Chapitre 17 : Nouveau départ

- Maman, où as-tu mis ma veste !

- Laquelle ? Si tu n'es pas plus précise, ma chérie, je ne vais pas pouvoir t'aider.

- Celle... Ah, ça y est ! J'ai mis la main dessus ! Merci, maman !

- De rien, dit-elle amusée.

- C'est tous les matins pareil, maugréa Végéta. Et dans cinq minutes, elle va vouloir changer totalement de vêtements. Elle croit que le lycée est une succursale d'une maison de couture ou quoi ?

- C'est très coquet une fille.

- Je ne sais pas pour les autres, mais la nôtre est pire que coquette.

- Ca ne va pas du tout ! Maman, où est mon jean !

- Bra, sois plus précise ! Tu en as des dizaines. Comment veux-tu que je sache de quoi tu parles ?

- Et tu me prêtes ton chemisier !

- Lequel !

- Je prends aussi tes talons !

- Et voilà ! dit Végéta. Elle va encore être en retard.

- Au moins, elle ne m'inquiète pas.

- Tu fais allusion à Trunk, c'est ça ?

- A qui d'autre veux-tu je fasse allusion ?

- Vous avez le don de me faire tourner en bourrique dans cette famille, grommela-t-il.

Bulma sourit face au caractère bougon de son mari qui ressurgissait.

- Trunk semble... Je ne sais pas comment te décrire ça. Il me fait penser à un automate.

- Un automate ? s'étonna Végéta.

- Oui. Tu as pris la peine de l'observer ces derniers temps ?

- Je le voudrais bien, mais sa compagnie semble être devenu sa famille. On n'existe plus dans son champ de vision.

- Tu vois ! s'écria Bulma ravie. Finalement, tu n'es pas si aveugle que ça. Tu es capable de déceler un problème chez tes enfants.

- Qui t'as dit le contraire ?

- Songoku.

- Je vais...

- Je plaisante. Bref, pour en revenir à Trunk. Je n'aime pas la façon dont il prend sa vie en main. Bien sûr la compagnie est importante mais il ne vit plus. Il n'accepte plus les invitations de Songoten. C'est à peine s'il sort pour s'amuser. Il a toujours le nez plongé dans ses paperasses, l'oreille collée à son portable, et les yeux rivés sur son écran d'ordinateur portable. C'est un automate qui ne ressent plus rien.

- Au moins, il n pense plus à Lynn.

- C'est ça le problème ! Il s'acharne à ne plus y penser. Ce n'est pas ça qu'il devrait faire.

- Et que devrait-il faire ? Il aimait Lynn, tu le sais tout aussi bien que moi. Il pensait la retrouver et elle meurt dans une explosion. Dis-moi ce qu'il devrait faire ? Ce n'est pas qu'un chagrin d'amour. Il s'impute cette mort. Cette culpabilité ne partira pas comme ça.

- Tu sembles bien savoir ce qu'il ressent.

J'ai tué des gens, songea-t-il, des coupables comme des innocents. Je n'ai jamais rien ressenti face à leur mort. Je ne voyais pas pourquoi d'ailleurs puisque c'était des inconnus. Pas plus que je pensais aux familles que je détruisais en leur ôtant un proche... Je me suis rendu compte de la douleur que cela faisait lorsque j'ai sacrifié ma vie lors de mon affrontement avec Boubou. J'ai pensé à ta douleur, Bulma, et j'ai pensé à celle de notre fils qui pleurait dans mes bras.

- … Voir une personne cher à son cœur disparaître, c'est pire que la mort. La douleur est insupportable. Il n'y a deux moyens de la taire : soit on accepte et on pleure. Soit on la refuse et on tente de noyer un chagrin silencieux. Trunk a opté pour la seconde solution.

- Tu le sais et pourtant tu ne vas pas le voir pour...

- Pour faire quoi ! C'est un saiyen ! Nos émotions, nous les gardons en nous pour devenir plus forts.

