Chapitre 21 : Paternellement vôtre

Spynner quitta la chambre avant que Lynn ne se réveille.

Il lui avait sans doute promis de ne pas agir inconsciemment mais il ne pouvait pas se résoudre à rester impuissant face à ce qu'elle endurait par sa faute.

Il n'avait pas pu fermer l'œil de la nuit. Il avait gardé les yeux posés sur ce corps endormi près de lui et qui hurlait parfois dans son sommeil.

La jalousie... Un poison trop violent qui vous emportait vers l'inconscience. Il avait été un gamin pour se montrer aussi égoïste. Il ne supportait pas de voir Lynn entre les bras d'un autre, mais il supportait encore moins l'idée de la perdre définitivement.

Sa voiture s'arrêta devant la résidence de son patron.

Une belle demeure bien trop digne pour un être aussi abject que son propriétaire. Lynn n'y avait pas vécu. Elle aurait pu vivre une vie de princesse entre ses murs mais non, il avait tenu sa propre fille éloignée de sa vie. Elle avait été offerte aux soins de ses mercenaires pour devenir un robot qu'il manipulerait dans le futur.

Il parvient aux grilles mais le gardien, un vigile, l'empêcha de passer.

Evidemment, songea Spynner amer. On est bon à faire le travail dans l'ombre à l'écart de la lumière. Il ne veut surtout pas se faire épingler.

Pourquoi se rendait-il compte seulement aujourd'hui de la cruauté de son patron ? Pourquoi l'avait-il toujours respecté ? C'était son sauveur. Celui qui lui avait offert une seconde vie, une seconde famille, un second avenir. Il lui devait tant. Il lui devait surtout d'avoir rencontré Lynn.

Et aujourd'hui, il n'avait qu'une idée : cracher au visage de cet homme.

La vie est étrange.

D'un jour à l'autre, nos opinions, notre perception du monde peuvent changer du tout au tout. Il suffit d'un déclic, d'une blessure, d'une trahison et le monde se dévoile dans toute sa cruauté.

- Désolé mais vous devez partir ! cria le gardien.

- Pas avant d'avoir eu un entretien ! s'écria Spynner.

Le vigile tenait bon mais Spynner n'en démordait pas moins de son côté. A bout d'arguments, Spynner frappa le vigile au visage. Ce dernier répliqua.

Une bagarre s'ensuivit.

Mais bientôt, la cavalerie s'annonça.

Spynner fut impuissant face aux trois gros bras qui l'amochèrent. Puis seulement, ils le conduisirent à l'intérieur de la résidence.

A moitié dans les vapes, Spynner aperçut furtivement les trésors qui décoraient les lieux.

Ils le lâchèrent subitement.

Spynner resta sur le ventre à compter les étoiles qui tournoyaient autour de lui.

- Vous l'avez calmé, c'est bien.

Cette voix, c'est lui, songea Spynner en tentant de se relever.

Mais un coup dans le dos le fit se rallonger.

- Tiens-toi tranquille quand le patron parle, dit Sid. Vraiment, Spynner, tu fais n'importe quoi ces temps-ci. On t'a déjà dit de ne pas mettre les pieds chez le patron. Tu connais les flics. Ils sont du genre un peu collant et toi tu leur donnes encore plus de raisons de pas nous lâcher. Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu devrais pas être dans le lit de notre Raven ?

- Espèce de... !

- Chut, dit-il en écrasant sa tête avec son pied. Tu sais à qui tu parles, non ?

- Laisse-le parler, Sid.

- Mais, patron...

- Non, je tiens à savoir ce qu'il veut.

- C'est comme vous voulez.

- Alors, Spynner. Dis-moi ce qui t'a déplu chez notre Raven.

Spynner se releva difficilement.

Il fixa l'homme assis sur le canapé en face de lui qui buvait tranquillement son café du matin.

- Quel père vous êtes pour envoyer un de vos hommes dans le lit de votre fille !

- Un père aimant qui souhaite offrir à sa fille ce qui a de mieux. Je connais tes qualités, Spynner. Et je pensais que tu me remercierais de t'avoir rendu Lynn.

