Harry Potter, une nouvelle étape avant…
Note de l'auteur : Salut, tout le monde ! Je suis vraiment heureuse de commencer une nouvelle histoire, je promets à ceux qui suivent « Harry Potter et les pouvoirs de la destinée » et « Ainsi va la vie » de continuer ces fictions-là très vite mais j'avais besoin d'un peu de renouveau.
A ceux qui m'ont mis dans leurs listes d'auteurs favoris, je tenais à leur dire que j'étais très honorée du geste.
J'adopte une nouvelle stratégie d'écriture, des chapitres longs plus détaillés, à vous de me dire ce que vous préférez.
Il faut que je vous explique comment tout cela va fonctionner. Le principe est simple, certains auteurs utilisent cette technique dans leur roman, chaque chapitre est vu à travers les yeux d'un des personnages de l'histoire. Cela permet de voir l'histoire sous différents angles et de comprendre quiproquo, intrigues d'un regard nouveau. Le lecteur n'avance donc plus à travers un seul personnage mais à travers tous, cette omnipotence m'amène à considérer les rôles de chacun et de donner une importance à tous. Souhaitez moi bonne chance.
Pour tous les petits nouveaux et les petits curieux, j'espère que cette fiction vous plaira.
Bisous à tous,
Caldys
Droit d'auteur de J.K.Rowling et de la Warner Bros : Je tiens à rappeler que tous les personnages et le monde qui les entourent appartiennent aux possesseurs (cf. ci-dessus).
Chapitre 1 : Tout change (Harry Potter)
Le hêtre qui ornait l'entrée du n°4 à Privet Drive avait pris ses couleurs d'été, un vert vif, un vert anglais. Ce vieil arbre avait vu tant d'années s'écoulaient sous ses branches qu'il semblait faire parti de l'histoire, observateur discret. Juillet de l'année passée avait été dur pour lui, la canicule l'avait affaibli mais il n'était pas encore à court de ressources. Ce matin-là, une légère brise agitait ses feuilles en un doux bruissement, signe annonciateur d'une journée agréable et aérée.
Little Whinging vivait pleinement les vacances d'été et déjà beaucoup de ses habitants étaient partis en vacances, certains pour la France ou des pays scandinaves, d'autres vers des destinations plus lointaines et plus exotiques.
Ce dimanche, le comté du Surrey, plus accueillant que jamais, décida les derniers habitants à partir en promenade dans ses campagnes accueillantes. Les Dursley avaient fait parti de ceux-là. Néanmoins, il n'était nullement question de pique-niquer, la tante Marge les avait invité dans son pavillon de campagne avec ses quelques chiens, selon ses dires, ce qui correspondait à une trentaine de bulldogs. Dudley se plaignit du fait qu'il allait manquer plusieurs de ses émissions de télévision préférées mais la question fut vite résolue lorsque M. Vernon Dursley informa son fils que sa tante avait elle aussi une télévision et qu'en patientant durant le trajet, il pourrait jouer avec sa nouvelle Gameboy.
Un jeune homme, Harry Potter, habitait lui aussi avec les Dursley, mais seulement durant les mois d'été et bien sûr, il n'avait pas été une fois de plus le bienvenu cette année. Il n'accompagnerait pas les Dursley ce dimanche-là. En premier lieu, parce qu'il n'avait pas été invité et en deuxième lieu, parce que même si il l'avait été, il n'y serait pas allé. Ses relations avec la sœur de son oncle Vernon étaient pires que celles qu'il entretenait avec les Dursley eux-mêmes. Ces derniers avaient légèrement changé, du moins, surtout sa tante Pétunia, non pas dans son comportement vis-à-vis de son neveu mais dans ses regards, ceux-ci étaient pleins de questions et de peur. Harry se doutait qu'elle avait été mise au courant de sa difficile année. Cependant, il n'avait pas abordé le sujet avec elle et s'évertuait dans tous les cas à avoir le mois de contacts possibles avec les membres de sa famille. Sa véritable seule famille, ses parents et Sirius, il les avait tous perdu.
Une clef tourna dans la serrure le sortant de ses pensées. Les Dursley s'en allait. Harry attendit quelques secondes avant d'entendre le moteur de la voiture des Dursley démarrer. Puis le bruit s'éloigna.
