Disclaimer : Les personnages et autres éléments se référant au monde de Harry Potter qui sont cités dans cette fic ne sont bien entendu (et malheureusement) pas à moi et je n'ai écrit cette fic que dans des buts ludiques et non-lucratifs. Comme si je pouvais faire autrement de toutes façons... Et comme si je pouvais espérer égaler un jour la merveilleuse JK Rowling qui a tant fait pour égayer le quotidien grisâtre de nos mornes existences (ouskeuh c bô ske jdis moâ) Moralit : rien n'est à moi, tout est à JK Rowling. Quelqu'un aurait-il une falaise à me prêter ?...
Synopsis : A la suite d'une expérience malheureuse avec la magie noire, Draco Malfoy se retrouve incapable de communiquer avec son entourage, à l'exception d'une personne. Malheureusement pour lui, cette personne n'est autre que son ennemi juré Harry Potter... Slash H/D.
Note : Bon et bien voilà après un one-shot je me lance enfin dans une fic un peu plus ambitieuse... Quelle émotion... C'est juste pour vous demander de ne pas être trop sévères avec moi vu que je suis encore relativement neuve ici (c juste ma seconde fic...) et silvouplaîît laissez-moi une review pour me dire ce que vous en pensez.......
Avec une constance enragée, il se jette sur la silhouette tremblante d'un homme brun qui se cramponne avec désespoir à la mince corniche de pierre sur laquelle il se tient en équilibre. A quelques centimètres de lui, le précipice ouvre sa gueule béante, prêt à le dévorer au moindre faux-pas. On ne distingue pas de fond à ce gouffre infernal, seulement les ténèbres et le néant. Au-dessus de l'homme, les parois rocheuses semblent elles aussi s'étirer à l'infini. L'homme se serre désespérément contre les parois de l'immense puits de pierre, prisonnier d'un abîme qui n'a apparemment ni début ni fin. Seule, découpée dans la roche une vingtaine de mètres plus haut, une ouverture de la taille d'une porte ou d'une arche laisse passer quelques rayons de soleil provenant du monde des vivants. En travers du passage, les vagues frémissantes d'un voile de tissus déchiré projettent sur les murs de pierre des ombres fantasmagoriques.
Le diablotin attaque encore une fois, plongeant en piqué vers la corniche pour faire basculer l'homme dans le vide. Celui-ci se relève et pousse un hurlement strident, essayant en vain de décourager le monstre qui s'éloigne en ricanant, nullement impressionné. D'une allure paresseuse, il laisse les courants d'air ascendants le porter vers le haut avant de recommencer sa manœuvre.
L'homme s'empare d'une pierre et la lance dans sa direction, manquant sa cible de peu. De haute stature, il porte en lui la grâce ténébreuse des anges déchus. Les traits de son visage sont empreints de noblesse malgré les cernes noirs sous ses yeux fatigués. La masse sale et désordonnée de ses cheveux flotte librement sur ses épaules, d'un noir d'encre. Aucune ride ne vient plisser la pâleur maladive de son front. Il ne doit pas avoir plus de 35 ou 40 ans, cependant les ombres voilées qui hantent son regard lui donnent l'air d'un vieillard enfermé dans un corps de jeune homme. Il y a une lueur de folie dans ses prunelles d'un bleu sombre.
Le diablotin attaque de nouveau, décrivant autour de sa proie des cercles de plus en plus rapprochés.
« Laisse-moi tranquille, charognard de malheur ! »
Les cris de l'homme ont pour seul effet de redoubler l'hilarité du monstre qui accélère encore ses mouvements avant de décider brusquement de changer de tactique. Décrochant de la paroi de petits morceaux de roche, il entreprend de bombarder méthodiquement sa proie à l'aide de ces projectiles improvisés. Se protégeant tant bien que mal de ses bras levés, l'homme lutte un moment avant de s'effondrer à genoux sur la corniche de pierre. Il sanglote doucement.
« Par Merlin, Esteban, que t'ai-je fait pour que tu me haïsses à ce point ? ... »
Le diablotin arrête son manège, considérant la question.
