Sixième Chapitre : Un chemin à travers les Monts Brumeux

Déjà trois jours que la Communauté de l'Anneau avait quitté le refuge elfique de Fondcombe. Gandalf le magicien était le guide de la compagnie et il décida de faire une halte en Houssaye, l'ancien pays d'Eregion, sur une colline rocheuse afin de pouvoir réfléchir tranquillement quelle route prendre pour parcourir la barrière que présentaient les Monts Brumeux sans danger. Eomir ne cessa d'insister pour qu'ils prennent la route du Sud vers la Trouée de Rohan mais Gandalf restait perplexe à l'idée de s'approcher de l'Isengard. Eldarion restait à l'écart en compagnie de Merry et Faramir et leur enseignait les différentes régions de la Terre du Milieu que les hobbits n'avaient jamais visités. Elfwen, toujours assise près de Gandalf ou de Glorfindel, était aux côtés de l'Elfe en train d'examiner les environs prêts à n'importe quel attaque surprise. Gimli, le seul nain de la Communauté, passait la plupart de son temps à discuter de tout et de rien avec Frodon… Soudain, Glorfindel aperçut une sorte de nuage qui ne lui paraissait pas aussi familier que les autres que nul autre ne pouvait voir de cette distance. Les sens en alerte, Elfwen entendit les hurlements lointains de loups vivant près des Monts Brumeux. Le nuage remarqué par Glorfindel devint de plus en plus près du campement. La guerrière expérimentée ne prit pas de chance et accourut avertir Gandalf de cet évènement douteux, Glorfindel suivant ses traces. Le vieux magicien grisâtre se leva de son siège de pierre, intrigué par l'inquiétude que possédait Elfwen en elle-même. Elle s'exclama lorsqu'elle fut assez proche de lui :

-Glorfindel et moi avons aperçu un nuage noir dont nous devrions se méfier…

Cependant, Gandalf ne l'écouta pas puisqu'il voyait déjà le nuage dont parlait Elfwen qui s'approchait dangereusement. Les autres membres de la Communauté finirent par le remarquer eux aussi et, en fait, ce n'était pas un nuage mais… une troupe volante de crébains de Dûn ! Eldarion s'écria en amenant rapidement les hobbits dans une cachette :

-Cachez-vous ! Ils ne doivent pas nous voir !

Toute la compagnie se cacha aussitôt et, quelques instants plus tard, les oiseaux maléfiques passèrent sur leur campement ayant l'air déserté. Mais rien n'échappait à ses crébains et ils eurent le temps de les voir. Étant sous les ordres du magicien déchu, Saroumane, les oiseaux disparurent se dirigeant vers le Sud apporté ces nouvelles à l'allié de Sauron. Dès que les corbeaux corrompus ne furent plus en vue, Gandalf bondit de sa cachette qu'il partageait avec Gimli et s'exclama d'un ton sévère :

-Il faut immédiatement partir d'ici ! Avec ces crébains de Dûn maudits, Saroumane va retrouver notre trace. Le Sud des Monts Brumeux est surveillé ! Nous n'avons plus le choix ! Nous devons passer par la montagne enneigé qu'est le Caradhras !

Une expression de mécontentement se dessina sur le visage de Gimli qui voulait à tout prix passer par la Moria mais il n'a pas désobéi au guide de la compagnie…

À la tombée de la nuit, ils étaient bien loin de l'endroit où il avait fait une halte dans la journée…

Depuis que les corbeaux de Saroumane étaient venus espionner la Communauté de l'Anneau, plus rien ne s'était passé de particulier jusqu'à ce qu'ils atteignent les premiers sommets de la Montagne de Caradhras. elfe, voulant en savoir plus sur Elfwen, ouvrit la discussion en demandant à la Rôdeuse nouvellement découverte en tant que Princesse de Gondor :

-Êtes-vous déjà venu dans les Monts Brumeux ?

-Habituellement, si je dois partir vers le Sud, ce qui m'arrive rarement, je prends la Trouée de Rohan le chemin le plus sécuritaire comme Eomir le dit si bien. J'ai déjà passé par la Porte du Rubicorne qui mène vers la Vallée des Rigoles Sombres près de l'Ancien Royaume des Nains qui est surnommé maintenant la Moria « gouffre noir ». Puisque je suis née en Lothlorien, lorsque ma mère m'a conduit vers Imladris, il était impossible de faire le voyage sans passer par les Monts Brumeux. Lui répondit-elle d'un ton amical

-Comment est le pays de la Lothlorien ? Je n'en ai jamais entendu parler.

-C'est une forêt magnifique. Il y reste encore des Elfes mais il y en a de moins en moins à chaque jour, ce qui me chagrine beaucoup…C'est un refuge elfique plus vaste et aussi bien gardé qu'à Fondcombe. Je souhaite grandement que vous ayez la chance de visiter cette endroit, un des rares encore beaux de nos jours…

-Je ne crois pas que j'en aurai l'occasion…Peut-être si j'accomplis ma mission un jour ou l'autre. Répliqua Frodon en baissant les yeux.

Le jeune Porteur de l'Anneau, réfléchissant à ce qu'Elfwen lui avait dit, trébucha et tomba sur la neige. La Rôdeuse l'aida à se relever mais Frodon remarqua qu'il n'avait plus l'Anneau à son cou. Cependant, Eomir l'avait ramassé mais il n'eut pas le réflexe de le donner immédiatement à Frodon. Ses yeux gris devinrent de plus en plus vides pendant qu'il fixait l'Anneau entre ses mains. Pour le sortir de son hypnotisation, Elfwen, agacée, lui cria d'une voix autoritaire :

-Eomir ! Redonnez l'Anneau à Frodon !

