A.N. : Cayééééééééééééééééééééé ! J'ai enfin réussi à battre mon record de retard pour le nouveau chapitre ! Et c'était pas facile, pask j'avais déjà fait très fort pour le chapitre 3…
Euh…
Bon d'accord, c'était pas drôle.
Je suis vraiment désolée d'avoir mis aussi longtemps à updater : j'ai dû faire face à une grosse panne d'inspiration pour cette fic et je n'arrivais vraiment pas à trouver le ton. J'ai été obligée de tout reprendre au début alors que j'en avais j'avais déjà écrit la moitié du chapitre, les personnages partaient complètement dans le OoC… Donc voilà, je pensais mettre le chap 5 en ligne pour les fêtes mais ça n'a pas été le cas c'est avec beaucoup de retard que je vous souhaite à tous une Très Bonne Et Heureuse Année 2oo5 ( il paraît que la bonne année C comme les anniversaires : on peut les fêter un an avant et un an après… )
Il y a quand même un bon point dans tout ça : je peux vous promettre que le prochain chapitre ne mettra pas autant de temps à arriver, pask j'en ai déjà écrit presque les ¾.
Mais bon pour les suivants je promets rien lol…
Réponses aux reviews :
Artemis : Coucou ! Contente que ça continue à te plaire et encore désolée de t'avoir autant faite attendre…
Ariane : Oui, ça va être une fic HP/DM mais bon le slash ne va pas arriver avant encore quelques chapitres… Pasky faut pas croire, il ne se jette pas comme ça dans les bras de n'importe qui le petit Ryry !
Mamie Oz : C pas grave je t'en veux pas de me mettre la pression, et puis c ça qui fait avancer les fics plus vite ! Koike dans mon cas ça a pas l'air de très bien marcher… °-0,
YunaFab : Un peu kil a intérêt à être en vie ! De toutes façons j'aurais pas eu le cœur de le faire mourir mon petit Moony d'amour… Et c'était un peu trop tôt pour que Ryry se laisse léchouiller par notre petit Serpentard préféré mais ne t'en fais pas : Draco va avoir d'autres occasions…
Digni : Rhhôo merci !
S'L.I.A : Un grand merci ! Et si tu veux t'éterniser ce n'est sûrement pas moi qui t'en empêcherai : je n'ai rien contre les longues reviews lol !
Mirabella : Mais… Mais… Mais normalement je n'ai pas le droit de dire si Sirius est mort ou pas, ça casserait tout le suspense ! Bon allez je te donne juste un indice : est-ce que tu crois vraiment que je suis assez cruelle pour laisser mourir le plus cool, le plus rebelle, le plus adorablement craquant des Maraudeurs ? J'arrive toujours pas à comprendre comment Rowling fait pour continuer à dormir la nuit après avoir tué mon petit Patmol chéri…
Oxaline : Merci et je suis contente que mon rythme te convienne : j'ai tjrs un peu peur d'aller soit trop vite soit trop lentement… Pr le rapprochement entre Harry et Draco, les choses vont sûrement s'accélérer un peu dans les prochains chapitres : pas dans celui-là, mais au moins un peu dans le suivant (je le sais pask jen ai déjà écrit la plus grosse partie ) Mais il ne faut pas compter qu'ils finissent ensemble avant quatre chapitres minimum aux dernières nouvelles… En tous cas ta review m'a fait très plaisir et j'espère que la suite ne te décevra pas !
Molly : Lol c'est ça les joies de : les chapitres arrivent, repartent… En tous cas un grand merci pour ta review et j'espère que je ne trahirai pas ta confiance avec le chapitre 5 !
Mélindra : Combien de fois je relis mes chapitres ? En moyenne 4 ou 5, et je les modifie jusqu'à ce qu'ils me plaisent à peu près. Le problème c'est que la plupart du temps plus je les relis et moins ils me plaisent donc… Disons que c'est en partie pour ça que les délais d'updatage sont aussi longs ! En tous cas voilà le chapitre 5 et je te remercie pour ta review et tes encouragements qui m'ont fait chaud au cœur !
Kya-the-viper : Lol voilà voilà voilà ! Ah là là ces djeun's alors ils respectent plus rien de nos jours…
Galouz : Merci ! C'est vrai que je n'ai pas encore donné un très grand rôle à Hermione, mais je n'en pas vraiment eu l'occasion non plus. Pis je préfère que ce soit Harry qui s'occupe du cas de Draco mwahahaha... Et pour Sirius ben... Pour l'instant j'essaie d'entretenir encore un peu l'ambiguïté mais sérieusement, tu as déjà une petite idée si c'est un rêve ou la réalité, non ?...
Guardian : Waouw merci beaucoup ! Euh... Je suppose que le « continue à nous faire bouilloner d'impatience » s'adressait au rythme de la fic et pas aux délais d'updatage ?...
Lovely A : J'essaie de faire avancer les choses le plus possible, mais c'est difficile avec tous les éléments et toutes les idées qui fourmillent dans ma petite tête… J'ai beaucoup de mal à tout mettre en place tout en gardant un rythme correct ! Enfin j'espère que ce chapitre n'avancera pas trop lentement à ton goût, et un grand merci pour ta review !
Chapitre 5 :
Harry courait de toutes ses forces, les poings serrés de rage. Même le claquement sec et régulier de ses pas sur la pierre grise ne parvenait pas à étouffer les battements affolés de son cœur. Ils avaient retrouvé Rémus… Maudit soir Dumbledore, ils avaient retrouvé Rémus et comme d'habitude personne n'avait pris la peine de le prévenir !
A travers le brouillard de peur qui obscurcissait son esprit, le jeune homme revoyait encore le sourire satisfait de Rogue danser devant ses yeux. S'il l'avait pu le Professeur de Potions aurait sans doute préféré lui annoncer la mort de Moony plutôt que sa réapparition.
A mesure qu'il approchait du bureau de Dumbledore, Harry avait l'impression que le poids qui pesait sur sa poitrine se faisait de plus en plus lourd, le pressant de s'effondrer sur le sol comme une poupée de chiffon. Comme un mantra, il se répétait mentalement « Pourvu que Moony aille bien, pourvu que Moony aille bien… »
Le Griffondor tourna au détour d'un couloir et s'immobilisa devant la gargouille de pierre qui marquait l'entrée de la tour directoriale, à bout de souffle. Derrière lui, les vociférations rageuses du Professeur Rogue se rapprochaient rapidement. La gargouille ouvrit un œil ensommeillé et considéra le jeune homme avec une moue critique.
« Mot de passe ? »
« Je vous en prie, il faut que vous me laissiez entrer ! C'est une question de vie ou de mort ! »
« Bien essayé gamin, mais si tu n'as pas le mot de passe, tu restes devant la porte. »
Harry inspira profondément et tenta de calmer le tremblement nerveux qui s'était emparé de lui. Une vague de vertige lui fit perdre l'équilibre et il s'appuya contre le mur, haletant. Il avait l'impression d'être de retour en sixième année, au cours d'une de ces nuits innombrables qu'il avait passées à déambuler dans l'école en essayant de se faire à l'idée que la mort de Sirius était définitive, que son parrain n'allait pas réapparaître comme par enchantement au détour d'un couloir et lui dire que tout ça n'avait été qu'une sinistre plaisanterie. A la différence prés que Rémus n'était pas mort. Il ne pouvait pas être mort !
