Je remercie toutes les personnes qui ont laissees une review Voici le dernier chapitre! Bonne lecture!

Le syndrome de Stockholm

Chapitre 5

Merci à Luna pour sa correction !

« J'ai une question à te poser, et j'aimerais que tu y répondes sincèrement ».

Trowa se mordit légèrement les lèvres. Depuis la dispute avec Heero, le châtain était facilement susceptible et perdait rapidement patience. Trowa devinait que c'était le manque du Japonais qui rendait le natté ainsi. Il espérait de tout cœur que Duo pardonnerait à Heero, surtout qu'indirectement il était la cause de ce froid. Il se surprit à vouloir que tout redevienne comme avant. Le plus étonnant dans ses pensées étaient que si on lui demandait maintenant de choisir entre le Japonais et l'Américain, il hésiterait sans doute un très long moment. Sur le coup, il comprit l'embarras d'Heero au début de leur relation à trois. Mais autre chose le perturbait depuis la fin de son emprisonnement, un regard bleu qui ne l'avait jamais vraiment quitté et qui vibrait en lui sans qu'il s'en rende vraiment compte.

Il regarda Duo qui attendait patiemment puis acquiesça :

« Je t'écoute ».

« Qui a fait le premier pas entre Heero et toi ? ».

Trowa ouvrit de grands yeux étonnés, il s'attendait à tout mais pas à ce genre de question. Pourquoi cela préoccupait-il le châtain ? Il l'examina un long moment puis hésita. Devait-il dire la vérité ? Cela changerait-il quelque chose dans leurs relations ? Allait-il perdre sa deuxième moitié ? Duo s'approcha de lui et caressa doucement sa joue du bout des doigts.

« Trowa, quelque soit ta réponse, je ne changerai pas de comportement vis à vis de toi. Je souhaite simplement savoir ; c'est une chose qui me trotte dans la tête depuis un long moment ».

Trowa ferma les yeux et demanda :

« Pourquoi veux-tu le savoir ? ».

Duo regarda sur le côté puis murmura :

« Cela expliquerait un certain truc… ».

« Quel truc ? ».

Le natté replaça son regard dans celui de Trowa et lui prit les mains qu'il serra légèrement.

« Heero…Son comportement en général. Je ne suis pas franchement certain qu'il m'aime réellement… ».

Trowa faillit s'étouffer et éclata de rire devant le regard peiné de Duo. Celui-ci fit la moue puis lâcha les mains du châtain pour les placer sur ses hanches.

« Et bien, c'est ça ! Moque toi de moi ! Tu ne ris jamais et quand tu le fais c'est pour te gausser de moi ! ».

Le ton frôlant la colère calma aussitôt Trowa. Mais il comprit de par la lueur dans les améthystes que le châtain avait bien pris la chose. Trowa se rapprocha de lui et quémanda une étreinte qui vint aussitôt.

« Tu es vraiment idiot. S'il ne t'aimait pas, pourquoi se serait-il pris la tête pour nous avoir tous les deux ? ».

« Et bien, je me suis dis qu'il était simplement curieux. Il hésitait entre rester avec toi et savoir si moi j'étais aussi compatible… ».

« Duo ! C'est ridicule ! Heero ne ferait jamais ça ! Il t'aime j'en suis certain ! ».

« Mais, l'amour qu'il me porte est différent de celui qu'il te porte… ».

Trowa ne sut quoi répondre. Il réfléchit un instant puis choisit avec attention ses mots.

« L'amour que je te porte est différent aussi… ».

Duo sourit puis posa ses lèvres sur celles face à lui. Un baiser léger et doux, comme il les partageait avec son deuxième amant.

« Oui, je crois que là est le problème. Moi, je me suis rendu compte que je vous aimais pareil. Et cela m'est difficile d'accepter que l'un compte plus pour l'autre ».

Trowa resserra ses mains autour du natté et posa sa tête sur son épaule.

« Duo, je sais que cela va te paraître trop rapide, mais pour moi aussi tu es très important. Tu sais, j'ai envie que tout redevienne comme avant. Que nous soyons réunis tous les trois, ici. Que tu fasses des plaisanteries douteuses et que Heero te demande de te calmer. Que tu viennes m'embêter quand je suis en train de lire ou de taper un rapport. J'ai envie que l'on fasse encore la cuisine tous les deux. J'ai envie de retrouver mes deux compagnons… ».

