Watterlily et Dragonfly : Contente de vous "revoir" !!! J'espère que vous avez quand même aimé ce cauchemar, moi, en tous cas, j'ai adoré l'écrire ! J'espère que votre ordi va vite guérir (un ordi refuse de laisser des reviews ? Non mais pour qui il se prend ?) En tous cas ça fait plaisir de savoir que vous me lisez toujours. Bisous.
Lunenoire : La ligue de parchemin ? Le début d'un de mes cycles préférés. Je n'ai pourtant pas pensé à cette histoire en écrivant cette fic, mais j'ai tellement relu ces livres que je dois m'en inspirer sans m'en rendre compte.
Cixy : hum… Deviner tes questions ? Peut-être bien, mais y répondre ? Ce serait dommage, tu n'aurais même plus besoin de venir lire la suite ! En tout cas merci pour tes reviews, elles me vont droit au cœur. Gros bisous.
Miss nymphadora : Merci beaucoup, voilà la suite !
Onarluca : Merci beaucoup !
Merci également à Ryatt, Ielena, Leila et Lyly pour leurs enncouragements.
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8. Mises en abîme.
1ère partie
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Mais ne pleure pas
Ce matin est atteint
Et ton parfum
Est clandestin dans ma main
Et emmène-moi faire un tour
Avec toi tous les jours
Et elle m'a pris à son bord
Pour toutes les nuits et encore
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La machine à rattraper le temps
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21 mai 1990.
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"Dan, il faut que je te parles d'un truc."
Attendant la réaction de son ami, Harry plongea la main dans le paquet de cookies, entre eux deux.
"Un truc où on risque de se faire taper dessus ?" s'inquiéta Danny en fronçant les sourcils.
La marque sur sa joue, conséquence de la bagarre de la semaine précédente, ne s'était pas encore estompée. Le bleu était passé par toutes les couleurs au cours des trois derniers jours, et était à présent d'une étrange teinte à mi-chemin entre le marron et le violet.
"Non." assura Harry.
"C'est Sarah ?"
"Non," répéta Harry "Sarah, je l'ai trouvée."
Danny releva vivement la tête.
"Tu aurais pu me le dire !" s'indigna t'il.
Harry lui lança un regard étonné.
"Pourquoi ? Je croyais que les filles ça ne t'intéressait pas !"
Les pommettes de Danny virèrent au rouge.
"C'est vrai, c'est juste… Je voulais savoir… C'est tout." bégaya t'il.
"Elle est jolie, si c'est ça que tu veux savoir." affirma fièrement Harry.
Et Danny s'empourpra de plus belle.
"Ca m'est égal… Pourquoi est-ce que je voudrais le savoir ?" il prit une courte inspiration "Alors, tu voulais parler de quoi ?"
Harry se pencha en avant.
"De Kyles." souffla t'il.
"Notre prof ?" s'étonna Danny "Qu'est ce que tu lui veux ?"
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Les coudes posés sur le rebord de la fenêtre et le menton dans ses mains, Rémus était censé surveiller la cour de récréation. Au lieu de cela, son regard ne quittait pas les deux petites silhouettes en plein conciliabule sur les marches du préau. Deux têtes penchées l'une contre l'autre, l'une blonde comme les blés et l'autre aux cheveux de jais. Que pouvaient-ils bien se raconter ? De ces histoires aussi touchantes qu'absurdes dont les enfants ont le secret, ou était-ce l'une de ces concertations à la Harry-Ron-Hermione visant à élucider les mystères du monde qui les entoure tout en s'attirant le plus d'ennuis possibles ?
Il avait senti le regard intense de Harry sur lui toute la matinée ; et quelque chose l'avait laissé mal à l'aise au point qu'il se vit rappelé par la petite Mary-Ann Hyes que quatre fois huit faisaient trente-deux, et non pas vingt-huit.
Un prof qui ne connaît pas ses tables de multiplications, il faut reconnaître que ça la fout mal !
Non loin du préau, le cousin de Harry, ce gros idiot qu'était Dudley Dursley, expédiait un ballon de foot dans le ventre de Piers Polkiss avec toute la force de ses dix ans. Les cinq terreurs de la classe de Rémus avaient une fois de plus investi le terrain de jeu, chassant même des élèves plus âgés qu'eux, les tout-puissants CM2.
