Note des auteurs: comme toujours, merci du soutien et des encouragements que nous recevons régulièrement!
Avertissement: un peu de langage PG-13 assez peu employé par JKR normalement - hé, c'est bien naturel de s'exprimer en combattant Voldemort! - mais rien de bien sérieux, ne vous inquiétez pas.
Note de la Traductrice: comme certains le savent sans doute, 'you' en anglais peut aussi bien dire 'tu' que 'vous', tout dépend du contexte ensuite. J'ai beaucoup joué sur ça dans la traduction, et ne soyez donc pas étonnés de voir certaines tournures de phrases employées au singulier alors qu'elles demandent normalement du pluriel, ou certains personnages alterner volontairement entre le vouvoiement et le tutoiement. Question de contexte et de vraisemblance!
De même, vous remarquerez un emploi alternatif entre Mrs (anglais pour Mme) et Madame, mais je me suis tenue à la version française des livres qui utilise l'un et l'autre, sans que je comprenne bien pourquoi!
Allez, j'arrête mes petits mots et je vous laisse lire, on se revoit en bas de la page!
Chapitre Quatre: Flou Temporel
"Pr. Pr. Ptr."
Harry semblait entendre une guêpe bourdonner dans son oreille. Il lui ordonna mentalement de partir.
"Pttr. Pottr. Potter!"
La première chose qui accueillit Harry lors de sa lente remontée hors des ténèbres fut un chuchotement furieux, presque sifflant dans son oreille. "Potter! Fichu gamin, DEBOUT! Potter!" Dédaignant le souhait d'Harry de replonger simplement dans le calme et l'obscurité, la litanie ne s'arrêta pas, et d'autres sens lui revinrent. Le goût en particulier, puisque la chose qu'il perçut juste ensuite fut une horrible mixture amère sur sa langue. D'autre lui en remplit encore la bouche, et il déglutit instinctivement, trop désemparé pour s'inquiéter de ce que c'était.
"Allez, plus vite que ça! Réveille-toi, Potter! Tu m'entends? Réveille-toi!"
Il y avait quelqu'un près de lui, quelqu'un qui frottait vigoureusement ses jambes et ses bras. Harry sentit ses membres engourdis picoter alors que cette personne forçait le sang à revenir dans ses extrémités. Harry aurait voulu lui dire, peu importe qui c'était, de le laisser tranquille, mais il n'arrivait pas à bouger ses lèvres, et tout ce qu'il émit fut un faible gémissement inarticulé.
"Par la foutue barbe de Merlin, c'est pas trop tôt. Réveille-toi, Potter!"
Maintenant, ils donnaient des claques -assez fortes- sur son visage, et tout son corps était secoué. Harry ne savait toujours pas qui ils étaient, mais il percevait leurs respirations rapides, et le tremblement de leur voix, de peur ou d'alerte. La surface derrière sa tête et son dos était incroyablement dure et froide. Son esprit continua sa lente progression vers la réalité, et il parvint à activer ses muscles de la parole. "Qu'est-ce-"
"Allez, Potter! Ouvre tes yeux! Il n'y a pas le temps! Pour l'amour de--Potter, debout!"
Apparemment, peu importe qui c'étaient, ils n'allaient pas le laisser dormir en paix. Harry grogna en protestation, et, enfin, força ses lourdes paupières à s'entrouvrir. Il y avait de la lumière près de lui, provenant d'un lampadaire sans doute-bien trop de lumière pour le goût d'Harry- et son cerveau ralenti lui souffla que la lumière était verte - étrange. Une silhouette aux cheveux sombres, vêtue de noir, était penchée au-dessus de lui, et continuait à lui écorcher ses bras et ses jambes et à marmonner des jurons incompréhensibles. Harry cligna les yeux, complètement désorienté, et se tourna vers la source de la lumière émeraude.
La vue de la torche à la flamme verte lui fit tout se rappeler.
Avec un petit cri de panique, Harry tenta de s'écarter au plus vite de Severus Rogue, mais son organisme ensommeillé ne supporta pas ce mouvement précipité, et Harry retomba au sol avec un autre grognement. Rogue saisit son bras. "Non, lâche-moi-" essaya-t-il d'articuler.
"Silence!" souffla Rogue, retenant toujours Harry avec une facilité presque humiliante. "Tu veux sortir d'ici, oui ou non?"
Surpris, Harry s'immobilisa. "Mais vous êtes là pour-"
"Pas le temps!" Rogue le traîna hors du tombeau et le remit sur ses pieds. Il vacilla dangereusement, et Rogue, contraint de le soutenir, passa fermement le bras d'Harry sur ses épaules et l'attrapa tout aussi brusquement de son autre bras autour du thorax. "Avance!"
Harry reconnut vaguement le long tunnel sinueux et sombre dans lequel ils durent se mettre de travers pour pouvoir passer. Lorsqu'ils arrivèrent au niveau du passage principal, il trébucha sur ce qui semblait être un large sac, mais Rogue refusa de ralentir. Tous deux savaient qu'ils risquaient beaucoup s'ils se faisaient prendre, mais à ce moment, tout espoir et toute terreur qu'Harry aurait normalement ressentis à une telle tentative d'évasion étaient largement outrepassés par l'effort considérable qu'il devait faire pour rester conscient. Rogue était déjà presque obligé de le traîner.
"Comment avez-"
"La ferme, Potter!"
Le repaire de Voldemort était étrangement silencieux. Harry avançait péniblement, vacillant à chaque pas, et il serait tombé nombre de fois si Rogue ne supportait pas une bonne partie de son poids ; le maigre état d'éveil qu'il avait récupéré dans la chambre commençait à disparaître. "Peux... plus voir..."
Rogue répliqua d'un ton sarcastique et tranchant: "Vous n'avez pas besoin de voir, Potter, juste de mettre un pied devant l'autre, ça ira? Si nous sommes pris, c'est fini pour nous!"
N'ayant pas d'autres choix, Harry dut puiser dans ses forces qui s'amenuisaient rapidement, et étouffa les cris désespérés de douleur que son corps tellement épuisé lui envoyait. Chacun de ses muscles hurlait en protestation, une douleur martelait ses tempes, ses yeux brûlaient, et au tout s'ajoutait maintenant la douleur de sa cicatrice. "Je crois... qu'il... sait..."
"Évidemment qu'il le sait, il s'est passé bien trop de temps. La torch-" Rogue aboya soudain un juron et plaqua Harry contre la paroi rocheuse du tunnel, il brandit sa baguette magique et en jeta une autre dans les mains d'Harry. Ce dernier l'attrapa avec le plus grand mal, mais il parvint à la lever vers les sons précipités de pas qui les avertissaient qu'ils étaient découverts.
"Rogue! T'as perdu la-"
"Avada Kedavra!"
L'infortunée cible du maléfice de Rogue n'eut que le temps de glapir avant qu'Harry n'entende le sourd bruit signalant l'impact entre un objet lourd et la pierre. Sans la moindre pause, Rogue saisit ses bras et le remit sur ses pieds, et continua à l'entraîner. Harry ne s'en rendit presque pas compte, puisqu'avec une violente nausée, il avait réalisé que le sac encombrant sur lequel il avait trébuché à l'orifice du tombeau avait été un corps. Rogue avait tué ces Mangemorts.
Une de ses jambes ploya et les déséquilibra tous deux. Rogue parvenait à peine à se rétablir quand ils entendirent des cris - beaucoup de cris - provenant du tunnel devant eux. Et surpassant tout le vacarme, une menace sifflante et enragée: "Severussss!"
"Merde," grogna Rogue, et poussa Harry dans un autre passage qui s'ouvrait de côté. "Potter, maintenant cours le plus vite possible. Autrement, nous serons fichus tous les deux."
"J'essaie," hoqueta Harry, alors que Rogue le halait de plus en plus vite dans le labyrinthe de tunnels.
Rogue lança un sort par-dessus son épaule, et il y eut un fracas assourdissant derrière eux, et Harry entendit Voldemort vociférer : "Trouvez-les avant que je ne me venge sur chacun de vous!"
