Troisième journée
Kaori ne savait plus où elle se trouvait. Tout était noir autour d'elle. Plus de draps de soie, plus de dentelle noire et plus de Ryô.
Ce n'était qu'un rêve...
Bon sang, elle était en train de rêver qu'elle faisait...
Avec Ryô!
-Kaori, tout va bien ?
Un jet de lumière envahit la pièce Elle était dans sa chambre d'hôtel, au bas de son lit d'où elle était tombée. A la porte, Iori, déjà habillée, la fixait d'un air inquiet.
-Ce n'est rien. Un cauchemar... enfin, je crois.
Elle se releva avec difficulté, le souffle court et les joues rouges car elle se souvenait de son rêve dans les moindres détails. Qu'est-ce qu'il lui avait pris ?
-Je dois m'en aller. Je reviendrai après le petit déjeuner.
Pour la première fois, Kaori remarqua sa tenue : jean, T-shirt en coton, alors qu'il faisait encore nuit.
-Tu ne veux pas que...
-Non. Et quoi qu'il arrive, Ryô et toi, vous ne le quittez pas d'une semelle, tout doit continuer le plus normalement possible. De toute façon, je reviendrai vite.
Elle disparut, après un dernier regard triste. Elle n'aimait pas beaucoup partir et cela se voyait. L'hôtel se réveilla peu à peu, les employés puis les clients ; les couloirs se remplissaient de bruits, de murmures, de rigolades, d'ordres distribués. Kaori ne s'était pas rendormi. Elle n'avait pas pu. Inquiète et confuse par les récents événements.
Comment avait-elle pu faire un tel rêve ? Elle qui n'avait jamais...
La honte qu'elle avait d'abord ressentie, s'évanouit peu à peu et elle fut bientôt surprise de plus la ressentir du tout, laissant place à une fatigue bien-heureuse comme après une séance de kick-boxing avec la poupée anti-stress de Ryô. Maintenant, allongée sur son lit, elle ne pensait plus qu'aux caresses qu'elle avait rêvées et qu'elle voulait si réelles. Le sexe n'avait jamais été une priorité, quelque chose qui faisait partie intégrante de sa vie, ni quelque chose qu'elle recherchait impérativement. Mais elle avait atteint un âge où la majorité des femmes avaient eu leur première expérience et où les autres devenaient vieilles filles.
Inconsciemment, son rêve reflétait ses désirs enfouis au plus profond d'elle-même, inavoués et inassouvis. Jamais son corps n'avait exprimé autant d'impatience et de désirs. Des visions prenaient forme devant ses yeux.
Ryô devait être toujours en train de dormir nu, comme elle l'avait souvent surpris au réveil. Elle s'imaginait entrer dans sa chambre, le regarder longuement dans la semi-pénombre du jour qui commençait à se lever, s'avancer et s'asseoir sur le bord du lit. D'abord elle se blottirait contre lui, doucement pour ne pas qu'il se réveille. Puis elle commencerait à lui embrasser le visage, le cou, à caresser délicatement la poitrine. Il sortirait alors de son sommeil, pas assez pour distinguer le rêve de la réalité, juste sentir qu'une femme, sa partenaire, commençait à lui faire l'amour. Là, il reprendrait le dessus, comme il devait si bien savoir le faire, comme elle l'avait rêvé. Le reste se perdrait en un mélange de caresses, de baisers, de chair, de soupirs et de cris.
Ses mains s'activaient entre ses cuisses, lui procurant enfin ce plaisir longtemps réprimé. Elle comprit enfin la frustration de ne pas avoir ce qu'elle désirait et ce qu'elle désirait, c'était Ryô.
Miki avait raison : elle devait se bouger avant qu'il ne soit trop tard.
Au petit déjeuner, Kazuhiko était de mauvaise humeur et anxieux. Iori n'avait pas donné signe de vie depuis son départ et il manquait toujours un garde du corps dans le personnel de sécurité de l'hôtel, signe qu'elle n'était pas encore rentrée. Devant sa propre équipe, il ne fit mine de rien.
-C'est la signature du contrat qui me rend nerveux.
Mais tout le monde connaissant les liens qu'il entretenait avec Iori, il était évident qu'il s'inquiétait pour elle.
