Chapitre 4 Suite logique
Une nuit sombre. Une nuit sans lune. Sans doute parce que c'est le jour. Un jour sans soleil alors. Mais il fait si sombre. Qu'est-ce qui fait d'un jour un jour ? Qu'est-ce qui fait d'une nuit une nuit ? Le soleil ? Qu'en est-il des jours où il est caché par les nuages ? La lune ? Quand est-il des nuits où elle ne se trouve pas là où elle devrait être ? Qu'en est-il des fois où elle se montre en plein après-midi ? Qu'en est-il du moment où les deux astres se côtoient dans le ciel pour lentement s'effacer et laisser place à l'autre ?
Pourquoi vouloir à ce point diviser une journée ? Pourquoi ne pas descendre dans les rues quand bon nous semble ? Pourquoi ne pas se contenter de vivre dans l'univers qui nous correspond le mieux ? Pourquoi se compliquer la vie ainsi ? Il serait tellement plus facile de laisser notre instinct nous guider vers notre astre. Tellement de question pour une banalité. Mais pourtant, comment y répondre ? Tellement de questions méritent qu'on s'y attarde, mais on se contente de les ignorer. Notre monde est ainsi fait. On ignore ce qu'on devrait connaître. On connaît ce qu'on voudrait oublier.
Il l'avait ignoré. Il était devenu si calme. Pourquoi s'y attarder ? Pourquoi avoir peur de ce qui ne nous menace pas ? Il l'avait ignoré. Il se méfiait de beaucoup de gens, mais jamais des bons. Il l'avait ignoré. Il avait grandit dans l'ombre d'une journée sans soleil. Calme. Il aurait dû se douter de quelque chose. Aucune insulte. C'était évident. Mais il l'avait ignoré. Il avait grandit dans l'ignorance de ceux qui auraient pu l'arrêter. Trop tard. Maintenant, il voulait oublier. Oublier. Si seulement ça avait été si simple. Lui, il oubliait. Avec facilité. Il lui suffisait de s'évader. De s'enfoncer. Aller ailleurs. Ailleurs alors qu'il était prisonnier. Un prisonnier qui s'évade pour oublier. Un héro prisonnier de sa mémoire. Le prisonnier est alors plus libre que le héro. Une ironie malsaine.
Une nuit sans lune. Un jour sans soleil. Une douce obscurité. Une obscurité qui nous rappelle ce que nous ne savons pas. Choses que nous ne voulons pas savoir de toute façon. Parfois, l'ignorance est la meilleure solution. Le prisonnier savait, alors qu'il aurait préféré ne jamais savoir. Le héro, par contre, aurait préféré ne jamais avoir ignoré l'ascension de celui qu'il capturerait des années plus tard. Alors, comment fait-on pour ne jamais regretter de savoir ? Pour ne jamais regretter d'avoir ignoré ?
Des questions issues de banalités. Peut-être ces questions n'étaient-elles pas si banales. Une conversation anodine peut renfermer plus de chose que ce qu'on veut bien croire. Il nous suffit parfois de faire des liens pour aboutir à tout autre chose. Sans doute préfèrerait-elle savoir. Mais une fois les réponses arrivées, sera-t-elle comme le prisonnier ? Préfèrera-t-elle ne jamais avoir su ? Mais si les réponses ne venaient jamais, serait-elle comme le héro ? Regretterait-elle de ne pas avoir su ? D'avoir ignorer des réponses qui aurait pu éviter tant de souffrance ?
Une nuit sans lune. Un jour sans soleil. Un prisonnier qui veut oublier. Un héro qui aurait aimé savoir à temps. Une psychomage qui ne sait plus rien. Perdu. Perdu comme le prisonnier l'est en lui-même. Perdu comme le héro dans ses remords. Perdu à travers un flot d'éléments indistincts qui se contredisent tous. Comment savoir que quelque chose est vraiment vrai lorsque cette vérité est basée sur une supposition ? Même si le prisonnier n'avait jamais su, sa vie serait-elle plus belle ? Même si le héro n'avait pas ignoré le prisonnier, aurait-il réussi à l'arrêter ? Comment savoir ?
