Disclaimer : Bon... C'est donc la quatrième et dernière fois que je le dis : tous les lieux, personnages et éléments divers appartenant au monde de Harry Potter évoqués dans cette fic sont la propriété exclusive de J.K. Rowling, et je ne les utilise ici que dans un but ludique et non-lucratif.
Note de l'auteur : Hello ! Bon ben on dirait que j'ai mis un peu moins de temps pour ce quatrième chapitre que pour le troisième ! D'accord, c'est pas vraiment une référence, mais quand même... Pour l'instant, j'essaye de me passer encore de bêta-lecteur, ne serait-ce que pour ne pas allonger encore les délais entre chaque chapitre. Je vous remercie encore pour toutes vos reviews et j'espère que ce chapitre ne vous décevra pas.
Réponses aux reviews :
Artemis : lol merci beaucoup ! J'essaierai quand même de mettre un peu moins de trois mois...
Amano ai : Merci merci ! Niark on va pas le plaindre non plus le petit Draco : ya des gens qui tueraient pour être obligés de vivre avec Riry d'amour...
Sevie Snake : lol et oui, en fac de lettres la rentrée c'est en octobre !... Enfin bon si ça peut te consoler moi aussi j'ai repris maintenant: tu n'es plus toute seule à souffrir ! Et non, en effet je n'aime pas beaucoup Ron (mdr comment tu as fait pour deviner ??? Ki ? Moi, lapider les personnages ? NoOon, jamais...) Et pis si tu me pardonnes pour mon retard ça va je suis rassurée. Merci pour ta review et j'espère que ce chapitre te plaira !
Zed Oras : Merci ! En fait j'ai juste recherché ce que J.K. Rowling avait écrit sur les dragons, histoire de ne pas écrire trop de bêtises, et j'ai inventé le reste. Mais c'est vrai que je me suis bien amusée en écrivant ce passage, et je suis contente que ma fic te plaise !
YunaFab : mdr merci ! Et évidemment qu'il va craquer le petit Riry : qui est-ce qui pourrait résister au charme torride de notre petit Serpentard préféré ??? C'est vrai que ça ne serait pas mal si Draco gardait la faculté de parler fourchelangue même après être redevenu humain. Une langue que seuls lui et Harry pourraient parler... Mmh... Follement romantique ! Ca me plait beaucoup comme idée, mais bon c'est pas encore qu'il redevient humain, le pauvre petit serpent... Ca serait pas amusant s'il s'en tirait si facilement ! Niark niark niark... Enfin bon encore merci et j'espère que ce chapitre te plaira !
Coline la retameuse : lol ben oui ils font des bols de porridge grand format à Poudlard ! Et je suis désolée de t'apprendre que Ron et Harry ne vont pas se réconcilier avant un petit bout de temps... Mais ne t'inquiète pas : pas trop longtemps quand même ! Lol chuis désolée tu vas finir par me détester vu tout ce que je fais subir à tes personnages préférés ! Merci de ta review et j'espère que tu aimeras le chapitre 4.
Phoenix 260 : lol merci ! En fait j'ai trouvé une bonne partie des informations sur les dragons dans les « Animaux Fantastiques » de Newt Scamander (alias J.K.Rowling ben oui C un pseudo mais on l'a tous reconnue !) et le reste est sorti tout droit des méandres brumeux de mon esprit tordu... Et voilà le nouveau chapitre : en espérant qu'il te plaira !
Lexy-Kun : Waouh merci !!! J'espère que je ne t'aurai pas trop fait attendre et que ce chapitre ne te décevra pas. Je pense que je vais donner plus d'importance aux relations entre Harry et Remus pour la suite des évènements (mais même si Moony joue un peu le rôle de père de substitution, c'est Sirius qu'Harry considère comme un second James, et Rem' ne cherche pas à le remplacer) Si ça peut te rassurer, Dumbledore m'énerve aussi beaucoup, mais il finira par avoir ce qu'il mérite (nierk nierk nierk -rire sadique de l'auteuz psychopathe) Et j'avais aussi adoré la scène du film où Hagrid se rend compte qu'il vient de lâcher le morceau (vive Hagrid !) Enfin voilà, et j'espère que le chapitre 4 te plaira !
Crazysnape : et oui Superdraco est là pour défendre la veuve et l'orphelin et aussi le Potter en péril ! Merci pour ta review et j'espère que ce chapitre te plaira !
Saï-na : Oh merci ! Surtout que du courage et de la motivation, j'en ai bien besoin ! Tu crois vraiment que l'évolution de leurs sentiments va trop vite ? Bon et bien on va les faire ralentir un petit peu alors ... De toutes façons je n'avais pas l'intention de les maquer pour de bon avant quelques chapitres ! Mais c'est vrai qu'ils passent un peu vite de la haine pure et dure à la sympathie/amitié. D'un autre côté c'est pas comme s'ils avaient déjà eu l'occasion de se connaître avant ça ! Je suis désolée de mettre aussi longtemps à updater et j'essaie de réduire les délais le plus possible. Ta review m'a fait très plaisir et j'espère que ce chapitre te plaira !
Molly : ho mais ça serait méchant ça dis-donc ! Je suis tout à fait d'accord avec toi et il est hors de question que Riry et Draco tombent dans les bras l'un de l'autre au bout de trois jours de rdv romantiques, mais un slash à sens unique ? Snif c'est trop cruel ! Non sans rigoler ne t'inquiète pas : j'ai encore dans ma manche tout un tas de tuiles pour pimenter l'histoire de nos deux tourteraux. Mais rien que d'imaginer un pauvre petit Serpentard en train de mourir d'amour pour un petit Potter indifférent... Quelle cruauté... Mmmh... Après tout pourquoi pas ?... Enfin bref merci pour ta review et j'espère que le chapitre 4 te plaira !
Tête de nœud : Niark nan c'est pas gentil pour Ron, et en plus ça ne fait que commencer... Mwahahahaha !!! Merci pour ta review, et oui, je continue...
Ariane : Merci beaucoup et voilà la suite !
Oxaline : Merci et je ne m'arrête pas, non ! J'essaye de respecter le plus possible les personnages mais surtout n'hésitez pas à me le dire si je pars dans le OoC...
Hannange : Ah le genre de mots qui font chaud au cœur... Merci beaucoup et j'espère que ce chapitre te plaira !
Chapitre 4 :
Le soir arriva enfin, et Harry acceuillit avec un certain soulagement la sonnerie annonçant la fin du cours de Transfiguration. Minerva Mc Gonagall était l'un de ses professeurs préférés, mais la journée qu'il venait de passer avait été franchement épuisante. Le Griffondor avait fini par croire qu'il n'en viendrait pas à bout. Partager son attention entre le fourchelangue et l'anglais s'était révélé être un exercice éreintant, et Harry était si fatigué qu'il n'avait même pas réussi à métamorphoser son scarabée en tasse à café lors de ce dernier cours. Prés de lui, l'état de Draco le consolait un peu de ses malheurs : au moins il n'était pas le seul à souffrir le martyre. La mine somnolente et le teint cireux, le Serpentard semblait vidé de toute énergie. Effondré sur le bureau, il se contentait de fixer d'un regard vitreux le scarabée qui escaladait son avant-bras d'un pas conquérant.
Au cours de la journée, les deux garçons s'étaient rendus compte que le fait de prononcer les formules en fourchelangue rendait l'utilisation des sortilèges beaucoup plus fatigante. Ainsi, si Draco pouvait encore utiliser la magie sans trop de problèmes, lancer un sort même aussi mineur que « Wingardium Leviosa » devenait un véritable tour de force. Raison pour laquelle le blondinet arborait à présent la mine défaite d'un niffleur sur qui serait passé tout un troupeau d'hyppogriffes.
Harry commença lentement à ranger ses affaires, pressé de sortir de la salle de cours. Les autres Griffondors se précipitaient déjà vers la sortie, discutant avec animation. Le jeune homme s'apprêtait à glisser le dernier livre dans son sac quand une main pâle et ferme s'abattit sur son bras. Il leva la tête pour plonger son regard dans les prunelles grises embuées de fatigue de Malfoy.
