Chapitre 1, une chose à laquelle parler

« Je ne peux pas croire que qu'on s'attende encore à ce que je sois là. »Marmonna Drago d'un air morose.

« Tu ne pensais pas vraiment que ça marcherait, si ? » Lui demanda Harry avec surprise en regardant dans le miroir pour rencontrer les yeux de Drago.

« J'espérais. » Admit-il tristement. Il soupira de défaite, « J'ai vraiment essayé cette fois. »

« Je pense que tu aurais dû faire pire. »

« Pire ? » Répéta Drago incrédule. « Comment aurais-je pu faire pire ? J'ai ravagé les quartiers de Granger. J'ai déniché les robes de cérémonies de Weasley et je les ai transformées en araignées géantes. Et j'ai jeté un sort au shampoing de Granger pourque ses cheveux deviennent verts. D'ailleurs je l'ai vu ce matin au petit déjeuner et ça a marché mieux que je ne l'avais espéré. »

« Je crois que tout le monde dans le château a entendu les cris de Ron. » Harry ne put s'empêcher de sourire d'amusement.

« Alors bon sang, pourquoi s'attendent-ils encore à ce que je sois à leur fichue cérémonie ? »

« Le sort était-il permanent ? »

« Non. » Drago devint pensif, « Bon sang. »

Harry secoua la tête. « Ca n'aurait pas marché de toute façon, tu sais. Ils ont invité tout le monde. Et une fois fait, tu sais, Albus ne t'aurait pas laissé, belette, en dehors de cela. » Harry sourit satisfait alors que Drago plissait des yeux à la référence. La belette était un petit animal de la même famille que les fouines.

« Oh oui, » Drago leva les yeux au ciel de dégoût, « La famille de Poudlard. Je me fiche que l'on soit une famille dysfonctionnelle au mieux, il va nous imposer sa notion de petite famille tordue et heureuse jusqu'à ce que nous commencions à y croire. »

« Est-ce si mal de faire parti d'une famille ? »L'interrogea Harry doucement.

Drago le regarda avec des yeux noirs, « Ne commence pas ce non-sens de cœur sensible avec moi, Potter. Je suis au-delà de tes manipulations maintenant. »

« Ce n'est pas si mal ! » Protesta Harry en levant les bras d'exaspération.

Drago grimaça et se contenta de marmonner dans sa barbe.

Les lèvres d'Harry s'étirèrent. Tu ne me trompes pas, Drago. Ils t'ont accepté. Et toutes ces bêtises ne changent pas le fait que tu en es reconnaissant. « Qu'est ce que cela ? Je crois que j'ai manqué le dernier acte. »

« Mets-le où je le pense, Potter. »

« Allons Drago, aujourd'hui est un jour de bonheur et de réjouissances. » Harry le réprimanda joyeusement et regarda le visage de Drago se contorsionner en une grimace alors que les mots d'Harry restaient coincés au fond de sa gorge. « Après tout, que pourrait-il y avoir de plus joyeux que de voir deux personnes, telles que nos très chers amis Ron et Hermione, partager leur amour avec le reste du monde ? »

« Une personne pourrait avoir un tir heureux et finalement te mettre hors d'état de me nuire. » Drago le regarda avec des yeux noirs.

« Oui, ce serait mieux, n'est-ce pas ? » Harry lui sourit sadiquement, « Ainsi tu pourrais voir le monde sorcier pleurer et se comporter de façon mélodramatique. Voir mon visage et toutes ces accolades réelles ou imaginaires qu'ils pourraient placarder sur tous les journaux existants. Penses-y : toute une foule de sorciers et sorcières dans la peine, venant à Poudlard en pèlerinage et venir faire l'éloge de mon courage, de mon humilité et de ma noblesse. Tu les verrais. Tous. Les. Jours, » Il prononça les mots lentement et sourit satisfait à l'expression horrifiée qui traversa le visage de Drago.

« Très bien, tu as soulevé une sacrée objection. » Concéda Drago de manière désobligeante, « Arrête de remplir ma tête avec ces images écoeurantes. »

Harry inclina la tête brièvement, signe qu'il reconnaissait sa victoire puis concentra ses pensées sur la cravate qu'il ne parvenait pas à nouer correctement.

« Tous les membres de la faculté vont-ils vraiment venir à ce truc ? » Interrogea Drago d'un air grognon après avoir jeté des regards noirs au dos d'Harry pendant quelques minutes.

« Même Rusard et Miss Teigne. »

Drago fit face, « Et que pense Snape de tout ce brouhaha. »

Harry grimaça, il s'étranglait presque avec sa cravate, « Il est presque aussi transporté de joie que toi. », Remarqua-t-il sèchement, « En fait, je vais le voir dans ses quartiers dès que j'aurais fini de me préparer. »

« Tu vas le traîner là-bas, c'est ça ? » Devina Drago avec perspicacité.

Harry ricana, « Tu m'as eu. »

« Tu veux un peu d'aide ? Je pourrais descendre après m'être préparé. »

« Tu vas m'aider à l'emmener au mariage ? » Harry jeta un coup d'œil au reflet de Drago, sceptique. « Tu n'as pas prévu de joindre tes forces au siennes afin de me maîtriser et de nous empêcher d'y aller n'est-ce pas ? »

« Non, je pensais qu'il vaudrait mieux assurer un front uni. Si nous devons assister à ce désastre, il vaut mieux marcher ensemble. De cette façon, nous pourrons nous servir de toi comme bouclier contre ceux qui ne voudraient pas que l'on y assiste.

« Je suis toujours le leurre. » Marmonna Harry avec ennui, « Pourquoi ne pouvez-vous pas, vous autres, vous assumer par vous-même ? »

« Parce que tu deviens fou et tu commences à crier dès que nous le faisons. » Répondit Drago.

Il a raison. Drago et Severus partageaient un bizarre talent. Ils réagissaient aux situations qui les mettaient mal à l'aise de la manière la plus sarcastique et insultante possible afin de susciter le maximum de colère, pour le minimum d'effort, de ceux qui les entouraient. 'S'assumer' par eux-même résulterait à blesser des sentiments et Harry devrait alors arranger les choses. Après toutes ces années, Harry savait reconnaître quand il était vaincu.