Le jeune homme se redressa, une étincelle de détermination farouche brûlant au fond de ses yeux. Il fallait qu'il sache ce qui était arrivé à Moony, et il fallait qu'il le sache maintenant. Et cette fois, ce ne serait pas une stupide gargouille magique qui allait l'empêcher d'aller réclamer la vérité à Dumbledore.
Le jeune homme posa la main sur la pierre froide et ferma les yeux. Au creux de sa paume, il rassembla toute sa peur et sa colère. Quand l'air commença à se faire lourd et à crépiter d'énergie, il poussa de toutes ses forces. La gargouille poussa un petit jappement douloureux et le passage s'ouvrit dans un grincement d'outre-tombe.
Quand Harry Potter fit irruption dans son bureau, Albus Dumbledore était en plein milieu d'une réunion secrète de la plus grande importance pour l'avenir de tout le monde sorcier. Plus exactement, il sirotait une tasse de thé au citron et caressait d'une main distraite son phœnix Fumseck en s'appliquant à dédier à ses interlocuteurs son plus beau sourire de papy gâteau.
Tout à coup, le jeune Griffondor apparut sur le pas de la porte, aussi pâle que s'il était poursuivi par une meute de détraqueurs affamés. Albus manqua s'étrangler de surprise. Le jeune homme semblait au bord des larmes et son souffle était court comme s'il venait de faire un cent mètres en apnée. Le directeur se leva et ouvrit la bouche pour lui dire de s'asseoir et de se calmer, mais une autre personne le prit de vitesse.
« Harry ? Qu'est-ce que tu fais là ?… »
Le jeune homme se retourna vers son interlocuteur et manqua hurler de bonheur. Devant lui se tenait un Rémus Lupin plus vivant que jamais et en parfaite santé malgré la fatigue manifeste qui alourdissait ses traits. Moony n'avait apparemment pas eu le temps de se changer depuis son retour et il portait encore une cape de voyage élimée et des bottes de cuir usées jusqu'à la semelle. De larges cernes noirs dus aux longues nuits sans sommeil soulignaient ses yeux clairs couleur d'ambre pailleté d'or. En dehors de ça, il n'avait pas beaucoup changé depuis la première fois où Harry l'avait rencontré lors de sa troisième année à Poudlard. Seules quelques mèches grises étaient venues s'ajouter à la masse broussailleuse de ses cheveux en témoignage de toutes les épreuves par lesquelles il avait dû passer dans ces années de guerre naissante.
Harry considéra un moment la silhouette maladroite et étonnée de son presque-parrain avant de se jeter à son cou avec une énergie désespérée.
« Tu es vivant ! Si tu savais comme j'ai eu peur pour toi, Moony ! »
« Je suis là, Harry… Tout va bien, je suis là… »
Le loup-garou serra l'enfant contre lui, interdit, et tenta de calmer par des paroles réconfortantes les sanglots convulsifs qui agitaient ses épaules. Harry s'accrochait à l'homme comme à une bouée de sauvetage, les larmes coulant en torrent sur ses joues sans qu'il puisse faire quoi que ce soit pour les arrêter. A présent qu'il avait retrouvé Rémus, la froide résolution qui le soutenait l'avait abandonné et il se sentait faible et vulnérable comme un enfant effrayé. La panique qui s'était emparée de lui l'avait vidé de ses forces et il n'avait plus qu'une envie : se laisser aller dans l'étreinte protectrice des bras de Moony, là où rien ni personne ne pouvait l'atteindre…
« Comme c'est touchant ! Moi qui avais toujours rêvé d'assister aux émouvantes retrouvailles d'une paire de débiles congénitaux dégoulinants de noblesse et de bons sentiments tout droit sortis d'un livre de contes pour enfants moldus… Je suppose que tu as déjà lu « La Belle et la Bête », Lupin ? »
Harry ferma les yeux et grogna de mécontentement. Il allait finir par croire que le but ultime de l'existence de Severus Rogue était de gâcher les rares instants de sa vie où il commençait à se dire que tout allait bien…
« Fais attention à ce que tu dis, Severus… Je n'ai pas l'intention de me laisser insulter par un rat des cachots de ton espèce. » grogna Rémus d'un ton glacial.
« Du calme, mes enfants ! » interrompit le Professeur Dumbledore d'une voix impérieuse. « J'ai passé l'âge de ce genre d'enfantillages et je vous serais reconnaissant de laisser de côté votre animosité pour vous comporter comme des êtres humains responsables et civilisés ! »
Harry se blottit encore un peu plus contre Moony, appréciant comme jamais le bras protecteur que l'homme avait passé autour de ses épaules. Severus Rogue lui dédia un dernier regard méprisant avant de s'asseoir face au directeur, la tête haute et la mâchoire serrée. Rémus laissa échapper un ricanement mauvais avant de l'imiter à contre-cœur. Il en fallait beaucoup pour s'attirer les foudres de Rémus Lupin, mais révéler à la communauté sorcière qu'il était un loup-garou et lui faire perdre son poste de professeur de DaDA semblait y avoir suffi… Luttant contre le besoin enfantin d'aller s'asseoir sur les genoux de Moony, Harry finit par prendre place sur un fauteuil entre les deux hommes.
« Bien. » commença Dumbledore. « A présent, quelqu'un pourrait-il me dire quel est le problème? Que s'est-il passé, Harry ? »
Le jeune homme releva la tête et posa sur le directeur de Poudlard un regard désorienté et encore rougi par les larmes.
« Je suis … »
« Oh, mais je peux facilement vous résumer la situation, Albus. » interrompit Rogue. « Mr Potter ici présent nous a une nouvelle fois donné la preuve de son mépris patent pour les règles et toute autre forme d'autorité. Le règlement de cette école stipule clairement que les élèves n'ont pas le droit de fuir sans explication au beau milieu d'un entretien avec un professeur ou d'aller forcer la porte du directeur, n'est-ce pas Potter ? »
« Je n'aurais pas réagi comme ça si vous ne m'aviez pas pratiquement annoncé qu'on venait de retrouver le cadavre de Rémus au fond d'un fossé transylvanien ! »
Les yeux du Maître des Potions s'écarquillèrent et Moony se raidit, une étincelle meurtrière brûlant au fond de ses prunelles mordorées.
« Severus, espèce d'immonde bâtard, je vais … »
« Du calme Lupin ! Le mot-clé dans ce que vient de dire Mr Potter, c'est « pratiquement »… »
« Dans ce cas, pourriez-vous nous expliquer ce qui s'est réellement passé, Severus ? » demanda Albus d'une voix qui se voulait apaisante.
