Chapitre 18 : Une femme en remplace une autre
- Cette marchandise, elle vous plait ?
Le brun examina les deux mallettes contenant les capsules. Elles semblaient aux normes.
- Je crois que nous allons faire un bon bout de chemin ensemble, mon cher...
- Dick, appelez-moi Dick, dit-il en lui serrant la main pour approuver le deal.
- Et bien appelez-moi patron désormais. Revenez demain matin et mes hommes vous feront faire le tour de la propriété si je puis dire.
Le brun prit les deux mallettes et sortit de l'entrepôt. Une limousine aux vitres teintées s'avança. Il monta avec ses deux hommes à lunettes. Puis, il prit son portable et appela. "Suivez-le" ordonna-t-il avant de raccrocher.
- Pas confiance pour un sou notre boss, se moqua Sid en regardant son patron.
- Tu l'as dit, approuva Teddy. Le boss n'aime pas les traîtres.
- Que ferez-vous, patron, si notre larbin est un flic ?
- On fera en sorte de le croire et le moment venu on le fera tuer comme les autres, répondit-il en caressant son bouc. Une belle petite balle dans la tête de la main de notre sniper le plus talentueux.
- D'ailleurs, Spynner ne devrait pas tarder à le rencontrer, dit Sid.
- Ca va le calmer de sa vengeance, fit remarquer Teddy.
- C'était une bonne idée de votre part, patron, de faire exploser Wildcat dans cet appartement. Mais j'aurais voulu que l'autre y passe aussi.
- Ce n'est pas grave, répliqua-t-il. L'importance est que la police ne puisse plus remonter vers nous. L'idée de l'enlever était un bon moyen de brouiller les pistes. Et la bombe, une bonne idée pour nous débarrasser définitivement de notre problème. Vraiment, je ne pensais pas que ma fille ferait autant d'erreurs sur une de ses missions. J'ai été très déçu de l'apprendre.
- Oui, mais sans la jalousie de Spynner, nous n'aurions jamais su que votre fille fréquentait sa proie. Elle a mis notre organisation en péril avec ses sentiments.
- Heureusement, cette affaire est loin derrière nous, dit le boss. Aujourd'hui, nous sommes les numéros un. Et bientôt le Ruban rouge sera encore plus puissant que par le passé. Nous allons nous imposer dans le monde des affaires et de la politique, tout en gardant la main mise sur les activités inégales.
- Nous devrions trinquer à la mémoire de Wildcat, non ? proposa Sid. Après tout, elle a tout de même apporté son aide en nous apportant des fonds.
- Oui, ma fille m'a toujours été d'une aide précieuse.
Ils éclatèrent de rire.
Il fouilla dans ses poches et sortit ses clés. Mais malheureusement, elles glissèrent de sa main. Il se pencha pour les ramasser. Puis les dirigea cette fois-ci avec plus de précaution vers la serrure.
Mais la porte s'ouvrit avant.
- C'est à cette heure-ci que tu rentres !
Il aurait pu croire que ce reproche venait de sa mère, mais non, la personne qui lui faisait face était bel et bien sa sœur.
- Bra. Je n'ai vraiment pas la tête à m'amuser avec toi.
- C'est sûr qu'après la nuit que tu viens de passer dehors... T'as l'air bien fatigué.
- Oui, je suis fatigué alors laisse-moi passer que je puisse rejoindre mon lit avant que l'aube ne se lève.
- Pourquoi tu as quitté celui du paillasson qui te sert de secrétaire ?
- Si tu parles d'April...
- C'est son nom ? Bien, je suis ravie de l'apprendre. Mais ça reste le "paillasson" pour moi.
- Sois un peu plus respectueuse envers elle. Tu ne la connais pas.
- Bah, si. J'ai pu la voir hier accrochée à ton bras, et vraiment... Elle ne m'a pas donné une bonne impression. D'ailleurs, c'était votre premier rendez-vous et elle s'est jetée sur toi comme une lionne sur un bout de viande.
- Bra, je ne veux pas d'insulte ! April est une fille bien ! C'est moi qui ne suis pas un mec fréquentable...
- Tu as décidé d'oublier Lynn avec elle ?
- Ce n'est pas ce qu'il y a de mieux à faire ! Elle est morte. Je suis en vie. Ce n'est pas une simple distance qui nous sépare, tu ne crois pas ?
- Oui, mais je ne pense pas que cette April soit une fille pour toi ! Ce n'est pas toi qui l'intéresses ! C'est plutôt ton portefeuille !
- On est donc pareil ! Puisque moi, ce n'est pas son cœur que je veux. Chacun trouve son intérêt dans cette histoire. Finalement, je crois bien que je vais rester avec elle.
- Tu as vraiment passé la nuit avec elle ?
