Pour tout ceux qui m'ont posé la question : ce n'était pas le dernier chapitre (mais on s'en doute un peu, maintenant) . Celui-ci est le dernier, mais ne partez pas tout de suite, il y aura un épilogue dans peu de temps, et peutêtre un chap bonusà voir.
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Lunenoire : merci pour tes reviews. Tu as raison quand à Amy (en quelques sortes) je pense que le chap 12b expliquait tt ça.
Raziel Tepes : ravie que ça te plaise, mais Happy end ? Je ne voyais pas ça comme ça.
Théalie : Oui, tu as tout bon. Sauf que je ne dirais pas que Lily s'est "réincarnée" en Amy, plutôt qu'elle a hum… "emprunté" son corps (Amy serait morte, je crois que tu l'avais compris, non ? J'ai répété cette scène je ne sais pas combien de fois).
Leila : Merci, oui, pauvre Connor, effectivement.
Kwak (ou Kwaaak) : non, ce n'était pas la fin, pas tout à fait.
Thamril : merci bcp !
Boo Sullyvan : C'est vrai que certaines scènes traînent en longueur, parfois (souvent ?). Merci pour ta review. Si le sang l'a sauvé ? Ben, on dirait bien.
Ryatt : Merci, et non, ce n'était pas la fin.
Zitook : merci.
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13. Le temps l'emportera.
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I can't see I can't see you
I can't see you again
(…)
Je voudrais du temps
Je voudrais te sentir près de moi
Contre des temps morts
Est-ce que tu m'aimes encore ?
Je voudrais du temps
Et te sentir encore près de moi
Contre des plus forts
Est-ce que tu m'aimes encore ?
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Dancetaria.
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23 mai 1990.
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"… de considérables dégâts matériels dans le sud du pays mais par chance on ne déplore aucun décès du à la tempête de cette nuit. Les experts s'interrogent encore sur la violence surprenante de cet orage, qui est resté très localisé - Londres n'a pas vu une seule goutte de pluie. Bonjour à tous si vous venez de nous rejoindre ! Il est treize heures trente et nous sommes le mercredi vingt-trois mai…"
Le son de la télévision lui parvenait depuis la fenêtre de la cuisine de la maison voisine. Sans trop savoir pourquoi, il imagina Dudley, là-bas au 4, Privet Drive, zappant mollement le speaker pour les dessins animés. S'était-il seulement demandé ce que Harry devenait ?
Et tu vivras tout ce qu'il te reste à vivre… Parce que quelque chose de mille fois plus puissant que toi, de mille fois plus puissant que moi en a décidé ainsi… Parce que tu as la vie devant toi et que rien ni personne ne te la prendra…
Le ciel était bas et lourd, l'orage n'était pas réellement parti, pas tout à fait. Et Harry savait que, jusqu'à ce qu'il ait vraiment tout oublié, il serait toujours là.
"May ! Viens m'aider, Chérie !"
Une silhouette inconnue se rapprocha un peu trop des arbres et Harry recula dans l'ombre, par crainte d'être découvert.
La vielle maison triste n'avait pas changé depuis la veille. Le volet battait toujours et le vent se frayait un chemin entre les herbes folles. Cette maison qui avait probablement assisté à tout un tas d'événements sinistres, elle conservait ses fantômes. C'était les vivants qui disparaissaient.
"Dépêche-toi un peu, Sam !" lança une voix féminine. "J'aimerais arriver à Londres avant la tombée du soir !"
Harry avait longtemps hésité à venir, se disant que sûrement ça n'arrangerait rien. Mais c'était sans doute sa dernière chance de voir Sarah, et c'était tout ce qu'il aurait d'un au revoir.
"On arrive, tante May !" fit faiblement la voix de Sarah.
Et un homme aux cheveux pâles - Sam - apparut dans l'allée, le teint blême et la mine triste, traînant une grosse valise noire derrière lui. Une valise dans laquelle on avait mis les affaires de Connor, comprit Harry. Peutêtre même aurait-il essayé d'y glisser Amy s'il l'avait pu. Pas celle qu'on avait découvert quelques heures plus tôt, non, mais celle des temps anciens, de quand tout allait encore presque bien.
Tante May et l'homme aux cheveux clairs soulevèrent la valise et la hissèrent sur le toit de la grosse voiture.
Ils étaient prêts à partir ; prêts à faire semblant d'oublier, parce que, leur avait dit tante May, oublier c'était commencer à guérir. Sam y croyait-il aussi ?
