Harry Potter, une nouvelle étape avant…

Note de l'auteur : Je suis une tortionnaire née. J'ai plusieurs chapitres déjà écrit mais en fait je vais les publier tous les vendredi de chaque semaine (pour la régularité pour laquelle j'ai eu souvent quelques remontrances du style : « c'est quand tu continues à écrire ») , un par semaine ce qui sera déjà un challenge compte tenu de mes études.

J'attends de vos nouvelles via les reviews. Pour ceux qui ne se rappellent plus où se situe l'endroit où l'on écrit les reviews, c'est juste au-dessus à droite du titre de l'histoire (désolée pour le trait d'ironie mais j'aimerais quelques reviews pour me conseiller et me faire part de vos remarques qui sont la plupart du temps très judicieuses).

Côté reviews, je tiens à remercier tout particulièrement :

Amamissima, fidèle lectrice et qui m'encourage toujours aussi chaleureusement.

Eragon, qui m'a fait un compliment que je ne mérite pas.

Hermione et sandjo pour leur encouragement.

Bisous à tous,

Caldys

Droit d'auteur de J.K.Rowling et de la Warner Bros : Je tiens à rappeler que tous les personnages et le monde qui les entourent appartiennent aux possesseurs (cf. ci-dessus).

Chapitre 2 : Le temps passe inexorablement (Albus Dumbledore)

En ce soir d'été, le jour tardait à vouloir céder sa place à la nuit. Une nuit étoilée mais qui donnait tout de même au château un aspect sinistre. Ce château qui avait été bâti par les quatre fondateurs et plus grands sorciers et sorcières de tous les temps avaient vu passer les siècles voire les millénaires sans ciller. Ces quatre grands sorciers et sorcières lui avaient conféré une âme propre, des salles incongrues et une atmosphère chargée de… magie. Ceux et celles qui avaient la chance de passer ses grandes portes de chêne sentaient de suite la puissance de ce lieu et son aura de mystère. Le temps n'avait pas d'impact sur le château. Ce temps qui avait amené tant de sorciers à étudier entre ses murs.

Le temps est une arme fatale, elle ne vous laisse aucun répit. Lorsqu'il passe, l'on ne peut le devancer, ni le retarder, il est immuable et libre. Le monde magique a tenté de nombreuses fois de le garder sous son égide de le dompter mais sans succès. Le retourneur de temps, invention fabuleuse, avait permis à une élite de vaquer parmi les méandres sans fin du temps. Même si cette alternative semblait alléchante, elle n'en était pas moins dangereuse, beaucoup de grands sorciers avaient sombré dans la folie à la suite d'une erreur de temps.

Néanmoins, ce temps si fuyant ne semblait n'avoir aucun impact sur la voûte céleste et les bois de Poudlard. La nuit les englobait à présent et l'atmosphère apparaissait comme figée dans… dans le temps. Mais cette impression était fausse, les bruits du vent, de la faune mais aussi des végétaux rappelaient aux impudents que le temps passe inexorablement.

Dans une des hautes tours du château de Poudlard, un homme le savait. Il savait que ce soir en s'accordant ces cinq minutes de repos en regardant par la fenêtre partir l'hibou qui transportait la missive qu'il venait d'écrire, il savait qu'il ne les retrouverait jamais. Il savait qu'alors en pensant à cela, son observation du parc faisait déjà partie du passé, il savait déjà que son temps était révolu, il savait que son ennemi lui ne perdait pas de temps.

Albus Dumbledore est encore considéré comme le plus grand sorcier de son temps mais l'actuel directeur de Poudlard savait déjà qu'il ne l'était plus. Le temps avait fait son œuvre et l'avait vieilli. Sa belle barbe grise témoignait de sa sagesse mais aussi des années qu'il lui avait fallu pour pousser. Sensé depuis toujours, cela faisait plus d'une décennie que Dumbledore voyait son potentiel s'effritait.

Sa magie n'était plus aussi forte même si ses connaissances l'étaient, la fatigue l'emportait plus vite le soir et il ne pouvait plus tenir le rythme des années passées. Ce constat n'avait rien d'alarmant mais l'affrontement contre Voldemort dans le ministère lui en avait coûté. Le mage noir était de nouveau très puissant, Harry n'était pas encore prêt et lui-même n'en avait plus la force. Ces sombres pensées, il n'osait les confier à personne même pas à Minerva MacGonagall. Il savait qu'il aurait pu faire confiance à la directrice de la maison de Gryffondor mais le poids que cela amènerait sur les épaules de Minerva, il le connaissait si bien, qu'il ne voulait pas qu'elle soit à son tour submergée par tant de soucis.