Le silence s'installa, pesant. Depuis le début des vacances, trois semaines plus tôt, les Dursley s'étaient débrouillés pour toujours lui trouver quelque chose à faire : jardinage, ménage, bricolage… A croire que sa tante avait vraiment eu de très longues directives comme quoi on ne devait jamais le laisser à rien faire. Quand il avait fini ses tâches quotidiennes, l'été lui permettait encore de profiter de sa journée. Il n'avait plus le droit de quitter la maison sous-prétexte qu'il allait gêné les voisins et faire honte aux Dursley mais Harry savait concrètement que l'Ordre ne voulait pas qu'il sorte de la maison pour ne pas perdre la protection de sa tante.
Les quinze premiers jours avaient été très durs. En quittant Poudlard, Harry n'avait pas encore totalement réalisé la perte de Sirius. Après de longues heures à broyer du noir, il avait réfléchi : le silence de Dumbledore, son non-respect des leçons d'occlumencie, son silence, le silence de l'Ordre, Ombrage et le ministère… C'était sa faute et la faute de tous les autres aussi. Les épreuves qu'il avait subies cette année, Harry savait que ni le temps ni l'occupation ne pouvaient lui faire oublier, certaines choses ne doivent pas être oubliées et le jeune homme savait que la nuit du ministère ne pouvait l'être. La mort de Sirius était irréparable, il ne l'accepterait jamais totalement comme il n'avait jamais accepté sa condition d'orphelin. La vie était dure avec lui mais la prophétie devait se terminer un jour dans le bon ou le mauvais sens mais un jour, il aurait droit de vivre comme il l'entendait. Harry avait reçu des lettres de ses amis qu'ils lui envoyaient soit en cachette soit publiquement en ayant convaincu l'Ordre, ce qui semblait presque impossible à Harry ; ces lettres lui faisaient chaud au cœur car il savait qu'il ne lui restait comme substitue de famille que eux. Il avait donc fini par vivre avec la mort de son parrain, pas tout seul, mais grâce à un des meilleurs amis de ses parents, Rémus Lupin, son ancien professeur de défense contre les forces du mal, qui partageant la même peine que Harry avait su trouver les mots justes pour le réconforter et le déculpabiliser.
Rangeant nerveusement le petit déjeuner, Harry fustigeait contre la diète draconienne que l'on lui imposait et qui était sensé soutenir Dudley dans son effort de régime. L'infirmière du collège de Dudley avait tiré la sonnette d'alarme. Le « léger enveloppement » de son fils, comme le disait la tante Pétunia qui s'indignait, n'avait rien avoir avec la soi-disant obésité, très exagérée selon elle, de son Dudlinouchet de 236 livres soit près de 118 kilogrammes pour 1m61. Outre les problèmes de santé, Dudley n'avait plus d'uniforme scolaire pour sa « carrure » comme disait sa mère qui s'efforçait de faire reprendre à grands frais, cols et emmanchures par une couturière. Le nouveau régime de Dudley était donc suivi par toute la famille, tout le monde perdait du poids sauf le principal concerné qui s'empiffrait en secret chez ses amis.
La liste des tâches de ce dimanche se balançait au bout d'un des crochets où l'on pendait habituellement les clefs près de la porte d'entrée. S'asseyant sur les marches de l'escalier pour la lire, le jeune homme vit que pour une fois sa liste était plus courte et Harry remarqua que son oncle n'avait sûrement pas dû avoir le temps de tout noter car des points étaient encore vide. Ranger le petit déjeuner, tailler la haie de thuyas derrière la maison.
S'y mettant d'arrache-pied pour terminer au plus tôt et profiter de la maison calme tant que les Dursley seraient absents, Harry s'attela à la tâche comme tout bon moldu à coup de ciseaux coupe haies. Les jeunes pousses du printemps avaient donné à la haie un air désorganisé contraire à l'habituelle rectitude des Dursley. Harry avait appris que la Grunning, l'entreprise de perceuses de son oncle avait eu des ennuis financiers et le jeune homme se douta que son oncle n'ait pas eu beaucoup de temps pour s'amuser à tailler la haie. Harry n'aurait pas parlé d'amusement mais n'ayant pas le droit de sortir de chez les Dursley, se trouver dans le jardin était déjà pour lui d'une grande joie. Il s'était posé la question de savoir jusqu'où la protection de sa tante avait de l'impact mais il avait délibérément oublié la question pour ne pas être tenter par l'extérieur. Assez de personnes avaient failli mourir ou étaient mortes au ministère sans qu'il en mette de nouvelles en danger.