- Est-ce que je t'en pose des questions sur Songoten et toi ? Non, alors je ne vois pourquoi je te répondrais.
Trunk passa en laissant Bra sur le pas de la porte qui réfléchissait.
Je sais très bien comment obtenir mes réponses. Moi qui me disais que j'avais tort, je me rends compte que ça sert de sortir avec le meilleur ami de son frère.
Ça faisait un bout de temps qu'il attendait Trunk. Il était en retard de - il regarda sa montre - d'au moins quarante cinq minutes. Il aurait bien voulu quitter ce restaurant. Mais les menaces de Bra, qu'il avait eu au téléphone, pesaient encore au-dessus de sa tête.
Flash back
- Oui, tu dois trouver un moyen de le sortir de son bureau pour pouvoir parler avec lui, loin de la mante religieuse.
- Quelle mante religieuse ?
- Cette paillasson d'April ! Bref, il faut que tu saches si oui ou non, il a passé la nuit avec elle.
- Quoi ? Trunk a découché cette...
- Songoten, ce n'est pas moi qui dois suivre un interrogatoire mais mon frère ! Alors, tu vas te bouger un peu les fesses et faire ce que je te demande ! Et en plus, comme ça tu auras les réponses à tes questions.
- Bra, j'ai vraiment pas le temps ce midi.
- Qu'as-tu dit mon chéri ? Je crois que la ligne est défectueuse car j'ai cru entendre un impudent me dire qu'il n'avait pas le temps. Ça doit être quelqu'un d'autre, non ?
- Je suis sérieux, Bra. J'ai vraiment pas...
- Entendu, dit-elle d'une vois calme qui trahissait sa colère.
- Tu ne m'en veux pas ?
- Non, bien sûr que non. Après tout, si tu n'as pas le temps de faire plaisir à ta petite amie, ce n'est pas de ta faute, railla-t-elle. Tu es d'habitude si serviable.
- C'est vrai. Sinon crois-moi je ferai tout pour te faire plaisir.
- Donc, tu serais prêt à mettre un terme à notre histoire ?
- J'ai pas dit ça !
- Désolée, mais tu as dit que tu serais prêt à tout pour me faire plaisir. Je t'ai proposé un premier souhait, tu l'as refusé. Je n'ai rien dit. Je te propose un second souhait, et tu refuses encore. Est-ce que c'est une manière de faire plaisir à quelqu'un que de lui opposer toujours un "non" ?
- Mais tu me demandes de casser ! Tu ne crois pas que je vais dire oui ?
- Tu choisis, mais tu me dois me dire un "oui" sur un des deux souhaits de ta Bra chérie. Alors ?
- C'est un chantage.
- Un chantage ? Où ? Tu as le choix, je ne t'ai pas menacé.
- Tu as gagné ! J'irai voir ton frère.
- Oh, merci mon chéri ! T'es un vrai amour !
- Me passer du baume alors que c'est toi qui m'as blessé...
- Si tu reviens avec les réponses que j'attends, je te promets un massage digne de ce nom. Ça te va ?
- Chez toi avec ton père ? Autant que je me fasse flinguer avant, non ?
- Il sort avec ma mère et mes grands- parents, ce soir. On aura exactement... trois bonnes heures pour nous deux. Alors ?
- C'est un deal qui marche !
- Bon à ce soir vers sept heures. Ne me déçois pas, hein ?
Fin du flash back
Sans cette récompense pour le motiver, il aurait craqué depuis un bon moment. N'empêche Bra, était une vraie manipulatrice. Quelque soit la manière dont elle s'y prenait, elle parvenait toujours à ses fins.
Il soupira et plongea les yeux dans son jus d'orange.
- T'as l'air d'un mec qui vient de découvrir les joies du mariage.
- Ah, salut, Trunk, dit-il sans enthousiasme.
- Mon vieux, t'as besoin de vitamines.
- Tu crois ?
- Oui.
- Ta sœur va me rendre fou !
- Je t'avais dit que c'était une mauvaise idée de sortir avec elle.
- Le problème, c'est que c'est pas moi qui ai décidé, c'est mon cœur !
- Je comprends pourquoi tu m'as imploré de venir. T'avais besoin de souffler avec ton vieil ami.
- Y'a que toi qui puisse me comprendre.
Une serveuse vint à leur table. Ils commandèrent avant de reprendre leur conversation.
- Elle est jolie la serveuse.
- Tu veux faire des infidélités à Bra ?
- Non, je cherche une fille pour toi.
- Je suis capable de me prendre en main tout seul.
- On ne dirait pas. T'es un vrai célibataire endurci. La preuve, t'as une ravissante secrétaire et tu ne tentes rien avec elle.
- ...
- Trunk ? Ça veut dire quoi se silence ?
- Rien.
