Note de l'Auteur: voilà le chapitre trois! Cette histoire est partie pour filer en flèche! Je dois aussi mentionner que je sais que le titre du 6ème livre n'est pas "Harry Potter et la Torche à la Flamme Verte" (ndlt: Jocelyn a commencé cette histoire en été, donc avant que le titre définitif du livre ne soit révélé). En fait, je suis parfaitement au courant qu'il n'y aura pas de Torche, verte ou pas, dans l'oeuvre de JK Rowling. Néanmoins, à l'époque où ce bruit courait encore, je me demandais ce que nous réservait la Déesse de l'Extraordinaire, et j'ai écrit le chapitre ci-dessous. Puis quand les rumeurs se sont finalement apaisées, je me suis donnée un défi: incorporer TOUTES les rumeurs de titre pour le 6ème livre. Ce coup-ci, vous avez droit à la Torche à la Flamme Verte, mais attendez-vous à voir la Forêt des Ombres, la Forteresse des Ombres, la Montagne Fantastique, le Pilier de Storgé (petit rire de la Traductrice ici)... et même l'ongle d'orteil d'Icklibõgg! J'ai eu un mal fou à faire rentrer ce dernier dans le scénario! Allez faire un tour sur jkrowling point com si vous voulez quelques commentaires -salés et sucrés- sur ces diverses rumeurs. En fait, la seule rumeur de titre que je n'inclurai pas dans cette histoire sera le Prince au Sang-Mêlé - j'ai pensé que je le laisserais à Jo.

Note de la Traductrice: au milieu du chapitre, il est fait mention d'une potion qui a déjà été citée dans les livres, mais j'ai voulu en changer le nom. En effet, la traduction française ne me paraissait pas assez appropriée et mystérieuse. Je ne peux évidemment rien vous dire en prologue du chapitre, et l'épilogue serait un peu tard pour vous avertir. Donc vous voilà prévenus mais pas plus avancés pour autant ;). Toutefois, je doute que vous ne souffriez beaucoup de ce changement... Le sens est resté entièrement le même, et la forme est absolument identique. Je n'en dis pas plus, si ce n'est que je mentionne quand même à la fin le nom 'officiel' de la potion.

Autre petite note: j'aime beaucoup traduire cette fic, même si elle me demande un boulot monstre à chaque fois! Je suis contente d'en faire profiter quelques personnes, et sachez que Jocelyn et sa mère sont aussi venues faire un tour - et ont été ravies des reviews qu'elles ont réussi à traduire! Conclusion: restez en ligne pour le prochain chapitre, et n'oubliez pas de reviewer . Et surtout, surtout, profitez bien!


Chapitre Trois: La Torche à la Flamme Verte

Le monde se reforma lentement en ce qui paraissait être une grotte éclairée par des flambeaux. Voldemort dut juger qu'il n'avait plus besoin de retenir Harry, puisqu'il le laissa tomber au sol dès qu'ils arrivèrent. Il atterrit sur les mains et ses genoux, et secoua sa tête pour tenter de faire partir l'épais brouillard autour de son esprit ; il commençait déjà à s'éclaircir un peu, Voldemort avait dû relâcher sa prise sur Harry. La pierre sous ses mains était lisse et sans aucune trace de poussière, ce qui fit déduire à Harry que les Mangemorts utilisaient probablement cet endroit comme Quartier Général depuis longtemps. Il était dans un tunnel, assez large pour que quatre personnes puissent y marcher côte à côte, et plusieurs couloirs en divergeaient. 'Un nid idéal pour un serpent,' pensa Harry.

Il sentait l'angoisse se glisser tout entière en lui, mais plus critique encore était la dizaine de Mangemorts qui l'entouraient, et leur Seigneur se tenant directement devant lui. C'était mal parti. 'Quelle observation brillante, Harry!' renifla-t-il sarcastiquement, et il tenta d'avaler sa salive.

Voldemort semblait seulement attendre qu'Harry soit en pleine possession de ses moyens, puisqu'une fois qu'il eut réussi à s'asseoir et à relever la tête, le sorcier montra le chemin, ordonnant à ses serviteurs: "Amenez-le."

Des mains se saisirent de ses bras, et il sentit une baguette menaçante se poser sur sa nuque. Il tituba un peu quand il se mit debout, et les Mangemorts le traînèrent à la suite de leur maître. La baguette s'enfonçait douloureusement dans son cou chaque fois qu'il tentait de regarder ce qui l'entourait, et assez vite le tunnel s'aboucha sur une galerie bien plus grande. Des flambeaux brûlaient sur les murs, et un énorme chaudron trônait au milieu, le feu qui l'entretenait nourrissait l'inquiétante fumée émeraude qui en sortait.

Harry se rétracta à l'horrible scène. Il y avait plus de Mangemorts dans la pièce que ce qu'il ne s'était jamais imaginé exister. À les observer, il se sentit un peu stupide d'avoir appelé son petit groupe de Défense, l'Armée de Dumbledore. Ils n'étaient rien de plus qu'une association scolaire. Ce qu'il avait devant les yeux était une véritable armée.

Au centre de tout se trouvait un grand trône de pierre, ses bras sculptés modelaient des têtes de serpents dont les écailles pierreuses s'entrelaçaient sur le dos du siège. Et installé confortablement dedans, un énorme serpent vivant lacé sur ses épaules et à ses pieds, était Voldemort.

