Harry Potter, une nouvelle étape avant…

Note de l'auteur : Coucou tout le monde ! Je vais être un peu à la bourre pour le publier mais ce sera encore vendredi même si je le publie à 23h59.

Je suis d'accord avec chessandmat qui m'a écrit dans sa dernière review que mon quatrième chapitre était un peu décevant. Mais je peux te dire que j'en avais besoin, il n'y a pas eu d'actions mais la tante Pétunia devait changer, c'est essentiel pour la suite. Voilà, je ne dirais rien de plus sauf peut-être sous la torture.

Ce chapitre, je le trouve beaucoup plus rempli, du moins, je sais ce que je marque et pourquoi je le marque donc voilà.

Bisous à tous, bon week-end de Pâques,

Caldys

Droit d'auteur de J.K.Rowling et de la Warner Bros : Je tiens à rappeler que tous les personnages et le monde qui les entourent appartiennent aux possesseurs (cf. ci-dessus).

Chapitre 5 : Quand les règles changent (Harry Potter)

Clap, clap, clap…

Un chemin, des fleurs. Des fleurs. Une grande hampe nue qui se termine par une grappe de fleurs étoilées. Harry se rappelle l'avoir déjà vu. Oui, en botanique, ces fleurs sont des asphodèles. L'asphodèle, fleurs de morts chez les grecs. La forme de ce chemin, il la connaît aussi. Oh ! Le chemin de Traverse est fait de terre, le dallage est parti. Une terre sombre, de la tourbe. Ses pieds s'enfoncent… alors qu'il se démène pour se désembourber, il remarque, sur la droite, une plaque de fer verte qui repose sur le sol. Cette plaque lui permet de reprendre appui sur quelque chose de solide. Les deux pieds sauvés, il la contemple. Une inscription est gravée dessus, cette inscription semble naguère avoir été dorée, peut-être à l'or fin. Il la déchiffre.

Fleury & Bott.

La célèbre enseigne qui fait office de librairie dans Londres, l'enseigne est au sol. Tournant la tête sur sa droite, le jeune homme vit avec horreur que le magasin avait été soufflé. D'un coup, il prit alors conscience qu'il était seul dans cette rue commerçante dévastée. Le chemin de Traverse n'est plus, tout a disparu. Du moins, en apparence. Les murs sont là, mais les vitrines sot soufflées. Le ciel est là mais il est d'encre.

Clap, clap, clap…

Ce bruit entêtant constitue le seul bruit de fond. Harry sait que si ce bruit s'arrête, il n'y aura plus aucun bruit et le silence sera pesant, extrêmement pesant.

Harry Potter gît debout, à moitié conscient de l'horreur qui l'entoure. Le choc est trop grand à encaisser. Le chemin de Traverse n'est plus. Ses yeux s'habituent maintenant à la pénombre environnante et s'embuent dans le même temps, il distingue les nuances de noir. S'obligeant à réagir, il recherche le moindre signe de vie mais dans son cœur, une petite voix lui crie : tout est fini ! Levant les yeux, une nouvelle fois vers le ciel, c'est alors qu'il la vit : la marque des ténèbres.

La marque des ténèbres. La même que celle qu'il avait vu lors de la coupe du monde de quidditch. Mais il avait la vague impression que le sourire narquois qui illuminait les lèvres de la sordide incarnation, que ce sourire tant rempli de haine, lui était destiné. Il ne détourna pas les yeux, fixant le symbole de Voldemort, confirmant en silence ce qu'il savait déjà : le coupable était le même, le coupable était Voldemort.

Clap, clap, clap…

Ce bruit, toujours ce bruit.

Le monde se mit alors à se reconstruire autour de lui. La pénombre disparaissait, le chemin de Traverse retrouva son aspect originel. La foule se bousculait dans la rue. Harry n'était plus sur l'enseigne de Fleury & Bott mais au-dessous d'elle. Il leva les yeux, les lettres dorées scintillaient sur l'enseigne verte. Il tourna alors la tête et aperçut le libraire qui semblait pris à parti avec une sorcière imposante habillée en violet et qui portait un cabas orange. Les gens sur le chemin de Traverse semblaient vivre normalement. Harry avait du mal à comprendre puis alors que son regard se perdait dans la foule, il en rencontra un autre.

Un homme de haute stature se trouvait à une vingtaine de mètres de Harry. Cet homme avait des yeux gris. Gris et froids. Cet homme le fixait. L'homme lui montra son bras gauche, Harry comprit alors…

« Non. »

Harry ne cria pas, peut-être par habitude des cauchemars qu'il avait fait pendant les années passées et la manière avec laquelle son oncle lui avait fait passé cette envie naturelle de crier lorsqu'on ce réveille d'un mauvais rêve. Ce « non » était représentatif de ce qu'il venait de comprendre. L'homme qu'il avait vu était celui qui avait mis le chemin de Traverse dans l'Etat apocalyptique qu'il avait vu précédemment.