Est ce que Sarah guérirait ? Harry l'espérait.
Et soudain il la vit apparaître. Près de la porte, elle serrait quelque chose contre sa poitrine. Tante May abandonna la voiture et la valise et s'approcha d'elle. Elle esquissa un geste pour prendre son sac, mais Sarah secoua la tête en crispant sa main sur la lanière.
Ensemble, elles remontèrent la petite allée, et Harry les regarda passer, dissimulé dans les buissons, se disant qu'elles feraient aussi bien de ne pas s'arrêter.
Mais Sarah s'arrêta. Oh, le mouvement passa probablement inaperçu aux yeux des autres, mais Harry n'était pas les autres. Elle s'arrêta, une fraction de seconde. La main de tante May sur son épaule glissa sensiblement, son regard se dirigea vers le recoin le plus sombre du jardin, vers Harry.
Harry ne saurait jamais vraiment si elle l'avait vu. Peutêtre adressait-elle simplement un dernier regard aux vieux murs, pour dire au revoir. Mais il eut la nette impression que leurs regards se croisaient, comme pour cette première fois, dans la gare.
Avant qu'il n'ait pu savoir, tante May raffermit sa prise sur le bras de Sarah, et l'entraîna vers la voiture, l'homme aux cheveux clairs et les ombres d'Amy et de Connor qui planaient au-dessus de leurs têtes, insaisissables.
Tout était dit. Ou peutêtre pas, mais sa dernière chance était passée à présent. Alors il resta le témoin invisible et il se dit même, en les regardant disparaître, qu'ils auraient pu ressembler à une famille, presque ; s'ils n'avaient pas tous semblé si tristes, ni si solitaires, comme étrangers les uns aux autres.
Sarah s'en était allée.
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2 janvier 1999.
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Dumbledore contemplait le phœnix en silence. Debout près de la porte, Rogue se dit que l'oisillon était décidément très laid. Mais s'il était synonyme de la fin de leurs ennuis, qui était-il pour juger ?
"Alors on a gagné…" murmura t'il pour lui-même.
Ca lui semblait à peine croyable. Dumbledore leva les yeux vers lui.
"N'est ce pas ?" ajouta t'il.
Le vieux professeur se leva lentement, abandonnant le phœnix qui pépiait joyeusement, apparemment, sa combustion lui avait rendu la forme.
"Que croyez-vous avoir gagné, Séverus ?" demanda doucement Dumbledore.
Quoi, n'avaient-ils donc pas récupéré leur grand sauveur ?
"Nous avons contré l'ennemi, et nous l'avons mis en échec. Mais il nous reste encore une guerre à mener."
Rogue poussa un profond soupir. Ca ne finirait donc jamais ?
"Avez-vous vu Harry, Séverus ?"
Une lueur de malice pétilla dans le regard bleu. Bien sûr que non, il ne l'avait pas vu, en tous cas, pas depuis la nuit précédente.
"La guerre n'est pas terminée, il faudra encore se battre, encore souffrir et encore perdre. Il y aura sûrement des heures où il le regrettera, vous savez ? D'être revenu parmi nous. Mais jamais vraiment, parce que même si vous en doutez, Séverus, nous sommes ce qu'il a de meilleur."
Dumbledore marqua un pause, et le regarda dans les yeux.
"Et, qui sait, peutêtre que nous gagnerons, que nous y gagnerons tous…"
Rogue restait sceptique. La brève lueur de triomphe qui l'avait traversé était déjà presque éteinte, il n'était pas vraiment du genre optimisme.
"Que croyez-vous avoir gagné, professeur ?" demanda t'il à son tour.
Alors, Dumbledore eut un vrai sourire.
"Une seconde chance. Et, croyez-le, ce n'est déjà pas si mal."
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10 mai 1979.
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"Est-ce que ça va ?" murmura la femme d'une voix douce.
Lily releva la tête, péniblement, les larmes roulaient sur ses joues.
"Est-ce que je vais mourir ?"
"Tout le monde meurt un jour, tu sais, c'est inévitable."
"Pas comme ça, pas si tôt. Alors je vais l'abandonner ? Est ce que… Est ce qu'il sera toujours tout seul ? Est ce qu'il aura toujours si mal ?"
"Non Lily, tu le protégeras…"
"Mais je serais morte !"
"Il y a d'autre moyen de protéger. On n'a pas toujours besoin d'être en vie, pour être là."