Les Mangemorts poussèrent Harry le long des bas-côtés, jusqu'à ce qu'il se trouve dans une place bien en vue, délimitée par des torches, juste devant le trône du Seigneur des Ténèbres. Harry résista instinctivement, révulsé par ce qui l'entourait, et tenta de repousser les sorciers en robes noires qui le traînaient, mais celles-ci le mirent à genoux et l'obligèrent à s'immobiliser. Voldemort eut un cruel sourire sur son visage. "Bienvenue, Harry Potter. Je suis enchanté de pouvoir enfin t'accueillir comme il se doit dans mon humble demeure."

Quelques Mangemorts rirent, mais Harry cracha sur le trône. "Arrête de t'enfoncer, Voldemort." Il entendit le froissement de quelques robes derrière lui, et tous les rires cessèrent dès qu'ils entendirent Harry prononcer le nom de leur Maître. "Qu'est-ce que tu veux de moi?"

Voldemort siffla un ricanement. "Je vois que tu es bien pressé. Très bien, mais je crains que tu ne regrettes vite de m'avoir interrompu dans mes présentations." Le Mage Noir se leva et s'avança sur Harry. "Je ne doute pas que, dans sa folie, le grand Dumbledore t'ait révélé la prophétie. Dis-la moi, et je t'accorderai une mort relativement indolore."

Harry rétorqua: "Même si je la savais, tu crois sérieusement que je te la dirais?"

"Maintenant que tu es en mon pouvoir, petit garçon, je t'assure que tu me la livreras. C'est uniquement une question de résistance à la douleur, mais je suis sûr que nous parviendrons à trouver la dose suffisante pour te faire parler. Et ne tente pas de me faire croire que le vieux débile ne t'a rien dit. Je suis certain qu'il l'a fait après ce qui s'est passé dans le Département des Mystères, tu as dû lui fendre le coeur avec ta souffrance si pathétique."

"Dumbledore ne me dit jamais rien!" cracha Harry, et il fut surpris de la facilité avec laquelle il enrobait ses mots d'amertume. Il y avait une petite part de lui qui se sentait toujours en colère contre Dumbledore, qui se demandait quelle excuse trouverait le Directeur pour justifier son délai d'apparition à Privet Drive, ce délai qui avait déjà coûté la vie à son oncle, et bientôt la sienne. Apparemment, il était convaincant dans cette émotion, puisque plusieurs Mangemorts hésitèrent et échangèrent des regards incertains.

Voldemort dirigea son regard vers Harry. Immédiatement, celui-ci baissa les yeux et commença à réciter frénétiquement les propriétés du sang de dragon dans sa tête. Il ne pensait pas que cela marcherait, mais c'était le mieux qu'il sache faire en matière d'Occlumencie, même si penser à sa dissertation sur le sang de dragon le faisait penser à Poudlard, et penser à Poudlard le faisait penser à Sirius. Après un moment, Voldemort souffla dangereusement, "je vois que Dumbledore t'a appris à garder tes pensées, Potter. Ne te méprends pas, je pourrai briser tes misérables protections au moment où je le voudrai, j'ai certains moyens en tête. Mais peut-être que ce que tu dis est vrai, et que Dumbledore a gardé la prophétie pour lui... pour te protéger." Harry se prit à prier que cette interruption dure le plus longtemps possible, mais sut qu'il ne devait pas espérer.

Il avait raison. Voldemort continua, "Dans ce cas, il me suffit de le vérifier, et puis je prendrai le risque de te tuer." Il leva sa baguette et Harry se prépara. "Endoloris!"

Un cri s'échappa de ses poumons alors qu'un sentiment d'agonie le déchirait tout entier, et il s'effondra sur le sol de la caverne. Il pouvait entendre les cris d'excitation des Mangemorts, enchantés de le voir se rouler désespérément à leurs pieds. Quand Voldemort arrêta le sort, il resta immobile, suffoquant et tremblant, mais en lui-même, il maudissait le Mage Noir de toute son âme. "Dis-moi la prophétie, Potter!"

Harry fourra l'extrémité de la manche de son pull dans sa bouche ; cela l'aiderait à ne pas se mordre la langue. Puis Voldemort replaça le sort sur lui, et il hurla à travers ses dents serrées.

La torture continua. Les Mangemorts riaient, applaudissaient et acclamaient, comme s'ils assistaient à un évènement sportif, la douleur ne s'arrêtait pas, et Harry continuait à crier. En un sens, c'était presque soulageant de pouvoir hurler comme il le faisait ; comme si, grâce à la puissance de ses cris, il pouvait forcer hors de lui toute la peine et la captivité et la peur qui hantaient cet endroit. Il mit également dans sa voix tout ce qui l'avait blessé ces cinq dernières années. Harry commençait presque à apprécier l'aide que lui apportait le sort d'Endoloris, car il pouvait se concentrer sur la douleur et les cris, plutôt que de laisser son esprit ressasser des souvenirs qu'il devait à tout prix protéger des dons de Légilimancie de Voldemort.

Après longtemps, le monde autour d'Harry sembla diminuer de taille et d'intensité tandis que l'agonie qui le foudroyait encore ne faiblissait pas, et l'obscurité envahit son champ de vision. Puis elle se referma totalement sur lui, et Harry se sentit tomber dans un gouffre encore plus noir...


"Enervatum."