Clap, clap, clap…

Maintenant qu'il était réveillé, le bruit, il le reconnaissait. Hier soir, en se couchant, Harry avait dû oublié de crocheter ses volets et la douce brise d'été qui persistait depuis le début de la semaine faisait tapé son volet contre la façade. Le bruit était faible et régulier.

Harry se dit que ce bruit fut une aubaine parce qu'il ne savait pas si il aurait pu résister au profond silence qui aurait régné sur la vue d'horreur du chemin de Traverse. Ce volet mal crocheté lui avait au moins permis de voir qui avait fait ces horreurs. Cet homme, il ne l'avait jamais vu mais son visage était maintenant gravé au fond de son esprit.

Le réveil était toujours une étape difficile dans le commencement d'une journée. On aimerait ne jamais avoir à quitter son lit et la quiétude de sa chambre à coucher. La température de la pièce était agréable mais Harry ne se dessaisit pas de son drap pour se lever. Il fit les quelques pas qui le séparaient de sa fenêtre en pestant de s'être réveillé si tôt. Il venait de consulter son réveil qui était posé sur son bureau et celui-ci lui avait indiqué sept heures onze.

Le soleil avait déjà parcouru un petit bout de sa course quotidienne mais la nature semblait à peine se réveiller. La rosée persistait sur les pelouses et les massifs floraux des jardins environnants. L'Angleterre restait même en plein été tributaire d'une rosée matinale abondante. C'est ce qui faisait avec le crachin, la beauté verdoyante de cette contrée.

L'esprit encore embrumé, Harry crocheta son volet et se redirigea vers son lit mais s'emmêlant les pieds dans son drap, il s'étala de tout son long sur son tapis poussiéreux.

« Ca commence vraiment bien aujourd'hui, » dit-il à voix haute.

Il était encore allongé par terre alors qu'il disait ces quelques mots. Puis se retrouvant à quelques centimètres de la latte sous laquelle se cachaient les nouvelles victuailles offertes par sa tante, Harry souleva l'entrée de la planque et se saisit d'une part de cake aux fruits. Il referma tout correctement et se leva abandonnant, pour la peine, son drap.

Il s'assit à son bureau, un sourire collé aux lèvres. A chaque fois qu'il se promenait en boxer dans sa chambre, Hermione tournait la tête, Ron mettait une main devant les yeux de sa sœur et le reste des frères de Ron affichait un large rictus moqueur. Cette photo, il l'aimait autant que celle de ses parents dans le cadre adjacent. Sa table de chevet supportait une lampe des plus banales et ces deux cadres auxquels il tenait plus que tout. Les jours où le moral n'était pas là, il montait dans sa chambre et contemplait ces deux photos un long moment et tout rentrait dans l'ordre.

Harry souleva les tas de papiers de sur son bureau pour tenter de voir si il existait quelque chose qui aurait pu survivre à tout ce bric-à-brac. Un éclat attira alors son regard. Le miroir de Sirius.

A la fin de l'année passée, Sirius, son parrain aujourd'hui disparu (cette dernière pensée lui serra le cœur), lui avait offert ce miroir qui avait appartenu jadis à son père. Les personnes qui possédaient les deux miroirs pouvaient alors à tout moment conversées entre elles via le portail magique que créaient les deux glaces. Ce moyen de communication était fort rare et il n'en existait que de rares exemplaires à travers le monde.

Harry ne l'avait jamais utilisé à son grand dam avec Sirius. Le jeune homme avait oublié le cadeau dans sa malle. Dans tous les cas, on ne voit que très peu souvent l'utilité de rester en contact avec quelqu'un à qui l'on tient, qu'au moment où l'on ne le peut plus. Mais les miroirs avaient depuis beaucoup servi. L'exemplaire du miroir de Sirius était maintenant entre les mains de Rémus Lupin, le dernier des amis des parents de Harry. Ce fut via ce miroir que tous deux, Harry et Rémus étaient parvenus à dépasser la mort de Sirius.

Harry reposa le miroir sur le haut de la pile. Entre temps, il avait terminé sa part de gâteau. Se remettant sur le lit, il contemplait le ciel à travers la fenêtre lorsque… lorsqu'il réalisa qu'il n'avait plus que la matinée pour faire ses valises ! Se levant en trombe, Harry s'activa et commença par tenter de ranger son bureau. Mais après un quart d'heure de dur labeur, il se rappela que Tonks ou n'importe qui parmi ceux qui viendraient le chercher pourrait ranger tout en moins de deux secondes avec un ou deux petits sorts.

