Chapitre Deux: Danger à Privet Drive
Oncle Vernon se précipita vers sa femme et son fils, et les poussa avec le plus de ménagement possible à l'intérieur de la maison. Harry, quant à lui, se prépara à un échange acharné de sortilèges. Si les protections ne résistaient pas, il savait qu'il ne tiendrait pas longtemps face à tant de Mangemorts. "Impedimenta!" Son propre maléfice d'Entrave jaillit de sa baguette et fila vers la rue, touchant un des sorciers encagoulés. "Stupefix!" Un autre tomba. "Oncle Vernon! Le professeur Lupin est au téléphone! Dis-lui ce qu'il se passe! Il ira chercher des renforts!" cria-t-il par-dessus son épaule, en espérant de toute son âme que Remus n'aurait pas encore raccroché, et qu'Oncle Vernon ne serait pas trop paniqué ou têtu pour demander de l'aide. La porte claqua derrière lui, et il jeta un prompt "Expelliarmus!". Les Mangemorts s'écartèrent du sort. "Stupefix!"
Cette fois, le sort atteint son but, et un autre sorcier fut paralysé, mais le reste d'entre eux continuaient à s'approcher, et d'autres craquements parvenaient du fond de la rue. Harry vit de plus en plus de robes noires s'élancer vers lui ; elles jetaient toutes des sorts destinés à mettre les protections autour de sa maison hors d'état. Je vais mourir...
Avec un cri collectif, les Mangemorts atteignirent l'entrée de la maison, mais ils furent soudainement immobilisés, et Harry crut entendre un crissement, un peu comme du caoutchouc que l'on étirerait. Les sorciers grognèrent et s'agitèrent, puis il y eut un brillant éclat de lumière, et les attaquants se retrouvèrent projetés loin de là. Certains même se retrouvèrent propulsés dans les jardins de maisons voisines. Harry eut un bref soupir de soulagement. Ils ne pourraient pas l'atteindre. Les champs avaient tenu bon.
Tout à coup, un autre CRAC retentit et un sorcier apparut, mais cette fois-ci à l'intérieur du jardin. Harry eut un cri d'alarme et entendit Tante Pétunia hurler depuis la fenêtre.
"Non," lui cria-t-il, "ferme la fenêtre! Stupef-"
"Non! Harry!" La voix lui semblait familière.
Harry s'immobilisa, son coeur battait à toute allure. "Remus?" tenta-t-il, lorsqu'il reconnut finalement le visage de l'homme.
Remus Lupin monta les marches prestement, ignorant les sorts et maléfices envoyés dans leur direction. La force invisible entourant le numéro Quatre, Privet Drive, les protégerait pour l'instant. "Harry, Dieu merci, tu vas bien. " Il lui tendit une boîte qu'il avait sorti rapidement de sa robe. "De la poudre de Cheminette. Les Aurors ont barricadé toutes les cheminées, et seuls les habitants de cette maison pourront passer à travers les sécurités. Si les champs de protection ne tiennent pas, transfère ton oncle, ta tante et ton cousin dans le bureau de Dumbledore, et reste là-bas toi aussi. Vous serez temporairement en sûreté. Tiens bon, les secours arrivent."
D'autres craquements se firent entendre dans la rue, et les Mangemorts durent détourner leur attention de la maison d'Harry pour se concentrer sur les Aurors, vêtus de robes colorées, et les membres de l'Ordre du Phénix qui surgissaient de partout. En quelques secondes, Privet Drive ne fut plus que cris et hurlements, sorciers combattants, et éclairs de lumière vive.
Derrière Harry, la porte s'ouvrit et Oncle Vernon en sortit, son regard se posant sur Harry, puis sur Remus et enfin sur le chaos de la rue. Tante Pétunia et Dudley se tenaient sur le palier, les yeux écarquillés. Oncle Vernon reporta son visage colérique sur Harry. "Tu... tu..."