Entre deux tentatives de dragues sur les serveuses, Ryô fut appelé au téléphone. Il y resta un moment pendant que Kaori entretenait vainement la conversation à table. Tous avaient leur nez dans leur tasse et mâchonnait leurs toasts. Finalement au bout de quelques minutes, elle se tut, le nez dans son thé et termina ses toasts. L'ambiance devient de plus en plus pesante et elle ne savait que faire pour s'en sortir. Il fallait qu'il se passe quelque chose. N'importe quoi.
-Le garde de l'hôtel a été retrouvé, un couteau dans le cœur et Iori a disparu.
L'annonce que venait de faire Ryô, n'était pas ce qu'elle attendait, cependant elle produisit son effet.
-Dans mon bureau, immédiatement, dit Kazuhiko.
Ce qu'il appelait son bureau, c'était une pièce que l'hôtel mettait à sa disposition juste à côté de la salle de conférence. Là autour d'une table ronde, les proches conseillers se mirent à débattre sur la pertinence de reporter la signature du traité, compte tenu des derniers événements. Chacun avait son point de vue, motivée par la situation internationale ou la lourdeur de l'organisation difficile à renouveler. Tous se mirent rapidement d'accord : hors de question de reporter quoi que ce soit.
Kazuhiko se tenait face à la baie vitrée qui donnait sur le parc, il ne semblait pas réagir à ces conversations.
Kaori regardait cette scène avec effroi. Que valait la vie d'une femme à côté de l'avenir d'un pays tout entier ? Une seule face à des millions d'inconnus ? Mais ce n'était pas n'importe quelle femme. C'était Iori. Iori, bon sang, il n'allait pas...
-Elle a dit de continuer comme c'était prévu et c'est ce que nous allons faire, dit-il enfin. Pas un mot à la presse. Je suppose que c'est la police qui vous a averti ?
Il s'adressa à Ryô qui, depuis qu'il était entré, n'avait pas dit un mot.
-Oui, une patrouille a retrouvée la voiture et l'homme mort au volant.
-Ça leur aurait facile de les faire disparaître. Ils ont voulu qu'on les retrouve vite.
Oh, mon Dieu... Iori.. où es-tu ?
-Bien, tout le monde retourne à son travail. Le plus normalement possible.
Kaori sursauta : c'était ce que Iori lui avait dit avant de partir : "Tout doit continuer le plus normalement possible".
-Ryô, que crois-tu qu'on puisse faire ?
-Moi, je vais aller draguer quelques serveuses.
Quelques secondes plus tard, on aurait pu croire que rien ne s'était passé, les employés de l'hôtel avaient repris leurs activités quotidiennes pour leurs clients, repas, blanchisserie, ménage. On préparait la grande salle qui accueillerait le lendemain midi des journalistes du monde entier et des diplomates de tous bords.
Elle s'aperçut enfin qu'elle n'était pas la dernière à être restée en arrière.
-Pourquoi je l'ai laissée partir ?
Kazuhiko n'avait pas quitté son poste d'observation. De là où il se trouvait, il pouvait voir toutes les lumières au-delà du parc de l'hôtel mais son regard semblait porter beaucoup plus loin, à la recherche de quelque chose. Ou de quelqu'un.
Ce n'était pas la peine de le déranger. Elle se retira doucement.
Où était parti Ryô ? Elle n'eut pas à chercher longtemps : des cris féminins caractéristiques l'avertit de la présence d'un pervers dans les couloirs de l'hôtel.
-Ryô ! Tu vas connaître ta douleur!
Il n'était plus dans les vestiaires du personnel féminin où il avait laissé quelques victimes encore choquées. La chasse à l'homme commença. Kaori suivit sa trace grâce aux nombreuses traces que ce prédateur laissait derrière lui. Il lui échappa plusieurs fois lorsqu'elle était sur le point de lui mettre la main dessus, ou plutôt le marteau dessus. Les couloirs de l'hôtel étaient un véritable labyrinthe. A l'affût du moindre bruit, elle suivit sa lente progression jusqu'au hall d'entrée où elle eut une surprise. Non seulement Kazuhiko était descendu mais elle vit aussi Ryô harceler Saeko qui devait sans doute en profiter pour lui demander encore de travailler gratuitement.