Rogue continuait d'avancer, et à chaque enjambée, Harry était presque soulevé par la poigne de l'homme. "Nous n'avons que quelques minutes avant qu'ils ne franchissent l'éboulement, Potter. Avance!"
Harry ne parvenait presque plus à entendre ce qu'il disait, le bourdonnement dans ses oreilles était tellement intense. Il essayait d'étouffer les gémissements que son corps émettait, mais certains lui en échappaient maintenant. Il se sentait tellement faible, épuisé, et malade ; il se doutait qu'il ne pourrait pas tenir encore longtemps. Quelque chose fit exploser la paroi du tunnel juste devant eux.
Les bras qui soutenaient Harry le laissèrent tomber à terre, et il resta là, incapable de bouger. Des sorts étaient lancés, et quelqu'un rugit, "Severus, par tous les diables. As-tu seulement idée de ce que le Seigneur des Ténèbres te réserve?"
Quelque part dans la pièce, la voix de Rogue répondit, "Oh je n'ai pas de mal à imaginer, il n'a sans doute pas inventé grand-chose de nouveau, Lucius. Ce jour de trahison se préparait depuis longtemps. Reducto"
CRAC! "Après toutes les distinctions qu'il t'a accordées ces dernières semaines! Tu es un fou! Stupefix!"
Rassemblant toute son énergie, Harry força sa tête à se détacher du sol. Rogue et Lucius Malefoy combattaient au milieu de nuages de poussière, provenant sans doute de la pierre que Rogue avait désagrégée. Ils bougeaient bien trop vite pour que son esprit à peine conscient analyse tous les mouvements, mais il parvint à voir la baguette de Rogue arrachée de ses mains. Malefoy se redressa, triomphant. "Je ne vais pas te tuer maintenant, Severus. Avoir l'honneur de te livrer, toi et Potter, vivants, à mon Seigneur me garantira la place que tu m'as usurpée ces dernières semaines. Je lui proposerai même de faire de toi un exemple de couardise et de traîtrise."
Rogue fut plaqué sur la paroi du tunnel, et Harry entendit au loin les lamentations de la pierre que l'on harcelait. Les Mangemorts avaient dû parvenir à franchir l'avalanche de pierre déclenchée plus tôt. "Je ne suis pas comme toi, Lucius. Je ne considère pas la position de 'Chien du Maître' comme très valorisante."
Serrant les dents, Harry pointa la baguette que Rogue lui avait donnée vers le dos de Malefoy. "Expelliarmus!"
Avec un gémissement suffoqué, Malefoy atterrit près de Rogue, et une bataille acharnée s'ensuit, avec comme prix la baguette du Mangemort tombée à terre. Au final, ce fut Rogue qui la saisit, et il virevolta rapidement, juste à temps pour repérer Malefoy qui brandissait un lourd rocher. "Imperio!" Harry eut le souffle coupé de surprise quant au choix du sort. "Lâche cette pierre," ordonna Rogue. Malefoy s'exécuta. Rogue ramassa sa propre baguette magique et prononça, "Reprends ta baguette, et retourne près des autres. Dis-leur que nous avons rebroussé chemin et que nous nous dirigeons vers eux. Assure-toi qu'ils s'emploient à tendre une embuscade devant l'entrée principale."
Sans un son, Malefoy s'empoigna de la baguette que lui tendait Rogue et s'empressa de partir. Harry essaya de se redresser, mais ses membres lâchèrent simplement prise sous son poids. Tout son corps tremblait. "Encor... loin..."
"Peut-être une centaine de mètres. Debout, Potter, allez!" Rogue replaça l'avant-bras d'Harry sur ses épaules, remit son bras autour de son thorax et, pour ce qui paraissait la centième fois à Harry, essaya de le relever. Mais cette fois, les jambes d'Harry ne paraissaient plus obéir. "Potter, debout!"
"J'essaie..." souffla Harry à travers ses dents serrées. Il se sentait si faible. Son coeur battait comme un fou dans sa poitrine, et ses jambes, ses bras, même sa tête tremblaient. La nausée était revenue, et il lui sembla que les parois du tunnel tombaient sur lui. Il se retrouva encore une fois le dos au plancher, incapable de bouger, malgré toute l'énergie que Rogue mettait à tirer sur ses bras. Il étouffa un sanglot. "Peux plus-désolé-peux-"
"Très bien. Arrête de bouger!" Soudain, un bras s'infiltra sous ses genoux, et un autre sous ses épaules, et il sentit être soulevé. Puis il fut douloureusement secoué lorsque Rogue commença à courir à une vitesse ahurissante. "Ne t'avise pas de t'endormir, Potter."
"Fais... mon mieux..." soupira Harry, sa tête inanimée roulait dans tous les sens sur l'épaule de Rogue, au gré de la course. Il était si fatigué...
Rogue avait dû sentir qu'il s'affaiblissait. "Potter! Reste éveillé!" Les bras qui le portaient commencèrent à l'agiter éperdument, tentant de le garder conscient.
Mais cela ne marchait pas. Le lourd rideau tombait de nouveau sur Harry, et il ne pouvait garder ses yeux ouverts plus longtemps. L'intensité de la voix de Rogue, appelant son nom, s'amenuisa peu à peu, jusqu'à ce que la douleur s'évanouisse elle aussi, et Harry se laissa flotter dans les ténèbres.
"Directeur, je crois qu'il revient à lui."
"Merlin merci. Severus, j'insiste que vous vous reposiez également."
"Je vais parfaitement bien."
"Professeur, il se réveille?"
"Est-ce qu'il va bien, s'il-vous-plaît, dites-nous!"
"Mr Weasley, Miss Granger, un peu de calme. Harry a besoin de repos."
"Harry? Ouvre tes yeux pour nous, mon chou. Je sais que tu es fatigué, mais essaie tout de même."
Il y avait un matelas délicieusement rembourré sous son dos, et sa tête était légèrement relevée par un oreiller tout aussi agréable. L'odeur de cet endroit était familière, mais Harry n'arrivait pas encore à l'identifier. Les voix tout autour de lui étaient douces, le pressaient de se réveiller, et il sentit une main caresser doucement ses cheveux. "Il a l'air si mal en point."
"C'était un pari sacrément risqué, Severus."
"Affronter le Seigneur des Ténèbres est toujours ainsi, Lupin. Considère-toi heureux qu'il s'en soit sorti vivant."
"Mais la liqueur d'asphodèle et d'armoise? Regarde-le!"
"Réfléchis un peu, Lupin. La potion n'a aucun effet sur l'état physique! Le gamin est exactement comme il était lorsqu'il s'est fait embarqué dans le repaire du Seigneur des Ténèbres."
"Severus, Remus, s'il-vous-plaît!"
Les souvenirs de tous les évènements revinrent en force dans son esprit. Il tenta vainement d'ouvrir les yeux. Est-ce que... Serait-ce possible... Était-il à Poudlard? De retour? Qu'était-il arrivé? Il essaya de poser la question à haute voix, mais il ne parvint qu'à émettre un faible gémissement du fond de sa gorge.
"Chut, Harry, tout va bien. Tu es à Poudlard."
Oh! Quel endroit merveilleux pour se réveiller! Harry commença la difficile tâche de soulever ses lourdes paupières ; la sensation de soulagement qui dansait en lui était si forte qu'elle en était presque douloureuse. Peut-être que tout cela n'avait été qu'un rêve! Un flou multicolore accueillit sa vision, avant qu'il n'arrive à distinguer les visages de Madame Pomfresh, Albus Dumbledore et Remus Lupin, et, au pied du lit, Ron et Hermione. Harry plissa ses sourcils à la clarté brillante de l'infirmerie, et Dumbledore réagit doucement, "Peut-être pourrions-nous adoucir les lumières, Pompom."
Madame Pomfresh disparut de la vue d'Harry, mais uniquement pour laisser place à celui qui s'était tenu derrière elle, le professeur Rogue. Celui-ci sembla surpris de voir Harry le regarder, mais il se détourna et sortit rapidement de la pièce, mais Harry eut le temps de noter que sa robe noire était sale et qu'il y avait du sang craquelé sur son visage. Il tourna son visage vers Dumbledore, qui avait également observé le départ de Rogue. "Qu'es...qui...passé..."
