Un grand merci à Genevieve Black, à Patmol 666 – moi aussi c'est une de mes préférées, et je sais pas si t'as lu mon disclaimer, il y aura une chanson d'Indo à chaque début de chapitre – et à Flochi – j'espère que ce chapitre t'aidera à comprendre.
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2. Le continent de l'enfance.
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Un jour quand je serais grand
Un jour quand j'aurais dix-huit ans
Je sortirais par la fenêtre
Et je partirais très longtemps
Dans le noir
Un royaume près de la mer
Tout faire avant que tout s'éteigne
Prier les fées, te faire venir
Grandir
Dans le noir
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Rose song
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2 Mai 1990.
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Rémus était assis dans le petit bureau de toutes les couleurs, attendant patiemment que la conseillère d'éducation Linda Wind puisse s'occuper de lui. La petite horloge murale indiquait neuf heures moins cinq.
Dehors, dans la cour de récréation, les enfants savouraient leurs dernières minutes de liberté, heureux et insouciants fêtant le soleil matinal de leurs cris et de leurs rires vivant de toutes leurs forces leur bonheur éphémère. Les grands marronniers les surveillaient, indulgents, comme ils avaient veillé leurs parents avant eux, respirant au rythme des secrets que les voix enfantines emportaient comme le vent.
On y croirait presque, songea Rémus. Le son d'une cloche résonna dans l'air du matin, tel un glas coup de tonnerre au paradis. Les enfants s'éparpillèrent comme une bande de moineaux effarouchés, sous les cris pressants des professeurs. Quelques uns tentaient de s'attarder une ultime seconde au soleil, et la voix du professeur montait d'un octave, alors ils se hâtaient de gagner leur classe.
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L'horloge murale indiquait neuf heures six quand Linda Wind passa la porte avec un sourire d'excuse.
" Je suis vraiment désolée, mais la mère du petit Peter Whitman m'a retenue. ", elle eut un soupir exaspéré, " C'est à peine croyable l'enfant a tout juste sept ans et elle angoisse déjà à propos de l'université. Il y des parents, je vous jure… "
Rémus ne sut que répondre.
" Pardonnez-moi, je ne devrais pas vous ennuyer avec ça, ce n'est pas votre problème.
Pas encore. "
Il sourit.
" Le proviseur nous rejoindra dans quelques minutes. ", ajouta t-elle en prenant un ton beaucoup plus professionnel, " En attendant, nous pouvons remplir vos formulaires d'embauche. "
Elle fourragea un moment dans le premier tiroir du bureau et en sortit une série de feuillets administratifs. Elle les parcourut rapidement du regard.
" Parfait, ce ne sera pas long.
Nom ? "
" Brian Kyles. "
Elle inscrivit sa réponse.
" Adresse ? "
" 16, Elmwood road. "
" Ici, à Little Whining ? "
Il acquiesça, et l'interrogatoire continua. Date et lieu de naissance, situation de famille, études, dernier emploi…
Le directeur entra à son tour dans la pièce au moment où Linda Wind inscrivait les derniers renseignements. C'était un petit homme carré, aux bras musculeux et aux cheveux grisonnants. Il avait l'air d'un de ces types qui appellent les élèves par leur nom de famille, qui offre l'apéro à ses collègues à la fin de l'année scolaire et qui a, accrochée dans son bureau, une affiche du style " Mieux vaut se taire et passer pour un con que l'ouvrir et prouver qu'on en est un. ", persuadé qu'il s'agit du summum de l'humour. Il détailla Rémus de la tête aux pieds avant de se décider à sourire.
" Chyles Artwood. ", se présenta t-il en lui tendant la main.
Chyles ? Rémus serra la main tendue en réprimant un sourire.
" Brian Kyles. "
" Bienvenue à bord, monsieur Kyles. Je vous avoue que j'ai été ravi de recevoir votre candidature, si tard dans l'année scolaire je craignait bien de ne trouver personne pour remplacer Mme Young, et Mlle Linsey refusait catégoriquement de travailler à temps plein. "
Rémus hocha la tête en signe de compréhension.
" Je vais vous informer du règlement intérieur et des habitudes de cette école. Il n'y a rien d'extraordinaire, mais il vaut mieux que vous soyez au courant dès maintenant. "
Et Rémus écouta sagement le proviseur énoncer les règles qui dirigeaient l'endroit pas de bagarres, pas de retard, pas de chahut… Il avait l'impression d'avoir dix ans de nouveau. Il se demanda soudainement quelle tête ferait ce directeur bien-pensant s'il apprenait que sa nouvelle recrue était un loup-garou.
Derrière la voix monocorde du proviseur, il entendit un léger bruit. Des pas, à peine perceptibles. Visiblement, l'intrus faisait son possible pour passer inaperçu. Rémus jeta un discret coup d'œil derrière l'épaule de Chyles Artwood et distingua une petite silhouette qui longeait le mur opposé, silencieuse comme un ombre sûrement un enfant en retard.
" Vous avez des questions, Mr Kyles ? "
Rémus reporta son attention sur le proviseur.