Celle-ci, de peur que le bijou maléfique l'ait corrompu, n'hésita pas à mettre sa main sur la garde de son épée, Isilanàr. Finalement, avec un peu de difficulté, le Prince d'Ithilien remit l'Anneau entre les mains de Frodon. Eomir ébouriffa les cheveux de Frodon comme s'il le prenait pour un petit garçon et lui dit faiblement encore un peu étourdi par l'effet que l'Anneau lui avait fait :

-Ne t'inquiète pas…Je ne voulais pas te le voler. Je ne suis pas un voleur.

Même si cela ne rassurait pas Frodon Elfwen ne tira pas son épée, constatant qu'Eomir ne voulut rien faire de mal…

Pendant leur traversée périlleuse du Caradhras, la Communauté était sous l'immense tempête de neige qu'avait commencé au fur et à mesure qu'ils montaient sur la montagne. Le seul qui pouvait traverser la neige abondante sans difficulté était Glorfindel le seul Elfe de la compagnie. Un son étrange intrigua son oreille et il s'avança plus loin pour mieux entendre. Au moment où il prit connaissance du bruit, il s'exclama :

-J'entends une voix lointaine ! De la sorcellerie dans l'air on dirait !

Gandalf, colérique plus que jamais, cria en guise de réponse :

-C'est Saroumane !

Elfwen intervint :

-Il veut créer une avalanche ! Gandalf nous ne pouvons rester plus longtemps ici ! Nous ne réussirons jamais à passer sous la montagne par un temps pareil !

Tout à coup, la voix du sorcier se fit plus forte et sévère. Aussitôt, un éclair sortant de nulle part s'abattit sur un des pics plus hauts au dessus des têtes des membres de la compagnie. Ne supportant pas ce choc, une gigantesque étendue de neige s'apprêtait à leur tomber dessus. Puisque la neige les avait ensevelit, il y eut un silence de mort où le seul son qui se faisait entendre était le vent tumultueux de la montagne. La voix s'était peu à peu estompée. Glorfindel bondit de la neige et aida les autres à sortir de la couche blanche épaisse qui les envahissait. Les Hobbits étaient gelés jusqu'aux os et les seuls paroles qu'on entendait d'eux étaient des petits claquements de dents frileux. Eldarion, ne supportant plus ce silence des autres s'exclama :

-Gandalf ! C'est impossible qu'on continue ! Sinon, ce sera la mort certaine des Hobbits ! Il y a bien un autre chemin que celui-ci et la Trouée de Rohan surveillée par ces corbeaux de malheur !

-Oui il y a un autre chemin ! Nous devons passer par les Mines de la Moria ! Mon cousin Balïn nous recevrait royalement !

Le magicien qui guidait la compagnie jusqu'à présent ne répondit pas immédiatement. Il savait qu'il y avait un autre chemin. Cependant, il était bien plus périlleux que tous les membres de la Communauté pouvaient l'imaginer. Gandalf se rappelait les paroles de son ancien maître, Saroumane, lui disant la terreur qui se trouvait dans cette route qu'était la Moria. Elfwen, depuis longtemps amie de Gandalf, reconnut la peur briller dans les yeux de Gandalf. Elle-même était méfiante au sujet de ce tunnel creusé jadis par les Nains. Le magicien prit enfin la parole :

-Laissons le Porteur de l'Anneau décider quelle route notre compagnie prendra …

Tous les regards se retournèrent vers Frodon et celui-ci, ne sachant rien du péril qu'ils couraient déclara :

-Nous allons prendre le chemin des Mines de la Moria.

Gandalf eut, soudain, un air gris et désappointé mais ce visage de lui-même s'estompa comme l'ombre d'un nuage. Il prononça finalement :

-Qu'il en soit ainsi. Nous prendrons la route de la Moria…

Pendant le voyage vers la Moria, Elfwen resta la plupart du temps aux côtés de Gandalf ou de Glorfindel. Des chuchotements rapides et faibles passaient entre eux comme s'ils ne voulaient pas alarmer les autres. Eldarion et Eomir restèrent ensemble parlant de leur vœux de revoir leurs royaumes respectifs bientôt. Les Hobbits, quand à eux, jasèrent et rirent la plupart du voyage, ne se souciant pas des choses sérieuses et essayant de changer les idées à Frodon, préoccupé la majorité du temps de sa mission en tant que Porteur de l'Anneau.

Afin de s'informer sur leur route actuelle, Frodon rejoignit leur guide Gandalf perdu dans ses pensées profondes. Même s'il n'osait pas lui adresser la parole en voyant l'air du magicien égaré, il marcha près de lui le reste du temps jusqu'à ce qu'ils arrivent à la porte ouest de l'entrée de la Moria. Gimli poussa un soupir de soulagement en voyant les frontières de l'ancien royaume des Nains. Gandalf reprit conscience du monde qu'il l'entourait et il annonça, l'ombre d'un sourire passant sur ses lèvres pour rassurer ses compagnons :

-Nous sommes arrivés aux portes ouest des Mines de la Moria. Vite, ne perdons pas de temps.

Venant d'apercevoir que Frodon le suivait, il lui adressa la parole :

-Alors, cher Frodon, nous allons bientôt commencer notre chemin dans les Mines de la Moria. Vous sentez-vous prêt ?

-Oui, enfin, sûrement…Mais vous avez l'air contrarié, Gandalf. Qu'est-ce qui vous tracasse ?

-Oh rien…rien. Une affaire de magicien, mon ami. Il vaut mieux ne pas vous en mêler. Allons, nous ne devons pas quitter nos compagnons de vue !