Une nuit sans lune. Un jour sans soleil. Un prisonnier libre. Un héro prisonnier. Une psychomage perdue. Tout aurait pu être si simple si ça n'avait pas été si compliqué. Mais pourquoi était-ce si compliqué ? Parce que les bonnes questions n'avaient pas été posées. Une question. Une réponse. C'est simple. Mais quand on ne pose pas la bonne question, ça devient plus compliqué. Alors il faut trouver la bonne question pour obtenir la bonne réponse. Pour trouver la bonne question, il faut établir des liens là où il y en a. Mais encore faut-il les voir.
Une question. Une réponse. Il n'aimait pas les questions. Sans doute parce que les gens qui les posaient s'attendait à avoir des réponses en retour. Il n'aimait pas les réponses. Sans doute parce qu'elles amenaient toujours d'autres questions. Alors il donnait des réponses qui n'allaient pas avec les questions. De toute manière, ce n'était jamais les bonnes questions. Alors pourquoi donner les bonnes réponses aux mauvaises questions ? C'était insensé. Il avait répondu à toutes les questions qu'elle n'avait pas posées. Sans doute était-ce pour cela qu'elle n'y avait pas prêté attention. Peut-être y prêterait-elle attention lorsqu'elle n'aurait plus l'occasion de poser d'autre question.
Une nuit sans lune. Un jour sans soleil. Un prisonnier libre. Un héro prisonnier. Une psychomage perdue. Des réponses aux mauvaises questions. Des questions introuvables. Un univers régi par une norme à laquelle il ne veut plus répondre. Une créature diurne vivant la nuit. Il aimait ce concept. Il détestait les plans. Il avait des rêves. Peut-être trop. Quand nos rêves sont basés sur des mensonges, c'est comme une vérité basée sur une supposition. Les deux risquent d'être loin de la réalité. Des rêves détruit par une réalité. Une vérité détruite par un homme qui sait. Une réalité loin de ce qu'elle devrait être parce que ceux qui l'habitent préfère ignorer.
Emmêlée dans des questions absurdes, dans un bureau du ministère, elle tentait de trouver des réponses pour aller avec ses questions. Des réponses absurdes bien sûr. Elle tentait de trouver une logique là il n'y en avait pas. Elle tentait d'élucider un mystère qui n'en était pas un. Elle avait toutes les réponses, elle ne savait juste pas les voir.
Elle se leva, épuisée de sa journée. Elle tourna quelques instant en rond. Elle s'arrêta devant la fenêtre. Une journée ensoleillée. Une journée ensoleillée sans soleil. On ne pouvait le voir. Il devait être à l'opposé de sa fenêtre. Elle savait qu'à l'extérieur de son bureau, un orage faisait rage. Elle savait qu'à l'extérieur du ministère, la nuit tombait. Pourtant, dans son bureau, le jour éclairait la pièce malgré l'absence de Soleil. Elle avait la lumière sans avoir l'astre qui l'accompagnait. Elle regarda un petit calendrier. Les mouvements de la lune y étaient indiqués. Ce serait une nuit sans lune. Une nuit sans lune. Un jour sans soleil. Tout se mettait en place à son insu.
Elle sortit de la pièce. Les couloirs se vidaient tranquillement. Elle parcourut les corridors pour se retrouver devant une immense porte d'ébène. La poignée de fer inspirait la droiture et l'ordre. Elle frappa quelques coups. Un homme inspirant la droiture et l'ordre apparut.
- Aegir ? Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Heureuse de te revoir, moi aussi. Ma journée ? Ah, elle a été tout à fait merveilleuse.
- Oh, excuse-moi, c'est juste que je ne t'attendais pas aujourd'hui.
- Tu es tout pardonné.
- Aller, entre.
- Non, allons nous promener.
- Comme tu veux.
Il sortit de la pièce en prenant soin de sécuriser la porte.
- Alors, Aegir, je peux te la poser ma question maintenant ?
- Tu ne m'as toujours pas dit bonjour, mais disons que ça va aller pour cette fois.
- Alors, qu'est-ce que tu fait dans le coin ?
- J'avais besoin de m'éloigner d'un dossier.
- Celui du Briseur ?
- Comment le sais-tu ?
- On ne parle que de ça depuis des mois.
- J'aurais dû m'en douter.
Un silence s'installa.
- Tu connais bien les mages noirs, tu as connu Grindelwald et ensuite Voldemort. Tu étais là quand Malefoy a commencé à semer la terreur.