" Non ", répondit-il, " tout va bien. "
A ce moment-là, un bruit de chute retentit dans le couloir. Le jeune retardataire avait apparemment fait tomber le porte-manteau. Maladresse fatale ! Artwood se leva d'un bon et se précipita dans le couloir. L'enfant ne fut pas assez rapide.
" POTTER ! ", rugit Artwood, sur un ton arrêtez ou je tire !
Rémus sursauta. Harry ?
" Inutile de courir, Potter, je sais que c'est vous ! Venez ici ! Et TOUT DE SUITE ! "
Harry hésita trop longtemps à son goût. Rémus entendit le proviseur parcourir au pas de course les quelques mètres qui le séparaient du garçon, puis un cri de protestation.
" Cette fois je vous tiens ! "
Artwood regagna le bureau, traînant derrière lui un petit garçon aux cheveux noirs par le col de son tee-shirt trop grand.
" Toutes les semaines c'est pareil, Potter, TOUTES LES SEMAINES ! "
Harry rentra la tête dans les épaules.
" Donnez-moi une seule bonne raison de ne pas vous renvoyez chez vous sur le champ ! "
" Ca ne fait que dix minutes… ", risqua l'enfant d'une voix timide.
" QUE DIX MINUTES ? NON MAIS VOUS CROYEZ OU ? C'est une école, ici, Potter, et dans une école, ON EST A L'HEURE ! "
" Mr Artwood ? ", intervint la conseillère, " On pourrait peut-être le laisser s'expliquer. "
" Pour quoi faire ? Ils sont tous très doués pour inventer des excuses. Allons-y, Potter, qu'est-ce que vous aller nous sortir cette fois ? "
Harry se tortilla sur son siège.
" La… La voiture… Elle n'a pas démarré. Ma tante a essayer, mais… Elle n'y connaît rien… Aux voitures, vous savez… "
" Ben voyons, une panne de voiture, voilà qui est original ! EST CE QUE VOUS VOUS FICHEZ DE MOI ? Dursley était là à l'heure ce matin, je ne sais pas où vous êtes encore aller traîner, mon garçon, mais je suis sûr que la voiture de votre tante est en parfait état ! "
" Mais non… C'est que Dudley a passé la nuit chez Piers, Piers Polkiss. C'est la mère de Piers qui les a emmenés. "
" Vous croyez vraiment que je vais avaler ça, Potter ? Ne me racontez pas de salades ! J'en ai vu d'autre, des petits voyous dans votre genre, je sais reconnaître un mensonge quand j'en entends un ! "
Harry ne répondit pas. Sa main se crispa sur le tissus épais de son vieux pantalon.
Artwood se pencha par dessus le bureau, prenant la conseillère à témoin.
" Et si j'appelais votre oncle, pour discuter de tout ça, qu'en pensez-vous, mon garçon ? Des retards, des histoires à dormir debout, ça devrait l'intéresser, vous ne croyez pas ? ", fit-il d'un ton un peu trop suave.
Harry blêmit.
" Vous… Vous n'allez pas faire ça… "
" Ha, ha, on fait moins le malin, tout d'un coup ! "
Le garçon semblait terrifié. Rémus hésitait à intervenir ce n'était sûrement pas conseillé de contredire son patron lors du premier jour de travail.
" Mlle Wind, pourriez-vous me sortir son dossier, s'il vous plaît ? "
La conseillère secoua la tête.
" Je crois qu'il a comprit, Mr Artwood, je vais m'en occuper.
" Oh, mais vous êtes bien trop indulgente, Mlle Wind ! Vous les laissez toujours s'en tirer à bon compte. "
" Harry sera puni. ", répondit-elle calmement, " Mais c'est à moi de m'en occuper. Je vais le reconduire à sa classe et j'en profiterais pour présenter Mr Kyles à ses nouveaux élèves. "
" Mais… Je peux le faire et puis, Mr Kyles ne connaît même pas ses horaires… "
" Je le mettrais au courant en chemin, ne me remerciez pas, Mr Artwood, je ne fais que mon travail. "
Ca n'était certainement pas les intentions du proviseur. Il les regarda partir avec la tête de quelqu'un qui réalise qu'il vient de se faire avoir en beauté.
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" Parfait, c'est là. ", dit la conseillère en indiquant la porte verte au fond du couloir.
Elle les arrêta et se pencha vers Harry.
" Et si nous parlions un peu de ton cas, mon bonhomme ? "
Le garçon fit une drôle de tête au ton qu'elle avait employé, mais il ne dit rien.
Rémus étudia l'enfant à la dérobée ; pas très grand et plutôt maigre, des cheveux un peu trop long, mal coiffés, dont les mèches sombres venaient retomber sur de grands yeux verts brillants. Les yeux de sa mère. Le tee-shirt, trop grand, lui descendait jusqu'à mi-cuisses et laissait voir son cou blanc et frêle. Son jean état informe et déchiré, et son cartable n'était pas en meilleur état.
Des petits voyous dans votre genre, avait dit Artwood.
