Donne-moi tes lèvres juste pour un moment,
Et mon imagination rendra ce moment vivant.
Donne-moi ce que toi seul peut donner,
Un baiser pour faire vivre un rêve.
Au premier contact de mes lèvres contre les siennes, il recula comme si je l'avais frappé, le cercle de ses bras frissonnant convulsivement tandis que son corps entier se tendit – mais ensuite presque instantanément, la résistance du choc s'évanouit comme s'il n'avait jamais existé, son contrôle adamantin se brisant tangiblement comme une digue étendue au-delà de ses limites par une lourde pluie printanière. Il m'écrasa contre lui suffisamment fort pour restreindre la respiration, le baiser se dissolvant rapidement en rien d'autre que pure sensation. Mon monde se rétrécit à
le goût de saké sur ses lèvres,
la pluie douce sur mon visage tourné vers le ciel,
la chaleur brûlante de sa peau,
et l'odeur unique qu'était la sienne immergeant mes sens.
Mon cœur martelait ; je n'avais jamais été auparavant si audacieuse au point de faire le premier mouvement et risquer le rejet. Mais je voulais cela, le voulais tant que je n'avais pas d'autre option, sachant qu'il ne se serait jamais permis une telle liberté.
Et maintenant c'était comme si j'avais activé un interrupteur, ouvert un circuit qui envoyait un fort courant rageur à travers lui, une vivacité électrique qui brillait à travers son regard ardent qui était distinctement vivant et contournait complètement la fine ligne afin de perdre tout contrôle. Sa joue mal rasée chatouilla la partie basse de ma mâchoire tandis qu'il baissait sa tête vers mon cou, dévorant sans pitié la peau sensible, mordant avec une once de quelque chose de primal et possessif. Ses mains étaient insistantes tandis qu'elles erraient sans but, leur emprise ferme bien que le toucher était délicat. Je fondis sous l'assaut, capitulant de plein gré, le laissant me façonner comme de l'argile et découvrant une grande joie alors qu'il se laisse finalement aller, s'abandonnant à ses propres désirs. Sublimement heureuse de simplement savoir qu'il aimait et me désirait autant que je le faisais.
Et soudainement, l'interrupteur était déclenché, il était à nouveau Auron le Gardien, tout de dignité silencieuse et de parangon de restriction, comme si une de ses respirations venait toujours trop rapidement. Il éloigna fermement mes mains de lui, malléable comme de l'acier bien que son regard était toujours fixé sur mes lèvres. La déception forma un nœud froid dans mon ventre lorsqu'il dit :
- Non, Serra—
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Mort ou vivant, un homme ne peut résister longtemps, et je ne suis pas un saint. Elle avait le goût de la lumière et de la vie, un élixir étourdissant qui volait toute raison et rationalité. Mes mains glissaient aisément sous les vêtements afin de mémoriser la sensation de sa peau, courant le long de la pente de son dos afin de reposer sur sa taille, l'entraînant contre moi. Elle était facilement modelable sous mon toucher en exploration, capitulant avidement comme si elle voulait que je connaisse chaque pouce. Elle défit mon plastron avec une dextérité surprenante et laissa courir ses mains sur mon torse, traînant des doigts légers avec une lenteur intolérable le long des plans de mon estomac. Mes sens confus notèrent finalement que son autre genou était venu entourer ma taille, nous installant dans une position qui pouvait seulement être appelée impure, au mieux. Le jeu des muscles dans ses cuisses était proche de mon démantèlement et tardivement alarmé, j'essayais de nager vers le rivage et la rationalité. Seulement, je ne pouvais véritablement me souvenir où cela était et juste ici l'eau était véritablement si agréable..elle mordit légèrement ma lèvre inférieure et je faillis geindre à haute voix. Je recueillis mes émotions vers moi-même par la pure force de la volonté, luttant pour un scintillement de contrôle. Je fixais l'image de son regret éploré du lendemain dans mon esprit et la restriction fut soudainement aisée. Je n'allais pas lui laisser des motifs pour des remords.
Je m'éloignais lentement, aucun de nous ne respirait légèrement.
- Non, Serra. Pas comme ça. Je tenais ses mains gentiment mais fermement
loin de moi. Je veux que tu sois certaine.
- Je suis certaine, dit-elle avec une voix haletante qui sonnait légèrement
blessée. Elle soupira. Mais je crois que tu as besoin d'être
sûr de moi. Elle me sourit aisément. De la chevalerie mal placée,
peut-être ; ne pas vouloir abuser d'une veuve esseulée. Ou
peut-être crois-tu toujours que mes sentiments ne sont pas sincères.
Je ne pus rien dire. Elle me lisait trop bien – un jour elle en verrait trop. Au fond, je restais peu convaincu qu'une telle magnifique et séduisante créature puisse véritablement désirer ce ténébreux, mort-vivant et ancien Gardien, irrémédiablement balafré à l'intérieur comme à l'extérieur. Le mignon visage admiré par les femmes et la source d'aucune petite vanité de ma jeunesse étaient parties depuis longtemps. Elles n'avaient certainement pas été attirées par mon arrogance pompeuse et ma sombre attitude.