Les larmes coulèrent de nouveau.
"Je crois que j'aurais préféré ne pas savoir."
"Mais tu l'as vu, lui. Il est la lumière du monde, tu sais ? Le sauveur, la délivrance !"
Lily crispa les poings, elle sentait la colère l'envahir, l'inonder comme un flot de sang.
"Non ! C'est un petit garçon seul et sans défenses et malheureux ! Je ne veux pas de ça, je ne veux pas qu'il souffre !"
"Tu ne veux pas de lui ?" demanda l'autre d'une voix douce.
"Mais si, je…"
Puis elle comprit. Doucement, elle inclina la tête. Prise au piège, mais le piège en était-il réellement un ?
"La lumière du monde…" répéta la femme.
Non, un enfant, un enfant perdu, tout seul et triste, un enfant sans Père Noël ni mercredi après-midi au cinéma.
Lily porta ses mains à son ventre.
"Il est déjà là, n'est ce pas ?"
La femme acquiesça.
"Alors qu'est ce qu'il faut faire, maintenant ?"
Alors, la femme se leva à son tour. Debout devant Lily, elle plaça ses mains au-dessus des siennes, recouvrant…
La lumière du monde…
Elle lui sourit, et ses yeux sombres brillèrent d'un éclat chaleureux.
"Il sera peutêtre seul, Lily, et parfois il sera triste. Mais je sais que, grâce à toi, il ne sera jamais perdu, il saura toujours retrouver la lumière."
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23 mai 1990.
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" Le pire, ce n'est jamais le cœur de la bataille, tu sais… "
Le professeur Kyles. Rémus. Harry s'était attendu à trouver l'Ombre cette fois encore, il s'était figuré que leur magie demeurait malgré le jour ; mais c'était Rémus.
Qui êtes-vous ? Mais qui êtes-vous donc ? Un gentil professeur, un étrange sorcier… Autre chose ?
Il observa un moment Harry, assis dans l'herbe, et eut un sourire un peu triste.
" C'est maintenant, le pire " demanda Harry dans un souffle.
Maintenant, juste après.
Une chose pour laquelle on n'a pas vraiment de nom.
" Je peux m'asseoir "
D'un signe de tête, Harry l'autorisa à s'installer sur le banc de l'Ombre.
" Oui, c'est maintenant, quand tu as tout le temps de réfléchir et de te poser plein de questions. Sur ce que tu as fait de bien ou de mal, sur ce qu'il te reste à faire, sur ce que tu as perdu… "
Harry baissa la tête. Du bout des doigts il effleura les brins d'herbes encore humide.
Encore et toujours, les restes de l'orage.
" J'ai perdu Sarah. " murmura t'il " Elle est partie, et elle est malheureuse. "
" Elle était déjà malheureuse. " rectifia Rémus " Toi, tu l'a aidée à l'être un peu moins ; maintenant, il va falloir qu'elle y parvienne toute seule. "
" Et si elle n'y arrive pas "
" Elle y arrivera. Elle n'aura jamais une vie parfaite, mais elle aura de moins en moins mal avec le temps. Et toi aussi, Harry. Tout ira mieux, avec du temps. "
Harry secoua la tête.
" Je ne crois pas. Je ne pourrais jamais oublier. "
Alors, Rémus, comme l'Ombre quelques jours auparavant, se glissa à bas du banc, dans l'herbe froide.
" Si, tu vas oublier, il le faut. "
" Mais je ne peux pas… "
Rémus ferma les yeux, et il comprit brusquement.
" C'est vous, n'est ce pas ? Vous allez… Vous allez me faire oublier… "
Les yeux dorés de son professeurs se firent un peu trop brillants quand il les rouvrit.
" Tu ne devais pas savoir, Harry. Oh, mais tu ne vas te réveiller amnésique, tu sais. Oublier, c'est une chose qui prend du temps, quelque soit la façon dont on oublie. "
Harry crispa les poings sur les brins d'herbes. Un mélange de colère et de peur formait une boule douloureuse au fond de sa gorge.
" Mais alors… Tout redeviendra comme avant "
Comme avant, les Dursley et le placard ? comme avant l'école et les tickets de bus ?
" Non, Harry, pas comme avantça ne changera pas tout ce qui est arrivé. "
" Mais je ne serais même plus un sorcier "
Alors, Rémus eut un sourire. Presque.