Le Professeur de Potions hocha la tête, retrouvant tant bien que mal son masque de morgue et de dédain habituel –ce qui présente une certaine difficulté lorsqu'un loup-garou fixe sur vous son regard le plus mauvais, celui qui donne des cauchemars aux petits chaperons rouges et aux petits cochons.
« Je me trouvais dans les cachots en compagnie de Mr Potter et de Mr Malfoy quand le Professeur Mc Gonagall est venu m'annoncer que notre émissaire avait été retrouvé. A la demande de Mr Potter, je lui ai expliqué qu'un membre de l'Ordre du Phœnix avait été envoyé en Transylvanie. Il est possible que j'aie plus ou moins souligné les dangers de cette mission et le peu de chances que le messager avait d'en revenir vivant… »
Rémus laissa échapper un petit rire méprisant que Rogue ignora superbement.
« Pour ça, je te fais confiance Severus… »
« … Mais je vous prie de croire qu'à aucun moment je n'ai prononcé le nom de Lupin. Je serais d'ailleurs assez curieux de savoir comment Potter a pu avoir accès à ces informations. »
« Harry ? Tu veux bien nous dire comment tu as appris l'existence de cette mission, s'il te plait ? »
Le Griffondor ouvrit la bouche pour parler, la referma, se mordit la lèvre d'un air indécis. Une fois de plus, Hagrid en avait dit plus qu'il n'aurait dû le faire et Harry ne voulait pas attirer d'ennuis au demi-géant. Il leva vers Dumbledore de grands yeux innocents et lui dédia sa grimace d'excuse la plus convaincante.
« Je suis désolé Professeur, mais je ne peux pas vous donner de réponse… »
« Il s'agit d'un problème de la plus grande importance, mon enfant. S'il y a une faille dans la sécurité et que les activités de l'Ordre ne peuvent plus rester confidentielles, il ne passera pas beaucoup de temps avant que Tom nous réduise tous à néant… »
Pour toute réponse, le Griffondor détourna le regard et se plongea dans la contemplation de ses chaussures. Rémus se redressa, un pli de désapprobation barrant son visage d'ordinaire calme et neutre.
« Laissez-le tranquille, Albus ! Vous voyez bien qu'il est épuisé… »
« Oui, sans doute… Épuisé d'avoir fait courir un professeur à travers tous les couloirs de Poudlard ! » répliqua Rogue d'un air sarcastique. « Mais puisque nous en sommes aux mystères non-résolus, Mr Potter, pourriez-vous me dire comment vous avez fait pour obtenir le mot de passe de la tour directoriale ? »
Harry leva vers le maître des Potions un regard perplexe.
« Je n'ai pas utilisé de mot de passe… »
« Il a bien fallu que vous ouvriez le passage pour venir ici, non ?
« Oui, mais… »
« Alors comment avez-vous eu le mot de passe ? »
Le jeune homme poussa un soupir excédé.
« Je n'ai pas eu besoin du mot de passe. Je me suis servi de la magie pour ouvrir le passage… »
« Vous voulez dire que vous, pitoyable sorcier de dix-sept ans, vous avez réussi à forcer l'entrée d'une des place-fortes les mieux protégées d'Angleterre ? Faites croire ça à d'autres, Potter ! »
Forcer l'entrée de ?… Oh. Maintenant qu'il y réfléchissait, il fallait reconnaître que ce qu'il avait fait ressemblait furieusement à une entrée par effraction… Harry se recroquevilla un peu plus dans son fauteuil. Dumbledore posait à présent un regard intrigué sur le jeune homme.
« Harry ? Explique-moi exactement comment tu as fait pour entrer… »
Le Griffondor releva la tête vers le directeur de Poudlard, rouge pivoine.
« Il y a deux ans, Hermione a fait un devoir sur les différents systèmes de verrouillage du monde sorcier… Ron et moi l'avons aidée à faire quelques recherches, et nous avons conclu que la gargouille était l'équivalent magique d'une serrure moldue. J'ai pensé qu'en rassemblant toute la magie que je pouvais et en poussant au bon endroit, je pourrais forcer cette serrure… Je suis vraiment désolé, professeur Dumbledore. »
Un silence de mort s'abattit sur la pièce, achevant de mettre Harry horriblement mal à l'aise.
« Est-ce que tu as la moindre idée de comment tu as réussi à faire ça, Harry? »
Le jeune homme haussa les épaules d'un air confus.
« Sur le moment, il m'a semblé que c'était la bonne chose à faire… »
Rémus sourit d'un air ravi et posa sur son presque-filleul un regard brillant de fierté. Cet enfant était le portrait de James tout craché… Même si parfois on pouvait se demander si c'était une bonne ou une mauvaise chose.
« Il est extrêmement rare qu'un sorcier puisse utiliser la magie sans l'aide d'une baguette ou d'une incantation, Harry. Cela arrive parfois lorsque de jeunes enfants sont soumis à une émotion particulièrement forte comme la peur, mais dans la plupart des cas ce sont des accidents sur lesquels nous n'avons aucun contrôle. La magie ne fait que réagir d'elle-même pour nous protéger d'un danger, un peu comme une forme d'instinct de conservation. Ce que tu as fait pour passer la gargouille est différent : tu as invoqué la magie en toute connaissance de cause et tu l'as modelée pour qu'elle obéisse à tes buts et à ta volonté. La grande majorité des sorciers de ce pays est incapable d'en faire autant. Il faut pour ça une force extraordinaire. »
« Mais je ne savais même pas si ce que je faisais allait marcher, Moony ! »
« Et c'est bien ça qui rend cet incident si remarquable: tu as crée un sortilège de magie première en ne te fiant qu'à ton instinct et à la nécessité. Je ne crois pas qu'aucun sorcier puisse se vanter de l'avoir fait avant toi et je n'ose même pas imaginer ce dont tu serais capable si on t'apprenait à cultiver et à développer ce don… En fait, je crois que ce serait une bonne chose de te donner des cours particuliers dans ce domaine. Si le Professeur Dumbledore est d'accord bien sûr… »
« Je n'y verrais aucun inconvénient. Je pense même que vous seriez un candidat tout à fait approprié pour donner ces cours, Rémus. Cela fait déjà trop longtemps que vous avez déserté les couloirs de Poudlard et nous serions enchantés de vous avoir un peu plus souvent parmi nous… »
Le loup-garou accepta avec un sourire reconnaissant.
« Rien ne pourrait me faire plus plaisir, Albus, croyez-moi! »
« Je ne crois pas que ce soit nécessaire, Moony. J'ai déjà largement assez de cours supplémentaires comme ça avec l'Occlumencie, et en plus tu as sûrement mieux à faire que venir me donner des leçons particulières… »
L'homme se tourna vers le Griffondor, blessé et un peu déconcerté par son ton sec et cassant. Harry le considérait d'un air irrité, les lèvres retroussées dans une grimace hostile. Rémus leva un sourcil interrogateur.