"Ils ont l'air mignon, quand on les voit comme ça, non ?"
Rémus détacha son regard de la cour. Linda Wind, la conseillère d'éducation, traversa la classe et le rejoignit près de la fenêtre.
"Ceux-là j'ai vraiment du mal à les trouver mignons." confia Rémus en désignant du pouce Dudley et sa bande.
Elle hocha la tête.
"J'ai entendu parler de leur dernier crime. Ils ont passé à tabac le petit Hayles et votre élève favori, n'est ce pas ?" fit-elle d'un ton un peu moqueur.
"Qui a dit que c'était mon élève favori ? Et puis, pour un passage à tabac, il se défendait pas mal. Non pas que ça m'étonne, d'ailleurs." ajouta t'il pour lui-même.
La conseillère lui adressa une grimace vaguement mutine.
"Vous savez, ces deux gamins sont comme des extraterrestres, pour les autres. L'un est l'archétype du premier de la classe, et l'autre est l'incarnation même de l'étrangeté."
Rémus haussa un sourcil.
"Et c'est une raison suffisante pour leur taper dessus ?"
"Pour des garçons de dix ans, oui. Ils n'ont pas besoin de grand chose. Mais vous ne devriez pas trop vous en faire, Mr Kyles, votre petit Gavroche me semble plutôt doué pour l'esquive."
"Sans doutes." soupira Rémus.
"Et puis vous ne devriez pas trop vous attachez à ce garçon, vous savez. Il finira sûrement comme le frère de la petite Tillman."
"La petite Tillman ?"
"Sarah Tillman. Vous n'avez jamais remarqué le garçon brun qui attend tous les après-midi sur le parking ? C'est son frère, il a été arrêté je ne sais combien de fois pour vandalisme et vol à l'étalage."
Connor ? Bien sûr, quel autre adolescent avait l'habitude de traîner sur le parking de l'école à l'heure de la sortie des classes ?
"Je parierais même qu'il est mouillé dans quelques trafics. Dîtes, Brian… Je peux vous appeler Brian ? Est-ce que vous…"
"Je suis désolé," coupa Rémus, les sourcils froncés "mais la récréation est terminée, il faut que je les fasse rentrer."
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1er janvier 1999
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Il était cinq heure et demie et la nuit tombait. Le soleil frileux se couchait sur le premier jour de l'année, à l'heure du renouveau et du commencement.
Dumbledore était descendu à l'infirmerie, et Rogue était seul dans le bureau ; seul face à un phœnix en train de mourir.
Ça ne devrait pas prendre si longtemps…
Mais comment savoir, au fond ? Le temps était peut-être bien la clef de toute cette histoire.
Fumseck pépia une faible trille. Ses plumes de feu se teintaient d'un gris de cendre, mais sa petite tête restait droite ; et, dans son regard, la sagesse se mêlait à la souffrance. Et un martyr de plus ! songea Rogue, presque avec hargne.
Avec un grognement de frustration, Rogue se leva, renversant sa chaise au passage. Harry Potter l'ignorait probablement, mais être le héros de l'histoire n'était probablement pas le rôle le plus difficile ; non, le pire, c'était l'attente. Rogue savait être patient quand les circonstances l'exigeaient, mais cette attente-là était pire que toutes celles qu'il avait connues.
Et ce n'était pas le spectacle de la lente agonie de Fumseck qui risquait d'arranger les choses.
Face au perchoir, le visage à la hauteur de la cage, il toisa la petite créature.
"Et qu'est ce que ça t'apporte ? A quoi ça sert, de jouer les héros ?" il abattit son poing sur le bureau de bois, mais l'oiseau ne détourna pas les yeux "Tu vas crever !" martela t'il "La dignité ne t'apportera rien, alors supplie et implore ! Et ne vas pas croire que je m'en préoccupe, ne vas pas croire que ça changera quelque chose, qu'il vive ou qu'il meurt ; tous ces crétins et ces lâches le vénèrent parce qu'ils ont besoin qu'on soit courageux et fort à leur place, besoin qu'on se batte pour eux, besoin de quelqu'un à suivre ou de quelqu'un à blâmer si ça tourne mal, c'est tellement plus facile !"