« Attend une minute, Potter... Est-ce que tu voudrais bien parler au professeur Mc Gonagall de ma part avant d'y aller ? J'aimerais savoir s'ils ont trouvé une piste pour mon problème... »
Harry resta figé un instant, peu habitué à voir son ennemi dans un tel état d'épuisement, presque suppliant. Puis il hocha la tête doucement.
« Bien sûr, Malfoy... »
Minerva Mc Gonagall était assise à son bureau, raide comme la justice. La journée de travail était peut-être terminée pour les élèves, mais cela ne voulait pas dire qu'il en était de même pour les professeurs... Elle replaça d'une main experte une mèche de cheveux grisonnants échappée de son sempiternel chignon, ne détachant pas le regard de la copie qu'elle était en train de corriger. Une Poufsouffle de 3ème année... Elle ajouta quelques remarques dans la marge d'une plume acérée, puis releva la tête en voyant approcher deux élèves bien connus. Elle s'était plus ou moins attendue à cette visite...
« Messieurs Potter et Malfoy... Je suppose que vous êtes ici pour savoir si nous avons fait des progrès dans nos recherches concernant votre problème ? »
Harry hocha la tête, et Minerva nota avec inquiétude les traits tirés de ses élèves.
« Alors professeur ? Quand pensez-vous que nous puissions espérer un résultat ?
- Ce qui est assez problématique, c'est que le cas de Mr Malfoy ne s'est jamais présenté auparavant. Il n'est pas dit que les solutions auxquelles nous pensons soient efficaces. Cependant, nous avons trouvé une potion qui semble correspondre assez bien à ce que nous cherchons. C'est en elle que nous plaçons pour l'instant nos attentes. »
Une étincelle d'espoir s'alluma dans les prunelles vertes du Griffondor et il se tourna aussitôt vers Draco pour faire lui répéter ces paroles. Minerva frissonna malgré elle lorsque les accents rauques et sifflants du fourchelangue parvinrent à ses oreilles.
« De quelle potion s'agit-il, professeur ? Y a-t-il vraiment des chances pour que ça marche ?
- Cela s'appelle la potion de Forme Première. Et s'il n'y avait aucune chance pour que ça marche, je ne prendrais pas la peine de vous en parler.
- La potion de Forme Première ? Il me semble vous avoir entendu l'évoquer pendant l'un de vos cours, mais je ne me souviens plus vraiment quand...
- Je suis ravie de voir que vous êtes si attentif... Il est possible que je l'aie évoquée à une ou plusieurs reprises, en effet. L'élixir de Forme Première est l'équivalent en Potions du « Finite Incantatem » des Charmes, mais il n'est efficace que dans le domaine de la Transfiguration. Comme son nom l'indique, il sert à rendre leur « forme première » à des objets ayant subi une métamorphose. L'art de la Transfiguration consiste en grande partie à contrarier la nature des choses, à leur faire prendre une forme qui n'est pas la leur. Mais à un moment ou un autre, elles chercheront toujours à reprendre leur apparence originelle. C'est à cette force naturelle que la magie du sorcier s'oppose lorsqu'il effectue une métamorphose. Mais à plus ou moins longue échéance l'homme est voué à perdre ce combat et l'objet finira par reprendre sa forme première. La potion ne fait qu'accélérer ce processus. Dans le cas de Mr Malfoy, si nous avons de la chance, elle lui permettra de quitter cet état de semi-dragon et de redevenir humain. »
Un large sourire éclairait à présent le visage de Harry et il s'empressa de retranscrire les explications de Mc Gonagall en fourchelangue d'une voix enthousiaste.
« Je suis sûr que ça va marcher, Malfoy ! C'est tellement simple que ça ne peut tout simplement pas rater ! »
Draco hocha la tête, mais son sourire manquait de conviction.
« J'espère, Potter... J'espère... »
Refusant de se laisser démonter par le manque d'enthousiasme de son camarade, le Gryffondor se tourna de nouveau vers le Professeur McGonagall.
« Quand pourrons-nous faire un essai, alors ?
- Gardez votre calme, Mr Potter, ce n'est pas encore gagné. Nous ferons un essai le plus tôt possible, mais il faut du temps pour préparer la potion de Forme Première.
- Combien de temps ?
- Un peu plus de 36 heures, mais le Professeur Rogue a promis de faire son possible pour réduire ce délai et la tenir prête demain, en début de soirée. »
Harry arborait à présent un sourire rayonnant.
« Tu te rends compte, Malfoy ? Avec un peu de chance demain soir toute cette histoire sera terminée ! »
Le Serpentard fit une grimace dubitative.
« Justement : jusqu'à maintenant la chance n'a pas vraiment été de mon côté...
- Ne sois pas défaitiste !
- Je ne suis pas défaitiste, Potter, juste réaliste... »
Le Griffondor poussa un soupir exaspéré, remercia son professeur et sortit d'un pas rapide de la salle de Transfiguration.
Il était tout juste 8 heures du soir mais après la journée qu'il venait de passer, Harry était prêt à tuer pour un lit bien chaud et un oreiller moelleux. Quelle importance si les autres Griffondors le taquinaient et lui disaient qu'il se couchait comme les poules ? Ce n'était pas eux qui avaient dû supporter les regards noirs et les réflexions aigre-douces de Ron pendant le repas, et ce n'était pas eux que Blaise Zabini et Pansy Parkinson avaient coincé au détour d'un couloir pour les menacer de mille morts s'il faisait le moindre mal à Malfoy, l'accusant pratiquement d'avoir enlevé le Serpentard et de le garder prisonnier sous Imperio dans la tour de Griffondor...
Harry se laissa tomber lourdement sur son lit, capturant son oreiller dans une étreinte affectueuse. Enfin le repos du guerrier... Il ferma les yeux et commença à se laisser glisser lentement vers le royaume des rêves. Une main ferme se posa sur son épaule et le secoua sans ménagement.
« Debout Potter ! Ce n'est pas le moment de se mettre au lit !
- Mmmhh... Veux pas... fatigué... tard... dormir ! »
Draco poussa un long sifflement exaspéré.
« Il est à peine huit heures, espèce de marmotte dégénérée ! Ce n'est pas l'heure de dormir, c'est l'heure de prendre ton premier cours de Potions avec le Professeur Malfoy ! »
Harry ouvrit un œil vitreux, tenta de se redresser, échoua lamentablement et s'effondra de nouveau la tête la première sur l'oreiller.
« Non, peux pas... Dis au prof que je suis malade et qu'il a fallu que j'aille voir Mme Pomfresh... »
Le Serpentard éclata de rire et s'assit sur le rebord du lit, dévisageant Harry du regard curieux qu'on réserve habituellement à des espèces animales rares et inconnues. Un large sourire éclairait son visage pâle et ses yeux pétillaient de bonne humeur.
« Ca non, je ne peux pas ! Il est hors de question que je mente à un membre du corps enseignant pour couvrir vos crises de flemme, Mr Potter. En plus ce ne serait pas vraiment vous rendre service... On vous a déjà dit que vous devriez prendre vos études plus au sérieux ? »
Harry tourna la tête, fixant Malfoy avec une expression d'intense surprise. Le blond venait-il vraiment de rire à l'une de ses plaisanteries ? Venait-il d'en faire une lui-même ?...Le Griffondor ne pouvait s'empêcher de trouver la scène surréaliste. En six ans, il ne se souvenait pas d'avoir jamais entendu Draco rire librement. Ricaner d'un air mauvais en montrant les Griffondors du doigt, oui. Mais rire ? C'était une action qu'Harry n'avait jamais vraiment imaginée associée au nom de Draco Malfoy. Il fallait pour cela une humanité et une innocence dont le Serpentard avait toujours paru totalement dépourvu. Le blondinet était décidément plein de surprises...
Draco frissonna sous le poids du regard vert fixé sur lui.