-Ryô ! Espèce de chien en chaleur !
Et une énorme massue s'abattit sur lui. (Il l'a bien mérité, ha, ha.)
-Saeko, qu'est-ce que tu fais là ?
-Je suis la dernière personne à avoir parlé à Seto Iori ce matin. On m'a donc confié l'enquête.
-De plus, l'inspecteur Nogami est le meilleur policier de tout le Japon. Avec elle et Ryô, je n'ai vraiment pas à m'inquiéter.
-Vous me flattez.
Elle était peut-être le meilleur policier de tout le Japon mais Kaori n'aimait décidément pas qu'elle traîne à côté de son partenaire.
Malgré les récents événements, le programme de la journée ne fut pas changé, une grande partie fut consacrée à des réunions d'affaire avec de grands industriels qui prenaient le pari de s'installer en Galiacy, à condition que la guerre prenne fin. Suivant l'ambassadeur dans ses moindres déplacements, Kaori ne put s'empêcher de remarquer qu'il semblait un peu plus mal à l'aise que la veille, se mélangeant quelquefois les pinceaux. Elle aperçut de temps en temps Saeko mais rarement Ryô et elle n'aimait vraiment pas ça. D'un autre côté, elle ne pouvait plus sentir son regard la scruter sans que son visage ne vire au rouge cramoisi en repensant à la nuit dernière. N'empêche, elle voulait bien savoir où il était.
XXX
Après le dîner, elle se retrouva avec bonheur sa chambre, les pieds endoloris et la tête embrouillée. Il était déjà tard, le soleil à l'horizon s'infiltrait entre deux gratte-ciel. Demain, tout sera terminé.
La porte s'ouvrit soudain. Dans l'encadrement, Kaori vit Ryô. Elle s'aperçut aussi qu'il était très tendu.
-Viens.
Un peu étonnée par son attitude, elle obéit, le suivant à travers les couloirs et tous deux arrivèrent devant la pièce qui servait de point de chute de Kazuhiko. Celui-ci se tenait debout seul face à la table basse où était posée une grande enveloppe brune épaisse.
-Un coursier vient de l'apporter.
Kaori n'avait pas remarqué Saeko dans son coin jusqu'à ce qu'elle parle. Sans comprendre ce qu'il se passait, elle sentait pourtant que quelque chose de grave s'était produit et que cette enveloppe avait un rôle important.
-Ouvre-la.
Comme si les mots de Ryô l'avait réveillé, Kazuhiko prit l'enveloppe et l'ouvrit. Son contenu tomba sur la table. Il y avait une cassette vidéo et une petite boîte rouge. Instinctivement, Kaori craignait d'en savoir plus, ses doutes se trouvèrent confirmés quand elle vit que Kazuhiko, après avoir pris la petite boîte et l'avoir ouvert, pâlit et prit une expression d'horreur. Avant que quiconque ne puisse y jeter un coup d'oeil, il le referma et la maintenait fermement dans sa main. Saeko mit la cassette dans le magnétoscope.
Pendant quelques secondes, l'image sauta puis elle se stabilisa pour laisser apparaître une grande pièce sombre avec une table et plusieurs chaises autour. La caméra était un peu en hauteur et fixe comme une caméra de surveillance. Une silhouette masculine au fond, semblait attendre quelqu'un. Ce ne fut pas longtemps : des voix, d'abord lointaines puis de plus en plus fortes, se firent entendre.
"Je commence en avoir marre d'être dérangée pour rien."
Kaori trembla en reconnaissant la voix de Iori. Elle ne voulait pas regarder, pas savoir ce qui allait se passer, quelque chose d'effroyable, elle en était sure, et pourtant ses yeux semblaient fixer sur l'écran de télévision où venait d'apparaître Iori de dos, entourée de trois hommes plutôt costauds. L'attitude de la prisonnière était déconcertante : à en juger par la crispation de ses poings fermés, on pouvait dire qu'elle était terrifiée, mais sa voix, lorsqu'elle s'adressait à ses ravisseurs, était arrogante comme si elle était aux commandes.