Le coeur d'Harry gela un moment, et il laissa tomber sa tête. Mais Remus mit une main sur son épaule et s'avança. "Je suis très heureux de voir votre famille en parfaite santé, Mr Dursley. Tant que vous restez sur votre propriété, nous pensons que vous ne risquez rien." Il indiqua par un signe de tête les sorciers qui continuaient à lancer des sorts. Ils utilisaient maintenant les haies comme refuges, et les voitures qui les abritaient parfois de dangereux Maléfices étaient en feu. "Je suis vraiment désolé de... tout cela. Nous espérions que nous n'en viendrions jamais jusque-là, et croyez-moi, Harry n'a jamais souhaité non plus un tel désastre."
Harry osa jeter un coup d'oeil à son oncle, et il fut surpris de voir passer sur le visage de l'adulte une étincelle de ce qui pourrait ressembler à de la sympathie. "Ils sont tous après toi alors?" Harry acquiesça. "Pourquoi?"
"C'est une longue histoire," répondit Remus, sa main toujours posée sur l'épaule d'Harry.
Derrière eux, deux autres Aurors jaillirent dans le jardin. "Lupin! Laisse les plaisanteries de côté ; nous avons besoin de toi! Potter, fais-les rentrer à l'intérieur!" rugit Maugrey Fol-Oeil, puis il se retourna et lança quelques sorts, profitant de la relative sécurité qu'offraient les champs de protection.
"J'arrive Maugrey! Vas-y Harry. Mr Dursley, restez avec votre famille dans votre maison. Je dois... m'occuper de tout cela." Lupin serra brièvement l'épaule d'Harry en signe d'encouragement, et il s'élança vers l'extrémité du jardin où plusieurs Aurors suivaient l'exemple de Maugrey et prenaient refuge derrière le bouclier invisible.
"Remus!" appela soudainement Harry. Le dernier Maraudeur s'arrêta et se retourna. Harry avala difficilement sa salive, et dit d'une voix qu'il aurait aimée plus forte, "Fais attention." Remus sourit et lui envoya un bref clin d'oeil, avant de courir rejoindre Tonks dans le jardin.
"Allez, viens ici," dit Oncle Vernon depuis le pas-de-porte. Harry était un peu amer, car il savait bien que s'il joignait la bataille, il constituerait plus un handicap qu'autre chose ; les Aurors tiendraient trop à le protéger. Se détournant lentement, il regagna la maison de la soeur de sa mère, et ferma la porte derrière lui.
"Qu'est-ce qui se passe," demanda Tante Pétunia quand Harry s'approcha silencieusement de la fenêtre du salon. "Qu'est-ce que font toutes ces... toutes ces personnes ici?"
"Elles sont là sur les ordres de Voldemort," répondit Harry. Il faisait tourner sa baguette entre ses doigts. Même s'il ne pouvait rien faire, il se sentait mieux avec elle dans les mains. "Ceux en rouge sont les Aurors. Ils sont là pour empêcher les plans de Voldemort de réussir."
"Et qu'est-ce que ce Lord Voldimo te veut?" demanda Dudley en s'approchant de la fenêtre pour contempler la bataille.
Tante Pétunia lança à Harry un regard précautionneux, et répondit elle-même, "C'est une longue histoire, mon chéri." Elle tenait fermement la main d'Oncle Vernon dans la sienne. Avait-elle entendu parler de la première guerre avant que Dumbledore n'envoie Harry chez elle? Harry se rendit compte qu'il n'en savait absolument rien. La Beuglante de l'été dernier suggérait qu'elle savait peut-être plus à propos de la seconde guerre qu'elle n'en disait. Se retournant vers la fenêtre, il vit que la plupart des Aurors étaient derrière le bouclier maintenant. Tonks et Remus traînaient un corps immobile vers un endroit plus sûr. C'était Kingsley Shacklebolt. Ils s'agitèrent auprès de l'homme tombé un moment, puis se redressèrent lentement, leurs visages sinistres confirmant l'angoisse d'Harry, et il gémit, laissant tomber sa tête entre ses mains.