« Qu'est-ce qui t'arrive, Potter ? Tu as vu un fantôme ou quoi ? »
Le Griffondor cligna des yeux, se mordant doucement la lèvre comme s'il sortait d'une transe. Draco étouffa un grognement de mécontentement, agacé par l'attitude cryptique de Potter.
« Bon, et bien je vais aller installer le matériel dont nous aurons besoin pour travailler, cela devrait te laisser le temps de rebrancher les quelques neurones grillés qui te servent de matière grise... Ne tarde pas trop quand même : les Aspics sont à la fin de l'année et s'il faut compter sur la vivacité d'esprit légendaire des Griffondors je ne suis pas sûr que même moi je puisse t'aider à rattraper ton retard. »
Là-dessus, Draco se leva et fit mine de se diriger vers la sortie, son visage ayant de nouveau revêtu son masque d'arrogance glaciale « made-in-Malfoy ». Harry se redressa aussitôt, totalement revenu à la réalité.
« Où vas-tu, Malfoy ?
- Où voudrais-tu que j'aille ? Il n'y a que dans la salle commune que nous puissions travailler, non ? »
Harry grimaça et secoua négativement la tête.
« Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, surtout après « l'incident » avec les salamandres d'Hagrid...
- Le petit héros de Dumbledore aurait-il peur d'affronter ses petits camarades Griffondors ? Les autres enfants ne vont pas te manger, tu sais... Pas tant que je suis là pour te protéger ! »
Le Griffondor lança au blond un regard perçant, gardant un visage aussi neutre et impénétrable que possible.
« Continue comme ça et je vais finir par croire que tu veux briser la trêve, Malfoy... Et pour ce qui est de trouver une salle de travail, je crois que j'ai la solution parfaite à notre petit problème. »
En voyant le sourire mauvais qu'affichait Potter, Draco se dit que le Choixpeau magique avait fait une belle erreur de jugement six années plus tôt. Griffondor pouvait bien compter dans ses rangs toutes les têtes brûlées et les graines de héros de la création, mais c'est à Serpentard que se retrouvaient traditionnellement les fous dangereux et les maniaques psychotiques. Et si on considérait l'étincelle diabolique qui brillait à présent dans les prunelles émeraude, il ne faisait aucun doute que c'était à cette dernière catégorie qu'appartenait Potter...
Des chaudrons de toutes tailles et de toutes formes, une variété d'ingrédients de Potion allant des feuilles de thé chinois aux ailes de manticore commune, une bibliothèque spécialisée remplie d'ouvrages rares et précieux à faire pâlir d'envie Severus Rogue lui-même... Draco devait reconnaître qu'on ne pouvait pas rêver mieux pour donner à quelqu'un des cours supplémentaires de Potion, mais néanmoins...
« Dis-moi Potter, tu es conscient que si nous nous faisons prendre dans la Salle sur Demande nous risquons tous les deux de très gros ennuis ?... »
Le Griffondor haussa les épaules d'un air indifférent.
« De toutes façons on risque d'avoir des problèmes où que ce soit si on se fait prendre hors de la Tour de Griffondor après le couvre-feu ! Autant choisir un endroit où nous pourrons trouver tout ce dont nous avons besoin. En plus, je ne crois pas que Dumbledore irait jusqu'à nous expulser. Et s'il voulait vraiment nous empêcher de quitter nos dortoirs, il pourrait le faire rien qu'en claquant des doigts... »
Le Survivant laissa échapper un petit rire sombre et amer qui fit tressaillir Draco.
« Qu'est-ce que tu veux dire par là ? »
Le brun tourna le dos au Serpentard et parcourut du regard les rayonnages de la bibliothèque. Il en tira un vieux manuscrit à la couverture de cuir usée par les années qu'il se mit à feuilleter d'une main distraite.
« Je veux simplement dire qu'il ne se passe rien dans ce château sans que Dumbledore n'en soit mis immédiatement au courant. Albus joue depuis toujours une partie d'échecs géante dont les élèves de Poudlard sont les pions. Il cache derrière ses sourires aimables de Papy-gâteau un esprit de maître manipulateur. Combien de fois m'a-t-il fait comprendre, au détour d'une phrase ou d'un regard, qu'il était au courant de secrets dont je croyais être le seul gardien ? Combien de fois n'ai-je pas découvert après des mois de recherches que c'était lui qui détenait depuis le début les réponses à mes questions ? Il manie la vérité comme un instrument de pouvoir et de contrôle, décidant à la place des gens de ce qu'ils doivent ou ne doivent pas savoir. Il cherche à nous faire croire qu'il est comme le destin au cœur de cette école : omniscient et inéluctable. Personne ne peut lutter contre le destin. Et de toutes façons, à qui pourrait-on, mieux que Dumbledore, confier nos vies en toute sûreté ? Albus n'a jamais voulu que notre bien. Mais ce qu'il oublie trop souvent, c'est qu'il est loin d'être infaillible. Et quand il commet une erreur, c'est à ses pions d'en payer le prix : à toi, à moi, à Sirius... »
La voix du Griffondor se brisa lorsqu'il prononça le nom de son parrain. Draco gardait le silence, laissant au jeune homme le temps de reprendre ses esprits. Il était atrocement mal à l'aise, se dandinant d'un pied sur l'autre sans savoir comment réagir. Qui aurait cru que le Griffondor était aussi en colère contre le directeur de Poudlard ?
Le Serpentard fut tiré de ses pensées lorsque Potter releva le nez de son livre, apparemment calmé, et lui dédia un sourire espiègle.
« Alors, Professeur Malfoy, sur quel sujet allons-nous travailler aujourd'hui ? »
Le blondinet lui rendit son sourire, soulagé de voir revenir la conversation sur des terrains plus familiers.
« Je pensais que la Potion d'Invisibilité serait un assez bon point de départ... »
Les prunelles vertes s'écarquillèrent de surprise.
« Mais elle n'est même pas au programme pour les ASPICS ! Et elle est au moins vingt fois plus difficile que ce que Rogue nous fait faire en classe ! »
Draco éclata de rire devant la mine épouvantée de Potter.
« Bien sûr que non, elle n'est pas si difficile qu'elle en a l'air ! Et je sais pertinemment qu'elle n'est pas au programme, mais sa préparation implique plusieurs manipulations spécifiques dont nous aurons besoin au cours de l'année. Il me semblait que c'était un bon entraînement... En plus ses effets sont plutôt intéressants et j'ai horreur de travailler sur une potion qui ne sert à rien. »
Harry haussa les épaules et tira de la bibliothèque un second ouvrage d'aspect massif. Il fit glisser son index sur le papier jauni de la table des matières et feuilleta le livre jusqu'à la page correspondante.
« Voilà : Potions d'Invisibilité ! C'est vous le patron ici, Professeur... »
Draco se mordit la lèvre pour réprimer un sourire et se tourna vers les chaudrons, rassemblant au passage les ingrédients dont ils auraient besoin. Puis les deux garçons se mirent au travail.
Le Serpentard fut agréablement surpris de voir que les « talents » de Potter dans le domaine des Potions n'étaient pas aussi catastrophiques que les sarcasmes permanents de Rogue le laissaient entendre. Même s'il n'avait visiblement pas en lui de prédispositions particulières pour les Potions, le Griffondor se débrouillait passablement bien. Il savait reconnaître la plupart des ingrédients de base sans difficulté, ce dont Londubat par exemple aurait été parfaitement incapable. Ses gestes étaient maladroits et hésitants, mais cela tenait plus à un manque de confiance en lui qu'à quoi que ce soit d'autre. Rien à quoi Draco ne puisse pas remédier avec un peu de temps et de patience...
Le Serpentard se prit bientôt au jeu de l'enseignant et de l'élève, reprenant Harry lorsqu'il s'y prenait mal ou qu'il oubliait une des étapes de la préparation. Un rythme de travail confortable s'installa bientôt entre les deux garçons.
« Alors comme ça, ça ne te fait pas peur de te faire prendre dans les couloirs après le couvre-feu, Potter ? »
Le Griffondor haussa les épaules, le regard rivé sur la potion qu'il mélangeait d'un mouvement sûr et régulier.