- On va le perdre ! Je veux dire... Notre fils est en train de changer. S'il ne veut plus éprouver d'amour s'il ne veut plus s'ouvrir aux autres par crainte de souffrir encore, il va devenir froid. Il va devenir...

- Comme moi autrefois : insensible, calculateur et égoïste.

- Tu ne feras rien ?

- Non. Je ne peux pas lui tenir la main, je te l'ai déjà dit. Il va devoir se sortir seul de ce gouffre.

- Si tu ne veux rien tenter, c'est moi qui lui parlerai !

- Fais comme tu veux mais je te préviens ne compte pas sur moi pour passer une nouvelle nuit à l'hôpital.

- Bonjour.

Ils reconnurent sans mal le ton froid et sans émotion de leur fils.

Sous les yeux comploteurs de ses parents, Trunk s'assit.

- Tu ne m'as pas l'air en grande forme, constata Bulma. Tu ne veux pas prendre quelques jours de repos ? Je suis certain que le reste de ton équipe saura se débrouiller sans toi.

- Je n'ai pas besoin de repos, rétorqua-t-il.

- Pourquoi ne pas rentrer plus tôt ce soir ? On pourrait passer une soirée en famille. Qu'est-ce tu en dis ?

- Je n'ai pas le temps.

- Et ce midi ? Je peux passer pour qu'on déjeune ensemble.

- J'ai un déjeuner d'affaire.

- Quand sera-t-il possible de passer un peu de temps avec mon fils ? se fâcha-t-elle.

- Passe par ma secrétaire. Elle saura bien trouver un trou pour te caser.

- Je suis ta mère, Trunk ! Tu ne vas tout de même pas me "caser" dans ton agenda comme si j'étais un de tes clients !

Son portable sonna à ce moment.

- Je vais devoir y aller, dit-il. On reprendra cette conversation plus tard.

- Je suis prête ! cria Bra en entrant dans la cuisine.

Trunk passa près d'elle sans lui prêter la moindre attention.

- Son état ne s'améliore pas, dit-elle alors qu'elle entendait la porte d'entrée se refermer.

- Je ne le reconnais plus, se lamenta Bulma. Il a refusé un déjeuner avec moi !

- Ce n'est plus un petit garçon, railla Végéta.

- Et alors ? Ce n'est pas pour cette raison qu'il doit me considérer comme une étrangère ! Qu'est-ce qu'on va faire ? Ca fait presque quatre mois que Lynn nous a quitté. Est-ce qu'il va passer les périodes de noël et le nouvel an dans cet état ? Moi qui prévoyais de belles fêtes, c'est certain que la nouvelle année sera sous le signe du deuil. Si seulement, nous pouvions utiliser les boules de cristal...

- Tu crois que personne n'y a pensé ? dit Végéta. Tu sais ce que nous a dit Kaïo. On ne peut plus les utiliser à tord et à travers. Ce serait égoïste de notre part d'appeler Sheron pour ressusciter Lynn. Est-ce que nous avons le droit de mettre la planète en danger pour apaiser le cœur de notre fils ?

Bulma soupira devant le bon sens, si rare, de son mari.

- Si même toi, tu deviens sensé... C'est que vraiment le temps change les gens, dit-elle. Si seulement, il y avait un moyen de ramener Lynn d'entre les morts.

- C'est la vie, on ne peut rien y faire, dit Bra.

- Je vais finir par croire que ma fille est réellement égoïste.

- Je suis réaliste, objecta Bra. Moi, aussi je suis triste de ne plus voir Lynn. Mais ce n'est pas pour ça qu'on doit tous s'affliger et arrêter de vivre. Je préfère voir mon frère se dépenser dans son travail plutôt que de le voir s'affliger sur le passé. Bien sûr ce n'est pas sain, mais au moins il avance. Et peut-être que demain, dans une semaine ou dans un mois, il se sortira de ce cauchemar grâce à une autre fille. L'espoir, c'est ce qui fait vivre... Oh, zut ! Je vais finir par être vraiment en retard ! Je rentrerai un peu tard, dit-elle en s'élançant hors de la cuisine.