"Qu'est-ce qu'il y a?" demanda Tante Pétunia, se plaçant rapidement près de Dudley pour regarder.
"Cet homme," dit Dudley, montrant Kingsley, "il est mort?"
"Oui," répondit faiblement Harry. Tante Pétunia eut un cri étranglé, et resserra Dudley contre elle.
Oncle Vernon les rejoignit. "Combien de temps tout ça va-t-il durer?". Sa voix était un peu assourdie par tout le vacarme de l'extérieur.
"Je ne sais pas," murmura Harry. 'Kingsley... Je suis désolé. Je suis tellement désolé! Ce n'est pas juste!' Combien encore de personnes devraient-elles laisser leur vie en essayant de le protéger?
"Que ferons-nous si ces hommes en noir pénètrent dans le jardin?" demanda Tante Pétunia, sa voix glacée par la peur.
Harry se tourna vers les Dursley et leur montra la boîte que Remus lui avait donnée. "La poudre de Cheminette. Vous vous rappelez comment les Weasley sont venus par la cheminée, il y a deux ans? Si quelque chose arrive, nous nous enfuirons par là."
"Et où est-ce que la... cheminée nous emmènera?" demanda Dudley, regardant la boîte avec circonspection.
"Poudlard, mon école. C'est l'endroit le plus sûr de tout le monde de la Sorcellerie."
"Quoi?!" tonna Oncle Vernon. "Ils nous envoient nous cacher dans le repaire de ta bande?"
"Tu préférerais plutôt tenter ta chance avec cette bande-là?" cingla Harry en retour, pointant la bataille qui faisait rage dehors. Oncle Vernon avala sa salive, et Tante Pétunia avait l'air au bord des larmes. Harry inspira profondément. "D'accord, je m'excuse," dit-il brièvement. "Remus avait raison ; je n'ai jamais rien voulu de tout ça. Vous n'avez aucune idée de tout ce qui s'est passé ces dernières années. Je voudrais que tout s'arrête, mais ça n'arrivera pas, et vous autres ne pouvez plus garder la tête sous le sable. Pas après cette bataille."
"Mais nous n'avons rien à voir avec tout ça!" cria Oncle Vernon, les mains de chaque côté de sa tête, comme pour empêcher ce que dirait Harry de l'atteindre.
Un éclat de rire sans joie vint rompre le silence, un rire si amer qu'Harry eut du mal à l'identifier comme le sien, c'était un son étrange à ses propres oreilles. "Croyez-moi," dit-il, se détournant des Dursley stupéfaits pour regarder à nouveau la bataille. "Ils ne s'en soucient pas. Pas du tout."
"Si..." tenta Tante Pétunia. "S'ils passent la barrière... et viennent après toi... qu'est-ce qui nous arrivera?"
Harry garda les yeux sur la rue pendant encore quelques moments. Les Aurors étaient maintenant tous derrière le bouclier et envoyaient des sorts sans relâche, alors que les serviteurs de Voldemort renouvelaient leurs efforts pour faire tomber les champs de protection. Dumbledore avait dit que rien ne pourrait blesser Harry tant qu'il serait protégé par le sang de sa mère, mais... il se tourna et affronta les Dursley dans les yeux. Il prit une grande inspiration et articula difficilement : "il y a deux ans, quand j'ai vu Voldemort revenir parmi les Vivants, il y avait un autre étudiant avec moi. Cédric," ajouta-t-il en regardant Dudley. "Il n'aurait pas dû être là ; c'était un accident. Quand Voldemort a vu Cédric, il a ordonné à son serviteur de 'tuer l'autre'. Et il l'a fait", continua-t-il en jetant les mots plus furieusement qu'avant. "Cédric avait encore moins à voir dans cette histoire que vous. Il s'était juste trouvé là. Au mauvais endroit, au mauvais moment."
"Alors," dit Oncle Vernon, "pour ton Lord Voldenuit, nous sommes..."