"Quelle est la dernière chose dont tu te souviens, Harry?"
Il déglutit difficilement à cette question. Sa bouche était sèche. "Un tunnel," chuchota-t-il. "Voldemort." Plusieurs personnes de la pièce tressaillirent au nom. "Rogue..."
Dumbledore s'approcha et tapota la main d'Harry. "Nous devons tous plus de remerciements au professeur Rogue que nous ne pourrons jamais en exprimer, Harry. C'est lui qui s'est aventuré dans le repaire de Lord Voldemort et t'en a secouru."
Ça, c'était plutôt particulier, pensa Harry. Il aurait voulu demander ce qui s'était passé exactement, il n'arrivait pas à séparer ce qu'il avait vécu de ses rêves, mais ses yeux se refermaient déjà, et il n'arrivait plus à les rouvrir. "J'imagine... dites... merci..."
Quand il se réveilla de nouveau, ce fut au son de voix qui se rapprochaient de son lit, et il ouvrit les yeux pour voir Madame Pomfresh se pencher sur lui. Il essaya de parler, mais sa gorge était encore trop sèche. "As-tu soif?" demanda-t-elle. Harry referma ses paupières et acquiesça. "Molly, si ça ne te dérange pas, un verre d'eau s'il-te-plaît."
Harry entendit quelque chose qui ressemblait fort à un reniflement, puis sentit les bras de Mrs Weasley qui le soutenaient tandis que ceux de Madame Pomfresh lui glissaient un verre d'eau dans les mains. La sensation du liquide frais était merveilleuse, même s'il était mortifié de s'apercevoir qu'il n'arrivait pas à saisir correctement le verre, ce qui signifiait que Madame Pomfresh avait dû le tenir pour lui. Quand il fut apaisé, Mrs Weasley s'assit sur le bord du lit et serra Harry gentiment dans ses bras. "Oh Harry," dit-elle d'une voix tremblante, il était évident qu'elle était au bord des larmes.
Il se laissa aller contre elle et laissa ses yeux se refermer. "Désolé," murmura-t-il. "J'sais pas... pourquoi... si fatigué... j'crois que... j'ai dormi longtemps." Le son de plusieurs sanglots étouffés le fit sortir de son demi-sommeil immédiatement. Il posa son regard sur ses amis, tentant de distinguer plus que des tâches colorées.
Chacune des personnes autour de son lit avait l'air pâle et fatigué, mais maintenant qu'Harry y pensait... Ron et Hermione étaient même pires, ils paraissaient ravagés! Leurs traits étaient tirés, leurs yeux rouges, et ils étaient bien plus amaigris que dans ses souvenirs. Ils se serraient pratiquement l'un contre l'autre de soulagement. Remus Lupin, quant à lui, avait sur son visage une allure désorientée et perdue qu'Harry n'avait jamais vue. Même Dumbledore semblait épuisé. Madame Weasley avait également un aspect maladif, comme si une partie d'elle lui avait été arrachée. Harry tenta de s'asseoir lui-même, mais échoua, et il se contenta de se reposer contre la poitrine de Mrs Weasley. "Combien... combien de temps... j'étais parti? Je me souviens de la Liqueur... Combien de temps Voldemort... m'a fait dormir?"
Il était trop fatigué pour s'agacer des regards appréhensifs et tendus que ses visiteurs s'échangèrent. Remus vint s'asseoir sur le bord du lit, et mit sa main sur l'épaule d'Harry. "Un bout de temps, Harry. Maintenant, tu dois te reposer et reprendre des forces."
"Combien de temps?" redemanda Harry. Il sentit Mrs Weasley resserrer ses bras autour de lui.
Le matelas bougea un peu, et Harry parvint à fixer son regard sur Hermione qui venait de s'y poser. Ron était derrière elle, ses mains sur ses épaules. "Voldemort t'a capturé le premier juillet." dit-elle doucement, en lissant inutilement les couvertures. "C'était juste une semaine après la fin de l'année. On est en septembre maintenant. Le samedi trois septembre. Le festin de début d'année a eu lieu il y a deux jours, et c'est seulement là que Rogue a pu te sortir de ce trou." Elle sourit faiblement, bien que ses yeux déjà rouges se remplissaient à nouveau de larmes, et sa lèvre inférieure tremblait. "Donc... ça doit faire deux mois si je compte bien. Ça a paru bien plus pourtant." Sa voix montait progressivement dans les aigus, et derrière elle, les yeux de Ron étaient tout aussi instables.
Harry était abasourdi, non pas tant par la durée écoulée depuis les derniers évènements que par la réaction de ses amis. Mrs Weasley le serrait toujours d'un bras, mais elle avait mis son autre main sur sa bouche pour étouffer ses sanglots. Remus ne pouvait plus le regarder, mais Harry vit que ses épaules tremblaient.
"Désolé!" gémit Hermione, sa voix était presque coupée et sa respiration était vraiment irrégulière. "C'était juste... dur." Puis elle abandonna et fondit en sanglots, et Ron s'assit sur le lit près d'elle et la tint dans ses bras, accordant un petit sourire à Harry.
Dumbledore s'approcha d'eux et mit une main rassurante sur chacune de leurs épaules. "Nous ferions mieux de ne pas trop fatiguer Harry. Il aura besoin de temps pour se rétablir." À l'expression indignée de leur visage, il ajouta, "Et un grand nombre d'amis d'Harry qui ont dû rester dans les dortoirs doivent attendre impatiemment de ses nouvelles."
Avec des soupirs communs, Ron et Hermione se levèrent. Harry les regarda, sa tête toujours posée sur l'épaule de Mrs Weasley. Il entendit la voix de Dumbledore au-dessus de lui, "Repose-toi maintenant Harry. Tu as traversé une terrible épreuve." Il se rendit à peine compte quand Mrs Weasley et Remus l'aidèrent à s'allonger sur le matelas et l'oreiller. Le pire était passé, Harry aurait tellement pouvoir soulager la peine de ses amis, leur dire qu'il allait bien, les supplier de ne pas tous pleurer... mais sa tête était si lourde, et il ne trouvait plus la force de la relever encore une fois. C'était si étrange... Le temps avait filé sans qu'il s'en aperçoive. Il se souvenait des rêves par contre... il avait cru que Rogue en faisait partie d'ailleurs. Mais Rogue sous son masque de Mangemort avait-t-il vraiment été un rêve? Il n'en était pas sûr. Et puis il y avait encore d'autres choses, des souvenirs qu'il n'arrivait pas à relier aux rêves ou à la vie réelle.
Il s'agita brièvement contre l'oreiller, et ordonna à ses yeux de rester ouverts encore un peu plus longtemps. "Remus?"
"Oui, Harry?" Lupin revint rapidement et lui prit la main. "Qu'y a-t-il?"
Harry déglutit difficilement. "Sirius." La douloureuse expression que prit le visage de Remus donna la réponse à Harry, mais il posa la question néanmoins. "C'était pas... un rêve... c'est ça?"
Remus remua la tête négativement, serrant la main dans la sienne. "J'aurais tant souhaité que ça en soit un, Harry. Je l'aurais vraiment souhaité."
C'était un si merveilleux espoir qui s'envolait, une issue désormais cloîtrée pour que le cauchemar entier s'arrête une fois pour toutes... revoir ce chien noir s'élancer vers lui, aboyant et jappant et fourrant sa truffe froide dans sa main... Harry ferma ses yeux. Le sommeil aurait normalement été difficile à trouver après une telle nouvelle, mais il ne pouvait pas rester éveillé une seconde de plus.
La tranquillité et le calme ne semblaient pas être des compagnons de longue route pour Harry. Quand il se réveilla un peu plus tard, l'hôpital était silencieux et calme, mais Harry n'était pas sûr de ce qui l'avait éveillé. Néanmoins, il se sentait un peu mieux, comme rafraîchi par le sommeil au lieu d'affaibli par un état comateux. Il commençait à s'étirer faiblement quand il entendit des pas s'approcher près de son lit.
Des pas furtifs, sournois, à la dérobée.
