Disclaimer : le personnage de Hurle et son château magique appartiennent à la talentueuse et merveilleuse Diana Wynne Jones.

Au-delà de nos rêves

Rêve numéro 3 : découvrir

Hurle souriait et Ellia ne pouvait s'empêcher de lui trouver un charme terrible. Il portait un magnifique costume turquoise brodé d'or. Elle même était vêtue d'une somptueuse robe parme.

La pièce était agréablement décorée et il y flottait une atmosphère de joie et d'insouciance.

Ils se regardaient l'un l'autre comme s'ils se voyaient la première (mais n'était-ce pas la première fois, finalement ?) lorsqu'un cri retentit.

"Hurle ! s'écria une voix aiguë. Enfin de retour !"

Hurle se tourna vers une vaste cheminée et son sourire s'accentua.

"Calcifer… Mon vieil ami… Comme c'est bon de te revoir !"

"Tu parles, mon vieux ! J'ai bien cru que tu ne reviendrais plus jamais !"

Ellia observa le feu clair qui brûlait dans la cheminée. Une longue face bleu pâle s'y dessinait. Elle comprit alors que c'était ce feu qui parlait. Etonnamment, elle n'en fut pas surprise. Là où était Hurle, rien ne paraissait extraordinaire.

Les yeux de ce dernier se voilèrent aux paroles du feu.

"C'est une longue histoire… soupira-t-il. Mais laisse-moi te présenter Ellia… Ellia, voici mon démon du feu, Calcifer. C'est lui qui fait fonctionner le château."

Un château ? Décidément, Hurle lui plaisait de plus en plus…

"Tu viens aussi du Pays de Galles ? demanda Calcifer, intéressé."

"En quelque sorte, répondit Ellia."

Elle songea à Marina, restée quelque part entre les deux aspects de la porte vert foncé. Elle se sentait différente de ce qu'elle avait pu être dans l'esprit de Marina. Plus libre. Comme dans un rêve, pensa-t-elle.

"Viens ! dit soudain Hurle, la sortant brusquement de ses pensées. J'ai quelque chose à te montrer…"

Il lui prit la main et la mena vers la porte. A côté du bouton de cuivre, il y avait un carré dont chaque arête était marquée d'une couleur différente. Hurle fit tourner le cadran de manière à ce que la couleur jaune remplace la couleur noire en face du bouton de la porte.

Lorsqu'il ouvrit la porte, le néant obscur avait disparu et la porte vert foncé donnait sur une jolie cour fleurie, bien que visiblement à l'abandon depuis un certain temps.

"Evidemment, reprit Hurle, il faudra un peu de temps avant que tout soit remis en état, mais, alors, tu verras comme ce sera beau !"

Il avait l'air heureux. Ellia pensa que c'était justement cette lueur de bonheur qui manquait à Hubert.

"Je suis sûre que je vais me plaire ici, dit-elle."

Hurle lui sourit, puis, sans lâcher sa main, il la conduisit jusqu'au fond de la cour. Là, il y avait une autre porte en bois blanc, décorée de fleurs de toutes les couleurs. Il l'ouvrit et entra dans la pièce suivante, suivi d'Ellia.

La pièce était vaste mais sombre et poussiéreuse. Elle sentait le renfermé, mais il y avait au delà de cette odeur un vague parfum de fleurs.

"Nous vendions des fleurs ici, autrefois… murmura Hurle."

"Nous ? demanda Ellia."

A nouveau, les yeux de Hurle s'assombrirent et firent penser à ceux d'Hubert.

"Sophie, Michael et moi… répondit-il, faiblement."

Ellia n'osa pas demander plus d'informations.

Hurle se força à sourire. Mais il était si disposé à la joie que son sourire ne tarda pas à devenir un authentique sourire de gaieté.

"Que voudrais-tu faire de cette boutique quand elle sera remise à neuf ? demanda-t-il."

Ellia ne prit que quelques secondes de réflexion.

"Une librairie… répondit-elle. J'ai toujours voulu vendre des livres. Des contes pour les enfants, des romans pour les rêveurs, des livres de voyage pour les aventuriers…"

Hurle sourit de plus belle.

"Alors ce sera une boutique de livres en tous genres, dit-il. Il faut nous y mettre dès à présent ! Attends moi là, je vais chercher des balais !"


"Ouf !" Ellia soupira en s'asseyant sur le canapé. Elle n'avait plus utilisé ses bras avec autant d'enthousiasme depuis la dernière fête de son école primaire…

La future librairie était parfaitement propre et rangée, prête à accueillir les livres que Hurle et Ellia comptaient vendre. Dans le château, Calcifer ronronnait comme en chaton endormi.