"Les 'autres'," finit amèrement Harry. Il ne voyait pas l'intérêt de leur cacher la vérité. C'est ce que Dumbledore avait voulu faire pour Harry, il n'avait exposé que les aspects les moins effrayants de ses secrets, et, pensa-t-il douloureusement, le décès de Sirius en avait résulté.
"Maman..." dit Dudley, "j'ai faim."
Si Harry n'avait pas été aussi tendu, il aurait pu en rire. Tante Pétunia répondit, "et bien, nous ne savons pas combien de temps nous serons coincés ici. Va à la cuisine te faire un sandwich. Vernon, pourquoi n'irais-tu pas aussi? Je resterai là."
Oncle Vernon et Dudley sortirent de la pièce, et Tante Pétunia vint se placer près d'Harry devant la fenêtre. Privet Drive était en ruines. Il y avait de la fumée et du feu et des débris d'explosion partout ; Harry pouvait entrevoir plusieurs maisons brûler, mais sans parvenir à deviner si les habitants avaient pu s'enfuir. Les Moldus n'avaient aucun moyen de savoir ce qui se passait. Un tremblement le parcourut. Tante Pétunia lui demanda :
"Pourquoi Lord Voldemort a-t-il tué ma soeur? Était-elle une 'autre', elle aussi?"
La gorge d'Harry se resserra douloureusement. Il acquiesça. "Il était après moi. Elle ne voulait pas s'écarter, alors il..."
Tante Pétunia fit un drôle de bruit. Harry ne se retourna pas et continua à regarder la bataille. Après un moment, elle continua :
"Pourquoi? Pourquoi est-il tellement déterminé à te trouver?"
Harry ferma les yeux et laissa son front reposer sur la vitre de la fenêtre. La froideur du verre apaisa un peu sa cicatrice brûlante. "À cause de... certaines informations. Je suis le seul qui puisse l'arrêter."
Tante Pétunia eut un hoquet de surprise. "L'arrêter? Tu veux dire..."
"Oui," dit Harry, gardant les yeux fermés. Il n'en dit pas plus. Le silence de sa tante lui indiquait qu'il n'avait pas besoin de le faire.
Tout à coup, la vitre contre son front devint chaude, sa cicatrice brûla douloureusement, et les cris des Aurors à l'extérieur prirent un ton paniqué. Harry se rejeta en arrière et regarda au dehors. Il sentit son coeur s'arrêter un instant: une grande silhouette, toute de noir vêtue, traversait lentement la rue dévastée. Elle fit signe aux troupes décimées de Mangemorts de la rejoindre. Harry pouvait distinguer des yeux rouges étincelants, dirigés directement sur lui. "Oh non-"
Tante Pétunia poussa un petit cri lorsqu'il sauta sur ses pieds. "Qui-qu'est-ce que c'est que ça?!"
"Voldemort. C'est lui," répondit Harry ; sa voix tremblait. Remus et Tonks et Maugrey et les Aurors-Voldemort les tuerait tous pour atteindre Harry. Dumbledore! Où était Dumbledore?!
"Dudley! Vernon!" cria Tante Pétunia, et ils se précipitèrent dans le salon.
"C'est quoi, ça?!" gémit Dudley, se logeant dans les bras de sa mère quand il vit la créature aux yeux écarlates s'approchant de plus en plus du numéro Quatre, Privet Drive.
"C'est Voldemort," répondit Harry, sa baguette en main. Il hésitait sur ce qu'il devait faire: une partie de lui voulait s'enfuir au plus vite avec les Dursley à Poudlard. Une autre partie voulait se précipiter à travers la porte et rejoindre la bataille, et la dernière souhaitait, le suppliait même, de se réveiller. 'Faîtes que ce ne soit qu'un rêve...' Mais ce n'en était pas un, son coeur affolé et sa cicatrice douloureuse le prouvaient distinctement. Les Dursley s'accrochaient l'un à l'autre, pris de terreur, et Harry souhaita, un bref moment, avoir quelqu'un à qui se tenir lui aussi. Il se souvenait comment Mme Weasley l'avait serré sur son coeur, il se rappelait les accolades rapides et chaleureuses de son parrain, les embrassades d'Hermione quand elle était excitée par un évènement ; il se remémora Olivier Dubois et toute l'équipe qui le prenaient dans leurs bras après avoir gagné la Coupe de Quidditch ; -il se contenterait de n'importe qui. Juste une paire de bras aimants, juste à cette seconde, qui l'embrasserait et le soutiendrait, lui murmurerait que tout irait bien, même si cela ne devait pas être vrai... Sirius! Sirius, pourquoi es-tu mort?! J'ai besoin de toi!