Etait-ce la vérité ? Au fond de lui, il savait que c'était le cas, mais cette gêne qu'il ressentait à quoi était-elle due ?

Duo soupira puis chuchota au creux de l'oreille de Trowa :

« Moi aussi, mon amour ».

Ils se sourirent puis Duo prit la main de Trowa et le guida vers la chambre. Il avait besoin de lui. Trowa dut comprendre car il ne répliqua rien et le laissa prendre les commandes comme il avait l'habitude de faire.

XXXXX

Heero soupira pour la quatrième fois en l'espace d'une heure. Il se trouvait au quartier général des Preventers et attendait un verdict qui, il l'espérait serait juste. Même si Quatre avait donné des arguments comme quoi, Shahel n'avait pas vraiment fait de mal à quelqu'un hormis Trowa, il trouvait que l'homme méritait une leçon. Fabriquer une telle bombe révélait d'un esprit fou et perturbé et il ne souhaitait pas que l'homme reste libre.

Ses soupirs avaient aussi une autre source, qui lui pesait bien plus lourdement que la peine que recevrait le médecin. Cela faisait plus d'une semaine qu'il n'avait pas revu Duo. Trowa lui donnait des nouvelles et il attendait le moment où il lui dirait que le châtain veuille lui parler. Il savait qu'il aurait du prévenir l'Américain que Trowa était vivant et en bonne santé, mais à ce moment là il n'avait pensé qu'à protéger le châtain à la mèche.

Justement, Trowa pénétra dans la pièce et ils se fixèrent. Trowa avait beaucoup changé depuis le premier jour où ils s'étaient avoués leurs sentiments. Son visage semblait rajeuni et les sourires y venaient plus facilement. Ses yeux verts brillaient dès qu'il se trouvait près de Heero et Trowa s'était révélé une personne aimant les contacts aussi simples qu'un touché de la main. Le châtain vint s'installer près de lui et le fixa sans rien dire. Heero parla aussitôt qu'il le sentit à ses côtés.

« Tu...lui as parlé ? ».

Trowa acquiesça toujours muet. Mais il bougea et sa tête reposa sur l'épaule de Heero.

« Il ne veut toujours pas me parler ? ».

Trowa lui répondit finalement d'une voix posée mais contenant une pointe de lassitude.

« Heero, je crois que tu devrais tout simplement aller le voir ».

Heero hocha de la tête et embrassa les cheveux de son compagnon.

« Je suis désolé de t'imposer cette scène. Je ne souhaitais que te protéger et j'ai eu peur de lui dire la vérité ».

Ils avaient eu cette conversation des dizaines de fois et il savait que Trowa comprenait, mais pourquoi Duo ne voulait rien savoir ? Son plan avait fonctionné, non ?

Trowa soupira puis regarda la pendule murale qui indiquait trois heures de l'après-midi. Le châtain se leva puis murmura :

« Je dois y aller. Ils m'ont demandé un rapport sur Shahel... ».

Heero perçut une légère intonation de doute dans les propos et se leva pour le serrer contre lui.

« Trowa, fais selon ce que te dicte ta conscience. J'aimerai qu'il soit enfermé à vie pour t'avoir fait tant souffrir, mais je sais que tu tiens à lui...Je ne serais pas fâché quelque soit ta décision ».

Trowa se blottit contre lui mais ne dit rien. Il se dégagea finalement puis sortit de la pièce. Heero décida d'aller voir l'Américain et advienne que pourra.

XXXXX

Shahel écoutait les imminentes personnes qui le jugeaient. Tout d'abord le chef des Preventers, une femme plus jeune que lui au regard strict et qui était aussi charmante que dangereuse. Elle était sans doute à la tête de la mission qui l'avait fait arrêter. Elle n'avait pas encore donné son avis quant à ce qu'elle comptait faire de lui. Ensuite il y avait divers degrés de ses subordonnés sans grands intérêts qui n'étaient là que parce qu'un jugement requérait un certain nombre de personne. Il y avait ensuite les deux représentants de le Terre et des Colonie : son demi frère et la vice ministre Darlian. Ils ne présentaient aucun à priori et il se demandait vraiment ce qu'il allait devenir.