Harry se maudit quelques instants, se rallongea sur son lit et sombra de nouveau dans le sommeil. Quoiqu'on puisse dire, s'agiter à sept heure et demie du matin, ça fatiguait…

Ce vendredi là, sa tante avait réussi un miracle. Ils ne seraient que tous les deux dans la maison, toute la journée. Elle avait accompagné Dudley chez un de ses si nombreux amis et Vernon, bien sûr, travaillait. La maison serait à eux.

« Harry, réveille toi. Harry ? »

Harry qui dormait tranquillement se réveilla en sursaut. Sa tante Pétunia tambourinait à la porte.

« Oui, oui, » répondit-il d'une voix pâteuse.

Harry se doucha et s'habilla rapidement d'un vieux jean et d'un tee-shirt trop large pour lui et descendit dans la cuisine. C'est alors qu'il aperçut l'heure sur la pendule, il était midi moins cinq.

« Bonjour, ma tante, vous auriez dû me réveiller plus tôt. J'aurais pu vous aider ce matin… »

« Il n'y avait rien à faire. Mange, s'il te plaît. »

La nervosité de la tante Pétunia était tangible. Si elle tolérait Harry, sa tante n'était toujours pas prête à fréquenter les autres sorciers et l'arrivée imminente d'une horde de gardes du corps pour son neveu la faisait stresser. Harry le sentit et se décida à manger en silence, il l'aida à débarrasser la table puis remonta dans sa chambre.

15h31.

Harry avait passé son début d'après midi à décrocher ses posters du mur de sa chambre qui redeviendrait dès ce soir celle auxiliaire de Dudley. Il avait préféré les plier lui-même car si Tonks, dans l'éventualité où elle faisait partie de ceux qui venait la chercher, les pliait elle-même, Harry n'était pas sûr de les retrouver en un seul morceau. Il venait de regarder son réveil et se décida à descendre, ceux qui devaient venir le chercher devaient arriver dans une minute.

Au bas des escaliers, il trouva la tante Pétunia qui tourna la tête pour le voir descendre. Elle avait le cou tendu, signe de sa grande nervosité mais son regard était d'acier à croire qu'elle avait pris une résolution. Laquelle, Harry l'ignorait mais il n'eut pas le temps de se poser la question que la sonnette se fit entendre.

Pétunia se leva, attrapa machinalement la porte mais exceptionnellement aucun sourire n'ornait ses lèvres pour sembler accueillante. Harry vit la porte d'entrée s'ouvrir comme au ralenti. Derrière… non, il s'était attendu à ce que son « escorte » soit la même que l'année passée, composée de personnes de l'Ordre du phénix. Là, il se trouva nez à nez avec une bonne vingtaine de sorciers à l'air grave. Au premier plan, il reconnut Kingsley Shakelbolt. L'auror le plus compétant du ministère faisait quant à lui parti de l'Ordre du phénix et ce visage familier rassura Harry.

Kingsley fit un pas en avant.

« Bonjour, Mme Dursley, Harry. »

Harry se rappela alors que sa tante se trouvait à ses côtés, elle semblait comme pétrifiée. Il savait que Dumbledore l'avait tenu régulièrement au courant mais peut-être ne s'était-elle pas attendue à tant de monde. Harry n'avait pas le temps de se poser ce genre de question.

« Bonjour. »

Harry préférait adopter un ton froid. A vrai dire, il ne pouvait être sûr que le Kingsley qui se tenait en face de lui était le bon. Dans tous les cas, tant qu'il ne dépassait pas le perron, il ne risquait rien et sa baguette était dans la bonne position dans la poche arrière de son jean, prête à intervenir. Contrairement aux réactions habituelles des sorciers qu'il avait l'habitude de croiser, les aurors qui se tenaient derrière Kingsley ne le dévisageaient pas avec trop d'insistance.

« On aura un jour Croûtard. »

La tante Pétunia ne dut rien comprendre à cette phrase, ni même sûrement les aurors qui se trouvaient derrière Kingsley Shakelbolt. Cette simple phrase ôta tout doute à Harry. Seuls, Ron, Hermione et Dumbledore étaient au courant des surnoms que ses parents et leurs amis avaient. Harry se tourna vers sa tante, lui sourit ; celle-ci sembla avoir moins de poids sur les épaules. Harry avança et serra avec passion la main de Kingsley.

Alors qu'Harry savourait ses retrouvailles avec l'auror, un homme de forte stature les dépassa sur sa droite et monta à l'étage.