« - Mais ça n'a rien de personnel, petit homme! Je ne peux simplement pas te laisser là, tout seul sur ta corniche... Tu es tombé dans les enfers, à présent il est trop tard pour revenir sur tes pas. Tu es mort. Il faut cesser de faire des caprices et continuer ton chemin. Et ton chemin, c'est au fond du puits qu'il mène.
- Je ne suis pas mort ! » rugit l'homme avec désespoir.
« - Bien sûr que si tu l'es. Enfin, pas tout à fait... Tu es plutôt coincé entre la vie et la mort, puisque tu refuses de descendre... Mais je t'assure que tu penches nettement vers le monde des morts, tu peux me faire confiance là-dessus. Je suis un expert pour ce qui est de la vie et la mort. C'est ce qui arrive quand on passe une éternité à garder le passage... Je peux te le dire sans risque de me tromper : tu es mort.
- Je ne peux pas être mort... » gémit l'homme. « Tu ne comprends pas. Il y a encore tellement de personnes qui ont besoin de moi là-bas ! Et mon filleul ! Je ne peux pas le laisser seul. Il a besoin de moi...
- Il apprendra à se débrouiller sans toi. Ils font tous ça, à un moment ou un autre. C'est dans l'ordre des choses.
- Je suis tellement fatigué... J'ai l'impression d'être là depuis des années.
- D'une certaine façon, tu es ici depuis une éternité, petit homme. Quand on est mort, le temps n'a plus vraiment d'importance.
- Mais je ne suis pas mort !
- Allons, ne pleure pas... Ca n'en vaut pas la peine. Ce n'est pas si terrible que ça de mourir. Tu serais surpris ! Ne me dis pas que tu n'es pas curieux de savoir ce qui se passe après... Paradis, enfer, purgatoire ou néant ? ... Avoue que tu t'es toujours demandé...
-Ca ne te regarde pas. Dans les circonstances actuelles, ce n'est pas bien difficile de comprendre que je n'ai pas envie de discuter métaphysique avec toi, Esteban, n'est-ce pas ? » Le ton de l'homme est sec, cassant, empreint d'une ironie amère. Le diablotin se renfrogne aussitôt.
« Bon, et bien si c'est comme ça que tu le prends... »
Sans prévenir, il se jette sur l'homme qui étouffe un juron, surpris. La silhouette sombre chancelle un instant. Ses poings se referment sur les chevilles du diablotin qui pousse un glapissement suraigu. Puis le pied de l'homme glisse sur le rebord de pierre et il bascule dans le vide sans un cri. Sur les parois du puits, l'écho d'un hurlement qui n'est pas véritablement là résonne longuement, déchirant le silence.
« Siriuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuus !!! »° ° ° ° ° ° °Dans son lit de la tour de Griffondor, Harry Potter se réveilla en sursaut, le cœur battant la chamade, les pupilles dilatées de terreur. Le cauchemar qui l'avait réveillé était encore douloureusement vivace dans son esprit et il tremblait de tous ses membres, la respiration saccadée. Un peu honteux de s'être laissé effrayer par un simple rêve, il ramena vers lui les draps trempés de sueur et se redressa, essayant tant bien que mal de retrouver son calme.
Des éléments de son rêve lui revinrent en mémoire : une falaise et un puits sans fond, un monstre ailé avec des traits de rongeur et un rire diabolique, et Sirius... Sirius qui n'était pas mort, qui continuait à se battre pour rester en vie... Encore un de ces rêves pleins d'espoirs alors qu'il n'y avait plus d'espoir depuis longtemps déjà... Harry ravala ses larmes, décochant un coup de poing rageur contre la tête de son lit. Une douleur aiguë éclata aussitôt dans sa main et il jura sourdement. Par Merlin, ce que ça pouvait faire mal ! ... A frapper sans mesurer sa force, il avait dû se briser plusieurs doigts... Et tout ça dans un geste de colère stupide... Il n'avait plus qu'à souffrir en silence à présent, et à attendre le lever du jour. Hermione connaîtrait sans doute une formule de guérison mineure pour soigner sa main brisée, et si elle n'en connaissait pas il faudrait de rendre une petite visite à Mme Pomfresh.