- Et pourquoi ça ? demanda Végéta.

- Je vais faire les boutiques avec Songoten. Je vais tenter de lui faire comprendre ce que je veux pour noël. Si vraiment il ne saisit pas, je sens que notre histoire se terminera sans préambule.

- J'espère de tout cœur qu'il t'offrira le mauvais cadeau, dit végéta. Et comme ça je serai débarrassé de lui.

- Végéta ! s'écria Bulma furieuse.

- Quoi ! Tu m'as dit de ne plus le frapper mais je peux encore prier pour qu'il s'éloigne de ma fille.

- Dis-moi, tu préfères que Bra sorte avec un garçon que tu connais depuis sa naissance ou tiens-tu à ce qu'elle s'amourache d'un inconnu qui peut être un dangereux voyou ? Et puis, reconnais que depuis que Bra est avec Songoten, elle est moins secrète envers toi.

Il grommela.

- Ca m'énerve ! Je sais que ce n'est pas un voyou mais... L'idée qu'ils puissent tous les deux... Ah, non ! Je peux pas supporter ça !

- C'est la vie, mon chéri. Ta petite fille grandit et il faudra bien accepter le fait qu'elle devienne une femme.

- Désolé, mais je ne l'accepte pas.

- Toujours aussi bougon et têtu, toi. Finalement, le temps ne change pas tout.

Les deux camps se faisaient face.

D'un côté un homme châtain avec deux de ses ours bien baraqués et de l'autre, un brun d'une cinquantaine d'années accompagné de deux de ses bras droits, l'un élancé et l'autre beaucoup plus corpulent, tous deux cachés derrière leurs lunettes noires.

Egalité partout et également en ce qui concernait les armes qu'ils portaient bien évidence à leur ceinture.

- Alors ce deal ?

- Je ne sais pas, dit le brun. Je suis d'une nature assez méfiante. Pourquoi venir nous voir ?

- Vous ne vous en doutez pas ? Vous me faites marcher, hein ? Vous croyez peut-être que je ne suis pas au courant de ce qui se passe dans le milieu ? Vous avez éliminé la majorité des chefs des mafias du pays et ça en à peine quatre mois. Autrefois ma clientèle était assez vaste, aujourd'hui, elle se résume à vous. Si je veux survivre, soit je m'allie à vous, soit je vends à l'étranger mais avec les politiques qui ont durcies les contrôles aux douanes, ça ne va pas être évident. J'ai besoin d'un allié de poids. Vous me comprenez, non ?

- Vous devez aussi comprendre la situation délicate dans laquelle je me trouve. Je contrôle sans doute les affaires mafieuses de ce pays, mais je sais aussi que j'ai des ennemis parmi ceux que j'ai lésé. Ils ne rêvent que d'un faux pas de ma part pour me faire payer et prendre ma place. Les rapaces sont nombreux et je n'ai nullement l'intention de devenir leur proie.

- De quelles preuves avez-vous donc besoin ?

- Des preuves, je n'en veux pas. Je fais confiance à mon instinct qui jusqu'à maintenant ne m'a jamais trahi. Amenez-moi cette marchandise ce soir et je verrai.

- Entendu. Mais attention, si vous ne me faites pas confiance, croyez bien que c'est la même chose de mon côté. Alors, ce soir, soyez clean.

Le châtain se leva et en compagnies de ses deux ours, ils quittèrent l'entrepôt.

- Alors, patron ? demanda l'homme élancé.