Tout en sombrant dans ses pensées moroses, Albus Dumbledore s'était rassis à son bureau. Ce bureau que tant de directeurs et directrices avaient utilisé avant lui. Ces mêmes directeurs qui à l'instant dormaient paisiblement dans leurs portraits qui ornaient les murs de la pièce. Je serai aussi en train de dormir dans mon tableau un jour, se dit Dumbledore. Cette pièce était chargée de tant d'émotions et d'histoires… mais le directeur à ce moment-là ne voyait pas cela ainsi. Ce qu'il voyait n'était autre qu'un bureau qui croulait sous des lettres que ses émissaires de l'Ordre lui faisaient parvenir. Il voyait ce combat et cette lutte qu'il menait, il voyait Harry qu'il devait préparer à la prophétie et il voyait tous les morts que Voldemort avait faits et tous les maux qu'il ferait.

Dobby apparut alors.

« Le maître doit manger, le maître n'est pas descendu manger… »

« Oui, tu as raison, » lui répondit Dumbledore d'une voix lasse. « J'ai oublié de descendre, c'est gentil de m'avoir amené un plateau, je te promets de manger. Dobby fait moi plaisir et arrête de m'appeler maître.»

« Dobby a l'autorisation de parler avec le… vous, c'est le maî… vous qui l'aviez dit. Donc Dobby veut dire que vous soucieux. »

Pendant ce temps, l'elfe faisait le tour de la pièce. Il raviva le feu par magie et s'attela à ramasser les nombreuses feuilles de papier que Dumbledore avaient jetées par terre après les avoir déchirées. Il partit aussi dans la pièce adjacente ouvrir le lit du directeur et revint ensuite se camper devant le bureau après avoir jeté les papiers qui traînaient par terre dans la cheminée.

« Oui, tu as une fois de plus raison, Dobby. »

« A cause mauvais sorcier ? »

« Oui. »

« Dobby veut dire que vous peut avoir aide de lui et des autres elfes car elfes n'ont pas envie années du mage noir reviennent. »

« J'en prends note, merci Dobby, bonne soirée. »

L'elfe disparut aussitôt, comprenant que le directeur souhaitait rester seul à présent mais ce répit fut de courte durée car on venait de taper à la porte massive de son bureau.

Presque machinalement, Albus jeta un coup d'œil dans une étrange boule ronde de couleur lapis-lazuli. Le bureau du directeur de Poudlard était en bazar mais dès que le visiteur impromptu avait frappé à la porte, la petite sphère s'était entourée d'un halo bleuté traversant les épaisseurs qui la recouvraient. Un nom apparaissait à chaque fois que quelqu'un se présentait devant la porte massive. En l'occurrence, Albus vit que Minerva MacGonagall se tenait derrière ladite porte. Il leva sa baguette, fit un geste tant de fois répété qu'il n'y porta pas attention et la porte s'ouvrit.

Albus Dumbledore dans son humeur défaitiste de la soirée se prit à penser que la directrice des Gryffondor avait elle aussi vieillie mais il ne put daigner le fait qu'elle avait une tenue toujours aussi irréprochable et une vivacité étonnante. Il se sentait véritablement fatigué lorsque à l'instant, elle rentra, le visage radieux et le sourire aux lèvres.

« Bonsoir, Minerva, comment s'est passée ton tour de garde ? Ne devais-tu pas venir seulement demain pour me faire ton rapport ? »

« Oui, tu as raison, » dit-elle, « mais tout s'est tellement bien passé que je voulais te le dire ce soir même. »

MacGonagall lui raconta alors sa discussion avec Harry. A la fin de son exposé, Albus sourit, chose rare par les temps qui couraient. Il vit l'impact de se sourire sur sa directrice adjointe. Il savait que celle-ci voulait l'aider, le soutenir dans sa tâche mais il préféra, une nouvelle fois, ignorer cela.

Harry était sa préoccupation primordiale.

