Encore une fois, merci pour vos reviews !

Sissicho : tu vas comprendre dans la deuxième partie du chapitre (que je poste bientôt). Et puis, qu'est ce qui te dit que Harry va s'en sortir ?

Ryatt : voilà la suite.

Alinemcb54 : je suis désolée, voilà la suite, mais je crois que c'est encore pire.

Zag : merci beaucoup, je suis contente que ça te plaise.

Thealie : malheureusement, il te faudra la deuxième partie du chapitre pour avoir la réponse.

Merci aussi à Leila, Takoma, Raziel Tepes, Flo, Onarluca, et Sabi - j'ai adoré ta review, merci beaucoup.

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12. Le chemin des étoiles.

1ère partie.

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Un jour des aigles surgiront du brouillard

Un jour des aigles surgiront de nulle part

Ils descendront pour venir me voir

Comme dans un rêve dans ce rêve

Serre-moi encore

Serre-moi très fort

Au milieu du ciel ils ont des yeux de verre
J'éteins la lumière et je quitte la terre

(…)

La lune est noire et sans pudeur
Et moi j'ai peur de ne plus te voir
Réveille-moi de ce coma
De ce combat pour toi
Dans mes rêves et ses mystères
Je voudrais tant que tu me libères

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Coma coma coma.

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4 mai 1986.

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" Merde, gamin, elle est morte ? "

Sarah criait toujours dans l'escalier, mais sa voix semblait sans substance, un cri fantôme. Il ne l'entendait déjà plus.

" Connor ? "

Il ne reconnut pas son propre nom. A quatre pattes sur le carrelage, le front penché sur ses yeux clos, il laissait l'étrange froid l'envahir. Il n'y avait plus besoin de chercher, plus besoin de croire, il en était déjà persuadé : sa mère n'ouvrirait plus les yeux.

" Connor ! "

Les cris de sa sœur étaient comme emportés par un vent invisible, c'était fini, fini, fini… Il avait déjà sentit le froid, quand son père était tombé, des années auparavant, il le sentait de nouveau, ce froid glissant et implacable, tel une sentence.

" Connor ! "

Un jour viendrait, le froid l'emporterait lui aussi, se dit-il pour se rassurer, on ne restait pas indéfiniment en arrière…

" Réponds, petit… "

Mais brusquement, l'air changea, et le froid sembla s'altérer, révélant une faille.

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23 mai 1990.

Connor releva le nez vers le ciel et il lui sembla que l'orage lui-même marquait une pause alors qu'il découvrait la malédiction qui l'obscurcissait encore d'avantage. Le nuage d'un vert sinistre planait, menaçant. Connor ignorait sa signification, pourtant le sinistre symbole l'emplit d'une crainte glaçante.

C'est fini fini fini fini…

Il lui sembla soudain qu'il entendait crier Sarah dans un coin de sa tête. Mais était-elle seulement en vie ?

" Ca vient de l'Entrepôt ! " hurla t'il pour couvrir le bruit du vent.

Sinistre ironie, vraiment. Il aurait même pu en rire, si sa mère n'avait pas été en train de crever dans un lit aux draps sales. Lui avait hanté les lieus si souvent, et c'était Sarah qui allait y périr.

" Il faut y aller ! " ajouta t'il, voyant que son compagnon ne réagissait pas.

IL fixait le ciel, pétrifié d'horreur, comme si ce nuage venait de lui prendre tout ce qu'il possédait.

Et peut-être pas pour la première fois.

" Rémus ? " souffla t'il.

" C'est trop tard… " murmura ce dernier.

Jamais trop tard, disait parfois certains

Tant qu'y a d'la vie…

Connor n'était pas stupide au point de croire à ce genre de banalités, mais que faire d'autre ?

" Il faut y aller ! " cria t'il " Il faut aller à l'entrepôt ! "

Rémus se tourna vers lui, hébété, en proie à une rage quasi-désespérée. " Petit crétin, tu n'as donc pas compris ce que je viens de te dire ? " le tançaient les lueurs dans ces yeux.

" Ma sœur est là-bas, je sais qu'elle est là-bas, il faut y aller, je vous dis ! "

" Ils sont probablement morts. " laissa tomber Rémus.