« Ici, » Lui ordonna Drago en s'asseyant sur le désordre étalé sur le lit d'Harry, « Tourne-toi et laisse-moi m'assurer que tu es présentable. Celui Qui A Survécu ne peut pas être témoin en ayant l'air du rescapé d'un train qui aurait explosé. »

« Oui, mère, » Harry leva les yeux au ciel en se tournant pour faire face à Drago. La première chose qu'il vit fut le fouillis que Drago avait mis sur son lit. « Pourquoi ne viens-tu pas habiter ici, alors ? »

Drago sourit, « Je ne crois pas que Snape approuverait. A moins… » Avec un sourire en coin, Drago glissa, il n'y avait pas d'autres mots pour cela, du lit et sauta sur Harry, passant ses mains sur les bras d'Harry pour qu'elles reposent sur ses épaules, « Tu veux quand même avoir une aventure ? » La voix de Drago était un ronronnement sensuel.

Harry le regarda dans les yeux et essaya de son mieux de hausser un sourcil. Au final, on aurait dit qu'il s'était décroché la mâchoire et il avait l'air d'avoir mangé un gâteau particulièrement appétissant pour découvrir que ce n'était qu'un Skrewt à Pétard qui prétendait être un gâteau. Drago l'ignora, se pencha pour que sa bouche frôle l'oreille de Harry et murmura, « Explique-moi, est-il vraiment si difficile de mettre une cravate, espèce d'idiot incompétent ? »

En se reculant, Drago regarda l'expression d'Harry et se mit à rire, « Tu essayes encore d'attraper des mouches, Potter ? Seigneur, comme j'aimerais avoir une caméra ! »

Harry referma rapidement la bouche, « Tu balaies le sol avec ta grosse tête, Malfoy ? Peut-être veux-tu te relever. »

Drago essaya d'étouffer son rire quand il se redressa. Voir le regard noir d'Harry l'amplifia et il recommença de plus belle. « Allons Harry, vraiment. » Drago essaya de le réprimander malgré son rire. « Pourquoi es-tu vraiment fâché ? Est-ce parce que mon absolue perfection t'a fait tourner la tête malgré ta dévotion incurable pour Snape ? Est-ce parce que tu sais que je te taquinais seulement ? »

« Ou parce que tu es un arrogant, égocentrique, odieux -»

« Il est possible que la flatterie te conduise partout, Potter. »

« Ma cravate est bien ! » Il était largement temps que la conversation revienne sur un sujet qui amenait quelque part.

Drago haussa un sourcil. Je pense que tu fais cela juste pour me provoquer, pensa Harry avec irritation, « Bien que les cheveux broussailleux et en désordre soient considérés comme attractif dans les bidonvilles et les ruelles, ce n'est pas une tenue très appropriée pour un mariage. »

« Je ne ressemble pas à un clodo. »

« Oh, s'il te plait. » Drago le prit par les épaules et le fit tourner pour qu'il soit face au miroir. « Qu'as-tu fait, tu l'as noué avec tes pieds ? » Il fit un geste en direction de sa cravate puis de ses cheveux, « Je suppose que tu n'as même pas essayé de brosser ces nids de rat. Et vraiment, as-tu déjà plié cette chemise ? »

L'attaque laissa Harry sans voix et il essayait de se sortir des rapides questions de Drago, « Qui t'a nommé Miss Amérique, de toute façon ? »

« Qui ? » Drago le regarda d'un air ébahi.

Harry fit un geste dédaigneux. « Un truc moldu que Kévin me faisait toujours regarder quand on était à l'université. Ca n'a pas d'importance. Je ne savais pas que tu faisais parti de la police de la mode. »

« L'image est tout pour un Malfoy. » Cita Drago, sa voix modula de ton et devint plus aiguë. Harry devina qu'il devait imiter la voix de sa mère.

Harry regarda ostensiblement la robe plissée de Drago. Le Serpentard haussa les épaules. « Et alors, je ne soutiens pas les traditions familiales. » Il leva son bras et remonta sa manche, révélant une peau sans défaut à l'endroit où la marque noire se serait trouvée s'il avait suivi les traces de son père. « Je pensais que tu avais compris ça depuis le temps. »

Harry demeura immobile alors que Drago s'agitait autour de lui. Il lui fixa son nœud de cravate, tira sur sa robe et finalement mit brusquement une brosse dans la main d'Harry. Je ne sais pas pourquoi je m'occupe de cela. Si vingt quatre ans n'ont pas été suffisants pour les calmer, rien n'y fera. Drago le regardait avec des yeux noirs, il se résigna donc à une nouvelle bataille futile contre ses cheveux indomptables.

« Pourquoi es-tu toujours si surpris ? »

« Quoi ? » Harry s'arrêta de les brosser, « Surpris à quel sujet ? »

« Te trouves-tu vraiment si répugnant pour que tu ne parviennes pas imaginer que les gens puissent te voir tel que tu es et vouloir toujours de toi de la même façon ? »

Harry le dévisagea, choqué.

« Ca te ferait du bien si tu commençais à croire à ta propre valeur, Harry. Le simple fait que deux personnes du trio se marient et s'embarquent vers de nouvelles aventures dont tu ne feras pas parti, ne veut en aucun cas dire que tu es dénigré ou tout seul. »

Qui es-tu, Drago Malfoy ? Comment sais-tu toujours ce à quoi je pense même quand je ne le sais pas moi-même ? Et comment fais-tu pour toujours savoir quoi dire? Qui serais-tu maintenant, si ton enfance avait été différente ? Harry souhaitait vraiment le savoir.

« Toi, Potter, tu es vraiment trop facile à lire. Je sais, je sais. Ooo, effrayant ! » Drago agita ses doigts devant le visage d'Harry. « Allons, tes stupides amis vont se marier. Et si nous sommes obligés de recommencer tout ce foutu truc parce que tu es arrivé en retard, je vais être très énervé contre toi. »

Harry laissa Drago le propulser dehors. Il ressassait encore les paroles perspicaces de Drago.