Après l'attaque du ministère, Dumbledore s'était rendu compte que les années n'épargnaient pas les erreurs. La discussion ou plutôt la dispute qu'il avait eue avec le jeune homme resterait gravée dans sa mémoire. Il s'était rendu compte qu'il ne devait pas essayer de tout garder pour lui et qu'en tant qu'élément central de la prophétie et d'une part de la destinée du monde, il aurait dû informer le jeune Potter. Puis depuis il avait réfléchi aux paroles de Harry et si c'était vraiment lui qui avait dirigé la prophétie vers Harry et non vers Neville, et si les Potter étaient morts par sa faute, et si… tout ces si qui le hantaient et qui rôdaient autour de lui tels des fantômes d'un autre âge. Perdu dans ses réflexions, il en avait oublié la présence de Minerva qui le regardait l'air soucieuse. Quelques instants après, il sortit de ses pensées par le bruit d'un grand duc qui venait de se poser sur le rebord de sa fenêtre. Il se souvint alors de la présence de MacGonagall, se tourna et tenta de réitérer un sourire mais celui-ci fut pâle et triste. Minerva le salua et il la remercia intérieurement de ne pas lui poser de questions maintenant.

Albus Dumbledore entendit la lourde porte de son bureau se refermait tandis qu'il ôtait le message de la patte de l'oiseau. Il décacheta la lettre et l'ouvrit. L'encre était d'un noir de jais et l'écriture fine et appliquée, il s'agissait d'une lettre de Rogue. Depuis maintenant plus de quinze années, le directeur et son maître de potions correspondaient après chaque meeting des mangemorts auquel se rendait Séverus Rogue. La lettre bien sûr ne pouvait être écrite dans un langage courant car dans l'éventualité où le grand duc se ferait intercepté, les enjeux seraient trop importants et auraient trop de conséquences que ce soit afin de ne pas compromettre l'anonymat de Rogue en sa qualité d'espion ou dans le but de garder secrète les actions de l'Ordre du phénix. Le message était donc codé.

K v'kddoxdsyx no Kvlec Newlvybo,

Vo wkqo xysb xo vsfbo zvec aeo voc sxpybwkdsyxc ke mywzdo qyeddo. Sv cyezmyxxo ex dbksdbo zkbws coc wkxqowybds. Sy xo cksd zkc aeo m'ocd wys csxyx to cobksd notk wybd. To fyec ox nsbksc zvec k xydbo zbymrksxo boxmyxdbo.

Kwsmkvowoxd,

Fydbo nofyeo

(Codage du Avocat (« A vaut K »)

A l'attention de Albus Dumbledore,

Le mage noir ne livre plus que les informations au compte goutte. Il soupçonne un traître parmi les mangemorts. Il ne sait pas que c'est moi sinon je serais déjà mort. Je vous en dirais plus à notre prochaine rencontre.

Amicalement,

Votre dévoué)

Voilà maintenant qu'une de leur meilleure source d'informations auprès de Voldemort allait peut-être tombée. Une chose était sûre : à la prochaine réunion de l'Ordre, il demanderait que l'on place Rogue sous protection et qu'on le démette de ses missions d'espionnage. Il ne voulait pas que le professeur des potions meure car la sanction qu'infligerait Voldemort ne pouvait être que la mort dans d'affreuses souffrances. Séverus Rogue avait déjà beaucoup contribué, il n'allait pas mettre sa vie en jeu. De toute façon, il le voyait demain au quartier général de l'Ordre du phénix. La lettre de Rogue venait de lui apporter de nouveau questionnement. Comment Voldemort avait-il pu soupçonner le double jeu de Rogue ? se demanda-t-il. Il fallait qu'il change ses plans, si l'atout Rogue tombait, il fallait trouver une nouvelle faille parmi les défenses de Voldemort, il fallait aussi qu'il se préoccupe de l'entraînement de Harry en vue de l'accomplissement de la prophétie qui était déjà beaucoup entamée…

La migraine lui battait les tempes. Il se prit la tête entre les mains, à ce moment là, un doux trémolo emplit la pièce. Fumseck était sur son perchoir et regardait dans les yeux, le directeur qui avait à présent relevé la tête. Les propriétés bienfaitrices du chant du phénix se vérifièrent une fois de plus dans le bureau du directeur.