Une nuit parfaite pour…

Non non non non

" Qu'est ce que vous en savez ? Vous n'allez même pas aller voir ? Si on ne fait rien, c'est sûr qu'ils seront morts ! "

Et l'autre parut brusquement sortir de sa torpeur. Il laissa échapper un cri, un long cri inquiétant, qui résonnait de milles émotions dont certaines ne lui semblèrent même pas humaines.

Et tout d'un coup Connor se sentit emporté ; une force plus puissante encore que l'orage le souleva de terre et il eut l'impression qu'elle aurait pu l'envoyer directement à l'entrepôt

Et sans passer par la case départ, mon pote !

Puis ses yeux rencontrèrent un regard de feu, torturé par l'angoisse et la douleur et

Autre chose

" Tu ne m'as donc pas entendu ? " siffla Rémus

" Je veux seulement retrouver ma sœur. " s'entêta Connor.

La pression sur ses épaules se relâcha, Rémus le laissa retomber au sol.

" C'est le soleil, n'est ce pas ? C'est à cause du soleil… "

Il n'avait même pas besoin de poser la question, il en était sûr, tout comme il avait su dès le début que Sarah n'était pas en sécurité

" J'y vais. " annonça t'il " Je vais là-bas, restez ici si vous le souhaitez. "

Et, résolu, il fit demi-tour et repartit au pas de course sous la pluie battante, entendant à peine les pas de Rémus à ses côtés. Il ne sentait que le poids du couteau de Mitch dans sa poche et l'angoisse qui couvait en lui, l'inquiétude pour sa sœur, la crainte de ce qu'il allait trouver.

Parce qu'après tout…

C'était quand même une nuit parfaite pour crever.

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23 mai 1990.

Elle le sentait. Elle le sentait là, tout près d'elle. Elle sentait planer l'ombre malfaisante, elle sentait l'étendue de sa force et la puanteur de la mort. La mort qui approchait, encore, qui rodait et la cernait comme une bête, une bête immonde et mauvaise.

Une fois encore elle se força à se dire que tout n'était pas perdu, que l'espoir demeurait, fermement ancré par delà le néant, mais ça devenait de plus en plus difficile, car plus le temps passait et plus elle sentait la vie qui s'écoulait de son corps, en un flot chaud et épais comme du sang.

Il était là, il était venu achever le travail, c'était tellement facile, à présent qu'elle était seule.

Il réussirait, elle n'avait aucune chance et elle le savait. Mais ce n'était plus ça qui comptait vraiment.

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23 mai 1990.

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Vu d'ici le nuage semblait plus terrifiant encore. Connor avait l'impression que les ténèbres qu'il charriait se glissaient sous sa peau. A ses côtés, Remus était plus pâle qu'un spectre, et ses yeux étaient cernés de noir.

L'Entrepôt se dressait devant eux. Connor qui avait si souvent fréquenté l'endroit n'avait jamais vraiment été effrayé, il connaissait la noirceur locale, il savait ce que cachaient les vieux murs gris.

Du moins il avait cru le savoir. Mais cette nuit, c'était une autre histoire.

Il lui semblait qu'une vague sombre grouillait devant les portes, quelque chose du même acabit que le nuage et la tempête. Ca flottait, un peu au-dessus du sol, s'étalant puis se rétractant, cherchant à avaler ce qu'il pouvait rester de lumière.

Puis il distingua quelque chose en bas, quelque chose qui vu d'ici ressemblait à une poupée de chiffon abandonnée dans l'herbe. Un froid intense l'envahit au moment où son regard glissa sur les paupières closes, le frappant au cœur, comme un coup de poignard.

" Ca va ? " murmura Remus.

Son teint s'était fait plus blanc encore, et à l'expression hagarde dans ses yeux Connor comprit que cette étrange obscurité ; quelle qu'elle fut, était bien réelle.

" Qu'est ce que c'est ? " souffla t'il.

" Détraqueurs. " laissa tomber Remus.

Des quoi ? Mais il ne pouvait plus parler. Tout à coup il s'était vidé des forces qu'il lui restait.

Remus sortit de sa poche un petit bâton de bois, il le serra fermement dans sa main et se tourna vers Connor.

" Toi, tu restes là, d'accord ? Il ne faut pas les approcher, tu ne sais pas te défendre. "

" Vous, vous savez… " souffla Connor.