- On ne me la fait pas à moi. Crache le morceau !
- Tu n'iras pas le répéter à ma sœur ?
Bah, un peu, songea Songoten. Mais je crains plus sa colère que la tienne. J'espère que tu ne m'en voudras pas.
- Songoten ?
- Promis, dit-il en croisant les doigts comme les enfants lorsqu'ils mentent.
- Et bien...Je suis sorti avec elle.
- Et ?
- On s'est embrassé.
- Et... ?
- Elle m'a conduit chez elle.
- Et... ?
- Dès qu'on est arrivé dans son appart, nos vêtements ont vite rejoint le sol...
- Et... ?
- T'as l'air bien intéressé de savoir.
- Je suis ton pote ! Allez dis-le ! Je t'en conjure !
Il rit.
- Tu deviens vraiment fou.
- Je sais. Alors ? C'était bien ou pas ?
- J'en sais rien, répondit Trunk dépité...
- Comment ça tu n'en sais rien ?
- Au moment fatidique... je me suis retrouvé à l'appeler Lynn.
- C'est pas vrai ?
- Si. Et April, n'a pas vraiment apprécié. Elle m'a flanqué dehors. Et comme je me sentais assez mal, j'ai passé la nuit à errer dans les rues.
Songoten éclata de rire devant la mine dépourvue de son ami.
- C'est vraiment pas drôle ! Tu pourrais au moins te montrer plus... je sais pas moins... compatissant devant ma mésaventure !
- Avoue que crier le nom de ton ex alors que tu t'apprêtes à passer à l'acte avec la nouvelle, ce n'est pas ce qu'il y avait de mieux à faire
- C'est pas de ma faute ! A chaque fois que je ferme les yeux, je pense à Lynn. Dès que je vois une brune aux yeux bleus, je pense immédiatement à Lynn. Dès que je sens une odeur de fraise ou de rose, c'est à Lynn que je reviens ! Et même mon corps ne peut pas oublier Lynn. Je suis perdu ! dit-il en frappant son front contre le rebord de la table devant les yeux écarquillés des autres clients.
- Ce qui veut dire que Lynn était un sacré coup, tu ne penses pas ?
- T'as envie de mourir toi.
- Et ce matin au bureau avec April, c'était comment ?
- Glacial. Je ne me suis jamais senti aussi gêné de ma vie. D'un autre côté, c'était assez comique.
- Cette April, elle est comment nue ?
- Je vais finir par croire que ma sœur est tombée sur un pervers. Y'a vraiment que ça qui compte pour toi !
- Mais, ne va surtout pas croire ça ! Je voulais juste savoir si elle valait Lynn.
- T'es bien un pervers. Et tu as l'habitude de comparer les filles que tu vois nues ?
- Bah, en fait...
Il vit le regard courroucé de Trunk.
- Oh, non ! Jamais de la vie ! Y'a que les goujats qui font ça. Moi, je ne suis pas comme ça. Tu peux me faire confiance.
- Je vais faire comme si je te croyais.
- Et pour ta secrétaire ? Tu comptes faire quoi ?
- On verra bien ce qui se passera.
On verra bien ce que le destin me prépare, pensa-t-il.
- Je ne veux plus travailler avec une femme, dit-il.
- Et pourquoi ça ?
- Parce que je ne supporte pas leurs mensonges. Ca vous va ?
- Non, pas vraiment, répondit Sid. Tu connais le boss, quand il dit une chose, il faut le faire ou c'est la mort qui t'attend. T'as vu ce qu'il a fait à sa fille. Alors, tu crois qu'il ferait preuve d'indulgence envers toi ?
- Et qui sera l'heureuse élue ?
- Raven.
- On me met avec la dangereuse tueuse de chef ? C'est pour me dire que si je ne reste pas dans le droit chemin, c'est une balle qui risque de transpercer mon crâne ? Ou parce que vous voulez que je la surveille ?
- Elle n'a pas besoin de partenaire, rétorqua Teddy. C'est une pro et on lui fait confiance. Mais le boss tient à ce que tu fasses sa connaissance. A son contact, tu pourrais bien devenir un autre homme.
- On peut savoir où il a déniché une perle comme elle ?
- Tu lui demanderas toi-même, dit Sid. Mais attention, elle est pas du genre bavarde. C'est une femme d'action, tu comprends ?
- Entendu. Où est elle ?
- Elle t'attend à cette adresse.
Il prit la carte que Sid lui tendait.
- C'est un hôtel, dit-il.
- Oui. C'est un oiseau qui a tendance à ne pas rester en place plus d'une journée. Aujourd'hui, elle est là. Demain, elle peut se trouver à l'autre bout de la planète.
- Et le patron lui fait confiance ? Qui nous dit que c'est pas un flic ?