Par la barbe de Merlin, qu'est-ce qu'il avait mal. Ses yeux étaient secs et le picotèrent lorsqu'il les ouvrit. Il reposait encore sur le sol pierreux de la chambre de réunion de Voldemort, s'il en jugeait par la sensation de froideur et de dureté que son dos lui décrivait. Il se força à tourner sa tête pour regarder -aïe- et décréta qu'il avait du perdre conscience depuis longtemps. Il y avait bien moins de Mangemorts dans la pièce, et Voldemort était à moitié allongé dans son trône, ses longues mains caressant la tête de son serpent. Penchés au-dessus de lui, il reconnut les visages démasqués de Lucius Malfoy et Bellatrix Lestrange. C'étaient eux qui avaient dû le réveiller, et ils attendaient apparemment qu'il reprenne suffisamment conscience. "Maître?" appela Lucius dès qu'il constata qu'Harry était correctement orienté.

Voldemort agita une main non concernée. "Continuez."

"Bien, Maître," répondit Bellatrix joyeusement. "Endoloris!" Et le monde explosa de nouveau en douleur.

Le temps perdit toute notion alors qu'Harry observait dans les moindres détails la torture que le Seigneur des Ténèbres et ses serviteurs avaient peaufinée au fil des années. Bellatrix se lassa vite du Sortilège Doloris, et demanda à son maître la permission "d'utiliser d'autres méthodes". Elle lui fut accordée, et la sorcière s'enfuit allègrement hors de la pièce, plus guillerette qu'une troisième année autorisée à visiter Pré-au-lard pour la première fois. Harry fut laissé là à attendre sur le sol, sa gorge irritée par les cris, ses joues trempées de sueur et de larmes de souffrance. Il se sentait trop faible pour ne serait-ce que lever sa tête. Bien trop vite, Bellatrix revint avec une petite fiole dans sa main. Harry se rétracta et enfouit son visage dans la manche de son pull, tentant de repousser le moment où il devrait la boire.

Ce serait en vain, bien sûr. Bellatrix montra la bouteille - son contenu luisait d'un vert qui rappelait l'hideuse Marque des Ténèbres - à Voldemort pour obtenir son accord. Voldemort s'arrêta de caresser son serpent et se redressa légèrement. "Que dit la prophétie, Potter?"

Harry resta silencieux, sa bouche toujours cachée derrière son bras, jetant des regards meurtriers au Sorcier des Ténèbres. Voldemort reporta son attention sur Bellatrix, et à son signe de tête, elle se courba moqueusement devant Harry, dévissa le bouchon et vida la fiole entière sur sa tête.

Le contenu rongeait comme de l'acide. En fait, Harry était certain que c'en était, alors qu'il se démenait désespérément sur le sol, criant à pleins poumons, en tentant vainement de faire partir la potion. Quand ses doigts touchèrent le liquide, ils brûlèrent eux aussi, et Harry hurla, craignant presque de voir ses mains se calciner devant ses yeux. À son étonnement, elles paraissaient intègres ; il pouvait voir le vert translucide de la substance, mais autrement, sa peau restait indemne.

Finalement, la voix d'Harry se tut complètement, et il resta là à gémir sur la pierre, s'agitant sous la douleur, mais (à la surprise de tous, y compris de lui-même), il ne cessa pas un instant de fixer Voldemort des yeux. Il n'avait jamais imaginé pouvoir ressentir autant de haine envers quelqu'un. La torture était horrible, mais Harry savait qu'elle ne s'arrêterait pas, même s'il livrait la prophétie. Il avait entrevu suffisamment de l'esprit de Voldemort pour le savoir: Voldemort aimait tant faire souffrir qu'il ne pourrait pas s'empêcher de s'amuser un peu sur Harry, même après avoir obtenu ce qu'il cherchait. Dans ce cas, se résolut Harry, autant ne rien lui accorder.

Voldemort semblait à son tour irrité de la résistance d'Harry. Apparemment, ni lui ni ses Mangemorts (ni Harry d'ailleurs) ne pensaient qu'il pourrait tenir aussi longtemps sans céder. Pourquoi n'avait-il pas essayé de rompre les barrières mentales d'Harry, ce dernier n'en savait rien. "Je me lasse de tout cela, petit. Si je ne peux pas t'arracher la prophétie, je pourrais au moins savourer le moment où tu plaideras pour ma pitié, avant que tu ne meures."

'Tu n'auras pas plus ce plaisir!' aurait voulu crier Harry, mais sa voix était éteinte depuis longtemps. Il garda néanmoins son regard défiant posé sur Voldemort. Car même si ces dernières heures avaient été un véritable enfer pour lui, toute cette douleur ne se comparait même pas à la souffrance qu'il avait ressentie quand Voldemort l'avait possédé-et même ce souvenir n'était rien face à l'agonie que son âme avait éprouvée lorsque Sirius était tombé à travers le voile. Sirius... qu'est-ce que Voldemort pouvait lui faire de plus, il avait déjà vécu le pire?

Les lèvres de Voldemort se courbèrent. "Peut-être serait-il imprudent de ma part d'abréger ta misérable vie sans connaître les termes exacts de la prophétie. Mais te détruire me permettra au moins d'éliminer un de mes adversaires, et de faire tomber tous mes opposants à genoux."

'C'est ce que tu crois! Même si tu me tues, tu devras encore te confronter à Dumbledore!' essaya de cingler en retour Harry, mais tout ce qu'il parvint à prononcer fut un soufflement, "Dumbledore..."

Voldemort eut un autre de ses rires sifflants. "Crois-tu vraiment que ce vieux fou constituera encore un danger, une fois qu'il apprendra que son précieux Survivant est mort?"

Non!