" Si, Harry, tu seras toujours un sorcier. Tu crois qu'on l'est à partir du moment où on le sait ? C'est en toi depuis ta naissance, et même avant, c'est ce que tu es."
"Est-ce que je vais perdre la magie ?" demanda Harry tout doucement.
Rémus secoua la tête.
"Non. La magie sera toujours là. Ce ne sera peutêtre pas toujours une bonne chose, mais elle ne disparaîtra jamais."
Harry desserra les poings. Des brins d'herbe à demi écrasés retombèrent mollement.
Oublier la forme scintillante de sa mère et la mélodie des ténèbres, oublier les rêves et les flammes, oublier l'Ombre et Rémus, oublier Sarah…
Alors tout allait disparaître, le bien comme le mal, tout ce qui en valait la peine. Tout, tout, tout.
"Vous allez vous en aller, pas vrai ?" murmura t'il "Vous ne me feriez pas oublier, sinon. Vous êtes venu dire au revoir."
Il releva le front, ses yeux clairs rencontrant ceux de Rémus.
"Ce sera comment après ? Je serais qui ? Ce type… Celui qui voulait me tuer, il a dit… que j'avais tué son maître."
Il marqua une pause, hésitant.
"Son maître, c'est l'homme aux yeux rouges, n'est ce pas ?"
Rémus acquiesça lentement.
"Tu ne l'as pas tué, mais tu devras probablement le faire un jour. Pour sauver le monde, Harry, pour nous sauver tous."
Harry secoua la tête, sans comprendre.
"Mais pourquoi moi ? Pourquoi ? Je ne veux pas le tuer, je ne peux pas sauver le monde, je suis… Personne."
Rémus eut un léger rire.
"Personne ? Oh Harry… Répète ça aux sorciers de ce mondeà ceux qui te craignent et à ceux qui t'admirent, aux enfants qui veulent te ressembler… Essaie un peu de dire ça à tes amis, ceux qui ont mis leurs vies en péril pour m'envoyer jusqu'ici…" Il se pencha en avant "Et ta mère ? Ose dire à Lily que tu es personne, tu verrais ce qu'elle te répondrais."
Et la colère revint, ce souffle brûlant qui lui gonflait la poitrine.
"Elle ne dirait rien du tout !" répliqua t'il avec force et quelques oiseaux s'envolèrent, effrayés par son cri. "Elle ne dirait rien du tout parce qu'elle est morte, ils sont morts tous les deux ! Et ils sont morts à cause de tout ça ; et Sarah a perdu sa famille, et elle est partie et maintenant vous voulez que j'oublie ? Vous êtes malade, je ne peux pas !"
Rémus ne sembla pas surpris par son éclat. Doucement, hésitant, presque, il posa une main sur son épaule.
"Tu ne comprends donc pas ? C'est justement pour ça qu'il faut que tu oublies, et c'est justement pour ça qu'on ne t'a jamais rien révélé, parce que ça t'aurais rendu fou, cette douleur et cette angoisse alors que tu es coincé ici, trop petit pour faire quoi que ce soit. Tu apprendras de nouveau, Harry, je te le promets. Tu sauras tout le moment venu, quand tu retrouveras ton monde."
"Je ne crois pas que j'aie un monde." murmura Harry en réprimant un sanglot.
Alors Rémus l'attira à lui. Délicatement, comme s'il avait peur de le briser, il le serra contre son cœur, bouleversé de le sentir si petit et si fragile.
"Si, tu as un monde." souffla t'il contre ses cheveux sombres. "Il n'est pas très drôle, tu sais, mais il est à toi et je ne laisserais personne te prendre ça, bonhomme, c'est promis."
Il prit son visage entre ses mains.
"Ce n'est qu'un au revoir, Harry. Tout reviendra. Mais ta mère…"
Un hoquet échappa à l'enfant, ses yeux étaient brillants de larmes retenues. Des larmes qu'il ne laisserait pas échapper devant lui, comprit Rémus.
"Ta mère, elle reste là." il plaça une main juste sur son cœur. "Et elle y restera, avec toi pour toujours."
Et Harry acquiesça, son menton tremblant. Parce que les blessures les plus tristes sont celles que seul le temps parvient à apaiser, songea Rémus, celle-là reviendrait avec les souvenirs, si elle s'effaçait seulement un jour.
Il s'attarda une ultime seconde, les grands yeux de Harry fixés sur lui, en silence. Il nous sauvera, songea t'il, il nous sauvera tous. Puis il se força à se lever, se força à reculerà s'éloigner, se répétant à l'infini le même vieux mantra, usé jusqu'à la trame : Ne te retourne pas.