Le seul problème, c'était qu'à présent qu'il avait estropié son pauvre poing contre l'armature de bois massif du lit, il n'y avait plus aucune chance pour qu'Harry se rendorme. Ce qu'il y avait de remarquable avec la douleur, c'est qu'elle agissait de façon encore plus rapide et efficace que la caféine. Ce n'était pas pour rien que des générations d'élèves, affligés par les cours d'Histoire de la Magie, s'étaient religieusement fait passer le secret du remède miracle contre le sommeil : se pincer fortement le bras à intervalles réguliers.
A présent intimement convaincu qu'il ne parviendrait pas à se rendormir, Harry se leva et tira de sa malle la cape d'invisibilité que son père lui avait léguée. Dans le lit voisin, Ron remua légèrement, grommelant dans son sommeil des mots inintelligibles. Parmi eux, Harry crut distinguer « Hermione » et « Chocogrenouilles ». Il rit doucement. Cela correspondait bien aux deux plus grandes passions de l'incorrigible rouquin... Il était de notoriété publique parmi les Griffondors que Ronald Weasley était profondément amoureux d'Hermione Granger, et que cet amour était réciproque. Etant donné la timidité maladive des deux adolescents, aucun d'eux n'avait encore trouvé le courage de se déclarer à l'autre et Harry avait trop peur de les blesser pour essayer de brusquer les choses. Il n'y avait plus qu'à attendre et à espérer que la situation évolue d'elle-même, de préférence avant que les deux intéressés ne soient trop âgés pour se déplacer sans une canne...
Silencieux comme une ombre, le garçon se glissa hors de la tour de Griffondor, savamment dissimulé sous sa cape d'invisibilité. D'une démarche somnambulique, il se dirigea vers la partie du château où était dissimulée l'entrée des cuisines. Les évènements des derniers mois lui revenaient en mémoire et les idées se bousculaient dans son esprit. Les images de la mort de Sirius, à la fin de sa cinquième année, repassaient encore et encore devant ses yeux, comme un mauvais film dont il n'arrivait pas à se défaire. Il repensait aux troubles qui avaient agité sa sixième année à Poudlard, à la terreur qu'avait fait régner Voldemort avant qu'un ultime affrontement entre l'Ordre du Phœnix et les Mangemorts ne fasse de nouveau pencher la balance en faveur de Dumbledore. Depuis, le Seigneur des Ténèbres avait gardé profil bas, mais Harry ne doutait pas une seconde qu'il soit en train de préparer un nouvel assaut dont ils ne seraient pas sûrs de sortir vainqueurs, cette fois.
Une grande lassitude avait gagné le cœur du Garçon-qui-a-survécu. De plus en plus souvent, il lui arrivait de se demander si la guerre finirait un jour, si à un moment ou un autre il serait délivré de Voldemort et de la malédiction qui pesait sur lui depuis le jour de sa naissance. C'était dans ces moments là que Sirius lui manquait le plus.
La visite aux cuisines parvint sans peine à tirer Harry de ses noires pensées. Comme à chaque fois qu'il y descendait, Dobby lui fit fête et se jeta à ses pieds dans un accès de joie proche de l'hystérie. Harry était gêné de voir l'adoration quasi religieuse que lui vouait l'elfe de maison, mais il devait avouer qu'il était aussi touché de voir l'affection sincère et dévouée que Dobby lui portait. Même si cette affection était un tantinet exagérée, cela faisait chaud au cœur de voir que votre présence était appréciée en toutes circonstances et sans qu'on vous demande rien en retour, pour une fois... De plus, les babillages incessants et joyeux de l'elfe avaient le don de tirer momentanément Harry de l'état d'esprit maussade qui était le sien de plus en plus souvent ces derniers temps.
Pour toutes ces raisons, l'adolescent était d'humeur considérablement plus joyeuse et sereine lorsqu'il reprit le chemin de la tour de Griffondor, les bras chargés de pâtisseries. Ron lui en aurait sans doute voulu jusqu'à la fin de ses jours s'il avait visité les cuisines sans rien lui ramener... Toujours aussi silencieux, le garçon se faufila devant le portrait de la grosse dame et traversa la salle commune à pas de loup. Il pénétra dans sa chambre et s'arrêta net, le souffle coupé.