Comme pour changer de sujet, il marcha plus vite et Frodon décida d'aller se mêler à ses camarades hobbits. Le Porteur de l'Anneau jeta un coup d'œil vers Elfwen et celle-ci lui sembla plus pâle qu'avant et le visage plus crispé. Mais il constata que sa beauté restait toujours la même. Un regard dur et perçants mais brillant semblant attraper la lueur des étoiles, grande et mince, des cheveux noirs de jais tressés en maintes petites tresses, une épée à sa taille. Une noblesse étrangère à Frodon semblait refléter la Rôdeuse de sang royal. Elle ne ressemblait pas à une reine vénérée de jadis mais plutôt à une lieutenante de guerre se battant pour sa gloire et sa fierté. Même si elle était restée discrète pour le moment, le Porteur de l'Anneau savait qu'elle accomplirait de grandes choses envers son peuple depuis son long exil. Elfwen était maintenant aux côtés de son frère aîné Eldarion. Les deux avaient le même regard mais ils ne se ressemblaient beaucoup que par caractère et sagesse. Le hobbit sortit de ses pensées en entendant la voix de son grand ami Faramir Touque :

-Frodon ! Nous devons nous hâter ! Les portes ne sont pas très loin !

Il s'exécuta, hâtif de vouloir voir d'autres horizons au-delà des montagnes, même si son pays natal commençait à lui manquer…

Enfin arrivés à l'entrée de la Moria, la Communauté vit que les portes étaient fermées et qu'ils n'allaient pas s'ouvrir aussi facilement. Un étang longeait le passage qu'avaient emprunté les membres de la compagnie. Frodon et Elfwen s'en méfiaient beaucoup et la Rôdeuse murmura à Frodon :

-Ne touchez pas à l'eau. On ne sait pas ce qui s'y cache.

Frodon bougea la tête en signe d'acquiescement et vint rejoindre Gandalf devant la porte. Le vieux magicien lui adressa un sourire amical et retourna son regard vers la porte. Il dit :

-Frodon, tu es bien chanceux d'être venu ici. La pierre dont a été faite la porte est bien rare de nos jours. C'est de l'Ithildin, pierre de lune, on ne peut voir l'entrée des mines qu'avec les reflets de la lune. Aussitôt, un nuage s'éclipsa pour laisser la lune émettre sa lumière. Frodon poussa un cri d'émerveillement lorsqu'il vit des lignes bleus presque blanches apparaître sur la porte. Des signes elfiques y étaient écrits et deux arbres puis une couronne accompagnée d'étoiles ornaient la porte. Gimli s'écria :

-C'est magnifique ! C'est le signe royal de la Maison de Durïn !

-Oui Maître Nain, nous sommes arrivés à l'ancien royaume des Nains du Peuple de Durïn. Maintenant nous devons ouvrir ces portes. Connaissez-vous le mot de passe, Gimli ?

-Non… je sais c'est un peu humiliant de ma part mais il y a fort longtemps que les Nains ne sont pas retournés dans la Moria mais Balïn y est retourné et y a établit sa demeure. Nous le rencontrerons sûrement sur notre route.

-Peut-être…mais, franchement, cela serait assez improbable…Bon, ouvrons cette porte. Frodon, connaissez-vous ces signes ?

-Oui…enfin…un peu. Je ne suis pas un expert de l'elfique comme mon grand-père mais je peux pouvoir déchiffrer cela. Il est écrit…« Parlez, ami, et entrez. ». Les autres signes, je ne les comprend pas. On dirait une langue différente de la précédente.

-C'est exacte. Ce que vous avez lu est en sindarin mais les caractères plus bas sont dans la Haute Langue des Elfes de l'Ouest. Ils ne sont pas importants pour ouvrir la porte. (Si vous avez lu le livre, vous saurez que ce sont les signes que Narvi a écrits.) Alors, cela est facile, vous n'avez qu'à dire le mot de passe et, si vous êtes un ami, la porte s'ouvrira.

Ainsi, Gandalf récita une phrase en la langue des Elfes Gris que seul Glorfindel pouvait comprendre et il attendit quelques instants. Cependant, il constata que la porte ne s'ouvrit pas. Le magicien, intrigué, essaya d'autres phrases en toutes les langues qu'il connaissait, tous les tons faibles ou forts jusqu'au murmure et au cri. Mais l'entrée ne s'ouvrit pas aux yeux des compagnons. Pendant que Gandalf essayait d'ouvrir le passage, Merry et Faramir commençait à s'ennuyer mortellement. Le Hobbit du Pays de Bouc proposa à son camarade de lancer des pierres en essayant de les faire rebondir sur le lac devant eux. Ils lancèrent quelques cailloux jusqu'à ce qu'Elfwen prit le bras de Merry pour qu'il arrête son mouvement. Elle lui dit d'un ton grave :

-Vous feriez d'arrêter de jouer à ce jeu. Vous ne savez pas si elle est complètement déserte.

Les deux hobbits arrêtèrent aussitôt de déranger l'étang et ils s'assiérent sur un rocher en attendant que les portes s'ouvrent. La plupart des compagnons restèrent silencieux dans l'attente. Elfwen fixa l'étang un long moment pour être sûre que les Hobbits n'avaient rien réveillé dans l'eau mais ses peurs devinrent peu à peu réalité en voyant des minuscules vagues gagner la rive du lac. Elle recula jusqu'à Glorfindel et lui chuchota à l'oreille quelque chose que personne ne put entendre à part l'Elfe. Celui-ci fronça les sourcils, regarda Elfwen quelques instants et commença à examiner l'étendue d'eau de même.

Gandalf, découragé, se laissa choir sur un banc de roc et laissa tomber son bâton. Il poussa un soupir contrarié et ceux qui l'accompagnaient eurent le même sentiment que lui. Si un magicien n'était pas capable d'ouvrir une porte verrouillée par un mot de passe, personne d'autre ne le pourrait. Mais Frodon ne perdit pas espoir et se leva pour observer la porte. Soudain, il eut une idée. Il proposa à Gandalf son raisonnement :

-C'est une énigme, il n'y a pas de doute. « Parlez, ami, et entrez » … Comment dit-on « ami » en elfique ?

