Ce One Shot ci, vous l'avez sûrement déjà lu, je l'ai mis à la suite du MdP, mais je le remets là, pour regrouper.

J'ai eu l'idée de ce One-Shot (court le One-Shot lol) et je l'ai écris. Il prend place deux ans après la chute de Voldemort, juste avant le mariage de Remus et Tara pour être précise.

Tara va rendre visite à Peter à Azkaban.

Le devenir d'une chose

ou

(l'outil qui avait souhaité le devenir)

Recroquevillée dans un coin, la forme inhumaine semblait endormie. Tara adressa un bref signe de tête au geôlier et il la laissa de mauvaise grâce. De toute façon, l'homme n'était capable d'aucun mouvement.

La femme resta un long moment sur le seuil du cachot puis s'approcha jusqu'à se retrouver à côté de la créature. Sans la regarder, les yeux perdus dans la meurtrière, fixés sur les nuages lourds qui emplissaient le ciel, elle prit une légère inspiration.

- Bonjour Peter, souffla-t-elle.

La forme à ses pieds bougea et la tête de l'homme-rat se tourna vers elle. Il possédait un museau à moitié formé et des dents trop longues, ses yeux trop petits étaient presque totalement noirs et tout son visage était recouvert d'un fin duvet grisâtre, mais derrière ses traits animal, on reconnaissait encore la physionomie de l'homme qu'il avait été.

Lorsqu'il reconnut la personne qui venait lui rendre visite, ses yeux s'écarquillèrent légèrement et une lueur d'espoir qui échappa à Tara s'y alluma. Elle se détourna de sa contemplation et s'accroupit à ses côtés, toujours sans le regarder.

- Ça faisait un moment que je voulais venir, dit-elle d'une voix douce, mais je ne trouvais pas le temps ou… le courage… Tu ne m'en veux pas ?

Peter secoua la tête, seule chose dont il était capable, mais c'était inutile puisque les yeux de son ancienne amie n'étaient toujours pas posés sur lui.

- Remarque, deux ans, ce n'est pas si long que ça quand on y réfléchit… J'ai bien passé presque dix-huit ans loin d'ici…

L'homme déglutit péniblement mais garda ses yeux humides sur elle. Un vague sourire éclaira le visage de Tara et elle caressa doucement une bague qu'elle portait à la main droite.

- Nous allons nous marier, murmura-t-elle comme si elle s'adressait à elle-même. Ça fait tellement longtemps que j'attendais ce moment. C'est drôle, à une époque, le mariage n'était qu'une formalité pour moi, mais aujourd'hui… cela représente tellement. C'est bon d'être rentré, d'avoir retrouvé ceux que j'aimais.

Son sourire perdura encore un moment puis coula sur son visage alors qu'elle se décidait enfin à regarder le traître.

- Mais ce ne sera jamais comme ça aurait dû être, chuchota-t-elle. Pourquoi Peter ? Pourquoi as-tu ainsi détruit nos vies ?

Sa voix avait baissé de plusieurs octaves au fur et à mesure de ses paroles, mais elle était maintenant si proche de l'homme qu'il l'entendait néanmoins.

- Aujourd'hui je pleure les amis avec lesquels je n'ai pu avoir tous les souvenirs que je désirais, aujourd'hui je pleure les enfants que j'aurais dû porter, aujourd'hui je pleure les années qui ont entièrement été perdues… Tu n'as pas détruit nos vies, Peter, tu nous les as volées. Tu les as un jour enfermées dans un sac et tu les as cachées dans un endroit si sombre, si loin de tout que même toi tu n'aurais pu les retrouver. Tu as joué avec comme on s'essaie à un bilboquet, jusqu'à ce que la corde casse et qu'elles t'échappent, mais elles ne t'appartenaient pas Peter, elles ne t'ont jamais appartenu.

Tara avait maintenant resserré ses bras sur sa poitrine, comme pour se réchauffer ou s'installer plus confortablement et elle n'adressait au rat qu'un visage pensif.

- A une époque, j'aurai essayé de comprendre… A une époque, je t'aurai demandé ce qu'il s'était passé, je m'y serai intéressé…

Elle se rapprocha de Peter pour placer ses lèvres juste à l'entrée de son oreille et poursuivit dans un souffle à peine moins léger qu'une brise.

- Mais aujourd'hui, je m'en fous… aujourd'hui, tout le monde s'en fout. Tu es seul, Peter. Tu es seul à jamais car personne ne s'intéressera jamais à ton sort. Tu es vraiment un crétin, n'est-ce pas ? A cette époque, tu nous avais, mais tu nous as trahis… Tu n'es pas un homme, tu n'es pas un rat, pas même un traître, tu n'es rien, car dehors, où que tu chercheras, personne ne se souviendra jamais de toi. Tu n'existes plus, petite chose, plus que par toi-même. Maintenant, je vais me lever, je vais quitter ce cachot et je ne reviendrai jamais… personne ne viendra plus jamais… Tu es seul, tu n'es rien, tu n'es que l'indifférence personnifiée.