Debout devant le lit vide de Harry, les professeurs Severus Rogue et Minerva Mc Gonagall arboraient des expressions impatientes et profondément ennuyées. De surprise, Harry lâcha le sac de pâtisseries qui alla s'écraser sur le sol avec un bruit mat. Le Maître des Potions releva la tête.
« Potter, si vous vouliez bien retirer immédiatement cette cape d'invisibilité... Nous avons déjà passé suffisamment de temps ce soir à attendre que vous daigniez rentrer de vos escapades nocturnes. Le professeur Dumbledore a à vous parler de façon urgente. Votre Maîtresse de Maison ici présente et moi-même avons pour instructions de vous amener à lui le plus rapidement possible. »° ° ° ° ° ° °« Franchement, » pensait Harry en pénétrant dans le bureau de Dumbledore, « Barbe à papa ne sonne pas comme un mot de passe très sérieux pour pénétrer dans le sanctuaire de celui qui est censé représenter notre meilleur atout face à Voldemort... » Bien sûr, la plupart des gens pensaient que c'était LUI, Harry Potter, leur meilleure chance contre Voldemort... Mais ça, Harry préférait ne pas y penser. Tout ce qui se rapportait à la Prophétie le mettait affreusement mal à l'aise. Avec le temps, il n'avait toujours pas réussi à se faire à l'idée qu'il était le seul à pouvoir défaire le Seigneur des Ténèbres.
De toutes façons, ce n'était pas comme si qui que ce soit prenait au sérieux les prophéties de Trelawney, n'est-ce pas ? Si Harry l'avait fait, il aurait dû se considérer comme mort pas moins de quatorze fois au cours des six dernières années. Durant les derniers mois, avec la menace de la guerre planant au-dessus du château, le professeur de Divination avait même cru bon d'augmenter la fréquence de ses prévisions macabres. A l'en croire, Harry était destiné avant la fin du trimestre à mourir pendu, électrocuté, décapité, dévoré par un hippogriffe enragé, broyé par un hachoir à salade et empoisonné par un membre de son entourage proche. Pour ce qui était de cette dernière partie de la prédiction, Harry était tout prêt à la croire étant donné que le professeur Rogue avait annoncé qu'ils testeraient eux- même les potions que leurs camarades avaient préparées. Pour peu qu'il soit obligé d'avaler celle de Neville, Harry était bien obligé de se dire que la prévision de Trelawney pourrait s'avérer exacte... Mais pour la prophétie qui les concernait, Voldemort et lui, le garçon préférait de loin penser que ce n'était qu'une divagation sans intérêt. Cela simplifait considérablement les choses...
Albus Dumbledore était assis à son bureau, le regard dans le vague, caressant d'une main distraite un Fumseck arthritique. Le phœnix s'enflammerait sans doute très bientôt pour entamer un nouveau cycle de son existence. Harry aurait bien voulu en faire de même et pouvoir recommencer à zéro, changer de vie et tout reprendre du début.
« Harry, enfin ! Entre ! Ne sois pas timide. Prends place, je t'en prie... »
Harry s'installa sur un large fauteuil de cuir en face du directeur, silencieux et interdit. Une angoisse sourde battait à ses tempes. Bien sûr, il ne s'agissait que de Dumbledore... L'homme avait toujours fait preuve d'une grande bonté envers lui, le considérant pratiquement comme son propre fils. Harry était conscient de n'avoir rien à craindre du vieil homme. Mais il devait y avoir une raison pour qu'on le convoque à cette heure de la nuit. Une raison grave... La mine austère et nerveuse qu'affichaient les deux autres professeurs présents dans la pièce ne faisait qu'augmenter ses soupçons. Il ne pouvait y avoir que deux motifs à sa présence dans le bureau de Dumbledore ce soir : une erreur grave qu'il aurait faite, ou bien Voldemort. Etant donné qu'Harry ne se souvenait pas avoir commis d'entorse majeure au règlement ces derniers temps et que le visage du professeur Rogue ne portait pas le petit sourire satisfait qu'il aurait eu pour voir Harry écoper de quelque punition sévère, cela ne laissait qu'une seule hypothèse valable...
Le garçon accepta un des biscuits que lui offrait Dumbledore et remercia poliment. Le directeur prit la parole.