Il s'approcha encore, agrippant le perchoir et secouant violemment. Puis il l'approcha de son visage, son nez frôlant le bec de Fumseck. La colère montait, et c'était tellement facile de se laisser aller à la colère. La rage avait comme fait partie de lui toute sa vie.
"Est-ce que tu m'entends, espèce de charogne ambulante ? En ce qui me concerne, le survivant peut crever, ça m'est bien égal, allez au diable tous les deux ! Et ne crois pas que je me sente coupable. Il méritait chacune de ces insultes, ce petit crétin prétentieux, tu m'entends ? Chacune ! Je n'ai rien à me reprocher !"
Non, il n'avait rien à se reprocher. Les yeux du phœnix le brûlait, à présent. La plupart des gens trouvaient en Fumseck quelque chose de réconfortant. Pas lui. Pas ces yeux qu'on ne pouvait croiser sans devenir si douloureusement conscient de sa propre noirceur, un peu comme ceux de Potter.
L'oiseau de feu laissa échapper un gémissement pathétique et Rogue se retint de secouer à nouveau le perchoir ; parce que, comme le répétait de son vivant son abruti de grand-père, on ne frappe pas un homme qui est déjà à terre.
Encore moins si c'est votre dernier espoir.
Et, pour la première fois depuis longtemps, le professeur Rogue pleura.
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21 mai 1990
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"Allez, Danny, dépêche !"
Près du portail, du côté cour de récré de la ligne blanche, Danny hésitait.
"Mais on ne va quand même pas sortir…"
Harry, qui était déjà sur le parking, s'impatientait.
"Pourquoi pas ? Ils le font bien, eux !" il désigna de la mains les élèves rejoignant les voitures de leurs parents "Il faut qu'on se dépêche, Dan, il va partir !"
"Mais nous, on mange à la cantine !" argua Danny "Si on n'y va pas… Ma mère le saura."
"Ta mère ne s'en rendra même pas compte, elle s'occupe des petits ! Et puis c'est pas comme si on séchait la classe, c'est juste la cantine ! Allez, s'il te plaît ! C'est toi qui aime les histoires d'aventures, d'habitude."
"Parce que ce sont des histoires, justement !"
"Allez, tu viens ? Quand tu voulais étudier les insectes, j'ai bien été avec toi déterrer des fourmis !"
"Mais ce n'est pas pareil !"
Par dessus son épaule, Harry vit le dos du professeur Kyles qui disparaissait derrière une voiture.
"Bien sûr que si, ma tante était très fâchée quand elle a vu la terre sur mes vêtements, et tu sais comment ils sont, quand ils se fâchent !"
Danny se mordit la lèvre.
"Ma mère va me tuer si elle s'en rend compte."
"Elle ne le saura pas." assura Harry.
"Si on se fait prendre, je dirais que c'est de ta faute."
"D'accord."
Tout pourvu qu'il se dépêche.
"Même si ma mère me tuera quand même."
"Sans doutes." approuva t'il.
"Hé !" protesta Danny.
Harry lui attrapa le bras.
"Mais elle ne le saura pas !" répéta t'il en l'entraînant.
Et ils traversèrent le parking au pas de course.
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"J'aurais jamais du te suivre !" pestait Danny un quart d'heure plus tard, plaqué contre le mur sale.
"Tais-toi, il va t'entendre !" souffla Harry en se penchant en avant.
"Tu vois où il va ?"
"Ouais, il tourne dans une ruelle à côté de l'ancienne boulangerie. No, il ne tourne pas il…" il se retourna vers son ami "Danny, il est rentré dans un des bâtiments."
"Quoi ? fais voir !" il repoussa Harry et contourna la poubelle qui les dissimulait. Mais, bien évidemment, la rue était à présent vide.
"Je te dis qu'il est entré là," assura Harry "tu crois qu'il habite ici ?"
"Mais t'es fou ? Ce sont des vieux trucs délabrés, il n'y a que des squatters et des sans-abri pour vivre là-dedans !"