« Pourquoi est-ce que cela devrait me faire peur ? Depuis le temps, je commence à être habitué. Et deux heures de retenue avec Rusard n'ont jamais tué personne...
- Faites attention, Mr Potter : ce genre de mépris patent pour les règlements est normalement associé au comportement amoral des Serpentards... »
Harry eut un petit rire sans joie et Draco releva la tête des racines de mandragore qu'il était en train de hacher en rondelles pour dévisager le Griffondor.
« Et pourquoi est-ce que je n'aurais pas le droit de me comporter comme un Serpentard ? Après tout, c'est là-bas que voulait d'abord me mettre le Choixpeau magique, en première année... »
Draco se figea, la bouche entrouverte dans une grimace ahurie que Lucius n'aurait certainement pas jugée digne de son héritier.
« Tu... Tu plaisantes ?...
- Pas du tout, Malfoy. Le Choixpeau ne savait pas où me placer et il a dit que Serpentard m'aiderait à accomplir de grandes choses. Mais je l'ai supplié de ne pas m'y envoyer, alors il a choisi Griffondor.
- Merlin... Mais pourquoi est-ce que tu as fait ça ?
- Euh... En fait, c'était à cause de toi... »
Draco manqua s'étrangler de surprise et s'entailla profondément le doigt, poussant un petit cri de surprise comme le couteau lui échappait des mains. Harry releva la tête et faillit éclater de rire. Ce n'était pas tous les jours qu'on voyait Draco Malfoy, petit prince des Serpentards et héritier de la très noble famille Malfoy, sucer son pouce avec fureur !
Le blondinet foudroya du regard le Griffondor qui se tenait les côtes de rire, lui signalant son mécontentement par un grognement particulièrement explicite. Le sourire de Potter s'élargit encore d'une bonne vingtaine de centimètres.
« Allons, Draco, ce n'est pas la peine d'être grossier... Sors le doigt de ta bouche et montre le vilain bobo à Tonton Harry : si tu es sage tu auras même droit à un pansement avec un animal dessiné dessus... »
Le Serpentard avait à présent l'air prêt à tuer et son regard était si glacial qu'Harry ne put s'empêcher de frissonner. Tout à coup, les prunelles grises semblèrent s'élargir d'horreur, fixant un point inconnu au dessus de l'épaule gauche du Griffondor. Draco retira le doigt de sa bouche, poussa un juron et se précipita auprès du chaudron que Potter avait laissé sur le feu sans surveillance.
La potion bouillait à présent à gros bouillons, et le liquide bleuâtre commençait à prendre une teinte olive plutôt inquiétante. Le blondinet s'empara de la spatule et se mit à tourner vigoureusement dans le sens des aiguilles d'une montre, puis l'inverse, dans un geste rapide et précis qui témoignait sans conteste de sa dextérité. Le bouillonnement s'apaisa bientôt et la couleur revînt aussitôt à la normale.
« Potter, espèce de sombre crétin ! Je croyais t'avoir dit qu'il était important de continuer à mélanger !
- Je suis désolé, Malfoy... Je n'aurais pas dû laisser le chaudron sans surveillance...
- En effet, non, tu n'aurais pas dû ! Est-ce que tu as la moindre idée de ce qui se serait passé si je n'avais pas été là ? Il y aurait eu une grosse, une très grosse explosion ! Ce n'est pourtant pas compliqué de rester devant un chaudron et de surveiller le feu ! Si tu voulais faire concurrence à Londubat il fallait le dire tout de suite au lieu de me faire perdre mon temps !»
Harry garda la tête baissée, le rouge aux joues. Finalement, les leçons de Potion avec Malfoy n'étaient pas si différentes des cours avec Rogue... Le Serpentard poussa un long soupir exaspéré, sa main blessée pendant flasquement le long de sa cuisse. Le brun nota avec surprise le long filet de sang qui s'échappait de la plaie. Malfoy n'y était vraiment pas allé de main morte avec ce couteau...
« Laisse-moi la spatule, Malfoy : je vais le faire. Occupe-toi plutôt de ta main avant que je doive te transporter de toute urgence à l'infirmerie à moitié vidé de ton sang... »
Le blondinet jeta un regard surpris à Harry, opina et lui céda sa place devant le chaudron. Dès qu'il eut de nouveau les mains libres, il porta la blessure à sa bouche et la suça avec application. Le sang avait un goût âcre, métallique, et la douleur commença presque aussitôt à diminuer. Le jeune homme poussa un soupir de contentement, savourant la chaleur mouillée et apaisante contre sa chair mutilée. Au bout d'un moment il rouvrit les yeux, ne se rappelant même pas de les avoir fermés, et se trouva aussitôt confronté au sourire moqueur d'un Harry Potter qui secouait doucement la tête en prenant bien soin de continuer à mélanger la potion.
« Tu sais Malfoy, quand je parlais de stopper l'hémorragie, c'était plutôt à un bandage ou un pansement que je pensais... Mais après tout c'est toi qui vois. Je te croyais juste un peu trop vieux pour sucer ton pouce... »
Draco prit aussitôt des airs de pacha offensé, mais Harry pouvait voir à l'étincelle d'amusement qui brillait dans ses yeux que ce n'était que de la comédie.
« Sachez, mon cher Potter, que le remède que je suis présentement en train d'appliquer sur ma blessure a des effets curatifs infiniment plus puissants que tous les bandages ou les pansements du monde.
- Quel remède ? Sucer ton pouce ?
- Je ne sucepas mon pouce, Potter. J'applique un précepte de médecine naturelle trop souvent oublié que nos ancêtre utilisaient déjà il y a des siècles, bien avant l'apparition des Médicomages ou des antibiotiques. »
Harry éclata de rire et Draco lui lança un regard vexé avant de lui présenter sa main blessée en guise de preuve. La plaie était à présent pratiquement refermée et il ne restait plus qu'une ligne rougeâtre pour marquer les contours de la blessure sur la peau blanche, intacte. Le Griffondor leva vers le blond des yeux interrogateurs.
« Comment est-ce possible ?
- Mmhh... En fait, pour comprendre, il faut d'abord savoir que la salive a toujours eu un certain pouvoir de guérison, chez toutes les espèces animales. C'est pour cela que les chiens lèchent leurs blessures, ou que les petits enfants ont tendance à mettre leurs coupures à la bouche lorsqu'ils se font mal. Pour les dragons, ce pouvoir de guérison est mille fois plus fort que chez les autres espèces. La salive de dragon a des vertus curatives exceptionnelles et elle est utilisée pour la fabrication de potions médicales extrêmement puissantes. Tout ça pour dire qu'après la semi-transformation par laquelle je suis passé, ma salive a des propriétés à peu près aussi fortes que celles des dragons. C'est pour cela que je ne vois pas trop l'utilité d'utiliser des bandages et des pansements alors que j'ai l'équivalent d'une armoire à pharmacie sur le bout de la langue... »
Harry dévisagea le Serpentard d'un air songeur, puis il haussa les épaules et retira le chaudron du feu pour le mettre à refroidir sur la table.
« Tu ne peux vraiment rien faire comme les autres, n'est-ce pas Malfoy ?... »
Draco lui décocha un sourire rayonnant.
« Apparemment non, mais venant de toi j'ai du mal à me sentir offensé... Explique-moi plutôt pourquoi tu as supplié le Choixpeau magique de ne pas t'envoyer à Serpentard « à cause de moi »... »
Harry haussa les épaules.
« Cela faisait à peine quelques jours que je venais d'arriver dans le monde sorcier, et je ne savais rien de Poudlard ou des quatre fondateurs. Ron était le premier ami que j'aie jamais eu, et tout ce que tu as fait c'est le traiter avec arrogance et méchanceté. Tu étais tellement froid, méprisant et persuadé de ta supériorité... Tu représentais tout ce que je détestais, et tu te présentais toi même comme l'archétype du bon petit Serpentard. Je ne voulais surtout pas d'une maison remplie de gens comme toi, alors j'ai supplié le Choixpeau de toutes mes forces pour qu'il ne m'envoie pas à Serpentard. »
Un silence gêné s'installa dans la Salle sur Demande pendant que le blondinet finissait de couper les racines de mandragore. Il les jeta à leur tour dans le chaudron et poussa un soupir fatigué.