C'est ce moment que choisit le Professeur Mc Gonagall pour faire son entrée dans le bureau de Dumbledore, un peu essoufflée –un état dans lequel Harry ne l'avait encore jamais vue et qui s'accordait difficilement avec la dignité calme et affectée dont elle s'enveloppait habituellement. Les quatre hommes se levèrent aussitôt pour l'accueillir.
« Pardonnez-moi de vous déranger, Messieurs… Nous avons un visiteur, Albus. Il arrive tout droit de Londres et a demandé à vous voir dans les plus brefs délais, vous et Mr Lupin. Mais étant donné le caractère plutôt… délicat de sa nature, j'ai jugé préférable de vous demander votre avis avant de le faire entrer dans l'école. Vous devriez venir voir ça vous-même… »
Dumbledore eut un haussement d'épaules fataliste et se leva sans protester.
« Très bien Minerva, j'arrive … Severus, auriez-vous la bonté de venir avec moi au cas où le besoin s'en ferait sentir ? Restez, Rémus! Nous ne serons pas longs, et je suis sûr que vous et Harry avez beaucoup de choses à vous dire après avoir été séparés aussi longtemps… »
Ce qu'on pouvait traduire par : Venez avec moi Severus, que nous laissions ces deux-là s'expliquer tranquillement seul à seul pendant que je vais traîner ailleurs mes guêtres de manipulateur congénital. Le Maître des Potions leva les yeux au ciel avant d'emboîter le pas au directeur, maugréant dans sa barbe quelque chose qui ressemblait beaucoup à « vieillard gâteux et hypocrite ». Harry se sentit curieusement dépité de voir que finalement, il y avait peut-être un point sur lequel il était d'accord avec Severus Rogue.
Les deux hommes et le Professeur de Transfiguration quittèrent la pièce. Moony retourna aussitôt au sujet qui l'intéressait, déterminé à faire céder son presque-filleul.
« Qu'est-ce qui ne te convient pas dans cette idée de cours particuliers, Harry? Ca ne te plairait pas de travailler de nouveau avec l'illustre Professeur Lupin? »
Le jeune homme ne sourit même pas à la plaisanterie.
« J'ai déjà suffisamment de travail comme ça avec mes Aspics à la fin de l'année, Rémus. Dis au Professeur Lupin de se trouver un autre singe savant à dresser.»
Les prunelles mordorées de Rémus se voilèrent et ses lèvres fines se courbèrent dans une moue blessée et boudeuse.
« Je pensais que ça te ferait plaisir si j'avais une raison de venir te voir à Poudlard plus souvent… »
« Bien sûr que ça me ferait plaisir, mais je ne veux pas recevoir de traitement de faveur par rapport aux autres élèves. »
« Ce ne serait pas un traitement de faveur! Tu recevrais simplement des leçons adaptée à tes besoins… »
« Non, Moony. »
« S'il te plaît?… »
« Je t'ai dit que non. Et ce n'est pas la peine de me faire tes yeux de chien battu. »
« Pourtant ça marchait toujours quand je le faisais à James ou à Sirius… »
Le loup-garou regretta ses mots aussitôt qu'il les eut prononcés. Comme à chaque fois que le nom de Sirius était mentionné, une ombre funèbre sembla s'abattre sur le visage de Harry. Le jeune homme s'éloigna sans un mot et se planta devant la fenêtre, le dos droit et rigide. On pouvait presque voir les rouages tourner derrière son front trop pâle, les vagues d'angoisse serrant sa gorge comme pour le noyer sous le chagrin.
« Harry… »
« Tu aurais dû me dire que tu partais en mission en Transylvanie, Moony. Je t'en ai voulu de ne pas me l'avoir dit… »
Le loup-garou posa sur le Griffondor un regard chagrin, surpris par la lassitude et la résignation qu'il y sentait.
« De quoi est-ce que tu veux parler?… »
« Je veux dire qu'encore une fois, vous avez « négligé » de me mettre au courant de ce qui se passait dans l'Ordre du Phœnix. »
« Je suis désolé, Harry. » murmura Lupin d'une voix hésitante. Il n'était pas très sûr de quoi il était désolé exactement, mais pour jeter Harry dans un tel abîme de mélancolie ça devait sûrement être grave…
« Si je ne te l'ai pas dit, c'est parce que je ne voulais pas que tu te fasses de souci pour moi. J'avais peur d'ajouter encore au fardeau que tu portes sur tes épaules et je voulais te laisser profiter encore le plus possible des dernières années de ton enfance… »
« Tu sais bien que je ne suis plus un enfant depuis longtemps. Et tu ne fais que répéter les mêmes choses que Dumbledore m'a dites après la mort de Sirius : ça ne m'avait pas aidé à me sentir mieux la dernière fois et ça ne m'aidera pas davantage aujourd'hui. Je pensais que tu pourrais comprendre ça mieux que quiconque… »
Les deux hommes gardèrent le silence un moment, Rémus fixant d'un regard douloureux la silhouette du Griffondor qui se découpait sur le fond clair du ciel nocturne, solitaire et misérable. L'enfant avait les bras serrés autour de son torse comme pour se protéger du froid, la peau très pâle sous la lueur de la lune, le visage triste et figé obstinément tourné vers la fenêtre. Savoir qu'il était lui-même responsable de cette détresse mettait le loup-garou au supplice et sa gorge se serrait sous le poids de la culpabilité. Il était vraiment pitoyable dans le rôle du parrain… Il pouvait bien essayer de protéger Harry, tout ce qu'il arrivait à faire c'était le blesser. Où qu'ils puissent être à présent, James et Sirius devaient certainement regarder avec une déception amère les prouesses du dernier des Maraudeurs.
La voix du jeune homme tira Rémus de ses pensées, lointaine et désincarnée, à peine plus qu'un murmure.
« Je sais bien que tu ne voulais pas me faire de peine, Moony, mais si je ne peux pas avoir confiance en toi à qui puis-je me fier? »
Le loup-garou s'approcha de l'enfant et posa une main consolatrice sur son bras. Harry se dégagea d'un mouvement brusque, refusant toujours de regarder l'homme. Dehors, aucun nuage ne venait troubler la face de la lune et on y voyait presque comme en plein jour.
« Eh bien, tu peux toujours faire confiance à Dumbledore… »
Harry tourna vers son ancien professeur un regard surpris et partit d'un éclat de rire lugubre.
« Dumbledore? Si je devais attendre qu'Albus soit honnête avec moi, j'en serais toujours à croire que mes parents sont morts dans un accident de voiture! Cela fait bien longtemps que je ne fais plus confiance à Dumbledore, Moony. »
Le loup-garou ferma les yeux, le visage empreint d'une telle lassitude qu'il semblait soudain avoir vieilli de dix ans. Durant ces dernières semaines en Transylvanie, Harry lui avait manqué plus qu'il n'oserait jamais l'avouer à quiconque.
« Il ne fallait pas te faire de souci pour moi... Cette mission n'était pas aussi dangereuse qu'elle en avait l'air. »
Le Griffondor se figea aussitôt et posa sur l'homme un regard glacé.