« Ne vous inquiétez, Mme Dursley, M. Prewett va seulement récupérer les affaires de votre neveu. »

La tante Pétunia semblait toujours très nerveuse mais Harry savait qu'elle était rassurée que tous ces sorciers aient pris la peine de s'habiller non pas avec leur horrible robe mais avec des vêtements d'origine moldue.

L'homme dénommé Prewett revint une minute plus tard avec la malle de Harry miniaturisée dans sa main. Harry espéra de tout cœur que celui-ci n'avait rien oublié mais n'osa pas faire la réflexion.

Les sorciers et les sorcières qui avaient accompagné Kingsley n'étaient plus derrière lui, ils s'étaient déployés tout du long dans la rue. Ils conservaient tous sur leurs visages des traits sévères, la tension était palpable et Harry se dit que nul n'ignorait les menaces qui planaient sur lui.

« Il va falloir y aller, Harry. Mme Dursley, au revoir et merci. »

Kingsley s'était éloigné et semblait communiqué par geste – ou par télépathie mais Harry ne savait pas si il y avait un moyen magique comparable à la télépathie. L'auror s'était volontairement retiré afin que Harry puisse dire au revoir à sa tante d'une manière plus privée.

La tante Pétunia avait le regard ailleurs. Harry s'approcha d'elle, mais comme celle-ci n'eut aucun mouvement de recul ou d'avancée, il fit alors le premier pas. Serrant dans ses bras sa tante, il la serra comme Harry avait toujours pensé serrer sa mère si il avait pu la rencontrer tangiblement.

« Oh, Harry… j'espère que tout se passera bien… »

La voix de Pétunia tremblait, les sanglots qui se préparaient la rendaient fébrile. La tante de Harry était sortie de sa torpeur et serrait maintenant à son tour son neveu dans les bras, lui caressant les cheveux telle une mère. Puis se rendant compte de ce moment de familiarité et de trop grande sensibilité, elle recula d'un coup et se remit sur le perron. Harry ne fut pas étonné de ce mouvement de recul, la demi réaction de sa tante était pour lui une victoire et un espoir : sa tante avait changé.

« Au revoir, ma tante. A l'année prochaine. »

Sans la regarder une dernière fois, il se retourna et se dirigea vers Kingsley qui l'attendait sur le trottoir. Si Harry s'était retourné une dernière fois, il aurait vu sa tante pleurer.

« Harry, suis nous. »

Kingsley avait attrapé d'une main puissante l'épaule gauche de Harry et l'entraînait devant lui à traverser la route. Alors qu'ils voulurent traverser, une voiture arriva. Ils s'arrêtèrent et la main de Kingsley se crispa. Harry ressentit le changement de pression.

« Bendery, aucune voiture n'aurait dû pouvoir passer. Vous m'expliquerez ce que vient de faire celle-ci. »

La voix de Kingsley était encore tendue et Harry comprit que les aurors avaient bouclé le périmètre et qu'aucun moldu ni sorcier n'aurait dû pouvoir les rencontrer. L'auror jeta alors un coup d'œil à sa montre, il était 15h41 à ce que put entrapercevoir Harry.

« Rassemblez vous, départ imminent. »

La vingtaine d'aurors quittèrent alors leurs postes d'observation et se positionnèrent autour de Kingsley et d'Harry. Kingsley sortit alors d'une poche de sa cape, un presse-papier cristallin en forme de dragon, l'objet était magnifique. Harry le contemplait avec hébétude. Kingsley l'avait observé.

« Il est magnifique, non ? »

N'attendant pas de réponse de la part de Harry, Kingsley continua à parler.

« Une création des gobelins. Ils me l'ont offert pour un service que le ministère leur avait rendu. »

Regardant une nouvelle fois sa montre, Kingsley fit un tour d'horizon des sorciers qui se tenaient autour d'eux en cercle serré.

« Harry, attrape le, c'est un portoloin. Nous partons dans moins de vingt secondes. »

Le jeune homme ne vit pas les vingt secondes passées mais ressentit de suite le départ lorsque la sensation bizarre se produisit. Il eut l'impression qu'un pêcheur venait de lui attraper son nombril avec sa canne à pêche et qu'il tirait, tirait. Le transport ne dura pas très longtemps et Harry se retrouva dans un petit bureau délimité par des cloisons amovibles. Harry se souvenait être déjà venu dans ce bureau, l'année passée. A cette époque là, les murs étaient recouverts de photos de Sirius Black dont Kingsley était chargé de retrouver la piste. Heureusement pour Harry, Kingsley faisant parti de l'Ordre du phénix n'avait pas cherché à retrouver Sirius mais à perdre sa piste.