-…Mellon. Pourquoi c…

Gandalf n'eut pas le temps de finir tant il fut heureux lorsqu'il vit le passage des mines s'ouvrir. Il s'exclama :

-La Communauté de l'Anneau ne pourra jamais vous remercier autant que vous le mériter, mon ami ! Allons, ne perdons pas plus de temps, entrons !

Les autres s'exécutèrent mais Elfwen restait perplexe devant l'étang. Eldarion la pressa de rentrer et elle le suivit mais en continuant de regarder le lac. Lorsqu'elle entra dans le tunnel, elle décida tout simplement d'oublier cela…Gimli, fier qu'un Elfe vienne visiter les mines. Il dit à Glorfindel d'un ton satisfait :

-Cher Elfe, vous verrez bientôt quelques-uns de ma race nous accueillir royalement ! Une bonne tranchée de viande salée, une bonne bière aussi brune que vous n'avez jamais vu et un bon feu pour se réchauffer et être confortable !

L'Elfe Gris lui répondit par un petit sourire pour lui montrer qu'il n'était pas indifférent à ses paroles. Gandalf alluma son bâton et une petite lueur blanche s'en dégagea pour aider la compagnie à se repérer. En voyant une sorte de saleté recouvrir les escaliers menant vers les mines, Gimli s'écria pour plaisanter :

-Une mine ! Et ils appellent ça une mine !

-Ce n'est pas une mine…c'est un tombeau, déclara Eomir d'une voix angoissée, sortons d'ici. Nous n'aurions jamais du venir ici.

Gimli devint pâle et écarquilla les yeux en constatant que le Prince d'Ithilien n'avait pas tout à fait tort. Il se précipita vers un des cadavres et remarqua que c'était le squelette défunt d'un nain percé d'une flèche au crâne. Le Nain poussa un cri de frustration et les autres devinrent alarmés rien qu'à la vue de ce qui pourrait leur arriver s'ils s'aventuraient plus loin. Glorfindel attrapa une flèche par terre et il s'exclama :

-Des Gobelins ! Ce sont des flèches de Gobelins !

-Partons tout de suite d'ici ! Ordonna Eomir

Cependant, Gandalf ne dit aucune parole ne sachant pas quoi faire même s'il savait que des Gobelins s'étaient installés dans les tunnels depuis de longues années. L'Elfe d'Imladris banda son arc, tous ses sens en alerte. Elfwen sortit ses dagues, regardant à chaque recoin autour d'elle. Eomir et Eldarion dégainèrent leurs épées et les Hobbits firent de même. Gimli se mit en position d'attaque avec ses deux haches puis Gandalf avait son bâton comme moyen de défense. Toute la Communauté de l'Anneau était en position de combat de peur d'être pris dans une embuscade orque. Tout à coup, Frodon sentit quelque chose de gluant et mouillée lui entourer le pied et se sentit aspirer par cela. Le hobbit tomba par terre et se faisait traîner vers l'extérieur. Faramir fut le premier à le voir disparu et s'écria :

-Gandalf, Elfwen, Glorfindel ! N'importe qui ! Frodon ! Il... Il s'est fait attaqué vers l'extérieur !

Elfwen, Eomir et Glorfindel accoururent en essayant de rattraper Frodon. Le Porteur de l'Anneau se débattait de toutes ses forces mais le tentacule qui le retenait était trop fort. Lorsqu'ils arrivèrent au bord du lac, ils virent avec horreur une immense pieuvre dégoûtante sortant du fin fond des abysses des eaux. Eomir abattit quelques coups d'épées en blessant certaines tentacules du monstre aquatique et Elfwen jeta ses dagues puis sortit son épée de son fourreau. Par chance, elle coupa le tentacule qui retenait Frodon par le pied avant qu'il ne soit trop haut. Faramir se précipita vers Frodon pour l'aider à se relever tandis que les autres combattants continuaient à se défendre contre la pieuvre. La créature essaya d'attraper une nouvelle fois Frodon mais Eomir fut dans son chemin. L'homme du Sud se baissa rapidement avant qu'elle ne le prenne au cou mais la bête reprit Frodon par la taille et l'emmena au dessus d'elle. Elfwen cria à Glorfindel de lancer une flèche au monstre sans blesser Frodon. L'Elfe, habile au tir à l'arc, pointa sa cible de sa flèche et tira, sûr de lui. La flèche fendit l'air et transperça le tentacule de la pieuvre. L'animal poussa un cri rauque de douleur et laissa tomber Frodon qui atterrit dans les bras d'Elfwen. La guerrière eut à peine le temps de poser le hobbit par terre, de ramasser ses dagues et son épée que la pieuvre était déjà encore à leur assaut. Faramir réussit à emmener Frodon, étourdi par la précipitation des évènements, hors du terrain de combat. Gandalf ordonna à ceux qui étaient restés à l'extérieur de retourner dans le passage mais Glorfindel, ne l'écoutant pas, banda son arc une nouvelle fois. L'Elfe toucha la créature à l'œil et celle-ci replongea dans ses eaux ténébreuses. Elfwen lui criant de les rejoindre, il courut vers l'entrée. Juste à temps il se mêla au groupe puisque la bête qui les avait attaqué, avant de retourner de sombrer dans l'étang, déracina les seuls arbres près du tunnel qui soutenaient les portes puis les fit tomber en ruine. Maintenant, la Communauté était enfermée dans les caves souterraines de la Moria et leur seule chance de s'en sortir est de passer de l'autre côté des mines. Le guide de la compagnie rendit sa lumière plus forte puisque l'obscurité les avait atteint de toute part. Il murmura mystérieusement :

-Nous n'avons plus le choix de retourner en arrière…Nous devons nous risquer dans les Mines de la Moria peu importe le danger que nous risquons. Il ne nous reste qu'à espérer que personne ne va apercevoir notre présence ici. Soyez discrets.

