Chapitre 3 Consultation fantôme

Les temps se faisaient tranquilles au ministère. La criminalité était en baisse et les aurors étaient pour la plupart confinés à leurs salles d'entraînement ou à leur bureau à remplir des formulaires. La chasse au mage noir était bel et bien terminée. Et cela depuis treize ans. Treize ans sans que personne ne revendique la couronne. Sans que personne ne fasse mine de vouloir peut-être succéder à ce qui avait été le plus sournois et le plus stratège fléaux qui s'étaient abattu sur le monde. Personne ne voulait endosser les responsabilités qui venaient avec ce titre. Personne n'y était prêt. Cela voulait dire trop de chose. Les gens, même les plus mesquin, voulaient oublier ces temps sombres. Ces temps où la confusion s'était emparée de leur esprit et où ils avaient, pour la première fois, douté. Douté que cet homme qui tuait des innocents puisse être foncièrement mauvais. Douté que leurs héros combattent réellement du bon côté. Ils avaient douté de la criminalité de cet homme qui pourtant avait tout du criminel. Il avait le sang des morts sur ses mains et la culpabilité entachait son âme.

Le soleil se levait une fois de plus sur ce monde désolé. En apparence, il était redevenu le même. Mais si on enlevait la couche de poussière qui commençait à s'accumuler sur le passé, on se rendait compte qu'il y avait encore une blessure. Une blessure qui apparaît toujours au moment où on s'y attend le moins. Une vieille blessure de guerre qui nous rappelle ce qui a été et ce qui ne sera plus. Le monde avait changé. Le monde avait connu le doute. Un doute impardonnable qui hante notre esprit jusqu'au trépas. Un doute qui insurge une question que l'on préfère ignorer de peur de voir en surgir la réponse. Une réponse qui ferait de nous les assassins et du criminel une pauvre et malheureuse victime.

Le Dragon Blanc. C'est ainsi que les sorciers l'avaient baptisé. Le Dragon Blanc. En partie à cause de son nom. Nom qui n'était prononcé que par quelques rares inconscients. Les vieillards racontaient qu'il suffisait de prononcer son nom pour qu'il puisse tout entendre de sa prison. Tout ce qui était dit par la suite. Les gens y croyaient. Ils avaient tant vu. Tant vu que cela ne leur paraissait qu'une suite logique à tout ce qui s'était déjà passé. S'il avait réussi à les faire douter, il pouvait bien les avoir ainsi ensorcelés.

Le Dragon Blanc. Cette appellation était non seulement lié à son nom, mais aussi à ce qui l'accompagnait à chacune de ses sorties. À chacune de ses attaques. Des dragons. Des dragons qui survolaient les lieux avant chaque attaque. C'était un avertissement. Un avertissement qu'il se trouvait déjà parmi eux et que la victime n'allait pas tarder à voir l'un de ses proches mourir. Un avertissement que la mort était proche et la souffrance inévitable. Une souffrance sournoise puisqu'elle devait passer par la mort. Puisqu'elle se logeait directement dans le cœur de la victime.

Les dragons qui l'accompagnaient ne servaient en fait que de parure. Que de protection. Que de technique d'intimidation. Ils étaient là sans y être vraiment. Ils avaient mis du temps à comprendre. Beaucoup de temps. Mais même lorsqu'ils surent, ils ne purent empêcher la mort de frapper et la souffrance de terrasser les âmes en peine. Ils étaient là sans y être. Ils le protégeaient. Jamais un sortilège aussi puissant soit-il ne les atteignit. Jamais. Comment terrasser ce qui n'est pas vraiment là ? Ils n'étaient là que parce que la population voulait bien admettre leur présence. Il leur était rassurant de voir qu'ils n'avaient pas peur d'un homme seul. Il leur était rassurant de voir ces dragons surgir du néant pour les avertir que le mal était près. Il leur était rassurant de savoir qu'un seul homme ne pouvait inspirer autant de peur. Il leur était rassurant de savoir. Savoir que quelqu'un va mourir les rassurait. C'est ce qui les effraya, lorsque tout fut fini.