" D'abord, ", commença Linda Wind, " sache que je ne suis pas intervenue parce que je pense qu'il n'y a aucun reproche à te faire, mais parce que je suis persuadée que ce genre de choses doivent se régler entre les élèves et le corps enseignant. Tu comprends ? "
Harry acquiesça mais, à voir sa tête, on pouvait dire qu'il s'en moquait complètement. Ce qui l'intéressait c'était de s'en tirer à bon compte, et peu lui importaient les motifs pédagogiques derrière la décision.
" Nous sommes d'accord. Je ne mêlerais pas tes parents à cette histoire. "
" Ce ne sont pas mes parents. ", coupa Harry d'une voix claire.
" Pardon ? "
" Ce ne sont pas mes parents, juste… Mon oncle et ma tante. "
Rémus sentit son estomac faire un saut périlleux. La conseillère eut un haussement d'épaule.
" Oh, très bien. Ecoute, tu me retrouveras ce soir dans mon bureau après la classe, je te donnerais ta punition. "
Il acquiesça encore.
" En espérant que ça te serve de leçon. ", ajouta t-elle.
Mais, au ton de sa voix, Rémus aurait pu dire que c'était seulement pour la forme.
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Classe de CM1, annonçait la petite plaque sur la porte verte. La conseillère poussa le battant la première. Harry se glissa dans la classe aussi discrètement qu'il le put, l'institutrice lui jeta un regard courroucé mais ne fit aucun commentaire.
La conseillère se tourna vers Rémus.
" Mr Kyles, Je vous présente Emily Linsey, qui partagera la classe de CM1 avec vous. Emily, voici Mr Kyles, qui remplacera Mme Young jusqu'à la fin de l'année scolaire. "
Emily Linsey serra la main de Rémus avec un air soulagé.
" Je suis contente qu'ils aient enfin trouvé quelqu'un, il m'était difficile de m'occuper de la classe à temps plein. "
Rémus se contenta de sourire à la jeune femme.
La conseillère se tourna vers les élèves, qui observaient la scène d'un air curieux. Harry avait pris place au second rang, à côté d'un garçon aux cheveux blonds.
" Mes enfants, voici Mr Kyles, il sera votre instituteur jusqu'à la fin de l'année. "
Rémus sentait les regards des enfants peser sur lui, le détaillant de la tête aux pieds, cherchant à évaluer le nouveau prof.
Il leur sourit. Quelques uns sourirent en retour, par politesse. Les autres se contentèrent de le jauger du regard. Emily Linsey se tourna vers lui, un peu mal à l'aise.
" Vous rester, Mr Kyles ? Parce que, normalement, j'avais la classe tout la matinée… "
Rémus jeta un regard à la conseillère, qui haussa les épaules.
" Je crois que je reviendrais cet après-midi, alors. ", répondit Rémus d'une voix hésitante, " En attendant, je peux peut-être… Je ne sais pas… Voir leurs dossiers ? Pour me familiariser un peu… "
Emily lui sourit.
" Un peu nerveux, non ? Ne vous inquiétez pas, tout se passera bien. "
Il acquiesça, peu convaincu.
Si vous saviez…
" Je vous remettrais les dossiers. ", ajouta la conseillère.
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Le journal noir, première page.
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Tout est si paisible…
Les hommes ont toujours cette manie, absurde et stérile, d'enfermer leurs ordures pourrissantes dans des coffres dorés.
Leurs âmes dénuées de matière ne savent appréhender la fin, si proche soit elle. Ils ne voient pas les failles, ils s'obstinent à masquer leur propre laideur avec un entêtement qui défie toute intelligence. Peu leur importe si les bas-fonds vomissent leur haine derrière leurs épaules.
Leurs enfants se tordront de douleur avant qu'ils n'aient pu les regarder.
Je sais ce qui se trame ici, je sais qui l'a envoyé.
Je sais aussi que je n'interviendrais pas. Pas pour eux. Les hommes n'en valent pas la peine.
Je regarderais.
Tout commence maintenant.
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1er janvier 1999.
" Monsieur ? Je peux entrer ? "
Le professeur Dumbledore releva la tête du morceau de parchemin qu'il fixait sans le voir. Un bref sourire atteignit son regard épuisé.
" Séverus ! Mais bien sûr. "
Etrangement mal à l'aise, Rogue se glissa dans le bureau. Fumseck le phénix salua son entrée d'une faible trille.
" Cette fois, je crois que c'est la fin. ", murmura Dumbledore.
Rogue sentit son sang se glacer.
" Je vous demande par… "
Il réalisa que Dumbledore regardait Fumseck.
" Il est au plus mal depuis que le Destin a frappé notre jeune ami. "
" Et vous croyez que… "
" Oui Séverus, je le crois, hélas. Plus de renaissance pour Fumseck, ces cendres-là seront les dernières. "
Le regard bleu rencontra le sien.
" A moins que le vent ne tourne… "
Rogue détourna les yeux. Il ne voulait pas croiser ce regard, il ne voulait pas lire dans les yeux du vieux professeur ce qu'il ne leur disait pas.
Notre dernière chance…
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