Comprenant la gravité de la situation, les compagnons de Gandalf se turent pendant leur marche. De la lueur qui se dégageait du bâton magique de l'Istari, le groupe virent maintes sculptures et gravures faites par les Nains dans les Jours Anciens. Même si les mines étaient désertes depuis maintes années, Frodon sentit que quelqu'un les observait. Des bruits de pieds nus effleurant le sol malicieusement lui parcouraient les oreilles mais il ne décida pas d'en parler tout de suite à Gandalf, déjà plongé dans ses pensées essayant de se souvenir de son passage, jadis, dans les cavernes. La Communauté, pour ne pas s'égarer, se tenait en file indienne : Gandalf qui guidait la compagnie, Frodon le suivant de près, Faramir restant près de son camarade, Merry, Eldarion, Glorfindel et Elfwen les sens aux aguets puis, pour surveiller leurs arrières Eomir le dernier. Finalement, ils débouchèrent dans une salle où avaient été faites deux allées de pierres menant vers deux chemins différents. Frodon remarqua l'expression perplexe qu'eut Gandalf lorsqu'ils arrivèrent devant ces deux passages. Il dit d'une voix basse comme s'il parlait à lui-même :

-Je ne me souviens plus de ce chemin. Nous devrons faire une halte.

Suivant le souhait de Gandalf, la compagnie monta un petit campement. Le magicien se tint à l'écart des autres et s'alluma une pipe afin de réfléchir tranquillement à leur prochaine route dans les mines. Merry et Faramir commencèrent à engager la conversation pour changer les idées à leurs compagnons. Mais Frodon s'éloigna du groupe et rejoignit Gandalf assis près des portes. Le hobbit l'observa un moment pour être sûr qu'il ne le dérangeait mais l'Istari n'avait même pas remarqué la présence du Porteur de l'Anneau, trop occupé à mettre en ordre ses nombreux songes. Soudain, pendant que le hobbit regardait dans le gouffre semblant sans fond près de lui, il vit une silhouette grise maigre très mouvementée au fin fond. Le Porteur de l'Anneau ne la voyait pas très bien mais c'était bel et bien une chose vivante. Paniqué il s'exclama :

-Gandalf ! Il y a quelque chose en bas ! Pourtant, les mines sont supposées être désertes !

-C'est une créature démoniaque allié à Sauron. Elle nous suit depuis un bon bout de temps. Elle nous a remarqué en Houssaye et ne nous a pas lâché depuis. Répondit Gandalf, les yeux vides en continuant de fumer sa pipe tranquillement, indifférent à l'angoisse de Frodon.

-Nous devrions la tuer avant que cette bête aille dire tout à son maître sur notre mission pour causer notre perte !

-Ne soyez pas aussi hâtif à enlever la vie à quelqu'un. Cette créature n'a pas toujours été maléfique. Elle a toujours eu du bon en elle et celle-ci en a encore. Je sens même qu'elle sera plus utile que vous le pensez, cher Frodon. Même le plus sage des sages ne peut voir toutes les fins.

-Mais vous avez dit qu'elle est alliée à Sauron ! Ce monstre ne peut nous être utile ! C'est seulement par pitié que vous ne voulez pas qu'on la tue !

-Pitié ? C'est la pitié qui retient notre main à assassiner des personnes. Bien des personnes se sont faites enlever la vie alors que leur esprit était purement bon et honnête et d'autres à la pensée noire et traîtresse n'ont pas reçu la mort encore. Mais, Frodon, pouvez-vous redonner la vie aux personnes bonnes mortes aujourd'hui ? Non. Non, nous ne pouvons pas leur la redonner. Alors, n'ayez pas l'envie de tuer cette bête quand vous n'avez pas une raison pure et sincère.

Frodon, honteux de ses paroles, s'assit près de Gandalf. Il baissa les yeux et les larmes étaient en train de brouiller sa vue. D'une voix faible et coupable, le hobbit dit :

-Je voudrais tellement que rien de tout cela ne soit arrivé. Que nous ne soyons pas ici à débattre de la vie ou de la mort de quelqu'un. Je voudrais ne jamais avoir poussé les personne nous accompagnant à me suivre. Je souhaiterais que l'Anneau Unique ne soit jamais venu à moi.

Gandalf se rapprocha de lui et posa une main réconfortante sur l'épaule du Hobbit apeuré. Le magicien lui dit en esquissant un sourire amical :

-C'est ainsi que toutes les personnes de n'importe quel race pensent lorsqu'ils vivent des moments dures et noirs comme ceci. Tout ce que tu as à décider, cher ami, est de savoir quoi faire du temps précieux qui nous est imparti.

Frodon leva la tête vers le visage de son vieil ami. Il prit une grande respiration et dit d'un ton rassuré :

-Oui, c'est sûrement tout ce que j'ai à décidé…Rien d'autre.

Les deux amis se sourirent sur le point de rire mais ils ne voulurent pas attirer l'attention des autres. Gandalf détourna son regard de Frodon et eut un petit sourire malin. Frodon lui demanda qu'est-ce qui se passait rien que par son air intrigué et le magicien annonça à la compagnie, au grand soulagement de tous :

-Ah, je me souviens maintenant. C'est par là.