Deux heures et demi plus tard, la haie avait repris sa taille habituelle, Harry trouva qu'elle avait perdu de son charme. Sa désorganisation précédente lui avait rappelé celle des haies du Terrier. Aurait-il la chance de repasser quelques jours au Terrier ? Il avait envié la chance de Ron, de ses frères et de sa sœur, les Weasley avait été pour lui le modèle de la famille sorcière par excellence, l'enfance et la famille qu'il aurait aimé avoir. La mère de Ron, Molly Weasley, l'avait dès le départ considéré comme son propre fils et cela avait énormément touché Harry. Mais ce modèle avait montré l'année passé ses limites avec le schisme opéré par Percy avec sa famille. Maintenant que le retour de Voldemort avait été rendu public, Harry se dit que la situation de ce dernier ne devait pas être très confortable, qu'avait-il fait ? S'était-il rapproché de sa famille ou s'était-il entêté dans son erreur ? Harry se dit qu'il faudrait qu'il pose la question à Ron la prochaine fois qu'il lui écrirait.
Le repas du midi fut plus copieux que d'habitude. Aux légumes bouillis et aux viandes maigres se succédaient ce déjeuner-là une grande part de gratin de pommes de terre et une large tranche de beefsteak. Pétunia, sa tante, avait fait preuve de beaucoup de générosité et Harry ne se fit pas prier deux fois, décidant tout de même de remercier chaleureusement sa tante à son retour. Il se fit cuire la viande alors que le gratin se réchauffait dans le four à micro-ondes. Mangeant pour une fois sur la terrasse, il fut heureux du silence qui l'environnait et se dit qu'il n'était pas si malheureux. Les oiseaux lui tenaient compagnies et la douce brise du matin qui persistait s'infiltrait dans les affaires trop grandes de Dudley et lui donnait l'impression de flotter. L'année passée, il avait eu du mal à supporter sa mise à l'écart, son isolement. L'année qui venait de s'écouler lui avait apporté la maturité et sa crise d'adolescence était enfin finie. La solitude et le manque d'informations par rapport à l'Ordre lui apparaissaient maintenant comme un répit dans une destinée tout tracée par la prophétie. Harry s'était fait livrer des livres via Fleury Bott sur le Chemin de Traverse dont un sur les prophéties. Ainsi avait-il pu apprendre qu'aucune des prophéties qui avaient été un jour faites ne s'étaient jamais avérées fausses ou inexactes, cela l'avait rassuré et en même temps effrayé car la prophétie était déjà très avancée et ce serait seulement entre Voldemort et lui. Dans le combat final, personne ne devrait mourir mis à part Voldemort ou lui. Cette pensée était morbide mais soulageante, il ne voulait pas que ses amis souffrent, plus que ce que déjà ils avaient pu souffrir à cause de lui.
Depuis le début de l'été, il n'avait même pas pris la peine de chercher à savoir qui était de garde pour le surveiller. Il se disait qu'il vivait sa vie et qu'il continuerait à faire ainsi jusqu'à la fin de l'été s'il le fallait. Il se faisait livrer quotidiennement la Gazette du Sorcier qui lui avait adressé un grand message d'excuse en une, lui présentant ses sincères respects et l'espoir d'un pardon de la part de Harry. Le ministère semblait avoir perdu de l'emprise sur le journal qui avait changé d'éditeur en chef. Le quotidien avait changé de politique et s'avérait être plus neutre.
La psychose regagnait une population qui s'est sentie bafouée par un gouvernement qui n'a pas su écouter Dumbledore et Harry Potter. Albus Dumbledore, actuel directeur du collège de sorcellerie et de magie Poudlard, avait reconquis ses titres honorifiques et son prestige de grand sorcier. Le ministre de la magie, Cornélius Fudge, était montré du doigt alors que celui-ci ne voulait pas céder son poste. Les plaintes s'accumulaient et le ministère se retrouva en moins de deux mois comme seize ans auparavant lorsque Voldemort était au sommet de sa puissance avant que Harry ne le batte une première fois. Les apparitions et les attaques de Voldemort se faisaient de plus en plus nombreuses. Sorciers et sorcières voyaient des mangemorts et des traîtres à chaque coin de rue et tout le monde se remettait à suspecter tout le monde. Les années de bonheur et d'espérance en l'avenir étaient finies, tout était redevenu chaotique. Une photo avait marqué Harry dans la Gazette du Sorcier, elle montrait le Chemin de Traverse moitié moins plein que d'habitude. Pour les pessimistes, le Chemin de Traverse était à moitié vide. L'un des cœurs de la magie anglaise se retrouvait boudé par les consommateurs de peur d'attaques de mangemorts. L'actualité de ces dernières semaines était telle que Harry se l'était imaginé toute l'année passée alors qu'il espérait que la communauté magique reconnaîtrait le retour de Voldemort : pleine de peurs, de douleurs et des morts.