Il avait accomplit le crime parfait. Aucune lacune. Aucune faille. Aucune faiblesse. Il n'était pas humain. C'est ce qu'ils s'accordaient tous à dire. Il est effrayant de savoir qu'on appartient à la même espèce qu'une telle créature. Une créature si intelligente qu'elle nous pousse à la frontière d'un immense gouffre. Un gouffre visible à des kilomètres. Un gouffre que l'on peut éviter en tout temps, mais elle nous y conduit sans même une protestation de notre part. Il est effrayant de savoir que, au fond d'elle, cette créature pourrait être comme nous. Il est effrayant d'envisager pouvoir avoir au fond de soi les mêmes racines qu'un être qui a si peu de respect envers ses semblables.

Tout est bon pour se rassurer. Alors on nie l'évidence et on se jette dans le gouffre en se disant que c'était inévitable. Le monde a changé. Il a changé parce qu'il ne s'est pas rebattit au bon endroit. Il s'est reconstruit à la frontière de ce gouffre. Il devient alors dangereux de sortir de notre monde. On s'isole. On s'enferme dans notre sécurité. Une sécurité qui nous emprisonne. Une sécurité qui nous rend plus prisonnier que le mal dans sa prison. Il n'y a pas pire geôlier que soi même. Comment pourrait-on se déjouer soi-même ? C'est comme jouer aux échecs seul. On est toujours à la fois gagnant et perdant. Le problème est que dans ce cas-ci, le seul moyen de se déjouer soi-même, la seul libération possible, passe par ce que nous fuyons. La mort. La mort est la seule libération. La seule manière de briser nos chaînes est de se briser soi-même.

C'est peut-être pour ça que les gens lui attribuaient également le nom de Briseur de Vies. C'était plus recherché que Dragon Blanc et ça inspirait une plus grande crainte, un moins grand respect. Cette appellation inspirait ce qu'il était vraiment. Il brisait des vies. Autant pour les morts que pour ceux qui restaient. Il brisait leur existence. Et il réussissait encore cet exploit de sa prison. Parce que le doute persistait. Comment une créature aussi intelligente avait-elle pu se laisser attraper aussi facilement ? Ça n'avait pas été un terrible combat. Ça n'avait été qu'une arrestation ordinaire dans un quartier moldu ordinaire. Une arrestation de routine. Aucun sort n'avait été lancé. Ça n'avait pas été nécessaire. Ils avaient courut un peu. Il avait fuit. Pour la première fois depuis son ascension, il avait fuit. Déjà, les deux aurors à ses trousses savaient que cette journée ne serait pas comme les autres. Il les avait fuit. Et ils l'avaient attrapé. Ils l'avaient arrêté et amené se faire juger. Il aurait dû être mort. Il aurait dû être condamné à mort. Mais il ne l'avait pas été. Trop d'histoires circulaient. Un trop grand mystère l'entourait. Son heure n'était pas encore venue. Peut-être le serait-elle treize ans plus tard.

Assis devant un bureau séparé d'un autre par une mince cloison, il tournait sa plume entre ses doigts. Il avait le regard fixe. Absorbé par ses souvenirs. Des souvenirs qu'il aurait préféré oublier. Des souvenirs douloureux. Des souvenirs qui faisaient parti de ces choses qu'on se répète sans cesse et dont on réinvente la fin.

- Weasley, ils arrivent.

Il délaissa sa plume et se tourna vers les deux immenses portes qui ne tardèrent pas à s'ouvrit. Un homme grand et massif apparut, suivit d'une quinzaine de jeune gens. Il les observa. L'homme, le plus vieux, était en quelque sorte le directeur de la formation des aurors. Il se souvenait encore de son examen final. C'était lui qui faisait l'évaluation pratique. Un fiasco. Il devait avoir eut pitié de lui pour le faire passer, où alors, le ministre avait fait pression sur lui pour qu'il le fasse réussir. Ç'aurait été mal vu de le voir échouer, lui qui avait aidé le Survivant à carboniser Voldemort. Il optait beaucoup plus pour la deuxième option. Brutus Galaad n'était pas vraiment le genre d'homme à avoir pitié de qui que ce soi.