L'Istari pointa de son doigt le chemin de droite et, aussitôt, Merry se précipita vers Gandalf, n'attendant que ce moment où Gandalf allait trouver le passage. Amusé par la gaieté que présentait le hobbit à ses côtés, il se baissa pour lui dire à l'oreille :

-Il faut toujours se fier à son flair, Mr. Brandebouc, lorsque vous êtes perdus quelque part.

Le magicien ajouta en descendant les escaliers :

-L'air est moins nauséabond par là. Allons, ne traînez pas.

C'est ce qu'ils firent un par un ils descendirent les marches et ils mirent pied dans une autre salle mais bien plus gigantesque que la précédente. Gandalf suggéra au groupe :

-Nous allons risquer un peu de lumière, ici. Voici Cavenain, la cité des Nains anciennement nommé Khazad-Dûm.

Grâce à la lumière du bâton de Gandalf, la Communauté put voir des avec émerveillement des piliers et des couloirs colossales. La plupart des compagnons n'avaient jamais vu d'aussi belles salles des Jours Anciens. Faramir s'écria, les yeux remplis d'admiration :

-Pour sûr, c'est du style ! Je n'ai jamais rien vu de tel ! Nos smials ne sont rien à côté de cela !

-Et c'est peut-être la dernière chose que vous verrez des vestiges des Jours Anciens, mon brave hobbit… Lui avoua Gandalf

Ils traversèrent l'énorme salle jusqu'à ce qu'ils voient une lumière blanche venant de l'extérieur (qu'ils n'avaient pas vu depuis quelques jours). De loin, on pouvait voir que la lueur semblait provenir d'une salle non loin du corridor gigantesque qu'ils empruntaient. Là-bas, se tenait seulement la silhouette d'un objet éclairé par la lumière. Gimli poussa un cri d'effroi et se précipita vers la petite pièce à l'étonnement de tous. Gandalf essaya de le rappeler mais le Nain ne voulut rien entendre. Ne voulant pas le laisser seul, les autres membres de la Communauté vinrent le rejoindre et celui-ci ne fit pas attention à leur venue. Tout à coup, rien qu'à la lecture des écriteaux gravés sur l'objet qui ressemblait à un cercueil, il s'effondra devant le tombeau et pleura à chaudes larmes en criant des mots incompréhensibles qui semblaient faire partie du vocabulaire du langage des Nains. Gandalf, comme s'il savait déjà ce qui allait être écrit sur le cercueil, récita en pointant les signes un à un avec son bâton pour que tout le monde puisse comprendre :

-Ici gît Balïn, Seigneur de Khazad-Dûm…Il est mort. Comme je l'avais si souvent prédit. La colonie qu'il a emmenée ici a échoué… Puisse-t-il reposer en paix.

La Communauté donna un moment de silence au défunt seigneur nain et le seul bruit qui se fit entendre dans la pièce fut les sanglots amers de Gimli, regrettant tristement le départ de son cousin. Soudain, quelque chose attrapa l'intérêt de Gandalf. Le magicien vit un livre très épais entre les mains d'un cadavre nain. Il tassa un peu la main squelettique et prit dans ses bras le livre semblant très lourd pour lui. Il informa les autres :

-Je crois que ce livre sont les dernières mémoires de la colonie de Nains qui s'était établit ici pour refaire une population en ces lieux. Mais ce projet a tombé en ruine et ils ont sûrement du être pris dans une embuscade par les Gobelins. Tout ce que je peux lire clairement est : « Nous avons barricadé la porte mais elle ne tiendra pas assez longtemps et nous ne pouvons sortir que par ce chemin. Nous sommes enfermés sans aucune chance de survie. Ils arrivent. Nous entendons leurs tambours. Ils arrivent. Nous ne pouvons plus sortir. »

Les derniers signes du texte furent marqués hâtivement mais gardait une belle calligraphie. Gimli se leva pour y jeter un coup d'œil et murmura, encore choqué par la mort de son grand ami :

-C'est l'écriture de Oïn tout craché…Il est mort lui aussi, tout comme Fili et Kili et plusieurs autres…

Gandalf, connaissant aussi ces Nains de la même lignée que Gimli, fut contrarié par la mort de ces braves Nains d'Erebor (la Montagne Solitaire) mais garda son sang froid. Voulant en lire plus sur le récit de la colonie, il demanda à Faramir de tenir son chapeau pointu et son bâton. Lors de la lecture, Glorfindel dit à Elfwen d'un air alarmé :

-Nous devrions partir d'ici. Il ne faut pas perdre du temps inutilement.

Elfwen hocha brièvement en signe qu'elle partageait son opinion mais Gandalf ignora la remarque du Seigneur Elfe. Commençant à s'ennuyer, Faramir décida d'explorer un peu la pièce. Il vit une dépouille d'un Nain sur un puit depuis longtemps non utilisée. Par curiosité, il pinça la main osseuse du cadavre mais par mégarde le fit tomber ensuite. Cependant, le cadavre tomba un peu trop bruyamment au goût du groupe. Gandalf se retourna violemment vers Faramir, aux aguets de chaque bruits que pouvait faire un de ses compagnons. Malheureusement, le squelette emporta avec lui le sceau du puit accroché à une chaîne dont la fin était une grosse boule noire métallique. Le magicien, colérique, lança un regard furieux vers Faramir. Il laissa tomber son livre et s'écria :

-Crétin de Touque ! Jeter vous dedans la prochaine fois ! Cela nous débarrassera de votre stupidité !