« Merci, mon ami, » dit tendrement Albus, « tu viens de me soulager d'une migraine atroce. »

Albus Dumbledore se souvenait exactement du jour où il avait acquis l'œuf de Fumseck. Les œufs de phénix sont des choses extrêmement rares. Oiseaux éternels, leur reproduction est séculaire. A la suite de sa victoire sur le mage Grimdenval, un mystérieux donateur lui avait fait parvenir ce somptueux présent. Albus s'était occupé de l'éclosion de l'œuf et depuis, Fumseck avait été son compagnon de tous les instants.

Tentant de donner un semblant d'ordre à son bureau, le directeur tomba sur les excuses officielles du ministère de la magie à la suite de la révélation du retour de Voldemort. Après la bataille du ministère, il avait passé une heure à discuter avec Cornélius Fudge. Le ministre de la magie, penaud, l'avait écouté sans broncher. Depuis, il suivait les conseils de Dumbledore mais le ministre n'agissait toujours pas assez vite. Le temps jouait contre eux et le ministère n'accélérait pas pour autant les démarches auprès des différentes entités et communautés animales. Les géants et les vampires n'avaient toujours pas été contactés et le directeur de Poudlard ne doutait pas de leur ralliement avec le mage noir. Cette dernière réflexion le chagrina et il eut une pensée pour le géant qui habitait maintenant la forêt interdite et qui semblait être l'unique à s'être rallié à leurs côtés. L'incompétence du ministère de la magie serait une des failles du camp du bien mais Albus ne voyait plus ce qu'il pouvait faire de plus. Il avait épuisé toute sa diplomatie. Sa dernière bataille avait été de confier la garde de la prison d'Askaban à des aurors et de démettre les détraqueurs de leur ancienne fonction, cette dernière mesure étant dérisoire puisque les trois quarts avaient déjà rallié Voldemort.

Malgré la précédente action de Fumseck, Albus Dumbledore se sentit submergé par la fatigue, incapable de tenir des raisonnements constructifs dans son état. Il se dirigea non sans mal à son lit, prit un verre d'une potion pour dormir d'un sommeil sans rêve et se coucha.

Quelques heures plus tard qui lui semblèrent très courtes, l'aube le réveilla. Dans sa robe de chambre bleue nuit, il descendit dans la salle attenante à la grande salle où les quelques résidents d'été de Poudlard prenaient leur petit déjeuner. Il était seul mais quelques instants plus tard, il fut rejoint par Nick-quasi-sans-tête qui s'enquit de sa santé puis se mit à lui parler de son idée d'un club où tous les fantômes seraient acceptés sans une distinction futile d'étêté ou de presque étêté et où en tant que président, il organiserait des fêtes et des sorties. Albus l'écouta d'une oreille à moitié réveillée puis se rappela qu'il avait rendez-vous au ministère dans la matinée, il s'excusa auprès du fantôme de la maison Gryffondor et remonta dans ses appartements.

La cheminée de son bureau était connectée au réseau des cheminées. Albus Dumbledore avait revêtu une robe d'un vert profond et avait délibérément laissé sa cape d'été dans sa penderie car la journée devait être chaude. Ouvrant une petite boîte rectangulaire en acajou, le directeur de Poudlard prit une poignée de poudre de cheminette qu'il jeta dans les flammes. Ces dernières prirent une teinte vert émeraude et Albus s'engouffra dans le large âtre. Quelques secondes plus tard sa voix résonna :

« Ancienne demeure des Black, 12, square Grimmauld Place. »

Son arrivée dans le quartier général de l'Ordre se manifesta tout d'abord par un grand nuage de poussière. Non sans encombre, il sortit de la cheminée tout en époussetant ses vêtements. Les voyages via la poudre de cheminette sont toujours aussi inconfortables, une chose sur laquelle tu devrais faire lorsque tu auras du temps… pensa-t-il. Au fond de lui-même, il se demanda si, un jour réellement avant qu'il ne devienne trop vieux pour faire quoi que ce soit, il aurait du temps de nouveau à consacrer à quelques recherches. Un éclair de nostalgie passa dans son esprit alors qu'il se rappelait les heures qu'il avait passé en recherche avec Nicolas Flamel, son vieil ami ou quand tout seul, il s'était attelé à dénombrer les propriétés des cœurs de dragons. Soudain, il sortit de ses pensées se rendant compte du fait que le quartier général était très silencieux.