Mais Voldemort semblait nettement avoir décidé que les bénéfices qu'il retirerait de la mort d'Harry dépassaient les risques encourus. Harry se doutait que, même s'il avait eu sa baguette en main, il n'aurait pas eu l'ombre d'une chance. Alors, il ne bougea pas, résigné à attendre que la mort vienne le chercher. Dans les livres qu'il avait lus plus jeune, les batailles entre le Bien et le Mal étaient terribles, mais le héros en sortait généralement vainqueur. 'Et bien, pas cette fois-ci. J'espère que Dumbledore pourra l'achever une fois que je ne serai plus là', pensa-t-il vaguement, alors que Voldemort s'approchait toujours plus près ; les Mangemorts s'amassaient autour d'eux, à distance raisonnable pour ne pas être touchés mais certainement bien assez à proximité pour ne rien manquer du spectacle.

Étrangement, Harry n'était pas effrayé. Il avait déjà vu le Sortilège de la Mort ; comparée à tout ce qu'ils lui avaient fait subir ces dernières heures, une mort rapide ne serait pas malvenue. Il était trop fatigué et meurtri pour penser à survivre. Le Seigneur des Ténèbres et ses Mangemorts ne le lui auraient de toute façon pas permis, et il voulait en finir, de n'importe quelle manière. Et puis, il reverrait Sirius. Et... sa mère et son père. Même Oncle Vernon. Dans un certain sens, cette dernière pensée fit sourire Harry, il n'aurait jamais pensé souhaiter un jour revoir son oncle. Il était seulement désolé pour... Ron et Hermione. Et Remus. Il aurait tant voulu leur dire que ce fut rapide et indolore. Peut-être alors qu'ils auraient été moins bouleversés par la suite.

Mais il était limpide qu'il n'aurait jamais la chance de leur dire Adieu. Voldemort leva sa baguette, Harry soupira et ferma ses yeux -enfin, tout allait se terminer - et -

"NON! Mon Seigneur! Vous ne pouvez pas!"

Harry rouvrit ses yeux brusquement, et se tourna vers l'entrée de la pièce d'où le son avait surgi. Voldemort recula, furieux de cette interruption, et d'un geste, ordonna que ses Mangemorts poussent Harry de côté et amènent l'insensée personne devant lui. "Qu'est-ce que cela veut dire!"

Le Mangemort nouvellement arrivé s'avança, presque timidement, vers son maître, posa un large objet au sol et se mit à genoux pour baiser la traîne de la robe de Voldemort. Sa voix trembla lorsqu'il prononça: "Pardonnez-moi, Maître. Pardonnez-moi! Je devais Vous prévenir, Vous ne devez pas tuer le garçon! Cela entraînerait Votre propre fin!"

Voldemort, qui un instant auparavant se tenait prêt à punir l'homme, s'arrêta. "Lève-toi et explique-toi."

Le Mangemort se remit péniblement debout, s'écarta de son maître, la tête baissée. "Maître, j'ai obtenu certaines informations qui se sont révélées vitales pour Vous! J'ai la conclusion de la prophétie!"

Le reste des sorciers présents se mirent à chuchoter entre eux rapidement, et Harry réalisa avec horreur quel était l'objet posé non loin de lui. La Pensine de Dumbledore. Comment un serviteur de Voldemort avait-il pu mettre la main dessus? L'unique autre personne qui connaissait son existence était-

"Mon loyal serviteur, je te prie de te présenter à notre honorable invité," interrompit Voldemort d'une voix victorieuse. "Voyons voir comment le jeune Potter réagira à l'identité de mon informateur."

Le Mangemort s'inclina de nouveau. "Comme Vous le souhaitez, mon Seigneur." Harry fronça les sourcils ; maintenant que la voix n'était plus agitée par la peur, elle semblait familière. L'homme se tourna vers lui et retira son masque, révélant ainsi un large nez crochu, et des cheveux noirs et gras. Et des yeux brillants emplis de haine, un visage au teint cireux qui se tordit en un sourire moqueur que tous les étudiants de Poudlard connaissaient et redoutaient. "Et bien, Mr Potter. Je suis enchanté d'avoir enfin la chance de vous rencontrer en dehors de mon travail officiel."

Une fureur, aveuglante et brûlante, parcourut Harry, et sa cicatrice brûla. Jusqu'ici, il n'avait jamais pensé pouvoir détester quelqu'un autant que Voldemort. Il n'avait jamais pensé savoir haïr quelqu'un aussi fort! S'il y avait bien une autre personne tout aussi responsable que lui de la mort de Sirius, c'était bien... "Je le savais!" maudit-il.

La pièce entière résonna des rires des Mangemorts, celui de Voldemort plus puissant que tous. Severus Rogue, son masque en main, était l'un des seuls à ne pas avoir ri, bien que son rictus s'agrandît sensiblement. "J'implore Votre pardon, Maître," répliqua-t-il moqueusement, ses yeux toujours fixés sur ceux d'Harry. "Il apparaît que j'ai été négligent dans ma couverture d'espion."

Ceci amusa d'autant plus Voldemort, qui répondit. "Je te l'accorderai, Severus. Après tout, notre vraie nature est si puissante que nous ne pouvons la masquer correctement au-delà d'un certain point. Je ne te punirai pas pour ne pas avoir réussi à vénérer Potter comme le reste des pathétiques domestiques de Dumbledore." Le sourire vicieux de Rogue était apparemment contagieux. Harry serra les dents. "Peut-être serait-il temps que nous apprenions la prophétie."