"Il ne manque que les livres… murmura-t-elle."

"J'irais les chercher demain, répondit Hurle."

Ellia pensa à Marina et fronça les sourcils.

"Mais, répliqua-t-elle. Tu n'as pas cours dem…"

Hurla lui posa un doigt sur les lèvres.

"Ne parlons pas de ça ici. Ici, c'est notre rêve."

Ellia sourit. Une pensée lui traversa soudain l'esprit. Elle faillit poser une question, mais se retint de peur de blesser son ami.

Celui-ci pencha la tête sur le côté, d'un air tout à fait charmant.

"Tu veux savoir comment c'était avant, n'est-ce pas ?"

Ellia hocha la tête.

Les yeux de Hurle semblèrent partir très loin. Il se tourna vers Calcifer, s'assurant qu'il dormait toujours et commença :

"Ca me parait une éternité depuis cette époque. Pourtant, ce n'était qu'il y a quelques mois… Tout allait bien, nous vivions heureux Sophie, Michael et moi…"

Ellia n'osa pas demander de précisions. Son imagination lui suffisait à savoir qui étaient tous ces personnages. Elle semblait les avoir toujours connu.

"Nous vendions des fleurs. Puis Michael est parti. Il voulait sa propre boutique de magie. C'était compréhensible. Alors nous sommes restés seuls, Sophie et moi. Un jour, je suis sorti, tu sais, là bas…"

Il montra le repère noir à côté de la porte.

"Quand j'ai voulu revenir, la porte de l'autre côté avait disparu. J'ai cru devenir fou. Et puis je suis tombé malade. Je suis redevenu Hubert. J'ai pensé que je finirai par tout oublier d'ici. Mais non. Quand je suis sorti de l'hôpital, j'ai cherché une nouvelle porte d'entrée. J'ai trouvé celle par laquelle tu es venue. Mais ici…"

Il s'interrompit à nouveau, les yeux pleins de larme. Ellia lui prit la main et sentit elle aussi les larmes lui monter aux yeux. Elle ne savait que trop bien ce qui avait attendu Hubert lorsqu'il était revenu après cette longue absence.

"Tout avait disparu. Il ne restait que des souvenirs. Non, des rêves. Alors, je suis reparti, en me jurant de ne jamais revenir. Et puis, je t'ai vue dans les yeux de Marina. Et je suis revenu pour toi, pour nous."

Son visage d'un sourire resplendissant. Ellia ne savait que répondre. En quelques heures d'un rêve plus vrai que la réalité, elle venait de trouver l'univers de ses songes où son prince charmant l'attendait.

"Est-ce que tu voudras revenir demain ? demanda-t-il."

Il ne posait la question que pour la forme. Il savait bien qu'Ellia n'existait vraiment qu'ici.

"Bien sûr, répondit-elle. Mais je dois partir, à présent. Il doit être très tard, là bas…"

Hurle hocha la tête.

"Oui, ajouta-t-il. Allons-y."

Il alla à la porte et tourna le repère noir en face du bouton de cuivre. Lorsqu'il ouvrit la porte, le néant était revenu. Il se retourna, sourit à Ellia et dit :

"A bientôt…"

Puis il avança dans le noir et disparut.

Calcifer s'éveillait.

"Déjà ? grogna-t-il. N'oubliez pas de revenir ! Ne me laissez pas encore attendre si longtemps ! J'ai besoin de compagnie, moi !"

Ellia l'assura qu'ils reviendraient dès que possible.

A son tour, elle s'avanças vers le nant et franchit le pas de la porte, le cœur plein de d'une émotion qu'elle ne comprenait pas encore.


En arrivant dans son monde, Marina tomba à genoux devant la porte ouverte. Il faisait nuit noire. Il devait être plus de minuit.

Hubert se précipita auprès d'elle et s'agenouilla devant elle.

"Est-ce que vous allez bien ? demanda-t-il affolé."

Marina le regarda quelques secondes, sans comprendre. Soudain, elle se jeta dans s es bras et éclata en sanglots.

"Merci… gémit-elle. Merci…"

Hubert, un peu gauche, resserra ses bras autour d'elle.

Le cœur de Marina battait à tout rompre dans sa poitrine. Hubert le ressentait-il aussi cet étrange sentiment. Il n'était pas Hurle, il n'avait les mêmes yeux, pas les mêmes cheveux, pas la même odeur. Mais Marina savait que Hubert était Hurle au fond de lui et cela lui suffisait.