Repère : Une quinzaine d'années après le retour de Séléné – à la fin du Miroir de Parenze.
Résumé : Le temps a passé et tous ont refait leur vie, mais cet OS est surtout un prétexte pour présenter la progéniture de tout ce beau monde Ça m'amusait de le faire et ça va vous permettre de mieux situer les personnages pour l'OS suivant.
Rqe : Qd on écrit, il faut s'attendre à voir sa vision des choses et ses idées évoluer, ce qui fait que le dernier 'bonus', à la fin de la 7ème année (la rencontre entre James et Korè, les enfants de Harry et Drago… séparément -.-) comporte qqs erreurs (qui à l'époque où je l'ai écris n'en étaient pas lol), vous verrez pourquoi en lisant cet OS.
Dédicaces : A tous mes lecteurs, petit et grands, reviewers ou non, cet OS vous est dédié ;-)
Merci à Angélique pour le vocabulaire tamoul
CE QUE LE TEMPS APPORTE DE MEILLEUR
Ainsi va la vie qui va
Molly Weasley rajouta un peu de sel dans sa sauce puis laissa mijoter en regardant l'horloge.
« Ils n'ont jamais été à l'heure », commenta une voix dans le salon.
Les sourcils froncés, la femme passa dans l'autre pièce, les poings sur les hanches, pour regarder sa fille tranquillement installée dans un fauteuil, un magazine de mode sur les genoux.
« Justement, ils pourraient l'être pour une fois. »
Un homme à la peau d'ébène entra à son tour, un sourire rayonnant aux lèvres, tenant dans ses bras une fillette d'à peine deux ans au teint noir de suie et aux cheveux roux vifs, le mélange était assez détonnant mais tout le monde s'accordait sur le fait que l'enfant était magnifique.
« Heu'eusement que vous n'avez pas de voisins moldus t'op p'oches Molly, pa'ce qu'ils 'isque'aient de se poser des questions avec not' coho'te. »
« Par Merlin ! Qu'ont-ils encore fait ? »
Elle se précipita dehors, suivie de près par Ginny qui récupéra sa fille des bras de son mari, lui effleurant les lèvres au passage.
« Tu aimes bien la voir en colère hein ? » demanda-t-elle avec malice.
« Je suis découve't, avoua l'homme avec un clin d'œil. Mais avoue que le spectacle vaut le coup, su'tout pou' un Moldu comme moi. »
Ginny rigola et l'embrassa de nouveau avant de sortir, laissant sa fille jouer avec ses longs cheveux.
A l'extérieur, assis autour d'une table, une quinzaine d'adultes discutaient gaiement de choses et d'autres sans réaliser le danger qui s'approchait à grand pas d'eux.
« Vous ne pourriez pas un peu calmer mes petits enfants ? » s'exclama Molly Weasley d'une voix tonitruante, faisant cesser toute discussion.
Ginny eut un petit rire en remarquant qu'effectivement, la "cohorte" était encore en pleine action. Il fallait dire que leur surnom leur allait bien car pas moins de quatorze enfants se jetaient les uns sur les autres, s'envoyaient des sorts et se poursuivaient dans le pré bordant Le Terrier.
Enchevêtrés les uns dans les autres, cinq d'entre eux riaient tellement qu'ils ne parvenaient même plus à se dégager. Joanne, Choron et Jelly Weasley étaient la fille et les fils de Fred Weasley et Angelina Jonhson alors que Nicola et Stéphane Weasley étaient ceux de George Weasley et Luna Lovegood.
Observant la scène, hilares, Emeline et Myriam Weasley, les filles de Ron Weasley et Hermione Granger ne se souciaient guère de leur frère Cédric qui devait faire appel à toute sa dextérité pour éviter les sortilèges de Faedar Maral, le fils de Jomo Maral et Ginny Weasley et frère de la petite Katherine.
Ne se préoccupant pas de tout ce tumulte, Holly Weasley, fille de Bill Weasley et Fleur Delacour, discutait tranquillement de mode avec Louise Black-Stuborn, fille incontestée de Sirius Black et Nora Stuborn, en faisant apparaître du bout de sa baguette divers modèles de vêtements.
Alors que Cédric Weasley perdait du terrain sur Faedar Maral, il reçut l'aide inestimable de James Potter, fils de Harry Potter et Séléné Lupin, qui laissa enfin tomber l'idée d'embarquer sa sœur Nari1 dans le tohu-bohu du pré, la laissant avec son jumeau Aldaran.
Le résultat de cette bonne ambiance était des explosions de rire et des sortilèges qui illuminaient le pré d'une lumière qu'on aurait pu qualifier de tout sauf de naturelle.
« Ils s'amusent », les justifia George en souriant innocemment à sa mère.
« C'est ce que je vois, répliqua férocement la femme. Tels parents, tels enfants ! »
Fred ouvrit la bouche pour faire remarquer qu'il était tout à fait d'accord et que cela se confirmait également d'elle à eux mais l'âge l'ayant un peu assagi, il préféra porter son verre à ses lèvres plutôt que risquer d'alimenter la colère de sa mère.
Celle-ci avait de toute façon déjà déporté son attention des adultes pour se diriger vers leurs enfants sous le regard amusé de Remus.
« Je vois que l'autorité n'a pas changé de main malgré la légère diminution du degré de parenté », rigola-t-il.
« Molly est la matriarche du clan Weasley », confirma Arthur en souriant largement.
« Si ce n'était que du clan Weasley, s'esclaffa Harry. Sirius et Nora vont se faire passer un savon lorsqu'ils vont arriver. »
« Et bien moi j'en connais un qui ne devrait plus tarder, qui est aussi en retard, et qui ne recevra pourtant aucune sanction », remarqua malicieusement Tara.
« La vie est injuste », soupira Ron alors que tout le monde rigolait.
Entre temps, Molly Weasley avait atteint la cohorte de ses petits monstres et sortait sa baguette.
« Accio baguettes ! »
Une à une, avec une rapidité surprenante, elle récupéra toutes les baguettes sauf celles d'Aldaran et de Nari, qui ne s'en étaient pas servis.
« Vous n'avez pas un peu fini de vous donner un spectacle ? »
« Grand-mère ! Je montrais juste quelques vêtements à Louise », s'exclama Holly.