Rogue se détourna et prit la Pensine. Les Mangemorts chargés de la surveillance d'Harry restreignirent leur étreinte comme celui-ci se débattait instinctivement. Peut-être que s'il la faisait tomber... elle serait hors d'état. Malheureusement, Lucius Malefoy perçut bien trop rapidement son plan et matérialisa des cordes qui s'enroulèrent autour de lui. "Dumbledore t'a fait confiance, espèce de traître!" s'époumona Harry. Pourquoi cet -imbécile- de directeur n'avait-il rien vu, après tout ce que Rogue avait fait subir à ses élèves!

Rogue effleura de sa baguette la Pensine, son mauvais sourire toujours en place. "Vous avez bien raison, Mr Potter. Dumbledore m'a fait confiance, suffisamment pour me révéler le seul endroit où je pourrais encore me procurer la prophétie dans sa version intégrale."

Voldemort fronça les sourcils, et Rogue perdit de sa posture. "Dois-je en comprendre que tu l'as déjà entendue, Severus?"

Rogue s'inclina de nouveau, très bas, et Harry souhaita malicieusement que Voldemort le punisse. "Je ne pouvais pas risquer que la Pensine soit détruite ou endommagée lors de ma fuite, Maître."

Lentement, le Seigneur des Ténèbres acquiesça, sans qu'Harry puisse deviner si sa colère était réellement apaisée. À voir la position tendue qu'avait adoptée Rogue, lui non plus n'en savait rien. "Le garçon la sait-il?"

"Je ne puis le dire, Maître. Dumbledore ne m'en a pas fait part, mais mon expérience avec lui suggérerait une réponse négative. Dumbledore est bien trop protecteur envers ses élèves, tout particulièrement Potter."

"Lucius, Bella et moi avons tenté de la lui arracher depuis un certain temps. Potter n'a pas parlé."

"Vraiment?" Rogue leva un sourcil railleur vers Harry. "Dans ce cas, il n'en sait sûrement rien. Après tout, ce garçon n'est pas plus résistant qu'une chiffe molle."

Avec ceci, Rogue leva sa baguette, et la silhouette argentée de Sibylle Trelawney flotta dans les airs. Tous les Mangemorts se penchèrent vers l'illusion qui prit la parole d'une voix lointaine :

« Celui qui détient le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche... Il naîtra de ceux qui l'ont par trois fois défié, il sera né lorsque mourra le septième mois... et le Seigneur des Ténèbres le marquera comme son égal mais il aura un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore... et l'un ne devra pas mourir de la main de l'autre, car aucun d'eux ne peut vivre si l'autre ne survit pas... Celui qui détient le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres sera né quand mourra le septième mois... »

Harry resta bouche bée un instant, avant de se ressaisir. Heureusement, il n'était pas le seul à éprouver des difficultés à contenir son émotion, et la plupart des sorciers de la pièce montraient une face qui n'exprimait que trop clairement leur surprise. Voldemort, lui, le regardait sournoisement. Rogue reprit, "Vous êtes irrévocablement connecté à lui, Maître. Le tuer serait Vous détruire."

"Mais le garçon a quand même le pouvoir de le tuer," protesta un Mangemort qu'Harry ne reconnut pas.

"Elle a dit 'vaincre', pas tuer," répliqua un autre. "Qu'est-ce que ça veut dire?"

Bellatrix Lestrange ricana, et caressa la tête de Rogue comme un chien qu'elle féliciterait. "Et bien, nous n'avons plus qu'à trouver le moyen de garder le garçon sous contrôle."

"Vous pouvez le posséder, n'est-ce pas, Maître?" suggéra Lucius. "Il serait sûrement inoffensif ainsi."

"Ce serait dangereux," corrigea Rogue. "Qu'en est-il du 'pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore'?"

Bellatrix pointa sa baguette vers Harry. "Nous pouvons toujours lui demander."

Rogue eut un rire méprisant. "Compte-tenue de l'arrogance de Potter, je douterais qu'il en sache quelque chose. Il est plutôt pataud lorsqu'on en vient aux subtilités, et la compréhension de la magie ne fait certainement pas partie de ses capacités limitées."

Un autre Mangemort s'exprima. "Quelque chose doit être fait, Maître. Si nous ne pouvons pas tuer le garçon, il doit être maintenu dans une position et un lieu où il ne pourra pas nous faire de mal, et où personne ne pourra le secourir."

"Silence," commanda Voldemort, et leva une baguette menaçante vers les sorciers trop bavards. En un instant, seul le glissement des écailles de Nagini sur le trône maintenant inoccupé se fit entendre. Harry tentait de comprendre la scène, mais tout était si confus. Que s'était-il passé? Pourquoi la prophé- il se reprit à temps, et pensa immédiatement à autre chose. Si jamais Voldemort le surprenait... Heureusement, ce dernier contemplait toujours la Pensine. Était-ce réellement une bonne chose qu'il ne veuille plus le tuer? Harry en doutait certainement. "Severus," commença Voldemort. "Ton intervention m'a gracieusement aidée aujourd'hui. Dis-moi ce que tu en penses."

Rogue s'avança presque indifféremment vers Harry, ne le quittant pas du regard. Harry lui cracha dessus. Les Mangemorts ricanèrent. Après quelques moments, les joues de l'homme se creusèrent en un sourire qui ne signait rien de bon. "Dîtes-moi, Mr Potter, qu'obtiendrais-je si j'ajoutais une racine d'asphodèle en poudre à une infusion d'armoise?"

Harry se figea. Non... oh non... Ils voulaient le garder vivant, mais emprisonné, et hors d'usage -NON! Il savait ce que Rogue insinuait, bien sûr. Il n'avait jamais oublié cette question.