« Ne me prends pas pour un imbécile, Rémus. Je suis déjà suffisamment en colère contre Dumbledore pour t'avoir envoyé dans une mission-suicide sans que tu viennes en plus y rajouter d'autres mensonges. »
« Une mission quoi? »
Le loup-garou écarquilla les yeux, surpris par le brusque éclat de rage du Gryffondor. Une étincelle dangereuse brillait à présent dans les yeux de l'enfant et l'homme ne s'était pas attendu à ce que ce genre de regards soit un jour dirigé contre lui. Il ne faisait jamais bon se trouver face à un Harry Potter en colère.
« Une mission-suicide, Rémus. Mais si, je suis sûr que tu as déjà entendu le mot quelque part ! C'est une mission dont on a à peu prés autant de chances de revenir vivant qu'un Moldu qui irait se promener seul dans l'Allée des Embrumes pour un rendez-vous galant avec Voldemort… »
Rémus était pétrifié, mais pas tant d'entendre Harry prononcer le nom du Seigneur des Ténèbres que de le voir utiliser le même timbre de voix sardonique que Severus Rogue.
« Ce n'était pas une mission-suicide, Harry. J'étais le seul à pouvoir remplir ce rôle, et je ne suis pas parti sans protection. »
« Tu veux parler de ton ami Dannefeyr? Ca ne me semble pas être une garantie suffisante pour partir en plein cœur du domaine des vampires… »
« Où as-tu entendu parler d'Adrian? » s'étonna le loup-garou. « Ces informations font sans doute partie des secrets les mieux gardés d'Angleterre! »
Harry secoua la tête d'un air d'excuse.
« Je ne peux pas te le dire, Rémus. Je suis désolé. »
L'homme haussa les épaules, agacé. Tout à l'heure, il avait pensé que le refus du Griffondor était dû à la présence de Rogue et du directeur de Poudlard, mais apparemment il s'était trompé…
« La protection d'Adrian était une garantie suffisante, Harry. La preuve, c'est que je suis revenu vivant, non? »
« Oui, mais c'était un pari risqué. J'ai eu affreusement peur pour toi. »
« Je te promets que je ne risquais vraiment pas grand chose. Le prince Adrian Dannefeyr est un personnage très influent en Transylvanie et personne n'aurait osé le défier en s'attaquant à moi. »
« Tu as confiance en lui à ce point-là? » demanda Harry d'un air incrédule. Rémus n'hésita qu'une seconde avant de répondre.
« Oui. Tu comprendras pourquoi le jour où tu le rencontreras… »
Le Griffondor lança à l'homme un regard qui manquait singulièrement d'enthousiasme.
« Je ne suis pas très sûr de vouloir le rencontrer… »
« Cela me peine de l'entendre, Mr Potter. Pour ma part, après tout ce que j'ai entendu raconter sur votre compte je dois avouer que je brûle d'envie de faire votre connaissance… »
Harry se retourna en sursaut, la main déjà posée sur le manche de sa baguette. Encadré par un Severus Rogue grimaçant et un Albus Dumbledore au sourire amusé, le Prince Adrian Zachary Dannefeyr-Dracula se tenait dans l'embrasure de la porte et le considérait avec un sourire sardonique.
Le jeune homme recula inconsciemment d'un pas. Le vampire était certainement la créature la plus fascinante qu'il ait jamais rencontrée… Ses longs cheveux noir corbeau, fins comme de la soie, étaient noués sur sa nuque par un ruban d'un bleu sombre. Leur noirceur épaisse contrastait durement avec la pâleur presque translucide de sa peau. Il portait une longue cape de satin sombre et un pantalon de cuir noir qui enserrait ses longues jambes et disparaissait au dessus des genoux dans de larges bottes de cavalier aux boucles d'argent. Ses mains fines et souples comme celles d'un musicien émergeaient des manches de son ample chemise de flanelle et un gilet de velours bleu cintré soulignait sa taille fine. Une paire de gants de soie noirs dépassait de sa poche et il s'appuyait avec négligence sur une solide canne de bois d'ébène au pommeau d'argent qui achevait de lui donner l'apparence d'un gentleman londonien du XVIIème siècle.
Mais ce qui attirait le plus l'attention dans la personne d'Adrian Dannefeyr, c'était son visage aux traits francs et harmonieux, presque trop parfait pour être réel. Un nez fin et droit aux arêtes ciselées comme une œuvre d'art, des pommettes saillantes et des joues un peu creuses qu'adoucissait l'ovale délicat d'un menton volontaire, un front haut et pâle sur lequel retombaient avec grâce quelques mèches de cheveux d'un noir d'encre, des lèvres pleines et sensuelles recourbées dans un demi-sourire charmeur et dangereux…
Et surtout, des yeux immenses, en amande, dont la prunelle d'un bleu-violet vibrant semblait vous sonder jusqu'aux tréfonds de votre âme. L'homme portait sur lui une aura de mystère et de menace voilée indescriptible et il irradiait de lui une telle puissance qu'Harry en eut tout d'abord le souffle coupé.
« Adrian ? Qu'est-ce que tu fais ici ? Depuis combien de temps es-tu là ? Je te croyais à Londres…»
La voix de Rémus était chargée de surprise et d'incompréhension, mais on ne pouvait y déceler aucune trace de crainte ou de méfiance. Ce fut sans doute cela qui mit Harry le plus en colère. Moony se montrait habituellement d'une prudence proche de la paranoïa. Après toutes les persécutions que les loups-garou avaient eu à subir du monde sorcier, il avait fini par apprendre à choisir avec précaution les personnes à qui il donnait sa confiance.
Le jeune homme ne comprenait pas que son ancien professeur compte Dannefeyr au nombre de ces personnes. Au plus profond de lui, il avait le sentiment que le vampire cachait quelque chose et il ne pourrait pas avoir l'esprit tranquille tant qu'il ne saurait pas quel était ce secret. Adrian avait beau avoir un sourire à faire fondre un iceberg, il restait pas un inconnu et un monstre suceur de sang …
Le vampire dédia à Rémus un sourire chaleureux avant de s'avancer dans la pièce de sa démarche de danseur, ou bien de requin.
« J'y étais, mais il faut croire que tu me manquais! »
« Je t'en prie! Je ne suis pas d'humeur à plaisanter. Que s'est-il passé? »
« Ne t'en fais pas, je n'amène que des bonnes nouvelles. Des nouvelles assez bonnes pour faire lever les morts de leur tombe, pour ainsi dire… »
« Pour l'amour du ciel Adrian! La soirée a été longue pour tout le monde et je n'ai pas envie de jouer aux devinettes. »
La vampire grimaça une moue boudeuse et lança un regard blessé en direction du loup-garou. Le cœur de Harry se serra au souvenir de toutes les fois où il avait vu la même expression mutine et butée sur le visage de Sirius. Rémus s'en rendait-il compte lui aussi ? Probablement pas. Harry n'en détesta le vampire que davantage.
« Si c'est vraiment ce que tu veux, Rémus… »
Le loup-garou acquiesça doucement et Adrian poussa un soupir de dépit théâtral. La voix grave et impérieuse du Professeur Rogue retentit soudain dans la pièce.