Mais Remus l'ignora. Avec des gestes gauches, empesés, comme s'il avait été sur le point de s'écrouler d'épuisement, il quitta le couvert des arbres et remonta l'allée de gravillons gris, abandonnant Connor derrière lui..

" Attendez-moi… " hoqueta ce dernier.

Et ses jambes se dérobèrent sous lui, il s'effondra dans la poussière.

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Le froid est là, présent, partout. Quelque part en lui, le Loup caracole à nouveau, aspirant à rejoindre l'esprit de la nuit. Son souffle forme de petits nuages blancs dans l'air râpeux de l'Entrepôt.

Il contourne le corps sans âme, par terre. Le cadavre qui n'en est pas vraiment un d'un gosse qui n'a pas l'âge de Connor.

Ils sont là, tout autours. Ils approchent, lentement, ils ont tout leur temps. Si aux yeux de Connor ils ne sont qu'une vaste ombre noire, Rémus, lui, distingue chaque silhouette, forme ondoyante, spectrale.

Sa baguette est fermement ancrée dans sa main, il se réjouit presque à l'idée de l'affrontement. Puisqu'il a tout perdu, pourquoi ne pas se perdre lui aussi ?

Mais le loup se rebelle une fois encore. Rémus se battra, c'est certain.

Car Harry n'est peut-être pas si loin.

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23 mai 1990.

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Son souffle se précise, rauque et brûlant dans la pénombre. Elle tremble, le vent a forcé la fenêtre du couloir, s'insinuant malgré les efforts de Connor pour la garder fermée.

Sa présence s'affirme. Il est là, se découpant dans la faible lueur de sa lampe de chevet, une ombre plus noire que les autres.

"Alors tu es venu." souffle t'elle.

Elle pourrait hurler, appeler à l'aide, mais elle sait que c'est inutile, d'ailleurs elle n'en a plus la force. Et puis c'était censé finir comme ça depuis le début, de toutes façons.

"Dis-moi la vérité…" grogne la forme de Neil. "Tu n'es pas Amy, n'est ce pas ?"

"Je le suis encore assez pour te dire d'aller te faire mettre." lui crache t'elle en réponse.

"Salope."

L'insulte claque, puis le coup tombe, froidement, sans colère. Cette fois encore on pourrait le croire de pierre, s'il n'y avait la lueur vacillante de son regard.

La douleur se diffuse le long de sa mâchoire inférieure, étrangement assourdie. Les doigts glacés de Neil se posent sur la blessure, là où le sang commençait à perler, imprimant de petites pressions successives. Doucement, d'abord, puis de plus en plus fort, jusqu'à ce qu'elle laisse échapper une plainte.

Il attendait ce moment depuis bien longtemps, devine t'elle, peut-être même depuis le début.

"Tu sais pourquoi je suis là, n'est-ce pas ?", et sa voix est calme, presque douce.

Il ne la prendra pas pour une idiote, pour une fillette sans défense qu'on torture en jouant avec sa panique. C'est presque une forme de reconnaissance de sa part ; il s'agit d'un combat gagné - pour lui - pas d'une de ses créances de sang.

"Je sais." répond-elle sur le même ton.

Après tout, elle est déjà passée par là, près de neuf ans auparavant, non ? Elle a déjà "vécu" ces instants, cette angoisse trouble et cette aspiration de la fin. Ouiap, peut-être même que cette fois il y aura une lueur au bout de tunnel, qui sait ?

Les doigts, sombre mélange de marbre et de métal, quitte sa lèvre endolorie pour glisser le long de sa joue, jusqu'à presque effleurer sa nuque tiède. Lui savoure le moment, elle le sent, elle s'en fiche. Mieux, elle le lui accorde, il capture l'instant à la façon d'un adolescent qui effleure pour la première fois la courbe chaude du ventre de sa petite amie, et sans trop comprendre pourquoi, elle pense à Connor, elle se demande ce qu'il fait, s'il va bien, s'il a une chance d'être heureux un jour.

Puis soudain, brutalement, le mouvement se durcit. L'arc raide des serres de Neil encercle sa gorge, pressant douloureusement, plus fort, toujours plus fort. Les visages clairs et souriants de Connor et Sarah, de quand ils étaient encore tout petits et sans inquiétudes ni désillusions, passent puis disparaissent devant ses yeux, en même temps que les restes d'une de ces lumineuses journées d'été. Puis les couleurs se mêlent jusqu'à disparaître, formant un brouillard pâteux dans lequel elle achève de se perdre, jusqu'à l'ultime seconde, la dernière lueur, où elle entr'aperçoit le visage empreint de majesté d'un jeune homme au front clair, endormi dans des draps immaculés.