Depuis une semaine, il y avait eu différents témoignages, notamment des personnes qui avaient travaillées pour lui. Chacune racontait qu'il était un bon patron et qu'il était toujours à l'écoute des autres. Ensuite des démineurs avaient expliqués l'importance de la bombe, son impact et ses conséquences si elle avait explosée. Hier matin avait été le tour du fou au magnum. Il s'était montré froid et intransigeant. Il voulait que Shahel finisse ses jours en prison. Le scientifique comprenait son comportement. Les pilotes de Gundam s'étaient battus de toutes leurs forces pour rétablir la paix dans l'univers. Et au moment où ils y étaient pratiquement parvenus, il se ramenait avec une bombe capable de pulvériser une colonie. Et de plus, ce qu'il pensait plus important aux yeux de Heero, Shahel avait fait du mal à son compagnon, et ça il ne pouvait le laisser passer. L'après-midi avait vu apparaître Duo Maxwel. L'homme aux longs cheveux s'était montré moins prononcé dans ses phrases. Il avait dit que Shahel n'avait pas utilisé la bombe et n'avait jamais exprimé le souhait de l'utiliser ce qui pouvait rendre le jugement moins strict. Il n'y avait eu aucun mort, ni blessé, excepté Trowa qui maintenant était parfaitement remis. Ces informations le soulagèrent. Il croisa les améthystes durant un court instant et il y distingua une force qui lui fit baisser le regard.

Ce matin, d'autres témoins se succédèrent puis finalement la personne qu'il redoutait le plus pénétra dans la pièce ronde. Trowa avait l'air fatigué. Ses yeux verts ne brillaient pas autant que dans son souvenir. Il regarda les nombreuses personnes puis énonça tranquillement à sa grande surprise :

« Je ne parlerais pas face à tout ce monde ».

Shahel aperçut un sourire sur les lèvres de Quatre qui tourna la tête vers Lady Une.

« Son témoignage est capitale, sans lui on se pourra jamais prendre une décision ».

Lady acquiesça puis se leva.

« Très bien, allons dans mon bureau. Monsieur Winner, Madame le ministre et vous aussi ».

Elle fit signe à Shahel de se lever et son garde le bouscula pour qu'il aille plus vite. A ce moment, Trowa prit le bras du soldat et lui demanda gentiment :

« Je vais m'occuper de lui, vous pouvez disposer ».

Un silence palpable s'étendit sur la pièce quand les cinq personnes la quittèrent. Les bureaucrates ne devaient pas en revenir, de même que Shahel. Il jeta un coup d'oeil à Trowa près de lui mais le jeune homme ne semblait pas vouloir lui parler ou le regarder. Il sentit son coeur se serrer face à ce comportement, mais il était normal.

Ils entrèrent dans le bureau du chef des Preventers et s'installèrent à une table de réunion. Il se retrouva face à son demi-frère à côté de Trowa. La conversation partit après que Lady posa une question.

XXXXX

Trowa hésita puis pénétra dans la petite cellule confortable dans laquelle se trouvait Shahel. Celui-ci était étendu sur le lit, un bras en travers de son visage. L'après-midi avait été long et Trowa comprenait la lassitude du médecin qui ne souhaitait qu'en finir. Il resta sur le pas et réalisa qu'à peine une semaine auparavant c'était lui dans ce cas.

Il releva les yeux pour croiser des saphirs ternes qui le fixaient avec une légère surprise. Trowa s'avança de quelques centimètres mais ne trouva pas de mots. Shahel se leva alors et ils restèrent l'un face à l'autre, une tension les empêchant de s'approcher plus. Finalement Shahel leva une main et toucha le visage de son vis-à-vis. Trowa ferma les yeux puis fit un petit sourire. Le médecin n'hésita pas plus longtemps et prit le grand châtain dans ses bras. Trowa ne le repoussa pas, mais il le sentait tendu. Shahel le garda un moment contre lui se gorgeant de cette présence qu'il avait tant souhaitée et qu'il n'obtiendrait jamais. Il le lâcha et lui tourna le dos. D'une voix enrouée, il chuchota :

« Laisse-moi, je t'en supplie. Te voir...Me fait mal ».