Il frissonna. Ce nom n'était plus prononcé depuis très longtemps. Voldemort passait encore depuis qu'il avait été vaincu, mais ce nom… Il laissait toujours une crainte dans la bouche de celui qui l'avait prononcé. La crainte de le voir ressurgir. Ne pas le nommer amenait l'idée qu'il pouvait s'agir du personnage d'un roman quelconque. Un roman qu'on préfère oublier à cause des horreurs qu'il renferme.
- Il me semblait que tu voulais t'éloigner de ce dossier ?
- Je sais mais…
- C'est plus fort que toi ?
- Oui, avoua-t-elle.
- Tu n'as pas changé. Tu t'investis toujours autant dans les dossiers qu'on te confie. Ça t'obsède, tu n'en dort plus la nuit, tu veux à tout prix élucider le mystère qui l'entoure, je me trompe ?
- Non, tu as raison.
Il arrêta de marcher et se tourna vers elle. Il la regarda dans les yeux.
- Aemelia, écoute-moi pour une fois. Il y a de ces choses qu'on ne doit pas réveiller. Qu'on ne doit pas savoir. Arrête de t'acharner pendant qu'il en est encore temps. Tu ne sais pas ce que tu vas découvrir. Tu ne sais pas ce que tu vas réveiller.
- Brutus, voyons. Que veux-tu qu'il m'arrive ?
- Je ne sais pas, mais jusqu'ici, le Briseur ne nous a rien apporté de bon, pourquoi ça changerait ? C'est un miracle si on a réussi à le garder si longtemps en prison. Si tu veux mon avis, on aurait dû l'exécuter à la minute à laquelle on l'a capturé. Qui sait ce qu'il prépare du fond de sa cellule ? Il pourrait s'évader quand il le veut, mais il ne le fait pas. Il nous a prouvé qu'il en était capable, là n'est pas la question.
- Galaad, je lui ai parlé à plusieurs reprises. Crois-moi, il n'est pas en mesure de préparer quoi que ce soit. Il oublierait ce qu'il prépare de toute façon.
- Aemelia, tu l'as dit toi-même : j'ai connu Grindelwald et Voldemort. J'ai suivit son ascension à lui aussi. Ils sont tous pareil. Crois-moi, tu n'en tireras rien de bon. Contente-toi de dire ce que tu sais et laisse-les l'exécuter une bonne fois pour toute.
- Et si on avait tort ?
- Il nous l'a fait croire à nous aussi. Il nous a fait douter de notre cause. Il a ce pouvoir quand il parle. Il a ce pouvoir quand il nous regarde. Ses yeux nous font douter. Parce qu'on se demande toujours pourquoi. Ses yeux sont devenus une obsession pour plusieurs, tu sais ? Rare sont ceux qui ont pu le combattre. Rare sont ceux qui ont pu le voir en face et avoir la chance de ne pas être la personne qu'il avait désigné pour mourir. Pars pendant qu'il en est encore temps.
- Tu sais que je ne le ferai pas.
- Je sais…
Il se remit en marche, la laissant quelques instant seule derrière. Elle le rattrapa.
- Changeons de sujet, dit-elle. Alors, les évaluations avaient lieux il n'y a pas si longtemps. Comment ça s'est passé ?
- Plutôt bien. Par contre, je vais devoir renvoyer Smoothy.
- Pourquoi ?
- Presque tous ses élèves ont été recalés. On croirait qu'ils n'ont suivi aucune formation.
- Ils ne peuvent pas être si pire que ça.
- Crois-moi, oui.
- C'est vrai que Smoothy a des méthodes assez peu orthodoxes pour enseigner. Mais dans les autres groupes, en général, il y a de bons éléments ?
- Oui, assez. J'ai eut droit à quelques surprises.
- Lesquelles ? demanda-t-elle, curieuse.
- Et bien, tout d'abord, Adrian Zabini. Il se débrouille mieux que certains aurors expérimenté. Il a l'esprit un peu tordu. En d'autres circonstances, je me méfierais de lui, mais là, c'est tout indiqué.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Et bien, comment je pourrais t'expliquer ça ? C'est comme si on prenait un criminel et qu'on lui demandait de nous dire comment les autres pensent. On dirait qu'il a été dans la mafia sorcière toute sa vie.
- C'est supposer être rassurant, ça ?
- Ça dépend de l'angle sous lequel on le prend. C'est mieux de l'avoir avec nous que contre nous. Et comme il sait exactement comment les criminels opèrent, il est en mesure de prévoir les coups qui pourraient survenir.
Elle se contenta de le regarder, sceptique.
