Disclaimer : le personnage de Hurle et son château magique appartiennent à la talentueuse et merveilleuse Diana Wynne Jones.
Ma chère Dr Gribouille, unique et fidèle revieweuse et amie…
Tes reviews me font toujours aussi plaisir ! Moi non plus, je n'ai jamais bouché les toilettes avec un ballon de foot, et d'ailleurs je m'étonne que la sage Marina ait eu une telle idée !
Moi aussi, j'adore Hubert (et je ne crois pas être la seule…) En fait, dans le livre de Diana Wynne Jones, on ne rencontre que Hurle, et on sait que son véritable prénom est Hubert. Mais Hurle ne redevient pas Hubert quand il passe par la porte au repère noir. J'aimais bien l'idée que le château est une sorte de monde parallèle où tous les rêves sont possibles. C'est là que je vais me réfugier quand j'en ai besoin…
Je suis désolée de ne faire que 6 chapitres, mais j'ai peur de stagner et de diminuer l'intérêt de l'histoire si je prolonge.
En tous cas, merci beaucoup d'être une lectrice aussi assidue !
Biz et bonne lecture !
Au-delà de nos rêves
Rêve numéro 5 : aimer
Le soir, Marina décida de rentrer directement chez elle après les cours, et de ne pas passer par la halle désaffectée. Ce fut un véritable supplice, mais elle y parvint.
Lorsqu'elle eut regagné son appartement, elle culpabilisa. Elle aurait dû prévenir Hubert. Il devait l'attendre, elle n'aurait pas dû le laisser attendre comme ça.
Mais elle avait peur de retourner dans le château magique. Si jamais elle y allait à nouveau, elle ne pourrait peut-être plus jamais le quitter. Elle avait pris ses résolutions. Elle devait oublier ces quelques semaines de rêve éveillé, au risque de ne plus jamais pouvoir ouvrir les yeux sur sa réalité…
Elle n'avait plus passé la soirée chez elle depuis si longtemps que celle-ci s'annonçait d'un ennui mortel. Elle n'avait pas le courage de préparer ses cours pour le lendemain, ni l'envie d'ouvrir un livre, ni même la possibilité d'allumer la télévision pour oublier ce qu'elle était en train de vivre. Ou, plus exactement, ce qu'elle n'allait plus jamais vivre.
Elle avait accumulé une énorme dette de sommeil depuis toutes ces semaines. Aussi décida-t-elle de se coucher tôt ce soir là.
Elle se déshabilla et se glissa en hâte sous les draps. La soirée lui semblait froide, mais c'était sans doute parce que Hurle était très loin d'elle.
Elle ferma les yeux et tenta de se vider l'esprit. Mais un visage revenait sans cesse hanter ses pensées. C'était celui de Hurle. Non, c'était celui d'Hubert avec le sourire joyeux de Hurle. Les yeux vivants étaient bien ceux d'Hubert.
Elle se retourna dans tous les sens pendant ce qui lui sembla des heures, sans parvenir à trouver le sommeil. En fait, elle avait peur. Peur de retomber dans un sommeil sans rêve. Si elle s'interdisait le rêve qu'elle vivait chaque jour depuis des semaines, que pouvait-il advenir des autres songes ?
Il était déjà 2 heures du matin lorsqu'elle regarda l'heure pour la quinzième fois depuis qu'elle s'était couchée.
Soudain, il lui sembla que la porte de son placard grinçait. Elle s'immobilisa, trop effrayée pour oser regarder.
La porte grinça à nouveau, semblant s'ouvrir depuis l'intérieur du placard.
"Ellia ?" murmura une voix que Marina reconnut comme celle de Hurle.
Elle se leva d'un bond. Hurle venait de sortir comme par enchantement du placard et se tenait face à elle. Derrière lui, les vêtements qui auraient du s'empiler dans le placard avaient été remplacés par un vide noir.