Le hobbit assez maladroit n'osa pas regarder le visage crispé par la frustration du magicien mais il baissa les yeux de culpabilité. Grâce à cela, ils peuvent bien plus facilement se faire repérer. L'Istari reprit son chapeau et son bâton brusquement des mains du hobbit et, lorsqu'ils allaient partir de la salle, un bruit lourd de tambour tant lointain que dangereusement proche se fit entendre. Les yeux de Gandalf s'écarquillèrent rien qu'à l'entente de cet affreux son de malheur qui avait détruit toute une colonie de Nains d'Erebor. Les fines oreilles pointues de Glorfindel et Elfwen essayèrent de repérer la localisation de ce bruit et ils constatèrent que le son venait du grand couloir qu'ils avaient traversés précédemment. Le vacarme des tambours devint de plus en plus proche et fort. Des bruits de pas lourds et des cris de Gobelins se firent entendre ensuite. Eomir et Eldarion se précipitèrent vers la porte. Ils regardèrent hors de la pièce, horrifiés à la vue d'une armée de Gobelins armés jusqu'aux dents. Mais une autre créature bien plus forte et terrifiante était aussi à leurs trousses. Les deux hommes du Sud barricadèrent la porte de la pièce avec les haches que Gimli leur avait lancée. Ils crièrent :

-Préparez vous à combattre ! Ils ont un Troll des Cavernes.

Cette information ne plut à personne sachant que les Trolls n'étaient pas aussi facile à rendre hors du champ de bataille. Les membres de la Communauté sortirent leurs armes comme à l'entrée prêts à quelconque attaque des Gobelins. Gimli bondit sur le tombeau de Balïn et s'écria :

-Qu'ils viennent et qu'ils sachent qu'il y a encore un Nain dans la Moria qui respire !

Les Gobelins étaient arrivés. Ceux-ci essayaient d'ouvrir la porte par leurs lances et couteaux. Lorsqu'ils firent un trou assez gros dans la porte, Glorfindel tira une flèche et en frappa un de plein fouet. Elfwen l'imita et ne manqua pas son coup aussi. Finalement, ils finirent pas défoncer la porte et l'écrasèrent. Elfwen et Glorfindel jetèrent leurs arcs et l'Elfe sortit ses dagues tandis que la guerrière dégaina son glaive. L'armée de Gobelins fonça sur eux violemment. Mais lorsqu'ils virent arriver un immense Troll avancer vers eux, il fut dur pour la compagnie de le mettre à terre. L'Elfe Gris abattit quelques Gobelins et se retourna afin d'essayer de monter sur la tête du Troll. D'un geste adroit, il sauta au-dessus de l'immense créature et lui lança deux flèches dans le crâne. Avec ses grosses mains, le Troll essaya de prendre Glorfindel par les pieds mais l'Elfe s'échappa pour retourner à terre. Les trois hobbits se défendirent tant bien que mal avec les épées qu'ils avaient reçues à Fondcombe mais le Troll commença à s'intéresser à ces petits êtres. La bête fondit sur eux et, par réflexe, les Hobbits se séparèrent. Faramir et Merry étaient ensemble cependant Frodon était seul et le Troll l'avait choisi comme cible. Le Porteur de l'Anneau se cacha derrière un pilier mais le Troll ne l'abandonna pas de sitôt : il essaya de le trouver derrière le pilier mais Frodon ne faisait que changer de côté. Malheureusement, la bête le trouva et le lança dans un coin du mur. Elle allait prendre une arme pour le tuer mais Frodon cria de toutes ses forces le nom d'Elfwen. Celle-ci en constatant la détresse du hobbit, s'élança pour le rejoindre en poussant les Gobelins hors de son chemin. La Rôdeuse arriva enfin devant Frodon armée de son glaive, Isilànar et de ses dagues. Elle lança ses dagues dans le torse et l'épaule. Le Troll poussa un cri de douleur et, dans sa rage, tassa Elfwen violemment. La guerrière s'écrasa sur un des piliers soutenant la pièce et Frodon accourut près d'elle. Il essaya de la réveiller mais celle-ci avait été assommée gravement. Le hobbit était seul face au Troll et plus personne ne pouvait l'aider. La bête n'attendit rien pour planter sa lourde lance dans la poitrine de Frodon. Le Porteur de l'Anneau poussa un cri faible mais pouvant être entendu et s'effondra manquant de souffle. À la vue que Frodon fut blessé, la compagnie se battit encore plus rageusement et Merry et Faramir se jetèrent sur le Troll pour lui planter leurs petites épées dans le cou. Glorfindel lui lança une nouvelle fois une flèche qui le toucha au tronc et la bête finit par tomber, morte. Les derniers Gobelins restant s'étaient enfuis pour aller chercher des renforts et choqués d'avoir perdu autant de leur race hideuse. Tous se précipitèrent près de Frodon et Elfwen finit par se réveiller. Elle accourut aux côtés de Frodon et elle était sûre que Frodon n'avait pas survécu. Des larmes pouvaient se voir dans les yeux chagrinés des Hobbits constatant la mort de Frodon. Elfwen le retourna lentement pour voir s'il était mort ou simplement assommé. Et, à la grande joie de tout le monde, le Porteur de l'Anneau, dès qu'Elfwen l'avait retourné, respirait mais encore un peu étourdi par le choc. Il dit d'une voix essoufflée à tous :

-Je vais bien…Je vais bien…

-C'est incroyable ! Cette lance aurait transpercé un sanglier ! s'exclama Elfwen encore étonnée mais heureuse que le Hobbit soit en vie

-Je crois que notre Porteur de l'Anneau a quelque chose de plus sous ces vêtements que sa simple peau. Devina Gandalf

Il n'avait aucunement tort puisque Frodon détacha sa chemise et on put voir une magnifique cotte de maille argentée garnie de pierres précieuses dorées.

-Mithril ! C'est un équipement de combat royal, cher Hobbit. Où avez-vous eu ça ? Certainement pas en Erebor je ne vous ai jamais vu là-bas. Interrogea Gimli, émerveillé par ce métal rare de nos jours

-C'est mon grand-père l'Ancien qui me l'a donné. Il m'a dit que cela appartenait à un grand ami de mon père qui avait le même nom que moi. Je crois que c'est son oncle qui lui avait offert…Eh bien, si ma mémoire est bonne.