Son regard se porta à sa droite. Harry Potter s'y trouvait, fixant les nouveaux venus. Lui aussi avait eut quelques difficultés lors de l'évaluation. Sans doute en gardait-il également un mauvais souvenir. Galaad détestait les Gryffondors. C'était sans doute un des facteurs déterminant qui avait conduit à la grande explosion qui avait eut lieu lors de leur évaluation. Ils devaient effectuer leur évaluation en équipe de deux. Ils devaient s'affronter. Étant amis, ils retenaient leurs sortilèges. Galaad s'était alors mis à hurler. À leur hurler des bêtises en écorchant quelque peu leurs parents au passage. La suite n'avait pas été des plus belles. Les torches s'étaient éteintes. Le mobilier s'était mis à trembler. Ils avaient attaqué en une coordination désarmante. Résultat, deux mois à Sainte-Mangouste.

Un léger sourire apparut sur ses lèvres. Ce souvenir faisait partit de deux catégories. Celle de ceux qu'on veut oublier et celle de ceux dont on veut se souvenir jusqu'à la fin de nos jours pour pouvoir les raconter à nos petits enfants.

- Silence, ordonna la voix puissante de l'auror.

Les nouvelles recrues se turent et se mirent en rang bien droit. Ron les regarda, moqueur. Il se souvenait encore de ce jour où il avait été assigné à un auror. Un vétéran quelque peu sénile, certes, mais un grand auror. Il se souvenait des mines inquiètes qui s'étaient affichés lors de leur arriver. Les mêmes mines inquiètes qui étaient sur le visage de ses collègues à ce moment. Personne ne voulait faire équipe avec un bleu. Ils ne savaient encore rien du véritable métier d'auror. Il fallait leur expliquer que, pour l'instant, leur travail se résumait à remplir des dossiers et parfois même à servir de commis. Pas très réjouissant, voir ses rêves d'enquête criminelle et de folles poursuites ensevelis sous des tonnes de paperasse.

Galaad commença à nommer les nouvelles équipes de travail. Les années précédentes, il avait réussi à y échapper. Par contre, c'était une autre histoire pour Harry. Il avait dû faire équipe avec son fils, trois ans plus tôt. Une dure expérience. Devoir l'endurer à la maison et au travail, c'était trop pour lui. Bien sûr, James était maintenant plus expérimenté et jouait au professionnel devant son frère, mais il aurait moins fait le fier si son père avait décidé de parler de ses mésaventures à toute sa famille.

- Potter, Aleksandar, tu feras équipe avec Weasley, Ronald.

- Non ! s'exclama-t-il. C'est inhumain de faire ça !

Tout le monde se tourna vers lui alors que le jeune Potter se rendait, mal à l'aise, vers lui. Il sortit quelques pièces de ses poches.

- Tien, voilà ta première mission. Va porter ça à Tonks.

Il lui mis les pièces dans les mains et celui-ci se rendit accomplir sa mission.

- Comment elle a fait pour savoir ?

- Tu ne savais pas ? demanda Harry. À sa première année, elle a fait équipe avec Galaad. Malgré sa maladresse, elle est sans doute la seule Gryffondor qu'il réussit à endurer.

- Alors en plus de perdre trois gallions, je suis pris avec ton fils. Et tout ça à cause d'un coup monté.

- Et oui, normalement, il aurait dû se retrouver avec Stevens.

Aleksandar revint quelques secondes plus tard. Son visage rayonnait.

- Alors, quand est-ce qu'on commence ?

Si Drago Malefoy était le Briseur de Vie, Ronald Weasley allait bientôt être affublé du nom de Briseur de Rêves.

- Maintenant, annonça-t-il en lui mettant une caisse remplie de dossier à classer dans les mains.

Ça avait été expéditif et très clair. Il ne s'en était pas trop mal tiré. Il reprit sa plume sous les yeux déconfis du jeune bleu.

- Mais, c'est quand qu'on sort dehors pour…

Peut-être pas si clair que ça finalement.

- … Mener des enquêtes sur des prestigieux voleurs de bijoux, faire des poursuites jusque dans les ruelles sombres de l'Allé des Embrumes et arrêter les méchants criminels assoiffés de sang? coupa Ron.