Trowa baissa la tête et avança une main pour toucher le blond mais il la fit retomber et se demanda tout d'un coup ce qui l'avait réellement poussé à venir le voir. Un attachement sincère le reliait à cet homme, malgré le fait qu'il l'avait gardé prisonnier. Toutes ces heures ensembles à parler, lui avait fait découvrir un personnage fascinant et qui semblait le comprendre. Mais, il ne l'aimait pas, ce fait était certain. Il ne ressentait pas les fourmillements de son coeur quand il était en sa présence, ne désirait pas qu'il le tienne dans ses bras comme Heero ou Duo. Mais il y avait autre chose au fond de lui, il le sentait. Cette hésitation était bien réelle. Il s'apprêta à partir mais dit tout de même :

« Tu n'auras pas d'emprisonnement. Tu resteras au quartier général où tu exerceras tes talents de médecin. C'est ce qu'ils ont choisi pour toi. Je...Je tenais à te l'annoncer ».

Trowa fit un pas, puis sentit un mouvement dans l'air. Il se retrouva plaquer contre le torse du blond qui le tenait fermement contre lui. La tête de Shahel se posa dans son cou et il ferma les yeux.

« Shahel... ».

Le corps du scientifique tremblait de désir, il ne voulait pas lâcher ce garçon qui faisait tant battre son coeur. Cet homme qui était resté si mystérieux tout le long et qu'il ne parvenait toujours pas à comprendre entièrement.

« Trowa...Je t'aime ».

Trowa se tendit complètement à ses paroles et voulut se dégager, mais Shahel ne le lâchait pas. Des lèvres se posèrent sur son cou et les mains le serrèrent encore plus. Trowa murmura :

« Ne m'oblige pas à appeler les gardes. Heero n'est pas loin ».

Shahel relâcha légèrement son étreinte puis le tourna vers lui. Ils échangèrent alors un simple baiser que le blond lui vola. Trowa sortit sans rien ajouter et Shahel fixa la porte se refermer. Il se laissa tomber à terre et laissa s'écouler ses larmes. Il avait été stupide, lui le grand génie. Quelle idée de tomber amoureux de son prisonnier, de la personne qui allait le faire chuter. Il repensa aux paroles de Trowa et réalisa leur conséquence. S'il travaillait ici, alors il le verrait ? Il se prit la tête dans les mains : comment pourrait-il le supporter ?

Trowa s'appuya sur le mur de la salle d'attente et ferma les yeux. Il sentait au fond de lui qu'il n'aurait pas du permettre à Shahel de l'embrasser, c'était comme lui laisser un espoir. Mais jamais il ne pourrait lui répondre, ce n'est pas lui qu'il aimait...Il l'avait enfermé, lui avait injecté cette dose mortelle, il lui avait fait du mal. Il l'avait écouté, l'avait fait rire, avait partagé ses secrets avec lui, sa vie. Jamais il n'avait autant parlé de lui à quiconque, même Heero. Il jeta un oeil à la porte de la cellule puis secoua la tête. C'était ridicule ! Pourquoi son coeur se mettait-il à battre autant ? Pourquoi ses yeux semblaient le brûler ? Ses émeraudes rencontrèrent alors les turquoises de Quatre.

« Tu veux en parler ? ».

Trowa regarda le blond avec fixité puis secoua la tête.

« Il n'y a rien à dire, c'est terminé ».

Quatre s'approcha de lui et lui prit une main qu'il serra avec douceur.

« Tu en es sûr ? ».

Trowa hésita puis hocha de la tête, son coeur se serrant toujours autant.

« Oui... ».

Il laissa Quatre et courut presque rejoindre sa voiture. Il avait besoin de remettre de l'ordre dans ses idées et de parler à Heero et Duo.

XXXXX

Shahel releva la tête avec rapidité en voyant la porte se rouvrir. Quatre apparut dans l'encadrement, et il ne savait si c'était de la déception ou du soulagement qui le traversa. Son frère se pencha vers lui et lui prit les mains.

« Shahel ».

« Il m'a dit pour mon verdict. Je te remercie de me laisser une seconde chance ».

Quatre secoua la tête.

« Non, c'est surtout le témoignage de Trowa qui a persuadé Lady, c'est lui qui t'as laissé une seconde chance ».

Shahel ressentit les larmes venir et Quatre le prit aussitôt dans ses bras.