« Je te retrouve aux cachots, » L'appela Drago de la salle en laissant Harry seul dans le couloir, devant ses quartiers.

Il secoua la tête, ferma la porte derrière lui et se dirigea vers les cachots. Il se préparait mentalement pour une bataille.

« Tu es habillé ? »

« Une fois de plus, tu as réussi à énoncer l'évidence même. »

Harry dévisagea Severus avec suspicion. Il n'y avait aucun moyen pour que ce soit si facile. Harry se souvenait très bien du refus catégorique de Severus d'assister au mariage et il l'avait fait savoir le jour même où Ron avait fait son annonce, dès qu'ils avaient quitté la Grande Salle et les étudiants intéressés. Il semblait à Harry que sa phrase exacte devait être, « Les neufs niveaux de l'enfer pourraient geler que je n'aurais toujours rien à faire de ce foutu fiasco idiot. »

Alors pourquoi est-il assis là comme si c'était moi qui étais soupçonné de vouloir me défiler ?

« Tu es prêt à aller au mariage de Hermione et de Ron, sans faire d'histoire ? » Lui demanda Harry avec prudence, sachant qu'il y avait quelque chose derrière cela.

Severus jeta un œil par-dessus le livre qu'il était en train de lire pour la première fois depuis qu'Harry était entré dans ses quartiers. Ses yeux étaient froids quand ils rencontrèrent ceux d'Harry, « Oui, Monsieur Potter. Comme tu me l'as si bien fait remarquer, je suis habillé et je t'attendais simplement. »

« Tu vas y aller sans faire d'histoire ? » Persista Harry.

« Je ne devrais pas avoir besoin de le dire, si l'on considère que je suis en train de lire. »

« Et qu'as-tu fait des neufs niveaux de l'enfer gelés ? » Il savait qu'il devrait simplement laisser tomber. Severus semblait disposé à y aller sans se plaindre, et il serait plus facile de profiter de ce changement de vent fortuit et d'y aller. Cependant, Harry connaissait suffisamment Severus pour savoir que s'il faisait quelque chose d'inattendu, ce n'était pas sans raison. Si l'on considérait ses sentiments pour Ron et Hermione, Harry soupçonnait que ça devait être une sacrée bonne raison.

Avec un long et douloureux soupir, Severus posa le livre sur une table et focalisa ses yeux noirs sur Harry, « Je me rappelle distinctement avoir été harcelé pendant des semaines. Tu m'as dit que je devais 'être là pour soutenir' tes amis. »

« La dernière fois que j'ai vérifié, tu n'étais pas vraiment enclin à t'en soucier, d'une manière ou d'une autre. » Lui signala Harry.

Il haussa un sourcil, « Essayes-tu de te disputer avec moi parce que je suis disposé à y aller ? » Il y avait une très petite trace d'incrédulité dans sa voix.

« Non, » Répondit Harry sincèrement. « Je voulais simplement savoir pourquoi tu avais changé d'avis. »

« Que penses-tu de tout cela ? » Lui demanda Severus. Il fit un geste englobant tout ce qui se passait, « sur le fait que Granger et Weasley se marient ? »

Harry n'avait aucune idée du rapport qu'il pouvait y avoir avec la soudaine gentillesse de Severus. Mais il avait appris que s'il suivait les questions confuses et embrouillées de Severus, il obtiendrait finalement les réponses.

« Honnêtement ? »

« Non, » La voix de Severus dégoulinait pratiquement de sarcasme, « Mens-moi. »

Harry le regarda simplement, imperturbable, « Honnêtement, je suis heureux pour eux. Je suis content qu'ils soient ici aujourd'hui pour se marier. Et je suis heureux que nous soyons tous là pour le voir. Il n'y a pas si longtemps, je croyais qu'il n'y aurait pas de futur du tout. »

« Mais… »

« Ce n'est pas un mais. Pas vraiment. » Harry haussa les épaules, essayant de trouver les mots pour exprimer ce dont il était honteux de ressentir, « Je suis un peu triste aussi, c'est tout. » Je n'ai pas le droit d'être triste aujourd'hui. C'est un jour de joie. C'est leur journée. Je ne devrais pas ressentir cela. Les paroles que Drago lui avaient murmurées à l'oreille lui traversèrent l'esprit.

« Je n'ai jamais pensé que nous irions si loin. Pendant sept ans, j'ai cru que Voldemort nous tuerait tous, avant même que je n'aie mon diplôme. Je n'ai jamais pensé que je pourrais vivre suffisamment longtemps pour devenir adulte, donc je n'y ai jamais vraiment réfléchi. J'ai plus ou moins vécu au jour le jour, en prenant chaque journée comme elle venait tout en étant reconnaissant qu'elle soit venue. »

« Ce n'est qu'à l'université que j'ai commencé à penser au futur. Il n'y avait jamais eu Voldemort ni Celui qui a Survécu. Il y avait juste Harry, finalement libre de la prison que son oncle et sa tante avaient construit autour de lui. Et comme j'écoutais mes amis me raconter leurs espoirs et leurs rêves, j'ai commencé à penser à mon propre avenir : une possible carrière, une famille, un chez-moi. Mais avant même que je ne puisse formuler une idée décente de ce que je voulais, j'ai à nouveau découvert le monde sorcier et ces plans à demi-formés se sont évaporés.