« Pour ça, il y a des magazines, et il n'est pas besoin d'utiliser vos baguettes magiques, même si on vous a autorisé à en avoir. »
En effet, de tous les enfants présents, seulement quatre d'entre eux étaient déjà scolarisés à Poudlard : Holly en cinquième année, Louise en quatrième, Emeline en troisième et Joanne en seconde. James et Cédric allaient quant à eux entrer en première année et devraient être suivis l'an prochain de Nari, Aldaran et Choron, puis viendraient Faedar, Jelly, Nicola et Stéphane et finalement Myriam, qui était la plus jeune – si on exceptait Katherine, bien évidemment, vu que la petite n'avait que deux ans.
Malgré cela, tous les enfants à partir de neuf ans – c'est-à-dire tous sauf Myriam – possédaient déjà une baguette. C'était, selon Tara, ce qui arrivait lorsque des gamins passaient leur temps à jouer sur le chemin de Traverse entre la boutique de Farce et Attrapes et celle de baguettes magiques – ouverte de très mauvaise grâce à la cohorte par Ollivander sous l'influence de sa petite fille.
Pour le moment, la ribambelle n'en menait pas large devant le visage furieux de Mme Weasley mère, mais avant qu'elle ait pu poursuivre, Louise poussa un véritable cri de joie en s'élançant vers le sentier qui menait au Terrier, où venait d'apparaître un motard.
Celui-ci eut juste le temps de retirer son casque une fois arrivé que la jeune fille lui sautait au cou, faisant disparaître le visage du jeune homme sous sa cascade de cheveux noirs.
« Tu es en retard frérot ! » s'écria-t-elle en le regardant avec une fausse colère qui fonçait ses yeux bleu clair.
« Je ne suis jamais en retard, répondit le jeune homme avec un clin d'œil, j'arrive toujours quand je dois arriver. »
Il passa négligemment une main dans ses cheveux blonds cuivrés pour repousser une mèche qui lui tombait sur les yeux et attacha le casque à sa moto avant de faire un signe en direction des adultes qui s'étaient levés.
« Bonjour tout le… »
« ORIOOOOOOOOOOOOOOOOON ! »
Deux secondes plus tard, le frère de Louise avait disparu sous une masse non identifiée de bras, mains, pieds et jambes et quelques têtes par ci par là.
« Je crois que là, c'est Jelly », remarqua Fred en examinant attentivement une des jambes qui se balançait en tous sens.
« Non, c'est Choron », affirma Angelina.
Seules Louise, Holly, Nari et Emeline n'avaient pas pris part à la mêlée générale pour accueillir Orion Stuborn-Black et attendaient patiemment que le jeune homme se sorte de cette montagne de corps pour les embrasser, ce qu'il ne tarda d'ailleurs pas à faire, les autres ne réalisant pas immédiatement que l'objet de leur attention s'était éclipsé.
« Salut les filles ! On reconnaît ceux qui tiennent à votre vie et évitent de vous étouffer », remarqua-t-il en embrassant Holly puis Emeline.
« Qui aime bien châtie bien », déclara une voix étouffée venant du monticule vivant alors que les différents Weasley, Potter et Maral tentaient vainement de se dépêtrer les uns des autres.
« Ah ça mon cher, c'est le prix à payer pour avoir hérité le charme de ton père et la malice de ta mère », remarqua Remus en souriant alors que le fils de son meilleur ami ébouriffait les cheveux de Nari en lui adressant un clin d'œil.
« Que veux-tu Remus, la génétique a eu raison de moi. Molly ! Toujours aussi radieuse », remarqua le garçon en passant un bras autour des épaules de la femme.
« Regardez moi ça ! Ça n'a pas dix-huit ans et ça joue les grands séducteurs ! »
« Et au verdict ? » demanda le blond avec un sourire charmeur.
« Vainqueur, comme toujours », soupira la femme alors que les rires fusaient autour d'eux.
« Oh, mais je ne doute pas que ma bien aimée sœur fait autant honneur à nos parents à Poudlard, pas vrai Louise ? »
« Ne t'inquiète pas pour ça Orion, je me débrouille trèèèèès bien. »
« Vous pouvez pas savoir comme c'est désespérant de se trouver dans les parages lorsque Louise et Holly sont réunies », remarqua Emeline en levant les yeux au ciel.
« Ma fille prétendrait-elle ne pas être assez bien ? » s'insurgea Hermione.
« Jamais maman, j'ai hérité de ton caractère et du côté joueur des Weasley, personnellement, je n'ai rien à craindre de mes amies, la rassura-t-elle avec un clin d'œil. Mais face à une fille qui a du sang de Vélane et de Weasley et une autre qui en a de Black et de Stuborn, y'a des jalouses dans les couloirs. »
« Qu'est-ce que ce sera quand Nari entrera à son tour au collège ? soupira Orion. Ton côté mystérieux va les faire craquer. »
« S'il te plait Orion ! Evite de pervertir ma fille », s'amusa Harry.
« Mais dis-moi Don Juan, tu n'avais pas dit que tu amènerais une amie avec toi ? s'étonna Louise. Tu l'as cachée dans ta sacoche ? »
« Pas vraiment non, grimaça-t-il. Tout se passait bien jusqu'à ce que je lui parle de magie et qu'elle décide qu'un joli minois ne justifiait pas de rester avec un fou. »
« Tu devrais te trouver une sorcière, ce serait plus simple », remarqua sa sœur en lançant un regard amusé à Holly, qui rougit légèrement.
« Bah ! J'ai le temps ! En parlant de temps, il faudra que quelqu'un m'explique un jour comment fait mon père pour arriver toujours en retard alors que lui peut utiliser la magie. »
« C'est du fait de ton père ou de ta mère ? » se demanda Ron à voix haute.
Orion et Louise échangèrent un regard.
« Notre père ! » dirent-ils ensemble.
La venue au monde d'Orion avait sans doute été la plus grande surprise dans la vie de Sirius. D'abord parce qu'il ne s'était jamais imaginé dans le rôle de père et s'était soudain retrouvé avec un marmot à élever – comme il disait –, ce qu'il avait d'ailleurs très bien réussi avec Nora et doublement à la venue de Louise, ensuite parce qu'il s'avéra bientôt qu'Orion n'était pas un sorcier.
Pour le coup, tout le monde en était resté comme deux ronds de flan. Qui aurait après tout pu imaginer que le fils de Sirius Black serait un Cracmol – ou plutôt un Moldu comme le faisait aimablement remarquer Nora ?