"Hey, qui est-ce qui fait la bouffe dans ce trou à rats ? Parce que ça doit le plus minable d'entre vous."
Une gifle cinglante l'arrêta net. Elle recula de deux pas sous l'effet du choc.
"La ferme, on est des pros, pas des bonnes à tout faire."
"Ah ouais ? De vrais pros ne tombent pas en panne d'essence pendant un kidnapping."
Le bras se leva une fois de plus dans l'intention, cette fois, de la cogner encore plus fort.
"Arrête !"
Le type au fond de la salle s'avança jusqu'à la table, en prenant soin de garder son visage dans l'ombre.
"Nous sommes entre gens civilisés."
"T'es qui toi ? La baby-sitter ?"
-Ellle a du cran, murmura Ryô.
-En plus, elle nous renseigne, ajouta Saeko tout en griffonnant sur son carnet.
Sur l'écran, le face-à-face continuait.
"Nous avons un traitement de faveur pour les invités de marque."
"Si votre traitement de marque ne contient pas les mots "libération de ce taudis", vous pouvez aller vous faire voir."
Le deuxième coup part sans crier gare. Iori tomba à la renverse dans un cri étouffé. Elle se releva et enleva la poussière qu'elle avait sur ses vêtements déjà très sales.
"Minables. Ne savoir répondre que par des coups, même les singes sont plus intelligents que ça."
Pas un tremblement dans sa voix, rien que du mépris.
"Amenez-la", fit l'homme qui semblait être leur chef.
Les trois hommes qui encadraient Iori, la poussèrent jusqu'à la table où ils la penchèrent et la plaquèrent sur le ventre, les bras tendus en travers et attachés solidement de l'autre côté, face caméra. Une grimace de terreur apparut furtivement sur le visage de Iori lorsqu'elle analysa rapidement sa position.
"Ok, c'est quoi, le plan ? Me violer pour avoir l'illusion d'être de vrais hommes ?"
Le masque de Iori-l'arrogante était revenu.
-Elle est folle de les provoquer comme ça.
Saeko avait arrêté d'écrire et contenait mal son écœurement.
"Non, nous allons juste libérer une partie de vous."
L'homme, très tranquillement, s'empara d'une des mains de Iori.
"C'est ce que vous vouliez, non?"
Kaori recula d'un pas, se retrouvant adossée à la porte.
"Je ne veux pas regarder. Je ne veux pas regarder."
Mais ses yeux ne lui obéirent plus.
Tenant toujours fermement le poignet de Iori d'une main, le chef brandit son autre bras, une machette dont la tranche brillait étrangement dans l'ombre, ayant fait soudainement son apparition au bout.
Iori, le visage déformé par la terreur et comprenant que tout geste serait inutile, serra les dents et enfouit sa tête entre ses avants-bras.
"Surtout ne me remerciez pas." fit le chef.
A la seconde où la machette s'abattit, les jambes de Kaori refusèrent de la porter plus longtemps. Dans le silence le plus complet, elle s'écroula sur la moquette.
Iori ne cria pas. Le corps transpercé de douleur, elle n'émit pas le moindre gémissement.
Les quatre hommes, atterrés autour de la table, la regardèrent, tremblante, la tête toujours enfouie entre ses bras.
Un second coup de machette la libéra de ses liens et elle glissa lentement à terre, sa main gauche laissant une trace sanglante sur son passage. Elle resta agenouillée, ses mains contre sa poitrine, la tête baissée, se balançant comme si elle se récitait une prière. Finalement, elle se leva, refit le geste de dépoussiérer ses vêtements, avec un plus de difficulté que précédemment.
"Vos gardes du corps vont vous raccompagner à votre suite, milady"'
Dignement, elle fit face, retenant ses cris de douleur derrière ses mâchoires serrées. Les trois hommes l'encadrèrent de nouveau et ensemble ils s'avancèrent vers la sortie où étaient positionnée la caméra. Avant de disparaître hors-champ, Iori leva les yeux droit vers l'objectif et stupéfia les quatre téléspectateurs en arborant un timide sourire qui semblait dire "Ne vous inquiétez pas, je vais bien". Ils pouvaient clairement distinguer sa main gauche en sang, pendante à son côté, une main où il manquait le pouce. Puis l'écran devint noir quelques secondes avant que la cassette ne soit éjectée du magnétoscope.