"C'est lui qui est après toi?!" cria Oncle Vernon. "Ce... monstre?!"
"C'est Lord Voldemort," confirma Harry. Les Aurors commencèrent à s'écarter, et Remus se retourna, vit Harry à la fenêtre et se mit à crier frénétiquement. Sa voix était perdue parmi les cris et les explosions, mais Harry comprit ce qu'il voulait. "Je crois que c'est le moment d'y aller." Il se dirigea vers la cheminée.
"Mais tu as dit qu'ils ne pourraient pas venir jusqu'ici!" s'exclama Dudley, le suivant de près néanmoins.
"Je préfère ne pas prendre de risques," murmura Harry. "Incendio!" La cheminée s'ouvrit et s'enflamma d'un coup.
Soudain, une lueur ocre traversa la maison entière, et on entendit une sorte d'implosion gigantesque. Harry sentit un picotement d'énergie le parcourir, comme un choc électrique sur toute sa peau. "Harry!" hurla Tante Pétunia.
Il repoussa Dudley et se précipita devant la fenêtre. Ce qu'il vit le fit presque s'étrangler. "Non!"
Les Aurors avaient été projetés comme des pantins dans toutes les directions. Les Mangemorts trop lents à s'écarter avaient eux aussi subi le même sort. Le jardin des Dursley s'incendiait, et leur voiture était en feu. Harry avait l'impression que la seule chose à encore tenir debout était la figure de Voldemort, juste devant l'entrée de la maison. Harry et les Dursley regardèrent, horrifiés, le Mage Noir s'avancer... et entrer dans le jardin.
"Comment a-t-il pu?!" cria Tante Pétunia alors que Voldemort avançait calmement, presque nonchalamment, sur l'herbe jaunie.
"Le sang," chuchota Harry. Les Dursley firent entendre de petits bruits confus, alors il se tourna vers Tante Pétunia et lança, "Il détient mon sang!". Elle se couvrit la bouche d'une main, comprenant ce que cela signifiait.
Oncle Vernon reposa la question: "qu'est-ce que tu veux di-"
"PARTEZ!" hurla Harry, les poussant vers la cheminée. "Nous devons partir!"
Il ouvrit la boîte de poudre mais s'arrêta soudain ; la cheminée n'était pas assez grande pour eux quatre! Encore une fois, Tante Pétunia le devança. "Dudley, vas-y d'abord! Vite! Harry, sors-le d'ici!"
"Je ne suis pas comme lui!" protesta Dudley. "Je ne sais pas comment voyager par la cheminée!"
Harry ne pensait pas qu'un Moldu pourrait activer la poudre de Cheminette, ce qui ne lui laissait qu'une seule solution. "Je reviens," promit-il à son oncle et sa tante, et traîna son cousin terrifié dans l'âtre. "Ne bouge pas, Dudley!". Il jeta une poignée de poudre et couvrit la bouche de son cousin pour l'empêcher de hurler. "Bureau du Professeur Dumbledore!". Ils furent emportés loin de Privet Drive.
Harry et Dudley roulèrent hors du feu dans le bureau maintenant si familier du Directeur de Poudlard, surprenant plusieurs portraits. Dudley gémit, mais Harry le coupa. "Reste ici et ne touche à rien! Je reviens tout de suite! Numéro Quatre, Privet Drive!"