A part Nora, Tara et Mme Weasley, tout le monde avait cru à un simple retard jusqu'à ce qu'ils n'aient pas d'autres choix que d'admettre la vérité. Cela n'avait cependant pas eu d'impact vraiment important et, une fois passée la première surprise, Sirius n'en avait pas moins aimé son fils pour cette raison. En fait, à partir du moment où il avait réalisé qu'effectivement son fils n'était pas un sorcier, il avait déclaré : « Le veinard va pouvoir faire un malheur aussi bien dans la gente féminine sorcière que moldue ! »
Citation demeurée célèbre parmi les proches et qui s'était révélée on ne peut plus exacte lorsque l'enfant avait grandi et était devenu le nouvel Adonis, Apollon, Endymion, Hélios et Sirius en passait et des meilleurs, des temps modernes.
Louise n'avait par ailleurs rien à envier à son frère puisqu'à son égard Sirius servait des termes aussi variés que déesse, nymphe, naïade, néréide et il en passait et des meilleures autant qu'à son frère. Ses cheveux noirs et ses yeux gris bleu très clairs faisaient tourner plus d'une tête à Poudlard. Ajouté à cela qu'elle avait hérité en quasi-totalité du caractère de ses deux parents – alors qu'Orion était plus proche de son père à ce niveau –, elle explosait les pronostics qu'avait pu faire Remus à son sujet. Emeline ne mentait pas : la gente masculine de Poudlard était en grand danger avec cette "beauté fatale", comme s'amusait à l'appeler son frère.
Il en était d'ailleurs de même pour Holly, qui n'avait peut-être plus les pouvoirs des Vélanes mais en avait conservé la beauté. Ses cheveux fins blond roux et ses yeux marine en avaient envoûté plus d'un sans qu'elle ait à se servir d'une quelconque magie.
Les fils et fille de Fred et George avaient hérité de leurs pères un sens commun de la farce qui faisait craindre le pire pour le corps enseignant de Poudlard lorsqu'ils se retrouveraient réunis au sein de l'école. Déjà que Joanne seule leur donnait du fil à retordre, les professeurs attendaient certainement dans le désespoir et la résignation que deux années passent avant l'arrivée de Choron, Jelly, Nicola et Stéphane. Les quatre garçons alliés à la jeune fille n'auraient de cesse d'être les dignes successeurs de leurs pères.
Le facteur "mère" n'était néanmoins pas négligeable. Ainsi, en plus d'être farceurs, Nicola et Stéphane, surtout ce dernier d'ailleurs, avaient hérité de l'air mystérieux et légèrement rêveur de Luna. Il était dur d'accuser ces têtes d'ange de quoi que ce soit et même Molly Weasley s'était faite avoir à plusieurs reprises. Pour la part de Joanne, Choron et Jelly, le mélange de la jolie noire et du clown roux avait donné un résultat détonnant. Ils avaient pour eux une vivacité et un état d'agitation qui auraient presque pu faire pâlir Tara du temps de sa jeunesse.
Cédric Weasley était la copie conforme de Ron, mais celui-ci se plaisait à dire qu'il était beaucoup moins emprunté que lui à son âge, sans doute du fait qu'il avait hérité de grande part du caractère de sa mère. Sa plus grande sœur, Emeline, semblait quant à elle avoir grandement été influencée par ses jumeaux d'oncles, au grand désespoir d'Hermione, même si elle devait reconnaître que ses résultats scolaires n'en souffraient aucunement. Elle portait ses cheveux bruns clairs très courts et son visage constellé de tâches de rousseur lui donnait une « frimousse à croquer », d'après son oncle Bill. Quant à Myriam, du haut de ses huit ans, elle n'était pas en reste. Aussi rousse que pouvait l'être une Weasley, elle savait se faire entendre, surtout lorsqu'on discutait Quidditch, et son habitude à comprendre les choses de travers faisait rire Harry, cette attitude lui rappelant grandement son meilleur ami.
Alors qu'Orion finissait de serrer les mains, un autre vrombissement retentit et tous eurent le réflexe de lever les yeux vers le ciel. Bien leur en prit car il n'eurent qu'une seconde pour faire un saut en arrière avant que l'énorme moto noire ne se pose à l'endroit même où ils se trouvaient l'instant d'avant.
« Toujours pas au point pour les atterrissages, commenta une voix féminine. Mais bon, puisque Sirius ne pouvait pas piloter…Comment va, tout le monde ? »
Un instant, personne ne répondit, tous bien trop occupés à observer le paquet mouvant qui se trouvait devant Nora, sur la selle, et qui laissait échapper des gémissements furieux.
Remus finit par s'approcher et s'accroupit du côté où dépassait une touffe de cheveux pour découvrir que le "paquet" n'était autre que son meilleur ami, ligoté et bâillonné, sûrement pas les bons soins de sa chère et tendre.
« Alors là, Nora, va falloir que tu me dises comment tu t'y es prise », commenta-t-il sans songer à venir en aide à Sirius.
« Même sans magie, les femmes ont plus d'un tour dans leur sac », commenta Nora en adressant un clin d'œil à Hermione qui était écroulée de rire, à l'instar des autres femmes d'ailleurs, alors que les hommes semblaient plus misérables qu'autre chose.
« Et tu te demandes encore pourquoi j'hésite à te présenter mes conquêtes, papa ? » gémit Orion en cachant son visage entre ses mains.
Sirius se mit à onduler plus fortement alors que le volume sonore de ses gémissements augmentait, ses yeux lançant des éclairs.
« Je crois qu'il réclame quelque chose », commenta Harry d'un air docte.
« Oui mais quoi ? » demanda Ron en entrant dans son jeu.
« Ah ça ! Sirius, exprime toi plus clairement je te prie. »
Le regard dangereux que lui lança son parrain le dissuada de poursuivre et il se tourna vers Mme Weasley.
« Et si nous passions à table ? » proposa-t-il innocemment.
« Très bonne idée ! acquiesça Molly Weasley. Allez donc finir de préparer la table pendant que j'amène les plats. »
Et tout ce beau monde s'éloigna en bavardant sans tenir compte des gémissements surpris puis indignés de Sirius qui cessèrent avec une plainte de douleur lorsqu'il tomba au bas de la moto.
Ils entamaient l'entrée lorsqu'un Sirius coléreux les rejoignit.
« Vraiment trop gentil de m'avoir aidé les gars ! »
« On ne voulait pas que tu en prennes un coup à ta fierté », expliqua Fred en avalant une bouchée de pomme de terre.
« Et puis tu as réussi à te libérer », remarqua Arthur Weasley en souriant.
Sirius se tourna vers Nora et pointa un doigt accusateur dans sa direction.
« Ça, ça va se payer. »
Un sourire en coin vint éclairer l'air malicieux de Nora.