« Tu veux dire qu'après ta rencontre avec moi tu pensais que tous les Serpentards étaient arrogants et cruels ?
- Oui.
- Mais nous ne sommes pas tous des enfants de Mangemorts sadiques et assoiffés de sang ! Ce que Salazar exigeait de ses élèves, c'est la ruse et l'ambition. Etre rusé et ambitieux ne fait pas obligatoirement d'une personne un Mangemort en puissance.
- Je sais cela maintenant, Malfoy. Mais il y a six ans, je n'étais qu'un enfant et je venais tout juste de découvrir le monde de la magie. Tout ce que je savais, c'est que je ne voulais pas aller dans la même maison que le garçon qui s'était moqué de la première personne à avoir offert de devenir mon ami.
- Est-ce que ça veut dire que si je n'avais pas été là, ou si je t'avais adressé la parole avant Weasley ce jour-là dans le train, tu aurais été à Serpentard aujourd'hui et pas à Griffondor ? »
Harry leva les yeux au ciel, ennuyé.
« Peut-être que oui, ou peut-être pas ! Avec des « si », on peut refaire le monde, Malfoy ! »
Draco décida de ne pas pousser plus loin la discussion : Potter semblait assez épidermique sur le sujet... Jetant une pincée de poudre de fée dans la potion, il ne put s'empêcher de murmurer un dernier :
« Harry Potter à Serpentard... On aurait vraiment tout vu... »
Le Griffondor eut un hoquet de rire nerveux et la conversation fut close.
« Il reste encore beaucoup d'ingrédients à ajouter, Malfoy ? Parce qu'il commence à être tard et que je n'ai franchement pas envie de tomber sur Rusard sur le chemin du retour...
- Ne t'en fais pas, c'est presque terminé. Et puis si on croise Rusard, ça nous donnera l'occasion de voir si la potion est vraiment efficace...
- La dernière fois que tu as essayé de tester toi-même une de tes potions ne t'a donc pas servi de leçon ?...
- Qui parle de la boire nous-même ? Je pensais plutôt la faire avaler à Miss Teigne... »
Harry poussa un soupir faussement désespéré pendant que Draco ajoutait dans le chaudron les derniers cubes de muscade rouge. La potion prit une splendide teinte bleu-roi et le Serpentard laissa échapper un cri de victoire.
« On a réussi ! Félicitations, Potter ! A tous les deux, nous venons de préparer une potion que la plupart des étudiants en Médicomagie maîtrisent rarement avant leur quatrième année ! Fais-moi passer le flacon, là-bas... »
Harry s'exécuta, le visage éclairé par un sourire solaire.
« Je croyais que tu avais dit que cette potion n'était pas si difficile qu'elle en avait l'air ?... »
Le Griffondor se figea en voyant le regard soudain sérieux et interrogateur de Malfoy, fixé sur la flasque de verre qu'il lui tendait.
« Tu vas sûrement trouver ma question stupide Potter, mais... Pourquoi est-ce que ta main est violette ?... »
Harry fronça les sourcils. Sa main ? Pourquoi est-ce que... Un éclair de compréhension le traversa et il se rappela soudain le cauchemar de la nuit dernière et le coup de poing qu'il avait donné contre la tête du lit. Entre les sautes d'humeur de Ron et les petites « plaisanteries » de Malfoy, il avait complètement oublié d'aller voir Mme Pomfresh. Ce n'était pas comme si la blessure lui faisait vraiment mal, de toutes façons...
« Ca ? Ce n'est rien, je me suis juste... fait amocher par un Cognard pendant le dernier entraînement de Quidditsch. »
Draco manqua laisser échapper un ricanement dédaigneux : les Griffondors ne savaient vraiment pas mentir... Il saisit d'une main le flacon de verre, qu'il posa sur la table la plus proche, et de l'autre le poignet de Potter qu'il approcha de son visage pour l'examiner de plus près. Le jeune homme tenta de se dégager, mais le Serpentard le maintenait d'une poigne de fer.
Draco pâlit un peu en voyant l'état dans lequel se trouvait la main de son ennemi. La chair était violacée, couverte d'ecchymoses allant du mauve pourpre au bleu sombre en passant par le jaune et l'indigo. Les doigts de Potter étaient crispés et tremblants, comme si les muscles et les articulations avaient été broyés dans un étau. Deux d'entre eux au moins semblaient brisés et les phalanges étaient tordues dans des angles contre nature.
« Il faut que tu ailles à l'infirmerie, Potter. Tu ne peux pas rester comme ça... »
Harry fit la moue mais acquiesça sans discuter, étouffant un bâillement.
« Je ne plaisante pas ! Si tu ne fais rien, les fractures ne vont pas guérir toutes seules, et même si elles le font il y a des chances pour que les os se ressoudent mal et qu tu ne puisses plus utiliser ta main comme avant. Tu dois t'en occuper le plus vite possible.
- Et c'est ce que je vais faire, Malfoy, mais étant donné qu'il est minuit et que Mme Pomfresh n'apprécierait sûrement pas de me voir débarquer en pleine nuit dans son infirmerie, et que contrairement à certains je ne dispose pas de pouvoirs de guérison dignes de Superman, je crois que je vais me contenter de supporter ma main cassée jusqu'à demain matin ! »
Draco songea un moment à demander qui était Superman avant qu'une autre idée ne traverse son esprit. Un sourire maniaque étira ses lèvres fines.
« Ou sinon je peux toujours utiliser mes « pouvoirs de guérison » pour te débarrasser de cette vilaine blessure... »
Harry recula d'un pas vers la porte, l'air absolument horrifié.
« Malfoy, le jour où je te laisserai poser ta sale langue visqueuse sur une quelconque partie de mon anatomie sera le jour où Rogue ira chanter la sérénade sous les fenêtres de Mc Gonagall en robes de Quidditsch rouge et or ! »
L'homme reprit conscience avec un gémissement douloureux. Son corps le faisait souffrir comme s'il s'était fait piétiner par un troupeau d'hyppogriffes et son esprit était confus, une brulûre lancinante l'élançant à l'arrière de la tête, là où son crâne avait heurté les rochers. Que s'était-il passé ?... Ses souvenirs étaient flous, emmêlés. Il y avait eu le puits, le voile, la chute... Les images défilaient douloureusement derrière ses paupières closes : Estéban, la corniche, le vide, son pied qui glissait, sa main qui agrippait la cheville du diablotin et les glapissements épouvantés que la créature avait poussés en essayant de se dégager...
Et puis il y avait eu le vide, le vide immense et sans fin, la chute mortelle. Estéban avait essayé d'étendre ses ailes pour les ralentir, mais sans succès. L'homme avait senti un frisson électrique le parcourir lorsqu'ils avaient franchi les barrières magiques qui marquaient la frontière avec l'autre monde. Et presque aussitôt après, il y avait eu le choc : colossal, ravageur, définitif.
Enfin... Peut-être pas si définitif que ça, après tout... L'homme se redressa pour s'asseoir et poussa un hurlement de douleur. Merlin, il avait l'impression que tous les os de son corps étaient brisés en cinq points différents chacun, au moins... Des éclairs de souffrance blanchâtres passaient et repassaient devant ses pupilles grises dilatées. La chute ne l'avait peut-être pas tué, mais ce n'était pas faute d'avoir essayé ! Il ferma de nouveau les yeux et se força à respirer plus calmement. Bien... A présent, il fallait faire l'inventaire des dégâts. Si on se fiait à la douleur sourde qui irradiait sa cage thoracique, il devait avoir trois ou quatre côtes de cassées, voire peut-être plus. Il ne ressentait plus rien à partir de l'épaule dans tout le bras droit, ce qui était déjà mauvais signe... La vilaine entaille qui s'ouvrait sur son front saignait abondamment et l'hémorragie ne semblait pas prête de s'arrêter de si tôt.