- Mais à part lui, il y a aussi le fils de Potter. Il est plutôt…
- Effrayant ?
- Pourquoi dis-tu ça ?
- Oh pour rien…
- Aegir, je te connais depuis assez longtemps pour savoir que tu caches quelque chose.
- D'accord, très bien. Je l'ai vu cet après-midi et je l'ai initié à la consultation fantôme…
- Encore ? Est-ce que je dois te rappeler que tu l'as déjà fait à son père et son frère ? Je vais commencer à croire que tu as une profonde aversion envers les Potter en général.
- Et bien, commence à croire.
Il soupira. Il l'a regarda, se souvenant de l'époque où il était entraîneur et elle, son élève. Elle avait plusieurs formations à son actif dont celle d'auror. Elle était doué, mais n'aimait pas les ordres. Elle les discutait toujours, ce qui lui avait valu plusieurs avis disciplinaires. Finalement, sur son conseil, elle avait emprunté une autre voie. Trois ans plus tard, elle était revenue avec une formation de psychomage. Ils en manquaient, au ministère. Et comme elle avait déjà une formation d'auror, ils la firent travailler avec des criminels et avec les employés qui avaient subi des traumatismes ou qui avaient tout simplement envie de parler.
- Maintenant, au moins, je sais pourquoi il est arrivé furieux à l'entraînement… Mais ne joue plus comme ça avec lui.
- Pourquoi ?
- Parce qu'il est imprévisible, on ne sait jamais comment il va réagir. Il n'a l'air de rien comme ça, mais dès qu'on le voit se battre, on comprend qu'il vaut mieux le laisser tranquille. Il a massacrer trois de mes gars à l'entraînement, alors tient-toi loin de lui pour quelques temps.
- T'en fait pas, je ne suis pas suicidaire. N'empêche qu'il m'a vraiment fait peur quand il est sortit. J'ai cru qu'il allait me mettre en pièce.
- On aura tout vu, se moqua Galaad. Aemelia Aegir a peur d'un bleu.
- Arrête de te moquer. Ce n'est pas drôle. Et comment ça se fait qu'on ait un élément aussi dangereux dans nos rangs ?
- Papa oblige.
- Ça explique tout.
- Mais de toute façon, je l'aurais pris. Il écoute les ordres et s'exécute sans rechigner. Il est plutôt bon et le seul danger, c'est pour ses ennemis. D'ailleurs, il doit encore être à l'entraînement. Viens, je vais te montrer.
Ils se dirigèrent vers les gymnases qui servaient pour l'entraînement des aurors. L'un d'eux servait aux aurors qui avaient fini leur formation. Vu leur métier, ils devaient toujours garder la forme. Ils arrivèrent dans un corridor dont un des murs consistait en une simple baie vitrée. Le corridor se situait en hauteur par rapport au gymnase qu'il entourait. Ainsi, on pouvait tout voir sans risquer d'être frappé par un sortilège qui aurait raté sa cible.
- Il est seul, constata-t-elle.
- Il est arrivé en retard, il reprend le temps perdu.
Effectivement, il était seul ou presque. Il y avait quelqu'un d'autre avec lui : lui-même. Pour s'entraîner, les aurors utilisait souvent un petit appareil qui permettait à l'utilisateur de créer un double de lui-même. L'appareil en question s'appelait un duplicateur. Le double, quant à lui, se faisait appeler duplicatas. Le Duplicateur était une sorte de médaillon fixé à une chaîne que l'auror se passait au cou. Il devait ensuite prononcer la formule adéquate, duplicatum, pour mettre l'appareil en marche. Le duplicatas ainsi créé se détachait de l'original. Il possédait les capacités de combat du sorcier, mais n'était pas en mesure de se servir de magie. C'est pourquoi il n'était utilisé qu'au combat sans arme.
- Alors, qu'est-ce que tu en dis ?
- J'en dis que je suis contente de ne pas être à la place de son double… Ou à la sienne. Qui est qui au juste ?
- Le duplicatas est habillé en blanc et lui en noir. Alors, tu ne vois rien ?
- Je devrais voir quelque chose de particulier ? Il se bat, c'est tout.
- Il n'y a pas de meilleur moyen de percer quelqu'un à jour que d'étudier sa technique de combat. Regarde-le encore.
Elle s'approcha un peu plus de la baie vitrée et le fixa intensément. Il se battait à mains nues, chose rare chez les sorciers. Ils préféraient se munir de leur baguette. Mais lui semblait tout à fait à l'aise avec cette méthode.