"Viens, on va voir !"
Danny le retint par la manche.
"Mais t'es malade ? Il y a peut-être des voleurs et des assassins, là-bas !"
"Mais non, tu dis n'importe quoi." rétorqua Harry.
"Et si il habite ici, il va pas être très content qu'on débarque chez lui…"
Harry leva les yeux au ciel.
"Mais tu as dis toi-même qu'il ne pouvais pas habiter là…" soupira t'il.
"Et j'ai dis aussi tout à l'heure qu'il était tout à fait normal alors que maintenant il se balade dans un repère de cinglés. Comme quoi, il faut pas écouter ce que je dis. Allez, viens, on se tire d'ici !"
"Ecoute, on monte l'escalier et on jette un petit coup d'œil, d'accord ? On ne rentre pas, on regarde et on s'en va, promis !"
"Et on retourne à l'école ?"
"Oui."
Danny poussa un soupir résigné.
"De toutes façons, vu l'état de mon jean, je suis déjà foutu, alors je ne vois pas comment ça pourrait être pire… OK, je te suis."
"Super !" souffla Harry et Danny secoua la tête d'un air à la fois dégoûté et incrédule.
Silencieux comme des ombres, les deux enfants suivirent la ligne grises des vieux immeubles délabrés, jusqu'à la petite porte par laquelle Harry avait vu disparaître leur professeur.
"Et si il descend pendant qu'on monte ?" souffla Danny.
"Espérons que non."
"Génial ! Dis, tu crois qu'on peut aller en prison pour avoir suivi quelqu'un ?"
Harry haussa les épaules.
"Dans ce cas, il ira lui aussi." répliqua t'il "Viens, on monte."
"Oui," continua Danny à voix basse dans les escaliers, "mais si tu dis qu'il te suit quand tu rentres chez toi, personne ne te croira, parce que tu es un enfant, en plus ton oncle dira sûrement que tu es un menteur. Je pense qu'on ne l'enverrait pas lui en prison, juste nous, et ma mère ne…"
"Danny, personne n'ira en prison !" coupa Harry.
En silence, ils grimpèrent les marches poussiéreuses, qui semblaient perpétuellement sur le point de s'effondrer. Des cris et des rires leur parvenaient d'un peu partout. Harry se sentait nettement moins rassuré. De la musique s'échappait d'une pièce de l'étage au dessus et, sans savoir pourquoi, il songea aux rêves.
Approche, mon mignon…
Il laissa courir sa main sur le mur gris, s'efforçant de chasser la voix de son esprit. Brusquement, quelque chose claqua et il s'immobilisa. Danny lui rentra dedans.
"Aïe !" grogna t'il "Mais qu'est ce que tu fabriques ?"
"Je crois que c'est là." souffla Harry.
Il se glissa dans le couloir, faisant signe à Danny de le suivre. De l'autre côté, il y avait une porte défoncée, contre laquelle on avait cloué un panneau de bois. Harry tira doucement et le panneau coulissa, révélant un trou de la taille d'un écran de télévision.
"Tu ne veux quand même pas entrer là ?" s'étrangla Danny "Et s'il est là-dedans ?"
"C'est justement pour le retrouver qu'on est venu jusqu'ici." rappela patiemment Harry.
"Non, c'était pour voir où il allait, on a vu maintenant !"
"Mais il n'y a personne de l'autre côté, ce n'est qu'un autre couloir, on peut bien aller un peu plus loin, non ?"
Approche, mon mignon…
Il fallait qu'il voit, il fallait qu'il sache. Il y avait quelque chose là-bas qui expliquait qui était le professeur Kyles, qui expliquait les rêves, et peut-être même qui expliquait l'Ombre.
Ignorant les protestations de Danny, il écarta le panneau de bois et se glissa dans l'ouverture.
Tout était sombre, il regretta de n'avoir ni torche ni bougie. Un grognement étouffé derrière lui lui apprit que Danny l'avait suivi. Le panneau de bois reprit sa place initiale contre la porte et il furent plongés dans le noir.