L'homme poussa un gémissement lorsque le mince filet de sang se mit à couler contre son œil droit, embrouillant sa vision d'un voile rouge sanglant. Il leva la main pour essuyer le liquide poisseux qui l'aveuglait, mais dut interrompre son geste lorsqu'une vague de vertige s'empara de lui. Une série de jurons retentit dans le silence de la caverne.
« J'apprécierais assez que tu m'épargnes tes grossièretés, petit homme... » lui répondit une voix rauque à quelques mètres de lui. L'homme se retourna vivement, son regard sombre se posant sur le diablotin qui gisait un peu plus loin dans une masse ensanglantée d'ailes et de membres brisés.
« Estéban ?
- Qui voudrais-tu que ce soit, petit homme ? C'est toi qui m'as traîné avec toi dans ta descente aux enfers, que je sache. »
L'homme porta la main à sa bouche, une violente quinte de toux le secouant de la tête aux pieds. Lorsqu'il la retira, un filet de salive écarlate coulait au coin de sa lèvre. Il ferma les yeux et serra les dents, sachant pertinemment ce que cela signifiait. Hémorragie interne... Si personne ne lui venait en aide, il serait mort dans moins d'une heure.
« Alors nous sommes en enfer maintenant, Estéban ?
- Bien sûr. Où voudrais-tu que nous soyons ? Là-haut, c'est le monde des vivants, et ici celui des morts... Nous sommes tombés en enfer, petit homme. Et à cause de toi, je vais avoir de sérieux problèmes ! Je suis censé garder le passage !
- Arrête un peu de te plaindre ! Ce n'est pas toi qui joues ta vie dans cette affaire, que je sache. Et à ce propos, comment se fait-il que nous soyons toujours en vie ? »
Le diablotin poussa un soupir exaspéré.
« Je te l'ai déjà dit, petit homme : tu n'es PAS vivant ! Tu es mort à l'instant où tu es passé de l'autre côté du voile. Il serait temps que tu te fasses à cette idée...
- Ne joue pas les innocents, Estéban. Tu sais très bien de quoi je veux parler. Nous avons fait une chute de plusieurs centaines de mètres. Cela aurait dû nous tuer sur le coup...
- Non, cela n'aurait pas pu te tuer sur le coup parce que tu étais déjà mort. » répéta Estéban sur le ton ferme et obstiné que prennent parfois les adultes pour faire admettre quelque chose aux enfants têtus. « Mais si tu veux vraiment le savoir, c'est ta magie qui nous a empêchés de nous écraser sur les rochers.
- Ma magie ?
- Tu as senti toi-même les barrières magiques qui séparent le monde des vivants et celui des morts. Elles ont été crées autrefois pour repousser les intrus venus essayer de percer les secrets des mondes souterrains. Elles auraient dû t'empêcher de passer, mais elles ne l'ont pas fait.
- Pourquoi ?
- Elles t'auraient attaqué si elles avaient reconnu en toi un envahisseur. Mais tout ce que tu voulais, c'était retourner à la surface, pas descendre aux enfers. Quand tu les as traversées, ta magie s'est réveillée. Elle a perçu le danger dans lequel tu te trouvais et a crée autour de toi un bouclier protecteur. Tu dois être un sorcier puissant, petit homme, pour que ta magie soit capable de ce genre de choses...
- Mais je ne me rappelle pas avoir crée de bouclier...
- Evidemment que tu ne t'en rappelles pas puisque tu n'as pas agi consciemment ! Mais ta volonté et ton instinct de conservation ont été suffisamment forts pour faire réagir la magie, et c'est ça qui compte. Le bouclier a amorti le choc et c'est pour cela qu'il reste encore un souffle de vie dans ton pauvre petit corps d'humain.
- Et toi, Estéban ?
- Moi ? Moi je n'ai pas eu d'autre choix que de te suivre dans les abîmes infernaux où tu m'emportais ! Il semblerait que mon destin soit de partager ton sort dans ces heures funestes... »
Le diablotin eut un petit rire sans joie.
« Sais-tu que tu es le premier être vivant à jamais poser le pied sur le sol des enfers ? Ta seule présence ici est un affront à toutes les lois de la nature. Je n'ai jamais rencontré une créature qui prenne autant de plaisir que toi à mettre le monde sens dessus dessous ! »
L'homme eut un sourire douloureux et ses yeux gris s'emplirent de larmes, une lourde vague de nostalgie s'abattant sur ses épaules fatiguées.
« Crois-moi, Estéban, tu n'es pas la première personne à me le dire... Et même si ça n'a plus vraiment d'importance maintenant, sache que je suis désolé d'avoir bouleversé ta vie comme cela.
- Tu as raison sur un point, petit homme : tout ça n'a plus d'importance à présent. Ton bouclier n'a fait que retarder l'inévitable : tes blessures sont trop graves pour que tu y survives. Et moi je ne suis pas vraiment dans un meilleur état que toi. Il semblerait que nous soyons tous les deux condamnés à mourir ici, côte à côte... Cela ne sera plus très long. Adieu, petit homme. »
Le diablotin se tut et le silence retomba bientôt sur la caverne sombre. L'homme soupira, vidé de ses forces, et se rallongea doucement sur la pierre dure. Au-dessus de lui, lointaine et inaccessible, la tâche blanche du voile semblait luire d'un éclat surnaturel sur la paroi de roche brune. Au-delà de ce mince lambeau de tissus, la vie poursuivait son cours dans le monde des vivants. L'homme serra les dents en pensant à tous ceux qu'il avait laissés là-bas. Il ne devait pas abandonner... Pour eux, il fallait qu'il tienne bon, qu'il ne laisse pas l'espoir s'éteindre... S'il perdait conscience, il n'aurait plus aucune chance de jamais revoir son filleul...
La douleur se faisait plus sourde, plus diffuse dans son corps meurtri. Peu à peu, elle finit par disparaître totalement. L'homme savait trop bien ce que cela signifiait pour se réjouir de ce soulagement temporaire. Puis une vague de froid commença à l'envelopper et il se mit à frissonner. Prés de lui, la respiration rauque et sifflante d'Estéban commençait à se faire irrégulière.
L'homme inspira longuement une dernière fois avant de sombrer dans l'inconscience.
Harry se réveilla en sursaut, un cri de désespoir douloureux s'étranglant dans sa gorge. Merlin... Ces cauchemars allaient finir par le tuer... Il essuya du revers de la main les larmes salées qui maculaient ses joues et renifla doucement, tentant de réprimer les tremblements convulsifs qui agitaient son corps baigné de sueur froide. Réveillé par les bruits de sanglots, Draco poussa un grognement mécontent et ouvrit un œil ensommeillé.
« Potter ? Qu'est-ce qui se passe ici ?
- Désolé de t'avoir réveillé, Malfoy. Ce n'est rien, juste un cauchemar... Je vais lancer un sort de silence autour de mon lit. Tu ne seras plus dérangé, ne t'inquiète pas. »
Le blondinet haussa un sourcil interrogateur avant d'enfouir résolument son visage dans son oreiller, bien décidé à reprendre où il l'avait laissé le joli rêve que les cauchemars de Potter avaient si grossièrement interrompu. Il repensa brièvement à toutes les fois où lui et ses camarades de Serpentard s'étaient moqués du Griffondor, de ses cauchemars et de ses évanouissements à proximité des Détraqueurs. Tout cela lui semblait s'être déroulé il y a des siècles...
De toutes les cruautés que Draco avait fait subir à Harry dans le passé, les plaisanteries concernant ses cauchemars étaient celles qu'il avait le plus regrettées. Non pas qu'il ait la moindre pitié ou la moindre compassion pour le Survivant... Simplement, Draco savait ce que c'était de se réveiller en tremblant de terreur au milieu de la nuit, et il ne le souhaitait à personne, pas même à son pire ennemi. Mais Potter était-il encore son pire ennemi ?...