Malgré la petite brise, la terrasse était maintenant au soleil et Harry qui somnolait se dit qu'il ferait mieux de rentrer et de nettoyer les restes de son déjeuner. Cela lui faisait assez drôle de faire le ménage chez les Dursley, toute l'année à Poudlard, les elfes de maison s'occupaient de cela. Les Dursley l'avaient mis dès ses plus jeunes années à contribution pour les tâches ménagères dans cette maison où il n'était jamais arrivé à se sentir chez lui. Mais vu que cet été, il ne pouvait pas sortir, il restait la plupart du temps dans sa pseudo chambre qui restait encore et toujours, le vide bazar en tout genre de son cousin. Début juillet, Harry avait entassé les affaires de Dudley dans un coin de sa chambre et s'était mis à la décorer. Son oncle avait râlé mais sa tante lui avait donné l'autorisation. Finalement, la vieille tapisserie se retrouvait couverte de photos et d'effigies aux couleurs de l'équipe de quidditch de Gryffondor. Rouge et or, sa chambre était beaucoup plus gaie et il aimait y rester enfermé à travailler sur les manuels des années passées ou à rêvasser contrairement aux années passées où il préférait fuir la maison toute entière.
La maison était entièrement à lui pour la journée. Les Dursley avait essayé de contacter Mme Figg mais celle-ci ne semblait pas être chez elle. Malgré la réticence de son oncle, celui-ci dû se rendre à l'évidence : son neveu devait rester dans la maison, seul. Harry ne se fit pas prier lorsqu'il apprit qu'ils devaient partir ce dimanche-là chez la tante Marge et montra patte blanche à tous les ordres et les interdictions que son oncle et sa tante lui intimèrent. Il était seul dans la maison des Dursley.
Harry qui n'avait plus rien à faire de l'après-midi fit un tour de chaque pièce. C'était la première fois qu'il faisait une telle inspection de la maison de son oncle et de sa tante. Les années précédentes lorsqu'il avait pu se retrouver seul dans la maison, les Dursley l'avait enfermé dans sa chambre mais Harry, cette année, était libre d'aller où il voulait dans la maison et il se disait que c'était sûrement grâce à la menace proférée par l'Ordre à l'encontre de Vernon sur le quai de la gare en revenant de Poudlard. Harry se dit qu'il faudrait qu'il pense à les remercier la prochaine fois qu'il les verrait. C'est vrai que la perspective de passer sa journée enfermée dans sa chambre ne lui aurait guère plu.
N'osant pas entrer dans la chambre de son oncle et de sa tante, Harry n'eut pas autant de scrupule lorsqu'il se retrouva devant la chambre de Dudley. Son cousin avait une chambre dans une pagaille monstre, son nouvel ordinateur portable trônait fièrement sur son bureau qui croulait sous des tonnes de papiers en tout genre, du simple papier de chewing-gum à la vieille place de cinéma. Dans un angle de la chambre qui, soit dit en passant, était la plus grande de la maison, se trouvait un punching-ball et de part et d'autres de nombreuses médailles décoraient les murs. Harry ne savait pas que son cousin avait autant progressé en boxe mais d'un autre côté, il n'en doutait pas, sa mâchoire se souvenant encore du terrible coup droit que Dudley lui avait mis alors qu'il croyait que c'était Harry qui l'attaquait au début de l'attaque des détraqueurs l'été dernier. Le petit tour de la maison étant terminé, Harry retourna dans sa chambre.
Ce matin, Harry avait permis à Hedwige de sortir de sa cage. Le lien entre Harry et Hedwige se resserrait d'année en année et la chouette était très performante, n'ayant jamais perdu une de ses lettres qu'il en soit l'expéditeur ou le destinataire. Le jeune homme ouvrit sa fenêtre pour capter un peu de la brise dans sa chambre et se pencha pour scruter le ciel et les alentours dans l'espoir d'y trouver une tache blanche révélatrice de l'arrivée imminente de Hedwige. Alors qu'il s'adonnait à cette observation méticuleuse, Harry remarqua un chat dans l'hêtre qui trônait dans l'entrée du jardin.
Un chat tigré était installé à la plus grande fourche. Ce chat, Harry avait l'impression de le connaître. Puis leurs regards se croisèrent. Harry descendit les escaliers, passa par la porte de la cuisine, car son oncle avait fermé celle d'entrée, contourna la maison et se mit au pied de l'arbre. Le chat était toujours posté dans l'arbre et le regardait. Le jeune homme eut du mal à grimper dans l'hêtre. Par chance, le vieil arbre possédait tout de même quelques bonnes prises telles que les boursouflures des branches coupées et celles des champignons qu'il avait connus. Les jambes dans le vide, Harry était maintenant assis sur la branche à côté du chat. Ce dernier avait une caractéristique peu commune pour un félin : autour de ses yeux, son pelage dessinait la forme d'une paire de lunettes. De près, Harry était maintenant sûr qu'il connaissait l'animal ou plutôt l'animagus.