- Je veux savoir s'il ne ment pas, répondit le brun. Parce que si vraiment, il peut nous fournir des capsules sans qu'on ait à les fabriquer en contrefaçons... C'est un gain de temps pour nous et la possibilité d'augmenter nos prix puisque le produit sera authentique. Je vois déjà les gains que ça va nous apporter, dit-il en se frottant les mains. Toutefois, je veux qu'on le piste. Je me méfie des affaires trop faciles. Pourquoi ne pas envoyer Raven.

- Pourquoi pas Spynner et son équipe ?

- Tu sais très bien, Sid, que ces derniers temps, ils ne sont plus bons à rien. Spynner et ma feu Wildcat étaient vraiment les seuls compétents. Débarrasse moi de leurs marionnettes. Ça nous permettra de tirer un trait sur cette ancienne affaire.

- Et pour Spynner ?

- Je vais l'affecter à une nouvelle place. Il va en être ravi.

"Oui, j'ai les documents sous les yeux.

- Il nous suffirait d'acheter 10 du capital pour détenir la majorité des droits de vote au sein de l'assemblée générale. Ce serait un moyen d'imposer nos décisions dans ce groupe qui est tout de même le numéro un des puces électroniques.

- Ses dirigeants ne me plaisent pas, dit Trunk. Pourquoi ne pas leur proposer une fusion avec notre filiale électronique ?

- Vous voulez qu'ils nous absorbent "

La porte s'ouvrit sur la secrétaire. Trunk lui fit signe d'attendre.

"Nous les absorberons, corrigea Trunk. Je sais que leur part de marché sur le secteur des puces électroniques est plus importante que la notre mais ils ne peuvent pas négliger le fait que nous sommes les principales actionnaires dans les banques où ils sont clients. Si nous durcissons leurs conditions d'emprunt, je ne pense pas qu'ils pourront faire face à leur futur besoin en liquidité. C'est un bon moyen de pression pour les obliger à accepter cette fusion. Et dès que le numéro un sera entre nos mains, je pourrais virer ses dirigeants.

- Mais monsieur, vous êtes certain que...

- Oui ! La prochaine assemblée générale aura lieu dans une semaine, d'ici là, je veux que vous évaluiez nos deux sociétés pour établir un projet de fusion que je compte présenter lors de l'AG.

- C'est impossible, monsieur ! L'évaluation ne peut pas se faire en une semaine !

- J'ai cru entendre le mot "impossible". J'espère pour vous, que vous ne l'avez pas prononcé. Si vous n'êtes pas capable de me présenter ce projet, vous êtes viré !

- Je vais de suite me pencher sur cette affaire, monsieur.

- Bien."

Il raccrocha.

- Oui, April.

Elle s'approcha et s'assit en face de son bureau.

- Je vous apporte le résultat des comptes consolidés.

- Faites-moi voir ça.

Elle posa les documents sur la table.

Trunk examina les comptes d'un œil critique.

- Les résultats du groupe semblent satisfaisants, conclut-il ravi.

- Oui, très, acquiesça-t-elle. La hausse des bénéfices est nettement visible ces derniers mois. Le titre de Capsule Corps a progressé de 71 et l'action a gagné hier 0,79 . Vous pouvez être fier de vous, monsieur.

- Mais, il y a toujours un problème avec la Satis. Je pense que nous allons nous retirer de son capital avant que l'action ne pâtisse des mauvais résultats financiers.

- C'est une très bonne option, monsieur.

La jeune femme croisa de nouveau les jambes.

April avait de longues jambes fuselées qu'elle dévoilait allègrement malgré les températures froides de ce début de mois de décembre. Elle gardait toujours ses longs cheveux châtains clairs en cascade dans son dos. Elle s'habillait toujours comme une star de la chanson qui s'attendait à être interviewée par les journalistes. Toujours une pose étudiée, le bon timing lorsqu'il s'agissait de replacer une de ses mèches derrière son oreille. Du sex-appeal, de l'ambition et la séduction dans un corps de femme fatale.