- Oui, dit-il, plein d'espoir.

- Peut-être que d'ici dix ans, quelqu'un décidera de commettre un délit. Et avec de la chance, on sera sur le coup. En attendant, tu classes ça et l'amènes au bureau indiqué sur la boîte.

- Mais…

- Qu'est-ce qu'il y a qui n'est pas clair dans ce que je t'ai dit ?

- C'est que, James m'avait parlé d'enquête, d'aventures…

- Et bien ton frère aurait dû devenir romancier, avec l'imagination qu'il a pour raconter des bobards, il aurait fait fortune.

Le jeune Potter déposa calmement sa boîte et lança un regard malveillant à son aîné qui regardait la scène, quelques bureaux plus loin. La poursuite ne tarda pas à s'engager entre les deux frères.

- Et bien, il les a ses folles poursuites remplies d'embûches, déclara-t-il en voyant les deux gamins sauter pardessus des boîtes de paperasse. Et n'oubli pas de classer tout ça, ajouta-t-il à son intention.

Il continua sa fastidieuse tâche. L'ennui avec l'entraînement d'auror était qu'on ne lui avait pas enseigné à rester éveillé quand on lui confiait une tâche aussi assommante que celle-ci. L'heure avança rapidement. Heureusement, car Ron ne savait pas s'il allait survivre. L'ennui avec les jeunes était qu'ils croyaient que si ils rouspétaient assez longtemps, le sale boulot allait disparaître de lui-même.

L'heure du déjeuner arriva enfin. Les bureaux se vidèrent rapidement au profit de la cantine. Ils allèrent s'asseoir à leur table habituelle.

- Ton fils va me rendre cinglé, se plaignit-il.

- Il ne s'en sort pas si mal, non ?

Ron se contenta de le regarder fermement dans les yeux.

- D'accord, je n'ai rien dit. Je sais qu'il peut parfois être un peu trop…

- Plein de bonne volonté ? Je ne sais pas ce que James lui a raconté, mais son beau rêve vient de s'écrouler. Il n'est pas fait pour le travail de bureau, il a trop d'énergie à dépenser. Tu l'as vu, tout à l'heure ? Si on avait eut un type aussi rapide et aussi agile dans le temps, croit-moi, on aurait attrapé Malefoy bien avant.

- Oui, sans doute. Il esquive bien. Ses attaques sont puissantes, nettes et précises.

- Il a de bonnes jambes, parfait pour les poursuites. Il a aussi une grande endurance. Pas étonnant qu'il ait aussi bien réussit son examen d'entrée. Même Galaad n'a pas pu le faire échouer.

- Il faut lui donner ça, à Galaad, sa rancune ne va pas jusqu'aux générations futures.

Les deux jeunes frères vinrent se joindre à eux.

- Alors, cette après-midi, on alterne avec la deuxième équipe ? s'enquit Alek.

- Peut-être, ça dépend. Tu as fini le boulot que je t'avais donné ?

- Heu…

- Dis-moi que oui, supplia le rouquin.

- Je peux, si tu y tiens, mais je serai pas crédible. J'ai été recalé en infiltration. L'acteur dans la famille, c'est James.

- Alors tu vas finir ce que tu aurais dû mettre à peine une heure à faire et tu viendras nous rejoindre après.

- Mais…

- C'est le monde tu travail ici, Alek, intervint calmement son père. Je sais, c'est dur. James t'a raconté des tas de trucs auxquels tu rêvais et tu te retrouves à classer des dossiers qui n'ont pratiquement aucun rapport avec ce pour quoi tu as été formé. Mais tu dois le faire. Et puis, un jour, on aura besoin de toi et tu seras envoyé sur les lieux d'un crime pour faire une véritable enquête.

Le jeune auror soupira et mordit dans son déjeuner. Pendant l'après-midi, alors que les autres allaient aller s'entraîner, lui devrait finir de classer les dossiers qu'il avait laissé en plan. Il finit donc rapidement son repas et se rendit dans son espace de travail. Une heure plus tard, il eut finit. Il prit la boîte et se rendit au bureau indiqué dessus. Il mit quelques minutes à le trouver, étant peu habitué. Il frappa quelques coups sur la porte. Une jeune femme vint lui ouvrir.