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4 mai 1986.

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Quelque chose change et quelque chose s'achève, l'air passe et disparaît, comme s'il avait mieux à prendre ailleurs. Là-haut, toujours dans l'escalier, les sanglots désespérés de Sarah s'altèrent.

L'espoir revient, fort et puissant, comme un étrange animal il remonte et enivre. Brusquement tout va pour le mieux, et pourtant quelque chose cloche, quelque chose cloche affreusement.

"Maman…" supplie t'il, espérant chasser sa détresse comme on éloigne le mauvais sort.

Son front est penché sur celui de sa mère, ses mèches de cheveux sombres frôlant la peau claire.

Les paupières closes frémissent comme des ailes de papillons et les pleurs de Sarah se sont tus. Brusquement tout va pour le mieux et pourtant la pensée tourne et tourne, l'envahit et le glace.

Ca ne fait que commencer…

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29 novembre 1965.

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La forêt est sombre, si sombre, son murmure angoissant monte de partout, freinant sa course éperdue. C'est là, sur ses talons, il ignore encore sa nature vraie, mais il sent la puissance et la haine. Le vent de la nuit siffle à ses oreilles, claquant comme un fouet. Son visage le brûle et ses poumons sont en feu. Ses petites jambes d'enfant ne tiendront plus longtemps, et la - viens ici petit ! - Chose - viens un peu que je te croque ! - est sur lui.

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23 mai 1990.

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Noooooooooon…

Dans un effort surhumain, Rémus se redressa. Le mouvement n'était pas physique, c'était son esprit qui se relevait dans un sursaut. Il ignorait depuis combien de temps il se trouvait dans l'Entrepôt, mais il savait déjà qu'il n'y tiendrait pas la nuit.

Harry où est Harry où est Harry où eeeeeeeeeeeeeeeest

- Viens ici que je te croque… -

"Spero patronum !" rugit-il.

Mais ils étaient nombreux, bien trop nombreux, ils étaient comme un brouillard suffoquant qu'on ne pouvait éloigner, et la brume scintillante de son patronus disparaissait dans l'air épais.

Des mains attrapent ses épaules, des poignes de glace, inhumaine. Je suis navré, Rémus ?… Les silhouettes se pressent et l'étouffent presque. Il se vide, il sent le flux d'énergie le quitter, pour laisser plus de place au froid sans nom.

L'escalier n'est pas si loin, pourtant. Si seulement il pouvait bouger…

J'ai une terrible nouvelle à vous annoncer… Il revoit des formes et des visages. Les visages pâles et déformés par la douleur.

Quelque chose tombe de sa poche, heurte le sol avec un "dong" incongru.

La chose le poursuit dans la forêt. Il a peur et mal et il est épuisé. Il s'agit de James et Lily… Dans la brume, il distingue la silhouette sombre qui se penche sur lui, est-il déjà au sol ? Nous n'avons rien pu faire, il était bien trop tard… Une racine et il trébuche. Le monstre est sur lui, encore et encore et encore, il sent la griffe qui lui déchire les épaules. Ils ont été très courageux, vous savez ? Oh oui, très courageux…

Son dos heurte la rampe métallique, un morceau de ferraille traverse sa chemise et une infime par de lui ressent la pointe de douleur quand il rencontre sa peau.

Très courageux… Harry, immobile, le visage blanc comme la craie… Harry qui s'effondre sur les restes d'un champ de bataille, la main crispée sur la poitrine.

Va pas crever sous un arc-en-ciel…

La douleur dans son dos se fait plus intense, plus vraie.

Va pas crever sous un arc-en-ciel…

Le brouillard s'éloigne un peu. De toutes ses forces, il se concentre sur le visage du garçon et sur la blessure. Il imagine le métal perçant la peau, le sang…

Cette histoire concerne le petit Harry Potter, n'est ce pas ?

"Spero Patronum !"

Cette fois la forme argentée reste, se précise. La brûlure dans son dos se fait si douloureuse qu'il se mord la langue jusqu'au sang, mais sa main ne faiblit pas.

"Spero Patronum ! SPERO PATRONUM !"