« Je l'aime. Je l'aime tant ».

Quatre le berça et murmura :

« Je sais...Mais Shahel, ce que tu fais c'est le faire souffrir. Il ne sait plus ce qu'il doit penser ou faire. Il est perdu entre ses sentiments pour eux et pour toi. Trowa est fragile, tu le sais maintenant ».

« Oui. Mais, je n'y peux rien ».

Ils se fixèrent puis Shahel baissa la tête.

« Mais je ne veux pas qu'il souffre encore plus à cause de moi. Je...Vais l'oublier, oublier ces sentiments que je ressens et le laisser tranquille. Mais je ne sais pas comment le réaliser si je dois le voir tous les jours au quartier général ».

« Tu n'as pas à t'en faire, sauf cas d'extrême urgence, il n'y sera jamais. Seul Wu Fei a un poste permanent. Ah, Wu Fei est... ».

Quatre rougit puis baissa la tête à son tour. Shahel fit un petit sourire et prit son frère contre lui.

« Pardon, Quatre. J'ai agi comme un imbécile. La douleur m'a aveuglé, pardonne-moi ».

Quatre acquiesça et ils restèrent un moment à parler avant que Lady ne vienne chercher son prisonnier et nouveau médecin.

XXXXX

« Tu vas bien ? ».

Quatre fronça les sourcils et releva la tête d'un dossier qu'il étudiait. Wu Fei le fixait avec attention de la porte qu'il avait refermée derrière lui. Le Chinois avait compris l'importance du débat sur le devenir de Shahel et était resté à l'écart pour permettre à Quatre de se concentrer complètement sur le problème. Il acquiesça et fit un sourire en se levant.

« Oui, il n'a pas eu de condamnation, il doit simplement rester au quartier général des Preventers ».

Wu Fei le prit dans ses bras et l'embrassa tendrement. Il lui murmura à l'oreille :

« J'en suis heureux pour toi ».

Quatre soupira de contentement et le prit par la main pour le diriger vers le spacieux sofa de la pièce. Wu Fei se laissa faire sans rechigner. Entre eux tout était simple. Leurs amis avaient cru au début que leur relation irait vers un échec car ils étaient trop semblables mais ils avaient su résoudre ce problème. Il n'y avait aucune domination entre eux. L'un exprimait son désir et l'autre y répondait. Ils étaient parvenus à un degré de compréhension qui faisait que les couples duraient.

« Et Trowa ? ».

Quatre s'allongea et posa sa tête dans le giron du brun qui caressa ses cheveux.

« Je ne pense pas me tromper en avançant qu'il ressent quelque chose pour Shahel ».

La main resta en suspens et la surprise traversa les onyx de son compagnon.

« Que veux-tu dire par là ? ».

« Réfléchis. Ils sont restés ensemble plus d'une semaine, à parler, à vivre l'un près de l'autre. Allah seul sait ce qu'ils se sont racontés. Une intimité pareille est plutôt rare. Trowa m'a dit qu'ils ont 'joué' aux questions réponses. Ca me fait un peu peur ».

Cette fois la main se posa sur son visage. Une chaleur agréable s'étendit en lui et il continua :

« J'ai lu plusieurs articles et ouvrages sur le syndrome de Stockholm. La personne abusée développe un sentiment de bien-être face à son agresseur, sentiment qui se développe en attachement et parfois en amour. J'ai eu du mal à y croire au début, mais en les observant tous les deux j'ai pu m'apercevoir que c'est la vérité ».

« Tu veux dire que Trowa est amoureux de ce type ? Mais...Et Heero, Duo ? ».

« Je ne pense pas que pour Trowa se soit de l'amour, plutôt une forte amitié, plus fraternelle. Mais il doit être perdu, et il confond peut-être ces deux sentiments. Trowa est fragile à ce niveau là. Tu le sais bien. Il n'a pratiquement jamais reçu d'affection durant son enfance. Et maintenant il est capable d'aimer quelqu'un plus que tout. De tout donner à cette personne, comme il l'a fait avec Heero, et plus tard avec Duo. Shahel est l'élément qui a perturbé son monde. Il ne sait plus quoi penser. Si seulement Heero et Duo s'en rendaient compte, peut-être tout pourrait s'arranger ».

Il soupira.