- Enfin, vous en avez mis du temps. Je les attendais dans la matinée, pesta-t-elle.

- Et bien la prochaine fois, vous le ferez vous-même, déclara-t-il en lâchant la boîte à ses pieds. Non, mais vous vous prenez pour qui ?

- Pour ta supérieure hiérarchique, Potter.

Cette voix venait de derrière lui. Une voix familière.

- Mêle-toi de ce qui te regarde, Zabini.

- Zabini, retournez à votre espace de travail, on ne vous paie pas à rien faire. Et vous, Mr. Potter, entrez, j'ai à vous parler.

- Mais j'ai un…

- Et en silence.

Elle était jeune, mais très autoritaire.

- Et ramassez cette boîte.

Il s'exécuta. Il la suivit et ferma la porte derrière lui.

- Posez-la ici, ordonna-t-elle en indiquant un coin du petit bureau.

Il en profita pour examiner un peu les lieux. Ç'aurait pu être chaleureux si la jeune femme qui s'y trouvait n'avait pas été aussi glaciale. Il y avait une causeuse, une fenêtre, magique, bien sûr, mais une fenêtre quand même. Il remarqua qu'il y faisait soleil et qu'il y avait même des chants d'oiseaux qui se faisaient entendre de temps à autres. Les autres fenêtres du secteur étaient beaucoup moins gâtées par le temps. Il y faisait un temps orageux. Les employés de la maintenance magique s'étaient encore vus refuser leur augmentation de salaire. Elle semblait cependant s'être fait dispenser de la pluie et des éclairs. Dans le bureau se trouvait également un fauteuil et juste à côté, il y avait une petite table munie d'un unique tiroir sur laquelle étaient déposées quelques fleurs. À l'opposé complètement se trouvait des filières, un bureau avec un fauteuil derrière et quelques chaises en plus pour de potentiels interlocuteurs. Il s'adonnait à être un potentiel interlocuteur alors, après avoir rangé la boîte à sa place, il y prit place comme elle l'y invitait.

- J'ignorais que vous étiez ma supérieure hiérarchique…

Elle l'écoutait d'une oreille distraite alors qu'elle fouillait dans l'une des filières.

- … Si j'avais su, jamais je ne vous aurais parlé ainsi…

Elle ferma le premier tiroir et entreprit d'explorer le deuxième.

- … Vous n'allez tout de même pas en référer à Galaad…

- Monsieur Galaad, reprit-elle.

- Oui, je… Enfin, vous n'allez tout de même pas faire un rapport à Mr. Galaad.

- Pourquoi ? demanda-t-elle, distante.

- Et bien… Écoutez, c'est ma première journée. Je viens tout juste d'apprendre que tout ce dont je rêvais allait être remplacé par…

Elle changea de filière.

- … De la paperasse. Si j'avais voulu devenir fonctionnaire, j'aurais appliqué pour ça…

- Alors pourquoi avoir appliqué comme auror ? Vous travaillez pour le gouvernement, vous deviez bien savoir que ça allait finir par aboutir là.

- Justement, non. Mon frère a fini sa formation d'auror depuis trois ans. Il m'a raconté des tas de trucs sur des supposés enquêtes qu'il avait conduite avec notre père. Et moi, en pauvre con, je l'ai cru. Depuis trois ans, tout ce qu'il fait, c'est classer des dossiers et s'entraîner. Tout ça, c'est de sa faute.

Elle arrêta de fouiller, amusée. Elle alla alors s'asseoir sur le fauteuil.

- Venez donc vous asseoir ici. Vous serez plus confortable pour vous expliquer, dit-elle en désignant la causeuse.

Il s'exécuta.

- Mais qu'est-ce que je disais ?

- Tout ça, c'est de la faute de votre frère.

- Oui, c'est ça. S'il ne m'avait pas raconté tout ça, je ne me serais jamais fait d'illusions.

- Mais qu'est-ce que ça aurait changé ? Vous vouliez devenir auror, non ?