« Oh, vraiment ? Et comment comptes-tu t'y prendre ? »
L'homme la regarda d'un air sadique et ouvrit la bouche mais Nora se leva et avança vers lui d'un pas langoureux, ce qui eut pour effet de le faire taire. Arrivée près de lui, elle lui adressa une petite moue moqueuse mais adorable.
« Vas-y mon amour, dis-moi comment tu comptes me punir ? » demanda-t-elle d'une voix beaucoup plus sensuelle qu'à l'ordinaire alors qu'elle se collait contre lui en plongeant des yeux innocent dans ses iris gris.
Sirius ouvrit et referma un moment la bouche comme un poisson hors de l'eau puis baissa les bras, désarmé.
« Je trouverai bien un moyen », grommela-t-il.
Nora éclata de rire avec les autres.
« Il n'y a que moi pour te faire ce chantage, lui rappela-t-elle. Vous les hommes, vous ne savez pas marchander quand il s'agit de descendre en dessous de la… »
« Nora ! Les enfants ! » s'exclama Mme Weasley.
Mais tout le monde – les enfants compris d'ailleurs – avait compris l'insinuation de Nora et les rires redoublèrent.
Les réunions se passaient toujours de la même manière, prétexte à s'amuser et à rire, emportant tout le monde dans cette ambiance familiale à laquelle certains s'étaient habitués peu à peu avec plaisir.
Alors que le repas reprenait avec cette fois ci la totalité des convives, Remus se tourna vers Holly Weasley.
« Au fait, quand est-ce que doivent rentrer tes parents ? »
« Dans trois jours, répondit la jeune fille. J'ai reçu une lettre hier et ils ont décidé de passer voir oncle Charlie. Il parait qu'il a une nouvelle petite amie. »
Molly Weasley émit un grognement réprobateur en songeant à son second fils, qui ne semblait vraiment pas décidé à se caser de si tôt.
« Bill et Fleur ont bien mérité un peu de vacances », acquiesça Ginny.
« Serais-tu en train d'insinuer que je suis une fille fatigante ? » demanda malicieusement Holly.
La fille unique de Bill et Fleur avait autant hérité la beauté que le caractère de sa mère, mais son côté Weasley savait cependant ressortir aux moments les plus inattendus, et son père lui avait appris le sens de la désinvolture. Ce trait de caractère surprenait d'autant plus qu'il surgissait le plus souvent de manière brusque, prenant de court les gens, et il n'y avait guère que son père, Louise et Faedar pour arriver à suivre cette particularité.
Il fallait dire aussi que Faedar tenait énormément de Ginny, et il était de notoriété publique que la jeune femme avait elle-même un caractère bien trempé. Son fils semblait juste un peu plus mature qu'elle sur la question puisqu'à neuf ans, il savait aussi bien se faire entendre que sa grand-mère maternel. Son teint de métis et ses cheveux noirs bouclés aux reflets roux révélaient les origines de son père, kenyan de naissance.
L'arrivée de Jomo Maral dans la vie de Ginny s'était faite comme un cheveu dans la soupe. Un jour qu'elle se trouvait au Terrier, il y avait onze ans de cela, Ginny avait ouvert la porte sur un inconnu à la peau d'ébène qui avait demandé si elle savait où il pouvait trouver Séléné Lupin. Sur le coup, la jeune fille était restée muette, à observer le sourire franc de ce jeune homme qu'elle ne connaissait pas, sa peau aussi noire que de la suie et ses yeux rieurs, oubliant pendant quelques secondes qu'elle sortait alors avec Samuel Osler, un guérisseur de Ste Mangouste.
Il s'avéra par la suite que Séléné avait rencontré Jomo lors du dernier des multiples voyages qu'elle avait effectués durant ses quatre ans d'absence. Un Moldu avec lequel elle avait sympathisé dans un bar de Nakuru suite à une rixe qui avait failli éclater et que l'homme avait calmée.
Jomo Maral aurait dû rester une semaine en Angleterre, il ne quitta le pays qu'au bout de trois ans, à l'occasion du voyage de noce qui célébrait son mariage avec Ginny Weasley et le ramenait dans son pays pour un temps. Par la suite, il avait trouvé un travail au Kenya et Ginny l'y avait donc suivi, utilisant les moyens sorciers pour rendre régulièrement visite à ses parents et exerçant ses talents au Quidditch dans l'équipe nationale kenyane, qui l'avait acceptée sans aucun souci aux vues de son talent.
Malgré qu'ils habitaient sur le continent africain, Ginny avait tenu à ce que ses enfants – tous deux nés sorciers – fassent leurs études à Poudlard, ce sur quoi son mari ne s'était guère opposé, étant assez conciliant de nature et réalisant bien à quel point son fils s'entendait avec ses cousins et amis.
Sirius, qui avait encore un peu de mal à digérer son arrivée humiliante, jetait des coups d'œil autour de la table et prit soudain un air triomphant en regardant Molly Weasley.
« Mais en fait, on n'est pas les seuls à être en retard ! » déclara-t-il d'un ton victorieux.
Mme Weasley le regarda avec étonnement et fit le tour de la table d'un regard sans comprendre de qui parlait Sirius. Harry, quant à lui, eut un sourire amusé.
« Tu parles de Séléné ? » demanda-t-il.
« C'est une g'ande tête en l'ai' mine de 'ien », plaisanta Jomo.
« Je parie qu'elle a oublié », dit James en levant les yeux au ciel, la bouche pleine, sous le regard désapprobateur de Mme Weasley, à laquelle il adressa un sourire d'excuse après avoir avalé.
Bien évidemment, James devait son nom à son grand-père décédé et le méritait d'ailleurs amplement. Il n'avait sans aucun doute pas la tête aussi enflée que le père de Harry à son âge mais était digne de l'ancien Maraudeur qu'il avait été. James avait un caractère très vif et espiègle et, surtout, il s'agissait d'un meneur.
Mais son physique avait brisé la chaîne des "sosies" de père en fils. Il avait juste gardé de son père ses cheveux noirs en bataille qui, étonnamment, possédaient des reflets acajou lui provenant sans nul doute possible de sa grand-mère maternel. Au niveau du visage, Remus, Sirius et Tara s'accordaient à dire qu'il avait les yeux de James, mais à part ça, sa physionomie tenait tout autant de son père que de sa mère.