Il arriva en trébuchant dans le salon juste à temps pour recevoir dans ses bras une Tante Pétunia horrifiée, projetée en avant par Oncle Vernon. "Prends ta tante! Maintenant!"
"Non! Vernon, non!" hurla-t-elle.
"Allez!" cria Harry, et la tira vers la cheminée. Par la fenêtre, il nota que Voldemort avait atteint la porte. Jetant une autre poignée de poudre, il cria la destination, mais avant que les flammes vertes ne les transportent, il vit son oncle se tenir pétrifié. La porte de devant venait d'exploser.
Ils tombèrent dans le bureau de Dumbledore, et Tante Pétunia courut vers Dudley, sanglotant. "Sauve Vernon! Sauve Vernon!"
"Je vais le faire! Tenez bon! Quatre, Privet Drive!" cria de nouveau Harry, et les flammes le ramenèrent.
Il atterrit au milieu d'une destruction totale. Le salon était sombre, éclairé uniquement par la lueur que projetaient les incendies à l'extérieur, l'air était alourdi de poussière et de fumées noires, et tous les meubles étaient renversés. Harry toussa et cria, "Oncle Vernon! ONCLE VERNON!"
Silence. Rien, sinon le craquement des flammes et les cris au dehors. Harry vit de la lumière jaillissant maintenant en dedans des fenêtres: la maison des Dursley était en feu. "ONCLE VERNON!"
Il trébucha sur quelques débris, la fumée irritant sa gorge et le forçant à tousser, jusqu'à ce qu'il vit une masse allongée sur le sol de la cuisine. "Oncle Vernon!" Harry se précipita et tomba à genoux près de son oncle, le secouant. "Lève-toi! Nous devons y aller, viens! Tante Pétunia t'attend!"
Oncle Vernon ne répondit pas. Il reposait là, immobile, regardant le plafond avec une expression de terreur inscrite sur son visage. Harry le secoua encore, plus faiblement ; un sentiment gelé, glacé, commençait à parcourir tout son thorax, envahissait sa gorge. "Oncle Vernon?" murmura-t-il. Il essaya frénétiquement de chercher un pouls.
Rien. Rien du tout. Et le poignet dans la main d'Harry devenait de plus en plus froid.
Encore un 'autre'.
"Non... oh non. Oncle Vernon? Oncle Vernon... tu ne peux pas... qu'est-ce que je vais leur dire... non..." La respiration d'Harry s'accéléra, il ne respirait plus que par saccades. Qu'allait-il faire? La femme et le fils d'Oncle Vernon étaient à Poudlard, attendant qu'Harry le ramène en sécurité. Il était juste un Moldu, il n'avait rien à voir dans toute cette histoire! Il n'avait pas pu protéger sa famille de Voldemort, Harry devait... "Pardon!" gémit-il alors que le désespoir l'envahissait de l'intérieur. Oncle Vernon n'avait jamais embrassé Harry, ne lui avait jamais adressé une parole agréable de toute sa vie, mais maintenant... Harry s'affaissa et mit la tête sur la poitrine de son oncle, se berçant légèrement pour tenter de se rassurer. "Je suis désolé! J'ai essayé! Je suis si désolé!"
Il ne pouvait plus réfléchir. Tout ce dont il avait conscience était le corps de son oncle à côté de lui, ainsi qu'une culpabilité grandissante. Encore une personne, dont le seul crime avait été de s'interposer entre Harry et Lord Voldemort, était morte par sa faute.
"Mon pauvre garçon..." Une voix, presque identique à celle d'un serpent, siffla derrière lui.
Harry bondit sur ses pieds, tenant sa baguette en main. "Voldemort, tu le paieras! Il n'avait rien à voir avec ça! Pourquoi l'avoir tué?!"
Un horrible ricanement s'éleva au-dessus des voix à l'extérieur, et des flammes à l'intérieur. "Tu devrais le savoir maintenant, Harry Potter. J'aime ça!"
Avec un rugissement de rage et de douleur, Harry visa la poitrine de Voldemort. "AVADA KEDAVRA!"