« Attendez ! Je ne crois pas qu'il soit très sage d'aborder ce genre de sujets devant un élève de septième année… »
Harry se dressa aussitôt, les poings serrés.
« J'ai le droit de savoir ce qui se passe ici! »
« Oh, mais je n'en doute pas, Potter. Et vous avez aussi le droit de laisser les adultes régler les problèmes importants et de porter plus d'attention à vos cours de Potions au lieu de vous mêler de choses qui ne vous regardent pas. Sortez, et ayez l'obligeance de fermer la porte derrière vous. »
« Certainement pas, Severus! »
La voix de Rémus était ferme et sans appel, froide et lourde de menaces. Le Maître des Potions se tourna vers lui, paré au combat, et se figea. Le loup-garou semblait prêt à lui sauter à la gorge, les prunelles d'ambre lançant des éclairs rageurs. Ses épaules nerveuses tremblaient de rage contenue. Rares étaient les personnes à avoir vu Rémus Lupin en colère, et à présent Severus comprenait pourquoi ces personnes fuyaient la présence du loup-garou comme la peste. Il n'était pas une âme dans toute l'Angleterre qui se soit trouvée face à un loup en train de défendre ses petits et qui ait envie de renouveler l'expérience…
« Je vous interdis de vous adresser à Harry sur ce ton, Severus. Il a autant que vous le droit d'assister à cette réunion, si ce n'est davantage. »
Le Maître des Potions jeta un coup d'œil furtif à Dumbledore, implorant silencieusement son aide. La voix de Dannefeyr retentit à son tour dans la pièce, tranchante et autoritaire.
« Sauf votre respect, il me semble qu'empêcher cet enfant d'être ici ce soir serait d'une absurdité sans précédent. Le rôle que jouera ou ne jouera pas Harry Potter dans cette guerre est un élément décisif pour notre avenir à tous. Que vous le vouliez ou non, vous avez besoin de lui. »
Le masque de sérénité calme et raisonnable qui couvrait à présent les traits de Dannefeyr offrait un contraste saisissant avec l'insouciance joyeuse et enfantine dont il faisait preuve quelques minutes plus tôt et ce contraste ne donnait que plus de poids à l'autorité glaciale de ses mots. C'était comme si le jeune homme capricieux et bon enfant s'était tout à coup métamorphosé en l'un de ces antiques chefs de guerre qui faisaient trembler les empires, le genre d'hommes qui avaient l'habitude du pouvoir et dont un seul mot pouvait régler le sort d'un peuple tout entier. Dannefeyr était un homme extrêmement puissant et il avait conscience de sa puissance. La méfiance d'Harry en fut encore redoublée.
« Si le Prince ne voit pas d'inconvénient à la présence de Mr Potter, je ne vois pas pourquoi je m'y opposerais. » finit par répondre Dumbledore.
Harry laissa échapper un soupir de soulagement et Moony se détendit à son tour, ignorant le grognement mécontent de Rogue. Dannefeyr reprit aussitôt un sourire enjoué qui rappela étrangement à Harry les grimaces effrontées de Malfoy.
« Bien. Comme vous le savez, Mr Lupin et moi-même avons passé les trois dernières semaines à essayer de convaincre mon peuple, et en particulier le clan Dracul, de prêter main-forte à Dumbledore dans la guerre qui s'annonce face au Seigneur Voldemort. Cette mission, qui peut sembler au premier abord assez vague, repose en vérité sur un seul point fondamental: pour gagner le soutien des vampires, il faut gagner le soutien de l'Infant d'Aubesangue. »
« Adrian… » murmura Rémus d'une voix un peu agacée. « Aurais-tu la gentillesse d'aller droit au but? Tout le monde ici a déjà entendu cette histoire une douzaine de fois.
« Tout le monde? En es-tu si sûr, Rémus? »
Harry écarquilla les yeux, comprenant que c'était de lui que parlait Dannefeyr. Le vampire était prêt à reprendre son histoire du début juste pour être sûr que lui, un gamin qui n'aurait même pas dû être là en premier lieu, n'aurait pas de mal à comprendre de quoi il s'agissait? S'il croyait que c'était comme ça qu'il allait gagner sa confiance, il allait être lourdement déçu…
« Reprenons. La plupart des gens considère les vampires comme un peuple de monstres sauvages qui ne connaissent d'autres lois que l'appel du sang et la loi du plus fort. Cette conception est bien entendu complètement erronée. Notre société est organisée selon des règles et des structures bien précises que chacun se doit de respecter. Vous avez, je crois, déjà entendu parler des Clans des Seigneurs Sanglants? »
Harry hocha la tête, attentif.
« Rémus nous a fait un cours sur les vampires en troisième année... Les Seigneurs Sanglants sont les maîtres des Neuf Clans de Nosferatû, les neuf tribus premières des vampires. Chaque clan est plus ou moins en guerre avec les huit autres depuis la nuit des temps et il n'existe pas d'unité vampire. C'est pour cela que le Ministère de la Magie a jugé préférable de laisser les Clans régler leurs affaires entre eux plutôt que d'intervenir : tant qu'ils ne présentaient pas de menace pour le Monde Sorcier, il valait mieux laisser les choses suivre leur cours normal. »
« En effet, oui. Cela fait des siècles et des siècles que nous vivons plus ou moins en harmonie avec la communauté sorcière : ils ne s'occupent pas de nous et nous ne nous occupons pas d'eux, c'est comme cela qu'il en a toujours été et cet arrangement s'est montré profitable pour les deux partis. Sur le papier en tous cas… »
Le vampire marqua une pause dramatique, laissant à Harry le temps d'absorber le sens de ses paroles.
« Mais là où le Ministère se trompe, c'est en supposant qu'il n'y a pas d'unité au sein de notre peuple. Si le besoin se faisait sentir d'unir les forces des Neuf Clans, il suffirait d'un mot de l'Infant d'Aubesangue pour lever une armée capable d'ébranler le monde sur ses bases. Le tout est de savoir de quel côté cette armée se battrait. »
« Qui est l'Infant d'Aubesangue? »
« Ca, personne ne le sait. L'Infant est le Prince de la citadelle d'Aubesangue, le chef suprême à qui tous les vampires doivent allégeance. Il porte la marque de la Déesse Ténèbres et seuls quelques élus savent qui il est réellement. C'est lui qui décide qui partagera ou pas ce secret et il a le droit de vie ou de mort sur tous les vampires. Il a été décidé qu'il en serait ainsi il y a de cela 5 000 ans, en réponse à la Semaine de la Lune Rouge. »
« La Semaine de la Lune Rouge?