Cela avait un peu surpris que Séléné ait d'autres enfants l'année suivant la naissance de James, qui plus est de faux jumeaux. A cet étonnement, Tara avait répondu que sa grand-mère avait elle-même eu deux autres sœurs, elles étaient nées triplettes, alors il n'était pas si surprenant que Séléné accouche de jumeaux.
Cette grossesse avait été source de complications. D'abord, Séléné avait ressenti au long de la gestation des douleurs inhabituelles et assez violentes, ensuite ils étaient arrivés prématurément de deux mois et, sans les méthodes magiques, Séléné serait morte d'une hémorragie lors de l'accouchement.
La sage-femme avait été extrêmement surprise en examinant les bébés de constater que malgré leur arrivée rapide, les deux étaient parfaitement à terme, comme s'ils avaient grandi plus vite qu'à l'ordinaire. Harry s'en était un peu inquiété, mais dés que Séléné avait pu tenir les deux enfants dans ses bras, elle avait eu un drôle de sourire et avait demandé à son mari de faire venir Remus et Tara.
Tout comme Séléné, Remus avait compris dés que Harry lui avait déposé la fille dans ses bras de quoi il retournait : Nari avait hérité du sang de loup-garou, et il était même plus développé que chez sa mère. Harry et Séléné avaient décidé de laisser Remus et Tara choisir les noms des enfants, et ça avait d'ailleurs plus été Tara que Remus qui s'en était chargée. Nari2 pour son sang et en honneur à ses origines indiennes et Aldaran pour Aldaran Akadi, car s'il n'avait pas acquis les pouvoirs d'empathie de sa mère, il était étrangement lié à sa sœur, preuve en était qu'il n'avait pas le sang du loup dans ses veines et avait pourtant grandi comme Nari.
Nari ne se transformait jamais totalement lors des pleines lunes, elle restait principalement humaine, autant sur un plan physique que mental, mais le loup se faisait plus présent et elle devenait extrêmement sauvage dans cette période, même si nullement dangereuse. De cette particularité, Nari en était fière et le revendiquait, mais à sa manière.
Elle ne parlait que très rarement aux gens, voir jamais, et ceux qui ne la connaissaient pas pouvait croire à un mutisme, voir l'assimiler à de l'autisme, mais l'enfant pouvait parler, elle le faisait juste quand c'était nécessaire à son idée. Les seules personnes auxquelles elle accordait de réels sourires et avec lesquelles elle pouvait entretenir une conversation étaient Aldaran et Remus. Elle appelait d'ailleurs Remus "grand-père", alors que ses frères l'appelaient par son prénom, comme Séléné ne l'avait jamais appelé "papa" en leur présence.
Aldaran, au contraire de sa sœur, était assez ouvert et rieur, et il veillait sur Nari autant qu'il le pouvait. Il s'était assigné depuis son plus jeune âge un rôle de protecteur dont personne ne pourrait le défaire un jour. Cette situation s'était développée lorsqu'Aldaran avait compris l'effet tranquillisant qu'il avait sur sa sœur. Sans sa présence les nuits de pleine lune, peut-être Nari pourrait-elle devenir dangereuse… Personne ne le savait, les jumeaux n'ayant jamais été séparés depuis leur naissance. D'accompagner sa sœur dans ses ballades nocturnes où elle courait beaucoup pour se défouler avait développé la musculature et l'endurance de l'enfant. A part Nari, personne ne pouvait le battre à la course ou le suivre dans les longues marches qu'il aimait faire.
Ainsi allaient les enfants des combattants et héros de la seconde guerre, dans un monde sans terreur et entourés de leurs parents.
Ces mêmes combattants avaient eu du mal à se remettre des conséquences de la guerre, surtout ceux qui avaient vécu la première et ceux qui avaient été au cœur de la seconde. Pourtant, ils riaient aujourd'hui comme si toute leur vie avait été merveilleuse, reconnaissants à la magie de ne pas les avoir séparés de manière brutale, car malgré les douleurs, malgré les peines, ils savaient être des privilégiés de la guerre, puisqu'ils s'en étaient tous sortis.
Ils étaient des rescapés, et Harry s'étonnait toujours qu'on l'ait surnommé le Survivant lorsqu'il songeait à Sirius, Remus, Tara, Dumbledore, McGonagall et tous les autres, tous ceux qui s'étaient retrouvés en plein cœur des deux guerres qui avaient eu lieu, avaient traversé des épreuves inimaginables et étaient pourtant encore là. Fiers et invincibles, c'était l'impression qu'ils donnaient, même Dumbledore, qui était pourtant mort l'an passé, de vieillesse. Il s'était assoupi dans son confortable fauteuil, à Poudlard, alors que l'année venait de finir et que les élèves étaient repartis, et ne s'était jamais réveillé. Directeur de l'école jusqu'au bout, avait-on commenté en s'autorisant un sourire.
Harry avait réfléchi à ces rescapés, et plus particulièrement aux trois premiers, il s'était demandé s'il aurait pu surmonter ce qu'ils avaient vécu et sourire comme ils le faisaient maintenant et il avait compris que non. Déjà qu'il avait du mal avec sa propre histoire, alors s'il avait en plus dû perdre Ron et Hermione, il ne se serait jamais relevé.
Alors qu'ils faisaient une pause dans le repas avant le dessert, Harry s'excusa en disant qu'il revenait vite et transplana loin du Terrier
Elle était là. Au bord d'une falaise abrupte surplombant la mer, semblant défier l'horizon. Harry se complut un moment dans la contemplation de la femme, sa veste blanche claquant dans son dos sous l'effet du vent, ses mèches courtes s'affolant et caressant par moment son visage alors que son regard restait fixe.
C'était ainsi qu'il la connaissait le mieux et ainsi qu'il l'avait le plus aimé : un roc imperturbable défiant les vents et les marées. Une déferlante aurait réussi à se frayer un chemin jusqu'au sommet de la falaise, elle n'en aurait pas bougé d'un pouce. Droite et fière, elle restait là, sûre d'elle, infaillible dans ses choix et pourtant si fragile dans ses sentiments.
Harry rejoignit difficilement sa femme, aucun sentier n'étant tracé pour mener en haut du à pic. Il inspira profondément pour reprendre son souffle puis alla se placer derrière elle pour enserrer sa taille de ses bras. Séléné ne frémit pas, elle n'eut aucune réaction sinon un léger sourire mais l'homme ne s'en formalisa pas.
« Où se pose ton regard aujourd'hui ? » demanda-t-il dans un murmure.
« Là où il ne porte pas3 », répondit-elle en laissant finalement sa tête reposer dans le creux de l'épaule de son mari.