« Mes meilleurs amis, mes compagnons d'armes, qui se sont tenus à côté de moi quand tout le monde doutait de moi, quand tout le monde avait peur de moi ou cherchait ma compagnie pour renforcer leur réputation, se marient aujourd'hui. Ils se sont trouvés dans un monde devenu fou et ont réussi à continuer à s'aimer alors que leur amour serait mort chez d'autres qui auraient fait face aux mêmes défis. »

Severus et ses quartiers s'effacèrent alors qu'il parlait et des fantômes du passé s'élevèrent pour remplir sa vision de ce qui était et de ce qui aurait pu être. « Mes amis se marient aujourd'hui. Je ne pourrais pas être plus heureux pour eux. Et pourtant, je ne peux pas étouffer la tristesse que je ressens. Nous ne pouvons pas retourner au temps de notre jeunesse, mais c'est le livre de ce temps-là qui se ferme. Nos aventures sont terminées. Et nous n'en aurons plus jamais d'autres. Hermione et Ron vont lentement s'éloigner au fur et à mesure qu'ils s'impliqueront dans leur propre vie et la famille qu'ils vont construire. »

« Une fois de plus, je me trouve à regarder à travers la fenêtre de la normalité, à voir ce que je n'aurai jamais reposait au-delà de ma portée. » Prononcer ces paroles le faisait souffrir, mais il ne pouvait pas les arrêter maintenant qu'elles se déversaient.

« Celui Qui a Survécu ne pourra jamais se marier ni avoir des enfants. Ce n'est pas ce qu'il est. Ce n'est pas ce qu'il est censé faire. Aucune épouse ne mérite de se tenir à ses côtés et de le regarder partir vers une guerre, dès que son ombre commencera à grandir. Et aucun enfant ne mérite de grandir sans un parent. »

Les fantômes s'évanouirent et le regard d'Harry reforma le visage du Professeur de Potion, ses yeux cherchaient Severus. « Harry Potter ne se mariera jamais non plus. Ni n'aura d'enfants. Je ne peux pas vraiment pleurer l'un ou l'autre. Une partie suffisamment grande de ma vie a déjà attiré l'attention ; je ne veux pas voir mon mariage tapisser les premières pages de tous les journaux du monde sorcier. Je suis fatigué d'être sous les projecteurs. Et je suis suffisamment honnête pour admettre que je serais un horrible père. Ne jamais avoir eu de parents à prendre en exemple pour savoir comment élever un enfant, avoir eu comme expérience les Dursley… Je crois que je ferais plus de mal à cet enfant que de bien.

Harry se permit un sourire triste. « Tu n'as pas besoin de bagues, ni de paroles, ni de cérémonie pour aimer quelqu'un. Tu n'as pas besoin de proclamer ton amour pour que le monde entier l'entende aussi longtemps que ceux que tu aimes sachent ce que tu ressens. Mais il y a encore une part de moi qui regarde ces apparats et les souhaite tout de même. Je sais que je ne le suis pas, mais je ne peux pas m'empêcher de me sentir seul. »

Le torrent de mots s'était tari le laissant avec un sentiment de paix qu'il n'avait pas ressenti depuis l'annonce du mariage. Comme on pouvait s'y attendre, Severus l'avait manœuvré pour arriver à la catharsis dont il avait besoin. Toi et Drago êtes si semblables que ça m'effraie. En des temps comme ceux-ci, je ne peux m'empêcher de penser qu'il aurait dû être ton fils et non celui de Lucius.

« Alors, tu comprends. » Severus interrompit rapidement ses songes.

Harry leva les yeux au ciel, « Je suis sûr que tu l'as fait exprès. Tu dis toujours ça quand tu sais que je n'ai aucune idée de ce dont tu parles. »

« Je commence à croire assez fermement que toutes tes mésaventures ont conspirées pour affecter de façon négative ton habileté à réfléchir, si tu as effectivement possédé cette qualité particulière. »

« Peut-être est-ce toutes ces fois où tu m'as pétrifié à l'université, » Suggéra Harry, le souvenir le fit sourire.

« Les dégâts étaient faits bien avant cela, je peux te l'assurer, » Répondit Severus pince sans rire.

« Tu n'as pas répondu à ma question. »

« Tu as répondu à ta propre question. »

« Je veux juste savoir ce qui t'a fait changer d'avis… Je sais que je ne le suis pas, mais je ne peux pas m'empêcher de me sentir seul »

« Alors tu comprends. »

Harry écarquilla les yeux, « Tu… »

« J'ai pensé que tu aimerais peut-être avoir de la compagnie. » Répondit simplement Severus, « Et peut-être qu'il serait prudent de ne pas me disputer avec toi, pour une fois. »

« Et cette fois… » Harry se tut, frappé par la perspicacité de Severus.

« Tu m'as combattu, » Conclut Severus. Le coin de sa lèvre tressauta.

« Je… » Les mots ne sortaient pas.

Severus se leva et se permit de s'étirer puis marcha, « Donc, je devrais te demander, es-tu prêt à y aller ? »

Harry sourit, « Désolé d'être un abruti. »

« Tu n'as aucune raison de t'excuser pour ce que tu es, Harry Potter, » Répondit Severus avec un petit sourire. Harry s'apprêtait à ouvrir la bouche pour faire un commentaire quand on frappa à la porte. Il regarda Severus d'un air gêné, en se souvenant de façon quelque peu tardive que Drago allait arriver pour l'aider à emmener l'homme de force au mariage. « Attendais-tu de la compagnie ? »

« Ah, j'ai dit à Drago que je descendais te voir et -»

« La cavalerie est arrivée, » Severus termina pour lui puis l'appela, « Entrez, Monsieur Malfoy. »

La porte s'ouvrit et admit Drago Malfoy impeccablement vêtu, ses longs cheveux blonds attachés d'une manière qui rappelait son père. Harry remarqua que les lèvres de Severus se resserrent momentanément. Pourquoi te hante-t-il Severus ? Et combien de temps faudra-t-il pour que son fantôme soit mis de côté ?

« Alors, » Dit Drago d'un ton joyeux, son regard passant de Severus à Harry. « Est-ce qu'on t'emmène avec des coups et des cris, Severus ? »

« Bien que j'admets qu'on entendrait parler d'une telle action pendant les années à venir, je dois décliner l'offre, » Remarqua Severus d'une drôle de manière. La tension qu'Harry avait vue était repartie, comme s'il n'y en avait jamais eu.

« Il vient calmement alors ? » Drago posa la question à Harry. Il semblait un peu déçu.

