Coucou ! Désolée, je n'ai pas le temps de répondre aux reviews pour l'instant (il faut que je retournes en cours) mais je le ferais dans le chapitre suivant, ou alors je ferais une MAJ de celui-ci. En tous cas, merci pour vos encouragements et gros bisous à tous !
Bluehawk.
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8. Mises en abîme.
2ème partie
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La nuit est tombée sur
Les marécages
Le ciel est mauve
Comme éternel
Les yeux fermés
L'âme envoûtée
Le piège et la beauté
D'un paysage
Des larmes aux yeux
Une terre de feu
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7000 danses.
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27 avril 1981.
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Ils étaient tous les deux endormis, roulés en boules sur le canapé, hébétés par les rires, la musique et la douce chaleur des flammes. Lily sourit, sa joue appuyé contre la porte. Etrange comme ils se ressemblaient, jusque dans leurs sommeils. Mêmes chevelures sombres, mêmes fronts clairs et mêmes lèvres délicates.
Un soir comme ça, il était difficile de penser à la tempête qui s'infiltrait lentement dans leur univers de cristal, difficile aussi d'imaginer le jour où la foudre tomberait.
"C'est bien de James ça, s'endormir dans le salon le soir de son anniversaire !"
La voix était douce, mélange d'amusement et de tendresse, presque un murmure. La voix d'un ami.
Rémus s'approcha calmement, observant l'homme et l'enfant qui dormaient paisiblement, se moquant royalement du reste du monde. Elle sentait les émotions qui bataillaient dans son cœur. Il y avait la peur, la tristesse et la colère, cette désillusion qui s'emparait de lui à chaque fois qu'ils les voyait douter. James et Sirius l'ignoraient peut-être, mais pas Lily : Rémus savait ce qu'il devenait pour eux. Il percevait l'invisible chute, le froid des soupçons.
Pourtant il y avait toujours en lui cet indéfectible amour, celui qui survivait malgré lui, l'aboutissement de sept année d'indestructible amitié jetées dans la tourmente.
"Oui." souffla Lily sans le regarder "C'est le bien genre de choses qu'il peut faire…"
Comme chanter et rire, comme pleurer ou se mettre en colère, comme oublier ses chaussettes dans la salle de bain et comme faire tournoyer dans le ciel d'été leur fils aux yeux de lumière.
Comme vivre.
"Je ferais tout ce que je peux pour que ça continue." murmura Rémus.
La voix était légère, mais elle savait que ces mots avaient valeur de serment. Son regard caressa la forme immobile du petit roi, de son enfant chéri, effleurant les joues douces et les ombres blotties dans le creux des paupières closes, s'arrêtant sur les petits poings serrés, l'un disparaissant sous la paume de son père.
Est ce que Rémus savait ? Ce ne serait pas vraiment étonnant, au fond, Rémus pouvait tout comprendre. Ou peut-être avait-il simplement besoin qu'elle croit en lui, comme on a désespérément besoin de la confiance de quelqu'un pour ne pas sombrer. Parce que le monde doute, et parce que c'est la guerre.
"Je sais, Rémus." offrit-elle.
Au fond, pourquoi faudrait-il y penser maintenant ? Ils avaient encore le temps…
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22 mai 1990.
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Bientôt la pleine lune.
Il lui restait quoi ? Trois jours, cinq jours ? Il n'avait pas prévu de rester si longtemps. Il avait simplement jeté un coup d'œil distrait au calendrier lunaire de l'année 1990, coché la case du premier mai. Le ciel était clément, il serait en sécurité, sûr, pas de problèmes.
Contemplant les étoiles, il aspira à pleins poumons les effluves de la nuit.
Quelque chose n'allait pas ce soir, quelque chose avait changé. Le regard curieux de Harry s'était fait dur dans le courant de l'après-midi, et quelqu'un était venu chez lui, le loup sentait un présence inconnue. Pas hostile, non, pas encore. Juste inconnue.