Quelques semaines auparavant, Rémus Lupin était enfin parvenu à décrocher le tableau représentant la mère de Sirius qui trônait dans le couloir. Ce tableau de la mère de Sirius avait mené la vie dure à tous les résidants ou invités de passage. La victoire de Lupin avait été longuement fêtée non pas dans la cuisine mais dans ce couloir où personne auparavant ne serait resté très loin sous peine de subir une pluie d'injures.

Albus Dumbledore vit quelqu'un descendre les escaliers. Rajustant ses lunettes en demi lunes, il vit qu'il s'agissait de Mme Weasley.

« Bonjour, Molly. Comment vas-tu ? Pourquoi est-ce si calme ? »

Un grand sourire traversa le visage de la femme qui marchait maintenant vers Albus.

« J'ai installé des enchantements afin que les bruits d'une pièce ne traversent plus les murs. Les jeux des enfants ou les réunions de l'Ordre faisait des fois tellement de bruit… » dit-elle dans un dernier soupir. « Il ne manquait plus que toi, nous t'attendions pour commencer la séance de l'Ordre aujourd'hui. »

Molly Weasley dépassa alors le directeur de Poudlard et prit la direction de la cuisine. Lorsqu'elle ouvrit la porte, Albus comprit ce dont Molly parlait lorsqu'elle disait qu'au moins cela avait rendu le quartier général un peu moins bruyant. Les conversations allaient bon train et Albus Dumbledore se réjouit de voir que l'Ordre était de plus en plus grand. La confirmation du retour de Voldemort avait poussé les plus courageux à rejoindre l'Ordre. Les plus courageux, en effet. Albus savait que beaucoup dans cette pièce subirait des pertes voire y laisseraient leur vie. Sirius Black avait été le premier des membres de l'Ordre à avoir pâti du retour du mage noir. Albus n'osait penser qui serait le prochain. Pendant qu'il réfléchissait à tout cela, il s'était avancé dans la pièce et le silence s'était fait. Chacun des membres présents avait regagné sa place sur l'un des deux bancs autour de la grande table de chêne qui ornait le centre de la cuisine.

Albus Dumbledore s'assit à sa place habituelle, en bout de table, où à chaque séance, il faisait apparaître le seul siège de la pièce.

« Merci mes amis, merci à vous tous d'avoir répondu une nouvelle fois présent à cette réunion. Certains ne sont pas présents car ils sont en mission ou n'ont pas pu se libérer pour se joindre à nous ce matin mais je vous prierai de penser à eux et de les soutenir comme ils vous soutiennent dans vos tâches respectives. »

Ces paroles étaient devenues rituelles, il les avait prononcé quinze ans plutôt et s'était remis à les prononcer depuis l'année passée lorsque l'Ordre du phénix s'était reconstitué par la force des évènements.

« Avant de vous laisser la parole, j'aimerai aborder un point qui me tient à cœur. Séverus Rogue, ici présent, est notre espion auprès de Voldemort et de ses mangemorts comme vous le savez tous. Ce que vous ne savez pas encore, c'est que Voldemort s'est rendu compte qu'il y avait un espion parmi les siens. Je propose que l'on démette M. Rogue de ses fonctions d'espion. »

Le silence devint pesant, tout le monde était en train de réfléchir à la mine d'informations qu'ils allaient perdre en retirant Rogue de chez les mangemorts. Le premier à oser prendre la parole fut le premier concerné par cette déclaration.

« Je m'oppose à la décision que vous voulez prendre. Lorsque j'ai changé de camp, nous avons longuement parlé des risques que j'encourais, Albus. Ce n'est pas aujourd'hui alors que mon rôle est prépondérant dans la compréhension des plans de notre ennemi que je vais partir me terrer. »

« Ce n'est pas sérieux, Séverus. Ta vie vaut plus que les informations que tu peux nous rapporter. »

Cette dernière phrase était sortie de la bouche de Mafalda Hopkins. Dumbledore acquiesça d'un signe de tête. Beaucoup autour de la table semblait être de l'avis de Mafalda et d'Albus.

Alors que Dumbledore allait demander un vote à main levée, Rémus Lupin se leva et prit la parole :

« Je sais que vos intentions à tous sont honorables mais avez-vous réfléchi à toutes les conséquences de cette décision. Tout d'abord, je tiens à vous informer du fait que notre cher Séverus est toujours parmi nous, c'est donc que Voldemort… »

Ce dernier mot provoqua un haut-le-cœur quasi général dans la pièce.