Immédiatement, Harry ferma les yeux et fit glisser sa main vers la table à côté du lit. Les pas étaient de plus en plus proches, et il priait pour que sa baguette soit là. Et si Voldemort l'avait encore? Quand ses doigts se refermèrent enfin autour du bois lisse, il retint un soupir de soulagement. Il venait juste de tirer les couvertures sur lui et de se donner l'air le plus détendu possible quand les pieds parvinrent à leur destination.
"Qu'est-ce qu'il est misérable ce Potter. Il n'a pas l'air aussi fortiche maintenant, pas vrai?"
Malefoy. 'Quelle surprise!' faillit s'exprimer Harry, mais il se reprit à temps."Qu'est-ce qu'on fait, Drago?" fit une voix qu'il identifia comme celle de Crabbe.
"J'sais pas... peut-être enchanter son oreiller pour qu'il se fasse bouffer les cheveux?" Cling! "Chut! Goyle! Pomfresh va t'entendre!"
"C'est pas moi, c'est ce fichu hibou."
"Hé, ça me donne une idée," ricana Malefoy. "Voilà qui ferait un réveil digne de Potter. Mais d'abord: Silencio." Harry jura en lui-même, Drago avait osé jeter un sort à Hedwige, et il continuait: "Maintenant nous pouvons laisser un message de 'prompt rétablissement' de la part de mon père : son hibou en pièces détachées sur son lit!"
À ces mots, Harry se releva en un éclair et pointa sa baguette. "Expelliarmus!" La baguette de Drago s'envola de ses mains, et Crabbe et Goyle crièrent de surprise. Hedwige battit frénétiquement des ailes, et hulula - sans proférer un seul bruit du fait du sort de Drago. "Ne t'avise pas de mettre tes mains immondes sur ma chouette, Malefoy!" rugit Harry.
"Qu'est-ce que cette folie?!" Le cri de Madame Pomfresh eut plus d'action que les menaces d'Harry, et Drago se saisit de sa baguette et les trois compères se ruèrent vers la porte. "Harry, qu'est-ce-"
"Une petite visite de la part de Malefoy," grogna Harry ; il élimina d'un mot le sort jeté sur Hedwige, et dut masquer la grande fatigue qui en suivit. La chouette voleta près de lui et mordilla anxieusement le lobe de son oreille ; souriant, Harry obéit à l'ordre inhérent et reposa sa tête sur l'oreiller.
Madame Pomfresh, parfaitement prévenue de l'hostilité entre les Griffondors et les Serpentards, plus tangible d'ailleurs entre Harry et Drago - après tout, elle avait au cours des dernières années soigné nombre de blessures et sorts issus de leurs affrontements - eut un petit rire sarcastique. "J'aurais dû m'en douter. J'espère seulement que je n'aurais pas trois autres patients dans mon hôpital dans quelques minutes."
"Je l'ai juste désarmé quand il a menacé de tuer mon hibou," répondit véhément Harry.
"Et bien, je reporterai ça au directeur. Maintenant, au lit Mr Potter. La Liqueur du Sommeil Eternel est suffisamment épuisante en elle-même pour que vous n'ayez pas besoin de parader en lançant des sorts partout. Allez ouste!"
Harry bailla et s'enfouit sous les couvertures, il était trop fatigué pour protester. "Quel jour est-on, Madame Pomfresh?"
"Dimanche, il est à peine minuit passé. Si vous vous comportez correctement et vous reposez assez, peut-être que vous ne manquerez pas toute la première semaine de cours."
Quand il reprit de nouveau conscience, c'était l'après-midi, mais du même jour constata-t-il avec plaisir. Il reconnut rapidement les timbres de Ron, Hermione, Remus et Mrs Weasley qui devaient être assis autour du lui ; et plus à distance, la voix de Rogue, en conversation avec l'infirmière, le fit se tendre instinctivement.
"J'ai besoin de savoir: combien de temps a-t-il eu avant que tu ne le fasses bouger?"
"À peu près dix minutes après l'administration de l'antidote."
"Severus! Était-ce bien raisonnab-"
"Grâce à la torche, le Seigneur des Ténèbres pouvait sentir son état d'éveil en quelques secondes, Madame Pomfresh. Mieux vaut un rétablissement un peu plus long que pas de rétablissement du tout, ce qui se serait passé si nous avions été capturés!"
"Combien de temps est-il resté conscient après ça?"
"Je ne suis pas certain. Moins de cinq minutes dans tous les cas."
"Severus, tu ne pourrais pas être un peu moins précis?"
"J'étais plutôt distrait et--je t'interdis d'y penser, Lupin!"
"Penser à quoi, Severus?"
"J'ai fait ce que je devais faire pour empêcher le Seigneur des Ténèbres de gagner la guerre, et pas pour d'autres raisons aussi stupides les unes que les autres!"
Harry se risqua à ouvrir un oeil curieux. Ron, Hermione, Mrs Weasley et Madame Pomfresh étaient trop occupées à assister à l'échange pour noter qu'Harry était réveillé. Rogue avait l'air colérique, mais Lupin semblait plutôt amusé.
"Aucune autre raison, Severus?"
Rogue croisa ses bras et fronça ses sourcils d'une manière menaçante. "Aucune."
Lupin sourit, "Pas même pour sauver une vie innocente?"
"Très bien, Ô-Gentil-et-Merveilleux-Loup-Garou," (ce qui fit rire légèrement Lupin) "J'avoue: malgré toute la répugnance que j'ai pour Potter, je me suis infiltré droit dans le nid du Seigneur des Ténèbres pendant que lui et ses partisans étaient dehors à combattre les Aurors, j'ai déterré le garçon et j'ai porté son poids mort jusqu'ici. Et de ce fait, j'ai dû complètement sacrifier ma couverture d'espion et renoncer à l'une de nos plus précieuses sources d'informations. Ne me remercie pas!"
Le sourire de Remus ne perdit pas son intensité, mais l'ancien professeur croisa ses bras lui aussi et répliqua légèrement, "Je suis navré, Severus. Tu es un très bon manipulateur, mais tes tours ne suffiront pas à me détourner de mon objectif. Peu importe que tu te dises insensible, que tu essaies de paraître détestable, tu ne réussiras pas à m'ôter la gratitude que j'ai pour toi du fond de mon coeur. Merci d'avoir sauvé Harry."
Avec un grognement écoeuré, Rogue tourna son dos à Lupin et quitta l'infirmerie. Remus rigolait, tout comme Mrs Weasley et l'infirmière, quand Ron posa ses yeux sur le lit. "Harry!"
Les deux femmes se retournèrent à l'exclamation, et les minutes suivantes consistèrent en un mélange de divers sons et couleurs, lui demandant comment il allait, comment il se sentait, comment il allait, s'il voulait quelque chose, comment il allait... jusqu'à ce que Harry arrive à les convaincre que non, il ne s'écroulerait pas s'il essayait de s'asseoir. Une fois qu'elles eurent arrêté de retaper les oreillers, de bien le couvrir, et de l'inciter à manger, Remus et Mrs Weasley s'assirent chacun sur un côté du lit, avec Ron et Hermione au pied du lit comme à l'accoutumée. Remus nota que Harry regardait dans la direction où Rogue était parti, et le rassura. "Ne t'occupe pas de ce qu'il a dit, Harry. Il aime bien raconter qu'il n'est pas charitable, mais il était aussi attaché que nous à te sortir de là."
Harry remua la soupe que Madame Pomfresh lui avait donnée. "Qu'est-ce qu'il s'est passé? Après l'attaque de Privet Drive?"
Ron et Hermione échangèrent des regards entendus. "On savait que tu poserais la question, alors on a gardé les articles de La Gazette du Sorcier, enfin juste ceux qui étaient importants," répondit Ron. "Hermione les a rassemblés dans un classeur."
"Et... pour quand tu te sentiras mieux," continua Hermione, "nous avons tenu un journal. Pour que tu puisses assister..." elle s'arrêta, confuse devant l'expression atterrée d'Harry.
"Tu veux dire un journal comme celui de Tom Jedusor?!"
"Ce n'est pas dangereux!" rétorqua-t-elle. "J'en avais parlé au professeur Dumbledore. Les sorciers font couramment ce type de livre, où tu peux rentrer dans une page pour voir les évènements - un peu comme des cassettes vidéo, mais sans caméra," expliqua-t-elle. "Tu veux bien essayer?"