C'était l'heure des doutes qui revenait au galop, alors la tempête n'allait pas tarder. C'était l'histoire qui se répétait inlassablement. Il connaissait la séquence par cœur : il y avait le temps des questions et de la peur, ce temps qui s'étirait et se tordait dans tous les sens, comme une blessure lancinante. Puis venait l'accélération, quand les murs tremblants s'écroulaient pour de bon, quand rêves et illusions s'évanouissaient dans un nuages de fumée, livrant les ruines à l'impitoyable faux de la mort.
Comment pouvait-on être assez prétentieux pour se croire capable de changer son propre passé ?
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Harry refusait de s'endormir.
Ce n'est pas qu'il ne pouvait pas, mais il ne voulait pas. Les rêves rodaient. Ils étaient là, tout autours de lui, prêts à l'avaler tout cru s'il fermait un œil.
Tout plutôt que les cauchemars. Pas ce soir, surtout pas ce soir.
Alors il se leva. Sans un bruit, comme le perfide petit serpent que sa tante et son oncle voyaient en lui, il sortit de la maison, par la fenêtre du salon.
Ça ne va quand même pas devenir une habitude, mon garçon ! gronda le vent, singeant la voix de l'oncle Vernon.
Tant pis. Il ignora le vent et remonta les rues silencieuse. Il aurait presque pu aimer Privet Drive, la nuit. Quand les petits jardins carrés accueillaient des loups et des papillons en ombres chinoises, quand les gens comme il faut étaient convenablement couchés, quand les maisons désespérément figées s'ouvraient au mystère et quand l'immobile cours du temps semblait s'accélérer un petit peu.
Privet Drive semblait revenir à la vie dans les ténèbres tranquilles.
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L'Ombre était là, solitaire, comme toujours fidèle à leur rendez-vous fantôme. Harry traversa le parc. L'Ombre était sa seule solution, pour cette nuit, son dernier rempart contre les rêves.
La musique était douce, ce soir, et elle éloigna l'homme aux yeux rouges. Juste un petit peu plus loin.
« Bonsoir, Harry… »
La voix de l'Ombre semblait se calquer sur la musique, ne faisant qu'un avec elle.
Harry se laissa tomber dans l'herbe humide.
« 'soir… »
Ses doigts continuaient à jouer avec les cordes, mais les yeux de nuits se posèrent sur lui, l'aspirant comme un tunnel sans fin.
« Qu'est ce qui t'amène ? » l'Ombre cligna de l'œil, malicieux « Encore l'oncle Robert ? »
« Non, l'oncle Robert va bien, je crois. »
« Alors tant mieux. » répondit l'Ombre d'un ton presque indifférent.
Et il se concentra de nouveau sur sa guitare, reprenant son étrange position, roulé en boule autours de son instrument. Comme pour retenir la musique le plus longtemps possible.
« Monsieur ? » appela Harry dans un murmure.
L'Ombre ne réagit pas, pas un geste, pas un mot. Pourtant, il écoutait, Harry le savait, il pouvait presque l'entendre écouter.
« Parlez-moi du chemin des étoiles… »
« Que veux tu savoir ? »
Harry fronça les sourcils, étudiant la question.
« Comment peut-on le trouver ? »
« Ce n'est pas la bonne question, Harry. » répondit l'Ombre sans lever les yeux.
Harry interrogea du regard le visage baissé, hésitant. Qu'est ce que c'est, alors, la bonne question ?
« Tu ne trouveras probablement jamais, tu sais… Ce que tu devrais plutôt demander, c'est où le chercher… »
Le regard sombre l'étudia un moment, pensif, puis la musique se tut brusquement ; et l'Ombre se déplia dans la nuit.
« Je peux te montrer celui que je connais, peut-être que ça t'aidera à comprendre. »
Et, d'un mouvement fluide, l'Ombre quitta le banc et s'installa dans l'herbe aux côté de Harry qui, émerveillé, retenait son souffle, attendant la suite.
Sans un mot, l'Ombre détacha la lanière de cuir sombre qui retenait la guitare, et posa avec précaution l'instrument sur les genoux de l'enfant, qui n'osait même plus respirer.
« Prends le manche dans ta main gauche et pose l'autre main sur les cordes. »
Les instructions semblaient soufflées par le vent lui même. Harry obéit, ses mains tremblaient contre le bois chaud, et la caisse semblait ronronner doucement contre son ventre.