Marina se força à garder le silence. Elle n'était pas Ellia. Elle n'était plus Ellia. Elle ne devait, ne pouvait plus être Ellia.
"Ellia ? répéta Hurle. Pourquoi n'es-tu pas venue aujourd'hui. J'ai compris pour la dernière fois ! Il n'existe pas qu'une porte que notre monde ! Nous pouvons y accéder par n'importe quelle entrée. Regarde, je suis arrivé directement chez toi. Mais, dis-moi, pourquoi n'es-tu pas venue aujourd'hui ?"
"Je… Je ne sais pas… bégaya Marina. Je n'ai pas pu… Je ne sais pas… Je ne sais pas qui est Ellia…"
Hurle fronça les sourcils. Marina sentit un étrange vide dans son ventre.
"Que dis-tu ? Tu es Ellia !"
Elle secoua la tête, les larmes aux yeux.
"Non, je suis Marina. Ellia n'existe plus. Elle ne peut plus exister."
Hurle était sur le point de répliquer, mais son image s'effondra soudain comme s'il eut été fait d'eau. A sa place, Hubert regardait Marina d'un air complètement dépité. Des larmes lui coulaient le long des joues.
Marina voulait être forte, mais elle ne put retenir ses propres pleurs.
"Je suis désolée… murmura-t-elle."
Hubert la regarda et le faible sourire de Hurle se dessina sur ces lèvres.
"Adieu, Ellia… dit-il doucement."
Il recula d'un pas et disparut dans le néant, refermant la porte du placard sur lui.
Marina éclata en sanglots. Elle voulut le retenir. Elle ne voulait pas qu'il parte ainsi. Son cœur battait si vite lorsqu'il était là…
Elle se précipita vers la porte mais, lorsqu'elle l'ouvrit, elle ne vit qu'un tas de vêtements pêle-mêle.
Le passage vers le château magique avait disparu. Elle avait tué Hurle. Hurle était mort une nouvelle fois…
Marina ne put fermer l'œil cette nuit là.
Elle hésita à aller travailler le matin, mais il fallait absolument qu'elle parle à Hubert, qu'elle lui explique, qu'elle s'excuse…
Cependant, en arrivant, on l'informa qu'Hubert s'était fait porté absent.
Elle hésita à aller le voir en quittant le collège. Mais elle pensa qu'il avait peut-être besoin de temps et préféra rentrer chez elle, espérant que la porte de son placard s'ouvrirait à nouveau dans la nuit.
La porte resta désespérément close, Marina passa une nouvelle nuit blanche, et Hubert n'était encore pas là le lendemain.
Le soir du troisième jour, comme Hubert n'était pas toujours revenu, Marina décida qu'elle devait absolument aller lui rendre visite. Ses pas la menèrent automatiquement chez lui, comme si son inconscient avait mémorisé le chemin qu'elle n'avait fait qu'une seule fois.
Elle fut accueillie par une Mégane encore plus soucieuse que la première fois.
"Je viens voir Hurl… Hubert, expliqua Marina, en oubliant les politesses d'usage."
Elle s'attendait à une résistance de la part de Mégane, mais celle-ci s'effaça tout simplement pour la laisser entrer. Elle lui indiqua la chambre d'Hubert, sans la suivre et sans se douter que la jeune visiteuse avait déjà parcouru le chemin inverse, par une douce nuit…
Marina se retrouva seule devant la porte de la chambre d'Hubert. C'était une porte blanche tout simple et sans ornement, sans fantaisie. Elle frappa.
Il n'y eut aucune réponse.
Elle recommença, en vain.
"Hubert, c'est moi, Marina. Ouvrez-moi, je vous en prie !
Elle sentait les larmes lui monter aux yeux.
"Je vous en supplie…"
Mais rien ne semblait bouger de l'autre côté. Hubert était-il vraiment là ?
Elle saisit son courage à deux mains et ouvrit la porte.
Elle s'était attendue à tout, sauf à ce qui se trouvait derrière…