« Bonjour, professeur MacGonagall. »
Harry se rappelait maintenant qu'il avait vu son professeur sous cette forme-là au cours de sa première année. Pendant que Harry se remémorait ce souvenir, Minerva MacGonagall reprit forme humaine et lui sourit.
« Bonjour, Harry, comment vas-tu ? »
Son professeur semblait assez surprise que Harry l'ait reconnu.
« C'est donc vous qui êtes de garde aujourd'hui ? »
Le ton badin de Harry avait aussi étonné Minerva, elle s'était attendue au Harry froid de l'année passée. Mais en face d'elle, se trouvait un Harry en pleine santé et souriant quoique un peu amaigri. Elle s'était portée volontaire à la dernière réunion de l'Ordre pour le surveiller ce jour-là. D'habitude, l'Ordre se débrouille pour envoyer quelqu'un que Harry ne connaît pas à sa surveillance afin que celui-ci ne se sente pas oppressé. Mais cette fois-ci, seule MacGonagall n'avait rien d'autre à faire que de passer sa journée à surveiller Harry et d'assurer l'alerte lors d'une éventuelle attaque de mangemorts à son domicile. Mais Voldemort n'avait toujours pas envoyé de mangemorts depuis début juillet et selon les dires de Dumbledore, le mage noir ne savait toujours pas où Harry se trouvait.
Harry savait l'effet surprenant qu'il venait de provoquer sur MacGonagall en s'installant avec elle pour parler. Ses propres amis semblaient penser comme MacGonagall, Harry avait remarqué qu'ils avaient l'air de faire en sorte de ne pas le brusquer ou le mécontenter à travers leurs lettres. Intérieurement, il les remerciait de leur attention à son égard.
« Oui, oui, » répondit-elle vaguement.
« Comment se porte l'Ordre ? »
Harry, même s'il n'avait pas insisté pour prendre des nouvelles des actions de l'Ordre, aurait aimé qu'on le tienne au courant de ce qui se passait. Dumbledore le lui avait promis, il lui avait dit qu'il le tiendrait dorénavant au courant mais il ne l'avait pas fait. Alors qu'il pensait à cela, MacGonagall prit la parole :
« Ce n'est pas très sérieux de parler de cela, ici. On pourrait nous entendre. »
« Vous n'avez qu'à lancer un Vox Secretus. »
Ce sort ne figurait sur aucun des manuels scolaires de Poudlard. Harry l'avait appris sans toutefois l'avoir expérimenté car il était encore sous le décret de restriction de la magie chez les mineurs. Il l'avait appris dans l'un des livres qu'il avait commandé de chez Fleury Bott. Sachant qu'un jour ou l'autre, il devrait affronter le mage noir, Harry s'était dit qu'il devait commencer sérieusement à se préparer pour la bataille finale ou contre les éventuels mangemorts qu'il pourrait rencontrer. Une partie de chaque nuit, et ce depuis le début des vacances, Harry les apprenait et se les répétait. Tous n'étaient pas des sorts d'attaque et de défense, le Vox Secretus n'était pas un sort de duel mais pouvait s'avérer très utile. MacGonagall regardait fixement ce nouvel Harry, stupéfaite qu'il connaisse ce sort qu'elle avait appris mais qu'elle avait enfoui dans sa mémoire. Prenant les devants, elle sortit sa baguette et prononça le sort. Une bulle argenté apparut autour d'eux puis s'évanouit, le sort fonctionnait.
« Vous pouvez tout me dire maintenant, professeur. »
« Oui, c'est vrai. Avant de venir, Dumbledore m'a informé de la petite discussion que vous aviez eu après l'attaque du ministère… je peux donc te dire tout ce que tu aimerais savoir. »
Harry au fond ne savait même pas pourquoi il avait posé cette question. Il avait envie de rester avec MacGonagall dans cet arbre. Ca lui faisait du bien de voir un visage ami. Il ne ressentait pas un manque comme l'année passée mais voir son professeur lui amenait une distraction attendue dans des vacances monotones.