« Tu as toujours voulu voir bien trop loin de ton bout de nez », plaisanta l'Auror.
« J'aime bien ce qui est près de lui en certaines circonstances », répondit malicieusement Séléné en levant son regard vers lui.
Elle déposa un petit baiser sur ses lèvres puis reporta son attention sur l'horizon.
« Tu ne veux pas venir ? » lui proposa Harry en restant immobile, après un moment de silence. « J'en connais qui seraient contents de ta présence, même parmi les mômes, un autre grand mystère qui t'entoure », soupira-t-il dramatiquement.
« Désolée, je n'ai pas vu le temps passer, avoua la femme. Bien sûr que je viens. »
Elle lui attrapa la main pour faire volte-face et l'entraîna en souriant mais Harry la retint.
« C'est toi qui ne veux plus y retourner ? » s'amusa Séléné.
Mais le regard grave de son mari lui fit prendre un air perplexe.
« Séléné, est-ce que tu vas partir ? »
Un long moment passa dans le ressac des vagues et le souffle du vent alors que la femme assimilait la question et y réfléchissait.
« Non, murmura-t-elle en le regardant droit dans les yeux. Je pense que je ne peux plus maintenant. J'ai voyagé pour fuir, à l'époque, et j'ai beaucoup trop voyagé, sûrement plus que nécessaire, alors non, je ne partirai pas, je ne partirai plus. »
« Dans ce cas, pourquoi… Pourquoi viens-tu tout le temps ici ? »
« Parce que j'espère voir passer au loin le bateau sur lequel je me trouvais il y a dix huit ans de cela, parce que j'espère me voir revenir sur ma décision, souffla-t-elle. Parce qu'ici, entre le ciel, la terre et l'océan, entre ce lieu et l'horizon, le temps n'existe plus… Parce que je ne sais pas t'aimer comme j'aurai dû t'aimer. »
Il n'y avait pas de larmes dans ses yeux, juste une constatation, et Harry se surprenait encore à comprendre les paroles de la femme qu'il aimait.
Il avait cru dans sa jeunesse aimer l'illusion qui lui restait de Séléné, mais à son retour, lorsqu'elle n'avait plus été qu'elle-même, Harry avait alors seulement réalisé pourquoi il n'avait jamais pu se défaire de son sentiment d'amour envers elle.
Il s'était leurré depuis le départ en croyant éprouver des sentiments pour une image qui n'était pas réelle. Sa colère de l'époque, sa haine, il la vouait entièrement et irrémédiablement à l'amour qu'il avait porté à la jeune fille qui avait rejoint Voldemort, à sa dignité, son imperturbabilité, ses mots acérés et son assurance calculatrice.
Harry le savait aujourd'hui, il l'avait appris au fil des années, jamais il n'aurait pu faire sa vie avec la jeune fille douce, attentionnée, aimante et joyeuse qu'elle avait interprétée par le passé.
Fou qu'il était, il l'aimait. Ces mots, il les avait dits sans vraiment y réfléchir ce jour-là, dans la plaine, mais ils représentaient pourtant la complète vérité. Séléné plaisantait sur le fait qu'il devait être un peu masochiste quelque part et Harry reconnaissait volontiers ses torts en rigolant.
C'était ainsi, il n'y pouvait rien, et maintenant, si on lui demandait, il pourrait dire avec assurance et expérience que, oui, effectivement, l'amour ne se commandait pas. Mais après tout, pourquoi le rejeter lorsqu'il était réciproque ? Pourquoi chercher le bonheur ailleurs quand il était près de soi ? Même si c'était douloureux parfois, même si c'était dur, pour l'un comme pour l'autre, c'était du bonheur, c'était de l'amour.
Ainsi allaient ceux qui avaient survécu en ce jour si radieux où les soucis pouvaient être oubliés.
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Dans un autre comté, en cette même journée, une fillette de onze ans à la fine chevelure blonde, assise en tailleur, examinait attentivement la baguette magique en bois d'acacia qu'elle venait d'acquérir. Ses mains glissaient sur le bois blanc sans aspérité avec grâce et révérence, elle essayait d'appréhender totalement sa baguette afin de pouvoir affirmer qu'elle la connaissait, elle se l'appropriait en son entier en la connaissant parfaitement.
« Alors Korè ? » Ta baguette te plait.
« C'est à elle que j'ai plu », répondit la fillette sans se retourner mais en se redressant d'un air digne, l'air fière.
« Qui pourrait te résister ? » reconnut une voix amusée alors qu'une robe frôlait le dos de l'enfant.
Korè se releva avec autant de grâce qu'un cygne et se retourna pour faire face à sa mère.
« Poudlard va avoir fort à faire avec toi », remarqua malicieusement la femme.
« Cela se passera très bien s'ils ne me cherchent pas », répondit Korè avec un rire à en faire rougir le ciel. « Je suppose que papa fait encore une de ses crises », ajouta-t-elle d'un air railleur.
« C'est qu'elle est intelligente cette petite », ricana sa mère. « Môssieur ton père nous fait son dragon enflammé », dit-elle en prenant un faux air hautain.
« Non, décidément, tu n'arriveras jamais à la cheville de papa ou à la mienne », commenta Korè en souriant.
« Et je considère ceci, chère fille, comme une bénédiction d'Asclépios », déclara la femme en s'inclinant aimablement. « Et si tu allais voir ton père pour le faire enrager un peu plus avant de lui donner une leçon de modestie ? » suggéra-t-elle.
« Tu veux que moi, je donne une leçon de modestie à papa ? » demanda Korè en haussant un sourcil incrédule.
« Disons que ta méthode est d'être encore plus vaniteuse que lui pour qu'il te dise de te calmer et qu'il réalise le coup du dresseur dressé », se contenta de répondre la mère avec un clin d'œil.
« Alors s'il ne s'agit que d'être moi-même ! Aucun souci », assura la fillette en se dirigeant vers le manoir devant lequel elles se trouvaient.
Sans marquer la moindre hésitation, elle franchit le hall, monta des escaliers, traversa un couloir puis poussa une porte menant à une grande bibliothèque au milieu de laquelle un homme aussi blond qu'elle se tenait debout, lui tournant le dos, ses doigts tenant un parchemin alors que l'autre poing serrait sa baguette à l'en briser si elle n'avait pas été solide.
Drago Malefoy n'en revenait pas de ce qui était écrit sur cette liste et avait dû la relire plusieurs fois avant de pousser un juron énervé qui avait fait pousser un soupir à sa femme avant qu'elle ne sorte sans même qu'il s'en rende compte.