Elle est magique… comprit-il sans savoir d'où lui venait cette certitude.
« C'est quand tu veux. » fit l'Ombre d'une voix un peu amusée, alors que Harry restait paralysé.
Doucement, très doucement, Harry pressa son majeur contre la dernière corde, il tira légèrement, puis la relâcha d'un mouvement sec, comme il avait vu l'Ombre le faire.
Le son qui s'éleva alors ne ressemblait en rien aux notes majestueuses que produisait l'Ombre, c'était fragile, un peu frémissant, pourtant l'échos résonna avec la pureté du cristal en montant vers les étoiles.
Prudent, il tenta une autre note. Puis encore une. Ce n'était pas vraiment une mélodie, juste des sons qui se suivaient, mais étrangement, Harry trouva qu'ils allaient bien ensemble, et que c'était joli. Et il aimait la façon dont le bois semblait frémir sous ses doigts, comme s'il avait été vivant.
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« Tu ne pouvais pas dormir ? »
Harry haussa les épaules.
« Pas vraiment. »
Le regard de l'Ombre se fit alors plus acéré, plus perspicace.
« Tu as peur qu'il vienne encore te rendre visite, petit ? »
Harry releva le menton, ses mains tremblaient, mais il s'efforça de ne pas détourner le regard, la guitare lui avait donné du courage.
« Comment savez-vous ? »
« Aucune importance, je sais, c'est tout. »
« Vous savez qui il est ? »
L'Ombre acquiesça.
« Oui. »
Mais il ne le dirait pas, il était inutile de poser la question.
« Est-ce que le professeur Kyles le connaît aussi ? Vous savez qui est le professeur Kyles, n'est-ce pas ? »
« Oui, le professeur Kyles le connaît aussi. Beaucoup de gens le connaissent, tu sais, même s'ils préfèreraient oublier. »
« Est-ce que beaucoup de gens le voient dans leurs rêves ? »
« Beaucoup rêvent de lui, Harry, parce qu'ils en ont peur. Mais tu es le seul à le voir. »
Les gens le connaissaient et le craignaient, et Harry n'avait jamais entendu parler de lui. Pourtant, c'était lui qui faisait ces rêves.
Il serra le manche de la guitare un peu plus fort, pour se réchauffer.
Une dernière question, juste une dernière ; celle dont il ne voulait pas connaître la réponse, celle qui, pourtant, l'avait conduit jusqu'ici ce soir.
« Et le professeur Kyles… Est ce que… Est ce qu'il est avec lui ? »
Et le regard de nuit l'envahit de nouveau, pénétrant, presque comme un poison.
« Ca, Harry, c'est une question qu'il faudrait poser au professeur Kyles… »
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27 avril 1981.
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Le soleil était couché depuis quelques heures déjà, et il y avait dans l'air cette atmosphère à la fois douce et vaguement oppressante des fins de fêtes, quand les rires se taisent, quand on revient à la réalité et quand les gens affalés sur les canapés vous regardent un peu hésitants en disant « on devrait peut-être partir …».
Sirius ronflait près du feu et Judy, sa petite amie du moment, le retenait par l'épaule pour éviter que sa tête ne tombe dans les flammes. Lui ignorait complètement le monde qui l'entourait. Son visage, qui d'habitude ne trahissait aucune faiblesse, semblait étrangement triste dans la lumière changeante. Rémus se détourna, mal à l'aise, c'était un peu comme regarder ce qu'il se passait chez les autres, ceux qui laissent retomber les rideaux.
Il quitta la salle à manger, plus pour couper court à la cérémonie des aux-revoirs qu'autre chose. Il remonta le long couloir qui menait au salon, peut-être y trouverait-il James, Peter ou quelqu'autre ami ?
La première chose qu'il aperçut fut Lily. Elle lui tournait de dos, mais il était difficile de se tromper. La longue chevelure rousse qui tombait en vagues dans son dos semblait luire dans l'obscurité. Sans un mot, il s'approcha, avait-elle sentit sa présence ? Sans doutes, Lily « sentait » souvent les choses.
