Chapitre 6 : L'atout des femmes : la ruse

- Tu ne peux pas savoir comme Lynn est adorable. Depuis cinq jours, elle vient réveiller Trunk à cinq heures. Ils font ensuite leur jogging jusqu'à six. Et pendant qu'il s'apprête, elle lui prépare son petit déjeuner. Ensuite, ils partent à sept heures et pendant le trajet, Lynn lui expose le planning de la journée. Ils rentrent à huit heures le soir. Et là, elle lui prépare son dîner. Et ensuite, Trunk va aussitôt se coucher après un bain. Je te le dis : Lynn a régit complètement la vie de mon fils de A à Z. Lui qui aimait n'en faire qu'à sa tête et bien aujourd'hui il est obligé de suivre un vrai programme qui ne comprend aucune pause.

- J'aimerais avoir son double pour régir la vie de Songoten. Ce garnement en aurait grandement besoin.

- Hélas, il n'y a qu'une seule Lynn. Et même Végéta semble s'y être attaché.

- Tu m'étonnes ! Si Lynn est aussi strict avec Trunk. Végéta doit être ravi. Et Trunk, comment prend-t-il cet ouragan dévastateur ?

- Il râle. Ce qui prouve qu'il est bien le digne fils de son père. Mais à bien y regarder, je pense qu'il commence à comprendre où veut le mener Lynn. Il se ramollissait. Lynn l'aide à retrouver la forme.

- N'aimerais-tu pas que ces deux-là forment un couple ? Une fille aussi parfaite que Lynn ne se trouve pas à tous les coins de rue.

- J'y ai pensé mais je doute que cela se fasse car Lynn est très professionnelle.

- Invite donc la à notre journée à la plage. Ainsi nous pourrons tous faire sa connaissance et en même temps tu pourras créer une ambiance romantique entre ces deux là. Qu'en penses-tu ?

- Tu es géniale Chichi ?

- Comment crois-tu que j'ai pu épouser Songoku ? La ruse. C'est l'atout principal d'une femme.

Dans cet endroit aussi confiné, le chat sauvage attentait son heure.

Elle jeta un coup d'oeil à sa montre. Minuit moins cinq. Parfait.

A quatre pattes, elle évolua dans les conduits d'aération avec toute la grâce d'un félin habitué à se faufiler dans les recoins les plus insolites. Encore heureux qu'elle ne soit pas sujette à la claustrophobie.

Elle s'arrêta devant une croix peinte, au sol, à la peinture rouge. Elle donna un coup sec sur la plaque. Elle ne bougea pas. Elle réitéra son geste une deuxième puis une troisième fois sans succès. Il lui fallut cinq bonnes minutes avant que la plaque ne tombe et n'atterrisse au sol dans un bruit sourd.

Elle se pencha au-dessus du trou béant. Les équipes précédentes auraient pu se montrer plus professionnelle.

- Qu'est-ce tu fais, Wildcat ?

Elle remit l'écouteur autour de son oreille.

- C'est pas de ma faute. La plaque était mal découpée. J'ai dû frapper de toutes mes forces pour la faire céder.

- Où t'es ?

- Au-dessus des coffres.

- Dépêche-toi !

Elle tira une corde de son sac, et l'attacha à un gros tuyau au-dessus de sa tête. Puis, elle descendit le long du trou. Selon les informations, le tuyau tiendrait mais pas avec une personne de plus de cinquante kilos. Au retour, si elle évitait tout mouvement brusque, ça passerait de justesse avec ses quarante-six kilos et son sac rempli de bijoux, du moins.

Lorsqu'elle fut à un mètre du sol, elle lâcha la corde et atterrit sur le sol. Elle était dans une pièce au mur métallique qui se trouvait exactement derrière le bureau du directeur général de la banque Win zone. Elle y avait travaillé les trois derniers mois, le temps d'accumuler les informations nécessaires à leur mission. Cela n'avait pas été une mince affaire.

Le principal problème résidait dans la pièce secrète, renfermant les bijoux - les plus prestigieux les uns que les autres - des hommes d'affaires de la planète. Elle ne s'ouvrait qu'une seule fois par mois durant une heure précise de la journée et avec la présence du directeur général, du principal actionnaire de la banque et du président du conseil d'administration. Cela rassurait les personnes qui remettaient leurs trésors à cette banque. Mais pour elle, cela s'était révélé un souci de plus. Braquer un coffre fort en plein jour et devant témoins n'était pas encore dans ses cordes, quoique cela aurait été un exploit de plus à mettre dans sa légende. Heureusement, à force d'étudier les plans de l'immeuble, elle avait pu déceler la faille.

Durant sa période de stage au sein dans l'entreprise, une de ses équipes avait été embauchée grâce à ses soins par le comité d'hygiène et de sécurité pour revoir l'agencement de l'immeuble. Le tour avait été joué pour installer les premières bases de leur prochain vol.

Sa méthode de travail était simple : infiltrer le camp ennemi en prenant une fausse identité, taire les doutes en apprivoisant le monde et pour pouvoir tranquillement fourrer son nez dans les affaires de l'entreprise. Ce n'est qu'après quelques semaines, qu'elle accomplissait son coup, mais seulement après son départ de l'entreprise. Et depuis deux ans, cela marchait très bien.