Harry acquiesça, « J'en ai bien peur. Désolé de te priver de l'amusement de ta journée. »

« Tu pourrais toujours inventer quelque chose pour moi plus tard. » Drago lui sourit malicieusement.

« Je pense que nous en avons fait suffisamment pour la journée. » Grimaça Harry.

Drago se tourna vers Severus et prit l'expression de quelqu'un qui couche avec n'importe qui, « Tu ne partages pas, Severus ? »

« Drago ! »

« Pas aujourd'hui, Monsieur Malfoy. »

« Il a fait ça toute la matinée, » Marmonna Harry d'un air dégoûté en regardant Severus.

« Hé ! » Drago l'interrompit et le désigna, « C'est toi qui m'as demandé de venir habiter chez toi ! »

« Pourquoi est-ce que tu -» Harry commença, les mains en avant comme s'il allait l'étrangler. Trop c'est trop, et même les jours les moins importants et les plus ennuyeux, Harry n'avait que peu de patience pour le comportement idiot de Drago. En plus, c'était très énervant que Drago flirte avec lui, même si ce n'était que pour plaisanter.

« Très bien, calme-toi, » Severus arrêta Harry au moment où ses doigts allaient entourer le cou de Drago.

« Oh bien. Enlève tout l'amusement » Marmonna Harry, en ramenant ses mains vers lui et en s'éloignant de Drago qui le regarda avec un sourire en coin.

« Je sais qu'il est difficile de résister à la tentation de me toucher, Potter. Mais pour le bien de la décence, essaye au moins. »

« Malfoy ! » Harry bondit à nouveau vers lui ; il fut satisfait d'entendre Drago émettre un cri inélégant de protestation quand ses mains entrèrent en contact avec la gorge du Serpentard.

« Ai-je besoin de donner des détentions, les enfants ? »Severus avait modulé sa voix.

Harry et Drago se calmèrent immédiatement. Cette voix avait été profondément enracinée dans leur mémoire depuis leur Première Année de Potions. Elle était plus douce qu'elle n'y paraissait, presque amusée. Une voix qui promettait à toute personne suffisamment stupide pour commencer à penser qu'il était amusé de voir un comportement aussi stupide, devrait faire face à la plus horrible et la plus terrible punition à laquelle Severus pourrait penser et exécuter légalement.

« Monsieur Potter, vos meilleurs amis vont se marier. Pour leur bien, puisque vous ne vous souciez absolument pas de votre propre dignité, essayez de faire comme si aviez pensé à être prêt pour ça. » Severus tourna ses yeux perçants vers Drago. Harry soupira mentalement de soulagement. Même maintenant, après tout ce qu'ils avaient traversé ensemble, Severus Snape en mode professeur était intimidant. « Monsieur Malfoy. Bien que vous et moi voyions les prochaines heures avec beaucoup de réticence, il est dans notre intérêt que vous arrêtiez de contrarier Monsieur Potter, suffisamment longtemps pour que nous puissions tous les trois arriver au mariage avant qu'il ne soit terminé et que les invités soient déjà tous retournés chez eux. »

Harry se retint pour ne pas répliquer avec soumission, « oui Professeur. » Il acquiesça donc d'un air contrit et remarqua que Drago faisait de même. Même s'il me crie après parce que je fais des choses dont je ne suis pas responsable, au moins il te crie aussi après. Et pour Harry, ça faisait toute la différence.

« D'un autre côté, » Annonça Drago joyeusement, comme si les dernières minutes ne s'étaient pas déroulées, « marcher tous les trois ensembles devrait avoir le mérite d'attirer des murmures inconfortables. Au moins un petit brouhaha. Ou des regards noirs collectifs s'il n'y a rien d'autre. »

« Tu es déterminé à faire une scène, hein ? » Harry le regarda avec des yeux noirs.

« Si je dois venir -»

« Vous avez intérêt à sacrément bien vous comporter si vous êtes capable de vous calmer un peu. » L'interrompit Severus, soudain un énervé. « Vous n'êtes pas après tout, l'un des Weasley. »

« Severus… » Harry allait défendre ses amis.

« Oh, s'il te plait Potter. Même toi, tu ne peux pas nier que les jumeaux Weasley manquent plus de bon sens que le reste de la famille réunie. »

« Ils peuvent être un peu…exubérants… parfois. » Concéda lentement Harry.

« Et si nous marchions tous les trois en nous tenant par la main ? »

« Drago ! »

« Monsieur Malfoy. »

Drago baissa les bras de défaite. « Bien. Finissons-en avec ça, si nous ne pouvons pas nous amuser au détriment des autres. »

Severus le dévisagea avec un regard mesuré un long moment puis se dirigea vers la porte, Harry et Drago à la file. Un geste de sa fine main éteignit les chandelles, plongeant la pièce dans l'obscurité.

« Monsieur Malfoy… »

« Oui ? »

« Lâchez ma main. »

« Ce n'est pas moi ! »

« Monsieur Potter ! »

Protégé par l'obscurité, Harry sourit satisfait avant de dire aussi contrit qu'il le put, « Désolé Severus. »

« Oh bon sang. »

On dirait que tout dans nos vies commence et finit dans la Grande Salle, pensa Harry alors qu'Albus concluait la cérémonie et l'officialisa en appelant Ron et Hermione, Monsieur et Mme Weasley. Harry jeta un coup d'œil en direction de Severus et de Drago et les vit échanger un long regard douloureux. Il sourit, même si toutes les personnes autour de lui pensaient qu'il souriait aux nouveaux mariés.

C'est une honte que je ne sois pas professeur ici. Il aurait été intéressant de voir à quoi ressembleront les enfants de Ron et d'Hermione. Ils seront probablement pires que nous trois réunis.

Harry regarda ses deux meilleurs amis descendre de l'estrade et se diriger vers la foule formée par leurs amis et familles, et regarda les personnes du public se lever de leur chaise qui disparurent magiquement dès qu'elles n'étaient plus utilisées. Bientôt, Harry le savait, les tables et les chaises qui annonceraient le début du dîner allaient prendre la place des chaises. Du coin de l'œil, Harry vit le directeur lui sourire.

