Le lendemain, je me réveillai en frissonnant, même si Auron m'avait laissé son manteau en guise de couverture. Mais lui n'était pas là, il marchait un peu plus loin. D'une petite voix je l'appelais :

Auron… Qu'est-ce que tu fais ?

Je me ballade. Je n'arrive pas à dormir.

Quelle heure est-il ?

Quelque chose comme midi. Je crois qu'on devrait aller chercher les autres.

Hum hum… C'est une bonne idée, mais pour ça il faudrait que je me lève… Et je n'en suis pas capable !

Pas capable ? Tu vas voir si tu n'est pas capable !

Avec douceur mais fermement, il me prit dans ses bras et commença à danser. Je riais tellement que nous basculâmes par terre, comme des gosses. Enfin, je n'étais pas très loin de la gosse… Lui aussi riait, et je crois que c'est ce qui me fit le plus plaisir. Parce que pour une fois son rire était spontané, il riait parce qu'il était bien, et pas seulement parce qu'il devait rire. Et ça me faisait plaisir de savoir que c'était avec moi…

Nous redescendîmes au campement. Kimari était déjà réveillé, mais ne posa pas de questions en nous voyant arriver les deux ensemble. Les autres se réveillaient en baillant. Nous prîmes une tasse de café avant de partir en direction du temple de Zanarkand. Une fois à l'intérieur, nous fûmes pris au dépourvu par les souvenirs des Invokeurs morts qui hantaient les lieux. L'atmosphère était lugubre, je n'aimais pas du tout. En fait je n'aime pas les fantômes, que ce soit dit une bonne fois pour toute. Pourtant, je ne pus éprouver autre chose que de la tendresse quand apparurent des images du pèlerinage de Braska, Jecht, et Auron. Bien que je susses que ces images étaient dures pour lui, et que j'aurai voulu le prendre dans mes bras. Je ne pus que lui serrer discrètement la main avant d'entrer dans la salle où se tenait Yunalesca. Elle nous accueillit presque maternellement, et je sentais ce ton très mal-venu alors qu'elle demandait à Yuna qui allait se sacrifier en échange de l'ultime chimère… Cependant, sa voix devint bien plus menaçante quand Yuna lui annonça qu'elle ne comptait pas invoquer l'ultime chimère, mais la détruire, ce qui impliquait un combat contre Yunalesca. Même si cette dernière se savait plus puissante que nous, je sentis qu'elle était réfractaire à tout affrontement, peut-être par la peur de notre équipe unie. C'est là que ses yeux se posèrent sur Auron.

Encore toi… La dernière fois ne t'as pas suffit ?

Tais-toi, Yunalesca…

Oui, je vais me taire, mais peut-être seras-tu intéressé par ça…

Devant nos yeux apparut Auron, à 25 ans. Je rencontrais son regard et lisais la haine dans ses yeux. Il provoquait Yunalesca en duel, pour venger Braska et Jecht. Yunalesca déclencha une attaque magique, et Auron fut projeté au sol.

Arrête, Yunalesca… murmura fermement Auron. Aujourd'hui est le jour de la vengeance.

Je t'en prie, je t'attends !

Le combat s'engagea rapidement, presque mécaniquement. Les coups de Yunalesca étaient puissants, mais nous gardions la tête du combat. Auron m'avait donné sa rage, je déchiquetais Yunalesca avec mes griffes, avant qu'Auron ne plante définitivement son épée dans la poitrine de la Priante. Elle tomba à terre, la peur dans le regard. Nous, on sentait qu'on avait brisé le cycle normal des choses, et que tout reposait sur nous maintenant. Dans un silence presque religieux, nous retournâmes au vaisseau. Après une nuit de repos nous retrouvâmes mon père pour une réunion. Nous allions vaincre Sin, voilà ce qui a été décidé ce jour-là. Bien sûr, ce n'était pas une nouveauté… Je savais que le but du pèlerinage était de sauver Spira par la destruction de Sin, je savais que Yuna le voulait, je savais que tout le monde le voulait. Pourtant quand je sortis du cockpit, un mal de tête m'accabla, et je dus sortir sur le pont. De l'air. Ainsi le voyage arrivait à destination finale. Dans quelques jours, nous aurions changé le monde, et de façon irréversible. Est-ce que cela était bien, était juste ? Moi qui n'avais jamais cru en Yevon, je me sentais coupable d'enlever au peuple cette croyance. Car une fois Sin détruit, il faudrait dénoncer toute la machination hypocrite des maîtres Yevonistes… Et je me sentais incapable de dépouiller les hommes de ce repère, aussi malsain soit-il, il ne leur ferait plus de mal. Une main sur mon épaule me sortit de mes pensées.

Je t'ai vue partir en chancelant, j'avais peur que tu aies un malaise…

Sans réfléchir, je m'abritais dans les bras d'Auron, comme s'il pouvait me protéger de mon sentiment d'impuissance face à l'inéluctable. Il n'eut pas de mouvement de recul, comme à son habitude, et je sais qu'il a souri.

Qu'est-ce qui t'arrive, ma puce ?

J'ai peur… Pour la première fois de ma vie j'ai vraiment peur.

Peur de quoi ?

Peur de tout. Peur de mourir, peur de ne pas être à la hauteur, peur de ne pas faire ce qu'il faut, peur de décevoir… Peur de l'inconnu, peur du changement… Peur de te perdre…

Il ne dit rien, et me serra plus fort dans ses bras.

Rikku… il ne faut pas que tu penses comme ça. Nous allons réussir, je le sais. Je n'ai jamais eu plus confiance en notre équipe, puisque chacun de nous porte une fissure, quelque chose qui lui permet de trouver la haine au moment où il le faut… Je sais que cela peut te sembler irréel, de croire que tu peux changer le monde, toi. Mais tu en es capable au même titre que les autres, et ça je le sais. Ne perds pas confiance maintenant.

Non, je ne perds pas confiance en moi. Mais je n'ai plus confiance en l'avenir. En notre avenir.

Notre avenir… Crois-tu vraiment qu'il en ait un ?

Je ne sais pas, c'est à toi de me le dire…

Pour l'instant je ne sais pas. C'est pour ça que je ne veux rien dire.

Je sentais que sa réponse sonnait horriblement faux, mais je ne savais pas quelle réponse j'aurai voulue. C'est pour ça que je ne relevais pas, et surtout que je ne demandais pas d'explication. Je me libérais de son étreinte et m'appuyais à la rambarde, sans rien ajouter. Je vis Kimari sortir et jeter un regard accusateur à Auron. Je ne compris pas, mais retournai à mes pensées. C'est alors que j'entendis murmurer :

Rikku… regarde…


Dslée pour la mise en page... n'arrive pas à mettre les tirets... Mille plates excuses...