Les quatre caméras allaient bientôt se remettre à fonctionner et les gardiens se réveilleraient. Elle avait quinze minutes chronos pour ouvrir le maximum de coffres et se saisir de leur contenu. Elle se dépêcha de composer les codes des coffres qu'elle savait bien remplis, et ouvrant son sac, elle y jeta les bijoux ainsi que les quelques liasses de billets. Elle laissa à regret les tableaux, bien trop volumineux.

Aussitôt son vol accompli, elle ramassa la plaque où elle fixa une corde. Elle attacha l'extrémité à sa taille puis, s'approchant de la corde qui pendait, elle remonta. Parvenue en haut, elle s'agrippa au rebord du trou. Elle se hissa jusqu'a être enfin entière dans le conduis. Elle défit la corde autour de sa taille et fit remonter lentement la plaque. Lorsque ses mains la saisir, elle la mit de côté. Puis elle prit celle qui attendait depuis un mois et qui avait été déposé par les précédentes équipes. Elle remit la nouvelle plaque métallique en place.

Son travail terminé, elle prit le chemin du retour vers la sortie.

Dans le parking, elle retrouva son équipier, un homme châtain foncé aux yeux gris. Il était adossé contre le camion d'entretien. Son éternel sourire narquois sur les lèvres, sa tunique et sa casquette frappées du logo de la société de nettoyage. Elle marcha en vitesse vers l'arrière du camion et s'y engouffra.

Et tandis que la voiture démarrait, elle ôta ses gants et sa cagoule noirs. Ensuite, elle posa une perruque rousse et une casquette sur sa tête et enfila une blouse. Son nouveau costume sur le dos, elle passa à l'avant de la camionnette.

Ils s'arrêtèrent devant le barrage de sécurité à la sortie du parking. Le vigile s'approcha de la voiture.

- Alors, le travail est terminé, Marco ?

- Comme tu peux le voir, mon pote.

- C'est la première fois que tu viens accompagné. C'est qui la demoiselle ? dit-il en désignant Lynn.

- Une nouvelle recrue de l'entreprise. Il paraît que le boss de cette boîte s'est plaint que j'étais nul pour faire le ménage. Et donc, je dois me coltiner une meuf depuis aujourd'hui. Ca craint.

- T'es obligé de vraiment t'y mettre maintenant, se moqua-t-il.

- Non, elle fait tout le boulot et moi je glande. Elle est un peu... Comment dire ? Un peu nunuche.

- Je vois. Allez à demain !

- A demain !

La voiture partit en trombe sous les rires du vigile : "sacré Marco !"

Lorsqu'ils furent assez éloignés du lieu de leur vol, Lynn ôta enfin sa perruque et sa casquette, puis soupira d'aise.

Une autre mission accomplie avec brio. Une autre preuve de son génie. Un pied de nez à ses détracteurs.

Elle ferma les yeux. Elle ne rêvait plus que d'un bain dans sa baignoire avec plein de mousse senteur fraise et un bon thé glacé à la menthe.

Soudain, une main vint frôler sa joue gauche. Elle rouvrit les yeux et tourna la tête pour voir son équipier qui avait les yeux rivés sur elle.

- Spynner, fais gaffe à la route !

- Faut toujours que tu râles.

- J'ai des raisons, imbécile ! A quoi bon avoir risqué nos vies jusqu'à maintenant si on doit mourir stupidement sur une autoroute !

- J'adore quand tu es en colère, ma puce.

- Je ne suis pas ta puce, rétorqua-t-elle sèchement.

- Comment se passe ta nouvelle mission ? Il est pas trop pot de colle ton nouveau boss ?

- Tout va bien pour le moment. N'essaie pas de venir mettre ton grain de sable comme il y a un an. J'ai pas envie que mes efforts soient mis à néant.

- Cette fois-ci c'est quoi ton personnage ? Une bimbo, une coincée, une intello ?

- Spynner !

- Je préfère quand même la brune naturelle que t'es en temps normal. T'en as pas marre de tous ces rôles que tu prends ?

- Mon avis ne compte pas. Je suis comme je voulais être. Arrête tes questions et dépêche-toi. On a une voiture qui nous attend avant de passer le péage. Alors fais-moi le plaisir de river tes yeux sur la route et de me laisser dormir. J'ai une rude journée qui m'attend dans moins de cinq heures.

Il garda encore quelques secondes ses yeux sur Lynn avant de les détourner pour se focaliser sur la route.

Lynnie... Tu portes à merveille ton surnom, Wildcat. T'es un vrai chat sauvage difficile à cerner et à capturer. Je voudrais que tu ouvres un peu plus ton coeur au lieu de jouer la carte de l'indifférence. Il n'existe certainement personne capable de te détourner de ta vengeance. C'est dommage. Tu mériterais enfin de trouver cette épaule accueillante et chaleureuse pour pleurer les larmes que tu contiens en toi depuis tes huit ans. Crois-moi, je jure de tout faire pour obtenir ton coeur. Je l'aurais.