- Il est très constant, presque hypnotisant. Il sait exactement quelle attaque va faire son double. Mais pourtant, il ne semble pas vouloir le mettre hors combat. Pourquoi ?
- Cherche un peu, tu verras bien.
Elle l'observa encore et encore. Une heure passa sans que les choses n'évoluent. Il faisait une attaque, le duplicatas la repoussait aussitôt. Ils s'échangeaient ensuite les rôles. Brusquement, elle en détacha les yeux. Elle s'éloigna de la baie en se fermant les yeux, comme pour chasser une image insistante. Hypnotisant. Il était hypnotisant. Chaque coup, souple, précis. Chaque pas, mesuré, calculé. Son souffle, constant, contrôlé. Il maîtrisait tout en lui.
- J'ai eut l'occasion de voir beaucoup d'auror défiler au cours des années, commença le vieil homme, mais aucun qui ne se connaissait à ce point. Il sait exactement ce que l'autre va faire. Il le pousse. Il le pousse jusqu'à sa limite. Il sait où elle se trouve et il s'y dirige directement. Sans détour. Il se fout des pirouettes aériennes et autre imbécillité qu'il pourrait faire pour épater la galerie. Son seul objectif, cette frontière.
- Sa stratégie est stupide. Le duplicatas a les mêmes aptitudes que lui donc la même limite, certes. Mais justement, la limite du duplicatas est la même que la sienne. Lorsque le duplicatas aura atteint sa limite, lui aussi.
- Le duplicatas ne se rendra pas à sa limite. Il est conçu comme un être humain. Il a les aptitudes d'Aleksandar, mais la manière de peser les choses d'un être humain. Il ne se rendra donc pas jusqu'à cette limite parce qu'il sait que s'il décide de la dépasser, il aura atteint un point de non retour. Il sait que la fatigue aura raison de lui. Il sait qu'il ne s'en sortira pas. Alors, il se garde de l'énergie pour vivre. Alek, lui, ne s'en garde pas. Pour lui, il n'y a que ce combat et rien d'autre. C'est ce qui le différencie de toi et moi, il ne se garde pas l'énergie nécessaire pour vivre. Il repousse la limite en se rendant toujours un peu plus loin.
- Un jour, il va se tuer.
- Peut-être, mais d'ici là, il reste un ennemi redoutable.
- Plus que toi ?
Un sourire énigmatique apparut sur son visage.
- Je peux le battre en quelques secondes, comme en quelques heures. Tout dépend de quand il se décidera à me laisser gagner.
Elle lui lança un regard interrogateur.
- Il me laisse gagner. Tout comme il laisse son père gagner. Tout comme il laisse son frère gagner. C'est comme si pour lui, la victoire de son frère, de son père ou encore la mienne était plus importante que la sienne.
- Ils s'en sont aperçus ?
- Je n'en sais rien. Son frère, c'est certain que non. Il est beaucoup trop occupé à faire ses fanfaronnades qu'à remarquer quoi que soit. Mais son père, lui, je n'ai jamais réussit à le percer à jour. Il est insondable. On ne sait jamais ce qu'il pense vraiment.
- Il m'en a parlé, dans mon bureau, de son frère.
- Et qu'est-ce qu'il t'a dit ?
- Pas grand-chose.
- Tu sais, cette relation est la plus compliquée que j'aie jamais vu entre deux frères. Tu vois, les Potter ont toujours été de vaillants et courageux Gryffondors. Seulement voilà, Aleksandar est un malin et rusé petit Serpentard. Tu imagines la commotion dans la famille ?
Elle se contenta de détourner le regard une nouvelle fois vers le jeune homme et son double.
- Tout d'abord, il y a eut la crise de nerf de papa. Finalement, maman est arrivé pour calmer le jeu. Tout ça à cause d'un vieux chapeau en décomposition qui commence à être un peu sénile. J'étais là quand ça c'est passé. En plein ministère, la femme de Potter est arrivée avec la lettre que leur fils leur avait écrit pour leur annoncer la nouvelle. Il s'est mis en colère et elle s'est contenter de le regarder d'un air rêveur et détacher. On peut lui donner ça, à Lovegood, elle savait y faire avec les héros tueurs de Serpents en surplus d'hormones vengeresses.
- Et qu'est-ce qui s'est passé ensuite ?