La lumière verte fila vers Voldemort et, par sa force, mit le Mage Noir à genoux. Harry n'en croyait pas ses yeux. Il l'avait fait. Il avait touché Voldemort avec le Sortilège de la Mort. Et je voulais... je voulais vraiment le tuer... qu'est-ce que je suis?
Il attendit que la silhouette voilée tombe finalement, mais elle ne le fit jamais. Le capuchon se releva, et des yeux rouges, brûlants et furieux, rencontrèrent les siens. Harry mit une main sur sa cicatrice battante. "Bien joué, Harry. Pour un premier essai, c'était impressionnant. Très impressionnant même." Voldemort leva sa baguette.
Harry se prépara. "C'est peut-être une question de pratique," répondit-il froidement. "Mais si nous envoyons encore une fois ce Sort, aucun de nous deux ne sera là pour voir le résultat."
Il aurait vraiment dû se taire. Les lèvres presque inexistantes de Voldemort se courbèrent en un sourire hideux. "Exactement, Harryyy..." les mots s'étirèrent en un long sifflement qui changea soudain de ton, passant du grave à l'aigu sur un rythme étrange.
Harry le regarda, confus, avant d'être frappé par une sensation de vertige si puissante qu'il faillit tomber, et avec un sursaut de panique, il réalisa ce que Voldemort faisait. Il essaya de lancer un autre sort, de lever sa baguette, mais il ne pouvait pas. Avec un faible cri, il tenta de reculer et d'atteindre ce qui avait été la porte d'entrée, combattant de toutes ses forces ses membres instables et le son, si faible mais si fort, qui sifflait dans ses oreilles. Il devait rejoindre les Aurors... il pouvait entendre une nouvelle voix-Dumbledore! Il fallait arriver jusqu'à Dumbledore!
Cette mélodie tentait d'envoûter son attention... l'attirer hors de tout... lui faire oublier ce qu'il faisait... plus que trois mètres jusqu'à la porte... deux... un-il tenta le tout pour le tout et se jeta vers l'extérieur... deux bras glacés vêtus de noir se glissèrent autour de sa poitrine, l'empêchant de bouger et le tirant vers l'arrière. "N-non..."
Le visage de Voldemort était juste à côté du sien, sa respiration froide et sèche sur sa joue alors qu'il continuait d'entonner l'espèce d'incantation -peu importe ce que c'était réellement- dans l'oreille d'Harry. C'était comme si un brouillard épais tombait sur son esprit, l'empêchant de se concentrer sur ce qui l'entourait. Son corps ne put plus tenir, sa tête tomba en avant, et sa baguette glissa de ses doigts et tomba à terre. L'incantation allait le forcer à s'endormir - soudain elle s'arrêta. Mais la force d'Harry ne retourna pas ; il était à la merci de Voldemort, ne tenant debout que par la poigne que celui-ci exerçait. Il entendait le craquement des flammes dans la maison augmenter de volume, et les cris de la bataille dehors ; la voix de Dumbledore résonna au-dessus des autres, lançant un Sortilège de Patronus. Les Détraqueurs avaient dû venir alors.
Avec un autre ricanement, Voldemort se dirigea vers la porte, traînant Harry avec lui. Ses jambes semblaient avancer de leur propre chef, bien qu'elles trébuchaient souvent. Harry ne s'était jamais senti aussi désemparé -et inutile- de toute sa vie. Puis il fut poussé dans le jardin, la baguette de Voldemort sur sa gorge. L'air fut rempli des cris horrifiés des membres de l'Ordre.
"Et bien, Dumbledore," siffla Voldemort. "On n'est plus aussi fier maintenant, je me trompe?"
On n'entendit plus un bruit. Avec les plus grands efforts, Harry parvint à relever sa tête suffisamment pour observer les alentours. Sa vision était floue, mais il distinguait des corps éparpillés sur le sol, certains en noir, d'autres en rouge. Les Mangemorts couraient rejoindre les côtés de Voldemort, et les Aurors restants les regardaient faire, paniqués. Tous sauf Dumbledore ; ses yeux brûlaient d'une émotion qu'Harry pouvait seulement identifier comme une immense peine.