Ou la réponse. Les Mangemorts rirent de plus belle quand ils virent Harry s'agiter, tentant de s'échapper encore une fois. La peur était inscrite sur tout son visage. Les yeux écarlates de Voldemort se posèrent sur son serviteur. "Ta suggestion est intéressante, Severus."

"Nous aurons besoin d'une place pour le cacher, Maître," intervint Lucius Malefoy, qui semblait déjà se réjouir de cette tournure des évènements. "Un endroit où l'Ordre de Dumbledore ne pourra jamais l'atteindre." Harry se débattait maintenant de toutes ses forces, mais le Mangemort qui se faisait appeler Rookwood passa un bras massif autour de son cou et serra -fort.

Voldemort réfléchit quelques instants encore, avant d'ordonner "Lucius, trouve un endroit où nous pourrons maintenir le garçon... sans qu'il nous gêne..." son sourire cruel s'intensifia et il continua, les yeux posés sur Harry, "...définitivement. Crabbe, Goyle, procurez-vous l'asphodèle et l'armoise au plus vite et confiez-les à Severus. Bella et Severus, venez avec moi, nous allons préparer une petite sécurité supplémentaire. Gardez le garçon ici."

Et ils partirent, laissant Harry se démener contre trois Mangemorts et des cordes coupantes comme des filins. Le bref espoir qu'il avait ressenti lorsque Voldemort s'apprêtait à le tuer l'avait quitté depuis longtemps. S'ils ne pouvaient pas se permettre de le tuer, lui, ils l'emprisonneraient quelque part et le forceraient à dormir... à jamais.


Harry ne sut pas combien de temps passa encore, tandis que lui et les Mangemorts restants attendaient le retour de Voldemort et la mise en application du plan de Rogue. En fait, il s'était endormi. Cela lui semblait assez stupide d'avoir sommeil maintenant, quand il était fort possible qu'il passe le reste de sa vie dans un rêve sans espoir de réveil. Il se souvenait encore de la dissertation que Rogue leur avait faite rédiger, lors de sa première année à Poudlard, sur la Liqueur du Sommeil Éternel.

Soudainement, une gigantesque explosion dans un tunnel adjacent à la pièce le fit sursauter, finissant abruptement le repos d'Harry, et attirant toute l'attention des gardes. Il aperçut, au travers d'un nuage de fumée, des Mangemorts courir, et son coeur battit plus vite.

Mais Lucius Malefoy suivait sa troupe de Mangemorts, il s'époussetait minutieusement, et son sourire glacial effaçait tous les espoirs d'Harry.

Harry observa Rogue et Bellatrix se précipiter dans la pièce à la suite de Voldemort. Son ancien professeur portait prudemment une longue torche ornementée de gravures. "Lucius, ton rapport" commanda Voldemort d'une voix ferme.

"Tout est arrangé comme Vous l'avez ordonné, Maître. La Liqueur est prête."

"Et tes préparatifs?"

"Achevés, Maître," et Malefoy montra le tunnel d'où s'échappait encore la fumée.

Rogue se tenait près de Crabbe et Goyle, et analysait attentivement la fiole d'un noir de jais qu'ils venaient de lui tendre. Harry se força à se calmer. S'il s'agitait, il était probable que ses gardes soient plus attentifs à ses mouvements, et il n'aurait plus aucune chance de s'échapper. "Et bien, Severus, cette Liqueur?"

"Parfaite, Maître. La torche ne nécessite plus qu'un Charme d'activation. Et le sang de Potter."

'Toujours mon sang', pensa amèrement Harry.

Voldemort prit sa baguette et la fit danser devant la torche sombre, puis ordonna à Rookwood d'amener Harry. Bellatrix tendit au Seigneur des Ténèbres un couteau, puis s'empoigna rudement du bras d'Harry et le présenta à son Maître. Voldemort tourna la paume vers lui, et fit traverser d'un geste rapide le couteau de part en part ; Harry siffla de douleur et son sang perla de la blessure. Puis Voldemort, à l'étonnement d'Harry, effectua la même opération sur sa propre main. Harry remarqua que, même si le Seigneur des Ténèbres avait plus l'air d'un monstre que d'un humain, son sang était encore rouge.

Voldemort vint se placer en face d'Harry, la torche entre eux deux, et ordonna à Bellatrix et Rookwood, "Maintenant."

Les deux Mangemorts appliquèrent la main ensanglantée d'Harry contre le pommeau de la torche au moment même où Voldemort y appuyait la sienne. Il jeta une incantation, et la torche s'enflamma. Harry la regarda, stupéfait : les flammes étaient d'un vert émeraude, juste un peu plus sombres que si elles avaient été touchées par de la poudre de Cheminette.

Les yeux rouges de Voldemort quittèrent la torche à la flamme verte pour se poser sur Harry. "Une autre magie vient s'ajouter à celle qui nous unit déjà, Potter. Avec la torche, tu seras à jamais lié à moi. Même lorsque tu seras scellé pour l'éternité."

"Est-ce bien prudent de garder la torche ici, Maître?" demanda Rogue, presque humblement. "Si Dumbledore parvient à la trouver, elle pourra les guider jusqu'à Potter."

"Nous les maintiendrons dans la même pièce," répondit Voldemort. "Je n'en aurai pas besoin pour être averti dans le cas improbable où le garçon s'éveillerait. Ta potion accomplira cette fonction."