Ryô fut le premier à réagir, il alla directement vers Kaori qui était prostrée contre le mur, ses poings contre le visage, tendue à l'extrême. Ses yeux avait quitté l'écran de télévision et s'étaient portés sur la petite boîte rouge que Kazuhiko tenait toujours, crispée entre ses doigts. Il la souleva sans peine dans ses bras.
-Je m'occupe de Kaori. Elle est choquée.
La jeune femme se laissa porter jusqu'à sa chambre, incapable du moindre geste ou de la moindre pensée cohérente. Iori, sa main sanglante, le coup de machette qui se répétait à l'infini, le village de Kazuhiko enfant,... Elle se serra plus contre Ryô, réprimant des sanglots.
Il la déposa sur le lit et s'assit en face d'elle, tout en la tenant dans ses bras.
-Je suis désolé, je n'aurais pas dû te laisser regarder ça. Kaori, parle-moi.
-Comment... comment elle a fait ça ?
-Fait quoi ?
-Ne pas crier et sourire à la fin.
-Elle n'est pas entrée dans le jeu de ses ravisseurs et elle l'a montré de la plus courageuse manière.
-Je ne veux pas savoir pourquoi, je le sais déjà mais comment.
Ryô parut réfléchir quelques secondes puis répondit :
-Tu pourras lui demander toi-même quand elle reviendra.
Kaori leva la tête et Ryô put enfin voir ses yeux bouleversés.
-Ramène-la, je t'en prie.
Il comprit soudain qu'elle se voyait en Iori ; toutes les fois où c'était elle qui était prisonnière et où, malgré sa peur, elle n'avait jamais perdu confiance en son partenaire, elle les avait revécues en voyant cette cassette. Elle connaissait si bien cette solitude que pendant un moment, elle s'était mise à le place de Iori et ressentait sa douleur.
-Oui, je te le promets.
Entre ses bras, il sentit qu'elle se calmait. Il l'entendit respirer contre sa poitrine, ses bras autour de lui.
-Ils s'aiment tellement.
Elle avait murmuré si doucement qu'il avait cru mal entendre.
-Tellement...
Il posa sa main sur sa nuque, joua un peu avec ses cheveux. Leurs visages étaient si près, quelques centimètres, qu'il lui suffisait de se pencher légèrement pour que leurs lèvres se touchent. Ils se goûtèrent, celles de Kaori étaient salées par les larmes et douces comme du miel. Sa peau frissonnait sous ses doigts. Cela le mit dans un état de désir qui devint presque insupportable à mesure que le baiser s'enfiévra. Elle bascula en arrière, l'entraînant avec elle sur le lit, sans difficulté. Leurs gestes se firent plus impatients et les vêtements furent bientôt de trop.
-Je crois que ce n'est pas le bon moment, murmura Ryô, retrouvant ses esprits un éclair de seconde, sans pour autant arrêter ses baisers.
-Cette fois, tu réfléchis trop.
Elle connaissait cette situation, elle l'avait vue en rêve. Mais ce n'était pas un rêve. Elle connaissait ces caresses depuis longtemps. Du plus profond d'elle-même, elle les sentait faire surface, ces gestes, ces mains qui glissèrent sur son dos musclé, sa bouche qui embrassait son cou.
-Je t'aime, Ryô.
-Je t'aime, Kaori.
Ces mots les avaient libérés de leurs dernières inhibitions, il prit enfin ce qui était à lui depuis le premier jour. Il entra en elle chercher ce trésor. Un cri étouffé lui indiqua qu'il l'avait trouvé et il s'enfonça plus profondément.
-Ouvre les yeux, je veux te voir.
Elle pensait être gênée qu'il la voit ainsi mais elle était fière du plaisir qu'il lui procurait. Tout son visage rayonnait de bonheur. Elle rejeta la tête en arrière dans un long gémissement qui se termina dans un râle.
-Ryô...
Elle perdait totalement le contrôle de son corps et de son âme, elle l'appelait :
-Ryô, Ryô...
Tous deux furent transportés par une vague d'électricité qui les submergea longtemps.