"Allez, Dumbledore. Pourquoi ne lances-tu pas de sort?" se moqua Voldemort. "Ma baguette n'est pas dirigée vers toi. Tu pourrais facilement me toucher avant que j'ai le temps de contre-attaquer. Bien sûr, j'aurais tué le garçon avant." L'expression de Dumbledore ne cilla pas, et Voldemort rit encore. "Toujours aussi incapable de sacrifier ton précieux Survivant. Tu pourrais me tuer maintenant, et tu le sais, mais pas avant que je ne le tue, lui."
"Harry!" hurla une voix. Harry était vaguement conscient d'une ombre se débattant entre deux robes rouges. "Harry!"
"Remus, non!" répliqua une voix de femme qu'Harry ne prit pas la peine d'identifier.
"Lâche-le! Harry!" Remus était au-delà de tout, se débattant de toutes ses forces pour venir au secours d'Harry. Pour une certaine raison, Harry repensa à cette nuit dans le Département des Mystères.
"Remus, reste où tu es," dit Dumbledore, ne quittant pas Harry du regard. "Très bien, Tom, tu as toute mon attention. Nomme ce que tu désires."
Voldemort ricana. "Peut-être serais-tu assez aimable pour me révéler la prophétie?
Dumbledore haussa les épaules. "Comme tu voudras. Donne-moi Harry, et tu auras ton dû."
Le rire de Voldemort s'intensifia. Les Aurors se rétractèrent. "Tu es incroyable, Dumbledore, même maintenant tu crois encore en tes folies. Avec le garçon en mon pouvoir, crois-tu vraiment que je te l'échangerais pour quelque chose? MORSMORDRE!"
Harry sentit être vaguement secoué quand Voldemort bougea. Un Mangemort criait un sort derrière lui, et Harry pouvait entendre les craquements que firent les sorciers en Transplanant. Le rire de Voldemort lui déchirait les tympans, et la dernière chose dont il eut conscience avant que le monde ne disparaisse fut le numéro Quatre, Privet Drive, pris dans les flammes, la Marque des Ténèbres projetant sa lueur verdâtre et moqueuse sur tout ce qui l'entourait.
À Suivre...
Prochain épisode: Harry doit se débattre pour conserver sa vie dans un nid de serpents, mais les choses tournent mal quand il découvre l'identité d'un membre des rangs de Voldemort...
Note de la Traductrice: Ouf, je suis vidée! J'ai travaillé fort pour vous offrir ce chapitre le jour de Noël, même si on pourrait rêver de plus joyeux je suis bien d'accord ;). Allez mes chers lecteurs, ne soyez pas timides et laissez-moi un petit review si vous avez aimé! La suite arrivera dans une semaine je pense. Je sais bien que je n'ai pas mis le titre du prochain chapitre mais il faudra que vous lisiez la note d'auteur la prochaine fois pour comprendre pourquoi!
Réponses aux reviews de la dernière fois:
Ilys : oups je suis prévenue alors, je ferais de mon mieux pour ne pas subir l'Ire des Fans (alias quand un chapitre tarde trop!). Merci de tes petits mots sympas à chaque fois!
Le Saut de l'Ange: j'espère que tu as ton plein d'action pour cette fois-là aussi! Par contre, il y a eu aussi quelques décès, mais je n'y suis pour rien moi (si tu veux maudire quelqu'un, je te conseille les deux excellentes auteurs de cette fic! pas moi!!). Je laisse le suspens pour les couples, si couples il y a... Bon Noël à toi!
Zabou: thanks! dis-moi ce que tu penses de la suite! j'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire (à vrai dire vers la fin je n'avais même pas besoin de traduire les sentiments qu'éprouvaient Harry, je les ressentais presque moi-même!). Allez à plus!
Phoenix20: merci de ton mot!