Harry inclina lentement la tête, et ses deux amis se précipitèrent hors de la pièce. Une fois partis, il se tourna vers Remus. "Je ne comprends toujours pas comment Rogue... a fait ce qu'il a fait. La nuit où Voldemort m'a capturé... il était là, c'était un Mangemort."
"Professeur Rogue, Harry," intervint Remus. Il avait souri devant l'insouciance d'Harry à respecter les formes, mais sa demande était ferme. "Maintenant plus que jamais, il mérite tout ton respect. Je suis sûr que si tu n'avais pas des choses plus importantes en tête, tu aurais compris. Severus était un espion."
Harry se reposa contre les oreillers agréablement disposés, et analysa cette nouvelle donnée. L'ensemble concordait: l'insistance constante avec laquelle Dumbledore affirmait que Rogue était digne de confiance, Rogue présentant la Pensine avec la fausse prophétie pour empêcher Voldemort de tuer Harry, Rogue amenant sournoisement à ce que le Mage Noir utilise la potion, et Rogue sachant le moment exact où Voldemort serait absent et où il aurait les meilleures chances de secourir Harry.
Et Rogue assaillant vicieusement Sirius, au point que ce dernier s'était précipité au Département des Mystères et s'y était fait tué. "Je ne comprends pas," chuchota Harry. "Tout le monde savait qu'il était un espion au moment de la première défaite de Voldemort. Comment a-t-il pu revenir dans les rangs?"
"Encore une fois, Severus jouait un double rôle. Voldemort croyait qu'il espionnait encore Dumbledore." Remus grimaça légèrement, "Mais effectivement, le retour de Rogue ne s'est pas fait en douceur, et il a souffert jusqu'à ce que Voldemort le considère comme un véritable Mangemort fidèle."
"C'est pour ça qu'il a amené la prophétie," réalisa Harry. "Pour que Voldemort croie que..."
"Exactement, Harry." Remus mit une main sur l'épaule d'Harry, et le regarda intensément. "Tu n'as pas à aimer le professeur Rogue. Je ne l'aime pas moi-même." Harry sourit à cette déclaration. "Mais il est de notre côté, et nous lui devons beaucoup. Il a risqué sa vie un grand nombre de fois pour apporter des informations vitales à notre camp. Sans compter ce qu'il encourait quand il est venu te sauver."
Harry sentit sa gorge se nouer et son estomac vaciller dangereusement, ce que Madame Pomfresh nota prestement. "Comment te sens-tu, Harry?"
"Pas très bien. J'imagine que c'est parce que je n'ai pas mangé depuis longtemps."
"Tu n'auras peut-être pas beaucoup d'appétit les premiers temps, mais force-toi un peu quand même." Elle reprit le plateau avec la soupe à peine entamée.
Juste à ce moment, Ron et Hermione revinrent, avec Dumbledore juste derrière eux. Ron avait dans ses mains ce qui ressemblait à un classeur, et Hermione tenait un livre plus petit. "Bon après-midi, Harry," entama le directeur. "Tu as l'air beaucoup mieux. Comment vas-tu?"
"Mieux," répondit Harry. Pour une raison particulière, voir Dumbledore lui donnait la même sensation nauséeuse que lorsqu'il pensait à Rogue comme celui qui l'avait secouru. Il ne savait plus que penser. La dernière fois qu'il avait été en contact avec Dumbledore - en oubliant le souvenir flou, presque inconscient qu'il gardait de son réveil à l'infirmerie - ils se tenaient sur le jardin de Privet Drive. "Professeur Dumbledore... qu'est-il arrivé à Dudley et à ma tante?"
L'expression joyeuse de Dumbledore sembla fondre à ces mots, ses yeux prirent une teinte bien plus triste. Il tira une chaise près du lit. Remus se décala pour lui laisser la place, mais Harry aurait souhaité qu'il ne le fasse pas. "Ta tante et ton cousin sont en sécurité. Je suis entièrement navré pour ton oncle."
Un poids immense s'installa pendant quelques instants sur sa poitrine, si fort qu'il en avait du mal à respirer. Il ne savait pas que penser à propos d'Oncle Vernon non plus, mais de toutes les émotions qui virevoltaient en lui, la culpabilité se faisait de plus en plus présente. Il croisa ses bras et fixa les couvertures. "Je n'ai pas pu... le sortir à temps. Nous avons attendu trop longtemps." Ils n'avaient jamais voulu de lui car Tante Pétunia savait que quelque chose comme cela arriverait. Elle essayait juste de protéger sa famille, et au final, elle avait raison. Il ne leur avait apporté que des tragédies et de la peine.
Des doigts doux attrapèrent son menton et le relevèrent. Dumbledore ne croisait pas ses yeux, pour des raisons qu'il connaissait déjà, mais la douce expression de son visage resserra le noeud présent dans la gorge d'Harry. "Harry. Ce qui est arrivé à ton oncle n'était pas de ta faute. Pétunia Dursley n'était peut-être pas heureuse de te prendre chez elle, mais je te le promets : elle connaissait les dangers de cette action. Je ne les lui ai jamais cachés. Elle t'a accueilli parce que tu étais en détresse, et que c'est quelque chose que les familles doivent parfois partager."
Ses yeux picotaient maintenant. Harry chuchota. "Mais elle m'en veut, n'est-ce pas? Comme Dudley." Dumbledore ne répondit pas, et Harry en déduit aisément ce qu'il voulait savoir. "J'étais la seule personne qui aurait pu le sauver."
"Oh, Harry, non!" supplia Hermione. "Tu ne peux pas penser ça!"
"Et pourquoi pas," murmura-t-il à travers ses dents serrées. Mrs Weasley caressait ses cheveux d'une main.
"Parce que," continua Dumbledore, "une des leçons les plus dures à accepter est qu'il y aura des batailles où tu ne pourras pas gagner. Il y aura des tâches que tu ne pourras pas finaliser. Tu avais très peu de temps, Harry, pour mettre en sécurité trois personnes terrifiées et ignorant tout de notre monde, et tu devais le faire seul, avec Lord Voldemort à quelques mètres de toi. Tu as fait ce que tu as pu. Tu ne dois pas t'en vouloir d'avoir échoué à accomplir plus que ce que tu ne pouvais."
Harry planta ses dents dans sa lèvre inférieure, tentant désespérément de garder ses émotions sous contrôle, mais sentit les bras de Mrs Weasley l'entourer gentiment. Une partie de lui était si désireuse de la laisser faire, la sensation était si merveilleuse, mais tout en lui criait et paniquait - si elle maintenait son étreinte, il savait qu'il ne pourrait plus se maîtriser. Mais il ne pouvait pas la repousser sans la blesser ; sa gorge était de plus en plus serrée, il mordit sa lèvre plus fort, essayant de retenir l'agonie qui le déchirait en lui. Tellement était arrivé, tellement de désastres... Sirius, la prophétie, Privet Drive, Oncle Vernon, Rogue, la torture, la Liqueur, la terreur...
Sans avertissement, Mrs Weasley embrassa son front, près de la cicatrice. "Ça va aller, Harry," dit-elle doucement. "Tout finira par aller bien."
Un sanglot étouffé brisa ses barrières. Puis un autre. Et d'autres encore, de plus en plus rapprochés. Harry entendit Lupin crier de surprise, et la réponse de Dumbledore, "Laisse Molly s'en occuper, Remus. C'est, après tout, un domaine où elle excelle."
Pour Harry, il ne s'était passé que quelques semaines horribles depuis la mort de Sirius. Et finalement, toute la peur et la peine et la colère et la détresse qu'il avait refoulées à l'intérieur de lui refusaient simplement d'y rester, et il s'accrochait à la mère de Ron et pleurait. Cela semblait facile maintenant - une minute auparavant, il aurait été presque humilié que Dumbledore, Remus, et Ron et Hermione soient là à le regarder sangloter comme un bébé dans les bras de Mrs Weasley. Mais juste maintenant, il ne s'en souciait pas.