Il aurait bien succombé, surtout qu'April semblait partante pour une aventure avec lui, si seulement il pouvait se défaire de l'image de... Il s'était interdit de penser ou de prononcer son nom.

- ... Monsieur !

- Euh... oui ?

- Vous voulez toujours que je vous fasse vos courses de noël ?

- Ah, oui ! J'ai une liste... Dites-moi, April, vous auriez une soirée de libre ?

- Bien sûr ! Euh... je veux dire que je suis disposée à décommander un rendez-vous si mon patron a besoin de moi.

- Ce soir ?

- C'est d'accord.

- Je vous laisserai rentrer plus tôt si vous tenez à vous préparer. Soyez prête à huit heures, je viendrai vous chercher.

- Bien.

- Pour le moment, envoyez les lettres à nos actionnaires majoritaires pour leur faire part de la tenue de l'AG, vendredi prochain. Puis lorsque vous aurez terminé, nous plancherons sur mon discours. Ca vous va ?

- Oui.

Elle sortit du bureau et avec elle son parfum boisé. Cela n'avait décidément rien à voir avec la senteur d'une rose et de la fraise.

Pourquoi est-ce que j'en reviens toujours à elle ? Pourquoi est-ce que je me sens obligé de comparer les autres à elle ? Elle est partie et ne reviendra pas. Je dois me faire une raison et arrêter de chercher son double.

April n'est pas mal. Je n'ai pas besoin de me poser de questions avec elle. Elle est souriante, belle et ne m'impose pas ses décisions... Mais, elle aura beau avoir toutes les qualités du monde, elle ne pèsera pas lourd dans mon cœur. Ce n'est pas Lynn... Aucune femme ne pourra jamais remplacer Lynn...

Son portable sonna une fois de plus.

C'était toujours la même chose ces derniers temps. Il s'était bien adapté aux costumes de grand patron tout puissant. Il était bien décidé à faire de son groupe le numéro un du monde pour au moins réussir une chose dans sa vie.

"Allo ?

- Le chapelier fou est à droite des trois mages. Avançons vers l'ange Gabriel et à l'aide de son opposé brisons le mur qui se dresse devant la reine des fêtes. "

Il raccrocha.

Trunk se leva, attrapa son manteau et, ouvrant la fenêtre, il s'envola.

Il faisait un froid de canard et pourtant il était dehors à se les geler ! Si encore, il pouvait mettre ses mains glacées dans ses poches, il aurait pu se réchauffer un peu, mais non ! Il était obligé de porter les paquets de sa copine qui ne se décidait pas à huit heures du soir à stopper sa fièvre acheteuse. Et malheureusement, en cette période de fêtes, les boutiques fermaient plus tard, et donc...

Je ne pourrais pas me réchauffer dans un bain chaud avant dix heures. Pourquoi moi ? Pourquoi elle me fait souffrir autant si elle m'aime ? Elle a pas pitié de moi ou quoi ?

- Dis-moi, Bra, quand est-ce que je pourrais reposer tous ces paquets ?

- Pas maintenant ! Je te préviens, Songoten, fais-les tomber et tu auras de mes nouvelles, c'est bien compris ?

- Oui, ma puce, soupira-t-il.

- Bien. Je crois que j'ai tout ce qu'il faut pour maman. Passons à mon petit papounet.

- QUOI ! Tous ces paquets ne sont que pour Bulma !

- Bien sûr. Tu crois qu'un simple bracelet ou un parfum fera l'affaire aux yeux d'une femme ?

- Bah, oui.

- Et bien non ! Une femme ça demande beaucoup d'attention. Tu dois pouvoir lui offrir plus que ceux qu'elle ne demande, c'est bien connu. Tu ne le savais pas ?

- Euh... Si. Je le savais. Je plaisantais.