- Parce qu'elle doit beaucoup à notre boss. Et sa dette est très élevée.
- Ca ne répond pas vraiment à ma question.
- T'es pas là pour poser des questions mais pour agir, Spynner. Alors au travail. Vous avez un boulot qui vous attend tous les deux.
Ainsi congédié, Spynner sortit.
- Et voilà, une question de réglée ! dit Sid. Nos deux meilleurs et plus fidèles membres sont réunis.
- Espérons que le boss sait ce qu'il fait.
- Nous avons besoin de Spynner. Il est excellent tireur et bon stratège. Le problème est qu'il est moins performant depuis la disparition de Wildcat. Le patron savait très bien ce qu'il ressentait pour sa fille. Et je crois que sans ce milliardaire, les choses auraient pu aller dans le sens que le boss aurait voulu.
- Tu veux dire qu'il voulait faire de Spynner...
- Son dauphin. Tu comprends maintenant ?
- Je comprends surtout que celui qui s'est fait arnaquer dans cette affaire, c'est ce milliardaire. Tôt ou tard, il va recevoir une belle balle entre le front. Un mec qui veut se venger, c'est ce qui a de pire.
Chambre 321. J'y suis. Je me demande à quoi elle peut ressembler cette Raven. Une fille qui tue sans pitié, c'est pas une fille. C'est un monstre (ça c'est la belle opinion de notre chère Spynner ).
Il frappa à la porte.
Rien.
Il recommença.
Sur ses gardes, il sortit son arme planquée sous son pantalon au niveau du mollet puis il ouvrit la porte.
Elle s'ouvrit.
Il referma la porte derrière lui.
La chambre était plongée dans le noir.
Il tâtonna sur les murs à la recherche d'un interrupteur quand soudain une voix l'interpella.
« A ta place, mon chou, je ne tenterais pas d'allumer les lumières si tu ne veux pas être grillé comme un poulet. »
Cette voix était légèrement teintée d'un accent.
- Tu peux lâcher ton flingue, je t'assure que je n'ai rien sur moi qui puisse rivaliser avec.
- Qui me dit que t'es pas une putain de menteuse ?
Il sentit une présence qui avançait lentement vers lui.
Le parfum était très sensuel.
Elle s'approcha de lui.
Il n'hésita pas à plaquer l'arme sur sa tempe.
- Tu veux une preuve que je suis désarmée ? demanda-t-elle.
- Montre toujours.
Elle se colla à lui et l'embrassa sans autre forme de procès.
Il posa sa main sur sa taille et il comprit qu'elle ne plaisantait pas. Elle était nue entre ses bras.
- Mais, c'est quoi cette blague !
- Tu n'aimes pas ?
- Je ne suis pas venu pour une pute mais pour voir une tueuse.
- Raven, c'est moi. Je suis une faucheuse à mes heures. Mais pendant mes RTT, je suis une femme. Et une femme ça a aussi des besoins.
- J'suis pas ton homme. Alors vas te rhabiller et...
Pas décidée à lâcher sa proie, elle lui sauta dessus (on peut dire qu'elle a pas froid aux yeux cette Raven).
Il avait beau s'agiter elle tenait bon.
Il n'y avait qu'une seule chose à faire pour lui faire reprendre ses esprits.
Tant bien que mal, il chercha la salle de bain avec Raven pendue à son cou comme une sangsue. Lorsqu'il ouvrit une porte et qu'en entrant il se cogna contre un lavabo, il remercia le ciel.
Il écarta les bras de la jeune femme puis réussit à maintenir ses mains derrière son dos.
- Mais relâche-moi ! cria-t-elle.
- Pas avant que tu n'ais pris une bonne douche, histoire de remettre les idées en place.
Il la dirigea d'instinct vers la cabine de douche puis ouvrant le robinet d'eau froide il passa la tête de Raven dessous.
Elle cria sous l'effet du froid.
- Espèce d'imbécile !
Il la relâcha, interloqué.
Il recula, le cœur battant.
De la main, il chercha l'interrupteur.
La lumière s'alluma.
Des cheveux châtains très courts.
Des yeux bleus.
Ils se fixèrent durant un moment avant que Spynner ne la rejoigne sous la douche et ne l'embrasse passionnément.
A suivre...
Alors là, je sais pas si vous suivez... C'est un vrai imbroglio ce qui se passe dans ces chapitres. Entre April le paillasson, ce Dick, ce chapelier fou qui appelle Trunk, et Sid et Teddy qui ne sont pas ceux qu'on croit, et enfin cette Raven... Dites-moi si vous avez bien tout saisi.
En attendant, je vous laisse réfléchir et je vous dit à dans une semaine !
Bisou !
Raven : en anglais, c'est un grand corbeau noir mais peut être traduit par "noir de jais", si je ne me trompe pas.