Lorsque la guerre s'était finie, Drago s'était battu comme un fou pour garder la fortune de ses parents "décédés", ayant subi le baiser du Détraqueur. Il avait repris les affaires de son père et s'était montré parfaitement apte à les gérer sans utiliser de manières aussi viles que Lucius, et comme le ministère savait qu'il n'avait jamais rejoint les rangs de Voldemort, ils n'avaient aucune excuse pour s'en prendre à lui. Ainsi, après trois ans de combat acharné, Drago Malefoy était parvenu à redonner un certain honneur à son nom et continuait aujourd'hui.
Suite à cela, il s'était accordé quelques jours de vacances qu'il avait été passer en Grèce, lieu où il avait rencontré Hespéré Ladon, un sacré bout de femme qui ne se laissait pas marcher sur les pieds et avait un caractère aussi cynique qu'elle était belle. C'était elle qui, la première, avait eu des vues sur Drago et ne l'avait plus lâché, entraînant des disputes où seul Drago s'énervait, jusqu'à ce qu'il se dise qu'elle valait peut-être le coup et réponde à ses avances… pour se heurter à du refus. Son honneur de Sang-Pur en avait pris pour son grade, même si le coup était aussi infligé par une Sang-Pur. D'un côté, il était hors de question de lui courir après, d'un autre, il ne pouvait laisser l'affront impuni.
Des heures de discussions pour finalement arriver à ce mariage plus qu'improbable entre Drago Malefoy et Hespéré Ladon, aux caractères si opposés et pourtant si complémentaires qu'on les prétendait facilement prédestinés du côté de la famille d'Hespéré.
Il était donc revenu en Angleterre avec la jeune femme et ils avaient continué à vivre dans une paix relative compte tenu des idées arrêtées de Drago et de l'idéal de bonté d'Hespéré, jusqu'à l'arrivée de Korè, parfait mélange de ses deux parents.
Malgré toutes les démarches administratives pour ses finances, ses affaires, son mariage, sa femme et sa fille, Drago Malefoy n'avait mis que très peu les pieds au ministère, déléguant la tâche lorsque cela était possible. En fait, Drago Malefoy, depuis une vingtaine d'année, évitait par tous les moyens de se retrouver en contact avec Potter ou les Weasley et y était parfaitement arrivé, alors pourquoi fallait-il cela ?
Peut-être aurait-il dû accepter que Korè aille au collège Magophos, en Grèce, mais maintenant qu'il avait insisté auprès de sa femme pour qu'elle intègre Poudlard, il ne pouvait plus faire marche arrière, surtout que l'inscription était déjà validée. Mais pourquoi cela devait-il lui arriver ?
« Alors papa ? Il paraît que ça ne va pas fort ? »
Drago fit volte face en fronçant les sourcils pour tomber sur sa magnifique fille. Il avait eu beaucoup de mal à s'habituer à l'appellation de "papa". Tout comme son père, il avait voulu lui inculquer les règles de bienséances des familles aristocratiques, mais Hespéré avait été derrière pour tout gâcher, évidemment… enfin, tout, il exagérait, sa fille était tout à fait digne de lui malgré tout, sauf lorsqu'elle se montrait aussi insolente qu'en cet instant, évidemment.
« Je ne vois pas en quoi cela te regarde », répliqua-t-il froidement.
« Ah ! Maman avait raison, le dragon est sorti de sa tanière », remarqua calmement sa fille.
« Korè ! la prévint son père. Je ne t'autorise pas à me parler sur ce ton ! »
« Ça tombe bien, moi non plus », répliqua la fille en s'avançant pour se planter devant son père, le défiant du regard.
Ils restèrent ainsi un moment, les yeux furieux du père croisant ceux calmes et narquois de sa fille.
« Tu crois pouvoir le prendre ainsi ? » demanda Drago d'une voix dangereusement basse.
Il leva soudain sa baguette et envoya un sort sur Korè, qui l'évita de justesse et, après un instant d'hésitation, leva la sienne à son tour. C'était au tour du père d'avoir l'air moqueur et mauvais alors qu'il annulait avec une facilité déconcertante le sort de sa fille.
« C'est comme ça que tu comptes faire des étincelles à Poudlard ? »
Il leva de nouveau sa baguette et lança cette fois ci le sort si vite que Korè le reçut en pleine poitrine et s'écroula au sol. Le corps parcouru de convulsions, face contre terre, un poing dans sa bouche et des larmes coulant de ses yeux, Drago regarda avec satisfaction sa fille, heureux de lui avoir donné une bonne leçon.
Il s'agenouilla près d'elle et approcha sa bouche de son oreille alors que les spasmes ne s'arrêtaient pas.
« Alors ? As-tu quelque chose à dire ? » demanda-t-il avec un calme déconcertant.
Korè roula sur le dos et retira le poing qu'elle mordait pour laisser échapper son fou rire convulsif.
« D'accord ! D'accord ! Tu es le… Hahaha ! le meilleur… Hihihi ! Arrête ça ! »
« Brave petite », sourit Drago en lui tapotant sur la tête avant de lever le sortilège de chatouillis que subissait sa fille.
Sans se relever, elle reprit peu à peu sa respiration puis tourna un visage réprobateur et boudeur vers son père.
« C'est pas du jeu, ça », l'accusa-t-elle.
« Quand il n'y a pas de règles, tous les coups sont permis », lui fit remarquer son père en lui adressant un clin d'œil malicieux avant de l'aider à se relever en la décoiffant intentionnellement.
« Hé ! Je vais devoir refaire ma coiffure ! s'indigna Korè. Ça, c'est vraiment pas sympa ! »
« Manquerait plus que je le sois », répondit Drago en roulant des yeux.
« Ah oui, c'est vrai, j'allais oublier : mon père est un parfait Serpentard. »
« Tu l'es tout autant », répliqua son père.
« Sauf que les maisons n'ont plus de valeurs de nos jours », lui fit judicieusement remarquer la jeune blonde.
L'évocation de Poudlard rembrunit son père.