Leur arrivée par portoloin avait fait un bruit terrible et de nombreux aurors du bureau avaient surgi baguette à la main dans le petit espace. Reconnaissant Kingsley, un brouhaha s'éleva. Un vieil homme du même âge que Maugrey Fol'œil et presque autant amoché parce qu'il lui manquait une oreille prit la parole.

« Petit, tu ne pourrais pas nous prévenir lorsque tu décides de débarquer comme ça dans ton bureau, heureusement que nous ne sommes pas encore en plein milieu de la guerre sinon la nervosité de tes collègues vous auraient mis tous les deux au tapis. Bonjour, M. Potter. »

Etirant ses lèvres, Harry remarqua que le vieil homme avait intentionnellement appuyé son nom afin que tous l'entendent. Le brouhaha reprit de plus belle et cette fois-ci, les aurors ne se génèrent pas pour regarder ostensiblement sa cicatrice tout en chuchotant entre eux.

« Bonjour. »

Le ton que Harry employa fut plus froid qu'il l'aurait voulu. Kingsley l'attrapa alors une nouvelle fois par les épaules.

« Johnson, désolé mais nous sommes attendus. Au plaisir. »

Puis partant d'un pas décidé, Harry ne se fit pas prier pour partir à sa suite et quitter cette ribambelle d'yeux indiscrets. Dans le long couloir qui menait aux ascenseurs, Harry se décida de savoir pourquoi ils étaient au ministère et non au quartier général.

« Kingsley, je… »

Harry n'eut pas le temps de terminer sa phrase, il fut coupé par l'auror qui attendait que Harry lui pose la question pour lui répondre.

« Tu es attendu par la cour du Magengamot à 16 h et ne me demande pas pourquoi je ne le sais strictement pas. Désolé. »

Kingsley se tourna vers Harry et lui sourit.

Kingsley était un homme imposant. Doté d'une carrure athlétique, l'auror était grand, noir et possédait un charisme impressionnant qui intimait un profond respect à quiconque se trouvant à ses côtés. Sauf peut-être à Johnson, pensa avec amusement Harry. Pendant qu'il pensait à cela, ils avaient progressé dans le couloir et patientaient maintenant dans l'attente d'un ascenseur qui les conduirait bien plus dans les profondeurs du ministère de la magie anglais.

Harry ne voulait pas jeter un coup d'œil sur sa droite, il savait ce qui s'y trouver. Il s'en rappelait comme si ce soir en question datait du soir précédent. Ce couloir, il l'avait tant rêvé – ou plutôt Voldemort l'en avait tant imprégné qu'il le voyait à travers ses paupières closes. Il voyait ce long couloir identique à celui qu'ils venaient d'emprunter quelques instants plutôt mais avec des murs bleu d'un beau bleu pastel.

« Harry, tout va bien ? »

Non, bien sûr que tout n'allait pas bien, lui souffla son esprit. Non, ton parrain est tombé dans le miroir qui se trouve à quelques portes d'ici.

« Oui, oui. Sûrement un étourdissement dû à la chaleur. »

C'est vrai qu'il faisait chaud. La température était anormalement élevée. Certes, il faisait chaud mais les rues de Londres ne faisaient pas face en surface à une telle chaleur.

« Les sorciers s'occupant de la régulation des conditions climatiques internes font grève et pour nous le faire savoir, ils mettent des images de nuit aux fenêtres et cette satanée chaleur, cela fait une semaine et demi que ça dure. »

Ils étaient maintenant dans un des ascenseurs et celui-ci avait entamé sa descente. Les ascenseurs du ministère étaient comme toujours plein et surchargé.

Un sorcier se tenait aux côtés de Harry avec une grande boîte dorée. Harry pouvait entendre de faibles ronronnements s'échapper de l'emballage. L'homme les quitta peu après à l'étage du contrôle et de la régulation des espèces animales magiques. Comme toujours, dans la partie supérieure de l'ascenseur, des sortes d'oiseau en papier, pense-bête ou messages voletaient créant dans l'espace confiné un bourdonnement incessant. A la grande joie de Harry, personne ne fit attention à lui, ni à Kingsley et l'ascenseur se vida progressivement plus ils descendaient.

La porte de l'ascenseur s'ouvrit sur un long couloir. Harry n'eut pas de mal à reconnaître les lieux. Les souvenirs du procès de l'année passée étaient encore gravés dans sa mémoire. Ce jour-là, il avait bien cru que son existence dans le monde magique était largement compromise et qu'il ne pourrait plus jamais utilisé sa baguette. Il se rendit compte que cette fois-ci, il ne passa pas de contrôle et que sa baguette était toujours dans la poche arrière de son jean. Ce qui entre parenthèse aurait largement énervé Maugrey Fol'œil. Alors que Harry se remémorait le célèbre VIGILANCE CONSTANTE de l'auror, il ne remarqua même pas qu'ils empruntaient le couloir qui descendait vers les cours de justice du Magengamot.