- Vous remercier ! Vous plaisantez ! Vous avez détruit Lynn avec vos... Vous l'avez obligée à tuer alors que vous savez très bien qu'elle répugnait à le faire! Vous l'avez obligée à coucher avec moi sans savoir ce qu'elle voulait ! Vous ne lui laissez jamais le choix alors qu'elle est votre fille ! C'est son malheur que vous voulez ?

- Tu es bien ingrat. Je t'ai sauvé de ta misérable vie alors que tu étais un orphelin. Je t'ai donné toute ma confiance au point de vouloir faire de toi, mon seul héritier. Et je t'ai offert ma fille alors que tu la perdais. Et voilà de quelle manière tu me remercies.

- Est-ce que vous l'aimez ? Est-ce que vous aimez votre fille ?

- Bien sûr que oui.

- Dites-moi la vérité ! Nous sommes entre nous, non ? Aucun mot ne sortira de cette pièce. Je veux juste entendre ces mots sortir de votre bouche de salopard !

Spynner reçut un nouveau coup dans le dos qui le fit s'agenouiller.

- On reste poli, menaça Sid.

L'homme se leva et s'approcha de Spynner. Il prit sa chevelure entre ses doigts et les empoigna fermement.

- Tu tiens vraiment à entendre ce que je ressens pour Lynn ? Tu ne vas pas être ravi d'entendre ça, mais c'est toi qui l'auras cherché, imbécile.

Il approcha sa bouche de son oreille.

- Je crois que je la hais autant que j'aimais sa mère. Oui, j'ai maudit le jour de sa naissance. J'ai maudit le jour où elle a tué ma chère Marly. Lynn n'a été qu'une source de problèmes pour moi. Et j'ai tout fait pour l'éloigner de ma vue pour ne pas l'étrangler moi-même. J'aurais voulu la tuer mais j'ai promis à sa mère de ne pas le faire. Sans cette promesse crois-moi personne n'aurait plus à supporter cette gamine chialeuse !

Il relâcha Spynner puis alla se rasseoir calmement.

- Et puis, si je la garde, c'est uniquement parce qu'elle me sert bien. Voilà, tu sais tout. Es-tu satisfait, Spynner ?

- Vous avez pas le droit de lui faire croire que vous l'aimez alors que... Quand elle apprendra ça...

Il rit.

- Ah, parce que tu crois vraiment que je te laisserai briser cette formidable relation père-fille ! Ne rêve pas Spynner. Lynn et toi, vous m'appartenez. Je suis celui qui tire les ficelles de votre vie depuis votre enfance. Vous êtes mes marionnettes. De belles et efficaces marionnettes que je ne laisserai pas filer comme ça. Si tu penses vraiment apporter la discorde, tu te trompes. Tu ne diras rien à Lynn. Et tu sais pourquoi ? Parce que si tu oses dires un seul mot sur notre conversation, c'est sa vie que je prendrais et ça malgré ma promesse faite à ma défunte femme. Je n'hésiterai pas à torturer une fois de plus ta chère Lynnie. Je suis capable du pire comme du meilleur mais surtout du pire. Je la briserai corps et âme pour te faire payer ton bavardage. Est-ce que tu supporteras que je brise la seule femme que tu ais jamais aimé ? Veux-tu que je l'offre à mes hommes pour te punir ?

- Vous êtes un vrai sa...

- J'ai dit quoi, y'a pas une minute ? dit Sid en lui assenant un autre coup. Pas d'impolitesse envers le patron.

- Vous avez pas le droit... elle mérite pas ça, dit-il en serrant les poings.

- Je suis son père. Et j'ai tous les droits envers elle. Elle me doit obéissance et respect. Une seule trahison de sa part ou de la tienne et c'est elle qui le paiera de sa personne... Sid, jette-le dehors ! Et fais en sorte qu'il n'oublie pas notre entrevue, histoire de bien lui remettre les idées en place.

- Entendu patron.