Elle se releva, toujours sans le regarder, puis avança jusqu'à la porte du cachot et l'ouvrit. Elle marqua là une pause, sentant le regard suppliant de la chose dans son dos, puis elle sortit et referma la porte sans se retourner.

Arrivée dehors, elle frissonna et se laissa glisser contre le panneau de bois, les bras enserrés autour de ses genoux, elle souffla dans leur creux pour se réchauffer et chasser le froid polaire qui l'envahissait.

Le geôlier la trouva ainsi et se précipita vers elle, posant sa main sur son épaule.

- Madame ? Vous ne vous sentez pas bien ?

- J'ai juste… un peu froid, sourit faiblement Tara.

Aussitôt, le garde défit sa cape et la déposa sur le dos de la femme en l'aidant à se relever. Il la soutint en lui frottant les bras jusqu'à arriver à quelques mètres de la sortie et elle lui adressa un sourire reconnaissant en lui rendant son vêtement.

- Merci beaucoup.

- Ce n'est rien, mais qui avez-vous été voir pour que ça vous mette dans un état pareil ? Il n'y a pas de nom pour le… la créature qui occupe cette cellule.

- Vous avez tout à fait raison, ce n'est pas qui, mais quoi que j'ai été voir, et ne vous inquiétez pas, s'il n'y a pas de nom dans le registre, c'est parce qu'on ne nomme que ce qui a de l'intérêt.

Elle lui adressa un dernier sourire puis passa les grilles de la prison pour découvrir Remus, attendant avec impatience de l'autre côté. Il arrêta de faire les cent pas en la voyant

- Je sais que tu ne voulais pas que je vienne mais… commença-t-il.

Elle ne lui laissa pas le temps de finir et posa délicatement un doigt sur les lèvres de son aimé, puis elle ramena ses mains sur son torse et blottit sa tête juste en dessous de son menton, se collant à lui.

D'abord un peu surpris, Remus finit par passer ses bras autour de Tara et la serra contre lui avec force et douceur. Jamais, même avant sa disparition, Tara ne s'était ainsi blottie contre lui lorsqu'elle était en parfaite condition mentale – ce n'était arrivé que juste après son retour d'Australie. La raison étant simplement que Tara avait assez de force pour être protégée autant qu'elle protégeait et Remus, à l'époque, s'était souvent senti inutile par rapport à cela. Sans avoir de conception machiste, il aurait aimé être celui qui protégeait Tara, tout simplement.

Même si le danger était passé, même si le plus dur avait aujourd'hui été affronté, le simple fait qu'elle se blottisse ainsi contre lui marquait une nouvelle ère. Jusqu'alors, rien n'avait jamais vraiment été cicatrisé, mais maintenant Tara acceptait la protection totale de Remus, maintenant elle était prête à juste se laisser faire avec lui, seulement avec lui.

- Alors ? murmura-t-il doucement en respirant la douce odeur de ses cheveux.

Elle redressa la tête et plongea ses yeux nuit dans son regard mordoré.

- Alors rien, répondit-elle. J'ai cru un instant qu'un souvenir m'avait effleuré mais ce n'était qu'une impression en fin de compte. Après tout, il n'y a rien ici…

- Non, c'est vrai, acquiesça Remus. Il n'y a rien qui puisse nous intéresser dans le coin.

- Et si nous allions nous occuper un peu des derniers préparatifs avant que Molly ne nous chamboule tout ? suggéra Tara en souriant.

- Rien que de l'avoir laissée une journée, je crains le résultat, rigola Remus.

Lui, entourant les épaules de son amour d'un bras, Tara lui tenant la main avec tendresse, le couple s'éloigna en riant et en badinant, Remus jouant les gentleman pour faire monter gracieusement la femme dans une des barques qui les ramènerait sur les autres côtes. Aucun des deux n'eut le réflexe de tourner une dernière fois son regard vers la bâtisse lugubre d'Azkaban.

Dans un cachot humide, une forme recroquevillée était parcourue d'étranges tremblements. On aurait pu croire que des larmes coulaient sur ce qui semblait être le visage de la chose, mais ce n'était sûrement que la condensation de l'humidité car, après tout, il était un fait avéré que les objets ne pleuraient pas.

FIN

Et voiloù ! Je crois que je l'ai surtout écrit comme exutoire vu qu'avec les Maraudeurs, j'essaie d'être pas trop méchante avec ce BIP de BIP de Peter. ;-)