Main dans la main, les deux enfants avancèrent dans l'obscurité, s'aidant du mur pour se guider. La seule source de lumière était une ligne claire à l'autre bout du couloir, la lueur du soleil gris passant sous une autre porte.
Approche…
"Viens…" souffla Harry en tirant sur la main de son ami.
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Cette porte était aussi vieille que l'autre et le bas et les côté en étaient tout rongés. L'interstice entre le montant et la porte elle-même était assez grand pour offrir un point de vue sur la pièce de l'autre côté. En silence, Harry colla son œil sur l'ouverture tandis que Danny, à plat ventre, tentait de voir par en-dessous.
La salle qu'ils découvrirent était complètement différente du reste de l'immeuble. Quand, au dehors, tout était crasseux et délabré, l'intérieur était propre et douillet. Il y avait des meubles de bois comme on en trouvait chez les Dursley, un canapé flambant neuf et un tapis coloré.
"C'est dingue !" souffla Danny.
Le professeur Kyles se trouvait à l'autre bout de la pièce, accroupi devant…
"Merde, Harry t'as vu ça ?" fit Danny, estomaqué "Une cheminé ! Ici !"
"Mais qu'est ce qu'il fabrique ?" murmura Harry.
Toujours dans la même position, le visage à hauteur des flammes, leur professeur semblait attendre quelque chose.
"Sais pas." Répondit Danny.
Mais Harry n'eut pas à chercher longtemps, car, quelques secondes plus tard, Brian Kyles… Se mit tout bonnement à parler aux flammes.
"Ha, enfin vous voici !" lança t'il en direction du feu.
Danny eut un sursaut.
"Cette fois, on en est vraiment sûr !" souffla t'il "Ce type est complètement givré !"
Harry ne répondit pas. Alors quoi, c'était ça son grand mystère ? L'homme était banalement cinglé ? Ni monstres, ni démon, ni Scotland Yard ; juste un fou furieux.
Mais les rêves…
" Mr Orbank ?" répéta le professeur Kyles.
"Il croit peut-être que le feu va répondre !" ricana Danny, d'une voix un peu tremblante.
Mais il aurait peut-être mieux fait de se taire car, un instant plus tard, une voix montait des flammes.
"Bonjour Rémus."
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D'un même mouvement, les deux garçons s'écartèrent de la porte comme si son contact les avait brûlés. Harry se retourna vers son ami qui haletait, à plat ventre dans la poussière.
"Non mais t'as entendu ça ?"
Question stupide, Danny acquiesça néanmoins, son visage vide de toute expression. Puis il cligna des yeux, fronça les sourcils.
"Il… ça… ce truc l'a appelé Rémus…"
Harry eut un hoquet de surprise.
"Quoi, un feu se met à parler et toi tu t'étonnes qu'il l'appelle Rémus ? Qu'est ce que ça peut foutre, qu'il l'appelle Rémus ou Balthazar ? Il a parlé !"
Danny secoua la tête, hébété.
"Peut-être qu'il est… Ventriloque, ou je sais pas quoi…Je t'avais bien dit qu'il fallait se tirer d'ici !"
De nouveau, Harry s'approcha de la porte.
"Mais qu'est ce que tu fous ?"
"J'écoute." répondit Harry.
"Tu écoutes un malade parler avec son feu de cheminée ?"
Sans répondre, Harry plaqua de nouveau son œil sur la fente. Il n'y aurait certainement pas cru s'il avait été le seul à le voir, comme quand d'autres le suivaient, il aurait pensé avoir rêvé.
Mais là, Danny avait vu lui aussi.
Dans la pièce, le professeur Kyles avait repris la parole.
"Orbank," soupira t'il "voilà trois semaines que je suis là et je n'ai pas avancé d'un pouce. Je n'ai aucune idée de quand ça va se passer ni même de la nature de l'attaque, tout ce que j'ai c'est ce symbole."
"Rémus," répondit… le feu "Vous dites que ce symbole est dangereux, mais vous ne pouvez me dire en quoi, ça ne m'aide pas beaucoup ! Dites-moi au moins dans quelles circonstances vous l'avez vu agir…"
A ce moment-là, le professeur Kyles se leva et se mit à faire les cent pas, s'écartant de la cheminée. Harry sentit sa salive se coincer dans sa gorge en faisant un drôle de bruit.