« A quoi penses-tu Harry ? » Lui demanda le directeur doucement, en s'approchant de lui.

Harry balaya la foule du regard, « Juste que c'est drôle. Tant d'évènements de nos vies ont commencé et se sont terminés dans cette pièce. Bonheur, joie, triomphe, tristesse, douleur. »

Albus acquiesça, il comprenait. « Souviens-toi simplement que tout ce qui s'est passé ici n'a pas toujours été mauvais, Harry. En fait, quelques-uns des plus grands moments de ta vie pourraient peut-être bien se dérouler ici. »

Harry se tourna pour faire face à Albus, « C'est déjà le cas, Albus. J'ai trouvé une maison la nuit de ma répartition. »

« Tu seras toujours le bienvenu dans ces salles, Harry, aussi longtemps que tu désires rester ici. »

« Je souhaite simplement faire quelque chose d'utile pendant que je suis ici au lieu de prendre de la place. » De tous les moments qu'il avait pour parler de ses doutes et inquiétudes concernant le futur, il savait que celui-ci n'était définitivement pas le moment approprié. Mais avec Albus, on n'attendait pas forcément le moment idéal.

Albus posa une main sur l'épaule d'Harry, ses yeux brillaient comme s'il savait ce qu'Harry pensait. « Ne t'inquiète pas, nous trouverons quelque chose pour toi. Même si c'est aussi commun que d'enseigner le Quidditch aux étudiants. »

« Mais Madame Bibine -»

« Pourrait apprécier un peu d'aide. Et ça te permettrait de t'entraîner, si tu souhaites utiliser tes talents. »

« Drago m'a parlé de jouer pour l'Angleterre. » Se rappela Harry.

« Une idée intéressante, c'est sûr. » Albus hocha la tête puis lui fit l'un de ses sourires mystérieux, « Suis ton cœur, Harry. Et n'oublie jamais que Poudlard aura toujours ses portes ouvertes pour toi. »

Harry le regarda avec suspicion. Etait-ce son imagination ou Albus essayait-il de lui dire quelque chose ? Il y avait une trace là de quelque chose. Pas un avertissement, presque, un…réconfort ? Quoi que ce soit, Harry ne parvenait pas à comprendre.

« Viens. Allons nous mêler à la foule et renouer de vieux liens d'amitié. » Albus le conduisit vers l'estrade devant la Grande Salle.

Presque immédiatement, Harry se trouva engouffré dans l'embrassade d'Hermione. « Je suis si heureuse que tu sois là avec nous. » Lui dit-elle heureuse. Dans sa voix, Harry entendit la peur avec laquelle elle avait vécu pendant des années, peur que quelque chose ne lui arrive et l'empêche d'être là à la fin de la bataille. Il y avait également du soulagement et de la reconnaissance qu'il soit là, qu'il l'ait fait : beaucoup d'autres n'avaient pas pu.

« Nous l'avons fait Hermione. » Murmura-t-il en resserrant son embrassade.

Quand elle s'éloigna, Harry vit des larmes dans ses yeux. Avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, Ron étouffa à son tour Harry dans une embrassade. « Merci d'être ici avec nous, mon gars. » S'exclama Ron en lui tapant dans le dos. « Ca n'aurait pas été pareil sans toi. »

« Je suis heureux d'avoir été là. » Répondit Harry avec un sourire.

« Attends jusqu'à ce que tu te maries ! » Lui promit Ron avec exubérance. « Nous -»

« Ron, » L'interrompit Hermione en levant les yeux au ciel en regardant Harry, qui haussa les épaules plaisamment et en souriant. « Ne penses-tu pas que ce serait un peu difficile ? » Son regard entendu passa de Ron à Harry.

« Hein ? Qu'est ce que tu… ? Oh… » Ron devint rouge, grimaça d'embarras et s'excusa. Harry essaya de ne pas rire. « Désolé Harry. J'avais oublié toute…cette histoire…de ne pas te marier…désolé. »

Incapable de se contenir plus longtemps face au babillage de Ron, Harry éclata de rire. « C'est pour le mieux, vraiment. » Assura-t-il à Ron, encore traversé par des éclats de rire. « Je ne pense pas être fait pour quelque chose comme ça, » Il désigna la robe d'Hermione.

Souriant, Ron fit un geste dédaigneux de la main, « Laisse Snape porter la robe ! Je me souviens de ce petit numéro avec un chapeau en forme de vautour -»

« Je trouve, Monsieur Weasley, que les pantalons en cuir et les trop nombreux piercings sont la limite de mes écarts. » Remarqua Severus pince-sans rire. Il renifla avec ce qui ne pouvait être que satisfaction quand il les vit tous les trois sursauter comme s'il les avait pris à faire quelque chose de stupide et de dangereux.

« Euh.. » Ron pâlit et se tut face à la lueur dangereuse qui brillait dans les yeux noirs de Snape.

« Mme Weasley, » Snape ignora complètement Ron et se tourna vers Hermione qui s'était bien mieux reprise que Ron. Elle avait l'air de prendre de grandes bouffées d'air de temps en temps. Severus continua de la regarder quelques instants de plus en silence puis un sourire orna ses lèvres. « Je voulais vous présenter mes félicitations. Malgré ce que j'en pense, peut-être devrais-je aussi vous dire à quel point je compatis. »

Apparemment, ce n'était pas ce à quoi Hermione s'attendait. Harry la vit se détendre et faire un sourire radieux à Severus, « Merci Severus. » Répondit-elle sincèrement puis gloussa. « Je prendrai les deux pour l'instant, jusqu'à ce que je sache duquel j'ai le plus besoin. »

« Hermione ! » Protesta Ron avec une indignation moqueuse.

