chapitre 2 : où les événements s'enchaînent curieusement

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Grenadin fait plusieurs tours de pâté de maisons à tire-d'aile, tant pis pour les humains qui pourraient le voir. Quand le vol l'a un peu calmé, il se met sur le chemin du retour, prenant quand même le temps de persécuter au passage quelques toutous innocents pour se venger. Cette andouille d'Ambre l'a tellement mis hors de lui, il a bien failli mordre la première personne qui aurait eu la malchance de le croiser. En plus, il a perdu son saké. Réflexion faite, c'est Ambre qui a dû trinquer avec.

Mais bon, il a réussi à apaiser quelque peu sa rogne. Il est juste encore un tout petit peu énervé ... et beaucoup plus déprimé.

Il regagne sa chambre, toujours par la fenêtre. Heureusement il fait maintenant nuit noire et il ne verra pas le boxon monstrueux avant le lendemain. Allez zou, au dodo ! il sera bien temps de penser demain.

Il range ses ailes et se fraie un chemin, manquant deux ou trois fois de se gameller dans le souk, rampe sur le plumard, tâtonne pour décoincer les couvertures trop bien bordées. Il pousse un soupir d'aise à l'idée de se blottir dans un lit avec un vrai matelas et pas ces horreurs de futon dont raffole Jade et qui sont atrocement durs. Et de s'octroyer la paresse de roupiller en occultant tous les détails de cette journée pourrie particulière et tous les côtés nuls de sa vie actuelle en général. Aah qu'on est bien. Surtout avec ce torse aux pec' d'acier trempé recouvert de satin pour réchauffer les draps. Oh que oui.

... minute.

Oh putain. 'y a déjà quelqu'un sur le lit.

Grenadin fait un bond de trois mètres et se rue sur l'interrupteur, manquant de se viander une fois de plus en se prenant les pieds dans le bordel qui jonche le sol. Clic, fiat lux.

Alangui sur son lit, un type au corps de dieu grec avec des ailes d'ange dans le dos le fixe d'un air pour le moins concupiscent. Il ôte d'un geste sensuel la rose qu'il tenait à la bouche, en arrache délicatement un pétale avec les dents et murmure d'une voix grave terriblement sexy

« bonsoir, Grenadin »

Un bout de langue rouge lèche et aspire le pétale, caresse les lèvres. L'homme se redresse à demi, d'immenses cheveux d'argent venant balayer ses épaules, et ajoute

« Tu m'avais promis de me manger en civet, autrefois. »

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à suivre avec notre mystérieux invité…