« Tu es bien serein, Harry. »
Ces quelques paroles l'avaient fait sursauté. Il savait qu'il avait changé mais se l'entendre dire était autre chose. En cet instant, MacGonagall avait le regard perçant de Dumbledore, un de ces regards qui scrutent votre âme et qui sont la plupart du temps très dérangeant. Harry se demandait si il avait eu raison d'aller rejoindre MacGonagall sur ce hêtre, il n'avait pas tellement envie de lui raconter ses trois premières semaines de vacances et la semaine de dépression. Mais au fond, c'est lui qui avait forcé la conversation à démarrer alors il se devait de lui répondre.
Harry raconta donc en détail ses trois premières semaines de vacances. MacGonagall l'écouta en silence, sans jamais l'interrompre. Au fond, plus il lui parlait, plus il se sentait soulagé de partager ce qu'il avait vécu avec quelqu'un puis, l'année passée lui avait appris le fait qu'il ne devait pas se fermer sur lui-même. Il n'avait jamais eu ce genre de conversations avec son professeur de métamorphose. A plusieurs reprises, durant l'année passée, il avait eu de brèves conversations avec MacGonagall mais cela n'avait été que pour qu'elle lui fasse des remontrances et qu'elle lui donne des conseils.
Puis après, ils parlèrent de l'Ordre et de ses amis. Harry apprit que Ron et Hermione étaient déjà ensemble au quartier général, dans l'ancienne demeure des Black… que l'Ordre n'arrivait pas à cerner les intentions de Voldemort à part bien sûr celle de le tuer. Lorsqu'elle avait prononcé ces derniers mots, Harry avait décelé un trémolo dans sa voix. La conversation continua sur divers sujets et l'après-midi était très avancé quand Harry réalisa qu'il ne valait mieux pas que les Dursley le surprennent avec son professeur. Alors à grand regret, Harry mit fin à la conversation qu'il avait avec MacGonagall qui lui avoua ne pas avoir vu le temps passé.
Harry rentra à nouveau dans la maison, s'allongea sur lit. Ce qu'il avait appris ne le rassurait guère. MacGonagall l'avait informé du fait que Rogue était retourné de nouveau espionné près de Voldemort mais que ce dernier se doutait déjà qu'un traître était parmi ses mangemorts. Harry n'avait jamais porté dans son cœur Rogue mais le danger qu'encourait son professeur de potions ne lui plaisait pas et lui rajoutait des soucis, il ne voulait plus que des gens meurent. Néanmoins, une nouvelle guerre venait de commencer. La guerre dans son essence même était porteuse de mort et Harry le savait. L'avantage d'avoir Rogue comme espion dans le camp de Voldemort était crucial par ce biais, l'Ordre avait confirmé le fait que Voldemort ne connaissait pas la prophétie. Par ailleurs, Minerva avait rassuré Harry en lui disant que très peu de personnes étaient au courant de la prophétie, seul Dumbledore, Lupin, elle et lui la connaissaient. Harry se demandait depuis le début des vacances si il devait en parler avec ses amis. Ce n'était pas un problème de confiance parce qu'il avait une confiance absolue en Ron et Hermione mais il connaissait qu'elle serait leur réaction : Hermione allait avoir les larmes aux yeux et se pencherait des centaines d'heures dans des livres de la bibliothèque alors que Ron ne saurait comment réagir et adopterait un comportement gêné. Mais d'un autre côté, Harry se disait qu'il leur devait la vérité, ses deux amis l'avaient accompagné au ministère et avaient risqué leurs vies pour cette prophétie. Ce problème le travaillait. Il réfléchissait à cela depuis un moment quand le bruit du moteur des Dursley se fit entendre.
Finie la tranquillité, se dit Harry.
Il rouvrit les yeux et se rendit compte que le soleil était très bas dans le ciel, il avait beaucoup réfléchi et une fois de plus, il n'avait pas vu le temps passer.
« Harry, descends, » gronda la voix de l'oncle Vernon.
Le jeune homme s'exécuta prestement, il savait que son oncle voulait vérifier en sa compagnie si le travail qu'il lui avait laissé avait été fait. Cela faisait maintenant trois semaines que ses inspections quotidiennes avaient lieu, Harry s'en était accommodé. Son oncle Vernon trouvait presque à chaque fois un défaut mais Harry ignorait ses réflexions.
Arrivant au bas de l'escalier, Harry faillit exploser de rire, son oncle et son cousin avaient tellement profité du soleil qu'ils étaient tous deux maintenant d'une agréable teinte écrevisse. La tante Pétunia, elle avait dû porter un chapeau car elle ne semblait pas être affecté par la rougeur de son mari et de fils. Elle enjoignit rapidement ce dernier à la suivre dans le salon où Harry vit avant qu'il ne suive son oncle qu'elle tentait de lui passer de la crème pour calmer la chaleur du cou de soleil.