- Je t'assure que ceux qui disent que seule l'intention compte dans un cadeau, sont de parfaits idiots ou de parfaits pingres. Désolée, mais un cadeau ça prouve combien tu aimes une personne et ça prouve surtout ce que tu vois en elle. Franchement, tu pourrais offrir un parfum à ta copine ? Ce serait de mauvais goût. C'est comme lui dire qu'elle sent mauvais. Un livre, c'est lui explicitement qu'elle doit se cultiver parce que c'est une gourde. Il faut éviter tous ces cadeaux passe-partout.

- Et ce serait quoi le parfait cadeau ?

- Je ne sais pas. Il doit être éblouissant pour montrer à quel point la personne est éclatante. Il doit être unique et cher, pour qu'elle puisse le montrer à ses copines et les faire enrager.

- Par hasard, tu ne demanderais pas la lune ?

Elle le foudroya du regard.

- Si tu la désires, j'irais la chercher, bredouilla-t-il. Rien n'est trop beau pour toi.

- J'aime mieux ça. Après tout, c'est normal car je suis tout de même une princesse et donc...

Elle laissa sa phrase en suspens.

- Bra ? Qu'est-ce qu'il y a ? T'as perdu ta...

La jeune fille pointa son doigt vers le trottoir d'en face.

Songoten resta bouche bée devant le couple qu'il voyait bras dessus, bras dessous.

- C'est bien Trunk ?

- Si c'est pas lui, je savais pas qu'il avait un frère jumeau, répondit Bra. C'est qui le paillasson qui est accroché à son bras ?

- Je crois que c'est sa secrétaire. On dirait bien que ton frère a un petit faible pour ses collaboratrices.

- Je ne l'aime pas.

- C'est vrai qu'elle n'est pas très sympa.

- Tu l'as déjà rencontrée ? demanda-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine.

- Ne va surtout pas croire qu'elle et moi... ! Je suis allé voir Trunk et elle a voulu m'empêcher de le voir.

- Faut qu'on les suive !

- T'es folle ou quoi ?

- Qui est folle ?

- Euh… Je voulais dire que c'est une entreprise folle ! Je croyais que tu voulais voir ton frère se recaser. Ça y est, c'est fait ! Alors pourquoi…

- J'ai dit qu'il devait trouver une autre fille mais qui soit à la hauteur de Lynn ! Elle...ça se voit qu'elle est ambitieuse. T'as vu sa façon de bouger ? Et sa façon de le tenir ?

- A vrai dire, je ne vois pas ce que tu lui reproches à sa façon de marcher ou de se tenir.

- C'est bien la preuve que tu es un homme ! dit-elle en frappant son sac à main sur sa tête. Vous ne voyez jamais rien que l'apparence ! Elle cherche à lui mettre le grappin dessus. Et si elle y arrive, elle va réussir à... Pas question qu'elle devienne ma belle-sœur ! Elle est vulgaire ! Ce serait la honte de devoir dire à mes amies que j'ai une belle-sœur qui ne sait pas se farder les yeux ! C'est horrible ! Il faut que j'intervienne.

- Bra ! T'es encore en train de...

- Un mot de travers et t'es un homme mort, mon chéri.

- Cette phrase je l'ai déjà entendu... Ton père ! Les mêmes menaces de père en fille.

- Songoten !

- Mais tu ne ferais jamais preuve de violence ! Tu es bien trop...

- On les suit !

Bra s'élança dans la rue à la recherche de Trunk et de sa nouvelle conquête.

- Pourquoi je suis tombé amoureux d'elle ? Y'a des jours où je me demande si j'ai bien toute ma tête.

- Songoten ! Tu viens ou je dois venir te tirer les oreilles !

- J'arrive !

- Et ne fais pas tomber mes paquets ou... !

Je suis un homme mort, pensa-t-il en soupirant. Le père et la fille sont bien pareils. Je suis leur bouc émissaire.

- Je ne suis pas d'accord avec toutes les critiques qui vous sont adressées. De la part de vos employés, je trouve cela pas très professionnel. Ils devraient être fiers de travailler pour vous. Ils ont des conditions de travail bien plus avantageuses que d'autres entreprises voisines et malgré cela, ils vous critiquent.