« Et ton frère ? ».

Quatre tourna la tête contre Wu Fei.

« Il l'aime, il n'y a aucun doute là-dessus. Mais il m'a promis qu'il ne ferait jamais rien pour le revoir ».

Wu Fei hocha de la tête et resta près de Quatre tout le reste de la journée et même plus tard.

XXXXX

« Duo... ».

La voix troublée le fit le retourner et il fixa son compagnon. Heero le regardait avec une légère frayeur qui le rendait beaucoup plus humain que tout autre chose. Il sentait cette peur et il sourit face à cette réaction inhabituelle. Il devinait que Heero avait dû prendre sur lui pour venir le voir. A moins que Trowa n'ait insisté, mais il n'y croyait pas, ce n'était pas le genre du châtain. Il décida de faire ramper le brun, il le méritait, même s'il lui avait pardonné depuis le début.

« Que veux-tu ? ».

Heero se mordit les lèvres et s'approcha du châtain.

« Je voulais m'excuser de mon comportement ».

Duo acquiesça.

« Très bien, je te pardonne. Et maintenant ? ».

Heero fit un pas en arrière, surpris.

« Je... ».

Duo le regarda avec dureté.

« Comment veux-tu que tout reprenne comme avant après que tu m'ais montré une telle confiance ? Je croyais qu'on avait dépassé ce stade tous les deux, surtout après tous ces combats ».

Duo lui tourna le dos et serra les dents, le coeur battant. Tout allait se jouer ici, si Heero l'aimait vraiment comme Trowa semblait le croire, il reviendrait vers lui ou bien le quitterait définitivement après ces mots.

Un sentiment de reconnaissance le traversa quand il sentit deux bras l'entourer et une chaleur l'envelopper. Heero murmura contre son oreille.

« Je t'aime. Je ne veux pas te laisser. J'ai agi égoïstement en voulant sauver Trowa moi-même, pardonne-moi. Je te fais entièrement confiance et tu le sais ».

Duo réfléchit à grande vitesse, que devait-il faire ? Il se retourna pour regarder les saphirs froids de son compagnon puis posa ses lèvres sur celles de son vis-à-vis. Un baiser violent s'en suivit. Duo lui montrait par ce fait son mécontentement, sa tristesse mais aussi sa joie de le retrouver. Heero se laissa faire, conscient qu'il méritait cette douce punition. Il serra encore plus le châtain contre lui puis le laissa le guider vers la chambre où ils se donnèrent l'un à l'autre avec puissance.

Heero se réveilla par le bruit de la porte qui s'ouvrait. Il se releva sur un coude et fixa Duo endormi contre lui. Il se dégagea avec douceur pour ne pas le réveiller puis enfila une robe de chambre. Le réveil indiquait vingt et une heures. Il se dirigea vers la cuisine pour la trouver vide. Seule la veste de Trowa lui indiquait la présence de celui-ci dans l'appartement. Il fronça les sourcils puis entra dans le salon, vide lui aussi. Il se dirigea alors vers la deuxième chambre et la trouva verrouillée. Ce fait l'intrigua encore plus et il n'hésita pas à frapper à la porte.

« Trowa ? Ouvre-moi ! Que se passe-t-il ? ».

Une voix lointaine lui répondit et son coeur se serra.

« Laisse-moi tranquille. Je suis fatigué, on parlera plus tard ».

Une main se posant sur son épaule le fit sursauter et il croisa les améthystes ensommeillées de Duo.

« Qu'est-ce qui y'a ? ».

« Il s'est enfermé ».

Duo ouvrit des yeux surpris puis appela à son tour.

« Trowa ? Ouvre la porte ! ».

Aucun bruit ne leur répondit et ils se regardèrent avec peur. Heero n'hésita pas une seule seconde de plus et commença à se reculer pour enfoncer la porte. Duo lui fit un geste de garder patience puis s'approcha de la porte.

« Trowa, si tu n'ouvres pas, Heero risque de se faire très mal à vouloir ouvrir tout de même ta porte. Tu ne veux pas qu'il termine à l'hôpital, n'est-ce pas ? ».

C'était bien évidemment un gros mensonge puisque le corps de Heero était aussi costaud que du béton armé, mais Duo devinait que cette menace marcherait. Cette fois la porte s'ouvrit sur un Trowa à l'air perdu. Il dit tout de même :

« Vous vous êtes réconciliés ? ».