«… ne sait toujours pas que Séverus est son traître. Par ailleurs, le démettre de ses fonctions, ce serait le mettre à l'écart, Voldemort… »

Nouveau haut-le-cœur.

« … saurait alors que Rogue était son traître et il s'évertuerait par tous les moyens à lui faire payer sa faute. Même dans Poudlard, Rogue ne pourrait être à l'abri puis je ne veux pas qu'il vive la vie qu'a vécu Sirius. »

Ce nom, Lupin le prononça avec plein de tendresse dans la voix. La peine était encore présente. Puis se reprenant, il continua :

« Réfléchissez donc bien au vote que vous allez prendre car vous décidez de la vie d'un autre homme. Je pense que personne ne peut se donner ce droit là. Il n'y a que Séverus qui doit décider des mesures à prendre pour sa propre protection et de son action. »

Albus Dumbledore se dit que Rémus avait sûrement raison mais il ne voulait d'autres pertes. Il ne voulait pas les voir mourir. La dernière fois, en fouillant dans sa table de chevet à Poudlard, Dumbledore avait retrouvé un double d'une ancienne photo de l'Ordre juste avant la chute de Voldemort. Sur cette photo, bien des gens présents étaient morts ou presque. Les Potter, les Longdubat… Lorsque tout le monde dû voter, personne ne leva la main. L'intervention de Lupin avait marquée les esprits.

« Je continuerai mes missions que vous le souhaitiez ou non, merci de m'avoir laissé le choix, » dit-il soulagé.

« Continuons la réunion alors… »

Albus se sentit soudain plus faible. Il aurait tellement voulu que Rogue ne soit pas tant exposé.

La réunion dura plus d'une heure, les sujets abordés furent multiples. Chacun ayant ses tâches, chacun disait un petit mot sur ses impressions et sur l'avancement de sa mission. Puis la séance fut clôturée et les membres présents retournèrent à leurs emplois, à leurs maisons, à leurs tâches diverses…

L'Ordre du phénix avançait, peut-être pas aussi vite que le camp opposé mais la résistance s'organisait. Il fallait maintenant qu'il voie Hermione et Ron. Harry devait venir au quartier général, son entraînement devait commencer. Acceptera-t-il ? se demanda en silence Dumbledore. Cette demande intérieure était plus une supplique. La lettre qui était partie la nuit passée était destinée à la seule personne qui serait capable de former Harry. Coupé dans son élan d'espoir, Albus vit Rémus s'approcher de lui.

« Restes-tu déjeuner avec nous ? » lui demanda Rémus Lupin.

« J'aurais bien aimé mon ami mais… »

Dumbledore fut alors coupé par l'arrivée de Maugrey Fol'œil à ses côtés.

« On tente de nous écouter, quand je vous parle de faire attention. »

A ce moment-là, il ne restait plus dans la cuisine que Molly et Arthur Weasley, Rémus Lupin, Tonks, Kingsley Shakelbolt et lui-même. Alors que Maugrey disait cette phrase, il s'avança vers la porte et alors qu'il l'ouvrait, il s'écria :

« N'oubliez jamais : VIGILANCE CONSTANTE ! »

Un concert de cris se fit entendre à l'étage du dessus. Mme Weasley dépassa alors Maugrey et hurla à son tour à Hermione, Ron et Ginny de descendre de suite. Penauds, les trois jeunes gens les rejoignirent dans le couloir.

« M. Ronald Weasley, tu me déçois par-dessus tout, je ne te croyais pas comme tes frères ! Et Ginny ! Hermione, tu me déçois encore plus ! »

Comme à son habitude, Ron rougit et n'osa pas parler. Ginny non plus d'ailleurs car elle savait qu'il ne fallait surtout pas aggraver les colères de sa mère ; laquelle était déjà en colère.

« Que vais-je devoir faire pour que vous cessiez ce manège ? N'aviez-vous donc pas compris l'été dernier ? »

« Mme Weasley ainsi qu'à vous tous, » dit Hermione en se tournant vers les derniers membres de l'Ordre qui se trouvaient dans la cuisine, « les erreurs de l'année qui vient de s'écouler, ne vous ont-elles as montrer qu'il n'était pas bon que nous soyons tenu à l'écart ? Nous serons dans tous les cas au cœur de l'action que nous le voulions ou non car nous soutiendrons Harry quoiqu'il advienne. »

Les tensions étaient retombées mais Hermione n'en avait pas fini, remarqua Albus.