Elle tourna ses mains dans les miennes de façon à ce qu'elle soit celle qui me tienne et me ramena sur mes pieds.
- Très bien, Auron, vas-tu finalement descendre avec moi ? Demanda-t-elle avec une légèreté voilée par l'émotion que ses yeux ne pouvaient dissimuler, s'assombrissant dans un violet riche de nervosité et de désir. Dors à côté de moi ce soir.
J'aurais dû répondre non, mais Yevon aide-moi, je ne pouvais la rejeter, pas plus que je ne le voulais.
- Si c'est là ce que tu souhaites.
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Il ne résista pas tandis que le guidais par la main à travers la maison sombre, nous deux se faufilant silencieusement tels des adolescents filant sous le nez de leurs parents afin de ne pas être découvert subrepticement après les heures. Pour être sincère, cela aurait été bien mieux si cela avait été lui qui guidait, celui qui savait comment trouver son chemin en toute sécurité dans la nuit, réalisais-je lorsque je rentrais douloureusement en contact avec le coin d'une table. Je jurais et il grogna quelque chose qui aurait presque pu être un petit rire. Mais c'était amusant de le tirer, d'être l'agresseur que je n'avais jamais été avec Jecht, découvrant qu'il suivait de plein gré.
Je le poussai dans la pièce et fermai la porte doucement derrière nous. La pluie avait cessé et la lumière de la lune se répandait avec éclat au travers de la fenêtre aux rideaux ouverts, lavant tout dans des tons argentés, bleus et nocturnes. Il resta le dos appuyé contre la porte en une pause presque décontractée s'il n'y avait pas eut son pouls tapotant visiblement dans sa gorge. Je glissais à titre d'essai le manteau humide de mes épaules et fit un pas au- dessus, subitement incertaine. Le regard irrité qu'il épargna pour l'amoncellement désordonné de laine rouge que j'avais faite de son manteau préféré me fit rire de façon inattendue et la tension s'évanouit.
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Serra enleva la chemise récalcitrante qui ne cachait déjà plus rien, tant elle était trempée et la lâcha pour rejoindre le manteau. Cette fois il ne fit pas attention. Elle resta silencieuse face à son observation, attendant qu'il s'approche, sa peau devenant pâle, un marbre impeccable sous la faible lumière.
Elle était mince mais bien proportionnée, les lignes de sa forme étaient généreusement incurvées et différentes sous tous les aspects de la fille du prêtre, élancée et patricienne, qui avait tenté de le séduire pour le marier, il y a de cela de nombreuses années. Ses cheveux étaient presque noirs dans l'obscurité, mais brillant d'humidité, une dentelle aléatoire qui s'accrochait à sa poitrine, ses épaules et son dos. Il se délecta de sa vue suffisamment longtemps pour qu'un rougeoiement rosé teinte sa peau pâle, mais elle ne fit aucun mouvement pour se couvrir.
Il la rejoignit finalement, baissant l'œil silencieusement. Elle commença d'ôter sa propre chemise complètement trempée et bien qu'il ne résista pas, il ne coopéra pas non plus. Elle lui donna une légère tape.
- Aller, tu ne peux pas dormir là-dedans.
Il commença lentement à l'ôter lui-même et elle se retourna vers l'armoire à habits afin de chercher des vêtements secs dans lesquels il pourrait dormir. Il ne regarda pas lorsqu'elle se dépouilla du reste de ses vêtements. Elle lui lança une paire de pantalons pliés.
- Va te changer dans la salle de bain, s'il le faut, le taquina-t-elle.
Il ne bougea pas et la raison de sa réticence lui devint finalement évidente. Elle se calma et dit :
- C'est bon, Auron. Il n'en a plus besoin.
En fait, c'était suffisamment véridique, pensa-t-il.
Elle haussa un sourcil dans sa direction.
- C'est ainsi, à moins que tu veuilles dormir nu, ronronna-t-elle avec un ton mi-moqueur, mi-séducteur.
Il grogna et parti se changer.
Lorsqu'il revint, il se glissa dans le lit sans commentaire, bien que sa respiration fit une pause lorsqu'elle s'enroula contre lui, poussant son bras du nez jusqu'à qu'il le soulève pour l'envelopper.
- Ton innocence est en sécurité avec moi, taquina-t-elle, incapable de résister à la tentation de rire de lui.
Oui, Serra, mais es-tu en sécurité avec moi ?
Mais il caressa simplement ses cheveux toujours humides, s'endormant avec la douce chaleur de sa respiration contre son cou, son bras enroulé confortablement autour de sa taille comme s'il avait toujours été là.
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Paroles de « A Kiss To Build A Dream », de Louis Armstrong.