« - Tu te demandes sûrement pourquoi je t'ai fait venir ici aussi brusquement, au beau milieu de la nuit... Tout d'abord je tiens à te rassurer : cela n'a rien à voir avec Voldemort. Il n'y a pas eu de disparition soudaine ou de signe des Mangemorts, et Tom ne compte pas attaquer Poudlard ce soir non plus, ou en tous cas pas que je sache...
- Mais alors Monsieur... » commença prudemment Harry. « Pourquoi avez-vous besoin de moi ?
- Il se trouve que le professeur Rogue et moi-même nous trouvons confrontés à un problème que nous ne pouvons pas résoudre sans l'aide d'une personne qui disposerait de certaines...capacités spéciales. » commença le vieillard d'une voix légère où perçait néanmoins une pointe d'appréhension. « Or, tu es la seule personne de notre connaissance à disposer de ces capacités, et bien que tu sois avant tout un élève et que ce soit contraire à nos habitudes de demander ce genre de choses à des élèves, nous n'avons pas d'autre choix que de te demander ton aide. Tu comprends ce que je te dis ? »
Harry ouvrit la bouche pour répondre et la referma aussitôt, fronçant les sourcils.
« En fait non, professeur. Je suis désolé mais je n'y comprends pas un mot. Si vous avez besoin de moi pour quoi que ce soit, je serais ravi de vous aider. Mais pour que je comprenne ce dont il s'agit, il vaudrait mieux que vous me l'expliquiez clairement, non ? »
Le directeur soupira, amusé par la réponse de son élève. C'était bien là une des choses qu'il appréciait tant chez Harry : sa franchise et la façon qu'il avait de toujours chercher à comprendre ce que les gens attendaient de lui. Quand il le voulait, le garçon était doué d'une grande perspicacité. En réalité, pour peu qu'il le veuille suffisamment fort, il était capable d'à peu près tout...
Harry dévisageait intensément le directeur de Poudlard, déconcerté. Cela ne ressemblait pas à Dumbledore de tourner autour du pot, et encore moins de parler de quoi que ce soit avec embarras. Sans parler de la façon dont il s'embourbait dans ses « explications »... Tout cela ne plaisait pas du tout au garçon. Si le problème qui se posait était suffisamment délicat pour qu'on vienne le tirer de son lit au beau milieu de la nuit, s'il était suffisamment complexe pour que même Dumbledore ne sache pas quoi faire, ce n'était vraiment pas bon signe.
« Tu as raison, mon garçon... Tu as entièrement raison. Je vais tout t'expliquer depuis le début. Est-ce que tu sais ce qu'est une potion d'Increodisias ?
- C'est un philtre de magie noire qui sert à amplifier momentanément les pouvoirs d'un sorcier. Sous l'effet de l'Increodisias, un mage même de très faible envergure pourrait réaliser des sortilèges extrêmement puissants. Cette potion a été interdite parce que sa composition nécessite plusieurs éléments que l'on ne peut obtenir qu'en tuant certaines créatures magiques très rares et protégées. »
Dumbledore hocha la tête dans un geste appréciateur.
« Eh bien Severus, je vois que vous avez largement exagéré les choses quand vous disiez qu'Harry était un cas désespéré en Potions ! »
Le Serpentard étouffa un grognement, un rictus de dégoût barrant ses lèvres minces. Il était clair que pour lui, il faudrait bien plus qu'une bonne réponse pour le convaincre qu'Harry n'était pas le pire élève qu'il ait jamais eu. Ou plutôt le deuxième pire élève. Même Severus devait reconnaître que la première place ne pouvait revenir qu'à Neville Londubat.
Dumbledore reprit son discours.
« Bien. Maintenant, aurais-tu une idée de ce qui se passerait si une personne très inexpérimentée se livrait, sous l'effet de l'Increodisias, à des exercices de métamorphose ? »
Harry ouvrit la bouche, hésitant, ne voyant toujours pas où le directeur de Poudlard voulait en venir.
« Je suppose qu'il serait capable de réaliser des métamorphoses spectaculaires, mais qu'il le ferait par instinct, à tâtons, et qu'il aurait de grandes chances de faire une bêtise...