- Rien.
- Rien ?
- Rien. Elle a calmé le jeu et on est tous retourné au boulot. Le problème, ça a été la suite. Les deux frères, dans des camps adverses. Tu n'auras qu'à éplucher leurs dossiers, tu auras tous les détails de leurs affrontements passés. Ils y sont tous. Mais le truc bizarre, c'est que James gagnait toujours. Alek préférait se faire massacrer que de se défendre convenablement. Je les ai vu une fois. Je m'étais rendu à Poudlard parce qu'on soupçonnait une bande de vampire de s'être établit au-delà de la limite permise, soit trop près de l'école. Dans le parc, ils ont eut une altercation. C'était subtile, sa manière de ralentir ses esquives pour que le sort ait le temps de le toucher, mais pour un œil averti, c'était évident. Je me suis d'ailleurs toujours demandé pourquoi Dumbledore ne faisait rien. Sans doute qu'il était trop occupé à jouer l'aveugle pour se rendre compte de quoi que ce soit. Mais le plus étrange, c'était quand ils étaient seuls. De vrais frères. Et tu vois, ce matin, quand je les ai vu se pourchasser à travers la salle des bureau, j'ai cru, naïvement, que tout serait peut-être enfin normal entre eux. Mais non, cet imbécile de James est arrivé cet après-midi avec sa bande d'anciens Gryffondors avide de sang de Serpent. Pour la première fois, il a vraiment montré à tout le monde ce qu'il était capable de faire. Les uns après les autres, il les a envoyé au tapis. Tous, même son frère. Aucun n'a réussit à l'atteindre. Il s'en est sortit indemne. Et encore là, son idiot de frère s'est entêté à ne rien voir. Il lui à lancer quelques insultes et lui a dit que c'était la première et dernière fois qu'il le battait. C'est pour ça que je hais les Gryffondors. Ils sont beaucoup trop occupé à être courageux pour voir quoi que se soit.
- Voir, murmura-t-elle. Il ne l'a pas vu changer. Il ne l'a pas vu évoluer parce qu'il ne savait pas voir.
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Rien.
- Tu ne dis jamais rien pour rien dire.
- Je me parlais. Ce que tu as dit, tout à l'heure, sur le combat, sur la meilleure manière de connaître quelqu'un. Tu crois qu'Aleksandar Potter serait de taille à affronter une grosse pointure, du genre, un mage noir très puissant ?
Il se contenta de la regarder, interdit. Il ne savait pas s'il devait dire la vérité ou mentir à défaut de vraiment comprendre ce qu'elle comptait faire avec le jeune homme.
- J'imagine qu'il pourrait s'en sortir, dit-il en pesant chaque mot. Où est-ce que tu veux en venir ?
- La meilleure manière de vraiment connaître quelqu'un est de le regarder combattre. Donc, si je veux vraiment connaître Drago Malefoy, je dois le regarder combattre. Mais pour ça, il me faut un opposant. Et je crois que je viens de le trouver.
Un sourire illuminait son visage alors que le vieil auror avait encore du mal à assimiler l'information.
- Merci, Brutus. Je n'y serais jamais arrivé sans toi.
- Et je dois être content, là ?
- Oui !
Il soupira. Il se disait qu'il aurait mieux valu qu'il se taise. C'était toujours comme ça avec elle. Elle prenait l'information qui l'avantageait et laissait tomber ses recommandations. Recommandations qui visait à la garder en vie le plus longtemps possible. Elle partit d'un pas léger vers la porte qui donnait sur l'escalier qui menait au gymnase. Avant qu'il ne le réalise, elle l'avait franchit, insouciante de la mise en garde qu'il lui avait donner sur Aleksandar. Elle descendit lentement le long escalier. D'où elle se trouvait, elle vit un groupe de jeunes aurors se diriger vers les deux combattants. Elle s'arrêta, fixant la scène.
Ils arrivèrent derrière lui. L'un d'eux posa sa main sur son épaule. De l'endroit où elle était, elle pu identifier son frère, James Potter, comme étant celui qui avait mis sa main sur son épaule. Alek se retourna rapidement, lui assénant un coup de poing directement sur la mâchoire. Il se retourna vers le duplicatas et évita quelques attaques avant de lui asséner un coup tout aussi violent dans le ventre.
- Finite incantatem ! déclara-t-il.