Les murs étaient de pierre comme dans les châteaux forts du Moyen-Âge et les torches qui étaient accrochées aux murs semblaient rudimentaires. Mais en y réfléchissant l'année passée après son procès, Harry s'était rendu que tout n'était qu'une mise en scène augmentant la tension de ou des accusés. Dans tous les cas, il y allait le cœur serein, il n'avait rien fait d'illégal cet été et le ministère devait encore s'en vouloir pour les fausses accusations qu'ils avaient portées à son encontre toute l'année passée. Harry ne vit pas une forme se dessinait au fur et à mesure qu'ils avançaient.

« Bonjour, Harry, comment vas-tu ? »

Cette voix, le jeune la connaissait : le père de Ron, Arthur Weasley.

« Bonjour, M. Weasley. »

Il n'avait pas fini sa phrase que quelqu'un sortit de l'ombre derrière M. Weasley.

« Bonjour, Harry. »

Avait-il envie de lui parler ? Il ne savait pas lui-même ce qu'il voulait à son sujet. Ses frères ne lui pardonnaient pas. Mais que faire ? Le considérer comme l'enfant prodigue et l'accueillir ou en faire un traître ? Les personnes qui se mettaient ouvertement du côté du bien étaient rares. Les temps allaient devenir de plus en plus et la guerre ne faisait que recommencer. Non, il ne peut pas se mettre à dos un membre du même camp, mais Ron est son meilleur ami. Cela faisait un moment que Harry réfléchissait et il n'avait pas répondu. Toujours pas répondu.

« Je… je voudrais te dire que… »

Le rouge lui montait aux joues, marque caractéristique des Weasley. M. Weasley, quant à lui, s'était effacé et déplacé aux côtés de Kingsley avec qui il murmurait maintenant non sans les quitter un instant des yeux.

L'année passée avait été difficile pour les Weasley. Le schisme opéré par Percy avait marqué leur famille. Percy, élève brillant à la sortie de Poudlard où il avait été préfet puis préfet en chef, avait connu très tôt l'opportunité exceptionnelle de travailler aux côtés du ministre de la magie anglaise. Ce dernier à force de persuasion et de bourrage de crâne était arrivé à écarter l'un des fils des Weasley de sa famille. Mme Weasley avait très mal vécu cette séparation. Ses autres enfants en avaient voulu à leur frère et lui en voulaient encore d'avoir oser faire souffrir leurs parents. Mais l'attaque de juin dernier lui avait rouvert les yeux et depuis il s'était réconcilié avec ses parents. Il faudrait néanmoins plus de temps pour que les cicatrices s'effacent avec ses frères et sa sœur.

Percy ne savait plus quoi faire ou dire, la situation était des plus désagréables pour lui. Il fit la dernière chose qui lui vint à l'idée, il tendit la main pour serrer celle de Harry. Ce dernier n'avait pas encore terminé de réfléchir et ne se rendait pas compte de l'embarras qu'il créait chez le jeune homme en face de lui. Puis Harry réagit enfin aux paroles que Percy était en train de bafouiller. Serrant vivement la main qui était tendue devant lui, il dit :

« Heureux de voir que tu as retrouvé ta place parmi nous. »

Harry n'eut pas le temps de voir la réaction de surprise qui venait de se dessiner sur le visage de Percy car la porte de la salle d'audience n°1 venait de s'ouvrir sur Albus Dumbledore. L'actuel directeur de Poudlard avait un grand sourire sur les lèvres. Il se tourna vers Harry, lui dit bonjour mais dans le regard qu'ils échangèrent, Harry comprit que Dumbledore savait ce qu'il venait de répondre à Percy.

Avant que Harry n'ait eu le temps de lui demander ce qu'ils faisaient ici, une main le poussa dans le dos et Harry vit que c'était M. Weasley.

« Chut… ce n'est pas le moment, rentre et assieds toi. »

Harry n'en était pas moins sceptique à l'idée de se retrouver une nouvelle fois devant la cour du Magengamot pour la deuxième année consécutive.

Le fauteuil qui se trouvait cette fois-ci au centre de la pièce ne portait pas de chaîne. C'était en large et confortable fauteuil en velours bordeaux. Harry ne se fit pas prier et se dirigea vers l'imposant fauteuil alors que Dumbledore et Percy reprenait leur place sur les bancs en face. Albus Dumbledore prit la place où s'était assise l'année passée, Dolorès Ombrage. La place qu'avait occupé le ministre de la magie, Cornélius Fudge était maintenant occupée par Mafalda Hopkins. Harry se réjouit de ces changements, Mme Hopkins semblait être beaucoup plus apte à ce poste que le ministre actuel de la magie en Grande-Bretagne.