- Oui, mais l'année dernière, les Canons m'ont proposé un poste de poursuiveur. Enfin, vous vous rendez compte ? Les Canons, ce n'est pas rien. Et moi j'ai refusé en croyant que j'allais vivre beaucoup de choses en devenant auror. S'il ne m'avait pas mis toutes ces idées dans la tête, j'aurais accepté. Et il n'a même pas essayé de me dissuader de refuser quand il a su que j'avais eut cette proposition. Quel genre de frère ferait ça ?

- Bien sûr, je vois. Vous le tenez responsable de votre situation actuelle. Il vous a mentit délibérément et vous a conduit sur une voie que vous regrettez aujourd'hui d'avoir emprunté. C'est cela ?

- Exactement !

- Mais pourquoi, selon vous, aurait-il agi ainsi ?

- Je ne sais pas moi. Peut-être qu'il était jaloux. Il n'a jamais été très doué en Quidditch, vous savez. Et à l'école, les filles étaient très attirées par les sportifs. Il a bien essayé d'entrer dans l'équipe, en deuxième année, mais il n'a pas été prit. Il s'est ensuite présenté aux sélections suivantes, mais n'a jamais été accepté dans l'équipe. Alors que moi, la première fois où je me suis présenté, j'ai été pris. Je crois que son orgueil en a prit un coup. Mais non, ce n'est pas son genre. Il est au-dessus de tout ça. C'est pour ça que je l'admire. Il a toujours été au-dessus de tout ce que les gens pouvait dire ou penser.

- Et dans votre famille, quelles étaient vos positions ?

- Pardon ?

- Quels étaient vos rôles ? À l'école, vous étiez le sportif, mais dans votre milieu familial, comment étiez-vous ?

- Et bien, mon père l'a toujours soutenu. Quoiqu'il fasse. Moi j'étais plutôt délaissé. Je n'avais jamais de problème à l'école. J'ai très bien réussi mes BUSES et mes ASPICS, mais lui, je crois qu'il avait quelques problèmes, alors mon père le suivait toujours de très près. Et comme ma sœur, mes autres frères et moi, on n'a jamais vraiment eut de problème, on était un peu laissé à nous même.

- Laissé à vous-même ?

- Oui, enfin, on n'était pas complètement abandonné. Il s'occupait de nous…

- Mais moins que votre frère ?

- Oui. Peu importe les efforts que je faisais, il n'y en avait toujours que pour lui. Je faisais parti de l'équipe de Quidditch, j'étais doué dans presque toutes les matières, il n'y a qu'en divination où j'ai toujours été faible, mais est-ce que c'est de ma faute si je n'avais pas le troisième œil ? Ça ne se commande pas comme ça !

- Vous faisiez des efforts, des efforts pour réussir ou pour attirer son attention ?

- Je… Sans doute un peu des deux. Mais c'était en vain puisqu'il ne m'a jamais même dit un petit mot d'encouragement.

- Vous encourager à quoi ? Vous étiez parfait.

- Je n'ai jamais dit être parfait. C'est juste que j'aurais aimé avoir un peu de soutient, sentir qu'il s'intéressait à moi. Ma sœur, ça allait, c'était la seule fille de la famille. Elle n'avait qu'à être ce qu'elle était, une fille, pour être différente, pour se départager. Mes deux plus jeunes frères sont des jumeaux. Déjà, ils se départagent du reste de la famille, mais en plus, ils ont toujours des idées bizarres. Je crois que c'est à cause de Fred et Georges Weasley, leur parrain, ils leur ont mis des idées saugrenues dans la tête. Mais moi, qui je suis dans cette famille hein ? Je ne suis personne. Je suis juste le type avec un nom bizarre. D'ailleurs, parlons-en de mon nom. Où ma mère a pu aller chercher un nom pareil ? Mon père ne voulait pas qu'elle m'appelle comme ça. Ç'aurait dû être mon grand frère, James, qui s'appelle comme ça. Mais non, il a réussit à obtenir un sursis en choisissant le nom du premier enfant et en espérant qu'elle changerait d'idée en cours de route, mais il devait très mal connaître ma mère parce qu'elle a tenu son bout. Elle m'a appelé Aleksandar. Mon frère à un nom qui a une signification, c'est le nom de notre grand père, mais Aleksandar, qu'est-ce que ça veut dire ?