Le détraqueur le plus proche hésite, vacille. Rémus ferme les yeux pour ne plus le voir. Devant lui, il n'y a plus que le regard lumineux de Harry. Il sent son patronus se renforcer, et l'emprise sur son âme se relâche. A bout de souffle, dans un dernier cri, il décharge toute l'énergie qui lui reste dans le patronus. Puis il ouvre les yeux.

Frissonnant, évitant de regarder derrière lui, il empoigne la rampe de l'escalier et se hisse sur les marches, s'aidant du mur pour ne pas tomber.

Ses jambes tremble et le tissu de sa chemise frottant contre sa blessure rend la douleur insupportable. Pourtant, d'un pas un peu titubant, il gravit l'escalier.

Et la scène qu'il découvre à l'étage le cloue sur place.

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23 mai 1990.

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Debout et trempé jusqu'aux os, les poings crispés, Connor fixe l'Entrepôt comme on regarde un bateau en train de sombrer.

Mais qu'est ce qu'il fabrique, bon sang ?

Il hésite à s'approcher. Il n'a pas les armes qu'il faut pour se battre ici, il le sent bien.

Oui, mais il est sans doute le seul qui puisse faire quelque chose. Et l'image de sa mère, malade et seule dans la maison aux prises avec la tempête, rend l'inactivité insupportable.

Il se redresse, ignorant sa poitrine brûlante, là où le sang s'est remis à couler, après le coup de couteau de Mitch.

Le couteau qui est toujours dans sa poche. Peut-être pourra t'il vraiment faire quelque chose, après tout.

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Le brouillard noir semblait pourtant s'être effacé, créant l'illusion d'une relative sécurité. Les lieus semblent déserts quand il passe la porte rouillée. C'est sans doute ce qui le met si mal à l'aise, l'Entrepôt n'est jamais vide ; fugueur, sans-abri, drogué, il y a toujours quelqu'un.

Là, à quelques mètres de lui, il y a, abandonnée sur le sol, la petite bouteille à demi pleine du sang de sa mère. Sans savoir pourquoi, il s'approche, la ramasse, et il se sent un peu mieux. Elle est , avec lui.

Et puis brusquement, une pensée le glace, une soudaine certitude qui s'impose à lui.

Elle est morte…

Et il entend, derrière lui, un long sifflement rauque, répugnant, comme si un être en état de putréfaction avait pris une profonde inspiration juste à côté.

Et le brouillard revient.

Elle est morte, souffle t'on à son oreille, elle est morte elle est morte elle est morte

Et il les voit. Des formes, des silhouettes fantômes qui se découpent dans la fumée noire. Le couteau est dans sa main, mais le bras pend inutilement le long de son corps.

Merde, gamin, elle est morte ?

Le froid envahit son estomac, lui coupant le souffle. Il veut reculer, mais la chose est partout, faiblement, il brandit le couteau.

Un bon garçon ne laisse pas crever sa mère, Connor, un bon garçon ne la laisse pas crever dans des draps puants…

Il la voit rouler dans les escaliers, tomber encore et encore, il détaille avec précision l'angle de sa nuque, les chocs contre son front.

Et il sait alors qu'il va mourir. Il ne passera pas la nuit, comme avait dit le toubib devant le corps mourant de son père, l'orage va l'emporter, le prendre et le vider, jusqu'à la fin, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien du tout.

Rien de rien de rien de rien de

L'une des silhouettes se penche sur lui. Il sent l'odeur, d'abord. Une odeur qui l'envahit tout entier et lui donne envie de vomir. L'odeur d'un corps en décomposition.

Une nuit parfaite pour crever, oh oui, vrai de vrai, gamin…

De nouveau, le poing qui tient le couteau se lève, mais il n'atteint même pas la forme noire. Connor s'effondre, mais la chose ne lâche pas prise.

Puis il voit la figure. Horrible et horrifiante. La peau qui forme des cloques, comme sur le point de se détacher, les orbites, vide et morts, recouverts d'une peau fine et grise, repoussante. Mais le pire, c'est la bouche. Un trou béant et noir, qui lui semble capable d'aspirer l'univers entier, de le réduire à néant dans un seul souffle.

Et, sur un nouveau coup de tonnerre, le vide s'approche et s'approche, jusqu'à envahir son champ de vision, et tout n'est plus que ténèbres.

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