« Bonjour, la cour du Magengamot se réunit en ce vendredi après-midi pour une séance exceptionnelle. Le ministre de la magie regrette de ne pouvoir participé à cette cession et vous fait parvenir ses excuses. Nous devons faire les choses dans les règles, confirmez vous être M. Harry James Potter ? »

La voix de la sorcière était douce mais on sentait tout de même que cette femme ne devait pas être du style à se faire marcher sur les pieds. Son regard était presque aussi perçant que celui d'Albus Dumbledore. Des yeux d'un vert profond, encadrés par des cheveux auburn qu'elle avait attaché en chignon. Tous les membres dans la pièce portaient des robes de sorciers d'un rouge profond.

« Oui, je suis Harry James Potter. »

Dumbledore affichait un large sourire en face de lui. Le vieil homme ne semblait plus tenir compte de toutes les insultes qu'il avait proféré à son encontre dans son bureau en juin de cette année. Mais Harry avait vraiment d'autres préoccupations à l'esprit : pourquoi l'avaient-ils convoqués ? Comme si sa question mentale avait traversé ses lèvres, Mafalda Hopkins reprit la parole.

« La cour du Magengamot s'est réunie exceptionnellement cet après-midi afin de considérer la requête déposée par Albus Dumbledore ici présent. Requête 3069HK567 : « Demande de dérogation de la loi de restriction de l'usage de la magie chez les sorciers de premier cycle ». Cela maintenant deux semaines que nous avons étudié votre dossier et écoutez les témoins recueillis par Albus Dumbledore. »

Harry était très étonné, il ne s'était pas attendu mais alors pas du tout attendu à ce qu'on le convoque pour une question de dérogation d'une loi. Les temps changent. Ces drôles comme ces personnes qui avaient failli me condamner se retrouve maintenant tout sourire pour peut-être m'autoriser à me servir de ma baguette lorsque bon me semblera alors qu'ils voulaient me la briser. Le temps qu'il pense à cela, la juge avait recommencé à parler.

« … résultats pratiques de vos BUSES sont très bons et l'on a tenu à noter la mention spéciale qui vous été attribué en défense contre les forces du mal. »

« Vous avez les résultats de mes BUSES ? »

Harry avait d'un seul coup totalement oublié qu'il était dans une cour de justice et qu'il devait attendre d'être invité à prendre la parole pour pouvoir s'exprimer. Un sourire radieux s'afficha sur tous les visages.

« M. Potter, vous ne devez pas m'interrompre. Vos résultats sont très bons mis à part en histoire de la magie et en astronomie mais nous vous les passeront à la fin de cette cession si vous y tenez. »

Harry s'en voulait de ne pas avoir tenu sa langue. Il allait avoir seize, il fallait enfin qu'il commence un peu à se comporter en homme ou du moins qu'il ne réagisse plus sous le coup de ses impulsions et qu'il se contrôle.

« Par ailleurs, après avoir interrogé Mme Ombrage, nous avons eu confirmation que l'attaque de détraqueurs dans Magnolia Cressent l'année passée avait été véridique et que vous aviez agi dans un cas de légitime défense. Finalement, aux vues des risques que vous encourez et du potentiel magique que vous avez à développer, la cour va maintenant voter pour s'avoir si M. Potter, ici présent, à le droit de passer outre la loi sur la restriction de la magie chez les sorciers de premier cycle. »

Le silence se fit. Une petite voix ne cessait de répéter Dites moi que oui, dites moi que oui dans sa tête. Les mains se levèrent et le vote fut unanime, un oui général. Les mots se perdirent dans la bouche de Harry. Que dire ? Que dire alors que les gens comprennent enfin ce dont vous avez besoin pour conserver l'espoir face à votre destinée.

« Merci. »

Harry ne se souvient pas très bien ce qui s'est passé ensuite. Il se voit signer les papiers certifiant qu'il a reçu l'autorisation de se servir. Puis il se voit suivre Albus Dumbledore, dire au revoir à Kingsley, dire à ce soir à M. Weasley… puis de nouveau cette impression d'hameçon planté dans le nombril. Puis là, là… un couloir clair et frais, un parquet ciré, des murs beige, mais où peut-il bien être ?

« Harry ! »

La voix d'Hermione. La voix d'Hermione, une immense quantité de cheveux qui se dirigent vers lui et lui saute dans les bras. Ca y est, il est sorti de son rêve. Il est dans l'ancienne demeure des Black et Hermione se trouve dans ses bras.