-Eh oui, tu as hérité de la cotte de maille de Bilbon Sacquet, un merveilleux hobbit. C'était, je pense, lors du voyage en Erebor. Déclara Gandalf

-Fantastique ! C'était mon parent Thorin Écu-de-Chêne qui lui avait donné en guise de remerciement ! Vous avez sur votre poitrine, Frodon, un cadeau digne des Rois Nains de jadis. S'exclama Gimli

(Il faut avoir lu « Bilbon le Hobbit » pour comprendre les phrases de Gimli et Gandalf ;))

-Nous en parlerons plus tard lorsque nous ne serons plus en péril. Vite, nous devons nous dépêcher avant que les Gobelins ne reviennent. Au Pont de Khazad-Dûm !

Toute la compagnie courut vers le gigantesque corridor et s'élancèrent les jambes à leur cou (même les Hobbits) vers le Pont qui menait vers la sortie des Mines. Lorsqu'ils arrivèrent enfin au pont, une nouvelle armée encore plus grosse de Gobelins leur bloqua le passage à leur grand désarroi. Un d'eux s'avança vers eux, plus grand et plus costaud que les autres. Il semblait être un des capitaines des Gobelins de la Moria. Il lança un regard maléfique de ses yeux noirs affreux à chacun des membres de la Communauté. Glorfindel, ne supportant plus cette moquerie, décocha une flèche sur le capitaine gobelin et celui-ci tomba dans le gouffre sans fond en dessous du pont. Horrifiés par la mort de leur lieutenant, les Gobelins leur crièrent des insultes en Langage Noir et s'enfuirent. Le groupe s'apprêtait à traverser le pont vers la sortie, mais Gandalf ne bougea même pas le petit doigt. Intrigués par cette réaction inattendue de Gandalf, ils l'interrogèrent du regard. Mais le magicien ne leur accorda aucune réponse et ne fit que regarder devant lui les sourcils froncés. Soudain, la compagnie aperçut du feu de l'autre côté du pont. Mais, peu à peu, le feu devint une silhouette terrible et démoniaque. Beaucoup auraient cru que le diable en personne était venu les hanter. Les seuls qui surent quelle était cette créature furent Gandalf et Glorfindel. L'Elfe le savait parfaitement puisqu'il en avait déjà combattu un… (voir le Silmarillion). Il baissa les yeux d'effroi, impassible à toute personne. Eldarion demanda à Glorfindel :

-Quel est ce nouveau maléfice ?

-Un Balrog… démon des Jours Anciens.

Eldarion et Elfwen, ayant entendu une rumeur de ces démons seulement faits de feu et d'ombre, eurent un sentiment de peur qui se développa dans leurs cœurs. Rien qu'à la vue de sa silhouette entourée par le feu, la plupart étaient déjà terrifiés. Gandalf leva enfin les yeux et dit d'une voix basse mais grave :

-Cet ennemi est trop fort pour vous. Dès que vous en avez l'occasion passez le pont et courrez hors des montagnes pour sauver votre vie…

Le Balrog avança de plus en plus proche de ses pas faisant trembler le pont, Gandalf leva son bâton et avança à ses risques et périls. Sachant que Gandalf était un puissant magicien, Eldarion, Elfwen et Glorfindel laissèrent l'Istari combattre le Balrog mais les Hobbits ne partageant pas leur opinion se débattaient de leurs bras pour empêcher Gandalf de faire cette folie. Cependant, Gandalf n'entendit pas leurs cris de protestations et était prêt à faire face au démon de Morgoth et de le combattre. Gandalf lui cria :

-Balrog de Morgoth ! Je suis Olorìn Serviteur du Feu d'Ànor, l'Ombre ne vous servira à rien, Flamme d'Utumno ! (voir Silmarillion)

Le démon enflammé lui répondit simplement par un rugissement comme s'il n'avait pas peur de lui. Mais pourtant, les deux étaient de forces égales puisqu'ils étaient tous des Maïas de haut rang. (voir Silmarillion). Agacé par l'incrédulité du Balrog, il s'écria rageusement :

-Vous ne passerez pas pour rejoindre les Mines !

Ensuite, il planta son bâton fortement sur le pont et provoqua une flamme blanche l'entourant et approchant dangereusement de l'ennemi. Le Balrog claqua son fouet et, lorsqu'il s'apprêtait à abattre son gigantesque glaive de feu et ombre sur Gandalf, il reçut une immense boule de feu blanchâtre lancé par Gandalf. Le Balrog, perdant l'équilibre par la force du sort, tomba dans le trou noir… Gandalf, essoufflé par l'énergie qu'il avait dépensé regarda le Balrog chuter dans l'Ombre qui l'avait crée. Au moment où il se retourna vers ses compagnons, le démon lança une ultime fois son fouet et attrapa Gandalf par la cheville. Celui-ci fut aspiré et s'agrippa tant bien que mal aux abords du pont et cria aux autres :

-Elfwen, sauve-les ! Fuyez pauvres fous !

Ainsi, sous les yeux de la Communauté de l'Anneau, Gandalf sombra dans le gouffre rejoignant le Balrog qui l'avait entraîné. Frodon, essayant de se défaire de l'emprise d'Eomir, cria le nom de Gandalf en vain. Elfwen, contrariée par les dernières paroles de son ami, fut la première à courir vers le pont. Les Gobelins étaient encore à leurs trousses leur lançant des flèches. Un par un, ils s'enfuirent des mines comme leur avait ordonné Gandalf. Elfwen fut la dernière à quitter les mines en regardant le gouffre sans fond une dernière fois…