Le sang du témoin


Chapitre 7 : L'oeil du loup

- Syaoran ?

- Oui ?

Sakura reposait tout contre Syaoran qui avait glissé un bras autour d'elle pour mieux la sentir près de lui. Il tourna la tête vers elle alors qu'elle dessinait du bout des doigts un motif imaginaire sur son torse.

- Rien. Je voulais juste entendre ta voix.

Elle stoppa son dessin pour glisser sa main droite dans la sienne. Il sourit.

- Viens, dit-il en la tirant vers lui.

Elle s'allongea sur lui et déposa un baiser sur ses lèvres avant de poser sa tête sur son épaule.

- Tu as froid, constata-il en nouant ses bras autour d'elle.

- Maintenant ça va mieux.

Elle joua avec le pendentif argenté qu'il portait autour du cou, l'observant avec attention. Un loup de profil. Un loup qui grognait. Un loup aux yeux émeraudes.

- Il est très joli, fit-elle en parcourant chacun de ses reliefs du doigt.

- Je l'ai depuis longtemps, depuis que je suis enfant.

- Son oeil... Il a une forme étrange. Tu ne trouves pas ?

- C'est parce que... En fait, c'est un pétale. Un pétale de fleur de cerisier.

- Une fleur de cerisier ? Une sakura ?

- Oui. Ma grand-mère m'a offert ce pendentif avant de mourir, quand j'ai eu mes 10 ans. Elle l'a fait faire à mon image. Mon prénom en chinois c'est Xiao Lang. Ça veut dire "petit loup". Il me représente moi... Et ma destinée.

- Ta destinée ?

- Oui.

- Raconte-moi.

- Elle m'a dit ...que le loup errait parmi les ombres. Que la source dont il tire sa force n'est qu'illusion. La haine, la solitude, la mort sont les trois pilliers du chemin que la meute a tracé pour lui. Le chemin que le loup suivra, comme une âme en peine, aveuglément... jusqu'à ce que la fleur de cerisier lui ouvre les yeux. La fleur de cerisier sera ses yeux pour l'aider à trouver la lumière qui lui fera découvrir la paix et qui fera fondre son coeur que la nuit glacée avait gelé. Elle m'a dit que c'était ma destinée.

Elle releva la tête et le regarda avec étonnement.

- Tu veux dire que... - Oui...Sakura. C'est toi ma destinée. C'était tellement évident ! Depuis le premier jour...ce que je ressentais pour toi. Ça ne m'était jamais arrivé avant.

- Est-ce que... c'est pour ça que tu m'as aidé la première fois ?

- A vrai dire... non. Cela fait plus de dix ans que j'ai ce collier, et en 10 ans j'ai connu plusieurs filles qui portaient ton prénom. Quand je regardais mon pendentif, cette histoire me revenait toujours en tête. Je me suis dit que c'était peut-être ça la signification de ses paroles, la fleur de cerisier dont elle parlait... J'espérais à chaque fois qu'elle soit celle qui m'était destinée. J'avoue même qu'à un moment seules les femmes qui portaient le nom de cette fleur m'intéressait. Mais au final... elles étaient toutes arrogantes et intéressées. Comme toutes les autres. Alors j'ai fini par... laisser cette histoire de côté. La première fois... je ne sais pas pourquoi je t'ai laissé partir. C'était bizarre. Comme si quelquechose me disait qu'il ne fallait pas que je les laisse te faire du mal.

- Tu sais, j'ai eu très peur ce jour-là. C'est étrange de penser qu'en seulement quelques secondes ta vie entière peut basculer. Un affreux cauchemar devenu réalité. Un cauchemar qu'on ne peut pas arrêter rien qu'en ouvrant les yeux au matin. Ton monde a envahi le mien à ce moment-là. Mais... quand je me suis retrouvé dans tes bras la première fois, c'était comme si tout ce qui venait de se passer n'avait plus aucune importance. Je ne te connaissais pas mais malgré ça je me sentais heureuse et en sécurité quand tu étais près de moi. Et c'est encore le cas aujourd'hui. Je ne regrette rien de ce qui s'est passé parce que je sais que j'ai trouvé en toi l'amour de ma vie.

Syaoran sourit, heureux de cette déclaration sincère et spontanée. La première qu'il recevait. La première qu'il partageait. Alors qu'il errait dans ses songes, Sakura leva soudain son visage au dessus du sien, lui caressant tendrement les cheveux.