« Salut, Hermione ! Toujours en grande forme à ce que je vois ! »

Quatre personnes avancèrent à la suite de la jeune femme. Ron, Ginny, Molly Weasley et Rémus Lupin. Les quatre autres l'attrapèrent dans leur bras et le serrèrent, le serrèrent. Harry crut qu'il n'allait plus pouvoir respirer. Ca faisait du bien de se retrouver parmi ceux qu'il aimait. Albus Dumbledore lui mit la main sur l'épaule.

« Harry, je te passe ta valise, tu t'en occupe et je voudrais te voir dans la bibliothèque dans vingt minutes, si ça ne te gène pas. »

« Pas le moins du monde. Le temps de ranger mes affaires et je suis à vous. »

Harry monta alors avec Ron, Hermione et Ginny à l'étage.

« Mais qu'avez-vous fait à la maison de Sirius ? C'est un miracle qu'il n'y ait plus de poussière. »

« En fait, » c'était Ron qui avait pris la parole, « nous, on a rien fait. C'est Kreatur et… tu vas rire… et Winky. »

Winky était l'ancienne elfe de maison de Bartemius Croupton, haut fonctionnaire du ministère de la magie qui l'avait renvoyé pour une faute qu'elle n'avait pas commise. Albus Dumbledore l'avait alors prise à son service parmi la ribambelle d'elfes au service de Poudlard. Elle avait alors connu une période difficile où elle était devenue alcoolique. Harry se réjouissait que la petite elfe puisse se sentir à nouveau bien dans sa condition. Puis si elle s'entendait avec Kreatur alors tout était parfait et le résultat semblait être la parfaite image de cette réussite.

La maison semblait avoir eu un coup de neuf, les murs avaient repris de belles teintes pastel, les couloirs et les pièces étaient clairs et même les escaliers ne grinçaient plus. Les moulures et les boiseries avaient retrouvé toutes leurs splendeur, le travail était magnifique.

Hermione passa alors la première et ouvrit la porte de la pièce de la chambre où il avait dormi l'an passé avec Ron, là encore la pièce était transfigurée.

« Alors le début de ces vacances, qu'avez-vous fait de beau ? »

Tous affichaient de grands sourires malgré les lettres amicales de Harry, ils avaient tous redouté qu'il soit dans le même état que l'an passé mais il semblait totalement serein et calme. Les trois amis lui racontèrent alors leurs vacances, leur petite contribution dans la restauration du manoir, leur charge de Buck…

Harry sortit sa baguette. Alors qu'il commença le contre sort de celui de réduction qu'avait utilisé quelques heures plus tôt l'auror qui avait rangé ses affaires dans sa malle, Hermione s'alarma :

« Mais Harry, qu'est-ce que… tu ne peux pas… »

Entre temps, Harry avait fini et la malle avait de nouveau une taille normale et Harry vit qu'elle ne semblait pas prête d'exploser et se demanda si l'auror avait réellement pensé à tout prendre mais avant tout, il voulait répondre à Hermione qui le regardait d'un air scandalisé.

« Ne t'inquiète pas, Hermione. J'arrive à l'instant du ministère de la magie où je viens de faire l'objet d'une dérogation de la loi de restriction de la magie. J'ai maintenant le droit de l'utiliser comme un sorcier du second cycle à condition que je m'entraîne. »

Ron et Ginny étaient bouche bée. Hermione, quant à elle, semblait un peu jalouse, mais Harry préféra faire comme si il n'avait rien vu. Il n'avait pas mais alors pas du tout envie de se fâcher avec eux alors qu'il venait juste de les retrouver. Continuant de défaire ses bagages. Il s'aperçut que l'auror avait réduit toutes ses affaires à l'intérieur de la malle aussi. Il avait ainsi pu prendre tous ses livres et son balai. Harry rangea tout dans son armoire à côté des affaires de Ron et les livres dans la bibliothèque prévue à cet effet.

Puis il vit que la cage d'Hedwige était aussi là, il la posa en haut de l'armoire puis s'affala sur son lit, ses amis assis au pied de celui-ci. Personne ne parlait mais tous savouraient le plaisir d'être de nouveau ensemble, réunis après ce qu'ils avaient vécu pendant toute cette année. Ils savaient intérieurement que l'année qui arrivait serait peut-être pire que celle qui venait de passer car Voldemort s'activait maintenant et que… que Harry était toujours la cible.

« Il est l'heure les amis, je reviens dans pas longtemps, du moins, j'espère que Dumbledore ne me retiendra pas trop longtemps. Il faut que je vous parle de quelque chose. »