« En ce temps-là, il y avait tellement de complots et d'assassinats à Aubesangue que l'espérance de vie d'un Infant ne dépassait plus les deux semaines après qu'il ait été couronné. Lors de la semaine de la Lune Rouge d'octobre, vingt-sept d'entre eux se sont succédés sur le trône en moins de huit jours. Une solution devait être trouvée pour arrêter ce bain de sang. Il a été décidé que l'identité du Prince d'Aubesangue devrait désormais rester secrète et le système a eu l'air de fonctionner. Il faut avouer qu'aujourd'hui, cela nous complique plutôt la tâche… »
« Pourquoi? »
« L'Infant est le seul à pouvoir rallier tous les vampires sous une même bannière et si nous voulons que mon peuple se batte à vos côtés dans cette guerre, c'est à lui que nous devons nous adresser. Rémus et moi avons passé les dernières semaines à le chercher à travers toute la Transylvanie, mais sans succès. »
Le vampire se tut, le regard dans le vague, comme plongé dans ses souvenirs. Harry le dévisagea un moment avant de briser le silence.
« Et c'est tout? »
« Non, ce n'est pas tout. J'étais revenu ici pour vous annoncer que mes hommes avaient retrouvé la trace du Prince. Tout prés d'ici, à Londres. Amusant quand on sait que Rémus et moi avons voyagé jusqu'au fin fond des Carpathes pour le retrouver alors qu'il était juste sous notre nez… »
Moony bondit aussitôt sur ses pieds, les yeux brillants d'excitation.
« Il est ici? C'est fabuleux! Quand pouvons-nous aller le voir, Adrian? »
Le vampire sourit affectueusement au loup-garou et leva les mains en signe d'apaisement.
« Par tous les saints, Rémus, calme-toi! Je pense pouvoir obtenir une audience pour demain ou après-demain. Mais s'il te plaît, écoute-moi… Tu ne pourras pas venir avec moi voir le Prince. »
Le loup-garou se figea aussitôt, un pli sévère barrant son front pâle.
« Qu'est-ce que tu veux dire? Depuis le début nous travaillons ensemble sur cette mission, tu ne vas quand même pas me laisser derrière maintenant? »
Adrian grimaça d'un air douloureux, la tête à demi rentrée dans ses épaules comme s'il craignait une explosion de colère du loup-garou. Harry observait la scène avec une attention fascinée et anxieuse.
« Je suis désolé. Je ne pourrai pas te protéger contre le Prince et il est hors de question que je mette ta vie en danger. Et moins il y aura de personnes à savoir qui est véritablement l'Infant, plus nous aurons de chances de le convaincre… »
Rémus serrait les poings furieux.
« Tu ne vas pas me faire ça, Adrian ? Tu ne vas quand même pas ?… Si. Bien sûr que tu vas le faire… »
La voix de Moony s'était faite plus rauque, étranglée comme s'il allait éclater en sanglots. Puis il sembla se reprendre et releva la tête d'un air de défi, la mâchoire si serrée qu'on pouvait entendre crisser l'émail de ses dents.
« S'il n'y a pas moyen de te faire changer d'avis… Je crois que j'en ai assez entendu pour ce soir. Bonne chance pour les négociations, Adrian. »
Là-dessus, Rémus tourna les talons pour sortir, saluant Dumbledore d'un signe de tête poli. Arrivé devant la porte, il sembla se raviser et revînt en arrière, attirant Harry dans une brève étreinte avant de sortir en trombe du bureau. Déconcerté, le Griffondor retourna entre ses doigts le morceau de parchemin enchanté que l'homme y avait glissé. Il y jeta discrètement un coup d'œil.
« Rejoins-moi prés de la statue de la sorcière borgne dans dix minutes. »
Dix minutes… Il fallait croire que le monde entier s'était ligué contre lui pour lui faire passer une nuit blanche ! Le jeune homme se massa douloureusement les paupières, espérant sans trop y croire que cela ferait disparaître la migraine qui le tenaillait. Quand il rouvrit les yeux, Dumbledore le fixait d'un air amusé.
« Peut-être serait-il temps pour vous aussi d'aller prendre un peu de repos, Harry. »
Le Griffondor hocha la tête et lui répondit par un sourire reconnaissant, se sentant envahi par une bouffée d'adoration sans borne pour le vieil homme. Un fois n'était pas coutume, et il était tellement épuisé qu'il aurait pu se jeter à genoux devant Voldemort lui-même pourvu qu'on lui promette un oreiller et quelques heures de sommeil.
« Merci, Professeur. Je crois que vous avez raison, il est plus que temps que j'aille me coucher… »
Mais pas avant d'être allé rejoindre Moony et d'avoir écouté ce qu'il avait à lui dire, ajouta-t-il pour lui-même avant de souhaiter une bonne nuit aux deux sorciers et au vampire. Il s'apprêtait à franchir la porte du bureau lorsque la voix de Rogue l'arrêta, sèche et moqueuse, comme à son habitude.
« Au fait Mr Potter, n'oubliez pas de récupérer Mr Malfoy dans la salle de Potions avant de partir vous coucher. »
Harry ouvrit grand la bouche, horrifié. Rogue n'avait quand même pas fait ça, n'est-ce pas? Il n'avait pas laissé le Serpentard seul dans les cachots humides et miteux pendant tout ce temps! Le jeune homme gémit doucement. Merlin, Malfoy allait le tuer…
Comme promis, Rémus se tenait prés de la statue de la sorcière borgne et surveillait le couloir désert d'un regard scrutateur. Dissimulé dans l'ombre, Harry l'observait en silence. Après presque un mois entier d'absence, c'était comme s'il ne pouvait pas se rassasier de l'image de Moony. Un déluge de sentiments contradictoires se bousculaient dans son esprit obscurci par la fatigue. Une seule chose était encore certaine : il avait fichtrement besoin d'une bonne nuit de sommeil…Le Griffondor murmura d'une voix lasse le sort de lumière et s'avança vers le loup-garou, qui poussa un soupir de soulagement en le voyant.
« Merci d'être venu, Harry… »
Le jeune homme hocha seulement la tête en guise de réponse, espérant de toutes ses forces que cet entretien serait bref et qu'il pourrait bientôt aller se coucher.
« De quoi vouliez-vous me parler, professeur ? »
« Tu m'en veux encore de ne pas t'avoir mis au courant de mon voyage, n'est-ce pas ? »
Le jeune homme fronça les sourcils. Il ne l'avait pas fait venir jusqu'ici uniquement pour ça quand même ?…
« Il est tard, Moony. Je préfèrerais ne pas parler de ça maintenant si tu veux bien. »
L'homme acquiesça et grimaça un sourire incertain.
« Bien sûr… C'est juste que ça fait plus de trois ans que je ne t'avais plus entendu m'appeler « professeur »… »
Harry haussa un sourcil, interdit.
« Je ne suis pas en colère contre toi, Rémus. Je suis juste très fatigué… »
La réponse du Griffondor ne sembla pas totalement satisfaire Moony mais il n'insista pas, se disant sans doute qu'il valait mieux ne pas pousser davantage la question.