- Exactement. Maintenant, imagine un élève de septième année qui, en cachette, fabriquerait une potion d'Increodisias et s'en servirait pour accroître ses dons en métamorphose. Imagine que cet élève soit au beau milieu d'une métamorphose au moment où l'effet de la potion se dissipe, et qu'il se trouve coincé entre deux stades... Alors qu'il a encore en lui une part d'homme et une part d'animal, par exemple... »
Harry avait les yeux écarquillés d'horreur comme il tentait de se représenter un de ses camarades changé en un monstre mi-homme mi-bête. La voix rauque, il croassa :
« Est-ce que vous pourriez préciser ce que vous entendez par « ayant en lui une part d'homme et une part d'animal »?
- Et bien, disons qu'il aurait gardé forme humaine, que son esprit et son âme seraient eux aussi toujours ceux d'un homme... Mais la forme de ses pensées, sa perception des choses et son mode de communication seraient ceux de la créature en laquelle il aurait essayé de se changer. »
Harry inspira profondément, se forçant à rester calme et à faire taire le flot d'émotions qui menaçait de le submerger : effroi, incrédulité, compassion. S'il y avait une chose dont il était à présent convaincu, c'était que l'accident « hypothétique » de cet élève, ainsi que l'avait délicatement décrit Dumbledore, avait bel et bien eu lieu et que c'était ça le problème bien réel auquel étaient confrontés les professeurs. A la seule pensée de la condition sinistre dans laquelle devait se trouver un de ses condisciple de Poudlard, le garçon sentait un frisson glacé parcourir son échine. C'était un sort qu'il ne souhaitait à personne, pas même à son pire ennemi. D'une voix neutre, désincarnée, il demanda :
« Et cet élève... En quel animal essayait-il de se métamorphoser ?
- En dragon, M. Potter. » répondit d'une voix sèche le Professeur Rogue. « Et comme vous le savez sûrement, le dragon est un reptile. Il s'exprime en fourchelangue. C'est pour cela que nous avons besoin de votre aide. »
Harry déglutit péniblement.
« Vous avez besoin de moi pour agir comme interprète entre vous et un élève dont les expériences en magie noire ont mal tourn ?
-En effet, oui. Voilà qui résume admirablement la situation. »
Harry réfléchit un moment. D'un côté, il répugnait à aider une personne qui s'était amusée à manipuler de la magie noire comme s'il s'était agi d'un hochet pour enfant. Il ne pouvait s'empêcher de penser que cette personne avait cherché ce qui lui arrivait, d'une certaine façon. D'un autre côté, il ne voyait pas comment il aurait pu lui refuser son aide quand sa situation était aussi désastreuse. Un nouveau frisson le parcourut de la tête aux pieds comme il s'imaginait lui-même dans un tel état : moitié homme moitié bête, privé de tout contact avec son entourage...La voix douce et apaisante de Dumbledore parvint à ses oreilles, un peu incertaine.
« Tu n'es pas obligé de le faire, Harry. Cette décision ne revient qu'à toi. Tu as tout à fait le droit de refuser. »
Il y avait dans la voix du vieil homme une pointe de doute et de désarroi qui vînt à bout des dernières hésitations de Harry.
« Non, je le ferai. J'accepte de vous aider. »
Dumbledore dédia au garçon son sourire le plus éclatant.
« Je n'en attendais pas moins de toi. Professeur Rogue, auriez-vous l'amabilité de faire entrer le jeune homme dont nous parlons depuis tout à l'heure ? »
Le Maître des Potions maugréa quelques paroles inintelligibles mais il s'exécuta sans protester. Il sortit de la pièce d'un pas rapide et hargneux, revenant quelques minutes plus tard en compagnie d'un garçon aux cheveux d'un blond presque blanc vêtu d'une robe scolaire noire ornée des couleurs vert et argent des Serpentards. Harry laissa échapper un hoquet de surprise lorsqu'il vit qui était le « jeune homme » en question. Le regard froid et la mine hautaine, Draco Malfoy pénétra sans dire un mot dans le bureau de Dumbledore.° ° ° ° ° ° °Bon et bien voilà j'ai terminé le premier chapitre... Si vous êtes arrivés jusque là svp svp svp laissez moi une petite review pour me dire ce que vous en pensez et si vous voulez que je continue ou pas...