« Monsieur Weasley, » Severus se tourna vers Ron qui semblait se flétrir sur place. « A vous, je vous présente mes félicitations. » Harry écarquilla les yeux. Il remarqua qu'Hermione et Ron étaient aussi surpris que lui. De tout ce à quoi Harry s'attendait de la part de Severus, il n'avait pas pensé à cela, « Malgré vos précédents essais pour faire autrement, vous avez de façon surprenante très bien réussie votre vie. Vous m'avez prouvé que j'avais tord, Monsieur Weasley. Essayez de ne pas trop cafouiller. »

Ron le dévisagea d'un air abasourdi pendant une minute puis sourit et lui donna une tape sur l'épaule, « Merci, Snape. Je ferai de mon mieux. Pour ne pas cafouiller. » Ajouta-t-il en essayant de clarifier sa déclaration avant que Snape ne se méprenne sur ses mots et qu'il comprenne qu'il ferait de son mieux pour faire de sa vie un horrible désordre.

Les yeux de Severus s'écarquillèrent de façon alarmante, « Ne me touchez pas. »

« Oh, non. Désolé. Ca n'arrivera plus » Ron fit un pas en arrière et leva une main dans un geste de capitulation.

Severus haussa un sourcil tout le regardant avec des yeux noirs puis se tourna vers Harry, « Monsieur Potter, je -»

« Harry ! »

Concentré comme il l'était sur Severus, Harry ne remarqua pas Fred et Georges qui arrivaient en courant derrière eux. Harry eut juste un instant pour cligner des yeux de stupéfaction avant de disparaître, écrasé par les Weasley.

« Hé ! Hé là, Fred ! » L'appela Ron en traversant la mêlé. « Georges ! Reviens ici ! Laisse le respirer ! » Après quelques coups et plus d'une gifle, les jumeaux relâchèrent Harry et lui laissa un peu de place.

« C'est bon de vous revoir tous les deux. » Commença Harry. Il ne les avait pas revus depuis qu'il avait perdu la mémoire.

« Allez viens, Harry, » Fred le tira par le bras.

« Tu dois voir cela, » Continua Georges en le tirant par l'autre bras.

« Attendez une minute ! » Harry regarda Severus qui inclina la tête et lui dit silencieusement, « plus tard. » Est-ce un bon plus tard ou un mauvais plus tard ? Se demanda Harry alors que les jumeaux prenaient son manque de protestations comme signe de son assentiment et ils l'entraînèrent plus loin.

« Ne vous inquiétez pas. Ils le ramèneront en un seul morceau, » Dit Ron de manière rassurante à Severus. Ce dernier le regarda avec méfiance.

« Je n'étais pas conscient que nous étions devenus amis, Monsieur Weasley ? » Eh bien, eh bien, vous avez grandi, Monsieur Weasley ? Pensa Severus quand Ron ne broncha pas face au sarcasme.

« Harry est heureux, Snape. Ca fait toute la différence, aussi longtemps que je suis concerné »

« Est-ce que je dois comprendre que vous approuvez le choix de compagnie de Potter ? »

Ron haussa les épaules, « L'approbation n'a rien à voir là-dedans. De plus, Harry a tendance à faire ouvrir les yeux, même à ceux qui ont leurs yeux fermés et n'ont aucun désir de voir. »

« Gryffondor obstiné et mordant. » Résuma Severus légèrement.

« Ouais, » Concéda Ron avec un sourire de travers. « C'est aussi cela. »

Severus les étudia un moment puis leur dit en revoir. Il les quitta eux et leur famille. « Appréciez les festivités Weasley. J'ose dire qu'après tout ce qui s'est passé, vous les avez méritées. »

Drago le rattrapa à mi-chemin du punch qui était apparu près de la pièce montée. Les tables étaient pleines de nourriture et des chaises confortables étaient également apparues.

« Alors qu'en penses-tu ? » lui demanda Drago légèrement.

« Jusqu'à maintenant, ça a été…tolérable. »

Drago rit. « Attends que l'alcool commence à couler et que l'après-dîner ne commence. »

Severus haussa les épaules, « je retire mon estimation. »

« Où est le Désastre ? »

« Les jumeaux Weasley sont partis en courant en l'emmenant. »

« Et tu les as laissé faire ? » Drago le dévisagea avec quelque chose qui s'approchait de l'horreur. « Maintenant ils vont provoquer encore plus d'ennuis. Tu devrais savoir depuis le temps, que Potter et les Weasley sont inflammables quand on les mélange. »

« Je conserve l'espoir que la maturité a nourri sa tête longtemps vide. » Répondit Severus avec un soupir.

Drago lui sourit satisfait et lui signala, « Ils vont certainement le faire boire. »

Severus sentit le pouls sous sa paupière tressauter.

« Potter saoul, » Poursuivit Drago en chantonnant d'une voix cajoleuse. « Je me demande à quoi ça pourrait ressembler. Dis, Severus, as-tu déjà vu Potter saoul ? »

La sensation de son pouls empira, et se transforma pratiquement en spasme quand l'abruti blond eut l'audace de lui donner un coup de coude.

« Je suppose que tu as entendu parler de cela, alors. » Marmonna Severus de façon tendu en regardant Drago avec un regard noir.

« Oh, oui, » Drago lui sourit d'un air entendu. « Potter m'a tout raconté à ce sujet. Laisse-moi te poser une question : est-ce vrai que tu -»

« Un mot de plus, Monsieur Malfoy, » Gronda Severus en serrant les dents, « et je vous promets que vous reverrez votre père plus tôt que vous ne l'aviez prévu. »

Drago acquiesça. Il souriait comme un fou, « Il m'a aussi dit que tu aurais cette réaction, si jamais j'abordais le sujet. Pourquoi es-tu si -»

« Tais-toi. » Les mots traversèrent ses dents serrées et ils sifflèrent.

« Mais -»

« Maintenant. »

Cette fois, le mot était emprunt de toute la force de son malveillant énervement et il eut l'effet désiré. Drago s'exécuta. Profondément mécontent, Severus s'arrêta de marcher, s'appuya contre un mur et grimaça aigrement au monde entier.