« Comme tu voudras. Si je t'ai demandé de venir ici ce soir, c'est pour te mettre en garde et te parler de Bellatrix Lestranges. »
Harry retînt son souffle. Au seul nom de Lestranges, il sentait la rage bouillonner au fond de lui comme un volcan mal éteint. Il aurait donné n'importe quoi pour pouvoir mettre la main sur celle qui avait tué Sirius…
« Je ne sais pas si tu le sais, mais Andromeda Black, la mère de Tonks, était la cousine de Sirius. C'est aussi la sœur de Bellatrix Lestranges et de Narcissa Malfoy. Mais contrairement à elles, Andromeda a toujours refusé de rejoindre les rangs des Mangemorts et sa famille l'a reniée le jour où elle a épousé un sorcier d'origine moldue, Ted Tonks. »
« Je sais déjà tout ça, Rémus. J'ai vu l'arbre généalogique des Blacks à Grimmauld Square… »
« Vraiment ? Je ne pensais pas que Sirius te l'aurait montré… »
La voix de Moony était curieusement étouffée et Harry se détourna rapidement. Il revoyait comme si c'était hier le visage de Sirius commentant en détails chaque nom de l'antique tapisserie, un pli de dégoût amer sur les lèvres et une étincelle de souffrance au fond de ses prunelles grises hantées. Ici, Phineas Nigellus, à droite, Araminta Meliflua, et là, Lucius Malfoy… Et le sourire sarcastique, presque triomphant, qui avait éclairé son visage lorsqu'il avait désigné le trou en forme de brûlure de cigarette là où aurait dû se trouver son propre nom… Ce n'était pas juste. Sirius ne méritait pas de mourir. Ce n'était pas juste…
« Enfin, officiellement, Narcissa et Bellatrix n'ont pas adressé la parole à Andromeda depuis prés de vingt ans. Mais dans la réalité Narcissa Malfoy n'a pas pu se résoudre à rompre tout contact avec elle et les deux sœurs entretiennent encore une correspondance régulière. »
« Narcissa Malfoy ? Tu plaisantes, n'est-ce pas ? Je l'ai déjà croisée une fois pendant la Coupe du Monde de Quidditsch et elle avait plutôt l'air du genre de personnes à faire signer des pétitions pour l'élimination systématique des Sangs-Mêlés ! »
Rémus eut un petit sourire désabusé.
« Tu apprendras très vite qu'il ne faut pas se fier aux apparences quand on a affaire à des aristocrates sorciers. Sirius était capable de se faire passer pour un véritable bâtard quand il le voulait… Quoi qu'il en soit, Narcissa Malfoy a gardé des liens très étroits avec sa sœur et la dernière lettre qu'elle lui a fait parvenir contenait des informations assez inquiétantes. »
« Attend une minute… Mme Malfoy fournit à l'Ordre du Phoenix des informations confidentielles sur les activités de Voldemort ?»
A la grande surprise du Griffondor, Rémus éclata de rire.
« Merlin, non, certainement pas ! »
« Dans ce cas, je ne comprend pas comment elle a pu envoyer un lettre contenant des éléments compromettants à sa sœur si elle savait que l'Ordre du Phoenix lirait son courrier ! »
« Mais l'Ordre du Phoenix ne lit pas son courrier, Harry ! »
Le garçon fronça les sourcils, de plus en plus perplexe.
« L'Ordre n'a rien à voir avec ce dont je te parle. Andromeda n'a jamais parlé à quiconque de ces lettres et elle n'avait pas l'intention de le faire jusqu'à la semaine dernière. La dernière missive de Narcissa l'a tellement inquiétée qu'elle a décidé de rompre le secret et qu'elle m'a demandé de venir te parler. »
Harry se mordit la lèvre, aimant de moins en moins la tournure que prenaient les évènements.
« Et qu'est-ce que cette lettre contenait de si important pour qu'elle réagisse comme ça ? »
Rémus posa sur le jeune homme un regard grave.
« Il y a quatorze jour de ça, Bellatrix Lestranges a rendu une petite visite à sa sœur bien-aimée au manoir des Malfoy. Elle était toute excitée et parlait beaucoup de l'honneur que lui faisait le Seigneur des Ténèbres en la désignant pour accomplir une tâche importante, et de son intention de ne pas le décevoir. Elle a aussi fait allusion à un plan qui lui permettrait d'atteindre sa cible sans difficultés... »
« Laisse-moi deviner… Sa cible, c'est moi, n'est-ce pas ? »
Rémus acquiesça, silencieux. Harry laissa échapper un petit rire aigre qui ne présageait rien de bon.
« Franchement, Rémus, est-ce que tu peux me dire ce que ça change ? Tous les sbires de Voldemort rêvent de m'ajouter à leur tableau de chasse depuis des années, Bellatrix Lestranges autant que les autres ! »
« Elle va te traquer, Harry ! » interrompit Rémus d'une voix que l'inquiétude rendait fébrile. « Tu ne dois pas prendre cette menace à la légère : elle te veut et elle va chercher par tous les moyens à arriver jusqu'à toi. »
« Et j'espère qu'elle y arrivera. »
Le loup-garou se figea en reconnaissant l'expression sinistre qu'avait pris le visage du jeune homme.
« Et le jour où elle y arrivera, Moony, je serai prêt. Je l'attendrai de pied ferme et je peux te jurer que je lui ferai payer la mort de Sirius. Avec les intérêts… »
Le loup-garou poussa un soupir à fendre les pierres.
« Promets-moi que tu ne feras rien de stupide, Harry. »
« Tu veux dire, comme partir moi-même à la recherche de Bellatrix ? Ne t'en fais pas, Rémus. Je serai prudent. »
« Et à quoi bon aller la chercher si c'est elle qui vient à moi… » ajouta le jeune homme pour lui-même. Mais vu le regard suspicieux que lui dédiait le loup-garou, il aurait pu le dire à voix haute sans que ça change grand chose à la situation…
« Je ferai attention, Moony, je te le promets. C'est tout ce que tu avais à me dire ? »
L'homme hocha la tête et serra le Griffondor contre lui pour lui souhaiter bonne nuit. Harry lui rendit son étreinte, heureux de retrouver la chaleur réconfortante des bras de Rémus. Le loup-garou était la seule famille qui lui restait, la seule personne qui lui permette encore de faire semblant qu'il n'était qu'un enfant. Le visage enfoui dans la chaleur rassurante du cou du dernier des Maraudeurs, le Gryffondor se jura une nouvelle fois de ne jamais laisser personne lui prendre Moony, jamais…
The End of Chapter 5
Oui, je sais ce que vous vous dites... Elle nous a fait attendre aussi longtemps pour un chapitre où Draco ne pointe même pas le bout de son nez ?… Ben oui.
Mais la bonne nouvelle, c'est que le chapitre 6 ne sera pas long à arriver… Tout simplement parce qu'au départ, j'avais prévu de faire passer dans le chapitre 5 tous les évènements du 6 et qu'après je me suis rendue compte que ce n'était pas possible si je voulais faire avancer l'histoire comme je l'avais prévu. Encore à cause de mes chapitres gonflés aux hormones de croissance…
Donc voilà.
J'ai quand même droit à une chtit' review pour avoir vos impressions ?…