En rentrant dans la cuisine, l'oncle Vernon ne trouva rien à redire, la vaisselle était faite et rangée et la cuisine était impeccable. Puis il franchit la porte qui menait au jardin, la haie était relativement bien taillée mieux que celles des voisins environnant dans tous les cas mais son oncle arriva tout de même à s'énerver sur le fait que Harry ne l'avait pas assez taillé et qu'il aurait fallu la tailler un peu plus. Harry se proposa de la retailler demain mais sa proposition ne fut pas retenue par son oncle qui faussement énervé retournait déjà près de sa femme. Le jeune homme appréciait lorsque son oncle n'insistait pas, il lui était difficile de courber le cou à chaque réflexion mais il ne savait jamais combien de temps il pouvait tenir avant de s'énerver et de répondre à un Vernon Dursley qui n'attendait que ça.
Lorsque Harry retraversa la maison pour retourner dans sa chambre, il passa devant le dressing qui se situait juste avant sa chambre qui, elle, était tout au fond du couloir. Il y croisa sa tante.
« Je voulais vous remercier, ma tante, pour le déjeuner, » dit Harry.
Pétunia sembla surprise puis elle lui fit un grand sourire. Elle semblait écouter pour voir si personne d'autre que Harry pourrait l'entendre.
« Ne me vouvoie pas, Harry. Nous ne devrions pas t'imposer ce régime et ces travaux dans la maison mais Vernon insiste. Seulement… seulement, il n'a pas lu la dernière lettre de Dumbledore et… oh… »
Un sanglot éclata dans sa voix. Harry fut choqué, il ne s'était pas du tout attendu à cette réaction de la part de sa tante. Celle-ci s'avança et le prit dans ses bras. Harry était pétrifié.
Ce n'est pas ma tante, ce n'est pas possible, répétait en boucle son cerveau.
Cette soudaine tendresse ne dura que quelques secondes qui se traduisirent par une éternité pour Harry. Puis sa tante se retourna, rangeant de nouveau les vêtements dans le dressing.
« Je n'aime toujours pas toute cette magie que tu possèdes et que possédaient ma sœur et son époux mais un jeune homme de ton âge ne devrait pas être confronté à ce genre de choses… »
Harry savait que la discussion était close. Il retourna dans sa chambre où il vit que Hedwige était revenu accompagné par un petit hibou que Harry connaissait bien et qui n'était personne d'autre que Coquecigrue, le hibou de Ron. Les propos de sa tante et sa réaction restaient gravés dans son esprit mais alors qu'il voulait réfléchir sur leurs portées, sa curiosité l'emporta et il s'évertua à attraper le petit hibou excité et à prendre le petit parchemin qu'il portait à sa patte.
Cher Harry,
MacGonagall vient juste de rentrer au quartier général et elle nous a dit que tu allais très bien. Est-ce vrai ? Les moldus ne sont pas trop durs avec toi au moins ? Pour notre part, le quartier général est toujours aussi sombre et triste mais avec Hermione nous essayons de lui redonner des couleurs. Kreatur est toujours au milieu de nos pieds et Dumbledore l'a obligé à rester attaché au quartier général. Tu nous manques, nous sommes en train de marchander ta venue avec l'Ordre car ils ne vont tout de même pas te faire passer tout l'été là-bas !
Les parents de Hermione ont été mis à l'abri car Tu-sais-qui pourrait leur en vouloir. Sinon les jumeaux viennent de rentrer dans l'Ordre et leur magasin sur le chemin de Traverse est un grand succès même si l'affluence de la rue est moindre. (Au fait, j'espère que tu as remarqué que ce n'est pas vraiment moi qui écrit ces phrases, Mademoiselle-je-sais-tout me dicte les phrases à écrire et elle vient de me frapper en voyant ça). Elle me dit de te dire qu'elle pense très fort à toi et que pour finir la phrase précédente, ma mère commence à accepter le magasin des jumeaux.
Pour ce qui est de la question que tu as posé à MacGonagall sur Percy, je te dirais juste que papa et maman font un remake de l'enfant prodigue mais mes frères, ma sœur et moi-même ne sommes pas près de lui pardonner ce qu'il a fait. Il habite toujours seul à Londres, travaille toujours pour le ministère et il ne s'est toujours pas pardonné pour ce qu'il a dit sur toi ! Hermione me dit de me calmer mais ça m'énerve !