Il pleura pendant un long moment, ou peut-être était-ce juste son impression. Quand les larmes finirent enfin par ralentir, et que les émotions plus habituelles comme l'embarras retrouvèrent de nouveau leur chemin vers son esprit, il murmura, "Désolé."
"Ne sois pas stupide," répliqua Ron, qui avait pris la place de Remus sur l'autre bord de lit pour poser sa main sur l'épaule d'Harry. "Crois-moi, nous avons fait exactement ce que tu viens de faire un nombre incalculable de fois ces deux derniers mois, quand on ne savait pas ce qui se passerait. Parfois, j'étais là à m'occuper, et la seconde d'après je me retrouvais par terre en déversant toutes les larmes de mon corps!"
Cette révélation eut l'effet de stupéfier Harry ; il les regarda tous un par un. L'image même de Ron en train de pleurer comme le ferait Hermione ou Mrs Weasley était juste... bizarre. Derrière Ron, Hermione souriait, bien que ses joues soient mouillées. Et juste à ce moment, la porte de l'infirmerie s'ouvrit brutalement. Harry jeta un oeil par-dessus l'épaule de Mrs Weasley-et se figea.
Rogue avait l'air aussi étonné qu'Harry l'était. Il s'arrêta net dans son avancée lorsqu'il vit Harry, dont le visage était encore brillant de larmes, et pendant un moment, ils se regardèrent respectivement. Puis l'expression de Rogue passa de la surprise à une indifférence totale, et il se détourna et sortit de la pièce. Dumbledore sourit à Harry et suivit silencieusement les traces du Maître de Potions.
"Maudit bâtard," murmura Ron. "Il aurait pas pu choisir un autre moment pour venir?!"
Ce qui lui valut une tape d'Hermione et une prompte réprimande. "Ne dis pas ça, Ron. Il a sauvé Harry, pour le cas où tu aurais oublié."
"Et j'irais le remercier moi-même si je n'étais pas sûr qu'il me dirait de débarrasser le plancher avant que j'ai le temps de terminer ma phrase!" rétorqua Ron. "Et je parie cinq noises que tous les Serpentards sauront dans moins de trois jours que nos retrouvailles étaient plutôt 'touchantes'." Son dernier mot fut prononcé avec un sarcasme qui aurait pu rivaliser celui de Rogue.
"Ron!" cingla Hermione en voyant Harry pâlir. "Ne t'inquiète pas pour ça, Harry. Les choses sont différentes que lors de notre première année. Nous sommes en guerre maintenant. Notre camp doit s'unir, et Rogue le sait aussi bien que nous."
Harry ébaucha un sourire, il espérait de tout coeur qu'elle avait raison. Pointant vers les livres qu'ils avaient amenés, il demanda. "Alors? Montrez-moi!"
"Oh, c'est vrai," et Ron s'empressa de se pousser un peu sur le lit pour faire de la place à Hermione, et posa le classeur sur les genoux d'Harry. "Hum... Harry, juste pour que tu saches, quelques-uns de ces articles sont... pas très joyeux. J'en ai encore l'estomac qui se retourne dès que je les lis."
"Euh... d'accord." Harry s'arrêta un instant, indécis, mais secoua la tête. "De toute façon, je ne peux pas prétendre que rien ne s'est passé, alors autant que je les lise." Avec une grande inspiration, il ouvrit le manuscrit à la première page.
"Édition spéciale de La Gazette," l'informa Hermione. "Quelques heures après."
Le Survivant Capturé par Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom!
Peu après une bataille de forte ampleur à la prison d'Azkaban, où Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom a été vu en personne en train de libérer ses Mangemorts, ceux-ci ont lancé une attaque dévastatrice sur le quartier moldu de Little Whining, à Surrey. La maison des moldus Pétunia et Vernon Dursley, tante et oncle, et surtout gardiens d'Harry Potter, était particulièrement visée.
L'attaque simultanée a considérablement réduit le nombre des Aurors présents sur chaque site, amenant de nombreuses pertes (pour la liste des sorciers tombés lors des batailles de ce jour, veuillez consulter l'article commémoratif, page 5), mais des témoins ont rapporté que la défense valeureuse de la maison d'Harry Potter, combinée aux champs de protection scellés quinze ans auparavant afin de protéger notre Survivant, a d'abord été couronnée de succès. Jusqu'à ce que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom ne vienne en personne. Le Seigneur des Ténèbres, d'après nos reporters, est parvenu à abattre les boucliers, avec un contre-choc résiduel qui a entraîné de nombreuses blessures parmi les Aurors et les Mangemorts, ainsi que des dégâts conséquents sur la rue, et est entré dans la maison.
Le Directeur de Poudlard, école de Sorcellerie, Albus Dumbledore est arrivé sur la scène ravagée quelques moments plus tard, mais des hordes de Détraqueurs l'ont empêché d'atteindre Voldemort directement.
Juste au moment où notre défense parvenait enfin à éclaircir les rangs des Mangemorts et des Détraqueurs, les témoins furent horrifiés de voir Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom s'emparer du jeune Harry. Le Survivant semblait blessé et sous le contrôle d'un sort. Le Directeur Dumbledore a essayé de négocier la libération de Potter, en vain, et le Seigneur des Ténèbres s'est enfui avec son otage.
Le monde entier de la Sorcellerie est bouleversé jusqu'au plus profond de lui par cette tournure horrible des évènements. Un bref commentaire d'un Auror, recueilli par notre reporter sur la scène du crime, affirme qu'aucun effort ne sera ménagé pour le secours d'Harry Potter. "Être aux mains de Lord V-------- est un destin si horrible à imaginer qu'on ne peut y laisser personne, et encore moins un enfant comme Harry."
La situation de la famille d'Harry Potter est encore inconnue. Toutefois, un rapport non confirmé nous ferait part de la mort de Vernon Dursley, l'oncle de Potter, en essayant de défendre sa femme, son fils et son neveu. La Gazette du Sorcier présente toutes ses condoléances à la famille Dursley. Suivez nos prochaines éditions spéciales qui paraîtront dès qu'il y aura du nouveau sur cette affaire.
Harry contempla pendant plusieurs minutes la photo qui accompagnait l'article: elle montrait le numéro quatre, Privet Drive, en feu, la Marque des Ténèbres flottant encore sur les débris. Ses souvenirs de l'attaque étaient un peu flous, surtout après la transe induite par Voldemort, mais cette image de désolation resterait gravée à jamais en lui. Il aperçut sur un bas-côté du jardin incendié un Auror en robe rouge, assis sur le trottoir ; ses bras entouraient un sorcier portant des robes élimées. C'était Remus. Et avec un élan d'émotion qui le vida presque entièrement, Harry réalisa que l'homme pleurait. L'Auror qui le soutenait était Tonks, et elle aussi était en pleurs.
Il tourna rapidement la page et lut le titre de l'article : Un message provenant des Mangemorts: Le Survivant Emprisonné, Torturé par Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.
Et le suivant: Des Chapelles Ardentes mises en Place ; l'Aide Internationale pour le Secours du Survivant abonde, les Recherches commencent.
Et la page d'après: Les Mangemorts attaquent la maison de Bones, des Aurors Blessés, Pas un Mot depuis une Semaine sur le sort du Survivant.
Et la suivante: Des Connaissances, des Amis du Survivant lancent un message d'Amour et d'Espoir. Harry s'arrêta net à cette phrase, et lut le court article: Un message a été déposé aujourd'hui à la Gazette du Sorcier par plusieurs camarades de classe d'Harry Potter, séquestré par Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom depuis une semaine. À la demande du Ministre de la Magie et de Poudlard, les identités de ces sorciers mineurs sont tenues confidentielles pour des raisons de sécurité, mais les étudiants et leurs familles ont insisté pour que leur message soit publié, afin de peut-être atteindre le Survivant et lui redonner Espoir.
"Nous ne savons pas s'il le lira un jour, mais nous voulions quand même le dire," annonce l'un des porte-paroles du groupe, un étudiant de Poudlard de la même année que Potter ; sa grande détresse se lit sur son visage, et des larmes s'échappent de ses yeux lorsqu'il continue sa déclaration. "Harry, peu importe où tu es, nous voulons que tu saches que nous n'abandonnerons jamais. Nous te cherchons aussi fort que nous pouvons, et on pense à toi à chaque minute. On t'aime et tu nous manques, alors tiens bon. On va te trouver même si le monde entier est contre nous, et on te ramènera à la maison."