- Au fait, qu'est ce que tu m'as dit tout à l'heure ? demanda-t-elle d'un air espiègle.

- Quand ça ?

- Juste avant qu'on... tu vois, dit-elle en rougissant un peu.

Il esquissa un sourire en voyant son expression enfantine.

- J'ai dit quelque chose moi ? Fit-il en feignant de ne pas comprendre.

Elle rit et déposa un baiser sur ses lèvres.

- Arrête, je suis sérieuse. Qu'est ce que tu m'as dit ?

- Ngo oi ney...

- ça veut dire quoi ? Tu sais bien que je ne parle pas ta langue.

- Je sais, dit-il en souriant.

- Alors ?

- Je t'aime. Ça veut dire je t'aime.

- J'en étais sur... Aïshiteimasu, Syaoran-kun.

Elle se lova contre lui et posa sa tête au creux de son cou.

- Je t'aime plus que tout.

Sakura s'endormit bien vite sous les caresses de son compagnon. Il observa son petit corps fragile qui se soulevait au grès de sa respiration. Il ne lui avait pas tout dit. Il ne savait pas s'il devait lui dire. Est ce que cela changerait quelquechose ? Lui même ne connaissait pas la réponse à la question qui l'avait fait hésiter un peu plus tôt dans la soirée.

Flashback

Une vieille femme aux cheveux poivres et sels se pencha sur un petit garçon qui la regardait de ses yeux ambrés. Il était jeune, mais son regard était déjà froid et dur. Comme tous ceux de sa famille. Elle passa autour de son cou le pendentif qu'elle avait tenu jusque là dans sa main.

- Je ne comprends pas, grand-mère, dit l'enfant en regardant la chaine avec curiosité.

- Tu comprendras un jour, Xiaolang. Ne t'en fais pas, tu comprendras le moment venu. Parce que c'est ta destinée.

- Ma destinée est de prendre la tête du clan, Mère me l'a dit.

Elle sourit tristement en voyant son visage si sérieux lorsqu'il prononçait ces mots.

- Tu es jeune encore. Si jeune pour savoir ce qu'est la vie. La vraie vie. Ne l'enlève jamais Xiaolang. Il t'aidera à te souvenir. Garde-le toujours sur toi, promets-le moi.

Le petit Xiaolang releva tête.

- Je te le promets grand-mère, tu as ma parole.

- C'est bien. Ne raconte à personne ce que je t'ai dit, pas même à Akira. C'est très important.

- Grand-mère...

- Oui, mon enfant ?

- Est ce que...je serais heureux un jour ?

- Oui. Très heureux.

- Toujours ? Elle sourit tristement.

- Tu es différent de tous les autres. Suis ta destinée et écoute ton coeur, ce sera la seule chance que tu auras de vivre un jour ce dont tu as toujours rêvé.

Fin du Flashback

Syaoran ferma les yeux. Il n'avait jamais été aussi heureux. Lorsqu'elle l'avait embrassé, lorsqu'elle lui avait dit "je t'aime"... Il voulait que cet instant dure pour l'éternité. Qu'il se répète encore et encore, à l'infini.
Mais elle n'avait pas répondu à sa question. Elle avait eu l'air si triste quand il lui avait demandé ...si son bonheur allait durer.


Et un chapitre de plus ! Pour info "Ngo oi ney" (ou "Wo oi ni") veut dire "je t'aime" en cantonnais (un dialecte chinois parlé notamment par les gens de Hong-Kong, ville dont, je vous le rappelle, Syaoran est issu). Beaucoup de monde connait le fameux "Wo ai ni" qui veut dire exactement la même chose mais en mandarin (ou pékinois), un autre dialecte chinois qui est aussi la langue officielle en Chine.. Je me suis dis que ce serait bien de vous faire connaitre une autre façon de déclarer sa flamme (ça peut être utile on sait jamais :p. lol).
Miss gliter : ahaha tu triches toi ! Tu prends de l'avance :p. Je tâche d'écrire les prochains chapitres bientôt -)

Sakuya2004 et Juju: lol mais non je ne suis pas cruelle, j'ai fini sur un bon moment quand même :p

Tenshi: Merci beaucoup -)

Syt: hihi p'tet bien que oui... p'tet bien que non.

Je vous ai mis tout ce que j'avais en réserve d'un coup cette fois-ci ! Bonne lecture pour la suite -)