"Danny !" souffla t'il quand il put de nouveau parler "Viens voir, viens voir vite ! Il y a… Il y a quelqu'un dans le feu !"
"Quoi ?"
En effet, dans les flammes, qui étaient d'une étrange couleur verdâtre, on distinguait nettement le visage d'un homme avec des lunettes et une courte barbe.
"C'est pas réel…" murmura Danny en se frottant les yeux "J'ai des hallucinations, ou bien je suis fou mais tout ça c'est pas pour de vrai…"
"Orbank, je vous l'ai déjà dit je ne peux rien révéler, mais enfin, c'est votre spécialité, non ? Les gens qui vous consultent ne devraient pas avoir besoin de vous raconter leur vie pour… Il s'agit de Harry Potter, enfin !"
"Harry Potter ?" répéta l'homme dans le feu.
Harry sursauta. Est qu'on parlait de lui ? Est ce que le professeur Kyles avait vraiment dit son nom à la tête d'un homme qui apparaissait dans un feu de cheminée ?
"Ou alors, c'est un rêve !" continuait Danny "C'est ça, et je vais bientôt me réveiller et…"
"Danny !"
"Tais-toi. Tu n'existe pas, je suis en train de rêver…"
"Danny !"
"Quoi ?"
De mauvaise grâce, il rouvrit les yeux.
"Ecoute ! Ils parlent de moi."
"Hein ?"
Danny se pencha en avant, sourcils froncés.
"… Vais faire mon possible, Rémus. Mais la magie noire est la plus difficile à percer, vous le savez sûrement."
"La magie noire ?" répéta Danny, hébété.
L'homme dans le feu disparut. Harry cligna des yeux, stupéfait.
Le professeur Kyles se redressa et marcha jusqu'au centre de la pièce. Harry remarqua alors qu'il était vêtu d'une étrange manière : une sorte de longue robe noire et une cape avec un capuchon.
Brian Kyles s'immobilisa et ferma les yeux, il resta dans la même position quelques instants puis, comme l'homme dans le feu quelques secondes plus tôt, il cessa d'être là.
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Le journal noir, douzième page.
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Déjà les ombres se rapprochent, les soupçons s'installent et les âmes s'enlisent.
Il est si préoccupé par sa tâche qu'il en a perdu de vue l'essentiel. Qu'il en a perdu de vue l'enfant. Le passé se répète, il est impossible de changer ce qui fût, il devrait le savoir.
L'enfant a sombré dans un sommeil obscur, nul ne peut changer ce qui est arrivé.
Les ténèbres se fraieront un chemin dans son cœur, déjà, elles ont commencé, là, sous ses yeux.
L'enfant doute.
Mais il l'ignore, il ne voit pas l'enfant.
Elle l'a pourtant sauvé de bien des façons, mais lui le perdra.
Pourtant il devrait savoir, lui entre tous, que les ténèbres ne peuvent envahir que celui qui les accepte.
Il devrait savoir. Mais les hommes sont décidément incorrigibles.
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21 mai 1990
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Harry ne prit même pas le temps de réfléchir. La porte s'ouvrit à la volée et il déboula dans la pièce, tremblant.
"Où est-ce qu'il est passé ?" hoqueta t'il "Mais enfin, où est-il ?"
Danny entra plus calmement derrière lui. Son visage était très pâle, mais sa voix était plus assurée.
"On devrait pas être ici, on ne sait pas ce qu'il pourrait nous faire."
Harry se tourna vers lui, incrédule.
"Mais il est… Parti."
Danny eut un frisson.
"Il pourrait très bien revenir. Tu as vu le feu, non ? Et ils ont parlé de… Magie noire ! Je ne sais pas ce que… Tirons-nous d'ici, Harry !"
Harry secoua la tête.
"Ils parlaient de moi, Dan."
"Tu es sûr ?"
"Ils ont dit "Harry Potter", deux fois, même."
Les mains enfoncées dans ses poches, Danny frottait la pointe de sa chaussure contre le vieux tapis du salon.
