faible et agacé :
-On ne marche pas simplement dans le Mordor librement. Les portes noires qui gardent les frontières de ce pays maudit ne sont pas gardées seulement par des Orques. Il y a une sorcellerie ou un maléfice qui ne dort jamais. Et le Grand Œil est toujours aux aguets. Entouré de feu diabolique, son pays n'est fait que de poussières et de cendres. Le seul air que vous pouvez respirer là-bas n'est que du poison. Même avec dix mille hommes on ne pourrait remplir cette mission. C'est de la folie !
Agacé par le pessimisme du Prince d'Ithilien, Glorfindel se releva en s'exclamant :
-N'avez-vous rien entendu de ce qu'à dit le Seigneur Elrond ? L'Anneau doit être détruit !
Gimli le Nain intervint n'aimant pas beaucoup les Elfes, il aimait encore moins que ceux-ci se prennent pour les meilleurs (dans sa tête bien sûr...) :
-Et je suppose que vous pensez que vous êtes celui qui prendra en charge cette mission ?
-Lorsque tout sera tombé dans la ruine et l'oubli qu'est-ce qu'il y aura ! Qu'est-ce qu'il va se passer si le Seigneur Ténébreux récupère ce qu'il lui appartient ! S'écria Eomir
-Je serai mort avant que je voie l'Anneau entre les mains d'un Elfe ! Explosa Gimli
Ainsi une dispute fut engendrée par le conflit entre les Elfes et les Nains. Gandalf se leva pour rétablir le calme dans le conseil mais rien n'y fit les arguments affluèrent sans jamais cesser. Frodon entendit Gimli insulter les Elfes tandis qu'Elfwen essayait d'arranger les choses en compagnie de Gandalf. Le hobbit entendit de nouveau l'Anneau réciter des paroles dans le Langage Noir de Mordor. Tout à coup, il eut une grande migraine jusqu'à ce que la Reine Eowyn lève ses bras blancs. Lors de ce signal, toute les personnes se rassirent comme si un enchantement les avait tous calmés. La souveraine se leva avec grâce et de son regard métallique fixa chacun des membres qui s'étaient emportés. Elle dit d'une voix claire et noble :
-Si vous voulez que cette mission puisse sauver les Peuples Libres de la Terre du Milieu, il faudra vous unir, peu importe votre race. Même la plus petite ou la plus étrangère personne peut changer le monde où nous vivons.
Frodon se sentant appelé par les paroles d'Eowyn leva les yeux sur la beauté rayonnante de la souveraine. La reine d'Ithilien regarda intensément Frodon comme si ce qu'elle avait dit lui était adressé. Tout à coup, le cœur de Frodon changea… Il devint plus serein et brave. Il se leva et s'exclama devant l'assemblée :
-Je vais l'emporter ! Je vais le prendre ! Je vais porter l'Anneau en Mordor !
De grands murmures de surprise parcoururent le Conseil et la Reine Eowyn qui avait incité le hobbit à faire découvrir son courage se rassit en souriant fièrement à Frodon. Mais le Porteur de l'Anneau recommença à un peu trembler mais ne perdit pas sa détermination. Il murmura timidement :
-Même si je ne sais pas quel chemin prendre pour y arriver…
Gandalf le Gris se leva et lui lança un regard infiniment bon tout en se dirigeant à ses côtés. Il dit en posant sa main sur l'épaule du hobbit :
-Je vais t'aider à porter ce fardeau, Frodon elfe, aussi longtemps qu'il sera vôtre de le porter.
Elfwen souria de compassion envers Frodon. Elle se leva de même et s'agenouilla devant Frodon :
-Si, par ma vie ou ma mort, je peux vous protéger, je le ferai. Vous avez mon épée. Dit-elle
-Vous avez mon arc et mes flèches, Porteur de l'Anneau. S'exclama Glorfindel en les rejoignant
-Et vous avez ma hache ! Ajouta Gimli en se mêlant au groupe même si la compagnie de l'Elfe Glorfindel ne lui était pas favorable
Eomir et Eldarion vinrent aussi pour les accompagner. Eldarion en parlant pour les trois dit :
-Vous avez nos épées, Frodon si telle est votre destinée de vous rendre en Mordor.
Lorsqu'Elrond allait parler pour annoncer la fondation de la Communauté de l'Anneau, Faramir, l'ami incroyablement loyal à Frodon sorti de l'ombre des buissons entourant la cour du Conseil à l'étonnement de tous. Il s'écria en rejoignant son ami :
-Frodon ne va nulle part sans que j'y aille avec lui !
Merry et Pippin sortirent de la maison eux aussi cachés derrière des piliers et ils s'exclamèrent avec un petit air brave :
-Nous venons aussi ! Nous ne laisserons pas notre frèrôt Frodon aussi facilement que vous le pensez !
-Évidemment, cela ne sera pas aussi facile mais l'un de vous deux ne pourra pas les accompagner. Imaginez qu'est-ce qu'il arrivera à la Comté si aucun de vous quatre ne revient rassurer votre famille ?
À l'entente de ces mots, Merry, dont son pays natal comptait le plus au monde, décida de ne pas les accompagner mais de repartir en tant que messagers pour les Hobbits de la Comté. Tandis que Pippin accompagna la Communauté nouvellement fondée. Enfin, Elrond put annoncer :
-Neuf compagnons…Alors qu'il en soit ainsi ! Vous serez la Communauté de l'Anneau.
-Chouette ! Alors, où on va Frodon ? dit Pippin naïvement…