- Vous en voulez à votre mère de vous avoir nommé ainsi ?

- Bien sûr que non. Et puis, mon diminutif est pas mal. Ça fait Alek. Quel diminutif tu veux faire avec James ? Et puis, je savais que quand une fille parlait d'un Aleksandar, il ne pouvait s'agir que de moi.

- Les filles ont l'air d'avoir une très grande importance pour vous, je me trompe ?

- Elles ne sont pas si importante que ça, n'allez pas croire que je suis un obsédé. C'est juste que j'aime les femmes.

- Vous avez eut beaucoup de partenaire ?

- Écoutez, j'en suis à mon premier jour, alors je crois que de fréquenter des supérieures hiérarchiques ne serait pas une très bonne idée. Ce n'est pas vous, parce que vous, vous êtes une très belle femme et je dois avouer que quand vous laissez de côté votre air glacial vous êtes très séduisante et je dois avoué que votre look de jeune femme d'affaire vous avantage beaucoup. Et vos yeux sont magnifiques et je m'y connais en femme. Et vous, vous êtes vraiment le genre de femme avec qui j'aimerais passer la nuit, mais nous sommes…

- Arrêtez ! s'exclama-t-elle. J'ai mal formulé ma question. Je disais donc, avez-vous eut beaucoup de partenaires, de compagnes, de petites amies ? Quelles sont vos mœurs sur le plan amoureux ? Préférez-vous la quantité à la qualité ou le contraire ? C'est ça, ma question.

- Heu… Je… Et bien… Je dirais que je préfère… La légèreté de la relation.

- La légèreté de la relation ?

- Je préfère ne pas avoir de chaîne aux pieds sinon je me sens… Étrangler… Emprisonner dans une relation. C'est pour ça que je fuit, la plupart du temps. Elles me font peur. Elles font des projets d'avenir et moi, je veux seulement vivre et ça me suffit. Mais elles, elles ont un plan bien précis de ce qu'elles veulent faire. Et quand elles commencent à m'inclure dans leurs plans alors je panique.

Il se laissa choir sur le dossier de la causeuse, plus détendu. Il avait complètement oublié la raison de sa venue dans ce bureau.

- Je ne veux pas faire parti d'un plan moi. Je n'ai pas le goût de passer ma vie à regarder un plan que je me suis fait pour vérifier que je l'ai bien suivit. Je veux vivre. Aller dans les boîtes de nuit. Rencontrer une fille simple qui ne demande pas grand-chose. Une fille qui ne s'est pas composé de plan. Une fille qui ne me demandera pas de décider tout de suite si je veux ou non faire parti de son plan. Je hais les plans. Et en même temps, ça m'aurait été utile. Si j'avais eut un plan, j'aurais su quoi faire de ma vie. J'aurais su quoi faire après Poudlard. J'étais doué dans à peu près tout alors toutes les portes m'étaient grandes ouvertes. Il y en avait tellement. J'aurais pu tout faire, mais rien qui ne me passionne vraiment. Alors j'ai fait ce que tous les autres membres de ma famille avaient fait, je suis devenu auror. J'étais bon à l'entraînement. J'étais même le meilleur. Galaad n'arrêtait pas de… Excusez-moi, Mr. Galaad n'arrêtait pas de me le dire. Il disait que j'irais loin. Loin de quoi ? J'aurais dû lui demander. J'aurais peut-être su que ce serait loin de mes rêves. Parce que j'en avais des rêves, ça, pour en avoir, j'en avais. Je m'en étais battit à la tonne des rêves. Et maintenant ils sont écrasés par des tonnes de boîtes de dossiers à classer.

- Et les Canons ?

- Il est trop tard. Ils ont trouvé un autre poursuiveur.

- Vous devriez prendre d'autres formations, ce serait parfait pour vous et puisque vous me dîtes que vous êtes doué, vous n'aurez aucun problème à suivre les cours en même temps que votre travail d'auror. Et ce sera avantageux. Ici, l'ancienneté amène le respect, mais les diplômes amènent l'avancement. J'ai vingt-sept ans et j'ai un grade supérieur à celui de Brutus Galaad. Pensez-y.