Le duplicatas disparut lentement. Pendant ce temps, James reprit ses esprits. Les autres qui étaient avec lui semblaient incertains de la marche à suivre.
- Alors, grand frère, incapable de te servir de l'effet de surprise pour me vaincre. Quel auror tu fais !
- Je ne suis pas un vulgaire Serpentard, je n'attaque pas par derrière.
- La stratégie ne devait pas être ta matière forte. On peut utiliser l'effet de surprise sans pour autant attaquer dans le dos. Et puis, regarde-toi, tu as besoin de toute ta clique de Gryffondors pour te donner le courage de m'affronter à nouveau. Cinq contre un. À ce rythme, tu peux te permettre de m'attaquer par derrière sans que ton honneur ne soit plus souillé qu'il ne l'est déjà.
- Ne me cherche pas !
- Alors pourquoi es-tu venu me trouver ?
Il ne répondit pas. Il s'apprêtait à frapper son cadet qui, même voyant venir le coup, ne broncha pas, lorsqu'une voix l'interrompit. Galaad.
- Potter ! rugit-il.
Un léger sourire apparut sur les lèvres d'Alek.
- Tu devrais mieux surveiller tes arrières, grand frère, murmura-t-il.
- Espèce de…
- Taisez-vous !
Il avait finit de descendre l'escalier et n'était maintenant plus qu'à quelques pas d'eux. Aegir le suivait.
- Je ne veux pas de ça ici, vous m'avez compris ? Allez vous-en. Tous.
- Non, pas tous. Aleksandar Potter, vous restez, intervint Aegir en lançant un regard appuyé en direction du vieil auror.
Tout en maugréant maintes insultes, le groupe d'ancien Gryffondor quitta le gymnase.
- Qu'est-ce que vous me voulez ?
- Je voudrais vous confier une mission.
- Trier vos dossiers par couleur, la prochaine fois ?
- Non.
- Il n'en fera rien. C'est beaucoup trop dangereux, intervint Galaad.
- Tu viens de me dire qu'il en serait capable. Et de toute façon, je l'avertirai que ce ne sera pas un combat à mort.
- Parce que tu crois qu'il laissera passer une occasion de tuer un Potter ? Aegir, tu n'as pas le droit de risquer sa vie pour satisfaire le moindre de tes petits caprices !
Elle le regarda, surprise. Jamais il ne lui avait parlé si durement. Il avait longtemps été ami avec son père. Il venait souvent à la maison et, le soir, son père avait l'habitude de lui raconter leurs aventures. Mais quand il était là, c'était encore plus magistral. Les deux hommes se mettaient à mettre en scène leurs histoires. Histoires qui devenait toujours plus impressionnante de fois en fois. Quelques années après l'arrestation du Briseur, son père était mort. Galaad avait été comme un père pour elle. Elle savait que s'il était si dur en cet instant c'était parce qu'il tenait à elle. Mais les mots s'enfonçaient dans sa chair comme un couteaux. Il l'a traitait ni plus ni moins de gamine capricieuse.
- Est-ce que je peux savoir de quoi vous parlez ?
- De rien… Puisque votre superviseur n'est pas d'accord, je vais tenter d'accomplir la tache qu'on m'a assignée d'une autre manière.
- Comment ? s'informa l'homme.
- Je le combattrai moi-même.
- Non.
- Si.
- Non. Dès ce soir, je vais demander à ce qu'on te retire ce dossier.
- J'ai un grade supérieur au tien.
- Dans les papiers, oui. Mais dans les faits, tu es très loin derrière moi. Ne joue pas à ce petit jeu avec moi, tu perdras.
Il avait raison. Elle avait beaucoup de diplômes, mais ils ne valaient rien aux yeux de beaucoup de gens. Lui, il avait l'expérience. Ce qui comptait beaucoup plus aux yeux de ses propres supérieurs. S'il demandait à ce qu'on lui retire le dossier, ils le feraient.
- Alors, j'irai par mes propres moyens.
- Je demanderai à Cerbère de ne pas te laisser entrer. J'irai jusqu'à demander une ordonnance de la cour s'il le faut, mais tu n'iras pas te battre avec cette chose. Tu m'entends ? Tant que je vivrai, jamais ça n'arrivera.
- Alors, laisse-le combattre lui. Tu me connais, tu sais que je serais capable de me faire enfermer juste pour entrer dans cette prison. Alors, choisis.