- Je ne peux vraiment pas leur en vouloir. Ils ont l'impression de travailler avec un bourreau de travail qui ne se préoccupe plus que de ses finances. L'ambiance est devenue plus tendue, moins amicale.

- Et alors ? Nous ne sommes pas sur un terrain de jeu ! Nous avons un groupe à faire tourner et la moindre gentillesse peut nous être fatale. S'ils désirent un patron qui plaisante avec eux, ils n'ont qu'à démissionner et postuler dans un parc d'attraction.

- Ce serait une solution pour eux, sauf si ce parc devient une de nos futures acquisitions.

- Vous voulez achetez un parc d'attraction ?

- Non. Je ne veux rien acheter qui me rappelle un loisir. Mais si ça peut me rapporter, pourquoi pas.

- Vous êtes un véritable homme d'affaires. Vous n'allez bientôt plus pouvoir marcher dans cette ville sans que des mères vous interpellent pour vous proposer la main de leur fille.

- Pourquoi le feraient-elles ?

- Vous êtes bel homme. Vous êtes riche. Vous êtes connu dans le monde des affaires. Et un avenir encore plus rayonnant vous tend les bras. Bref, vous êtes un beau parti.

- Je vais les décevoir parce que je n'ai aucune intention de voir une femme me mettre la corde au cou.

- Vous aimez trop votre liberté comme tous les hommes.

- Non... Il n'y pas si longtemps, je voulais vraiment trouver la femme de ma vie. Aujourd'hui, c'est un souhait que je ne veux plus qu'on exauce.

- Et pourquoi ça ? Vous avez été déçu par la femme que le destin vous avait envoyée ?

- ...

Devant son silence, April posa sa main sur celle de Trunk.

Il leva les yeux de son assiette et fixa ses yeux bleus. Ils étaient moins purs que ceux de Lynn.

Et voilà, songea-t-il tristement. J'ai un rendez-vous avec April et la seule chose que je fais c'est la comparer encore et toujours à Lynn. Je devrais sans doute arrêter les dégâts maintenant et rentrer me plonger sur mes comptes.

- Vous avez l'air bien attristé.

- Ce n'est rien.

- C'est cette stagiaire... Lynn, je crois.

La fourchette qu'il tenait dans ma main se brisa en deux devant le regard étonné de la jeune femme.

- Je ne sais pas qui vous a parlé de ça, mais ne me redites jamais son nom devant moi. C'est compris ? dit-il en tentant de modérer sa colère.

- Bien, monsieur, bredouilla-t-elle.

Il se leva.

- Je suis désolé, April. Je ne voulais pas m'emporter contre vous.

Il sortit des billets de son portefeuille qu'il posa sur la table puis quitta le restaurant avec son manteau dans les mains.

Soudain, une main se posa sur son bras. Il se tourna et vit April.

- C'est à moi de m'excuser, monsieur. Je ne cherchais pas à me montrer indiscrète. C'est seulement que... Je suis toujours comparée à elle au bureau. Je voulais juste comprendre pourquoi je n'étais pas appréciée...

Elle avait les larmes aux yeux devant cet aveu.

C'est de ma faute si elle est dans cette situation, pensa Trunk. Si en plus je me montre désagréable envers elle, elle ne tiendra jamais.

Ils se fixaient du regard, puis sous une impulsion, April prit le visage de Trunk entre ses mains et l'embrassa.

- Ne me demandez pas de m'excuser pour ce baiser, dit-elle avec un sourire espiègle.

- Je n'en avais pas l'intention.

- Alors, cette soirée ? Vous voulez vraiment la terminer maintenant ?

- Qu'est-ce que vous me proposez ?

- D'approfondir ce baiser au chaud... chez moi.

Et pour mieux se faire comprendre, elle l'embrassa de nouveau.