Rogue s'inclina, il avait l'air presque soulagé. "En effet, mon Seigneur." Vraisemblablement, douter de son Maître ou lui faire des suggestions était un pari risqué. Harry aurait pourtant souhaité voir Rogue -ce traître honteux- se faire réprimander, et peut-être torturer.

Mais, actuellement, son principal problème n'était pas là. Voldemort venait de se tourner vers lui, son sourire vicieux et cruel s'élargissait de seconde en seconde. "Il ne nous reste donc plus qu'à te souhaiter une bonne nuit, Potter."

Harry sut que ce serait maintenant ou jamais. Il parvint à diminuer la prise que Rookwood et Bellatrix avaient sur ses bras en se penchant brusquement, et les deux Mangemorts, croyant sûrement qu'il tremblait de peur, ricanèrent et se baissèrent pour le relever. Il lança son coude aussi fort qu'il put dans le ventre de la sorcière, qui, surprise, recula avec un cri étranglé. Harry ne patienta pas, et entreprit de libérer son autre bras. Il pivota et enfonça son poing dans la trachée de Rookwood, forçant l'homme à le relâcher.

Il était libre! Harry volta sur lui-même, empoigna la baguette de Bella - elle en était encore à reprendre son souffle - et se précipita vers le tunnel avant que Voldemort n'ait le temps de hurler, "Arrêtez-le!"

"Impedimenta!" cria Harry en pointant la baguette volée au-dessus de son épaule, il ne prit pas la peine de viser mais mit toutes ses forces dans sa course effrénée. Il esquiva un Stupéfix de Rogue qui vint frapper Queudver à la place, et dut se courber pour éviter un sort de Désarmement. Il lançait des sorts dans toutes les directions ; peu lui importaient les caractéristiques exactes des maléfices, il se contentait de crier les premières incantations qui lui venaient à l'esprit. Jettant un oeil derrière lui, il vit qu'un de ses maléfices lancés à l'aveugle avait apparemment touché Rogue. Le sorcier était tombé, faisant trébucher plus de la moitié des Mangemorts qui le suivaient.

Harry espéra brièvement que la colère de Voldemort retomberait en partie sur Rogue, puis se concentra sur sa fuite. Il continua dans le tunnel, mais bifurqua rapidement dans une des ramifications quand il vit des robes noires se précipiter vers lui à revers. Il courut, changea encore de tunnel, courut, cherchant désespérément la sortie. "Pointe-moi", murmura-t-il à la baguette magique. Le sort s'activa et Harry reprit espoir, et força son corps à se mouvoir plus rapidement encore.

Il parvint au fond d'un couloir pierreux, et la baguette lui indiqua la direction à suivre :un tunnel étroit s'ouvrant sur sa gauche. Harry s'avança. Il n'entendait pas un bruit, et adopta une démarche méfiante et attentive, presque sur la pointe des pieds, cherchant à percevoir le déplacement de ses ennemis. Rien. Soupirant profondément, Harry persévéra dans cette voie sur le conseil de la baguette.

Par la barbe de Merlin, cet endroit était pire qu'un labyrinthe! Harry n'avait désormais plus aucune idée de l'endroit où il se trouvait, et surtout de la direction de la sortie. Ce nid de serpent avait-il une issue? La baguette oscilla de nouveau, et il parvint à un tunnel plus large. Il longea les murs, osant à peine respirer. Il entendait un bruit de pas! Il plongea dans un passage plus discret.

Il pouvait à peine y bouger. De nombreux serpents de pierre décoraient les murs et le plafond, et aucune lumière ne parvenait à s'infiltrer profondément dans le couloir sinueux. "Lumos," chuchota-t-il, et il dirigea la lumière sur les parois. Elle ne révéla rien de plus qu'une chambre entièrement close, à peine assez grande pour y tenir debout. Harry fronça les sourcils -comment avait-il pu arriver dans une impasse? On aurait dit un... tombeau.

"Oh non,...!" jura-t-il, "bordel de bagu-"

"Quel vocabulaire, Potter, indigne de vous!"

Harry se retourna le plus vite possible, mais le sort de Rogue lui avait déjà arraché la baguette de Bellatrix des mains. "Attrapez-le." La voix de Voldemort retentit, et pas moins de six Mangemorts se précipitèrent sur lui. Rogue entreprit de sortir la fiole d'un noir plus profond que les robes des Mangemorts.

"Ne te fie jamais à la baguette d'un ennemi, Bébé-Potter!" chuchota Bellatrix à son oreille, alors qu'elle et les autres l'entraînaient vers l'entrée de la pièce.

"Lâchez-moi! Lâchez-moi!" hurla Harry, et il se démena plus fort qu'il ne l'avait jamais fait de toute sa vie. Il frappa des pieds, donna des coups de poing, griffa, mordit même, et les Mangemorts s'entassèrent simplement sur lui jusqu'à ce qu'il soit immobilisé.

"Amenez la torche!" cria quelqu'un d'autre, et Harry entr'aperçut la lumière verte au dessus de lui, mais il était bien trop occupé à se débattre pour y prêter plus attention.

"Maintenez-le!" aboya Rogue, et Harry serra désespérément ses mâchoires. "Tournez-le!" Des mains se saisirent de sa tête et la forcèrent à se diriger vers Rogue.

Non! Non! Harry n'osait pas crier, mais il grognait, et esquivait les mains qui cherchaient à ouvrir sa bouche. Mais il y avait tant de Mangemorts l'écrasant sous leur poids, et même avec toute l'énergie du désespoir, il n'était pas assez fort pour échapper à la poigne de tant d'adultes déterminés. Petit à petit, ils parvinrent à ouvrir sa bouche, bien qu'il mordît plusieurs doigts lors de la manoeuvre. Mais ils étaient si nombreux.