« La prophétie, nous ne la connaissons toujours pas et nous n'avions pas le cœur à la demander à Harry en juin dernier mais même si tenter d'écouter clandestinement n'est peut-être pas la bonne solution. Ne croyez-vous pas que je sais que Mme Weasley à jeter des sorts d'insonorisation ? »

Sans un mot de plus, la jeune femme remonta les escaliers et personne n'eut le cœur de la rappeler. Ron et Ginny demandèrent la permission à leur mère pour remonter et emportèrent le nouveau dispositif d'écoute que les jumeaux leur avaient prêté.

Incriminant ses enfants et Hermione, Mme Weasley retourna dans la cuisine où elle s'affaira à commencer le repas de midi. Albus Dumbledore s'approcha de Rémus, Tonks, Arthur, Maugrey et Kingsley.

« Je devais les voir, je vais y aller de suite. Prenez soin de vous tous. »

Un sourire aux lèvres, les cinq personnes lui sourirent et quittant la pièce, Albus se dirigea vers l'étage supérieur.

Arrivé au premier étage, le directeur de Poudlard s'aida des voix qui s'élevaient dans une pièce au bout du couloir.

« Hermione, tu ne vas tout de même faire la tête toute la journée… »

Cette voix, c'était celle de Ginny qu'il entendit plus clairement lorsqu'il attendit au chambranle de la porte. Quelques instants après, il toqua à la porte. Un vague « entrez » l'invita à pénétrer dans la pièce et tous furent surpris de le voir. Ils pensaient voir sûrement une Molly énervée entrer, se dit Albus amusé par cette constatation. D'un autre côté, il pensa au fait qu'il n'avait jamais parlé avec eux mais les trois élèves de Poudlard avaient subi comme Harry des épreuves terribles : Ginny avec la chambre des secrets, Hermione et Ron avec la pierre philosophale, la chambre des secrets et tous les trois avec l'attaque du ministère… Pourtant il ne leur avait accordé que très peu d'attention se focalisant sur Harry. Lorsqu'il prit place dans un des fauteuils de la pièce, il comprit pourquoi Hermione avait été si véhémente tout à l'heure, il comprenait à présent son ressentiment.

« Je suis venu m'excuser comme je me suis excusé de mes erreurs auprès de Harry en juin. »

Hermione allait prendre la parole mais le directeur la coupa.

« Non, Hermione, laisse moi parler. Tout ce que tu as dit, tu as eu raison de le dire, vous avez le droit de savoir et c'est vrai que cela vous aurait maintes fois évité des périls trop grands pour votre âge. Je vous ai trop longtemps ignoré et je réitère dans cette pièce le serment que j'ai fait à Harry il y a de cela quelques semaines, vous aurez le droit de comprendre et de savoir. Pour ce qui est de votre participation aux réunions de l'Ordre, je ne peux rien vous promettre car je dois d'abord demander un vote auprès des membres pour voir si ils sont d'accord ou non. Pour ce qui est de la prophétie, les membres ne la connaissent pas non plus, je pense qu'il n'y a que Harry qui soit en droit de la révéler à qui il veut et non à moi. »

Le calme était revenu sur le visage d'Hermione, il pouvait le lire. Ron comme à son habitude était plus effacé mais son visage marquait son acceptation. Ginny semblait elle aussi satisfaite.

« Merci, M. Dumbledore, » dit calmement Hermione. « Puis-je savoir quand Harry arrive ? »

Albus se dit qu'Hermione était vraiment l'élève la plus brillante qu'ait connu Poudlard depuis des années. Il savait que la jeune fille avait compris en le voyant arrivé qu'il allait leur annoncer l'arrivée de Harry.

« Dans deux jours au plus. »

Puis Albus se leva et quitta la pièce en ayant terminé ce qu'il avait à faire au quartier général. Mais sa journée était loin d'être finie, le temps fuyait et ne lui laissait aucune seconde de répit, on devait déjà l'attendre à la cour du Magengamot, le procès des mangemorts de l'attaque du ministère de la magie se tenait aujourd'hui.