Pourtant, il coula un dernier regard, un dernier, au parc, au banc et à l'enfant immobile, seul sous l'immensité du ciel gris, avant de disparaître.
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27 avril 1981
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Je ferais tout pour que ça continue…
"Je sais, Rémus." souffla t'elle.
Il s'éloigna derrière elle, lointain mais toujours présent, veillant sur eux depuis sa retraite.
James et Harry dormaient sans bruit, ignorant le reste du monde, inconscient de l'avenir dramatique qui les attendait tous les deux. Lily réprima un sanglot. Où trouver la force, comment continuer ?
Et puis, comme s'il avait sentit la détresse de sa mère, Harry ouvrit un œil et, immobile, sa main dans celle de son père, il lui adressa un sourire rayonnant, comme seuls les tout jeunes enfants savent les faire, forts de leur innocence.
Alors, Lily sentit la force et la rage revenir. C'était facile, finalement, ils allaient de paire avec l'amour, tout ce qu'elle avait à faire, c'était de ne pas s'arrêter en chemin.
"T'en fais pas, mon ange," souffla t'elle au bébé. "j'y arriverais."
Alors, rassuré, Harry se rendormit, le délicat sourire éclairant toujours son visage, et Lily se répéta une fois de plus, et cette fois en y croyant presque : nous avons encore le temps…
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23 mai 1990.
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"Harry, qu'est ce que tu fais là ?"
Surpris, Harry releva les yeux. Devant lui, parfaitement réel avec son ciré bleu et ses cheveux bien coiffés, presque effrayant de réalité, se tenait Danny.
Son ami se glissa près de lui, s'accroupissant précautionneusement dans l'herbe humide, tâchant de ne pas salir son jean. S'il en avait eu la force, Harry aurait sans doutes éclaté de rire.
"On n'a pas eu cours, cet après-midi." expliqua Danny. "Le professeur Kyles était absent, alors on nous a réparti dans les autres classes, et j'étais avec les CM2."
Ses yeux en brillaient encore.
Et Harry se demanda brusquement ce quelle tête ferait Danny s'il lui reparlait du feu parlant et de ce qu'ils avaient vu, là-bas dans les vieux immeubles. Est-ce qu'il avait oublié ? Est-ce que quelqu'un ou quelque chose avait réussit à le convaincre de ce fait immuable ; la magieça n'existe pas ?
"Franchement, leur classe est géniale, t'imagine même pas, il y a même un ordinateur dans le fond et j'ai pu m'en servir comme j'avais fini mes devoir et…"
Et Harry fut pris d'un soudain sentiment de nausée. Il se sentait loin, si loin de Privet Drive, de cette école et même de Danny, tout pétri de normalité et de cette réalité tranquille. Comment allait-il survivre, dans ce monde qui n'était plus - non, qui n'avait jamais été - le sien ?
Danny interrompit brusquement sa tirade et le regarda curieusement, sa tête blonde inclinée sur le côté.
"Tu es sûr que ça va ?"
Et Harry éclata brusquement de rire, un rire un peu vide, incrédule, qui ne lui ressemblait pas.
"Si ça va ?" hoqueta t'il.
Les yeux de Danny s'écarquillèrent et le rire de Harry mourut dans sa gorge aussi brusquement qu'il était apparu.
Il laissa son regard errer sur le parc désert, ce petit parc triste où il n'y avait plus aucune trace de l'Ombre et il songea à tout ce qui l'attendait encore et que, peutêtre, comme l'avait si souvent dit un garçon qui s'appelait Connor, ce putain de monde était sacrément injuste.
Il avait vu Sarah et Rémus s'éloigner puis disparaître et gardait au ventre une douleur cuisante, ce sentiment infini de s'être fait dérober plus qu'il ne pourrait jamais posséder. Parce que, songea t'il, leur histoire à tous avait depuis le début un amer goût d'inachevé.
Alors, se jurant que c'était la dernière fois, et qu'après il serait fort, fort quoi qu'il arrive, il s'abandonna aux sanglots, pleurant sur lui-même, sur Sarah et Rémus et l'Ombre, sur sa mère et sur ce monde, ainsi que sur tous les rêves oubliés et les destins perdus ; son visage dans l'herbe humide, mêlant ses larmes aux relents de l'orage.
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