Harry cligna plusieurs fois des yeux, sans pouvoir dire un mot, la page se brouillant peu à peu devant lui. Hermione posa une main sur son genou. Il lui sourit timidement. "J'aurais aimé lire ça la première nuit dans les quartiers de Voldemort, votre objectif de me redonner espoir aurait été atteint sans problème. Merci," rajouta-t-il, "j'imagine que tu étais le porte-parole en question?"
Hermione sourit largement, "À vrai dire, non, ce n'était pas moi." Harry cligna de nouveau des yeux, et ils se tournèrent tous deux vers Ron, dont le visage prit une couleur cramoisie.
Son regard fixé intensément sur les couvertures, il leur murmura, "J'vous ai dit que j'avais pas arrêté de chialer," mais un sourire pointait dans sa voix et sur ses lèvres.
Mme Weasley lui pinça affectueusement la joue. "Et tu n'étais pas le seul. Il y avait Ron, Hermione, Ginny - bref, toute la famille -, et bien sûr tes amis, Neville et Luna, et encore d'autres étudiants. Ils ont supplié et plaidé pendant quatre jours entiers avant que nous ne les amenions directement à l'office de la Gazette du Sorcier."
"Nous savions que nous ne pourrions pas le signer de nos noms," rajouta Hermione, "donc nous avons voulu que ça vienne de nous tous. Même si tu ne pouvais pas le lire."
"Le pays entier était comme fou," reprit Ron. "Presque le monde entier, à vrai dire. Hagrid et Madame Maxime sont même repartis chez les géants pour leur demander s'ils savaient quelque chose - ça c'est passé à peu près comme l'année dernière, ils ont failli se faire tuer."
Harry grimaça à ces nouvelles. "Où est Hagrid d'ailleurs?"
"Depuis que tu es revenu, il est passé toutes les vingt minutes environ, mais quelque chose est arrivée à Graup, et il a dû quitter ce matin," répondit Hermione. "Il a dit qu'il passera demain dès qu'il finira son cours."
Ron acquiesça. "Hagrid et Madame Maxime ont pu récolter l'aide de plusieurs gouvernements étrangers. Le Ministre de la Magie de France a envoyé une troupe d'Aurors, les Américains en ont envoyé trois, dont une équipée de technologie moldue - comment ça s'appelle déjà, Hermione?"
"Des satellites. Des images infrarouges. Ce genre de choses. Nous pensions que même si Voldemort avait mis plein de sorts de Dissimulation sur toi, il n'aurait peut-être pas pensé à se protéger contre les méthodes moldues, qui sont d'ailleurs très sophistiquées, contrairement à l'opinion de Fudge."
"Pourquoi Rogue ne pouvait pas vous indiquer directement où était le quartier général de Voldemort?"
"Le professeur Rogue ne le sait pas," répondit Mrs Weasley. "Tu étais dans l'endroit le plus protégé de tous les repaires de Tu-Sais-Qui, et il n'est pas possible d'y Transplaner directement. Et il y a un charme de Confusion permanent afin que personne ne puisse voir ni localiser l'entrée. Les Mangemorts doivent Transplaner dans une zone spéciale puis traverser toutes sortes de tunnels. Si seulement nous avions su où tu étais exactement, nous aurions pu venir en renfort ou au moins tenter de divertir l'attention des Mangemorts. Et comme nous ne pouvions rien faire, le professeur Rogue a dû y aller seul, et c'est pour ça qu'il a dû te réveiller si vite."
Hermione frissonna. "Nous ne savions même pas si tu étais vivant pendant des semaines. C'était tellement horrible; il y avait des nuits où je ne pouvais pas dormir, et d'autres jours où je ne voulais pas me lever. Évidemment, personne ne nous disait rien sur Rogue et les Mangemorts. Un peu avant ton anniversaire, Dumbledore nous a donné plus de détails, mais au final on savait juste que tu étais prisonnier et qu'on ne pouvait rien faire."
Harry prit le journal. À son soulagement, il n'avait rien à voir avec celui que Tom Jedusor avait utilisé ; sa couverture était enluminée de pourpre et d'or, et une inscription calligraphiée indiquait à l'intérieur Hermione Granger et Ron Weasley. Mais, tout comme le journal du Serpentard, les pages étaient blanches. "J'ai enchanté le journal pour que personne d'autre que nous ne puisse l'utiliser," dit Hermione. "Tu peux lui dire de te montrer les mots et lire ce qu'on a marqué, ou alors tu lui demandes une date précise, et il t'y emmènera."
"Brillante invention, Hermione, mais je ne pense pas qu'Harry soit en état de sauter à l'intérieur de livres ensorcelés," intervint Remus ; il avait suivi la conversation silencieusement, posté juste derrière eux.
"C'est vrai," rajouta Ron. "Et puis, tu peux tout aussi bien imaginer ce qui s'est passé. Le début était horrible, et puis le reste du temps on courait partout, à la recherche d'indices, en se sentant foutrement inutiles."
"Même avec ça, vous en avez fait plus que moi," répliqua Harry. "J'ai juste dormi pendant deux mois." Mrs Weasley grimaça et mit une main sur son épaule, mais ce fut Hermione qui lui répondit.
"J'en suis heureuse, Harry. Je veux dire, j'aurais préféré que tu ne sois jamais capturé, mais quand on ne savait pas ce qui se passait, on... devenait presque fou à se demander... s'ils te torturaient à chaque seconde."
Harry frémit et décida de ne pas leur révéler ce qui s'était passé la première nuit, cela ne ferait que les bouleverser. "Ouais, au moins, je n'ai pas eu à... attendre. D'un autre côté, je ne me rappelle pas du tout le temps qui s'est écoulé. J'ai l'impression d'être encore en vacances."
"Ça ira mieux dès que tu seras en classe," affirma Remus.
"Combien de temps je dois rester ici?"
"Comment vous sentez-vous, Mr Potter?" demanda Madame Pomfresh.
"Beaucoup mieux," insista Harry. "Comme si j'avais dormi suffisamment et que je pouvais me lever. Je ne pourrais pas commencer les classes lundi comme tout le monde?" demanda-t-il avec un petit espoir.
L'infirmière fronça ses sourcils. "Ce serait presque inconsidéré, Harry. La Liqueur du Sommeil Eternel est connue pour certains de ses effets résiduels, et votre organisme est toujours faible. Vous avez besoin de repos et de calme."
"Mais tout ce que j'aurais à faire serait d'aller en classe," protesta-t-il. "Si je manque la première semaine, je vais avoir du mal à rattraper tout le travail perdu ensuite!"
Madame Pomfresh poussa Ron et Hermione hors de son chemin, inspecta les conjonctives d'Harry, prit son pouls, tout en murmurant des paroles récalcitrantes. "Voyons si vous pouvez vous lever et marcher un peu maintenant."
Impatiemment, Harry rejeta les couvertures. "Doucement, Harry," avertit Remus. "N'oublie pas que tu étais dans le coma."
Harry prit quelques grandes inspirations et s'assit sur le bord du lit, ses jambes pendant dans le vide. Plus tôt il pourrait reprendre les cours, plus vite il pourrait avancer et oublier ce qui lui était arrivé. La dernière chose qu'il souhaitait était d'arriver en classe avec une semaine de retard, ce qui lui vaudrait des regards et des chuchotements curieux de tous les élèves, et également une masse considérable de travail par la suite. Ici, il n'avait rien à faire, si ce n'est rester dans son lit et penser à Oncle Vernon et Tante Pétunia et Dudley et Sirius et cette nuit dans le repaire de Voldemort...
Résolument, il posa ses pieds sur le sol et se leva. Ron et Hermione se placèrent à côté de lui pour le cas où il tomberait, mais il ne vacilla que légèrement avant de retrouver son équilibre. Il tenta quelques pas peu assurés, puis d'autres. Ses jambes tremblotaient, mais il parvenait à rester debout, et il réussit à marcher lentement jusqu'à la porte de l'infirmerie et à revenir jusqu'à son lit. Bien sûr, il se sentait aussi stable que de la gelée lorsqu'il se planta devant Remus et Madame Pomfresh, mais il masqua sa fatigue par un grand sourire triomphant.