Les deux hommes hochèrent de la tête puis Duo pénétra dans la pièce en prenant le châtain par la main. Il le fit asseoir sur le lit puis le fit se pencher sur lui, posant sa tête sur ses cuisses. Trowa ne dit rien et le laissa faire. Heero referma la porte derrière lui et vint s'agenouiller de telle sorte que son visage soit près de celui de Trowa. Duo commença de légères caresses pour le détendre puis demanda d'une voix lente.

« Dis-nous ce qui se passe ? ».

« Je...Je ne sais pas. J'ai...Mal, ici ».

Trowa posa une main sur son coeur puis ferma les yeux. Duo fixa Heero puis reprit.

« A cause de nous ? ».

Trowa ne bougea pas. Heero se pencha vers lui.

« Nous avons parlé. Tout va bien maintenant, tu n'as plus à t'en faire. Je m'excuse de mon comportement. Trowa s'il te plait, regarde-moi ».

Les émeraudes apparurent puis Trowa secoua la tête.

« Ce...N'est pas à cause de vous. Je...Je ne sais plus où j'en suis ».

Cette fois, Heero releva le menton de Trowa d'un doigt et le fit le regarder.

« Encore cet homme ? Trowa, est-ce que tu l'aimes tant que ça ? ».

Trowa frissonna et Duo repoussa Heero de la main.

« Heero ! Qu'est ce que tu racontes ! Trowa nous aime nous ! ».

Il regarda le visage de son compagnon contre lui.

« N'est-ce pas ? ».

Trowa ne répondit rien et Duo le sentit pleurer contre lui. Il comprit alors ce qui se passait. Il avait parlé au téléphone avec Quatre en fin d'après-midi. Le blond lui avait révélé la peine encourue par Shahel et il n'avait été guère étonné. Le médecin ne méritait certainement pas de finir ses jours isolé dans un centre de détention. Même s'il avait fait souffrir Trowa. Mais Quatre lui avait aussi recommandé de faire attention à Trowa. Sur le coup il n'avait pas réellement saisi le sens de ces mots mais il savait maintenant. Apparemment, ce que ce Shahel avait développé avec son deuxième compagnon était plus fort que le fait d'être gardien et prisonnier. Shahel avait réussi à percer les défenses du châtain et du coup celui-ci ne savait plus où il en était. Duo devait donc réagir et vite, sinon il risquait très certainement de le perdre.

« Trowa, regarde-moi ».

Le châtain se releva et leurs yeux s'ancrèrent. Une légère frayeur brillait dans les émeraudes.

« Te rappelles-tu ce que tu m'as dit il y a une semaine ? ».

Trowa baissa la tête et acquiesça.

« Tu m'as menti ? ».

La longue mèche fit un aller retour très rapide signe de négation.

« Et lui, lui as-tu dis ? ».

Le même signe apparut et fut un soulagement pour Duo. Il prit le châtain contre lui.

« Je ne vais pas y aller par quatre chemins Trowa. Si j'ai tout compris, tu as passé de longs moments avec lui et tu as commencé à t'attacher à lui. Mais ce n'est pas de l'amour... ».

La voix tremblotante de Trowa s'éleva :

« Comment peux-tu en être si sûr ? ».

« Tu réagis avec lui comme avec nous ? ».

Trowa faillit répondre immédiatement mais il se reprit et fixa Duo, une lueur d'espoir traversant ses yeux embués. Heero se rapprocha alors d'eux et toucha le bras de Trowa. Duo n'avait jamais vu autant de douceur dans le regard habituellement froid. Décidément, Heero s'était vraiment radouci, la peur était un sentiment qui lui allait à merveille.

« Trowa, je t'aime plus que tout au monde. Et j'aime aussi Duo. Je tiens à ce que tu le saches ».

Trowa hocha de la tête puis déglutit.

« Ce...Ce n'est qu'un sentiment fraternel...Rien de plus ».

« C'est ça ».

Le visage se détendit et il se laissa aller contre Duo et Heero. Pour la première fois depuis le début de leur relation à trois, ils n'hésitèrent aucunement à passer un long moment entre eux, tout doute ou dispute oubliés.

FIN