- Vous savez quel diplôme vous devriez aller chercher ?

- Non.

- Celui de psychomage, vous seriez vraiment doué.

- Oh, mais c'est déjà fait. D'ailleurs, voudriez-vous signer ce formulaire ? C'est un contrat de confidentialité qui stipule que tout ce qui a été dit ici restera strictement entre nous, secret professionnel oblige. Habituellement, je le fait signé au début de l'entretient, mais vous conviendrez que les circonstances sont quelques peu étrangères à l'habitude. Il y a aussi cet autre formulaire qu'il vous faudra remplir. Je vais vous le chercher.

Elle se leva sous ses yeux stupéfaits. Elle prit le formulaire en question et lui amena également une plume.

- Celui-ci, c'est pour mes honoraires. Ne vous en faites pas, ils seront entièrement couverts par vos assurances. Et j'ai aussi quelque chose pour votre père, c'est pour cela que je vous avais fait entrer ici.

Elle se leva à nouveau. Sans trop savoir comment ni pourquoi, il rempli les deux formulaires qu'elle lui avait donnés. Elle fouilla encore et encore et finit par trouver ce qu'elle cherchait dans l'unique tiroir de la table où étaient déposé les fleurs.

- Vous êtes fier de vous ?

- Pourquoi ?

- Vous vous êtes bien moqué de moi. Vous auriez pu me le dire dès le début, mais vous avez préférez vous payer un peu ma tête. J'espère que vous en avez bien profité parce que c'est la dernière fois que vous me voyez ici, dans ce putain de ministère. Et voilà ce que j'en fais de vos honoraires.

Il prit le feuillet et le déchira. Debout devant elle, il était soudainement devenu beaucoup plus imposant. Beaucoup plus menaçant que le bleu qui était entré dans son bureau. Il sortit brusquement de la pièce en lui arrachant la lettre qu'elle avait pour son père. Lorsqu'il arriva à la salle d'entraînement, il ne s'était toujours pas calmé. Il se contenta de donner, sans explication, la lettre destinée à son père. Il alla directement au vestiaire se changer pour l'entraînement. Il en avait besoin de cet entraînement, pour se défouler. Évacuer sa rage envers cette psychomage. Évacuer sa rage envers ses rêves engloutit. Évacuer sa rage envers son frère, son père et lui-même. Son frère pour ses histoires. Son père pour son silence. Lui-même pour ne pas avoir su choisir seul sa voie.


Voilà, c'est fini.

Merci beaucoup pour la belle surprise que vous m'avez fait. Je suis passé de 2 reviews à 8 alors que je m'étais résigné à pouvoir les compter sur les doigts d'une seule main. MERCI !!!

Ysia


RAR

Shadox : Merci ! C'est ce genre de review là que j'adore, quand on justifie le pourquoi du comment ! Et pas mal trouvé, l'expression «lente folie dévastatrice». Lol

Lady Volderine : Pour être franche, moi aussi j'écris en pyjama derrière mon ordi. Lol Ça doit être ça la clé d'une bonne fan fiction. L'écrire en pyjama.

Et puis oui, je suis pas mal passé au violet ! Et non j'ai pas passé ma vie en prison, je suis juste du genre à me poser tout le temps plein de question pi à réfléchir tout le temps sur les raisons qui peuvent amener quelqu'un à commettre tel ou tel acte.

Et pour le reste, motus et bouche cousu, je ne dirai rien même sous la torture !

Emilie : Pour moi, bizarre est un compliment alors je suis réjoui que tu la trouves bizarre.

Siuki : Ben j'espère que la suite t'a plu. Et merci pour ta review, on dirait une critique de livre qu'on lit dans les journaux ou les revues. Et comme je l'ai dit à Shadox, j'adore quand on justifie le pourquoi du comment. Merci.

Paprika Star : Merci pour ta review. Pour les questions, va falloir attendre pour en avoir les réponses. Tout vient à point à qui sait attendre. Et inquiète-toi pas il va y en avoir plein d'autre chapitre, j'en suis encore qu'au commencement.