Le spectacle qu'il découvrit au salon lui porta un coup dans le ventre. Les deux silhouettes endormies sur le canapé, c'était comme se prendre en plein cœur toutes les émotions enfouies, celles qu'il s'efforçait d'oublier. L'amour d'abord, l'amour surtout, la colère, la rage même, pourquoi lui ? Il y avait tant d'autres gens, pourquoi douter de lui ? Puis, la peine, cette douleur qui resterait sans doutes pour toujours, même quand l'amour et la colère auraient disparu.
Mais ce ne fut que l'amour qui s'exprima quand il prit la parole, parce qu'il y avait Lily, parce qu'on ne se mettait jamais en colère devant Lily, ça lui aurait paru un sacrilège.
« C'est bien de James, ça, s'endormir dans le salon le soir de son anniversaire… »
« Oui. » répondit Lily sans se retourner « C'est bien le genre de choses qu'il peut faire. »
Et il sentit les larmes lui monter aux yeux, larmes de tristesse, larmes de peur. Que se passerait-il quand les ténèbres dans lesquelles ils se débattaient resserreraient leur étreinte, quand elle les croqueraient d'un coup de dents, les avaleraient sans même prendre la peine de regarder leurs visages ?
Au fond, songea t'il, les ténèbres étaient comme le Loup, comme la bête qui grondait au creux de son ventre, ce n'était pas si étonnant qu'ils l'aient choisi lui, au fond.
Car James doutait de lui, James l'avait trahi, à sa manière. James avait douté, puis avait lâché prise. Mais ça n'avait pas d'importance, décida t'il brusquement. Ca faisait mal, mais ça ne changeait rien.
« Je ferait tout ce que je peux pour que ça continue… » murmura t'il.
A qui parlait-il réellement, à Lily ? A James ? Ou peut-être à l'enfant endormi sur le canapé, cet enfant qui, sa main dans celle de son père, ne connaissait que la confiance et l'amour. Cet enfant qui était, comme tout enfant, le cœur de leurs espoirs.
Est-ce qu'il douterait, lui aussi ? Ce serait le coup de grâce, l'ultime blessure. Mais, encore, ça ne changerait rien.
« Je sais, Rémus. » souffla Lily.
Et les larmes coulèrent sans bruit.
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22 mai 1990.
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La nuit poursuivait sa course, souveraine, sans se préoccuper le moins du monde des états d'âmes des pauvres mortels. Dieu que cette soirée lui semblait étrange, il n'était plus vraiment sûr de savoir dans quel passé il se trouvait. Peu importait, il n'avait pas envie de savoir, pas vraiment. Alors, il descendit du balcon et se retira sans bruit, regagnant son appartement, palace au milieu des taudis.
La petite silhouette recroquevillée sur le tapis le prit par surprise. C'était Harry, ses genoux ramenés contre sa poitrine, comme s'il aurait voulu prendre le moins de place possible. Rémus sentit une vague d'inquiétude lui nouer la gorge.
« Que se passe t'il, Harry ? »
Le garçon ouvrit la bouche, ses mots étaient tremblants et sans l'ouïe si fine du Loup, Rémus n'aurait sans doutes pas pu les deviner.
« Il faut que je vous parle… »
Puis il éclata en sanglots.
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Le journal noir, quinzième page.
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Et voilà. J'ai failli. J'ai même fait pire, j'ai trahi. j'ai trahi mon père, même s'il ne le saura jamais. Ca ne change rien, moi, je le saurais. Ca devrait me dévorer de l'intérieur, ça devrait me tordre les entrailles et me faire supplier, dans l'espoir vain d'obtenir l'absolution.
Ca devrait, mais non.
J'exècre les hommes, j'abomine cette race sans nom, ces créatures de destruction et de haine, j'aimerais les maudire jusqu'au dernier pour avoir créer la douleur et le mal.
Mais pas lui. Lui, ce n'est pas un homme, c'est leur guide, celui qui peut-être détruira le mal, qui peut-être les rendra meilleurs. Lui est meilleur.
Je lui ai montré le chemin, lui ai fait entr'apercevoir la vérité. Une toute petite chose, une minuscule trahison, mais un trahison tout de même.