Aucun incident notoire ne vint troubler la journée du lendemain. Ron boudait toujours, les cours étaient plus épuisants que jamais et les Serpentards continuaient à harceler Harry et à le menacer de mille morts s'il touchait à un seul cheveu de leur petit prince adoré... Mais le Griffondor n'avait pas vraiment le temps de s'apitoyer sur son sort et il prenait soin de toujours garder à l'esprit que la situation était provisoire. De plus, la présence de Malfoy à ses côtés n'avait pas que des inconvénients. Rogue avait manqué faire une jaunisse en voyant qu'Harry avait réussi du premier coup sa Potion d'Embellie ! Si les circonstances avaient été différentes, Draco et lui auraient même pu devenir amis... Mais les circonstances étaient ce qu'elles étaient, et dès que le Serpentard serait redevenu humain, la trêve serait rompue et les choses reviendraient à la normale, Merlin soit loué...
De son côté, Draco avait toutes les peines du monde à réprimer son excitation. Ce soir peut-être, il pourrait enfin redevenir lui-même... Il avait beau se dire qu'il ne devait pas se faire de faux espoirs, son cœur battait la chamade dès que son regard se posait sur la pendule.
Les deux adolescents survécurent sans problèmes au cours de Botanique, endurèrent sans broncher deux longues heures de Potion et somnolèrent sans interruption durant toute la leçon de Divination, qui se termina dans l'agitation la plus totale lorsqu'une Trelawney larmoyante vint annoncer sa mort prochaine à un Harry Potter profondément endormi. Il fallut plus d'une heure à Malfoy pour arrêter de rire en repensant au cri de terreur qu'avait poussé le Griffondor lorsqu'il avait ouvert les yeux pour se trouver nez à nez avec les verres à quadruple foyer du professeur de Divination...
Harry eut cependant l'occasion de prendre sa revanche un peu plus tard dans la grande Salle, lorsque Pansy Parkinson se leva de la table des Serpentards pour venir s'installer sur les genoux d'un Draco terrorisé. Histoire de « lui tenir compagnie dans la dure épreuve qu'il traversait », dit-elle... Le jeune homme ne put contenir son fou rire en voyant les grimaces de dégoût et les appels à l'aide muets de Malfoy pendant que la petite dinde rose se pendait à son cou avec une énergie presque indécente, lui susurrant à l'oreille des « mots doux » à faire pâlir d'horreur Ron lui-même -pourtant connu pour avoir l'estomac solidement accroché.
Par pur esprit de vengeance, il laissa le Serpentard mariner une dizaine de minutes de plus qu'il n'était nécessaire avant de le débarrasser de Miss Parkinson-la-Sangsue, à qui il expliqua poliment que Draco avait tout récemment développé une allergie violente au fond de teint «Rose Amazone » dont la jeune fille se tartinait le visage chaque matin avec application -pour être sûre d'apparaître au meilleur de sa forme pour son « Drackichou » bien-aimé. Dumbledore aurait très certainement fait un arrêt cardiaque s'il avait surpris son petit prodige en train d'utiliser des procédés aussi serpentardesques. Mais comme le fit remarquer Potter, « le principal c'est que ça ait fonctionné, non ? » Cet épisode valut d'ailleurs au Griffondor un regard admiratif de Draco, et Merlin savait combien il était difficile d'impressionner un Malfoy...
La journée se termina enfin et avec elle vint l'heure tant attendue de la visite chez Rogue.
Harry et Draco se dirigèrent d'un pas lent vers les donjons, le cœur lourd comme celui d'un condamné à mort. L'heure de vérité était enfin arrivée. Le Griffondor se figea devant la lourde porte de la Salle de Potion et leva la main pour frapper trois coups secs sur le battant de bois. La voix grave et profonde de Rogue lui répondit, chargée de son dédain et de son animosité habituels.
« Entrez et dépêchez-vous ! Je n'ai aucune envie de gaspiller plus de temps que je l'ai déjà fait pour des moutards irrespectueux et décérébrés. Fermez la porte derrière vous ! »
Draco s'approcha avec circonspection du bureau où le Maître des Potions était assis, penché sur une pile de copies de cinquième années dont il n'avait même pas relevé le nez quand ils étaient entrés dans la pièce. Le Professeur Rogue dans toute sa splendeur...
Le blondinet avait toujours été à la fois fasciné et terrifié par le Maître des Potions. L'homme était toujours calme, tranchant, imperturbable et mortellement dangereux. Il y avait en lui quelque chose de totalement reptilien : une froideur irréelle et inhumaine, sa manière d'observer le monde avec un flegme désincarné et prédateur, ou bien le venin que sa langue était capable de distiller par des attaques aussi rapides que mortelles... Oh oui, le professeur Rogue était quelqu'un de dangereux. Et c'était bien là ce que le jeune Serpentard avait toujours admiré en lui.
Quand Draco était enfant, Lucius avait coutume d'inviter régulièrement Severus à déjeuner au manoir et le blondinet passait des heures à observer les adultes avec des yeux pleins d'adoration. Il suivait du regard le moindre geste du mystérieux Maître des Potions et se jurait que plus tard, il serait comme lui. Le jeune homme savait bien ce que tous ses camarades disaient de Rogue. Il était douloureusement conscient des moqueries qu'il s'attirerait s'il lui venait l'idée saugrenue de leur faire part de la fascination qu'exerçait sur lui l'ancien Mangemort. Fascinant ? L'effroyable ermite des cachots aux cheveux graisseux et au nez crochu ? Arrêtez de plaisanter...
Mais Draco avait toujours eu la mauvaise habitude de chercher à voir plus loin que ce qu'on voulait bien lui laisser paraître. C'était là la raison pour laquelle il était un Serpentard aussi doué, et celle pour laquelle son père avait à plusieurs reprises dit de lui qu'il était « la honte de la famille Malfoy ». Mais cela, Draco ne l'avouerait jamais à personne, même sous les pires tortures imaginables...
Toujours était-il que le jeune homme avait su, depuis le premier jour où il avait posé les yeux sur lui, qu'il y avait bien plus à savoir concernant Severus Rogue que ce que les apparences laissaient prévoir. Il avait nourri depuis lors une affection tendre et admirative pour son Maître de Maison. Ce qui ne l'empêchait pas de craindre ses sautes d'humeur comme la peste. Après tout, on ne trouvait pas une âme dans tout Poudlard qui ne tremble de terreur lorsque le regard d'onyx et de glace de Rogue se posait sur elle ! Draco ne faisait certainement pas exception à la règle. Il le cachait mieux que les autres, bien sûr –ce n'était pas pour rien qu'il était un Malfoy, par Merlin !- mais cela ne l'empêchait pas de sentir la température baisser subitement d'une douzaine de degrés à chaque fois que l'ancien Mangemort pénétrait dans une pièce...
Lorsque le Serpentard sortit de ses pensées, Potter était plongé dans une discussion animée avec le Maître des Potions. Le ton était tendu, exaspéré, comme à chaque fois que le jeune homme et Severus venaient à se trouver face à face. Draco devait reconnaître que le Griffondor avait du cran : rares étaient ceux qui avaient eu le courage de tenir tête à Rogue et qui avaient survécu pour en faire le récit.
Potter vociférait, les dents serrées, tremblant de rage à peine contenue. En face de lui, Rogue se tenait très droit, adossé à son fauteuil dans une attitude pleine de calme et d'autorité. Il était plus furieux que Draco l'avait jamais vu être, ses lèvres fines crispées dans une ligne sombre tordue par la colère. Une nuée d'étincelles menaçantes crépitait dans ses prunelles charbonneuses et la peau blême de ses joues se colorait d'ombres rouges alors qu'il luttait pour contrôler les vagues de colère qui l'assaillaient. Maudite soit cette potion... Draco aurait donné n'importe quoi pour savoir ce qui se disait en ce moment en face de lui. Merlin, faites qu'il soit enfin délivré de cette malédiction...
Le jeune homme fut soudainement tiré de sa rêverie par une main posée sur son bras. Il se tourna pour plonger son regard dans celui de Potter, les prunelles vertes emplies d'une détermination et d'un sérieux qu'il ne leur avait encore jamais vus.