Après quelques coups bien sentis, Sid en compagnie de deux des vigiles relâchèrent Spynner hors de la propriété.

Gravement secoué, il sombra dans l'inconscience.


Encore sous le choc de son brutal réveil, Trunk fixa, médusé, son père.

Il venait de recevoir un seau d'eau glacée en pleine tête. Ses draps étaient trempés et il grelottait.

- Mais qu'est-ce qui t'as pris de faire ça ! cria-t-il.

- Tu viens avec moi dans la salle d'entraînement, répondit Végéta.

- Pour faire quoi !

- S'entraîner évidemment.

- J'ai pas le temps ! J'ai un groupe à faire tourner au cas où tu l'aurais oublié !

- Si tu ne te lèves pas de suite, je t'assure que tu ne vas pas pouvoir rester longtemps patron.

- Mais...

- Tu me suis et c'est tout !

Sur ce, il sortit.

Mais qu'est-ce qui lui prend encore ? pensa Trunk en se levant. Il est de mauvaise humeur et c'est moi qui en fais les frais, c'est pas juste !

De mauvais cœur, Trunk rejoignit la salle d'entraînement.

- Tu t'es pas changé ? dit-il en voyant les vêtements trempés de son fils.

- Désolé mais tu m'as dit de te suivre pas de me changer. Fallait préciser.

- Bon, c'est pas grave. Tu ne vas pas mourir pour ça.

- Je peux savoir quelle mouche t'a piqué pour me faire venir ici ? J'ai pas que ça à...

Trunk ne termina pas sa phrase. Un coup de poing se fondit sur sa joue et le propulsa à l'autre bout de la pièce.

- Sois sur tes gardes, bon sang ! s'écria Végéta. Je ne t'ai pas appris à être aussi mou !

Trunk regarda son père.

Il se releva avec un sourire narquois.

- Tu m'as pris par surprise. Maman est au courant que tu veux tuer son fils chéri, railla-t-il.

- Non. Mais si tu ne survis pas à notre petit entraînement, je peux toujours espérer avoir un autre fils.

- T'as déjà l'intention de me remplacer ? C'est gentil de me prévenir. Et je suppose que ton futur fils sera plus digne que moi.

- Allez frappe au lieu de raconter des bêtises.

Trunk s'élança sur son père.

Végéta arrêta le coup au vol et riposta en tendant sa jambe. Son pied atteignit l'estomac de Trunk qui se tordit en deux. Végéta en profita pour le frapper dans le dos. Trunk s'écroula à genoux sur le sol.

- Enfant, tu étais plus combatif.

- J'avais un rêve. C'était celui de te surpasser pour que tu sois fier de moi.

- Et aujourd'hui ?

- Je ne sais pas, dit-il en s'élançant sur Végéta.

Son poing atteignit la joue de Végéta. Des coups violents plurent sur le père. Mais au final, ce fut le dos de Trunk qui, une fois de plus, alla violemment frapper le mur.

- C'est une vraie bagarre que tu veux, hein ? dit-il en se relevant.

- Je veux juste voir jusqu'à quel niveau s'élève ta rage, voir si tu es capable de transformer tes échecs en quelque chose de positif. Je veux voir quel homme tu es devenu, c'est tout. Et puis, ça fait si longtemps que j'ai pas pu me mesurer à mon fils. Alors ?

- Je suis ton homme, dit Trunk.

Les poings serrés, il fit éclater toute sa colère contenue depuis des semaines, des mois.

Ses yeux prirent une teinte turquoise tandis que ses cheveux se teintaient d'un jaune doré.

- Et bien, il t'en a fallu du temps pour te décider, ironisa Végéta.

- T'es pas du genre bavard, papa, alors arrête de parler et viens te battre.


Lorsque Bulma entra dans la salle d'entraînement, ce fut pour découvrir un vrai chantier. Des murs qui tremblaient et menaçaient de tomber d'un instant à l'autre et un équipement qui était définitivement en miette.

Deux respirations irrégulières au fond de la salle attirèrent son attention. Furieuse, elle se planta devant son mari et son fils, tous les deux écroulés sur le sol.