Madame Pomfresh fit un geste de tête sidéré. "La résistance physique des adolescents ne cessera jamais de m'ébahir, Potter. Même après avoir été enfermé dans une caverne et drogué pendant dix semaines, vous vous levez comme si de rien était, et en moins de deux vous serez déjà en train de caracoler sur l'une des bestioles d'Hagrid, le tout en à peine quelques jours."
Harry se rassit sur son lit (nonchalamment, pour qu'elle ne soupçonne rien de sa condition physique) et lui fit un sourire charmant. "Est-ce que ça veut dire que je peux quitter?"
"Je m'en lave les mains, Potter. Mais ne vous méprenez pas," elle pointa un doigt accusateur vers lui. "Ne pensez pas que vous êtes entièrement guéri juste parce que vous avez réussi à marcher vingt mètres. Comme je l'ai mentionné, la Liqueur agit parfois sur le long terme, et vous pourriez subir des épisodes inattendus d'épuisement ou de vertige. Si cela vous arrivait, allez vous allonger tout de suite. J'enverrai un mot à tous vos professeurs pour les prévenir. Et pas d'effort inconsidéré pendant au moins une semaine - est-ce bien compris?"
"Bien, M'dame," murmura Harry ; le doigt que l'infirmière continuait de brandir devant son visage le regardait d'un air accusateur.
"Quelles classes avez-vous demain?" ajouta-t-elle.
"Euh..." Avec un grand moment de confusion et d'inquiétude, Harry réalisa qu'il ne savait pas. Et qu'il n'avait pas fini ses devoirs non plus.
"Nous avons la Défense contre les Forces du Mal demain matin, et Soins aux Créatures Magiques puis Métamorphose dans l'après-midi," intervint Hermione. "Oh... on a dû choisir les classes pour toi, Harry, j'espère que tu ne nous en veux pas. Mais nous devions aller chercher tes livres, et on ne savait pas quand tu reviendrais, alors..."
Harry balaya ses explications d'un geste de main. "C'est pas grave, tant que je n'ai pas Divination, ça sera parfait." Ron ricana et répondit par la négative. "Alors, quelles sont mes matières pour cette année?"
Des papiers crissèrent et se froissèrent pendant quelques secondes, Hermione venait de se plonger dans le classeur qui contenait les articles des journaux. Elle examina la dernière page. "Je l'ai mis quelque part par là," murmura-t-elle. "Aha!" Elle lui donna la liste.
A.S.P.I.C. Défense contre les Forces du Mal (Général)
A.S.P.I.C. Herbologie
A.S.P.I.C. Potions
A.S.P.I.C. Métamorphose
A.S.P.I.C. Enchantements
Option Défense contre les Forces du Mal (Avancé) : Analyse des Situations Dangereuses et des Maléfices employés
Option Défense contre les Forces du Mal (Avancé) : Défense Spécialisée
Option Soins aux Créatures Magiques (Avancé)
Option Coopération Magique Internationale
"Woua," fit Harry appréciablement. "Très bons choix!"
"Neville, Ron et moi avons discuté avec le professeur McGonagall," dit Hermione. "Bien sûr, nous savions quels A.S.P.I.C.s tu voudrais prendre, mais les formulaires d'inscription et les listes des cours optionnels ne sont arrivés qu'avec les lettres normales à la mi-août."
Ron indiqua la fin de la liste. "Les lettres spécifiaient que les étudiants qui souhaitaient faire carrière dans l'Application de la Loi des Sorciers devraient valider la Défense Spécialisée et au moins un autre cours de Défense contre les Forces du Mal. Professeur McGonagall nous a dit que tu voulais être un Auror, alors on a choisi ces deux-là, et elle a rajouté la Coopération Magique Internationale - elle a dit que ce serait un avantage pour toi. Et on a pensé que l'Analyse des Situations Dangereuses était quelque chose dont on avait vraiment besoin."
Harry ne pouvait rien ajouter à cet argument, d'autant plus qu'une pensée très différente venait de frapper son esprit. "Même si Rogue ne dit rien à propos de... ça... il remarquera sûrement que je n'ai pas fait la dissertation demandée."
L'infirmerie vide résonna des rires de Ron et Hermione, mais derrière eux, Lupin reprit la parole, "Ne t'inquiète pas, Harry. Le professeur Dumbledore a envoyé une note aux professeurs leur demandant qu'ils te laissent un peu de temps pour finir tes devoirs - mais si tu veux être certain de ne pas avoir d'ennuis, je te conseille de commencer par celui de Potions."
Avec un petit soupir, Harry rajouta, "J'étais sur le point de le finir quand... tout est arrivé. Il doit être réduit en cendres à présent. Peut-être que par miracle j'arriverai à m'en rappeler."
Ron cessa de rire d'un seul coup et le fixa comme s'il venait de lui pousser une troisième oreille. "Le finir? Trois jours après les résultats des B.U.S.E.s?!"
"J'avais rien d'autre à faire!"
Madame Pomfresh tapa dans ses mains brusquement et annonça : "Mr Potter, puisque vous êtes déterminé à assister aux cours de demain, je vous suggère très fortement de retourner à votre dortoir et de prendre une bonne nuit de repos. Vous en aurez besoin. Maintenant filez tous d'ici!"
A suivre...
Prochain épisode: Harry débute les classes - et selon les prédictions de Madame Pomfresh, se fatigue bien trop vite à son goût. Ou bien quelqu'un d'autre serait-il impliqué derrière l'état physique d'Harry... Mais tout cela n'est que plaisanteries en regard de la nouvelle mascotte dénichée par Hagrid, de rencontres bienvenues avec les Serpentards, et d'un cynisme débordant bien entendu. Tout cela et encore plus dans le Chapitre Cinq: Deux pas en avant, une chute sur le plancher
PLEASE don't forget to review!!! (j'ai besoin de traduire?!!)
Note de la Traductrice: Tadam! Voilà, 8000 mots et des poussières d'étoiles, mon clavier n'en peut plus de se faire autant frapper! Prochain chapitre dans deux semaines environ (il sera tout aussi long!) et je publierai demain le chapitre 7 de "Plus Jamais Seul". Merci à mes fidèles Revieweurs, vous lire me redonne de l'élan à chaque fois!
Thealie, Thamril: voilà la suite pour vous! Alors Thealie, que penses-tu de Severus maintenant?!
Ilys: tu vas être contente (et moi aussi puisque je n'aurais pas à subir une certaine IdF), il n'y a PAS de cliffhanger dans ce chapitre! À moins que tu considères les devoirs que donne Rogue comme dignes d'un scénario digne de JKR! Enfin, ça ne va pas durer... (petit rire evil!) Tes reviews sont toujours attendus avec la plus grande impatience!
Elaur, Abel: vous m'avez fait rougir de plaisir!! merci énormément de vos petits mots, et j'espère que ce chapitre vous aura tout autant plu!
Zabou: bien vu!
Le
Saut de l'Ange: il n'y a pas de doute, la potion que Rogue lui a
donnée était bien la vraie, à ce moment il
n'aurait pas pu se permettre de se trahir. Mais en lisant
attentivement (ce que je n'avais pas fait la première fois je
l'avoue!) il y a d'autres petits indices (style quand il tombe et
fait trébucher la moitié des Mangemorts derrière
lui, je doute fortement que le sort d'Harry y soit pour
quelque chose.)
Alors
pour tes questions, la première a déjà eu sa
réponse, Hermione est bien là! Et oui, elle aura un
rôle conséquent dans l'histoire, mais partagera la scène
avec d'autres personnages néanmoins (un peu comme dans l'Ordre
du Phénix)
Au
fait, fais gaffe car les chapitres ne vont pas aller en se
raccourcissant et ton imprimante pourrait bien en souffrir! Mais
c'est vrai qu'ils ne battront jamais la taille de ceux de "HP et
le Pouvoir du Temps" (Ross a déjà sorti un
chapitre de 40000 mots, l'inconscient, après ça, nous
autres fans ne pouvions qu'en redemander!)