« Malfoy, tu m'écoutes ? Rogue te fait dire qu'il est très possible que la potion ne fonctionne pas, et que tu ne dois pas te faire encore de faux espoirs. Mais ça vaut quand même le coup d'essayer. Si ça marche, les effets devraient apparaître à peu près instantanément, mais vu que ton cas ne s'est encore jamais présenté on ne peut être sûrs de rien. Par contre, si aucun changement n'est apparu d'ici demain matin, cela voudra dire que la potion a échoué. »
Draco hocha la tête, totalement revenu à la réalité. Il n'avait à présent plus qu'une hâte, c'était que toute cette histoire se termine enfin. Il dédia à Potter un sourire crispé, s'empara de la flasque verdâtre que lui tendait Rogue et fit rapidement sauter le bouchon de liège.
« Il n'y a plus qu'à espérer que ça marche, histoire que tu sois vite débarrassé de moi. A ta santé, Harry ! »
Là-dessus, le jeune homme ferma les yeux, porta le flacon à ses lèvres et avala d'un trait la Potion de Forme Première.
Draco ouvrit un œil, puis l'autre, fronçant les sourcils dans une moue dépitée.
« Je ne ressens pas vraiment de différence... Je parle encore fourchelangue ? »
Harry hocha la tête, se mordant la lèvre d'un air désolé.
« La potion a certainement besoin de temps pour agir...
- Oui, sûrement...Ou peut-être qu'elle n'agira pas du tout.
- Il y a encore une chance pour que ça marche, Malfoy. Nous avons encore jusqu'à demain matin. Et même si l'Elixir de Forme Première ne fonctionne pas, il suffira de chercher une autre solution. Ce n'est pas si terrible que ça... »
Deux coups secs frappés à la porte coupèrent les deux adolescents dans leur conversation. Rogue y répondit par un « Entrez ! » suffisamment menaçant pour faire fuir à toutes jambes une bonne demi-douzaine de Neville Londubats. La porte s'entrouvrit pour laisser passer le Professeur Mc Gonagall, la mine grave et sévère.
« Nous avons besoin de vous tout de suite dans le bureau du directeur, Severus. Je suis désolé de vous enlever à Messieurs Potter et Malfoy, mais c'est une affaire tout à fait urgente. Nous l'avons retrouvé...
- Vous avez retrouvé... Oh. Je vois. J'arrive tout de suite, Minerva. »
Le professeur de Transfiguration acquiesça, salua d'un signe de tête Harry et Draco qui l'observaient avec curiosité et se retira avec empressement. Severus resta un moment pensif, le regard dans le vague, avant de se tourner de nouveau vers ses deux élèves.
« Comme vous venez de l'entendre, je vais devoir vous abandonner à vous-même plus tôt que je ne le pensais. De toutes façons, je ne pense pas que vous ayez vraiment besoin de moi. Soit la potion fonctionne, soit elle ne fonctionne pas. Dans les deux cas, il n'y a rien que je puisse faire pour changer quoi que ce soit. Si vous avez un quelconque problème, allez voir Mme Pomfresh à l'Infirmerie. Revenez me voir demain matin à la première heure. Bonne soirée, messieurs. »
Le Maître des Potions se leva, glissa sa baguette dans sa ceinture et se dirigea vers la porte. Harry l'arrêta d'un cri.
« Monsieur, attendez ! Cette affaire qui nécessite votre présence auprès de Dumbledore, elle a un rapport avec l'Ordre du Phœnix, n'est-ce pas ? »
Rogue jeta au jeune homme un regard furieux et lança rapidement un sort de silence sur la pièce.
« Espèce de sombre crétin, quand donc apprendrez-vous à faire preuve d'un minimum de discrétion ?! L'Ordre du Phœnix est une organisation secrète, ce qui sous-entend que ceux qui ont connaissance de son existence n'ont pas à se promener en hurlant son nom sur tous les toits ! Et auriez-vous déjà oublié quel rôle je joue dans cette guerre ? Si le Seigneur des Ténèbres découvre que je sais quelque chose à propos de l'Ordre et que je ne lui en ai pas fait part, c'est toute ma couverture d'espion qui tombe à l'eau ! Et tout ça parce que Mr Potter-j'agis-toujours-sans-réfléchir n'aura pas su tenir sa langue ! »
Harry rougit violemment, les épaules basses et les poings serrés de rage.
« Je suis désolé. Vous avez raison, je n'aurais pas dû parler si fort. Mais je crois que j'ai le droit de savoir quel est le problème, non ?
- Le droit ? Et en vertu de quoi auriez-vous un tel droit, Potter ? Vous n'êtes qu'un gamin dans toute cette histoire ! »
Le Griffondor leva vers son professeur un regard flamboyant de colère.
« Sans doute, oui. Mais je suis un gamin qui a rencontré Voldemort à six reprises et qui a survécu à ces six confrontations. Depuis le jour où je suis né, vous avez lié mon destin à celui de cette guerre : il y a eu la prophétie, la mort de mes parents, toutes ces balivernes de Garçon-qui-a-survécu !... Vous croyez peut-être que j'ai jamais demandé à jouer un rôle dans tout ça ? Je n'ai jamais rien voulu d'autre que de mener une vie normale, et c'est la seule chose que vous m'ayez toujours refusée. On ne m'a pas laissé le choix ! Tant que Voldemort vivra mon sort sera lié au sien, que je le veuille ou non. Cette affaire me concerne au plus haut point, vous ne croyez pas, professeur ? C'est bien vous qui passez votre temps à me le répéter : vous, Dumbledore et tous les membres de l'Ordre du Phœnix ! Vous voulez que je réalise la prophétie, n'est-ce pas ? Que je tue Voldemort une bonne fois pour toutes ? C'est à cela que vous me « préparez » depuis le départ, non ? Alors faites-moi le plaisir de m'épargner toute votre hypocrisie : si je dois vous servir d'arme contre le Seigneur des Ténèbres, je crois que j'ai le droit de savoir ce qui se passe au sein de l'Ordre du Phœnix ! »
Le Maître des Potions resta silencieux un moment, puis il secoua la tête avec un petit rire amusé, un sourire sarcastique étirant ses lèvres fines.
« Vu comme ça, Potter, c'est vrai qu'on ne peut pas vous refuser la vérité... Sachez seulement que Dumbledore a, il y a quelques temps de cela, envoyé un émissaire auprès des vampires de Transylvanie. Cela faisait maintenant plus de deux semaines que cet émissaire n'avait plus donné signe de vie et une bonne partie de l'Ordre du Phœnix s'était lancée à sa recherche. Et apparemment, ces recherches viennent tout juste de se révéler fructueuses, même si j'ignore dans quel état exactement nous avons retrouvé le cher disparu... »
Le Serpentard planta fermement son regard dans celui du jeune homme, le défiant silencieusement de demander qui était l'émissaire en question. Non pas qu'il ait aucune intention de le lui dire : il était beaucoup plus amusant de laisser mariner Potter tout en sachant ce que Dumbledore lui cachait sur son loup-garou bien-aimé. Pauvre petit Griffondor...
Severus eut un sursaut de surprise en voyant le teint du Griffondor prendre une pâleur extrême, les prunelles vert olive dilatées de terreur et d'inquiétude.
« Ce n'est pas possible... Rémus... Non ! »
Rémus ? Comment le gamin pouvait-il savoir que Lupin ?... Severus n'eut pas le temps de se pencher davantage sur la question : il poussa un juron et se lança à la poursuite de Potter, qui courrait déjà de toutes ses forces vers le bureau du directeur.
Et voilà : un chapitre 4 de bouclé !
Si vous êtes arrivés jusque là, soyez gentils et laissez-moi une review pour me dire ce que vous en pensez. Personnellement, j'ai l'impression que l'histoire n'avance pas : dites-moi si ça va suffisamment vite à votre goût ou si je devrais accélérer un peu les choses. Toutes les critiques et les suggestions sont les bienvenues !