En plus, Coq vole partout, ce maudit hibou, il va falloir que je le dresse un jour.
Sinon, Ginny te passe le bonjour, tous les Weasley en fait et ma mère te rappelle d'être prudent (je rigole, tu dois te dire qu'on te le dit tout le temps).
Hermione me redit de te dire qu'on t'attend, on t'espère sous peu avec nous, et on croise les doigts pour que tu survives sans nous d'ici-là,
Amicalement,
Ron et Hermione
PS : Hagrid nous a apporté des gâteaux la dernière fois (immangeables), Olympe était avec lui, il y a plus qu'anguille sous roche je crois et Hermione aussi.
Harry se réjouissait de la lettre de ses deux meilleurs amis, ils avaient l'air de bien s'amuser et Harry se demandait si Ron et Hermione franchiraient un jour le pas. Tout le monde avait du remarquer l'attirance qu'ils avaient l'un pour l'autre sauf les deux intéressés. Le jeune homme avait hâte de revoir les Weasley, il avait plein de choses à demander aux jumeaux sur leur boutique, à Ron, à Hermione et il avait envie de revoir Ginny. Pourquoi avait-il envie de revoir Ginny ? A vrai dire, Harry ne le savait pas mais via l'Armée de Dumbledore, l'année précédente lui avait permis de mieux la connaître et elle s'était avérée être quelqu'un derrière l'étiquette de « petite sœur de Ron ». Harry l'avait pendant de longues années ignorées, elle n'était que la cadette des Weasley mais l'année passée l'avait révélé sous un nouveau jour comme une jeune fille pleine de vie et de convictions qui cherchait à faire ses preuves dans une famille d'hommes où elle devait prendre sa place. Harry l'admirait pour cela, il ne sait pas comment il serait arrivé à trouver sa place en étant le dernier d'une famille nombreuse et il admirait la ténacité de la jeune fille. Il admirait de nombreuses choses chez elle mais il n'osait pas totalement se l'avouer encore. Sa courte aventure avec Cho Chang, l'attrapeuse de Serdaigle, lui avait appris que l'amour, ce n'était pas seulement une attirance physique que celle-ci en faisait partie mais qu'il y avait quelque chose de plus profond et d'indescriptible derrière. Puis au fond, il ne savait pas du tout si ce qu'il ressentait pour la petite rouquine n'était que de l'amitié ou si c'était bien plus.
Sortant de ses pensées, le jeune homme descendit prendre le dîner et se réjouit d'avoir copieusement mangé à midi car les carottes râpées accompagnées d'un jus de citron et d'un filet de limande ne caleraient pas l'estomac d'un garçon de 16 ans. Durant le repas, les échanges oraux furent quasiment absents et Harry débarrassa rapidement la table avant de monter prendre une douche.
La salle de bain des Dursley était assez grande. Un miroir prenait tout un pan de mur. En se déshabillant, Harry prit alors réellement conscience de tous les changements qui l'avaient affecté. Outre des transformations psychologiques, son corps s'était lui aussi métamorphosé depuis la fin de l'année scolaire, Harry avait grandi de quelques centimètres rendant sa silhouette plus longiligne sans tout de même lui donnait un air maigrelet car ses entraînements de quidditch avaient laissé des traces non négligeables telles qu'une belle musculature. La douche fut un réel réconfort. L'eau chaude même en été a un effet magique, elle retire du corps le poids de la journée tout en l'entourant d'un voile de volupté. Frais et dispo, Harry se rhabilla et retourna dans sa chambre où il trouva avec surprise sur son lit, un paquet avec un petit mot. Juste ces quelques mots :
Fais-en bon usage.
Harry reconnut l'écriture de sa tante, il l'ouvrit et comprit tout de suite le message lorsqu'il vit le cake aux fruits et les bonbons qui l'accompagnaient. Reprenant une vieille habitude qui datait des années antérieures, Harry souleva la latte mobile de son parquet et glissa dessous les victuailles fournies par sa tante. Ce présent lui fit revenir en mémoire, la pseudo conversation qu'il avait eu avec sa tante. Harry l'avait toujours cru mauvaise et dépourvue du moindre égard envers lui mais son comportement du jour avait prouvé le contraire. Que penser dès lors ? Harry savait qu'il n'irait pas jusqu'à aller se confier à sa tante mais cette relation moins tendue lui plaisait et présageait de bonnes vacances bien qu'il dusse les passer dans la maison des Dursley au lieu d'être avec ses amis. Encore que sur ce dernier point l'espoir subsistait car ses amis lui avaient dit être en train de faire leur possible.