- Je peux savoir ce qui s'est passé ici !

Ils se remirent aussitôt sur pieds.

- J'apprenais une nouvelle technique de combat à Trunk, répondit Végéta.

- Et c'est pour ça que vous avez risqué de mettre cette maison en miette ?

- On s'est pas rendu compte, maman. Désolé.

- Désolé ? Vous croyez peut-être que ça va suffire à remettre cette salle en état ?

- Euh...

- Non ! Mais qu'est-ce que j'ai fait pour avoir une famille aussi dingue !

- Bul...

- Non !

- Ma...

- Non ! Je vous vois venir ! Pas question d'étouffer cette affaire ! Vous allez me remettre cette salle en état !

- Mais, c'était pour passer un peu de temps avec mon fils que j'ai...

- Et bien, tu pourras passer encore plus de temps avec lui en me réparant tout ce bordel ! Et je vous préviens, si ce n'est pas fait... Vous allez vraiment regretter de ne pas avoir succombé au coup de Cell !

Bulma quitta la salle en refermant violemment la porte qui déjà malmenée succomba irrémédiablement à ce dernier coup d'éclat.

"Et vous me rachèterez une nouvelle porte " cria-t-elle depuis le couloir.

- Elle va pas être facile à vivre aujourd'hui, soupira Végéta.

- Tu trouveras bien un moyen de la calmer.

- Ouais, on verra bien.

- Merci, papa.

- Pour quoi ?

- Pour rien. Juste d'être mon père. T'es génial, je t'assure. Même si t'es pas drôle tous les jours, je crois que je t'échangerais pour rien au monde.

- Moi par contre, je changerais bien de fils.

- Tu ne trouveras jamais un fils aussi génial que moi. Je suis le meilleur.

- Dommage que tu n'ais pas connu ton grand-père. Vous êtes aussi orgueilleux l'un que l'autre.

- Tu l'es aussi.

- Moins que toi.

- C'est ça. Ne me fais pas rire.

- Y'a bien ta sœur, qui nous surpasse.

- C'est vrai.

- Tu vas mieux ?

- Oui... Je vais bien. Je crois que cette fois-ci, je vais bien.

- Tu accepterais un déjeuner avec ta mère ?

- Pourquoi tu me demandes ça ?

- Elle se plaint que tu ais changé et que tu ne veux plus d'elle comme mère, et ça parce que tu la cases dans ton emploi du temps.

- Elle est trop ! Je vais devoir l'inviter au resto si je veux me faire pardonner pour ces derniers jours, c'est ça ?

- C'est ça.

- J'ai des parents assez spéciaux mais je suis heureux de vous avoir. C'est pas tout mais je suis déjà bien en retard.

- En fait, Trunk. Qui est cette April ?

- Laisse-moi deviner. C'est Bra qui t'en a parlé ?

- Elle ne semble pas l'aimer.

- Je crois qu'elle n'aimera aucune fille avec qui je sortirai... Il n'y a personne pour rivaliser avec Lynn. Mais il faut qu'elle se rende à l'évidence comme moi je l'ai fait : Lynn n'est plus là et je dois vivre ma vie. Mais je te rassure, April n'est pas la femme que j'épouserai. Alors dis à Bra de ne pas s'inquiéter et d'arrêter de me pister comme un espion.

- Ta sœur n'en fait qu'à sa tête, tu le sais.

- C'est un des caractères de maman, ça.

- Elle s'est assagie depuis le temps.

- Tu crois qu'elle va nous priver de petit-déjeuner ? Parce que j'ai vraiment une faim de loup. Je ne tiendrais pas cette journée si je n'avale pas des assiettes entières de nourriture.

- Allons, voir.

A suivre…

Voilà c'est fait ! Ca vous a plu ?

Je vous remercie d'avoir lu jusque là. J'espère que je ne vous ai pas cassé la tête. Et je vous envoie déjà pleins de gros bisous pour me faire pardonner (et ne fuyez pas, je suis normale… parfois).

Donc à dans une semaine pour la suite de ma fic !