Non! S'il-vous-plaît, non, par pitié... que quelqu'un vienne... Les Aurors... Dumbledore... n'importe qui... par pitié, au secours!

Harry ne voyait plus rien ; les mains hardies tout autour de sa tête l'empêchaient de distinguer quoi que ce soit, mais il sentit un liquide s'infiltrer sournoisement entre ses dents et répandre son hideuse saveur sur sa langue. Il toussa et s'étouffa, essayant de recracher la potion, mais ils forcèrent ses mâchoires à se refermer et les maintinrent closes, emprisonnant la gorgée de ce poison dans sa bouche! "Mmmf!" Il se débattit et se démena,sans parvenir à ouvrir sa bouche. Une main pinçait son nez, et il ne pouvait plus respirer.

"Combien de temps encore!" entendit-il Voldemort au loin.

"Plus qu'un moment, Maître," répondit Rogue.

Gloups! Son corps avait dégluti la potion par réflexe, et le coeur d'Harry s'arrêta presque de désespoir aux cris de triomphe des Mangemorts. "Ça prendra longtemps?" demanda quelqu'un.

"Moins d'une minute," fut la réponse impassible de Rogue.

"Dodo-dodo, bébé Potter!" chantonna Bellatrix en une hideuse imitation de berceuse.

Les Mangemorts qui le maintenaient au sol se relevèrent, mais avant même qu'Harry puisse penser à s'échapper de nouveau, l'épuisement le gagna, le rendant si faible qu'il ne put tenir debout quand des mains le soulevèrent. C'était presque fini. Il fut projeté dans la chambre, illuminée par la seule lueur nébuleuse que projetait la torche. "Non," gémit-il à l'idée d'être enfermé là à jamais.

"Une fois qu'il sera bien en place, nous scellerons l'entrée, Maître," dit Rogue quelque part derrière lui. Sa voix parvenait aux oreilles d'Harry avec des échos étranges. "Entre les champs de protections et les charmes de Dissimulation, même si les Aurors parviennent jusqu'ici, ils ne le trouveront jamais."

"Ça y est presque," intervint la voix de Lucius Malefoy ; Harry avait l'impression qu'il se tenait au bout d'un long tunnel, il ne parvenait presque plus à comprendre ce qui se disait autour de lui. Il n'avait plus la force de tenir sa tête droite. Le feu de la torche semblait s'assombrir.

"Ton fils n'aura pas le coeur brisé de ne plus avoir la compagnie de Potter à l'école?" demanda une voix de femme.

"Il sera navré, le pauvre garçon!"

D'autres ricanements sonnèrent loin de là, et Harry se sentit rudement soulevé et déposé sur son dos près de la torche. Il ne voyait plus les flammes vertes, mais il ne pensait pas que la torche s'était éteinte. Sans doute que ses yeux s'étaient fermés alors. Non, une lumière plus vive provenait de l'entrée de la chambre. Son corps se sentait tellement lourd, terriblement lourd...

"Bonne nuit, Potter! Dors bien!". Le grincement de la pierre qu'on remettait en place par une magie puissante fut le dernier son qu'Harry entendit et il plongea dans un monde ténébreux sans fin, entièrement pigmenté de noir.

À suivre...


La prochaine fois: dans le combat de l'Ordre contre Lord Voldemort, il ne faut se fier à aucune apparence, jamais , comme Harry le découvrira dans le Chapitre Quatre:Flou temporel

N'oubliez pas de reviewer!

Note de votre bien-aimée Traductrice: Alors, qu'en pensez-vous! Je vous mets le prochain chapitre le plus vite possible, ce ne sera pas avant le 1er de l'an, mais bien avant le 15 du premier mois, n'ayez crainte! Au fait, Liqueur du Sommeil Éternel : Goutte du Mort vivant (avouez que ma version est plus sympa - chaleureuse je ne sais pas -mais certainement plus mystérieuse!)

Merci encore à ceux qui ont reviewé la dernière fois!

Thamril: c'est amusant qu'on ait découvert nos traductions simultanément! Tu as lu la fin de "Trials of a Champion"? Je ne dis rien pour le cas où tu n'as pas eu le temps encore, mais -wow- qu'est-ce qu'il écrit bien cet auteur! Sinon j'ai été touchée par ton gentil mot . Je trouve aussi que cette fic aurait pu être la suite écrite par JKRowling - sauf pour l'histoire de la torche à la flamme verte et autres piliers de Storgé bien sûr!

Ilys: es-tu plus heureuse avec cette fin de chapitre? ne subirais-je pas l'IdF? (île de france!) Je me doute un peu des réponses mais j'ose quand même les poser! J'attends ta réaction sur ce chapitre avec impatience!

Zabou, Thealie, Vyrses: vous êtes doués pour mettre beaucoup de vie dans peu de mots, c'est très agréable à lire!

Le Saut de l'Ange: joli pseudo, ça fait très aérien et léger. Pour répondre à tes questions, à la fin du chapitre 2 Remus et Dumbledore ont vu Harry se faire kidnapper par Voldemort, et Harry ne les a pas vus dans la forteresse, donc aux dernières nouvelles ces deux-là sont toujours en vie! On en découvrira plus au prochain chapitre. Et sinon la fic anglaise est très bien écrite, ce qui complique les choses pour garder la traduction au même niveau littéraire! A bientôt!