« C'était il y a des mois. » Le ton satisfait avait disparu et fut remplacé par une calme compréhension, « Avant que tu te sois remis à lui parler. Il me l'a dit parce qu'il voulait me faire comprendre que tout n'était pas qu'un acte. Tu n'as pas à avoir peur. »

Severus se tourna brusquement vers lui, « je n'ai pas peur. » Renifla t-il, « Je n'apprécie pas -»

« Il n'est pas mon père, » Le coupa Drago à nouveau, « Ce qu'il s'est passé avec Lucius ne se passera jamais avec Harry. »

La respiration de Severus devint un sifflement et il plissa ses yeux qui devinrent deux perles noires. « Que pourrais-tu bien savoir de cela ? »

Voir de la tristesse dans les yeux gris de Drago était la dernière chose à laquelle Severus s'attendait, « Je sais beaucoup de choses Severus et même plus que toi. » Drago leva une main alors que Severus ouvrait la bouche. « Ecoute-moi maintenant, même si tu ne m'écoutes jamais plus. Mon père m'a enseigné beaucoup de choses pendant mon enfance. Mais la plus grande leçon qu'il m'ait donnée, je l'ai eu bien après sa mort. La peur détruit Severus. Et la première chose qu'elle détruit avant de détruire tout autre chose, est ce qui repose le plus près de ton cœur.

« Sais ta chance même si tu es effrayé. Mieux vaut essayer qu'attendre paresseusement et laisser celui que tu aimes te filer entre les doigts. »

« Tu as appris ça de ton père ? » Severus ne put empêcher la note de scepticisme de sa voix.

Drago acquiesça, « Par amour, il a jeté tout ce qu'il avait un jour désiré. Pour préserver cet amour, il a sacrifié la seule lumière de son monde de ténèbres. Pour toutes ses fautes, Severus, mon père a aimé d'une manière que je ne connaîtrai probablement jamais. »

Même après tout le temps écoulé, les paroles de Drago le coupaient encore profondément. Combien de rappels des erreurs ridicules que j'ai faites dans ma jeunesse ai-je besoin, Lucius ? J'ai payé le prix pour t'avoir fait confiance, de nombreuses fois. Je n'ai pas besoin que ton fils me rappelle à quel point je comptais peu à tes yeux. Ton plus grand amour était toi-même. J'étais plus que fou, pour avoir cru autre chose.

« Severus, tu -»

« Ne dis rien de plus. Nous avons de la compagnie. »

Il se passe quelque chose, pensa Harry en s'approchant des deux Serpentards. On aurait dit que Drago voulait dire quelque chose et Severus avait un regard assassin. Je m'en vais dix minutes. Dix minutes !

« Tout va bien ? » Leur demanda Harry en arrivant près d'eux.

« Aussi bien que l'on pouvait s'y attendre, toute choses considérées. » Lui répondit Severus avec un haussement d'épaule désintéressé.

Harry jeta un œil vers Drago, qui lui rendit son regard avec une expression perplexe. D'accord, je n'ai pas d'aide à attendre de ce côté là. « Allons-nous prendre des sièges ? On dirait que c'est presque l'heure de manger. »

« Tu devrais t'asseoir avec le reste des personnes participant au mariage. » Lui dit Severus en lui désignant la grande table, généralement réservée aux professeurs, qui fourmillaient des amis de Ron et d'Hermione.

« Et vous deux ? »

« Nous irons bien. »

« Mais -»

« Harry, » Severus le coupa et poursuivit calmement, « Quand tout sera fini, après leur avoir souhaité bonne nuit, viens dans mes quartiers. »

Quoi ? Qu'est ce qui se passe ? Qu'a fait Drago ? Est-ce que tu vas bien ? « Est-ce que tu seras réveillé ? » Cette question semblait relativement sûre.

« Je devrais l'être. Si je ne le suis pas, entre tout de même. »

« Je ne connais pas le -»

« De te fabula. »

« Que cela signifie-t-il ? »

« L'histoire, quelle que soit l'histoire, parle toujours de toi. » Lui répondit doucement Severus.

« Que- »

« C'est une longue histoire, et ce n'est pas la raison de cette discussion. Viens simplement dans mes quartiers ce soir. »

Harry ouvrit à nouveau la bouche.

« Fais-le, c'est tout. » Avec ces derniers mots, Severus se tourna et partit vers l'une des tables, les plus éloignées de la grande table.

Drago secoua la tête, en sachant ce qu'Harry allait lui demander avant même qu'il n'ouvre la bouche, « Je n'en ai aucune idée. »

« Suis-le » Lui demanda Harry doucement. Ses yeux suivaient Severus alors que l'homme passait dans la foule. « Vérifie qu'il va bien. »

Drago acquiesça et suivit les traces de Severus. Harry resta là encore un moment en les regardant puis se tourna et se dirigea vers la grande table. Je ne sais pas ce qu'il se passe, pensa Harry tout en marchant, mais par tous les dieux, il vaut mieux que ce ne soit pas un nouvel essai de me repousser. Cette fois, Severus, je me moque de ce que tu dis. Je ne partirai pas.

De te fabula signifie c'est ton histoire. Si vous faites du latin, vous pourrez me le confirmer, mais il me semble que c'est ça.

A la fin de cette partie, Shadowphoenix répond à une review. Je ne veux pas la reprendre entièrement, mais je trouve que certains passages valent le coup d'être remis ici.

Quand toutes mes séries seront terminées, une chose ressortira : un amour profond et stable, capable de traverser tout ce qui se passe et sachant que peu importe ce qui va arriver, il y aura toujours quelqu'un qui sera là et qui comprendra sans avoir besoin de prononcer un mot.

Pour être parfaitement honnête, je ne crois pas en gay et hétéro. Je crois en l'amour. Je crois que l'on peut aimer quelqu'un sans que le sexe soit important.

Si elle a écrit cette histoire, c'était pour relever un défi : Avoir deux personnes qui se méprisent pendant une grande partie de leur vie, se rendent compte qu'ils ont quelque chose en commun et tombent amoureux, est vraiment amusant à écrire.

Voilà, je n'ai pas tout repris, mais il me semblait intéressant de remettre cela ici.