Mais après tout, qu'importe ? Ma décision est prise.
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22 mai 1990.
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Rémus posa une tasse fumante sur la table, devant Harry.
« Bois, » lui dit-il « ça t'aidera à te sentir mieux. »
Docile, l'enfant porta la tasse à ses lèvres. Rémus s'assit en face de lui, un peu hésitant.
« Si tu me disais ce qu'il t'arrive, bonhomme… Pourquoi es-tu venu ? »
La question à mille galions. Mais Rémus savait bien que l'important, c'était qu'il soit venu, ça aurait été pire, sinon. Harry reposa la tasse, et leva les yeux.
« Je ne sais pas trop, en fait… C'est juste que l'Ombre disait… »
Rémus fronça les sourcils.
« Harry, qui est l'Ombre ? »
« C'est un ami… Enfin, une sorte d'ami. Professeur Kyles, si je suis venu ici, c'est parce que je voulais savoir. Danny exagérait, il n'y a pas de quoi aller en prison ! Mais après on a vu le feu, et les photos et à cause des rêves, j'ai pensé… Enfin, je crois que l'Ombre avait raison, vous êtes le mieux placer pour expliquer ! »
Rémus dévisagea l'enfant, stupéfait. La prison ? Des photos ? Des rêves ?
« Harry, je n'ai rien compris à ce que tu viens de me dire… »
Harry prit une inspiration et baissa la tête.
« Je suis venu chez vous. »
« Oui, je le vois bien, que tu es chez moi ! »
L'enfant se mordit la lèvre.
« Non, je veux dire… Ce midi, je vous ai suivi. »
Rémus ouvrit des yeux ronds. Harry était… ? Mais ça expliquait certaines choses. Entre autre, les regards choqués qu'il avait reçu tout l'après-midi
« Je vois. » soupira t'il « Tu as du me voir faire certaines choses qui t'ont paru étrange, n'est-ce pas ? »
Le bel euphémisme que voilà. Harry acquiesça vigoureusement.
« Oui, le feu surtout. Et puis vous avez parlé de magie, de magie et de moi. »
Rémus poussa un long soupir et enfouit son visage dans ses mains.
« Professeur Kyles ? » murmura Harry.
Puis il risqua « Rémus ? »
Alors l'homme se redressa.
« J'imagine que maintenant, tu veux la vérit ? »
Harry hocha la tête.
« Mais je ne peux pas tout te dire, tu comprends ? En fait, tu ne devais rien savoir, mais au fond… De quoi veux-tu que je te parles ? »
« La magie. » dit Harry d'une voix douce « Est-ce qu'elle existe pour de vrai ? »
« Oui, Harry. » répondit-il gravement « Oui, elle existe. »
« Alors vous, vous êtes quoi, un magicien ? »
« Je suis un sorcier. »
Harry acquiesça doucement, comme s'il n'était pas vraiment surprit. Puis son regard se fit plus perçant, et Rémus sentit que la question suivante aurait quelque chose de décisif.
« Pourquoi vous êtes l ? »
La vérité… Tu lui as promis la vérit !
« Pour toi. » La vérit « Pour te protéger. »
On ne ment pas à Harry, il le sent. Même un Harry de dix ans.
« Me protéger ? De lui, de l'homme aux yeux rouges ? »
Mais comment diable…« Oui. »
« Qu'est ce qu'il va me faire ? »
Rémus secoua la tête. Non, non, non…Il va te faire mal, il va te faire très très très mal, petit garçon…
« Non, ça, je ne te le dirais pas. »
« Mais si vous ne me le dîtes pas je ne pourrais pas me défendre ! »
« Ca, c'est mon travail, Harry. »
« C'est le soleil, c'est ça ? C'est ce drôle de soleil… »
Rémus eut un sursaut.
« Comment sais-tu… » Il se pencha en avant, attrapant les deux mains de l'enfant « tu ne dois jamais t'approcher du drôle de soleil, est-ce que tu m'entends ? »
« Mais qu'est ce que c'est ? »
« C'est très très dangereux. Ecoute, je te l'ai dit, je te protégerais. Mais il y a des choses que je ne peux te dire maintenant, car tu ne les comprendrais pas et elles te feraient peur. »
Et Harry acquiesça. Harry était d'accord, Harry avait confiance.