Il la fixa dans les yeux. C'était vrai, il la connaissait assez pour savoir qu'elle ne s'arrêterait pas là. Il savait aussi qu'Alek avait un bon niveau. Il serait bien capable de tenir le coup. La vrai question était : pour combien de temps ? Il avait un bon niveau, mais il était encore jeune. Il manquait d'expérience.
- Potter, tu as déjà entendu parler du Briseur de Vie ?
- Oui, qui n'en a jamais entendu parler ? Et il y a quelques jours, mon père nous a amené à Azkaban pour le voir.
- Très bien. Alors entraîne toi, parce que tu vas devoir l'affronter. Et pas question de lui fournir une baguette magique. Il se débrouillera sans… Et toi aussi. Aucune baguette magique ne doit être à sa portée. Vous amènerez d'autres aurors avec vous au cas où ça tournerait mal.
- Merci, murmura-t-elle, reconnaissante.
Alek les regarda, ne sachant s'il devait être heureux d'avoir enfin une mission ou effrayé par la mission en question. Alors qu'un duel entre la joie et la peur s'engageait dans son esprit, Galaad et Aegir quittaient les lieux. La jeune femme se dirigea vers son bureau et alla préparer les formulaires requis pour l'exécution de son plan. Au fond d'elle, elle remerciait le ciel que Galaad ait accepté. Elle savait qu'elle n'aurait pas tenu dix minutes contre Malefoy. Elle n'était pas assez forte physiquement et magiquement. Elle détestait le combat sans baguette et même avec une baguette magique entre les mains, elle n'aurait jamais pu égaler le mage. Elle avait aussi eut une autre crainte. Celle de craquer. Il était reconnut pour n'avoir recours au combat que très peu souvent. Il perçait ses opposants avant même qu'une attaque ne soit portée. Il portait des attaques là où ça voulait vraiment dire quelque chose. Dans le cœur. Dans la tête. Avec des armes qui faisait vraiment mal. Les mots. La vérité.
J'ai eut beaucoup de misère à démarrer ce chapitre là, mais j'avoue que j'adore le résultat, donc j'espère que vous l'aimez vous aussi. Et que vous l'aimiez ou non, vous pouvez me laisser une petite review, je crois que y'a pas encore de loi qui l'interdise… Faudrait que je vérifie, mais d'ici là, laisse m'en une !
Merci
Ysia
RAR
Shadox : SURPRISE !!! Deux réponses pour deux questions, faut croire que tu sais poser les bonne question au bon moment. La question, maintenant, c'est : à quel prix ? Parce que pour avoir tes réponses, y'a fallut que tu lises le quatrième chapitre. Chapitre qui a dû amener d'autres questions, comme qu'est-ce qui est en train de se mettre en place à son insu ? Gros dilemme, je sais. Continuer à lire, et avoir encore plus de questions, mais des réponses aux questions que tu as déjà. Ou arrêter de lire avec la pensée qu'il te suffirais de lire pour avoir la conscience tranquille. Désolé, c'était plus fort que moi. Donc je vais te remercier et tenter de répondre aux autre en gardant mon sérieux. Merci !
Lady Volderine : Tu peux philosopher tant que tu veux ! Même que j'adore la philosophie. Mais, pour ce qui est des rêves et des plans, les rêves, moi, je les voyais plus comme le genre de rêve que tu fait la veille d'une journée où il doit se passer beaucoup de chose. Tu sais, avant de s'endormir quand on se met à imaginer toutes les manières dont pourrait se passer cette journée là. Mais pour Alek, c'est comme si cette journée là c'était passé exactement à l'inverse de ce qu'il s'était imaginé, donc, elle est désastreuse. Voilà pour ma petite précision, et hésite pas à philosopher. Et puis pour le reste de ta review, je ne dirai rien sauf en la présence de mon avocat… Parce que j'ai sincèrement tendance à m'échapper. Ce qui rend l'utilisation d'un ordinateur très utile parce qu'on peut se relire avant de dire quoi que ce soit de compromettant… Bon ok, je m'emporte encore, désolé. Je répond brièvement au dernier review, je poste le chapitre et dodo. J'allais presque oublier : merci !
Topcerise : Merci !
Lady Volderine : Quand je disais que je serais brève ! Un mot et un point d'exclamation. J'ai fait fort sur ce coup là. Bon ok, je m'en va me coucher, sinon j'aurai plus aucune crédibilité en tant que dramaturge anonyme, mais quand même.