"Tu crois qu'on doit le dire à quelqu'un ?"
"Et à qui ? Personne ne nous croirait…"
Danny donna un grand coup de pied dans le vide, exaspéré.
"Mais enfin, c'est qui, ce type ? Comment est-ce qu'il a fait… Ce qu'il a fait ? Tu crois que c'était vraiment… de la magie ?"
"La magie, ça n'existe pas…" murmura machinalement Harry.
"Alors comment tu expliques ça ?"
Et il donna un nouveau coup. Harry se dit que ça lui donnait un air étrange, un peu comme dans ces dessins animés où les personnages continuent à marcher dans le vide avant de se rendre compte qu'ils ont dépassé le bord de la falaise.
Danny cessa brusquement son manège et se tourna vers lui, sourcils froncés.
"Et si… Et si il gardait quelque chose quelque part, un truc qui explique qui il est, où ce qu'il fait ici…?"
"Quoi, tu veux fouiller sa maison ?"
Danny haussa les épaules.
"C'est bien toi qui est entré par effraction…"
Approche, approche…
"D'accord…"
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Imitant Danny, Harry ouvrait les tiroirs sans vraiment comprendre ce qu'il faisait. Brian Kyles, ou quelque soit son nom, lui avait toujours inspiré confiance, même s'il n'avait vraiment rien fait pour le mérité, c'est vrai, il le suivait le soir dans les rues, il surgissait derrière lui à n'importe quel moment… Mais Harry avait confiance… Et maintenant…
Ici aussi, vous êtes là pour aider quelqu'un ?
" Harry ? "
Et puis, il n'était pas la seule addition étrange à la vie de Harry, ces derniers temps, il y avait aussi l'Ombre, un autre mystère qu'il ne s'expliquait pas.
" Harry ! "
" Quoi ? "
Et à bien y réfléchir, rien n'expliquait vraiment Sarah non plus…
"Harry… Harry, viens voir ça !"
Il y avait une note d'urgence dans le voix de Danny. Harry reposa la fiole qu'il avait trouvé dans un placard.
" Qu'est ce que tu as ? "
Sans un mot, Danny dégagea l'un des tiroirs de la petite commode et le posa sur le sol. Harry s'approcha, hésitant.
" Qu'est ce qu'il y a, là-dedans ? "
Il avait un mauvais pressentiment, comme s'il avait pu savoir d'une façon ou d'une autre que Danny n'aurait pas du ouvrir ce tiroir, comme les soirs où il s'endormait en sachant à l'avance qu'il allait faire ce rêve.
Approche…
Là, dans la caisse de bois clair, se trouvaient des photos. Des dizaines de photos, toutes de Harry, toutes prises peu de temps auparavant. Comme si quelqu'un avait voulu tenir un journal des trois dernières semaines de sa vie ; il y avait Harry avec son oncle et sa tante, Harry avec Danny dans la cour de l'école, Harry qui parlait à Miss Figg, et même Harry avec le clochard du sept à onze.
" Merde, c'est dingue… " souffla Danny.
" Il me surveille. " constata Harry.
C'était même pire que ça, c'était comme si un œil avait été dirigé vers lui vingt quatre heures sur vingt quatre, buvant ses moindres faits et gestes. Il se demanda même s'il n'y avait pas des clichés de l'Ombre parmi toutes ces images.
" Et ça, qu'est ce que c'est ? "
Il reporta son attention sur Danny. Son ami lui tendit un morceau de papier épais, un peu jauni, qui semblait très ancien. Un étrange symbole était tracé dessus ; une sorte de soleil, avec des branches en forme de triangles.
Il effleura le dessin du bout des doigts, la gorge serrée. Il y avait quelque chose de très déplaisant dans ce symbole, il ignorait quoi au juste. Un froid étrange commença à engourdir les doigts qui étaient en contact avec l'encre, et il retira vivement sa main.
Il déplia le morceau de papier, le retourna. Quelques mots étaient inscrits de l'autre côté.
Marque de Zargan
mai 1990 ® 1er décembre 1998
Transmetteur : ?
Réceptacle : Harry Potter.
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A suivre… (très bientôt)
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