« Monsieur, je voudrais quand même savoir… »
« Quoi, Harry ? »
« Pourquoi… Pourquoi vous voulez me protéger ? »
Rémus resta silencieux un long moment. Il y avait des tas de réponses possibles à cette question, parce que c'est ma mission, parce que tu sauveras le monde, parce que je t'aime…
Mais toutes soulèveraient d'autres questions de la part de l'enfant. Alors il choisit celle que Harry pourrait comprendre, celle que nul n'oserait remettre en question.
« Parce que je l'ai promis à ta mère. »
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Rémus le raccompagna chez lui. A pieds, il n'avait pas de voiture. Peut-être que les sorciers comme lui voyageaient différemment ?
« Dis donc, » demanda t'il en chemin « tu te balades souvent comme ça, en pleine nuit ? »
« Non, pas vraiment. » répondit Harry avec un haussement d'épaules « Juste ce soir, et deux autres fois, avant. »
« Il faut que tu évites ça, Harry, tu comprends ? »
« Oui. »
Et il avait retrouvé le 4, Privet Drive. Le professeur Kyles n'avait pas posé de questions sur les rêves, et Harry n'avait rien demandé sur sa mère. Chacun sachant bien où s'arrêtaient les limites de la confiance. Le professeur Kyles proposa de l'accompagné jusqu'à la maison, de toquer à la porte et de parler à son oncle et à sa tante Il est arrivé quelque chose comprenez-le il y a des excuses et…
Mais Harry préféra la fenêtre qui s'ouvrait de l'extérieur. Moins de problèmes.
C'était étrange de retrouver le placard après tout ce qu'il s'était passé. Retrouver la cage banale de la réalité après avoir fait un bout de chemin dans le mystère.
Pourtant, il s'endormit. Il s'endormit sans l'homme aux yeux rouges.
Mais ce n'était que partie remise.
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2 juillet 1972.
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Avec un cri de colère, Pétunia Evans, quatorze ans, lança contre le mur un petit cadre de pâte à sel, de ces objets que les enfants fabriquent à l'école, cadeau de sa petite sœur Lily pour ses neuf ans. Le cadre retomba au sol sans se briser.
Il est exactement comme Lily !Pourquoi ? Pourquoi elle, pourquoi eux ? Oh, elle les avait entendus ce matin, qui parlaient à Lily. Ne fais pas attention à Pétunia, ça lui passera, tu es tellement merveilleuse tu es notre petite fille chérie et patati et patata…
Est-ce qu'ils savaient seulement d'o elle revenait ? De chez les fous ! De ces gens qui voulaient faire d'elle un monstre ! C'était eux qui lui avaient montré toutes le blagues stupides qu'elle avait fait à noël, c'était eux qui faisaient d'elle une de ces personnes qu'on regarde bizarrement dans la rue. Et Lily n'aimait même pas les blagues, avant eux !
Elle détestait Lily, elle détestait ces parents, elle détestait ce chat noir qu'ils lui avaient acheté, mais, par dessus tout, elle les détestait, eux. Eux, l'ombre lointaine qui voulait dévorer sa sœur, la changer et la rendre mauvaise pour en faire l'une des leurs.
Sans un avertissement, la porte s'ouvrit à la volée. Pétunia crispa les poing dans son dos, se préparant à braver la colère de son père ou de sa mère.
Mais ce n'était ni l'un, ni l'autre.
Et le regard de Pétunia tomba dans celui, d'un vert intense, de sa petite sœur.
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22 mai 1990.
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La porte s'ouvrit à la volée dans la nuit. Pétunia se redressa sur son lit, hébétée et un peu stupéfaite. Même Dudley n'entrait jamais sans frapper. Elle le lui avait répété des dizaines de fois.
Mais ce n'était pas Dudley.
Et le regard de Pétunia tomba dans celui, d'un vert intense, du petit garçon qu'une bande de cinglés avaient déposé sur le pas de sa porte, près de neuf ans plus tôt.
« Je sais, » souffla t'il « je sais tout maintenant. »
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