« Oooh ! Alors c'est ça ? comprit Korè. Et quel est le problème avec Poudlard ? »
« Rien de bien grave, plutôt une contrariété… Et si nous allions nous promener, qu'en penses-tu ? »
« Je vais me changer et me recoiffer – elle lui adressa un regard noir – et nous sommes partis. Maman est dans le jardin, on la prendra au passage. »
Elle se retira et Drago resta un moment bloqué sur la porte par laquelle elle était sortie. Après tout ce temps, il se surprenait encore de savoir être aussi naturel avec sa fille, aussi complice alors que lui-même n'avait toujours reçu qu'une éducation stricte. Il était parfaitement conscient de devoir cela à sa femme. Hespéré avait bousculé toutes ses idées et sa façon de voir la vie et s'il n'était pas près d'adhérer à la fraternité entre sorciers et Moldus, ni de changer d'avis sur les Sang-de-Bourbe, il avait appris à prendre la vie dans ses joies les plus simples, découvrant qu'elles étaient bien plus précieuses que toutes les richesses qu'il avait pu amasser.
Son regard se posa une nouvelle fois sur le parchemin froissé qu'il avait laissé tomber et poussa un soupir de lassitude en le récupérant pour le lisser et le reposer sur la table, l'observant une dernière fois.
« Je me demande s'ils n'auraient pas mieux fait de ne pas envoyer du tout la liste des professeurs », grommela-t-il en sortant de la pièce pour aller chercher sa cape.
En voyant arriver son mari et sa fille discutant tranquillement, le sourire aux lèvres, Hespéré Malefoy secoua la tête avec amusement. Ces deux-là, on ne les changerait jamais.
« Tiens ! Voilà ma chère femme qui a fui les lieux à risque », lança Drago en la voyant.
« Ce que j'ai bien fait si j'en juge par ton calme actuel. »
« Il faudra un jour qu'on m'explique pourquoi les femmes ont souvent raison », soupira Drago.
« Toujours, mon chéri, toujours raison », le corrigea Hespéré.
« Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit », répliqua Drago avec hauteur.
Hespéré rigola et passa un bras autour des hanches de son mari alors qu'il passait le sien sur ses épaules et l'autre sur celles de sa fille.
Cela aussi, Drago Malefoy avait dû s'y habituer. Toutes ces marques d'affection l'avaient longtemps dégoûtées mais Hespéré avait su faire tomber le masque de froideur de son mari avec le bon mot, le geste juste et surtout, dirait-elle, les baisers tendres.
Oui, aussi étrange que cela puisse paraître, Drago Malefoy goûtait depuis plusieurs années à un bonheur qu'il n'avait même jamais imaginé, alors tous les petits problèmes pouvaient bien se faire attendre, ils ne gâcheraient pas cette agréable promenade.
Drago était bien décidé à cela : Séléné Lupin ne lui gâcherait pas sa journée, professeur de potion à Poudlard ou pas.
Ainsi allaient les jours au manoir Malefoy, dans une ambiance familiale qu'on n'aurait jamais cru un jour pouvoir associer à ce nom.
Ainsi allait la vie en cet été 2016, par une chaude journée comme on en rencontre tant d'autres en cette saison.
Ainsi allait la vie des descendants des rescapés.
Fin…
Pas à suivre, mais la vie suit son cours ;-)
Rqe : Le couple George/Luna peut, je suppose, surprendre, mais je les vois bien ensemble. J'ai tjs eu l'impression que George était plus calme que Fred, Fred semblant plus mener que lui pour ce qui est des farces et du reste (mais peut-être n'est-ce vraiment qu'une impression). Quant à Luna, c'est la folie douce, d'une certaine manière. Alors je trouvais qu'ils faisaient un joli couple
Les prénoms (ça intéresse qq'un ? o.O)
Harry et Séléné Potter :
James : pour James… (nan sans déc !)
Aldaran : pour Aldaran Akadi, vous vous souvenez ? C'est le sorcier qui avait développé son pouvoir d'empathie au maximum.
Nari ("r" roulé) : "loup" en tamoul. ("coute nari"pour louveteau "e" en "eu") (Je jure que l'amalgame qu'on peut faire entre 'Nari Potter' et 'Harry Potter' n'est pas volontaire, c'est le vocabulaire tamoul qui veut ça !)
Bill et Fleur Weasley :
Holly : Contraction de Olympe et Molly
Ginny et Jomo Maral :
Faedar : parce queeeeeee ! (en vérité, je me souviens même plus d'où ça vient O.o ça doit être un truc que j'ai inventé…)
Katherine : amie de Virginia Woolf (rapport avec Ginny)
Jomo Maral : Jomo Kenyatta était un politique kenyan (président de 64 à 78), et 'Maralal' est une ville du Kenya, j'ai juste raccourci.
Sirius Black et Nora Stuborn:
Orion (Stuborn-Black) : devinez pourquoi ! (c'est Nora qui a choisi pour embêter Sirius P mais en fait, c'est un nom qui convient à Sirius, puisqu'il s'agit de celui d'une constellation (comme sa cousine Andromeda) et non d'une étoile (ce qui représenterait alors le souvenir de sa famille))
Louise (Black-Stuborn) : pour Louise Labé (poète féministe, grande femme de son époque)
Fred et Angelina Weasley :
Joanne : comédienne qui interpréta le rôle d'Angelina, de Rossini (mais aussi pour Joanne K. Rowling )
Choron : « docteur Choron » est George Bernier, collaborateur de Fred (dessinateur et scénariste BD)
Jelly : jazzman (à l'instar de Johnson)
George et Luna Weasley :
Nicola et Stéphane : frères du groupe Indochine (rapport à « j'ai demandé à la lune »)
Ron et Hermione Weasley :
Cédric : en l'honneur de Diggory
Emeline : en l'honneur de Vance
Myriam : paske j'aime bien le prénom P
Hespéré Ladon et Drago Malefoy :
Korè : personnification du printemps. Korè est Perséphone, jeune fille qui devint l'épouse d'Harés, dieu des enfers. Dans la mythologie, sur une année, elle reste six mois aux enfers aux côtés de son mari sous le nom de Korè et revient à la surface les derniers six mois pour retrouver sa mère Déméter, ce qui amène le printemps. Si j'ai gardé Korè et non Perséphone, c'est d'abord parce que Perséphone, c'est un nom qui ne me plaisait pas (lol) et ensuite parce que, même si je souhaitais lui donner le rôle d'un "renouveau", on peut dire qu'elle est issue des enfers (symboliquement la famille Malfoy).
Hespéré Ladon : Hespéré est une des hespérides (et aussi pour espoir), Ladon étant le nom du dragon (Drago) qui les aide à garder le jardin aux pommes d'or (en d'autres termes : quel nom serait le plus adapté, je vous le demande !)
1 il faut rouler le "r"
2 "Nari" signifie "loup" en tamoul
3 clin d'œil à la magnifique BD « Où le regard ne porte pas », de Abolin et Pont
